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BA SE Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(4), 623-634 Le Point sur : La vision artificielle est une méthode d’avenir pour la reconnaissance automatisée des plantes adventices Alexis Piron, Benjamin Dumont, Marie-France Destain Univ. Liège - Gembloux Agro-Bio Tech. Unité de Mécanique et Construction. Passage des Déportés, 2. B-5030 Gembloux (Belgium). E-mail : [email protected] Reçu le 24 septembre 2010, accepté le 8 février 2011. Les adventices entrent en compétition avec les cultures pour la lumière, l’eau, les nutriments et l’espace. De ce fait, elles réduisent les rendements, peuvent rendre la récolte difficile et risquent d’affecter la qualité des produits. Elles sont détruites à l’aide de méthodes chimiques, non chimiques et intégrées. Pour réaliser une destruction localisée, il est possible de coupler ces techniques à un système de vision artificielle pour assurer la reconnaissance automatique des adventices par rapport aux plantes cultivées. Les problèmes les plus compliqués se rencontrent lorsque les adventices sont mélangées aux plantes cultivées. Dans la mise au point d’un système de vision, il faut sélectionner les attributs les plus pertinents pour réaliser la discrimination. La réflectance et les paramètres de forme doivent être analysés au cas par cas, en fonction des variétés d’adventices susceptibles d’être présentes dans une culture donnée. La mesure de la hauteur des plantes est une méthode efficiente, puisqu’à faible échelle spatiale, la vitesse de croissance des plantes cultivées est plus uniforme que celle d’adventices appartenant à des espèces différentes. Cette vitesse de croissance est fonction de la hauteur et d’un temps caractéristique (par exemple, le nombre de jours après semis). La mise en œuvre de cette méthode peut être basée sur l’utilisation d’une méthode de stéréoscopie active combinée à la détermination précise du microrelief du sol. Mots-clés. Mauvaise herbe, imagerie, réflectance, morphologie végétale, stéréoscopie. Machine vision is a method for the future to automatically recognize weeds from plants. Weeds compete with crop plants for sunlight, moisture and nutrients and can have a detrimental impact on crop yields and quality if uncontrolled. They are destroyed by chemical, non-chemical and integrated methods. To perform a site-specific weeds destruction, combination of these techniques with ground-based machine vision technology has high potential. Several methods exist to differentiate weeds from soil, between the rows. The more complicated problem is encountered when weeds are mixed to crops within the rows. Algorithms based on colorimetric or shape features are widely dependent on the variability of weeds and crops and are difficult to transpose from one situation to another. Measurement of plant height is a promising method, since at low spatial scale, the growing speed is more uniform for the plants than for the weeds. This growing speed is function of the height and of a characteristic time, such as the number of days after sowing. To implement this method, active stereoscopy combined to an accurate measurement of the soil microrelief is required. Keywords. Weeds, image analysis, reflectance, vegetal morphology, stereoscopy. 1. Contexte général Les adventices sont des plantes indésirables présentes dans les champs cultivés. Ces « mauvaises herbes » sont considérées comme nuisibles parce qu’elles entrent en compétition avec les cultures pour la lumière, l’eau, les nutriments et l’espace. De ce fait, elles réduisent les rendements, peuvent rendre la récolte difficile et risquent d’affecter la qualité des produits. Même à faible densité, les adventices peuvent être nuisibles, en produisant des semences qui seront à l’origine d’infestations ultérieures. On cherche donc à les détruire même si elles participent à la biodiversité. Les techniques de désherbage peuvent être classées en méthodes chimiques, non chimiques et intégrées (Figure 1). Les méthodes chimiques, en recourant à l’utilisation d’herbicides, sont d’une utilisation aisée et possèdent une bonne efficacité (en général supérieure à 95 %). Cependant, l’emploi répété d’herbicides peut conduire à l’apparition de résistances et leur utilisation présente un cout élevé. Comme c’est le cas pour tous les pesticides, les herbicides présentent des risques pour l’environnement et l’utilisateur. À l’avenir, les applications d’herbicides devront vraisemblablement être davantage ciblées dans la mesure où les adventices

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BASE Biotechnol. Agron. Soc. Environ.201115(4),623-634 Le Point sur :

Lavisionartificielleestuneméthoded’avenirpourlareconnaissanceautomatiséedesplantesadventicesAlexisPiron,BenjaminDumont,Marie-FranceDestainUniv.Liège-GemblouxAgro-BioTech.UnitédeMécaniqueetConstruction.PassagedesDéportés,2.B-5030Gembloux(Belgium).E-mail:[email protected]

Reçule24septembre2010,acceptéle8février2011.

Lesadventicesentrentencompétitionavec lesculturespour la lumière, l’eau, lesnutrimentset l’espace.Decefait,ellesréduisentlesrendements,peuventrendrelarécoltedifficileetrisquentd’affecterlaqualitédesproduits.Ellessontdétruitesàl’aidedeméthodeschimiques,nonchimiquesetintégrées.Pourréaliserunedestructionlocalisée,ilestpossibledecouplercestechniquesàunsystèmedevisionartificiellepourassurerlareconnaissanceautomatiquedesadventicesparrapportauxplantescultivées.Lesproblèmeslespluscompliquésserencontrentlorsquelesadventicessontmélangéesauxplantescultivées.Danslamiseaupointd’unsystèmedevision,ilfautsélectionnerlesattributslespluspertinentspourréaliserladiscrimination.Laréflectanceetlesparamètresdeformedoiventêtreanalysésaucasparcas,enfonctiondesvariétésd’adventicessusceptiblesd’êtreprésentesdansuneculturedonnée.Lamesurede lahauteurdesplantesestuneméthodeefficiente,puisqu’à faibleéchelle spatiale, la vitesse de croissancedes plantes cultivées est plus uniformeque celle d’adventices appartenant à desespècesdifférentes.Cettevitessedecroissanceestfonctiondelahauteuretd’untempscaractéristique(parexemple,lenombredejoursaprèssemis).Lamiseenœuvredecetteméthodepeutêtrebaséesurl’utilisationd’uneméthodedestéréoscopieactivecombinéeàladéterminationprécisedumicroreliefdusol.Mots-clés.Mauvaiseherbe,imagerie,réflectance,morphologievégétale,stéréoscopie.

