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FRANÇAIS LA VILLE DE TONO ET SES ENVIRONS - Livret touristique et culturel - Des cartes de la région sont à votre disposition à l’Office du tourisme pour compléter ces informations Édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Ville de Tōno - Janvier 2011 -

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Page 1: LA VILLE DE TONO ET SES ENVIRONSLe centre de Tōno La commune de Tōno est étendue mais compte moins de 30 000 habitants. Si l’histoire de la ville remonte aux environs de l’an

FRANÇAIS

LA VILLE DE TONO ET SESENVIRONS

- Livret touristique et culturel -

Des cartes de la région sont à votre disposition à l’Office du tourisme

pour compléter ces informations

Édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Ville de Tōno

- Janvier 2011 -

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Visiter Tōno et sa région : une rencontre avec les traditions populaires japonaises

Avec le shinkansen, se rendre à Tōno dans le département d’Iwate depuis la capitale japonaise ne nécessite plus de nos jours que trois heures et demi de trajet. Mais ce voyage vous transporte cent ans en arrière, au cœur des paysages d’antan et des traditions rurales du Japon.

2010 fut une année exceptionnelle à cet égard pour les visiteurs qui firent le voyage à Tōno, puisqu’une série d’événements y commémorèrent le centenaire de la parution de Tōno monogatari (Légendes de Tōno), un recueil de contes et de légendes de la région publié en 1910 par Yanagita Kunio (1875-1962), considéré aujourd’hui comme le père de l’ethnologie japonaise.

Tiré à seulement 350 exemplaires lors de sa première parution, cet ouvrage consacré au folklore de Tōno et inspiré des contes de Grimm est devenu un classique de la littérature japonaise. En français, une traduction partielle en a été proposé en 1982 par Ryōji Nakamura et René de Ceccatty dans leur anthologie Mille ans de littérature japonaise - Anthologie du VIIIe au XVIIIe

siècle (rééditée en poche chez Picquier en 2005). Il existe une traduction anglaise complète et commentée, intitulée The Legends of Tono, réalisée en 1975 par Ronald A. Morse, et rééditée en 2010 (chez Lexington Books) à l’occasion du centenaire de l’œuvre. Cette nouvelle édition anglaise comporte plusieurs préfaces et de nombreuses annexes utiles. La lecture des Légendes de Tōno avant votre départ vous fournira de précieuses clés pour vous familiariser avec le contexte historique et le cadre culturel des traditions populaires de la région.

Les commémorations du centenaire se prolongeront jusqu’en 2012, année où Tōno sera associée à d’autres villes dans tout le pays pour rendre hommage à l’œuvre ethnologique de Yanagita. 2012 sera en effet le cinquantième anniversaire de sa disparition. Incidemment, cette date coïncide avec le bicentenaire de la parution des Légendes de l’enfance et du foyer des frères Grimm en 1812.

De nos jours, Tōno est une destination touristique appréciée des Japonais, et commence à être connue à l’étranger. Au fil des ans, la municipalité s’est dotée d’un ensemble d’équipements culturels à la hauteur de sa renommée : une bibliothèque conséquente doublée d’un musée, un nouvel hôtel où les conteurs viennent réciter des contes et des légendes, un village historique reconstitué et un centre de recherche. La plupart de ces lieux et institutions sont mentionnés dans les pages suivantes.

La culture contemporaine n’a pas manqué de puiser dans le patrimoine des contes et légendes de Tōno. En 2007, le réalisateur de films d’animation Hara Ken.ichi avait choisi de situer à Tōno son film Journées d’été avec Coo le Kappa, tandis qu’une adaptation en bandes dessinées des Légendes de Tōno est parue récemment dans le magazine de manga Big Comic sous le pinceau de Mizuki Shigeru, réputé pour ses dessins de monstres (yōkai ). Les planches de Mizuki ont été réunies en 2010 en un album broché. Vous retrouverez nombre de monstres et d’êtres fantastiques sortis de l’imagination de Mizuki, représentés sur les panneaux de signalisation placés ça et là dans l’agglomération de Tōno.

