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  • 8/8/2019 La ville numrique

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    2010Andr Jean-Marc Loechel

    [LA VILLE NUMERIQUE]La ville numrique de demain a aujourdhui un vritable pass, une histoire forte faitedhsitations et daudaces qui permet daborder aujourdhui avec une smantique commune,particulirement rigoureuse qui fait que les interlocuteurs possdent un vocabulaire commun etdes habitudes bien ancres: pour faire entrer leur territoire dans une vraie conomie cognitive,pour faire en sorte que leurs systmes ducatifs et leurs offres de formation - bases sur des

    initiatives territoriales le plus souvent - construisent un territoire pour demain en termesdattractivit, de comptitivit et dexcellence quant aux comptences de ses acteurs et de seshabitants.

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    [LA VILLE NUMERIQUE] 1er janvier 2010

    Andr Jean-Marc Loechel | 2

    LA VILLE NUMERIQUE

    Introduction

    Chapitre 1 - La ville numrique comme territoire de la connaissance

    Chapitre 2 - Les laboratoires de la ville numrique de demain

    Chapitre 3 - La ville intelligente

    Chapitre 4 - La ville ubiquitaire

    Chapitre 5 - La dmultiplication des crans de la ville

    Chapitre 6 - Le chantier des nouveaux objets et mobiliers urbains

    connects et interactifs

    Chapitre 7 - Les territoires de linnovation

    Chapitre 8 - La ville clustrise

    Chapitre 9 - La ville de la mobilit et de la e-itinrance cognitive

    Chapitre 10 - Le e-gouvernement territorial

    Chapitre 11 - Le territoire, acteur de la e-sant

    Chapitre 12 - De nouveaux lieux pour analyser et exprimenter

    Conclusion

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    [LA VILLE NUMERIQUE] 1er janvier 2010

    Andr Jean-Marc Loechel | Introduction 3

    INTRODUCTION

    La ville numrique de demain a aujourdhui un vritable pass, une histoire forte faitedhsitations et daudaces qui permet daborder aujourdhui avec une smantique commune,particulirement rigoureuse qui fait que les interlocuteurs possdent un vocabulaire commun et

    des habitudes bien ancres: pour faire entrer leur territoire dans une vraie conomie cognitive,pour faire en sorte que leurs systmes ducatifs et leurs offres de formation - bases sur desinitiatives territoriales le plus souvent - construisent un territoire pour demain en termesdattractivit, de comptitivit et dexcellence quant aux comptences de ses acteurs et de seshabitants.

    Ville numrique, mtapolis, ville gnrique, urbanisme liquide, les concepts sontaujourdhui rinventer si on cherche dfinir cette future ville durable : au-del de ce quiressemble aujourdhui un vritable lexique de la ville numrique - et dont les principauxchapitres voqueront un certain nombre dentres -, cest en fait dune ville augmentedinformations et de connaissances quil sagit.

    Lconomiste Alvin Toffler crit dans son ouvrage La richesse rvolutionnaire, Paris, 2007 :Brusquement, un systme de richesse diffrent apparat, qui dpend des modificationsspectaculaires de nos relations avec le temps et lespace, mais aussi (avec) le savoir. Pour lui,cest en effet ce quil appelle loffre globale de connaissance (OGC) que puise la richesservolutionnaire de demain. Et cette offre globale de connaissance, nous ne sommes passeulement en train de (l') augmenter, nous (en) transformons aussi ses modes dorganisation,daccs et de distribution. Au travers de cette formulation, lauteur dfinit vrai dire la ville etle territoire numrique de demain, au-del mme donc dun espace qui aurait fait le pari de lamise en rseau et de linnovation.

    Cette ville numrique des deux prochaines dcennies, nous pouvons dores et dj lesquisser eten imaginer le fonctionnement.

    Nous prsentons ici une analyse suivie de quelques axes concrets bass sur nos propresaccompagnements de projets. Ces analyses sinscrivent clairement dans la scnarisationaujourdhui en cours de la stratgie de Lisbonne pour la dcennie 2010 - 2020 1et sur les projetseuropens de rgions de la connaissance actuellement dvelopps 2.

    Une douzaine de e-enjeux urbains aujourdhui particulirement importants dans une optiqueprospective de la dcennie venir. Nous en prsenterons chaque fois une brve analyse suiviede quelques axes concrets bass sur nos propres accompagnements de projets.

    Pour rpondre aux dfis du XXIe sicle, architectes, villes et scientifiques collaborent pourdvelopper les solutions technologiques de la cit urbaine intelligente. Cest ds aujourdhui quela ville du futur se pense, essentiellement en termes de gopolitique et de go-conomie.

    Conscients du dfi commun qui les attend, les villes collaborent pour exporter les solutionstechnologiques dj trouves en rponse des problmatiques spcifiques, les universits aussimettent en commun leurs projets et se regroupent dans des centres de recherches entirementddis au sujet. Dans un mme esprit des chercheurs finlandais misent sur lopen source pourdvelopper leur architecture de ville ubiquitaire.

    1 On se reportera ainsi la mission confie Laurent Cohen Tanugi.2 Un appel projets vient dtre rcemment lanc par la Commission.

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    La ville de demain, au-del des crans pervasifs et des rseaux ubiquitaires, ce sera aussi uneprofusion de no-objets, des objets interactifs et augments, augments dautant dinformationque leurs gniteurs ont pu leur confrer, dautant de savoirs aussi parfois, des savoirs sur eux-mmes, les propositions quils sont en mesure de faire tous ceux qui les ctoient, mais aussiaux autres objets et quipements urbains.

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    LA VILLE NUMRIQUE, UN TERRITOIRE DE LA CONNAISSANCE:

    La Commission europenne nous a demand il y a de cela deux ans de prsenter Sville 3 untableau prospectif de lconomie de la connaissance lhorizon des annes 2020 (LEurope de2020 : la construction dune conomie territoriale de la connaissance). Nous y rappelions que

    dans lensemble des expriences, projets, programmes et ralisations que nous suivons et quenous accompagnons lchelle internationale, nous retrouvons toujours la mme volution forterelative aux rapports entre les territoires et les savoirs et limprative ncessit pour ceux-ciden assurer la gestion et la transmission : territoire par excellence de linnovation, la villenumrique est dabord et avant tout une ville de la connaissance.

    On rappellera ici en tout premier lieu le cadre conceptuel autorisant une telle dfinition -comment les savoirs peuvent-ils organiser un territoire et donner lieu une inscriptiondans son espace -, puis surtout les dix commandements des acteurs de la ville numrique.

    I - LES SAVOIRS ORGANISATEURS DE TERRITOIRES

    Comme le souligne Christian Jacob (on reprendra ici plusieurs points de son introduction louvrage paru sous sa direction Lieux de savoirs. Espaces et communauts, Paris, 2007), lundes premiers chercheurs stre lanc dans une telle entreprise, comment des savoirs viennent-ils faire corps, tre partags, faire lieu et plus encore circuler dans des rseaux ? Quelspeuvent en tre les raisons des checs et des russites ?

    On sefforcera de reprendre ici ses principales analyses au travers essentiellement de troisconstats principaux :

    Les savoirs constituent videmment tout dabord un objet symbolique (trait identitaire,signe de reconnaissance, valeur dchange, instrument de pouvoir). Or cet objet,comme le souligne notre chercheur, se manifeste dans une socit par des dynamiquesspatiales spcifiques, un mode particulier dinscription territoriale, avec tous lesscnarios possibles quant leur fixation ou encore leur circulation. Cest pour avoirmconnu une telle dimension que des collectivits nont pu assurer le dveloppement deleurs structures denseignement.Les savoirs sont ensuite tout la fois le produit et le principe constituant deconfigurations spatiales, dune gographie physique, politique, conomique, linguistiqueou religieuse - ou tout en contraire sen diffrencier totalement. Les prospectivesterritoriales qui omettront de prendre en compte une telle cartographie des savoirsauront revoir leurs stratgies en matire de comptitivit conomique.

    Leur circulation est videmment organise travers des carrefours, relais, voies,rseaux, centres et priphries. Mais en mme temps, comme on le sait, ils font lieu travers par exemple des institutions qui les enracinent et qui les aident dterminerleurs sphres dinfluence : cest pour avoir nglig ce constat pourtant fort simple quedes responsables territoriaux nont pu analyser les alas de la matrialisation de certainsples de comptences, et ce aussi bien en termes dattractivit que de diffusion et doncde rayonnement

    Il convient donc pour cela dinterroger les mcanismes luvre dans des aires culturellesdiffrentes et bien videmment leur traduction sous le regard de la sociologie contemporaine.

    3 Formuler une telle affirmation Sville tait ais, dans une ville que son plan de prospective dfinitcomme ville de linnovation et de la connaissance et dont une partie du centre historique sest donnepour vocation de devenir dans les annes venir un quartier dela nouvelle conomie de la connaissance.

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    Impossible ainsi dimaginer des espaces de production, de circulation et de mise en uvre desavoirs sans une analyse rigoureuse des mondes sociaux concerns au travers de lobservationde la synergie des acteurs, la rpartition des rles dans un programme de recherche associantdes partenariats multiples.

    Rappelons que ce concept de mondes sociaux a t trs largement dvelopp par AnselmStrauss et la sociologie interactionniste de Chicago partir de lobservation des mondes

    professionnels contemporains et notamment des professions de la sant.

    Les CENT - dont il sera largement question ici - devront ainsi inscrire ce concept au cur deleurs proccupations et tout laboratoire vivant dailleurs devra en tenir compte. Au-del de lasociologie des organisations, ce modle des mondes sociaux place en effet les acteurshumains et leur interaction au centre de lobservation :

    dclinaison et mise enuvre des savoirs dans des contextes multiples et volutifs,prise en compte de la complexit des liens entre les principaux acteurs et les agentssecondaires souvent si essentiels la mise enuvre,dfinition des sphres dactivit et rpartition des rles.

    Il y a l ainsi pour Christian Jacob ou encore Christiane Sinding un modle opratoire majeur quimet un accent paradigmatique sur :

    les dynamiques de laction,la fluidit des interactions et des configurations logistiques,les changes et la circulation.