Machine vision is a method for the future to automatically recognize weeds from plants.Weeds competewith cropplantsforsunlight,moistureandnutrientsandcanhaveadetrimentalimpactoncropyieldsandqualityifuncontrolled.Theyaredestroyedbychemical,non-chemicalandintegratedmethods.Toperformasite-specificweedsdestruction,combinationofthesetechniqueswithground-basedmachinevisiontechnologyhashighpotential.Severalmethodsexisttodifferentiateweedsfromsoil,betweentherows.Themorecomplicatedproblemisencounteredwhenweedsaremixedtocropswithintherows.Algorithmsbasedoncolorimetricorshapefeaturesarewidelydependentonthevariabilityofweedsandcropsandaredifficulttotransposefromonesituationtoanother.Measurementofplantheightisapromisingmethod,sinceatlowspatialscale,thegrowingspeedismoreuniformfortheplantsthanfortheweeds.Thisgrowingspeedisfunctionoftheheightandofacharacteristictime,suchasthenumberofdaysaftersowing.Toimplementthismethod,activestereoscopycombinedtoanaccuratemeasurementofthesoilmicroreliefisrequired.Keywords.Weeds,imageanalysis,reflectance,vegetalmorphology,stereoscopy.

1. Contexte général

Lesadventicessontdesplantesindésirablesprésentesdans les champs cultivés. Ces «mauvaises herbes»sont considérées comme nuisibles parce qu’ellesentrent en compétition avec les cultures pour lalumière, l’eau, les nutriments et l’espace.De ce fait,elles réduisent les rendements, peuvent rendre larécolte difficile et risquent d’affecter la qualité desproduits.Mêmeàfaibledensité,lesadventicespeuventêtrenuisibles,enproduisantdessemencesquiserontàl’origined’infestationsultérieures.Oncherchedoncàlesdétruiremêmesiellesparticipentàlabiodiversité.

Lestechniquesdedésherbagepeuventêtreclasséesen méthodes chimiques, non chimiques et intégrées(Figure 1).

Les méthodes chimiques, en recourant àl’utilisationd’herbicides,sontd’uneutilisationaiséeetpossèdentunebonneefficacité(engénéralsupérieureà95%).Cependant,l’emploirépétéd’herbicidespeutconduireàl’apparitionderésistancesetleurutilisationprésenteuncoutélevé.Commec’estlecaspourtousles pesticides, les herbicides présentent des risquespour l’environnement et l’utilisateur. À l’avenir, lesapplications d’herbicides devront vraisemblablementêtredavantagecibléesdanslamesureoùlesadventices

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font partie de l’écosystème et que leur destructionchimiquepeutavoirunimpactsur lefonctionnementde celui-ci. Les récentes directives européennesrèglementent d’ailleurs de manière de plus en plusstricte l’emploi des pesticides. À titre d’exemple,citons laDirective 2009/128/CEdu21 octobre 2009qui instaure un cadre d’action communautaire pourparvenir à une utilisation des pesticides compatibleavecledéveloppementdurable.

Les méthodes intégrées recouvrent différentsconcepts.Selonladéfinitiondel’OILP/SROPde2004(Boller et al., 2004), «la production intégrée est unsystèmedeproductionquiproduitdesalimentsdehautequalitéetd’autresmatièrespremièresenmobilisantlesressources et les mécanismes de régulation naturelspour remplacer les intrantspolluantset sécuriseruneagriculturedurable».Danssaformelaplussimple,lecontrôle intégré des adventices consiste à utiliser demanièrecombinéeouséquentielleplusieursméthodes,qu’elles soient chimiques, non chimiques, physiquesou biologiques, pour lutter contre une ou plusieursespèces d’adventices. Selon Bertrand et al. (2008),les principales tendances de la production intégréeconsistent à raisonner davantage les successionsculturalesdanslessystèmesàbasedeculturesannuelles,àmodifierlescalendriersculturauxenassociationavecle raisonnement de l’ensemble date de semis/densitéde semis/choix de variété, à adapter des techniquesdesimplificationdetravaildusol(lesrésultatsdecesdernières méthodes sont cependant très variables).Ces mêmes auteurs estiment que le contrôle intégrédes adventices est amorcé mais encore imparfait.Pour progresser dans cette voie, il serait nécessairedemieuxconnaitre leseffetsdespratiquesagricoles,eninteractionaveclesvariablescaractéristiquesdelaflore(démographie,évolutiongénétique).

Les techniques de désherbage non chimiquespeuventêtredifférenciéesselonqu’ellesimpliquentounonunepénétrationd’outilsdanslesol.Lesoutilsdedésherbagemécaniquequi pénètrent dans le sol, telsquesarcleuses,hersesétrilles,houesrotatives,etc.ontunebonneefficacitésurdesplantulesjeunestantquelesolrestesecpendantetaprèsl’intervention(Kurstjensetal.,2001).Lesdestructionsthermiqueouélectriquesontréaliséessanspénétrationdanslesoletprésententde nombreuses variantes (http://www.organicweeds.org.uk).

Quellequesoitlaméthodeutilisée(chimique,nonchimique ou intégrée), la distribution spatiale nonuniformedespopulationsd’adventicesincitedeplusenplusàréaliserdesinterventionsmodulées(enanglais,«site-specific »)pour réduire lescoutsfinanciers, lesimpacts environnementaux et le nombre de passagesdanslesparcelles.

Àcettefin,lestechniquesbaséessurlatélédétectionmultispectralepermettentdedistinguerdeszonesdanslesquelles la densité d’adventices est élevée, uniformeetpossèdedescaractéristiques spectralesbiendéfiniesmaisnesontpasefficienteslorsqu’ellessontdisséminéesau sein des cultures (Hatfield et al., 1993; Lambetal.,2001).L’utilisationdecapteurs localisés surdesmachinesàproximitédusolestplusprometteusedanslamesureoùilspermettentd’identifier,outrelaréflectance,des attributs telsque la formedu feuillage, la texture,l’organisationdesplantes,etc.(Brownetal.,2005).