N’oubliez pas de consulter les sites Internet de la municipalité de Tōno, très riches en informations :

Club Tōno : http://homepage.mac.com/nanshoji/e.html

Association pour le tourisme de Tōno : www.Tonojikan.jp/Several_languages/english/english.html

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Les Légendes de Tōno & les Kinder- und Hausmärchen

Au début des années 1800, les deux frères Wilhelm et Jacob GRIMM se mirent à collecter des contes de fées germaniques qu’ils publièrent le 20 décembre 1812 sous le titre de Kinder-und Hausmärchen (Contes de l’enfance et du foyer ). Leur premier volume contenait 86 histoires.

De même, Yanagita Kunio prit connaissance des récits et des légendes de Tōno auprès des habitants de la région, notamment auprès de Sasaki Kizen, originaire de Tōno. Son travail de compilation aboutit à la parution en 1910 de Tōno monogatari (Légendes de Tōno ), qui s’appuyait sur l’exemple des contes de Grimm.

Comme de nombreux écrivains de l’ère Meiji (1868-1926), Yanagita Kunio était un lecteur passionné de littérature allemande et en particulier des ouvrages des frères Grimm. D’après les écrits de Yanagita, il est clair qu’il partageait les vues des Grimm, pour qui les formes les plus naturelles et les plus pures de la culture - celles qui soudent la communauté - étaient d’ordre linguistique et pouvaient se retrouver dans les contes et les légendes. Chez Yanagita comme chez les frères Grimm, contes (Märchen ), légendes (Sagen) et histoire (Geschichte) forment un répertoire inépuisable qui nous rapproche de l’esprit (Geist ) revivifiant des temps anciens.

Par conséquent, il existe de nombreuses similitudes entre ces deux collections de contes allemands et japonais. Yanagita, comme les frères Grimm, jugea les récits oraux à l’aune des canons littéraires de l’époque, et se sentit obligé de « retravailler » ces matériaux bruts et rustiques transmis par les paysans. Les ethnologues d’aujourd’hui désavoueraient ces méthodes. Les deux ouvrages sont ainsi rédigés dans un style littéraire standard, dépourvu de tout dialecte. Ils comportent chacun une introduction expliquant les raisons littéraires et la philosophie de leur travail. Enfin, en raison du contenu jugé violent, la lecture de ces deux recueils était déconseillée aux enfants en leur temps.

Tōno monogatari et Kinder-und Hausmärchen sont pourtant célébrés aujourd’hui dans leurs pays respectifs, et la ville de Tōno a restauré ses vieilles fermes, remis à l’honneur les conteurs et ouvert des chemins de randonnée pour partir à la découverte des légendes de Tōno.

En Allemagne également, il existe une Route allemande des contes de fées (die Deutsche Märchenstraße) qui relie Francfort-sur-le-Main et Brème sur plus de 560 km. Cette route part de Hanau, localité proche de Francfort, qui vit naître les frères Grimm et où ils grandirent jusqu’à l’âge de 5 et 6 ans. C’est là que se tient chaque été le Festival des contes de fées des frères Grimm.

Sur la Route allemande des contes de fées, la ville de Cassel occupe une position particulière. On y trouve en effet une Place des frères Grimm et un Musée des frères Grimm (Brüder Grimm Museum) dans lequel sont exposés les volumes originaux de leur première collection, avec des annotations autographes identifiant la source de chaque histoire. Le musée municipal de Tōno a lui aussi aménagé un espace d’exposition similaire pour des documents originaux relatifs aux Légendes de Tōno.

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Le centre de Tōno

La commune de Tōno est étendue mais compte moins de 30 000 habitants. Si l’histoire de la ville remonte aux environs de l’an 1200, le château féodal de Yokota date tout au plus du début du XVIe siècle. La région de Tōno (dénommé alors fief de Nanbu) passa sous la tutelle des shôguns Tokugawa en 1627, époque où le château médiéval de Nabekura fut construit sur la colline située derrière l’actuel Hôtel Aeria. Comme d’autres cités développées au pied de leur château féodal, la ville était divisée en guildes avec des quartiers distincts pour les marchés, les spectacles, ou encore les sanctuaires et les temples.