    II - L INSCRIPTION SPATIALE DES SAVOIRS

    Fonder, dlocaliser, circuler, explorer, converger, dployer un rseau, aller du centre vers lapriphrie, agir depuis le centre jusqu la priphrie ont toujours t les vecteurs dunehistoire spatiale des savoirs. A lheure dInternet des rseaux haut ou trs haut dbit, cela estvidemment plus vrai que jamais au point dtre aujourdhui au cur de la prospectivetechnologique des territoires. Les usages de la fibre optique et le dveloppement dune conomiebase sur les savoirs se trouvent donc et se trouveront toujours plus intimement lis :matrialit des voies de communication, dynamiques sociales de la circulation et de lalaboration des connaissances en ligne, construction des configurations locales et rgionales quien sont le reflet. Ce dautant que ce sont les logiques territoriales qui dterminent plus quejamais la mobilit des acteurs et la circulation des savoirs.

    On sait bien combien des villes et des rgions ont un moment donn incarn une conceptionplus particulire du savoir et de la science travers la conjonction des institutions et desinstruments quelles se donnaient et des projets sur lesquels les institutions territorialesaccompagnaient leurs chercheurs et leurs entreprises dans une dynamique dagrgation de leursinitiatives, une dynamique qui relie, traverse, recentre et redploie. Il en est de mme sous nosyeux, tant de nouvelles formes dagencements de savoirs supposent des espaces particuliersdobservation ou dexprimentation.

    Ces territoires se sont trouvs au carrefour de facteurs de causalit multiples :

    lieux de concentration dinstitutions et de communauts dont les interactionsnapparaissent pas toujours videntes sans une volont spcifique de synergie

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    lieux dattraction et de diffusion multiples du fait de son histoire et, on la dit, de sagographielieux o se scelle, pour un temps, une alliance entre des agendas politiques comme celuide la construction europenne et des projets intellectuels et technologiques apparaissantcomme des priorits pour leur temps. Ce faisant, ils deviennent ainsi un laboratoire pour

    les territoires de demain.

    C - DIX ELEMENTS DE DEFINITION POUR LE PRI MAT DUNE CONOMIE DUSAVOIR

    En Scandinavie et dans les pays baltes, en Irlande, dans certaines rgions dEurope centrale oudEurope mditerranenne, nous ne pouvons que constater le primat dune conomie du savoir.Munich et Berlin se disent aujourdhui volontiers Stadt des Wissens, en Italie, Brescia ou encoreBari entendent devenir Citta de la connoscenza et ailleurs dans le monde nombreuses sont lesstratgies quil convient ainsi de suivre, sur le continent nord-amricain (les villes ingnieusescanadiennes, Austin au Texas, Monterrey au Mexique), en Amrique latine (les villes argentines,

    chiliennes ou brsiliennes) 4

    Mais quentendre par l? Pour une collectivit locale - et singulirement en Espagne, pays qui at choisi ici pour illustrer notre dcalogue -, un tel programme recouvre ainsi une dizaine deralits plus ou moins assumes, mais permettant de dfinir la ralit dune ville ou dunterritoire numrique daujourdhui et plus encore de demain.

    1 - LA DMULTIPLICATION DES ACTIONS MUNICIPALES ET RGIONALES DEFORMATION

    Elles constitueront lessence mme de la bonne gouvernance territoriale de 2020. Former et

    former encore constitue aujourdhui un leitmotiv pour les collectivits territoriales les plusdynamiques : en Espagne ainsi, Burgos Ciudad XXI dveloppe des cours de formation pour lesjeunes en difficult afin de leur permettre daccder aux infotechnologies, mais aussi des coursde formation pour lensemble du personnel municipal.

    Et il en est de mme pour le plan Bilbao 2010 destin avant tout conforter le programmedapprentissage tout au long de la vie men par la municipalit. Grenade voit lInstitut municipalde formation sappuyer tout particulirement sur un centre des nouvelles technologies. Jerez dela Frontera, prs de Cadix, a cr dans le mme esprit une bourse virtuelle du travail, maisgalement un amphi virtuel de tlformation. Leon Ciudad Digital porte de la mme manirelaccent sur les questions de formation, o les stratgies dintgration sont essentielles, Ciudad

    Real a dvelopp un programme dentreprenariat virtuel. Villafranca est lune des villes qui a pule mieux esquisser une telle dmarche destine tre de lordre de lvidence dans la dcennie venir et ceci au travers despaces sur Internet de recensement de toutes les possibilits daccs la formation 5.

    2 - LA MISE EN PLACE DE DISPOSITIFS DE POLARISATION DES COMPTENCES

    4 Il nous faudra galement prendre en compte ce que seront les futurs espaces interrgionauxdlaboration et de confluence des savoirs ou encore, en dautres termes, la configuration de la go-

    conomie de la connaissance dont nous observons aujourdhui la gense.5 On retrouvera chaque fois limportance des espaces de gestion locale des processus de capitalisationdes savoirs et des connaissances.

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    Elle constitue partout une composante majeure du territoire numrique : en Espagne encore,cest dailleurs lobjectif que sest fixe pour 2015 la ville de Burgos autour dune nouvellegnration de parc technologique qui doit aider la ville se transformer en cit de laconnaissance. Zorrozaure Bilbao entend devenir un espace dimplantation dactivitspermettant lutilisation de services avancs, une future ville de linnovation et de la connaissance

    part entire. La Milla Digital de Saragosse est lincarnation mme de cette volont gnrique deconcentrer exprimentations et lectures du futur sur un mme territoire. Il en sera de mme descentres inspirs de celui de Lahti en Finlande.

    3 - LADMINISTRATION LECTRONIQUE

    On y reviendra plus longuement, mais il est important dvoquer ladministration lectroniquecomme processus daccompagnement de tels programmes: la dimension de ladministrationlectronique locale de la ville de La Corogne se dfinit dailleurs en fonction du programmeCoruna, ciudad del conocimiento quelle entend dvelopper dans les annes venir. Elchepropose une dimension particulirement intressante dans sa rflexion stratgique: elle conoit

    le champ de le-administration comme instrument de gestion du changement de modleurbain. Cest dans cette optique dabord que le-administration est amene constituer lun descadres futurs de tels programmes. Getafe, dans la rgion de Madrid, souhaite ainsi viser unesituation de relle comptitivit territoriale, avec surtout un plan de qualit pour la gestionmunicipale.

    4 - UNE RECHERCHE TERRITORIALISE

    Il est important galement de rpondre de nouvelles demandes face une rechercheterritorialise. Lexemple dune kennistadt hollandaise qui savre cet gard significative :dj connue pour son projet pilote fibre qui ambitionne de connecter toute la ville en fibreoptique, une municipalit de la banlieue d'Amsterdam, Almere, vient dannoncer une sorte depremire mondiale : la cration de la premire grille de calcul htrogne municipale afinpremirement de rpondre aux besoins des entreprises et laboratoires publics installs sur leterritoire et mettre disposition de ces laboratoires les capacits inexploites des ordinateursrelis son rseau trs haut dbit (100 Mb/s), de susciter naturellement aussi une prise deconscience collective des potentialits du haut dbit, mais surtout dassocier les habitants de laville aux travaux des chercheurs. On imagine les habitants dun quartier ou dune ville suivre enligne les travaux sur le patrimoine local, sa restauration, son amnagement, son animation,mais aussi naturellement tous ceux qui peuvent tre intresss pour des raisons diverses et nemanqueraient souvent pas de se rendre sur place.

    5 - DES OUTILS DE VISIBILIT ET DOBSERVATION

    Les collectivits impliques dans de tels programmes sefforcent galement de faonner leurspropres outils de visibilit et surtout dobservation. Ainsi Sabadell, prs de Barcelone, autravers de son plan pour la socit de linformation et de la connaissance, a ainsi cr uneFondation des industries de linformation pour mettre en place des formations lies auxinfotechnologies et capable de former les entrepreneurs de demain, ceci paralllement lInstitut dtudes et de recherche applique qui dveloppe des fonctionnalits dobservatoire etde dveloppement de projets innovants: le plan Sabadell 2010 souligne que la ville numriquequelle entend tre vise la formation et la comptitivit territoriale. Il est essentiel de crer de

    nouveaux services pour une bonne gouvernance territoriale. Grce aux services que le secteurpublic et politique offriront, les politiques qui y seront conduites seront ainsi de plus en plus

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    appuys par la connaissance scientifique, une documentation statistique et qualitative dessujets, un dbat, bref des connaissances accumules et accessibles sans cot que lon peutappeler les immatriels du secteur politique et publique. Leur utilit sociale apparat de plusen plus vidente : sans connaissance commune des affaires publiques, il ne peut y avoir de bonnegouvernance. Ppour concevoir et rformer, les lus auront besoin de plus de connaissances

    partager avec les administrs.

    6 - DES ESPACES RGIONAUX ET INTERRGIONAUX DE CONNAISSANCES

    Au-del, on trouve la volont de crer tout autour de ces collectivits des espaces rgionaux etinterrgionaux de connaissances pour faciliter transferts technologiques et mutualisationdoutils : on peut ainsi citer la Hanse numrique, de Bergen Tallin, ou encore les constructionsterritoriales ultrapriphriques de la Communaut europenne sous lgide notamment desCanaries qui, de Tenerife Las Palmas, entendent devenir des territoires de linnovation lchelle atlantique. Une stratgie qui entend se situer par rapport laction de rseaux tels queceux construits par des quartiers apprenants qui permettent aujourdhui de nombreuses

    collectivits europennes de travailler et de rflchir ensemble dans leurs programmes de villesintelligentes ou de cits-savoir ou encore de rseaux tels que ceux des villes cratives.

    7 - DE FUTURS SERVICES DAIDE AU SAVOIR

    De manire plus prospective, les villes et territoires devront crer de futurs services daide ausavoir. A lchelle du quart de sicle venir, les rapports avec notre environnement seront deplus en plus connots par des savoirs : tout notre environnement sapprte se faire pourvoyeurde connaissances. Il en est de mme des multiples crans parsemant nos villes, des crans quiauront donn naissance de nouvelles applications ou de nouvelles gnrations de machinesportables, crans dpliables et journaux lectroniques enroulables et, voire, gnraliss sur

    les vtements ou les emballages de certains objets. Les territoires seront ainsi grer commedoivent ltre aujourdhui ce quil est convenu dappeler, en termes de management, descommunauts intensives en connaissances.