La mise en œuvre de ces capteurs se feravraisemblablementàl’avenirenrecourantàdesrobots(Blackmore et al., 2005). Outre la source d’énergie,un robot destiné à éliminer les adventices devraitcomportertroiscomposantsdebase:– descapteurspourdétecterlesadventicesetassurer leguidage;

Contrôle des adventices

Méthodes chimiques Méthodes intégrées Méthodes non chimiques

Générale Avec pénétration

du sol

Sélective Sans pénétration

du sol

Figure 1.Schémadespossibilitésdecontrôledesadventices–Different ways to control weeds.

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– un système d’aide à la décision pour traiter l’informationissuedescapteursetdéfinirlesactions àexercer;– des actionneurs pour éliminer les adventices de manièrechimique,mécanique,électrique,thermique, etc.etassurerlaprogressiondelamachine.

Leguidaged’unrobotréalisésoitdemanièrelocaleparrapportauxrangs,soitdemanièrelocaleavecunsystèmedepositionnementdetypeRTKS,neconstitueplus un problème aujourd’hui. Des robots existentdéjà pour détruire les adventices, soit sous forme deprototype (Lee et al., 1999; Astrand et al., 2002;VanEvertetal.,2006),soitsousformecommerciale.Parexemple, le robotRobotcrop InRow (http://www.garford.com) détruit les adventices situées entredes plantes maraichères dont l’espacement entre leslignes et dans la ligne est connu (persil, céleri, etc.)(Figure 2).SelonSlaughteretal.(2008),leproblèmemajeurdans ledéveloppementderobotsdestructeursd’adventices reste lemanque de techniques robustesassurantlareconnaissanced’adventices.

L’objectifdel’articleestdoncdefairelepointsurlespotentialitésdelavisionartificielleentantqu’outilde différenciation des adventices par rapport auxplantes cultivées. Les caractéristiques mesurées sontlaréflectancedesvégétaux,laforme,latextureoulahauteur,prisisolémentouencombinaison.

2. la vision artiFiCielle et la reConnaissanCe des adventiCes

Leproblèmeestcompliquédufaitquel’onestamenéà différencier des objets naturels à haute variabilité,parrapportàunarrière-planquipossèdelui-mêmedescaractéristiqueshautementaléatoires.Lesnombreuses

étudesconsacréesà la reconnaissancedesadventicesvarient en fonction de la complexité de la scèneexaminée: la différenciation de plantes individuellespeut s’effectuer par rapport à un arrière-planfortementcontrastéenlaboratoire,ellepeutconcernerla reconnaissance d’adventices à partir d’imagessynthétiques(Vioixetal.,2002;Jonesetal.,2009)oubien la reconnaissance d’adventices en plein champ.Lacomplexitéestégalementliéeaunombredeplantesétudiées(reconnaissanced’uneoudeplusieursespècesd’adventices),aunombredevariablesnoncontrôlées(soldetextureuniformeousolsdedifférentestextures),auxconditionsd’acquisitiond’images(statiquesouenmouvement), aux potentialités d’utilisation en tempsréel,etc.

Si on souhaite reconnaitre des adventices situésentrelesrangsdeplantescultivées,lapremièreétapeconsiste à identifier les lignes. La transformée deHoughestuneméthoderobustepourcefaire(Astrandet al., 2005),d’autantplusqu’il estpossiblede tenircomptedel’existenced’unpointdeconvergencedeslignesperçuesparlacaméra(Leemansetal.,2006).Ilrestealorsàdifférencierlesadventicesparrapportausol.Parcontre,silesadventicessontsituéesdansleslignesetmélangéesauxplantescultivées,leproblèmeestnettementpluscomplexe(Figure 3).Lesméthodes

Figure 2.RobotcropInRow—Robotcrop InRow (GarfordFarmMachinery,http://www.Garford.com).

Figure 3. Adventices dans des lignes de carottesbiologiques–Weeds infestation in a carrot line.

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utilisées se basent sur la mesure d’attributs tels quela réflectance, lamorphologie, la texture, la hauteur,pris isolémentouencombinaison.Unefoismesurés,cesattributssontintroduitsdansunclassifieurdetypeanalyse discriminante, maximum de vraisemblance,réseaudeneurones,SVM(Support VectorMachine),logiquefloue,etc.(Marchantetal.,2003).

3. la réFleCtanCe

Lorsqu’unêtrehumaindifférenciedesplantescultivéesd’adventices, ladifférencedecouleurestunélémentdéterminant.Or,lacouleurCRGBperçueparunsystèmeoptique, comme une caméra RGB, est le résultat del’intégrationduproduitduspectredel’illuminantE(λ)parlaréflectancedesobjetsdanslascèner(l)etparlescaractéristiquesspectralesdusystèmeoptiques(λ),létantlalongueurd'onde(Onyangoetal.,2001):

CRGB=∫s(l)r(l)E(l)d(l) (1)

Pour un système optique donné et un objet deréflectance déterminée, une modification du contenuspectraldel'illuminationchangedonclacouleurdelascène.

La réflectance du feuillage a été étudiée par denombreux auteurs (Parish, 1990; Thill et al., 1991;Thompson et al., 1991; Hatfield et al., 1993). Laréflectance étant directement liée à l'absorptionspectrale,ilfautrappelerquelesvégétauxcontiennentdes pigments dont les bandes d'absorption sontbien définies (tableau 1), les plus connus étant leschlorophyllescontenuesdansleschloroplastes.Seuleunepartiedel’énergieabsorbéeparleschlorophyllesestutiliséepourlaphotosynthèse,leresteestrestituéaumilieusousformedefluorescence,àdeslongueursd’ondeplusélevéesquecelledelalumièreabsorbée.