En sortant de la gare, vous tomberez sur des statues de kappa (esprits des rivières) dans un étang. Le poste de police sur la droite a lui aussi des airs de kappa. L’Office du tourisme est juste à côté. Vous pourrez vous y procurer des plans de la ville. À chaque coin de rue, des panneaux en anglais vous permettront de vous orienter durant votre promenade.

Comme il est indiqué sur les plans disponibles à l’Office du tourisme, un certain nombre de lieux touristiques se découvrent simplement en marchant dans la ville. La gare de Tōno est un bon point de repère pour s’orienter. Il est possible de louer des vélos à proximité de la gare. À deux pas également de celle-ci, vous trouverez le centre commercial Topia, utile si vous avez besoin de faire des achats alimentaires ou pour vous connecter à Internet dans un cybercafé.

À côté de l’Office du tourisme se trouve l’un des trois kataribe spots (« coins de conteurs ») que compte la ville. Un autre coin de conteurs est situé dans la rue principale qui part de la gare et va au musée et à la bibliothèque. Les kataribe sont des récitants de contes régionaux. La municipalité a mis en place ces lieux de rencontre avec des conteurs afin que les visiteurs puissent se familiariser avec la tradition orale populaire, telle qu’elle était transmise jusqu’à récemment à Tōno.

Les principaux sites historiques et culturels de la ville se situent à proximité du musée municipal de Tōno et de la bibliothèque municipale, tous deux dans le prolongement de la rue principale. En chemin vers le musée, vous verrez sur les trottoirs des dalles illustrant des contes. Vous pourrez monter jusqu’aux vestiges du château de Nabekura à partir de la route devant la bibliothèque. Le musée propose une remarquable exposition sur l’histoire et la culture de Tōno, ainsi qu’un nouvel espace dédié aux Légendes de Tōno.

Le Village des contes de Tōno (Tōno mukashibanashi-mura) est situé de l’autre côté du pont en venant du musée. La majeure partie de ce quartier restauré est dédiée aux Légendes de Tōno et à Yanagita Kunio. Un espace muséographique consacré à la ville médiévale de Tōno présente une armure de samouraï, des épées et d’autres objets d’époque. Plus loin, vous trouverez le ryokan Takazen où Yanagita et plusieurs autres personnages célèbres séjournèrent il y a cent ans. Un magasin - une ancienne brasserie de saké - relié à l’auberge dispose de panneaux explicatifs sur les contes populaires. On peut aussi y voir un film d’animation sur les « enfants-esprits de la maison » (zashiki warashi ). Le Village des contes comprend également le Centre de recherches sur Tōno monogatari, l’ancienne bibliothèque privée de Yanagita Kunio déplacée depuis Tokyo, et un buste de Yanagita. Plusieurs restaurants servent des spécialités régionales. Prenez le temps d’observer les belles remises (kura ) des alentours.

Dans une rue derrière ce village historique, la maison d’angle datant des années 1880 est l’une des plus vielles bâtisses de Tōno. On y vend aujourd’hui des friandises et du thé japonais.

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Promenade dans les temples de la ville La plupart des temples de Tōno sont situés du côté ouest de la ville, près de la rivière Rainai. De

là, ils étaient censés apporter une protection au château. Ces temples sont reliés entre eux par des cimetières, lesquels constituent des raccourcis pittoresques. Voici quelques-uns des temples les plus intéressants (du nord au sud).

Le temple Manpuku-ji (école Jōdo) date de 1571. Sur la gauche à l’approche du temple, vous verrez la tombe de Kusu Eiho, érudit confucéen de l’époque d’Edo.