    8 - UN ENVIRONNEMENT CONSTITU DE STRATES DESPACES ET DE FLUXINFORMATIONNELS

    La ville numrique de la seconde dcennie de ce sicle aura un environnement constitu destrates despaces et de flux informationnels avec des espaces intelligents qui se crent autour denous au travers notamment des technologies sans fil. Ces technologies nous offrent une sortedInternet ambiant qui transforme la ville en espace de radiofrquence et de rseauxomniprsents: la ville numrique sera en quelque sorte de plus en plus amplifie par lintrusiondespaces informationnels multiples.

    Nous sommes aujourdhui en mesure de crer une possibilit de rencontre entre les stratesdinformations que contient par essence un monument (ses strates chronologiques etsymboliques par exemple) et les flux dinformations contemporains, vritable allgorie de laconstruction identitaire. On a ainsi rcemment pu mettre laccent sur des expriencespermettant tous ceux qui frquentent un espace urbain dannoter leur environnement, de luiconfrer un sens personnalis, se transformer en auteur en se servant de cet environnement, dese voir auteurs et de vouloir tre au dpart dun processus de construction de connaissances,bref de rechercher et fournir des informations et des renseignements. Les rcentes

    exprimentations menes par exemple Londres au cours de ces derniers mois montrent ainsi

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    ce que pourra tre par exemple la mobilisation des rsonances cognitives des environnementsurbains.

    9 - LE REPRAGE, LA CARTOGRAPHIE ET LA GESTION TERRITORIALE DE LACONNAISSANCE

    La cartographie et la gestion territoriale des connaissances dans les collectivits lhorizon 2020- 2030 sont amens sappuyer sur des processus spcifiques dont certains ont dj fait lobjetde premires applications. La condition premire de lattractivit conomique dun territoirerside aussi dans une connaissance minutieuse des savoirs existants : la dmarche de la petiteville de Matar en Catalogne nous semble de la sorte parfaitement rsumer lune desconcrtisations territoriales possibles des stratgies de Lisbonne, au point quau sein de notreRseau, nous avons baptis cette dmarche le processus de Matar 6.

    Ce processus se base en effet sur cinq points majeurs :

    la vision issue de lanalyse des potentialits existantes partir dentrevues avec despersonnalits de la ville dans des domaines tels que les sciences de la vie, les sciencessociales, la planification urbaine, la gestion des entreprises, de manire ce que puissenttre dvelopps de vritables champs dattractivit.lidentification des activits essentielles capables de mener terme une telle vision travers des actions et projets forts.lidentification des comptences essentielles pour accomplir ces actions et ces projets.le choix des indicateurs pour chaque activit et chaque comptence essentielles.lassignation de ces indicateurs chacune des grandes catgories intellectuelles (capitalhumain, capital des structures, capital marchand, capital de rnovation et dedveloppement et enfin capital de lensemble des dmarches engages).

    La dmarche consiste ainsi mesurer et grer le capital intellectuel de chacun des micro-clusters prsents sur le territoire, ceci travers notamment un processus de benchmarking deleur capital intellectuel qui permet par exemple dobtenir un index de confiance globale:lapplication du modle amne une vision stratgique du dveloppement de la ville, de lacohsion sociale et des possibilits de croissance conomique durable et un systme desupport dcisionnel pour les lus.

    10 - UN URBANISME DE LA GESTION DES CONNAISSANCES ET LA CONSTRUCTION DEQUARTIERS DU SAVOIR

    Architectes et urbanistes doivent en effet de plus en plus rpondre la ncessit damliorer lesconditions de transmission de connaissances entre le systme dducation, de recherche, et lesystme productif, et utiliser pour cela leur champ dintervention quest lespace urbain.

    6 Rappelons-en brivement les origines : la Fondation Tecnocampus Matar avait organis il y a trois ansde cela un colloque usagers et rseaux crateurs de la nouvelle ville qui voquait les horizons ouvertspar la gestion urbaine en rseau. Avec une quipe dconomistes de lUniversit Polytechnique deCatalogne, ce sminaire a par la suite permis de modliser un certain nombre daxes de dveloppement dela ville en la matire. La ville stait place demble sous lgide dun plan directeur qui entend en faireune ville de la connaissance, capable dexploiter pleinement le capital intellectuel de la ville et de son

    territoire comme source principale de richesse, de prosprit et de croissance future. A t utilise cettefin une modlisation conomique qui se traduit par la cration et la gestion dune plate-forme deconnaissance, ceci partir notamment des micro-clusters existants dans la cit.

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    Cest ce quillustre aujourdhui le chantier de Poblenou Barcelone qui traduit la transformationdun quartier de lpoque industrielle en quartier du savoir. Le transfert technologique sy veutomniprsent avec des centres permettant la cration dentreprises innovantes et surtout lesoutien de projets de cration dusages applicatifs partir des laboratoires de recherche.

    Ce quil est convenu dappeler un quartier de la connaissance est donc une sorte de clusterurbain, un ple de comptences o se trouve facilite la relation entre universits, centrestechnologiques, centres de recherche et activits productives en une concentration dactivitsqui favorisent linteractivit.

    Ces concepts, mais aussi ces principes gnraux illustrant les principaux enjeux, nous allons lesretrouver au sein de nouveaux laboratoires qui, sans que nous les connaissions toujours,prfigurent pas trs loin de chez nous souvent, les territoires de demain.

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    Andr Jean-Marc Loechel | Les laboratoires de la ville numrique de demain 12

    LES LABORATOIRES DE LA VILLE NUMRIQUE DE DEMAIN

    A LE DVELOPPEMENT EN EUROPE DE CENTRES EXPRIMENTAUXAUTOUR DE N OUVEAUX PROJETS RELATI FS

    LA SOCIT DE LA CONNAISSANCE

    De quoi parle-t-on quand on voque en Europe les Living Labs, les laboratoires vivants? Ilsagit dentits publiques et prives o les entreprises, organismes publics, centres de rechercheet habitants se rejoignent au sein dun processus dinnovation co-crant et validant technologies,plateformes, produits, services, modles d'affaire en environnements et contextes rels etquotidiens.

    Cest galement une mthodologie de recherche pour dtecter, valider et perfectionner dessolutions complexes et volutives dans le contexte du quotidien. Il sagit donc dune innovationouverte et incruste au sein de lenvironnement du tissu social. Le principe est dappliquer le

    concept de lopen source linnovation, de telle sorte quil ne soit plus le patrimoine exclusif destechniciens et que la collectivit puisse toute entire participer aux processus innovants.

    Il y a des espaces spcialiss pour les usages des enfants (nanolab) et du troisime ge (yayolab),une mdiathque et une zone open source interconnecte au tissu social et destine audveloppement de projets internationaux. Il sagit dun laboratoire numrique dinnovationcitoyenne.

    Dans le cas de Cornell en Catalogne, ldifice de la Suris est en mme temps un scnario et unconteneur ainsi que toute la raison dtre du Citilab Can Suris. Tmoignage en lui-mme du passindustriel de la ville, la Suris apporte les lments et la mmoire historique dun modlespcifique et singulier de la rvolution technologique. De la mme manire qu lpoque de

    lindustrialisation on sest appuy sur la richesse et la capacit dinnovation des rseaux locaux,la nouvelle Suris aspire se transformer en un pont entre ces valeurs et la nouvelle rvolutiontechnologique. Cest pour cela quelle amne les valeurs de lexprience propre de la centralitquoccupent les groupes sociaux et les personnes. Le btiment est organis de telle sorte quil yait des espaces flexibles et favorise les propositions innovatrices et itinrantes suivant la naturedu rseau.

    Conu daprs le projet Corelabs, il sagit de regiones funcionales o les participants crentun partenariat dentreprises public-priv avec des agences publiques et des universits, despersonnes prives, toutes collaborant la cration et llaboration de prototypes, sa validation,aux tests de nouveaux services, produits et systmes dans la vie relle, dans un contexte de

    villes, hameaux, zones rurales ou quartiers industriels. Ils savrent plus efficaces que deslaboratoires ferms en stimulant des ides, des projets riches en R&D relle. La validation estimmdiate et lon peut continuer avec les prototypes et les tests. Le citoyen est vu dans saglobalit.

    On peut rencontrer quelques exemples testbeds rgionales en Europa. Arabianranta Helsinki, Mobile City Bremen en Allemagne et Freeband en Hollanda. Ceux-ci contribuent ladmultiplication en matire de rseaux haut dbit en Europe. Ils tiennent en outre uneimportance rgionale pour le dveloppement de produits qui ncessitent une connaissanceimportante des marchs locaux spcifiques:

    Visite virtuelle: www.citilab.eu/visita/es/index.htmlListe des Livinglabs en Europe: www.livinglabs-europe.comLes Livinglabs ruraux : www.c-rural.eu

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    Andr Jean-Marc Loechel | Les laboratoires de la ville numrique de demain 13

    Lexemple de Saragosse: www.milladigital.es

    Le Living Lab de Soria (www.soriasur.net) est une initiative locale de promotion pour undveloppement conomique et social durable en zone rurale, et ceci au travers dunemthodologie innovante. Gographiquement la province de Soria se trouve dans la moiti Nord

    de lEspagne. Une rgion de montagne et de petits villages, ce qui complique lvidence la miseen oeuvre dinfrastructures de communication, de transports et tlcommunications et demanire plus gnrale en matire dintgration sociale et conomique des habitants dans unesocit base sur la connaissance.

    Il ny a aujourdhui pas suffisamment dinfrastructures du point de vue technologique quiauraient pu permettre aux habitants des douze villages concerns de participer une telleintgration lconomie du savoir. Soria a une population de 92.773 habitants sur une superficiede 10.303 kilomtres carrs, avec donc une densit de 9 habitants/km2. Actuellement 4000immigrs vivent dans la province, issus de 77 nationalits diffrentes, dix fois plus quil y a dixans.

    Les objectifs principaux de ce Living Lab rejoignent pleinement naturellement les stratgies dedveloppement du monde rural. En ce sens, le Living Lab de Soria collabore avec toutes lesinitiatives locales ayant pour objet le maintien sur place de la population locale. Il sagit l de lavolont de crer une communaut disposant dune stratgie de dveloppement base sur uneinnovation systmique, des scnarios de partage de connaissances et de services. Et ceci encrant et proposant des supports techniques et des services aux crateurs dentreprisesinnovantes afin de dvelopper lactivit conomique et commerciale de la rgion et des airesrurales de manire gnrale, ceci en intgrant la population une conomie base sur laconnaissance et en amliorant son niveau de vie.