Danslazoneduprocheinfrarouge(NIR),lesvégétauxprésentent une réflectance importante, fortementinfluencéeparl’organisationcellulaire.Eneffet,quandla radiationNIR pénètre les cellules dumésophylle,de multiples réflections et réfractions se produisententrelescelluleshydratéesetlespochesd’airquilesséparentetpeud’énergieestabsorbéeparlaplantesousformedeNIR.Au-delàde1300nm,laréflectanceestfortementdépendantedelateneureneaudelaplante.Unfeuillageconvenablementhydratéprésentedespicsderéflectancedanslazonede1300à2500nm.Cespicsn’apparaissentpassilefeuillageestdéshydraté(Thorpetal.,2004).Dufaitdel’ensembledeceséléments,laréflectancesubitdesvariationstemporellesencoursdesaisonculturale,dues auxmodificationsde tailledescellules,decompositionchimique,deteneureneauetd’unemanièreplusgénérale,enraisondelaprésencedefacteursdestress(Zwiggelaar,1998).

Mêmesilaréflectanced’unefeuilleenestl’élémentdéterminant, l’énergie réfléchie par la canopée estfonction de plusieurs variables: le LAI (indicefoliaire),laréflectancedusol(quivarieenfonctiondelateneureneau,delaprésencedematièreorganique,etc.),l’angledesfeuilles,etc.Laréflectanceestaussiinfluencéeparlateneurenazoteet l’étatsanitairedela canopée.Dans les étudesmesurant les différencesde réflectancequi existent entre les adventices et lesplantes cultivées, l’acquisition d’images est réaliséeavecdescamérasconventionnellesRGB,desdispositifsmultispectrauxouhyperspectraux.Parmicesderniers,ontrouvedesspectrographesoucamérasspectralesetdesspectromètres.Lesavantagesetinconvénientsdesdifférentestechniquessontrésumésdansletableau 2.

Par ailleurs, plusieurs auteurs font état de ladifficulté de reconnaitre des végétaux dans unenvironnement extérieur (Tian et al., 1993; Stewardet al., 1999). L’illumination directe provoqued’importantes différences d’intensités dans lesimages,selonquel’onestenprésenced’ombresouderéflexions spéculaires dues à des feuillages brillants.Parailleurs,l’illuminationextérieureestnonuniforme,enintensitéetencontenuspectral.Ilsemblepossibled’obtenirdemeilleursrésultatsenmilieuextérieur,encontrôlantl’illumination,enrecourantàunalgorithmedesegmentationadaptative(Tianetal.,1998)oubienencoreenutilisantdeuxcamérasmuniesdefiltres,l’uncorrespondantàunezoned’absorptiondelalumière,l’autreàunezonederéflexionimportante(NIR)etensoustrayant les deux images (Gerhards et al., 2003;Astrand et al., 2005). Slaughter et al. (2008) fontremarquerquecettedernièreméthodeestpeuefficacedans des régions d’Europe du Sud ou laCaliformie,dans lesquelles le rapport entre l’illuminationdiffuseet l’illumination globale (illumination directe +diffuse)est faible,alorsqu’ilestélevéenEuropeduNord. Pour pouvoir faire abstraction des variations

tableau 1. Longueurs d’onde caractéristiques despigments du feuillage—Wavelengths specific to leaves pigments.Pigments, eau longueur d’onde des bandes

d’absorption (nm)Chlorophyllea 435,670-680,740Chlorophylleb 480,650α-caroténoïde 420,440,470β-caroténoïde 425,450,480Anthocyane 400-550Lutéine 425,445,475Violaxanthine 425,450,475Eau 970,1450,1944

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de l’illumination,unéclairagecontrôléestutilisésurdifférents prototypes (Lee et al., 1999; Hemmingetal.,2001;Pironetal.,2008a).

3.1. acquisition d’images par caméras

Plusieurs auteurs utilisent des caméras RGB pourdifférencier les végétaux du sol. Trois catégories deméthodes sont utilisées. Les premières consistent àsynthétiserl’informationcontenuedanslesimagesencalculantdesindicesdechromaticitéetendéfinissantunseuilséparantlesvégétauxdusol.Woebbeckeetal.(1995)utilisentlesindicesdechromaticitédéfinisdelamanièresuivante:

r=R g=G b=B (1)R+G+B R+G+B R+G+B

Dans cette expression, R, G et B sont les variablesrouge, verte et bleue mesurées par la caméra etnormaliséescommesuit:

R=RcG=

GcB=Bc(2)

RmGmBm

Rc,Gc,Bc sont respectivement les valeursmoyennesdesréflectancesdanslescanauxrouge,vertetbleuetRm,Gm,Bmsontrespectivementlesvaleursmaximalescorrespondantes. Puisque r+g+b=1, seuls deuxindicesdechromaticitésontindépendants.Lesauteursmontrent que la meilleure séparation est obtenue enutilisant l’indice ExG (Excessive Green) qui est unecombinaisonlinéaireder,getb:

ExG=2*g-r-b (3)

Cetindiceserévèleinefficacepourdifférencierlesmonocotylées des dicotyléesmais est souvent utilisépourdifférencierlavégétationdusol(Sogaard,2005;Nieuwenhuizen et al., 2007; Burgos-Artizzu et al.,2010).D’autres indices sont proposés avec lemêmeobjectif:– l’indiceExR(Excess Red Index)(Meyeretal.,1998):

ExR=1,4R-G (4)

– l’indicedechromaticitévert(Astrandetal.,2002):

g=G/(R+G+B) (5)

tableau 2.Comparaisondessystèmesd’acquisitiond’images—Comparison of images acquisition systems.description avantages inconvénients

CaméraRGB 3bandesspectralesRGB(rouge,vert,bleu)

Peucouteux GammespectralelimitéeauvisibleFaiblerésolutionspectraleRecouvrementdesbandesspectrales

Caméraspectrale(spectrographe)