Le temple Zenmyō-ji (école Jōdo) date des années 1500. À la gauche de la porte d’entrée s’élève une pagode en pierre à cinq étages de l’époque Kamakura. À l’intérieur du temple, des peintures représentent des objets que les défunts auraient voulu emporter avec eux dans l’au-delà. Il y a également dix petites statues en bois représentant les juges qui décident de notre sort dans l’autre monde.

Le temple Daiji-ji (école zen Sōtō) date de 1411. Il fut le temple favori des seigneurs du clan Nanbu. Il y a à l’intérieur une statuette représentant Oshira-sama, mais qui n’est visible que certains jours fériés.

Le temple Zuiō-in (école zen Rinzai) date de 1653. À l’intérieur, on peut admirer les statues d’un dragon et d’une princesse.

Le temple Ryūgen-ji (école zen Sōtō) date de 1651. Il y a plusieurs sculptures intéressantes sur la porte.

Le temple Chion-ji (école Nichiren) est peut-être le plus beau temple de cet ensemble. Il possède une porte impressionnante, derrière laquelle un escalier vous mène à l’édifice principal.

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Le musée municipal de Tōno

Le musée municipal de la ville de Tōno, inauguré en 1980, fut le premier musée japonais dédié entièrement au folklore. Depuis sa réouverture en avril 2010, après des travaux de rénovation, il offre une présentation entièrement renouvelée de l’histoire, de la culture et des traditions de Tōno. Une nouvelle salle d’exposition présente de nombreux ouvrages, lettres et documents en lien avec le centenaire de la parution de Tōno monogatari (Légendes de Tōno), qui a été célébré le 14 juin 2010.

En entrant dans le musée, vous aurez le choix entre vous diriger vers les salles de l’exposition principale au rez-de-chaussée, ou monter à l’étage pour visionner des films dans la salle de projection équipée de plusieurs écrans. Les présentations audiovisuelles dans la salle à l’étage sont consacrées au folklore de Tōno. Vous y verrez notamment des films de Mizuki Shigeru sur les kappa et les oshira-sama. Une borne installée à l’entrée de la salle permet de sélectionner le film que vous souhaitez visionner.

La visite de l’exposition au rez-de-chaussée débute par une carte en forme d’étoile située au milieu de la salle principale, qui présente la formation géologique du bassin de Tōno. Appuyez sur le bouton pour lancer l’animation. Tout autour de la salle, des présentations audiovisuelles retracent l’historique de la ville, de la préhistoire jusqu’au XIXe siècle.

Les trois salles suivantes présentent différents aspects de la vie quotidienne à Tōno au siècle dernier :

1) La ville médiévale (festivals et commerce)

2) Les villages (outils agricoles, alimentation, habitat et croyances)

3) La montagne (ascètes des montagnes, chasse, mont Hayachine)

De nombreux écrans tactiles permettent une visite interactive.

Derrière ces trois salles se trouve la nouvelle salle d’exposition consacrée aux personnalités historiques et aux écrits en relation avec la publication de Tōno monogatari.

Des livres, des catalogues et autres souvenirs sont en vente dans le hall d’entrée.

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Sasaki Kizen, le Grimm japonais

Un célèbre linguiste originaire de Morioka, Kindaichi Kyōsuke (1882-1971), surnomma Sasaki Kizen (1886-1933) « le Grimm du Japon », en référence au formidable travail de collecte de contes que celui-ci accomplit, comparable à l’œuvre des frères Grimm. Sasaki serait notamment l’inventeur du terme « mukashi-banashi », qui signifie « conte » en japonais contemporain.

Lorsqu’il s’installa à Tokyo en 1905, à tout juste vingt ans, Sasaki fut remarqué par plusieurs autres jeunes écrivains, dont Yanagita Kunio qui était de sept ans son aîné et commençait alors d’être publié. Yanagita fut présenté à Sasaki en novembre 1908 par Mizuno Yōshū (1883-1947), lequel était le compagnon de chambrée de Sasaki à l’Université Waseda. Mizuno, écrivain lui-même, publia une nouvelle inspirée par sa rencontre avec Sasaki, intitulée Un homme venu du Pays du Nord. Ce portrait romancé de Sasaki décrit un jeune homme sombre et tourmenté.