    Le Living Lab de Soria est n du projet de Collaboration At Rural dans le cadre du 6e

    programme cadre de recherche et dveloppement. C@R (Collaboration at Rural) visait dvelopper des outils de travail collaboratif comme des outils de dveloppement durable. Ilsagissait pour la recherche didentifier les bonnes rponses technologiques aux barriresempchant un dveloppement rural durable. Soria est en effet vue comme un exemple de zonerurale tmoignant dun faible dveloppement technologique. Et cest ce genre de territoireprcisment qui a t choisi pour implmenter une plate-forme technologique dincubationdentreprises, avec lide naturellement dtendre un tel modle vers des rgions similaires.

    Le laboratoire est principalement soutenu par ladministration publique locale et le groupedaction locale ADEMA. Il est membre du rseau europen des Living Labs (ENoLL), afin denmettre en vidence limportance, la visibilit et la durabilit.

    Le Living Lab de Grenade se trouve dans le parc technologique consacr la sant. Leresponsable en est Telefonica I&D et la Consejeria de salud de la Junta dAndalousie. Il sagitsurtout ici de faire de la prvention sanitaire.

    Le Living Lab de Cudillero dans les Asturies est galement une initiative locale ouverte pour lapromotion sociale et conomique de cet espace rural, ce qui est aussi une nouvelle mthodologiepour linnovation : un living lab ici apparat comme un ensemble dinfrastructures, outils,service, applications, mthodes, process, pratiques, capital humain et accords qui gnrent lessocits, les autorits locales, le PME et les personnes qui travaillent ensemble pour crer,prototypes et valider nouveaux services, marchs, et technologies en environnements rels. Ilest situ sur la cte occidentale du Principal, au nord de lEspagne et regroupe neuf petites villes

    dont Cudillero y Oviana. Il est n lintrieur du projet de C@R. C@R est un projet du septimeprogramme cadre de la Commission Europenne avec un budget de 15 millions de euros y 33

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    associs qui prtendent dvelopper la cration des environnements de travail collaboratif(CWE) pour canaliser et dveloppement rural.

    Au Living Lab de Cudillero, lobjectif principal est doffrir au secteur de la pche un supporttechnique et des services aux usagers de ce secteur pour faciliter les tches quotidiennes en

    utilisant un environnement collaboratif travers une plate-forme collaborative pour amliorerles process qui seront installs dans les bateaux de pche ddis la merluza de pincho. Lesapplications incluent des fonctionnalits pour grer les alertes bord du bateau, envoyer desdonnes de capture et des technologies pour la collaboration entre la terre et la mer. Elles serontun exemple pour les implmenter dans les autres aires rurales de la cte avec descaractristiques similaires. Le projet C@R est plac sous lgide de la direction gnrale de lapche du Principat des Asturies, de la confrrie des pcheurs Virgen del Carmen et de la mairiede Cudillero. Il entend participer la connaissance, lexprience et les bonnes pratiques danslapplication de cette mthodologie.

    Il sagit dinnover dans les processus commerciaux et donner de la visibilit ses produits. Ildispose cette fin dune plate-forme collaborative avec les outils pour :

    mettre au service des pcheurs des dispositifs mobiles et des services de surveillancectire pour changer des informations entre les diffrents acteurs dans un scnario depche collaborativelocaliser les rseaux disponibles en matire de communication (GPRS, UMTS, WIMAX etautres standards sans fil, satellite)dvelopper des applications pour inclure des fonctionnalits pour lutilisation dalertes bord du bateau (envoi dinformations sur les captures et collaboration entre la terre et lamer): www.c-rural.eu - www.ayuntamientodecudillero.com

    B - LES CENT (CENTRES EUROPENS DE NOUVELLES TECHNOLOGIES)Lun de ces lieux - labelliss et accompagns par la Fondation Territoires de Demain - vacommencer sortir de terre au printemps 2008 en Ardche 7. Il peut ainsi tout fait prfigurerquelques-uns des traits du visage des zones les moins urbanises 8 dans une gnration.

    Ce village hbergera des activits qui utilisent les technologies de linformation et de laconnaissance comme moyen cl de cration de valeur ajoute. Ces activits sexercerontprincipalement dans la recherche et dveloppement en matire de commerce lectronique, lesservices distance, lassistance la personne et la conqute des marchs pour PME - TPE.

    7 Il a t prsent lors des premires journes europennes de la Fondation Privas les 7 et 8 fvrier2007.8 Nous avions ainsi eu loccasion de rappeler que certaines des approches de la ville de Stockholm - et deKista, tout ct de la capitale sudoise - nauraient de mme aujourdhui pas la mme force sil ny avaitpas eu Ronneby, ou encore Naestved au Danemark (Naestved qui elle-mme a repris un certain nombre deschmas labors par de petites villes espagnoles). Il est donc essentiel de totalement reconsidrer cetteaune les analyses traditionnelles sur la prospective du monde rural. Il y a trois ans en effet, jai euloccasion de dvelopper pour le CROCIS une assez longue analyse o jai montr combien la ville de petitetaille tait prcisment destine - plus encore que dautres - tre lun des vecteurs de linnovationterritoriale. Il y a moins dune dcennie galement, nos collgues normands voquaient dans le cadre duMois des Villes Numriques que nous avions organis la Cit des Sciences Internet sous les pommiers.Dici deux dcennies, on voquera la dmultiplication de centres de RDI, singulirement au sein du monde

    rural justement - comme dailleurs le montrent et vont commencer le dmontrer dans moins de deux ansles oprations que nous accompagnons aujourdhui - le rapport villes - campagnes ne pourra quen treprofondment boulevers, de mme que les paradigmes qui dfinissent ce rapport.

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    Le village sera difi dans un environnement naturel protg de 300 ha: vignes, forts, prs,champs. Son architecture rurale traditionnelle sintgrera parfaitement dans le paysage quilprotgera et mettra en valeur. Les vignes resteront un lment typique du site. Ce villagesymbolisera la vie ardchoise traditionnelle associe linnovation de demain. Il pourra de lasorte gnrer des emplois de toutes qualifications, des activits nouvelles sur un secteur qui vit

    actuellement du textile et de la vigne et naturellement de nouvelles ressources.

    Des logements et locaux intelligents sont prvus afin dapporter efficacit et confort leursutilisateurs spcifiques. La qualit de vie des chercheurs et personnels a t place au centre duconcept, en vitant notamment les dplacements quotidiens : les entreprises et professionnelsqui sinstalleront dans le village auront pour spcificit de travailler distance. Lesinfotechnologies deviennent de la sorte le cur de mtier du village.

    De tels villages regrouperont donc tout la fois les entreprises innovantes, les professions deservices et du tourisme, les commerces ncessaires au quotidien et bien videmment leslogements indispensables aux professionnels, chercheurs et personnels qui pourront ainsihabiter et travailler sur place. Grce sa qualit architecturale et environnementale (parcs,jardins, tangs, piscines...), le village permettra des sjours centrs sur la remise en forme, lesport, la sant et le tourisme. Cet apport de clientle amnera des ressources supplmentairesen termes dactivits et de commerces et une animation permanente, procurant ainsi une grandequalit de vie aux professionnels des infotechnologies et des services.

    Quatre grands types dactivits sont concerns :

    les prestations de services distance: traduction, centres dappels, assistancebureautique, enseignement distance, cration graphique, publicit, communication,conception assiste par ordinateur, intelligence conomique.la recherche et dveloppement dans tous les domaines ne ncessitant pas

    dinfrastructures lourdes : robotique, intelligence artificielle, gnie logiciel dans denombreux domaines (lectronique, textile, agroalimentaire), prototypage virtuel,simulation numrique, applications mdicales 3D, maquettes numriques.le commerce lectronique et la vente de produits distance (le conditionnement etlexpdition pouvant tre raliss sur un autre site), notamment vins, logiciels,cosmtiques, livres lectroniques et voyages.les technologies de linformation et de la connaissance dans le domaine notamment duconseil en systmes dinformation et rseaux, de la gestion de bases de donnes, de latlmaintenance, scurit informatique et ralisation de portails dentreprises, lditionde logiciels, la gestion de la relation client et tout ce qui est contrle et scurit distance.

    Les innovations organisationelles - qui seront de manire gnrale celles de la gnration venir- rsideront dabord en un Central de services qui proposera laccs des services extrieursspcialiss, ce qui permettra aux TPE et PME daborder les marchs avec la capacit daction desgrandes entreprises : prospection de marchs, partenariats avec des entreprises trangres,veille concurrentielle, accueil des visiteurs venant de ltranger, actions relationnelles etvnementielles multilingues, logistique pour les traductions, interprtariat simultan,visioconfrence, plateforme de services en rseaux pour TPE et PME, ressources de recherche etdveloppement

    Un ple d'accueil des entreprises NTIC et des services communs permettra des entreprisessouhaitant sinstaller sur place rapidement de disposer dune logistique dinstallation dj prte:bureaux cbls, appartements meubls et tout ce qui est ncessaire pour tre oprationnel surplace dans un dlai dune dizaine de jours. Aprs une mise en activit rapide, lentreprise pourra

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    sinstaller dans une autre zone du village ou du ple qui sera mieux en accord avec la dimensionqui lui est ncessaire.

    Des services communs d'entreprise seront initis par le ple en partenariat avec des oprateursspcialiss : entretiens, secrtariat, restauration d'entreprise, scurit, surveillance, assistance

    bureautique, reprographie, salles de runions, quipement de projection et visioconfrence.Une ppinire et un tutorat dentreprises permettront aux techniciens et spcialistes de crerleur entreprise. Assists par un tutorat manant de chefs dentreprises expriments, ceux-cibnficieront de services tarifs prfrentiels mis en place par le CDS. Ces crateursdentreprises pourront progresser beaucoup plus vite que sils taient isols. Un service deprospection europenne, financ et mis en place par le partenaire priv, permettra de fairedcouvrir le village aux entreprises potentiellement intresses.

    Plusieurs types davantages seront mis disposition des entreprises et des professionnels NTIC:loyers prfrentiels des activits innovantes, quipements high-tech du site (trs haut dbit) etbien sr apports du CDS pour lefficacit oprationnelle.