Dispositifformantuneimage,regroupantlesdonnéesspatialessurunaxeetlesdonnéesspectralessurl’autreUneimagespectralecomplèteestobtenueenbalayantl’objetligneparlignedansunedirectionspatiale

RésolutionspectraleélevéeRésolutionspatialeliéeaucapteurCCDPossibilitéd’utiliserdesbandesdansl’infrarouge

Tempsd’intégrationidentiquepourtouteslesbandesspectralesGammespectralelimitéeCalibrationdélicate

Caméraavecrouesdefiltres

Caméramonochromemunied’unesériedefiltrespasse-bandes

RésolutionspectralefonctiondunombredefiltresTempsd’intégrationoptimalpourchaquebandePossibilitéd’utiliserdesbandesdansl’infrarouge

Nombrelimitédebandes

Spectromètre Balayagedelongueursd’ondes Résolutionspectraleélevée(typiquementdel’ordrede10nm)Possibilitéd’utiliserdesbandesdansl’infrarouge

CoutélevédescapteursInGaAs(900-1700nm)etPbS(1-3,3µm)

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3.2. acquisition d’images par dispositif hyperspectral

Considérant qu’une caméra RGB fournit uneinformationspatialedétailléemaiscomporteseulementtrois bandes (rouge, vert, bleu) de faible résolutionspectrale, plusieurs auteurs utilisent un dispositifhyperspectral oumultispectral. Pour différencier desbetteraves (Beta vulgaris L.) de plantes adventices,telles que Poa annua L., Plantago lanceolata L.,Stellaria media L.,Chenopodium album L., Feyaertsetal.(2001)conçoiventunspectrographe(aussiappelécaméra spectrale) qui décompose la lumière reçueen ses composantes spectrales et les projette sur lamatricedecapteursd’unecaméramonochrome.L’undes axes se comporte comme un axe spatial, tandisqueledeuxièmeaxeestunaxespectralpossédantunerésolutionde35nmdansunegammede435à1000nm.Le proche infrarouge étant accessible, la végétationestd’abord segmentéepar rapport à l’arrière-planenutilisantl’indiceNDVI:

NDVI=RNIR-RRED

(8) RNIR+RRED

Ensuite, différents classifieurs sont testés, lesmeilleurs résultats étant obtenus avec un MLNLM(multi-layer neural network with non linear mapping).En utilisant les longueurs d’onde de 441, 446, 459,883,924et988nm,un tauxdeclassificationcorrectallantjusqu’à83%estobtenu.

Le même principe est mis en œuvre par Vrindtset al. (2002) qui utilisent un dispositif hyperspectralcommercial fonctionnant dans une gamme de 480à 820nm.Avec ce dispositif, les auteurs arrivent àclasser correctement 93% des spectres avec neufbandesspectralesenbetteraveset91%avec8bandesen maïs. Ces résultats favorables ne sont toutefoisobtenus que lorsque les conditions d’illuminationextérieuresrestentinchangées.

Okamoto et al. (2007) utilisent un dispositifhyperspectraldans labandede400à1000nm,avecunerésolutionde10nm.Lesimagesacquisessurdeuxsites,enconditionsensoleilléesetnuageuses,ontpourobjectif de séparer des betteraves de quatre espècesd’adventices: Fallopia convolvulus L., Equisetum arvense L.,Setaria viridis L.,Stellaria media L.Pourréduire les effets dus aux fluctuations spectrales del’illuminant, lesdonnéessontnormalisées(l’intensitéminimum est ramenée à 0, tandis que l’intensitémoyenneestramenéeà1).Laséparationdespixelsdevégétaux(plantescultivéesetadventices)deceuxdusolestbaséesur lecalculde ladistanceeuclidienne.Dans une deuxième étape, les pixels des plantessont séparés de ceux d’adventices en utilisant une

Cedernier indiceestutilisépour reconnaitre lesadventices situées dans l’inter-rang de betteraves(Astrand et al., 2002). Le système d’identificationdesadventicesestmontésurunrobot,conjointementà un système de vision noir et blanc qui assure leguidagedelamachineviaunetransforméedeHough.Surbased’essaisréalisésenserre,laprécisiondelaclassificationatteint91%.

Les méthodes de la deuxième catégorie sontdes méthodes de segmentation dynamique, commela méthode d’Otsu (Shrestha et al., 2004) ou uneméthode hybride combinant l’algorithme «mean shift » proposé par Comaniciu et al. (2002) et uneanalysediscriminantelinéaire(Zhengetal.,2010).

Dans la troisième catégorie, on trouve desméthodesquiconsistentàopérerdestransformationsde l’espace couleur. La transformation utilisée parStewartetal.(1999)etVioixetal.(2002):

-1 1 0 √2 √2 V1 R V2=-

1-1 2 G(6) I√6 √6 √6 B

1 1 1 √3 √3 √3

a pour but de séparer l’information intensité del’information couleur. Il s’agit d’une rotation durepèreRGBde tellesorteque l’axeIcoïncideavecl’axe des intensités et que V1 et V2 définissent unplan perpendiculaire à I et parallèle au triangledes couleurs. La transformation proposée parNieuwenhuizen et al. (2007) poursuit les mêmesobjectifs:

1 2 1 √6 √6 √6 ExG R RB=1 0 1G (7) I √2 √2B

1 1 1 √3 √3 √3

RB est la différence R-B. Cette transformationest utilisée pour reconnaitre des pommes de terrevolontaires dans un champ de betteraves sucrières.En fonction du type de champ, des conditionsd’ensoleillement, du stade des végétaux, le taux dereconnaissancecorrectvariede49à97%.

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transformationenondelettesdetypeDaubechiesavantdeprocéderàuneanalysediscriminantelinéaire.Lestauxdeclassificationcorrectssontcomprisentre75et80%.