    Lobjectif est de faire venir dans un premier temps sur le village 60 entreprises NTICreprsentant 240 professionnels. Au fur et mesure que ces entreprises grandiront, elles serontinvites sinstaller dans de bonnes conditions sur dautres secteurs de la zone Privas-Rhne etValles, et seront remplaces dans le village par dautres TPE.

    Un nouveau march est en pleine expansion: celui des seniors, nouvellement retraits, quisouhaitent rsider plusieurs mois par an dans un tel environnement, sous un bon climat, avecdes installations de loisirs et de sant fonctionnant toute lanne, mais avec aussi un voisinagejeune et actif.

    Le dveloppement durable sera naturellement plac au centre du concept, au traversnotamment de la protection de la biodiversit et des conomies dnergie. Dans le premiervillage, les visiteurs dcouvriront la maison ardchoise du dveloppement durable, unexemple de cration dnergie renouvelable, de rcupration et recyclage de leau, de biothermieet de climatisation naturelle.

    On estime gnralement quun emploi NTIC gnre, par le dveloppement dactivit et lesbesoins priphriques, deux emplois supplmentaires chance de cinq huit ans. Lecommerce, lhtellerie, la restauration, la remise en forme et les activits touristiques amnerontune cinquantaine demplois directs sur place. Tout comme les activits de cette nature, cesactivits daccueil et de tourisme gnreront aussi des emplois indirects: au global, ce sontenviron 1100 emplois directs et indirects de toutes qualifications qui seront crs sur la zone

    chance de cinq huit ans.

    C LES CENTRES DE LA CONNAISSANCE

    Quittons lArdche pour nous rendre en Estrmadure, dans le sud-est de lEspagne. Il y a djhuit ans y fut cr un projet de centres de connaissance au travers dun programme pilote de sixcollectivits territoriales de la rgion - il en existe quarante aujourdhui.

    Ce projet fut en ralit la rsultante dun projet antrieur 9 qui avait pour objectif danalyser lespossibilits de la rgion pour mettre enuvre les applications des technologies de linformationet de la connaissance en vue de la modernisation des activits productives, lamlioration des

    9 INFODEX (Stratgie Rgionale de Socit de lInformation) qui tait n en 1997.

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    services proposs aux habitants, la rduction des diffrences entre zones urbaines et rurales etbien videmment la mise enuvre des potentialits offertes par toute zone frontire.

    Les groupes de travail de chacun des centres sorganisrent ainsi en fonction des intrts desutilisateurs des divers lieux - quil sagisse dentrepreneurs, de jeunes, dun public plus g, de

    femmes, dassociations, dhandicaps. Au-del de laccs de lensemble des habitants dunterritoire aux infrastructures et aux contenus numriques, lobjectif de la dmarche rsideaujourdhui aussi bien dans la promotion du dveloppement dinitiatives autonomes qui ouvrent tous les possibilits offertes par lconomie du savoir.

    Aussi, aux cts de lautorit rgionale, participent la dmarche lAssociation rgionale desUniversits Populaires et tous les organismes - depuis le niveau rgional celui de lUnionEuropenne - chargs dducation, de formation, de transfert de savoirs et surtout du partage oude la dissmination de la culture scientifique et technologique.

    Pour accompagner la cration dactivits innovantes notamment dans les petites villes et lemonde rural, les annes venir seront celles de lalphabtisation technologique. En

    Estrmadure, il sagit ainsi surtout de :

    gnrer un espace de rencontre sociale - physique aussi bien que virtuelle - et crer unevaleur ajoutedvelopper les comptences et les capacits entrepreneuriales ncessaires pouraffronter les dfis des mutations conomiques des annes venircrer des rseaux de collaboration entre institutions entreprises, associations etpersonnes prsentant des affinits communes - de vrais rseaux sociaux donc -donner naissance des manuels de bonnes pratiques en tous domaines, notamment enmatire dalphabtisation technologiquedfendre la culture locale et rgionale, le partage donc de lidentit commune travers la

    constitution dune immense bibliothque de lexprience et de la mmoire du territoireet de ses habitants.

    Ces lieux offrant de relles opportunits conomiques, sociales et culturelles chacunprfigurent bien ce que seront les centres de connaissance - physiques aussi bien que virtuels,temporaires aussi bien que permanents - rpartis ds la dcennie venir sur lensemble desterritoires.

    La Junta dExtremadura a dores et dj dvelopp cette fin de multiples outils pournotamment gnrer et dvelopper des contenus en ligne, pour constituer des viviersdentreprises innovantes (Vivernet - Viveros de Empresa en la Nueva Era -), une plate-forme decommerce lectronique, un portail de la socit de linformation et de lducation (PortalExtremadura.org) accompagn dun rseau de technologies ducatives (RTE), llaborationdune mthode dapprentissage de la langue espagnole pour les frontaliers lusophones commecontribution ladministration en ligne, linitiation aux multiples usages du site institutionnelrgional

    Il sagit en tout cas de toujours provoquer synergies, partenariats et coopration entre le secteurpriv et public (E-Estrmadure), mais galement de grer des projets europens. Lobjectifglobal est de mettre en place une socit locale de la connaissance (publication lectronique enred), par exemple en mettant en perspective les dfis mmes dune conomie du savoir autravers danalyses prospectives et de la mise disposition par les autorits rgionales dunebibliothque de la socit de linformation.

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    La mthodologie du projet se base sur un certain nombre daxes. Il sagit de permettre chacunde sapproprier le futur de son territoire, de faire siennes toutes les rflexions et analysesproposes ce propos: il sagit l dune sorte de contrat social propos par la Rgion. Il sagitgalement damener tous les habitants saccorder sur des objectifs conomiques communs :chaque projet doit reflter la contribution des habitants. Des dbats sont lancs pour ce qui est

    de la mthodologie et des technologies mettre en uvre pour atteindre les objectifs fixsTous les habitants peuvent contribuer la dmarche au travers de centres de la connaissanceitinrants, publications en ligne, diffusion de visioconfrences, organisation dexpositionsvirtuelles, radios en ligne, albums photographiques, journaux en ligne, wikipdia territoriaux,suivi de ftes dintrt touristique, valorisation de chansons populaires, ceci sans oublier lesimmigrants en Estrmadure, les migrants dEstrmadure, les outils destins au dveloppemententreprenarial, les associations de voisins en ligne et des projets divers 10. La dmarche consiste motiver, donner des comptences et aider organiser et mieux connatre telle ou tellecomposante du contexte territorial et ses contraintes.

    Crer de vritables laboratoires vivants lchelle des villes et des rgions, accueillir des

    chercheurs et attirer la recherche et linnovation sous toutes ses formes sur des territoires qui semettent en situation de les accueillir mieux que dautres au sein de ples territoriaux ddis,former les habitants et les accompagner dans leurs initiatives en termes dconomie de laconnaissance dans des lieux ddis la mutualisation et au partage des savoirs, ce sont l troisexemples de dispositifs territoriaux dont la dmultiplication caractrisera le quart de sicle venir.

    10 REDMIL, AGRORED, GASTRONOMIA de Extremadura

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    LA VILLE INTELLIGENTE

    A - LE PARADIGME DE SALERNO

    IBM a lanc de nombreuses analyses sur les villes intelligentes et les territoires de demain. Nosanalyses seront prochainement reprises sous forme dditorial sur le site ddi IBM cesquestions.

    La ville numrique de demain peut tre illustre par le paradigme de Salerne. Salerne et IBMdveloppent en effet une dmarche de cit intelligente axe sur ses habitants. En termesdinfrastructures, les partenaires utilisent les btiments et le mobilier urbain dj en place :rendre la ville intelligente ne passe en effet pas forcment par de nouvelles infrastructures.

    La cit italienne de Salerno et IBM ont plus prcisment lanc quatre projets qui numrisent lesoutils urbains existants.

    Le but est de rendre la ville plus adapte aux besoins des citoyens. Par exemple, afin demoderniser et de dvelopper le tourisme, ils ont install des tiquettes RFID travers laville afin de mieux exploiter le potentiel culturel de la cit. Cela cre un chemintouristique capable de fournir des informations complmentaire sur les monuments enpush directement sur les mobiles des passants.Salerno va galement mettre en place un outil de gestion du trafic en utilisant les feux designalisation et les camras de surveillance. Ce, afin de mettre en place un centrald'information sur la circulation, les places de parking disponibles en centre ville et leprix de ces stationnements.Un autre projet va rendre la ville accessible aux personnes malvoyantes, en crant uneroute qui mnera les aveugles d'un parking prcis au thtre. Pour cela, des capteurs

    sont installs le long du chemin dans les bordes. Leur canne intgre galement descapteurs qui repre l'environnement et transfre ces donnes au mobile.Enfin, pour amliorer le quotidien des personnes ges, un outil de monitoring distance de la sant sera mise en place. Il se compose d'un appareil lectronique baptisje me sens bien. Il contrle la pression sanguine, rappelle aux anciens de prendre leursmdicaments et met en ligne des rapports accessible au mdecin et la famille sur l'tatde sant de la personne.

    B - LA MUTUALISATION DES DONNES ET DES RSEAUX

    La ville intelligente, cest dabord celle de la mutualisation des donnes et des rseaux. L'tudeA vision of smarter cities d'IBM publie par le Global Centre for Economic Development(dirig par Susanne Dirks) de l'IBM Institute for Business Value de Dublin souligne que la ville dedemain devra tre capable de traiter et de mutualiser des donnes sur ses diffrents rseaux -transport, eau, nergie...- : cette dmarche est ncessaire si elle veut optimiser sonfonctionnement gnral. Tous les rseaux seront lis dans la ville dite du futur. Lesinfrastructures de tlcommunication dtermineront la bonne marche des affaires, qui leurtour auront des consquences sur les flux de transport, et donc des nergies.

    La consommation nergtique fixera en partie la qualit de l'eau, lment vital pour leshabitants qui, de leur ct, dtermineront l'adoption des outils de communication. Agir sur unseul de ces rseaux aura donc des consquences sur l'intgralit du systme, d'o l'importancede ne pas se contenter de capter des donnes, mais de faire en permanence un suivi de l'tat des

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    rseaux et galement de doter ces derniers d'outils de mesure prcis et interconnects quipermettront d'analyser et mutualiser les donnes.

    Pour IBM, les enjeux ne concernent pas que l'optimisation des ressources ; mieux ces systmesfonctionnent, plus il y a de chances pour que la ville cre une prosprit durable. Ces diffrents

    outils creront galement de nouvelles perspectives pour les entreprises : par exemple, le besoinde rendre les systmes d'une ville plus cologiques est une opportunit pour deux typesd'entreprises: celles qui travaillent sur l'utilisation plus efficace des ressources rares et celles quiproposent des solutions moins polluantes. Ce dveloppement des villes intelligentes stimuleraaussi l'innovation et la comptitivit et sera donc source de cration d'emplois.

    IBM indique qu'un investissement de 7 milliards d'euros dans l'nergie verte, la sant et le hautdbit devrait crer prs d'un million d'emplois aux Etats-Unis. Pour russir saisir cesopportunits de rendre la ville intelligente, il convient de ne pas attendre le consensus politiqueou que des solutions sans risque, faciles, avres, soient valides. La collecte des informationss'effectuera par exemple via des capteurs, qui relvent des donnes sur la qualit ou l'efficacitdu systme d'eau, ou encore sur les problmatiques de congestion du trafic.

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    LA VILLE UBIQUITAIRE

    Le territoire est devenu communiquant du fait de limmixtion des technologies de linformationet de la communication, et notamment des mdias localiss qui permettent la golocalisation delinformation, cest--dire le rattachement dune information un lieu spcifique. Lespace public

    nest donc plus lapanage de la communication politique : acteurs privs y interviennent de plusen plus. Limmixtion de la sphre prive dans la sphre publique et la confusion grandissanteentre ces deux espaces semblent conduire lmergence potentielle dun tiers espace. BernardMige dcrit ainsi le fait que peu despaces de dialogue peuvent rellement prtendre un statutdespace public, mais lespace de mdiation socital est un espace qui permet bien des acteurstotalement diffrents dintervenir et dtre acteurs dun territoire: ceci sous-tend que les acteursprivs et les entreprises en particulier ont un rle jouer, une action dans cette sphre socitale.

    A - POUR CONSTRUIRE LA VILLE DE DEMAIN, L'UNIVERSIT D'OULU TRAVAILLE SURUN PROJET DIT DE VILLE UBIQUITAIRE.

    Le projet de ville ubiquitaire baptis Ubi, dans le cadre dun programme de recherchemultidisciplinaire coordonn par luniversit dOulu, vise dvelopper un environnementintelligent utilisant les technologies de linformation pour proposer des services rpondant auxbesoins quotidiens des habitants dune ville, ici Oulu une ville finlandaise particulirementinnovante depuis prs de deux dcennies.

    Les chercheurs annoncent le lancement dune nouvelle phase : le projet RealUbi. Cette tapeaura pour but destimer les besoins rels des populations et didentifier les services quipourraient tre utiles. La particularit du projet tant quil ambitionne douvrir et destandardiser son infrastructure, et notamment son interface de programmation dapplications.Ce qui permettra la communaut open source ou des PME de dvelopper et doffrir leurs

    propres services.

    Dans le cadre de RealUbi - sous la direction de Hannu Kukka, responsable technique du projet -,une universit dt sera organise en 2010. Il sagit dune architecture ouverte auxdveloppeurs et aux PME : des dveloppeurs et des tudiants du monde entier y participeront etils seront invits proposer des services utilisant linfrastructure dveloppe. Les meilleuresides seront ensuite dveloppes et testes sur une priode de temps plus longue lt 2011.Cest la premire fois quune recherche en informatique ubiquitaire est mene cette chelle eten plein centre ville. Cela nous permet datteindre un nombre important dutilisateurs et derassembler des donnes sur un ensemble trs htrogne, linfrastructure du projet a dj tmise en place durant la phase initiale du projet.

    La partie la plus visible concerne les points daccs Ubi, rpartis aux endroits cls de la ville. Ilsse prsentent comme des crans haute dfinition auxquels il est possible de se connecter pardiffrents moyens: lecteurs RFID, Bluetooth, WiFi... Ces points daccs sont la colonne vertbralede linfrastructure. Sont offerts des services dinformation et de loisirs et des services degolocalisation: il est possible de tlcharger des informations diverses depuis les points daccs,de participer des jeux ou encore de charger des images et des vidos sur lcran. Les dpensesde fonctionnement sont dj assures en offrant des services de street-marketing auxentreprises au niveau des points daccs.

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    B - LA VILLE UBIQUITAIRE : DE NOUVEAUX MODES DE GESTION DESDONNES ET DE NOUVELLES GOUVERNANCES

    U-Sondgo est une ville corenne rsolument nouvelle. Construite ex nihilo sur un polder, cestune ville dite ubiquitaire dans la mesure o le territoire comme les individus possdent des

    capteurs relis en permanence un ordinateur central, le U-media Center, qui gre cet ensemblede donnes et contrle lensemble des services de la ville.

    Pense pour accueillir 500 000 habitants, U-Songdo est actuellement en construction et sera enpartie construite ds 2014. Larchitecture informatique de la ville, devient aussi importante queson architecture politique.

    La frontire public-priv disparat au profit de la sant, de la scurit et du bien-tre desindividus: se pose alors de manire cruciale la question de la gouvernance dun tel territoire.

    Les travaux et analyses mens en parallle ont dautant plus dintrt pour lensemble descollectivits territoriales.

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    UNE VILLE DCRANS

    A - LES ANALYSES DU MEDIA LAB DU MIT

    Susanne Seitinger (MIT Media Lab) analyse notamment larrive massive des crans dans lemonde urbain, une arrive largement suivie par le Rseau Villes Numriques et toutes lestypologies dimpacts que nous avons pu au fur et mesure analyser sur le terrain.

    La massification des affichages numriques dans la ville contribue en effet lvidence transformer l'espace urbain et impactent mme l'identit des lieux: il est alors essentiel desavoir qui cre le contenu dans un tel environnement numrique ambiant, mais aussi des'interroger sur les potentiels d'interaction et les conditions mmes de cration dun espaceurbain interactif.

    L'atelier Smart Cities du MIT Media Lab a initi plusieurs projets pour inciter les usagers de laville interagir avec leur environnement, via divers prototypes numriques, et ceci en misantnotamment sur le design pour explorer les enjeux de ces exprimentations.

    Les objets de la cit, les faades deviennent crans urbains, avec lesquels - linstar de GOOGLESdont le rle ici sera dterminant ds aujourdhui pour crer avec nos smartphones de nouveauxhorizons dusages.

    Le systme technologique du 5e cran permet le jeu de tous ces crans dans l'espace public.C'est surtout une autre faon de lire la ville au moment o le numrique redistribue les changeset donc les rles entre tous ceux qui entendent tre acteurs du renouveau de nos villes et de nosterritoires.

    B - QUAND TWITT ER FAIT OFFICE DE PANNEAU PUBLICITAIRE URBAIN, ILSE SITUE AINSI AU CARREFOUR DE L'AFFICHAGE EXTRIEUR ET DU RSEAU

    SOCIAL

    1 - LAFFICHAGE URBAIN DES TWEETS

    Twittywall vise installer dans l'espace urbain des panneaux d'affichage runissant les tweetsdes utilisateurs du site de micro-blogging alentour.

    2 - LAFFICHAGE DE TWITTER COMME SUPPORT PUBLICITAIRE

    Le cabinet d'audit amricain Freed Maxick utilise le site de micro-blogging pour faire de lapublicit dans les rues de Buffalo: son compte Twitter doit ainsi promouvoir ses services dansles rues. Pour ceci, il a install un panneau d'affichage permettant de visualiser en temps rel lestweets publis par l'entreprise. Ces derniers incluant les liens vers des tudes, des articles et dessondages raliss par le cabinet, ainsi que les informations d'actualit concernant les impts etles changements lgislatifs.

    Selon les responsables du projet, lobjectif est de toucher les clients aux heures de pointe,notamment lorsqu'ils prennent leur voiture pour aller au bureau. Ils veulent donner auxpersonnes un aperu rapide de ce que nous faisons et de la manire dont nous travaillons. Les

    gens ne s'attendent pas voir un cabinet d'audit public faire de la publicit extrieure, moinsencore sur les mdias sociaux.

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    Ce moyen de faire passer les messages publicitaires est cens permettre d'attirer de nouveauxclients, daugmenter la frquentation du site web ainsi que de promouvoir l'image de la marqueauprs des professionnels. Le panneau d'affichage permettra aux entreprises de la rgion de voiren temps rel les actualits qui peuvent avoir un impact sur leur organisation ou leur industrie.Si l'initiative est couronne de succs, Freed Maxick prvoit de l'tendre d'autres villes de ltat

    de New-York.

    3 - LES CRANS PROJETTENT AINSI LES NOUVELLES PRATIQUES AU CUR DELESPACE URBAIN, REMODELANT LARGEMENT LESPACE PUBLIC.

    Ils apparaissent ainsi comme des crans symboles, rvlant dabord un microblogging au curde multiples activits urbaines. La comptition entre quipes commerciales s'exporte parexemple sur Twitter. Echosign propose une application utilisant la plate-forme de microbloggingpour les quipes commerciales pour faire connatre les succs de l'quipe et recrer une sainecomptition propre au secteur. Echosign propose une application pour Twitter permettant auxcollaborateurs ou aux quipes commerciales de signaler la russite dune vente immdiatement

    aprs la signature. Les quipes pourront ainsi signaler la signature de contrats importants etmettre en avant leur rapidit. Chaque mois, les Top Closer (ceux qui auront ralis les contratsles plus importants) et les Quickest Closer (ceux qui auront t les plus rapides raliser unetransaction) seront rcompenss (Jason Lemkin, PDG de Echosign).

    C - UNE PROSPECTIVE DE LCRAN: LES INTERFACES ORGANIQUES DEDEMAIN.

    La confrence Computer Human Interaction a rcemment voqu Boston les interfacesorganiques, cest--dire les interfaces capables de modifier et dadapter leurs formes, des

    interfaces flexibles, gonflables ou lumineuses, cest--dire physiquement modifiables parlinformation elle-mme. Avec ces interfaces, laffichage sadapte la forme du support et lesupport lui-mme devient laffichage: le support est volutif et peut-tre dform selon lesinteractions quil reoit, lui permettant de se reconfigurer si ncessaire pour reflter la nature delinformation afficher. Le support matriel de lobjet est en lui-mme un parcours denavigation, lobjet devient linterface (Benot Drouillat).