Slaughter et al. (2004) montrent l’intérêt detravailler dans des bandes du proche infrarouge,avec une haute résolution spectrale pour séparer desplantesdontlesspectressonttrèsprocheslesunsdesautres.Ilsutilisentunspectromètredontlagammedelongueursd’ondesestcompriseentre400et2500nmpourdifférencierdesfeuillesdevégétauxappartenanttous deux à la famille des Solanacées (des tomates,Lycopersicum esculentum L.etdelabelladone,Atropa belladonna L.), matures et en bon état, prélevéessur les plantes. Les meilleurs résultats sont obtenusdans les bandes d’absorption situées entre 1700 et1900nmet2120et2320nmenutilisantunmodèlediscriminant multivarié. Malgré les bons résultatsobtenus,laméthodesembledifficilementtransposableà l’étude de la végétation située en champ du faitquel’angledemesureinfluencelesrésultats,quedeslongueurs d’onde émises sur le feuillage peuvent sesituerdansdesbandesconcernéesparlafluorescence,quelespectrepeutvarierdufaitdelanon-uniformitédufeuillage,etc.

3.3. acquisition d’images par dispositif multispectral

Vioixetal.(2004)réalisentundispositifmultispectralcomportantquatrefiltresmontéssuruncarrouseldevantl’objectifd’unecaméraembarquéedansunaviondontl’altitudevariede10à100m.Lescaractéristiquesdesfiltresnesontcependantpasspécifiées.Pourdétecterdes adventices (Sonchus asper L., Chenopodium L.,

Achenocloa L.,Cirsium Mill.,Mercurialis perennis L.,BrassicaL.etMatricariamaritima L.)parrapportàdescarottes(Daucus carota L.)enpleinchamp,Pironetal.(2008a)utilisentundispositiffonctionnantenlumièrecontrôlée (Figure 4). Ce dispositif multispectral estconstituéd’unecaméranoiretblanccoupléeàunerouecommandée par un moteur pas-à-pas qui comporte22filtres.Leurlongueurd’ondecentraleestcompriseentre450à950nmetlalargeurdebandevarieentre40et100nm.Lesauteursmontrentqueleslongueursd’ondes les plus appropriées à la reconnaissance desadventicesdanslescarottessontde450,550et700nmetqu’ilestpossibled’obteniruntauxdeclassificationcorrectde72%.Lescotylédonssontsystématiquementmal classés (Figure 5), ce qui confirme les résultatsd’étudesantérieuresmontrantquelescaractéristiquesspectralesdecesdernierssontdifférentesdecellesdelaplante(Franzetal.,1991b;Geeetal.,2004).

4. MorPhologie des végétaux

Lesplantescultivéessedifférencientdesadventicesparleurmorphologieetlespremièresétudesutilisentdescoefficientsdeformetelsquelacircularité,l’élongation,

Figure 4.Dispositifmultispectral—Multispectral device.a:roueàfiltresavecmoteurpas-à-pas—filter wheel and stepper motor;b:caméra—camera;c:réflecteur—reflector;d:brosses—brushes;e:buttedecarottes—carrots;f:lumières—lighting(Piron,2008a).

a b

cde

f

Figure 5.Détectiond’adventices(enrouge)parrapportauxcarottes (vert)—Detection of weeds (red) versus carrots (green) (Piron,2008a).

630 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201115(4),623-634 PironA.,DumontB.&DestainM.-F.

l’excentricité, etc. (Lee et al., 1999).Cependant, cesméthodesseheurtentàdeuxdifficultésmajeures.Pourunemêmeespèce, lavariabilitédu feuillageest tellequedestechniquesclassiquesd’ajustementdepatrons(«patternmaching »)nesontdoncpasadaptées.Parailleurs, vues à partir du capteur optique (caméra,dispositifmultispectralouhyperspectral), les feuillessont souvent superposées; il n’est doncpas possibledepercevoircertainesd’entreellesdansleurentièreté(Franzetal.,1991a).

Pour séparer des feuilles superposées, Lee et al.(2004)partentd’unalgorithmedesegmentationdetype«watershed» qui considère une image en niveau degriscommeunrelieftopographiquesurlequelonpeutdéterminerdeslignesdepartagedeseaux.Constatantquecetalgorithmeconduitàuneséparationexcessiveetdoncunefragmentationtropélevée,ilsluiapportentcertaines modifications, essentiellement constituéesd’opérationsmorphologiques.

Sogaard (2005) constitue une base de donnéesd’imagesbidimensionnellesde19espècesd’adventicesexistant au Danemark, obtenues en conditionsd’illuminationcontrôlée.Lespixelsdesvégétauxsontséparésdeceuxdusolenutilisantl’indiceExG,puistransformés en niveaux de gris. Un algorithme basésur les contours actifs est utilisé pour caractériser laforme moyenne des 19catégories d’adventices. Ils’agitdedéfiniruncontourinitialentourantlaplante,puisdedéplacerlespointsquileconstituentpourlesrapprocher de zones de fort gradient en conservantcertainescaractéristiquescommelacourbure.Àl’aidede cette technique, Sogaard arrive à modéliser laformedes feuilles et la structure de la plante entièrejusqu’austade2feuilles.Laclassificationestbaséesurl’importancedesdéplacementsàappliquerpourobtenirun ajustement parfait. Les taux de reconnaissancecorrectsvarientde65à90%.

5. texture

Latexture,quiseréfèreauxpropriétésdesurfacedesvégétaux,estassezpeuutiliséeentantqueseulattributpourdifférencier lesadventicesdesplantescultivées.Burksetal.(2000)utilisentdesattributsdetexturepourclasser cinq espèces d’adventices produites en pots(Ipomoea hederaceae Jacq., Setaria faberi Herrm.,Digitaria Sanguinalis L.,Abutilon theophrastiMedik.,Chenopodium album L.). Les images acquises dansl’espaceRGBsonttransforméesdansl’espacecouleurHSI et les matrices de co-occurrence, qui analysentla fréquence avec laquelle se répète l’intensité d’unattributcolorimétrique,sontcalculées.Ellespermettentdegénérer33attributsdetexturepourchaqueimage.Les potentialités de trois classifieurs basés surdifférentstypesderéseauxdeneuronessontanalysées

surbasedelaprécisiondelaclassification,dunombred’éléments nécessaires pour l’apprentissage et dutempsdecalcul(Burksetal.,2005).Ilapparaitqu’uneprocédurede type«stepwise» permettantde réduirelaquantitédedonnéesà introduiredans le réseaudeneurones est un élément favorable pour éliminer lesdonnéesredondantesetréduireletempsdecalcul.