    Les interfaces utilisateurs organiques (Organic User Interfaces, OUI) explorent lavenir de laconception, expliquait le numro de juin 2008 de Communication of the ACM, ddi cesnouvelles interfaces: les matriaux contrls par les capacits de calculs pourront de la sortedevenir courants. Ces interfaces reposent notamment sur la conviction que la forme physiquedes dispositifs daffichage va devenir non-plat.

    Des matriaux transitionnels aux interfaces utilisateurs organiques, la programmation de laralit induit que les dispositifs daffichages et nos environnements vont prendre des formesflexibles, dynamiques, modifiables par les utilisateurs ou par eux-mmes, et surtout selonlinformation quils reoivent.

    Selon ceux qui aujourdhui rflchissent ces interfaces, elles induisent trois grandes formesdinnovation.

    1 - LA FORME DES SYSTMES DAFFICHAGE

    Les systmes daffichages peuvent prendre nimporte quelle forme. Que va-t-il se passer quandnimporte quel objet, quelque soit sa complexit, sa dynamique ou sa flexibilit pourra tre

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    envelopp avec des images et des fonctions interactives? Quelques projets explorent cespossibilits suggrant que la conception des lments de linterface pourra suivre la formephysique de laffichage lui-mme. Dans ce type dinnovations, la forme de laffichage est gale sa fonction. Les dispositifs daffichage peuvent changer de forme. A lavenir, la forme physiquedes dispositifs de calcul ne sera peut-tre plus forcment statique. Dun ct, ils seront en

    mesure de se plier, se tordre, dtre tirs ou rabattus, comme des origamis. Dun autre, nosdispositifs de calculs seront capables daltrer leur forme dynamiquement. La forme physiquedes dispositifs daffichage du futur dpendra du flux dinteraction avec lutilisateur.

    2 - LCRAN DEVIENT LE PRIPHRIQUE DENTRE

    Ces dispositifs qui peuvent prendre toutes sortes de formes, les interfaces o lon pointe etclique ntant plus suffisantes: les interfaces multitouch, les interfaces gestuelles et lesdformations de surfaces en 3D, qui seront ralises la surface mme de ces dispositifs, serontncessairement plus adaptes.

    3 - DES INTERFACES POUR LES MATRIAUX QUI CHANGENT DE FORME

    Hiroshi Ishii, directeur du Tangible Media Group au Media Lab du MIT et directeur du groupeThing that think(les choses qui pensent), est aujourdhui lun des grands spcialistes desinterfaces tangibles, soulignant que nous sommes passs des interfaces utilisateurs graphiques(Graphical User Interfaces, GUI, dsignant les interfaces de nos crans comme le curseur, lafentre, licne) aux interfaces utilisateurs tactiles (Tactile User Interfaces, TUI). Il travaille surle projet Radical Atoms qui vise crer des interfaces pour les matriaux qui changent deforme, qui cherchent jouer avec des pixels physiques de la manire la plus fluide qui soit.

    Jun Rekimoto du Sony interaction Lab des Laboratoires dinformatique de Sony est un autre

    spcialiste des interfaces tangibles, il a dcrit lvolution de ces interfaces, de la pierre lapeau. Selon lui, lessentiel sur le territoire de demain est constitu par les surfaces qui offrentun niveau sophistiqu de rponse et de retour dinformation. Ces interfaces du futur ne seraientpas seulement un clavier qui ne connait que la pression des doigts, mais seraient un clavier quicomprendrait aussi par exemple le niveau de pression des doigts ou le rythme de leur utilisationpour adapter linformation ce ressenti. Pour Jun Rekimoto, chaque objet peut sentirexactement la faon dont il est tenu et utilis. Toutes les entres dynamiques peuvent treutilises pour crer des comportements. Les objets nont plus des utilisations, mais descomportements.

    Lartiste Sachiko Kodama utilise ainsi les ferrofluides pour crer ainsi de vritables

    chorgraphies de sculptures dynamiques: les ferrofluides sont des suspensions de particulesferromagntiques dune dizaine de nanomtres qui trempent dans un liquide et qui ragissentaux champs magntiques. Dans une vido intitule MorphoTowers, des masses de matiresgrises ondulent, poussent et se reconfigurent la manire dun paysage anim, montrant lunedes formes que pourraient prendre les interfaces organiques de demain.

    Pour Pattie Maes, aujourdhui la tte du Groupe des interfaces fluides du Media Lab et auteurdu projet Sixime Sens, il est essentiel de crer des objets technologiques capables de porterdes rponses motionnelles, des objets vocateurs (selon le terme de la psychologue SherryTurkle). Son laboratoire travaille construire des relations motionnelles avec les objets.

    Les tudiants du Groupe des interfaces fluides travaillent galement des fourrures

    dynamiques, des affiches en papier ou en tissu capables de se rtracter en partie comme desvolets pour afficher de linformation, des structures en mousse tisses de circuits leur

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    permettant de se dformer physiquement distance selon nos sollicitations, ainsi quaugmenter dlectronique les qualits physiques et tactiles du papier.

    Seth Goldstein de lcole dinformatique de luniversit Carnegie Melon travaille sur laClaytronique, la matire programmable, cest--dire des lments de la taille dun grain de

    sable, munis de capteurs, de capacits de calculs et daimants, capables de sassembler pour seconstituer en nimporte quel objet, comme une pte modeler (clay) lectronique.

    Cette informatique organique nous sera accessible, selon Seth Goldstein, vers 2015. Enattendant, les interfaces tangibles deviennent toujours un peu plus communes, comme le montrele projet Trackmate Tracker mis au point par le Tangible Media Group. Le Trackmate Makerest quant lui une initiative open source pour crer une interface tangible soi-mme faiblecot: il permet de crer sa propre lectronique tangible, permettant nimporte quel ordinateurde reconnatre des objets marqus, leur position, leur rotation et leur couleur.

    Dans un article sur la conception des interactions pour OUI, Amanda Parkes, Ivan Poupyrev etHiroshi Ishii, trois des spcialistes de ces systmes, dressent une conclusion riche en

    perspectives sur lavenir de la transformabilit des matriaux.

    Aujourdhui les objets numriques et les systmes se superposent avec des fonctionnalits quiprsentent un nouveau dfi pour les concepteurs - comment les formes peuvent-elles sabonner de multiples fonctionnalits tout en conservant une simplicit dans linteraction aveclutilisateur qui dcrirait clairement ses fonctionnalits? Dans la plupart des produits que lonconnait, la multifonctionnalit est la plupart du temps maintenue au dtriment de lergonomieou de la facilit dutilisation. La programmation cintique - c'est--dire qui a le mouvement pourprincipe dans la conception dinteraction - doit apporter une mthode permettant de rsoudrece problme, dans la forme mme de sa transformabilit physique. Une surface cintique ou dela peau, ou une structure intrieure transformable peuvent tre lies des donnes

    informatiques issues de lutilisation mme de lobjet (selon la gestuelle ou sa position danslespace) ou de son environnement et des modifications de la forme physique de lobjet, ce quirend les objets physiquement adaptables leur fonction ou leur contexte dutilisation.Dsormais, la forme ne dcoule plus de la fonction : la forme devient la fonction.

    Alors que ltat actuel des objets capables de changer de forme semble les relguer la science-fiction des Transformers, les progrs dans les matriaux mmoire de forme et dans lananotechnologie sont en train de donner vie ces expriences. Nos relations avec le mouvementdoivent ainsi tre rexamines et rvalues : la nouvelle classe dinterfaces organiquescintiques qui merge est une nouvelle tape vers ce changement. Le dveloppement rapide denouvelles technologies comme les moteurs pizo-lectriques ou les polymres lectro-actifs sont

    susceptibles de crer des interfaces efficaces et peu coteuses qui pourront tre utilises dansdes applications de communication ou dinformation. Le dveloppement de telles applicationsncessite de repousser les frontires de linteraction homme-machine traditionnelle et decombiner des domaines dexpertises allant de la robotique au toucher, de la conception larchitecture.

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    LA VILLE AUGMENTE ET SES OBJETS ET QUIPEMENTSMTAMORPHOSS.

    Les territoires de demain seront ceux o linteractivit des ordinateurs stendra celui desobjets. Sont en effet apparus au cours de ces dernires annes des objets qui assument leurcaractre dinterfaces.

    A - LES OBJETS ET MOBILIERS DTENTEURS DE DONNES

    Le chercheur Frdric Kaplan dans La mtamorphose des objets largit les horizons du CloudComputing. Ce qui compte en effet, ce ne sont pas tant les objets que les donnes auxquelles ilspermettent daccder, avec des milliers dinterfaces diffrentes adaptes des objets diffrentspour une seule machine. Lauteur voque ainsi dans son livre le QBE1 quil a conu la suite

    de Wizkid: QBE1 est un objet sculptural dot dune carapace en tissu pour faciliter sesmouvements et qui sanime grce deux microphones dont il se sert pour se positionner parrapport au bruit; il est dot de petites camras pour percevoir lutilisateur dans lespace et estcapable de suivre les visages, de les reconnaitre et donc de comprendre le contexte. Lauteurexplique comment il a dvelopp une interaction gestuelle distance permettant dinteragirsans objets avec la machine. La machine, dont le but premier est de donner accs de lamusique, est capable de savoir qui est l - elle reconnait les personnes - et de comparer les gotsdes utilisateurs pour faire une programmation ou des propositions en fonction des contextes.Avec cette machine, le temps quon passe avec elle fait augmenter sa valeur et lhistoire de sesinterlocuteurs nourrit lobjet.

    Lauteur voque aussi sa DockLamp intgrant projecteurs et camras capables de crer unelumire interactive qui permet de rendre potentiellement toute surface interactive: les objets-interfaces cessent dtre des produits pour devenir des services et les donnes biographiquesquils rvlent peuvent intresser de nombreux acteurs conomiques : un objet va ainsi trerecherch dans la ville de demain comme dtenteur de telles donnes.