6. hauteur

Pourmesurerlahauteur,laméthodelaplusconnueestlastéréoscopiepassivequiconsisteàobserverlascèneà partir d’aumoins deux points de vue et à trouverdescorrespondancesentrelesdifférentesimagespourétablir les coordonnées des pixels par triangulation.C’estainsiqueNielsenetal.(2004)cherchentàdétecterdesadventicesparrapportàdesplantsdetomatesenanalysant des images stéréoscopiques acquises dansuneserreéquipéedepare-soleil,àl’aided’unecamératrinoculaire.Ladistinctionentreplantesetadventicesestbaséesurtroisméthodesdifférentes:– mesurede ladistanceentre lacaméraet lespixels de plantes: cette technique nécessite de connaitre ladistanceentrelacaméraetlesolpourdéfinirune valeur seuil au-delà de laquelle les pixels appartiennent aux plantes cultivées ou aux adventices;– analysedegroupesdepixelsséparéssurbased’un histogramme: avec cette méthode, beaucoup d’objetssontfusionnés.Parexemple,desbranches de plants de tomates proches du sol ne sont pas segmentéscommeappartenantàlaplante;– analysedecesgroupesàl’aided’unalgorithmede type «watershed»: il existe des incertitudes au niveaudespixelssetrouvantàlafrontièreplantes/ adventices.

Les auteurs reconnaissent que les algorithmesde classification sont perfectibles et que la prise encompte des irrégularités du sol pourrait améliorer laclassification.

Quand la scène ne contient pas d’élémentsparticuliers pour établir une correspondance, commec’est généralement le cas dans les scènes naturelles,la stéréoscopie active basée sur l’utilisation d’unelumièrestructuréeestplusappropriée.

Pourmesurerlahauteurdespixels,Pironetal.(2011)utilisentuneméthodedestéréoscopieactive,quireposesur le principe suivant: un projecteur vidéo projettesurlascèneàanalyserunesériedefrangeslumineusesnoiresetblanchescodées.Lascèneperçuevialecodelumineux par une caméra laisse alors apparaitre desdistorsions de ligne qui contiennent l’information derelief. Les codes projetés ont deux caractéristiques:ilssontaléatoiresettrèsfaiblementcorrélésentreeux.

631

Du fait de la grande plage dynamique et de la non-uniformité de réflectance de la scène, l’acquisitiond’une image se fait en fusionnant des imagesintermédiaires d’expositions multiples. Autrementdit, chaque image est formée de plusieurs imagesintermédiaires prises avec des temps d’expositiondifférents,afinque tous lespointsde lascènesoientcorrectementexposés.Leprincipededécodagereposesurlacorrélationentrelessignauxémisetlessignauxreçus.Cetteméthodepermetd’obtenirladistanceentrelespixelsdesvégétauxetlacaméraavecunegrandeprécision. Sur le terrain, le problème est cependantrendu plus compliqué par le fait que lemicro-reliefsous la végétation est inégal, ce qui implique decorriger les distances caméra-objet en modélisantle relief du sol (Figure 6). Une «reconstitution»du sol sous les plantes est réalisée par interpolationpolynomialeàpartirdespixelsdesolvisiblessurlesimages,cequipermetd’obtenirdefaçontrèsprécisela«hauteurcorrigée»,c’est-à-direladistancedespixelsdesvégétauxparrapportàlacaméra(Figure 7)(Piron

etal.,2008b).Ladifférenciationplantes–adventicesestalorsbaséesurlefaitqu’àfaibleéchellespatiale,onpeutconsidérerquelavitessedecroissancedeplantescultivées est plus uniforme que celle d’adventicesreprésentéspardesespècesdifférentes.Cettevitessedecroissanceestfonctiondelahauteuretd’untempscaractéristique(parexemple,lenombredejoursaprèssemis).Cetteméthodepermetd’obteniruneprécisiondeclassificationde83%.

7. CoMbinaison de Plusieurs attributs

Hemming et al. (2001) cherchent à reconnaitre desadventices par rapport à des plantes maraichères(carottesetchoux)enpleinchamp,avecundispositiftravaillant en lumière contrôlée. Trois attributscolorimétriques (les variables HSI, à savoir lateinte, l’intensité et la saturation) et huit attributsmorphologiques (aire, aire/périmètre, longueur/largeur, circularité, convexité, etc.) sont extraits desimages.Lespluspertinentsd’entreeuxsontintroduitsdansunalgorithmede logiquefloue.En fonctiondustade de croissance, la précision de la classificationvariede51à95%.

Onyangoetal. (2003)développentunalgorithmede segmentation basé sur la couleur (valeurs R, G,B conventionnelles) et la connaissance a priori del’espacemententreplantes(choux-fleurs)grâceàunefiltrationmorphologique et un ajustement de droitespermettant de déterminer le centre des plantes. Ladistribution de probabilité des pixels de plantes estmodélisée autour de ceux-ci par une distributionde Gauss à deux dimensions. La précision de laclassificationvarieentre82et96%.

Van Evert et al. (2006) montent deux webcamssurunpetit robotde faible cout, envued’étudier lapossibilitédedétecterlaprésencedepommesdeterrevolontaires dans un champ de maïs. À l’aide de lapremièrecaméra,lesrangsdemaïssontmodélisésparunetransforméedeHough.Àpartirdeladeuxième,lesadventicessontdétectéessurbased’unecombinaisond’attributs de taille, forme et couleur. Le taux dereconnaissance correct des adventices varie de 90 à98%.