    Un nouvel art de la mmoire est ainsi en gestation limage de celui de la Renaissance pourgrer lensemble de nos donnes. Les nouveaux paradigmes de lconomie du lien que nousdveloppons aujourdhui se crent ainsi la rencontre du numrique et du physique.

    On peut ici voquer:

    les pices mariant artisanat traditionnel indien et dispositifs de navigation lectroniqueexposs au muse Gandhi sous lgide de la Sacred World Foundationles travaux de Matt Cottam de TellArt comme ces arbres arross dencre conductricepour que leurs stries deviennent supports de mmoire (Computational Wood)les objets de bois quon peut assembler et qui changent des informations ou dessentiments via de llectronique (Patina Pairs)les objets domestiques carnivores imagins par James Auger,Pachube et les flux de capteurs partags de Usman Haqueles clbres lapins fluorescents et autres interventions dans le domaine du bio artimagins par Edouardo Kac.

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    De nouveaux systmes de production dobjets, grce au mariage des outils de productions aveclcosystme ouvert du web, donnent naissance un cosystme de services et despaces decollaboration (Thingiverse, Make Magazine, Ponoko, 3DVia).

    B - DE NOUVEAUX COSYSTMES DE PERCEPTION ET DE MESURE

    Le designer Julian Bleecker (Laboratoire du Futur proche), au-del du rapport de l'IUT, souligneainsi quau fur et mesure qu'un plus grand nombre d'objets intelligents, mobiles, sensibles seconnectent, la prsence de ces blogjets commencent changer la manire dont nouspercevons et comprenons le monde, notre perception de ce qu'il se passe dans le monde ettoutes les expriences que nous y vivons (on reviendra sur les concepts dobjets bavards ouencore d'ombre informationnelle des objets de Mike Kuniavsky).

    La multiplication des connecteurs, qui prennent des signaux venus des capteurs tels qu'ilssont et les envoient vers le rseau, assure ainsi le lien entre le monde analogique et lesprotocoles des rseaux. Dautre part, les codes barre 2D et leur captation par les tlphones

    mobiles sont une autre manire de penser le lien entre le monde physique et le mondenumrique. On peut de la sorte transformer une voiture en une plate-forme de capteurs,d'autant qu'elles sont dsormais contrles de manire numrique au travers d'un bus (projetMPGuino). En se connectant au bus, on peut recueillir quantit d'information sur lefonctionnement de l'automobile, sa consommation d'nergie, la manire dont on la conduit Ona pu suivre ainsi le programme d'assurance TripSense qui permet dobserver avec prcisionles modes de conduite, services comme Flight Aware ou Flight Stats dans le monde arien.On a pu aussi quiper les animaux sauvages de puces de localisation, voire de camras, pourqu'ils nous indiquent ce qu'ils voient - et ce faisant on comprend d'autres choses sur leurcomportement. Les pigeons blogueurs de Beatriz da Costa sont quips de capteursenvironnementaux qui transmettent des mesures sur la qualit de l'air.

    Pour ce qui est de la mesure environnementale, le projet new-yorkais AIR est ainsi consacr des appareils simplifis de mesure environnementale. TripWire de Tad Hirsch est une noix decoco remplie de capteurs de bruit, installe dans les arbres d'une zone de Los Angeles proched'un aroport: dans les arbres, elle mesurait le bruit des avions et les associait aux plans de vol,pour identifier quelles compagnies dpassaient les normes admises. Un tel environnementpermet ainsi des points de vue diffrents : la camra aveugle de Sascha Pohflepp n'a pasd'objectif, quand on appuie sur son bouton elle enregistre en fait une photo transmise sur FlickRau mme moment, donc la photo prise par un autre. Prendre des points de vue diffrents, c'estlobjet des derniers projets de Julian Bleeck consistant capturer, pour une vido, diffrentspoints de vue d'une mme ralit. Le nominalisme est de retour six sicles aprs. On peut

    envisager ces mmes dispositifs pour adopter un regard d'ingnieur et rendre les socits plusefficaces en rendant accessibles des caractristiques caches de notre environnement et enpercevant des phnomnes que nous ne percevons pas, en faisant circuler des informationsimportantes. Do limportance de cette mancipation des objets et de llaboration denouveaux systmes dobjets en rseaux.

    C - LES OBJETS BAVARDS, INCARNATIONS DU WEB 3.0

    Le web des donnes - le web 3.0 - nest quune autre manire de regarder tout ce que produit leweb dynamique : dans ce web de donnes, on trouve la fois videmment des donnesstatistiques, des indications gographiques, des mtadonnes permettant de qualifier les

    documents, des donnes personnelles. Linternet des objets pourra de la sorte intgrer une

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    nouvelle masse de donnes, rendue accessible et alimente grce aux objets bavards quicomposent de plus en plus nos environnements, comme nos tlphones mobiles.

    Ces objets bavards permettent de partager nos donnes de golocalisation comme le met notredisposition le service aka-aki, nos parcours de courses pieds, comme le propose les systmes

    de Nokia ou de Nike, voire mme de partager une mmoire sonore collective de nosenvironnements comme le propose le projet Save Our Sounds. Mais nos tlphones ne sontpas les seuls objets bavards qui envahissent nos environnements : il faut y ajouter par exemplele Wattson, qui permet de mesurer et partager les consommations lectriques domestiques etinteragir avec dautres utilisateurs, ou encore les capteurs plants dans les bacs fleurs pourvrifier ltat des sols et de nos plantes

    A lheure du numrique, il faut y intgrer les donnes et les traitements, cest--dire la maniredont on va pouvoir traiter ces donnes, les adresser pour en faire des objets, comme le montre leprojet Urban Mobs, mais surtout les exprimentations dveloppes Rome en la matire. Lesno-objets dsignent des objets dont la valeur est dporte sur le service quils offrent - leNabaztag, le Wattson - quil faut distinguer des objets communicants ou des interfaces.

    Les objets annoter constituent une entre importante du spectre des objets connects dedemain, des produits qui deviennent des interfaces et des interfaces deviennent aussi des objets.La ville numrique est sur le point de se munir de son mobilier largement interfac.

    Ces no-objets crent de nouvelles chanes de valeurs : ce sont les pratiques, les services et lesprogrammes qui sont cristalliss par les objets dans une nouvelle chane de valeurs. Il en estainsi de WaNoMirror, un miroir connect Twitter, de WaazAl, une tagre communicanteou de Wablog, un objet de communication qui consiste faciliter lchange de petites imagesminimalistes

    Il en est de mme des objets communicants sans crans (Swinxsun, un jeu multiactivit quiutilise les RFID pour crer de linteraction), des objets faire vivre (comme Otoism, untamagotchi qui se connecte sa musique pour grandir et se dvelopper), des objets qui sontporteurs de diffrences de perception (comme Trippy and Shake pour iPhone qui utilise unmicro pour couter les environnements et adapter la musique mesure), des objetspersonnalisables (comme la radio Olinda, une radio personnalisable matriellement etlogiciellement) ou qui assistent lusager ( la manire de Foursquare).

    La ville de demain rside donc aussi dans cet ensemble de nouveaux environnements et denouveaux services et surtout une forte intgration informationnelle au cur des perceptions etdes analyses des habitants.

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    LES TERRITOIRES DE LINNOVATION

    A - LES VILLES EUROPENNES EN BONNE POSITION POUR L'INNOVATION

    2thinknow a class les grandes villes du monde selon leur capacit innover. L'Europe faitpartie des bons lves, notamment grce un rseau de start-up dynamiques et un bon niveaud'infrastructures. Prs des trois quarts des vingt cinq villes les plus innovantes sont en Europe,annonce 2thinknow dans un rapport qui vise dterminer les conditions qui rendent une citconomiquement attractive et novatrice. La slection a t effectue en fonction de critrescomme la qualit des infrastructures, le nombre des start-up, les rseaux de formation, lestechnologies utilises ou encore la mobilit. Les villes europennes qui se distinguent sontVienne, Amsterdam et Paris. A part la capitale, la France dtient deux autres agglomrationsparaissant dans le classement - Lyon et Strasbourg -. Selon les responsables de l'tude, c'estgrce aux investissements franais directs l'tranger, les succs culturels de Paris et le secteurdes start-up de Lyon que le pays se distingue.

    Les Etats-Unis sont loin de faire triste figure : le tout premier dans le classement est Boston. Laville a t slectionne pour la qualit de son ducation et de sa recherche, le nombre d'emploispar mtre carr, ainsi que son approche proactive envers le dveloppement des communauts etdes rseaux.

    C'est galement une des destinations commerciales les plus accessibles, avec un marchmajoritairement libre mais, selon 2thinknow, si les autres villes amricaines se trouventderrire l'Europe, c'est cause d'un taux de chmage trop lev, de mme dailleurs que lesvilles asiatiques (problmes sociaux en Chine).

    Le rapport souligne l'importance de l'innovation pour la rduction du chmage dans les villes. La

    mobilit numrique et la possibilit de travailler via des grilles informatiques creront denouveaux emplois et retiendront les citoyens prfrant travailler dans une autre rgion. Lesinfrastructures permettent la cration de ples d'emplois plus larges pour les zones peuproductives. Enfin, la facilitation de l'implantation de start-up encouragera de nouvellesinitiatives, surtout dans les rgions touches par le chmage. D'autres conseils incluent lapropagation de l'Internet en large bande et le maintien d'un haut niveau d'ducation en dehorsdes grandes coles et des institutions privilgies.

    B - LINNOVATION DANS LA CONSOMMATION

    1 - LAGENCE TRENDWATCHING PUBLIE UNE TUDE SUR LES ORIENTATIONS DESCONSOMMATEURS.

    Ceux-ci y apparaissent plus sophistiqus, plus exigeants mais aussi plus ouverts aux nouvellesexpriences et surtout hyper connects. Consquence logique, lre de lInternet les marquessont sans cesse values, en temps rel et de manire transparente. Une plus grande implicationdes consommateurs dans lensemble du processus de cration soit la co-cration - est ainsiprconise. Une consquence de cette hyper connexion est que les consommateurs modernessortent plus souvent de chez eux pour se rencontrer.

    Les rencontres en ligne ou sur mobile, notamment via les mdias sociaux, se concrtisent ainsi

    dans la vie relle Les services qui permettront leurs utilisateurs de rester en contact et de serencontrer rellement ont donc un avenir assur. La ralit augmente est un excellent exemple

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