Gebhardtetal.(2007)cherchentàdétecterRumex obtusifolius L., Taraxacum officinale F.H.Wigg.et Plantago major L. dans des gazons sur la based’attributs de couleur (intensité, valeurs R et G),forme (aire, périmètre, excentricité, circularité) ettexture (moyenne des gradients) introduits dans unclassifieur de typemaximum de vraisemblance. Lesattributs de forme apparaissentmoins pertinents quelesattributsdecouleuretde texture,dans lamesureoù le recouvrement des adventices est important par

Figure 6.Mesurede lahauteurdesplantes,enprenantencomptelemicroreliefdusol—Measurement of corrected plant height taking into account the soil roughness.

Figure 7. Image de la distance des pixels des plantes parrapportà lacaméra(lespixels lesplusclairssont lesplusprochesdelacaméra)—Images of the distance of the pixels of the plants towards the camera (lighter colors correspond to points closer to the camera).

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rapportaugazon,àtouslesstadesdecroissance.Lestaux de classification corrects deRumexobtusifoliussontélevés(95%)maisvarientenfonctiondustadephénologiquedelavégétation.

Combinant la hauteur des pixels et la réflectancepour différencier des plants de carottes de Sonchusasper L., Chenopodium, Achenocloa, Cirsium,M. perennis,Brassica etMatricaria maritima, Pironetal.(2009)observentquelesecondattributn’améliorequetrèspeulaprécisiondelaclassification.Ceciestdûaufaitquelesdeuxvariables,hauteuretréflectance,sontétroitementcorréléesentreelles.

8. systèMes d’aide à la déCision

La qualité des algorithmes de reconnaissances desadventices influence fortement la précision de lapulvérisation:unalgorithmegénérantdesincertitudesauniveaudespixelsà lafrontièreplantes/adventicespourra être utilisé avec une large zone de sécuritépour protéger les plantes cultivées, pour autant quel’on accepte l’existence d’adventices résiduelles;un algorithme de type «watershed» qui fragmenteexagérément les objets risque de conduire à unepulvérisationexcessive;etc.

Au-delà de la mise au point des algorithmes, ilresteàdéterminerleseuild’infestationau-delàduquelil convient d’intervenir. Selon Burgos-Artizzu et al.(2010),un indice telque le«Weed Pressure » (WP)pourraitservirdebasepourdéfinirladosed’herbicideàappliquer:

WP=cw(100-cs) (9)

cc

aveccw:pourcentagedecouvertureparlesadventices;cc:pourcentagedecouvertureparlesplantescultivées;cs:pourcentagedesol.

Si le sol a été au préalable éliminé des images,le critère retenu est un seuil dépassant une certaineproportiondesurfaceadventices/plantes.Leseuilestde 10% chezNielsen et al. (2004), qui cherchent àéliminer les adventices de tomates, et de 20% chezBergeetal.(2008)quitravaillentsurleblé.

Considérant que la segmentation d’adventicespar rapport aux plantes cultivées dépend denombreux éléments, comme l’illumination, le typede végétaux en présence, leur stade de croissance,etc., la décision de traiter est basée sur le calcul delaprobabilitéa posterioriétablieàpartirduthéorèmedeBayes(Tellaecheetal.,2007),parSVM(Support Vector Machine) (Tellaeche et al., 2010) ou à l’aided’un algorithme génétique (Burgos-Artizzu et al.,2010).

9. ConClusion

Dans la mise au point d’un système localisé dedestructiondesadventices,ilyalieudedistinguertroiscas. Dans le premier cas, les adventices sont situéesdans l’interligne. Il est possible de les différencierfacilementdusol,notammentenutilisantunindicedechromaticité.Dansledeuxièmecas,lesadventicessontsituéesdans la lignecultivéemais lesplantes (leplussouventdesplantesmaraichères)ysontrégulièrementespacées:onpossèdedoncuneconnaissancea prioride l’espacement des cultures dans la ligne qu’il estpossible d’exploiter pour détecter les adventices.Desréalisationscommercialesmettantenœuvreceprincipeexistentdéjà.Dansletroisièmecas,lesadventicessontsituées dans une ligne de plantes cultivées possédantune haute densité. Dans cette situation, on constateque les caractéristiques spectrales n’apportent pas desolution robuste pour reconnaitre différents types devégétaux.

Dans les meilleurs des cas, il est possible dedifférencierdesculturesdonnéesparrapportàcertainescatégories d’adventices en utilisant des longueursd’ondeparticulières,maisaucunesolutiongénériquenepeut être dégagée.Utiliser desbandes spectrales sansrecouvrementetàhauterésolutionettravaillerdanslazoned’absorptiondelalumièreparlefeuillage(procheinfrarouge)sontdesélémentsfavorables.

Lesplantescultivéessedifférencientdesadventicesparleurmorphologie.Cependant,vuesàpartirducapteuroptique,lesfeuillessontsouventsuperposées;iln’estdoncpas possible de percevoir certaines d’entre ellesdansleurentièretéetlesalgorithmesdereconnaissancedeformesontsouventpeuefficaces.

À faible échelle spatiale, on peut considérer quela vitesse de croissance des plantes cultivées est plusuniformequecelledesadventicesreprésentéespardesespèces différentes. La mesure précise de la hauteurdesvégétaux, coupléeàun tempscaractéristique (parexemple, le nombre de jours après semis), permet dedifférencier les pixels des plantes cultivées de ceuxdes adventices. La combinaison d’attributs, tels queréflectance et hauteur, ne permet pas d’améliorer laprécision de la classification, dans la mesure où cesattributssontcorrélésentreeux.Lasolutionconsistantàmesureravecprécisionlahauteurdesadventicesparrapportàcelledesplantescultivéesestdoncunesolutiond’avenir,pourautantquelamesuredehauteurprenneencomptelesirrégularitésdumicroreliefdusol.Cetteméthodedevraitêtreimplémentéesurunprototypepourêtreévaluéedansdesconditionsexpérimentalesvariées.

remerciements

CetteétudeaétéréaliséedanslecadreduprojetRECADVEN,financéparlaDGO6.

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