Sasaki transmit à Yanagita Kunio les histoires de son pays natal durant les nuits de février 1909. Par la suite, en août 1909, Yanagita se rendit à Tōno pour observer par lui-même la région, mais ce sont bien les contes racontés par Sasaki Kizen qui, en majeure partie, figurent dans le recueil compilé par Yanagita. Dans l’introduction des Légendes de Tōno, Yanagita évoque ainsi son travail d’écriture avec Sasaki :

« Tous ces contes et ces histoires m’ont été rapportés par Sasaki Kyōseki (Kizen), qui est originaire de Tōno. J’ai mis par écrit les récits qu’il me conta durant les multiples visites nocturnes qu’il me fit à partir du mois de février 1909. Kyōseki n’a pas un excellent conteur, mais il est un homme honnête, et j’ai pris soin de retranscrire ses histoires aussi fidèlement qu’elles me furent contées et me touchèrent, sans ajouter un mot ou une phrase. »

La vie de Sasaki fut marquée par de nombreuses difficultés. Son père mourut avant sa naissance. Il débuta des études de médecine dans la préfecture d’Iwate avant d’opter pour la littérature à l’Université Waseda à Tokyo. Mais cette carrière littéraire fut brisée en 1911 par de graves problèmes pulmonaires qui l’obligèrent à retourner à Tōno. Toutefois, à certains égards, c’est bien l’échec de Sasaki à se faire reconnaître comme écrivain de son vivant qui assura sa renommée auprès des habitants de Tōno, qui louent encore son courage et sa persévérance dans l’adversité.

Sasaki mourut à l’âge de 48 ans. Il repose dans le même cimetière que son père Shigetarō, non loin de son lieu de naissance, à Dannohana. Dans le parc Denshōen se trouve un musée qui lui est consacré.

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Inō Kanori, un savant de Tōno spécialiste de Taiwan

Lorsque Yanagita Kunio visita la ville de Tōno en août 1909, il y rencontra Inō Kanori qui avait une grande connaissance de l’histoire de la région. À l’époque de leur rencontre, Inō (1867-1925) jouissait déjà d’une réputation internationale en tant qu’ethnologue spécialiste des populations autochtones de Taiwan. Il avait notamment fondé la Société d’Anthropologie taïwanaise en décembre 1895.

Inō descendait d’une lignée de lettrés qui servirent les puissants seigneurs du clan Nanbu de Tōno. Son grand-père lui avait donné de solides connaissances en classiques chinois, mais sa famille ne put l’aider à poursuivre des études avancées. Inō fut donc contraint de se frayer un chemin dans le tumulte de la vie tokyoïte, donnant des cours du soir et travaillant comme journaliste indépendant.

Au cours des premières années de la colonisation japonaise de Taiwan, les deux anthropologues Inō Kanori et Torii Ryūzō (1870-1953) menèrent des recherches sur les origines ethniques des populations autochtones de l’île. Leurs travaux aboutirent aux premières classifications scientifiques de ces tribus d’origine austronésienne installées sur l’île de Taïwan. L’étude publiée en 1905 par Inō, Ryō Tai jūnenshi (Histoire des dix années d’occupation de Taiwan), fut rédigée à l’intention de Gotō Shinpei, l’administrateur civil qui épaulait le gouverneur général de Taiwan.

Contrairement à Torii qui devint par la suite professeur à l’Université Impériale de Tokyo, Inō demeura à Tōno où il poursuivit ses recherches en dehors de tout cadre institutionnel et dans l’anonymat. Ce n’est qu’en 1929, après la publication posthume de son œuvre majeure, Histoire de la civilisation taïwanaise, que le grand public le découvrit.

Selon Paul Barclay, si les approches théoriques d’Inō et de Torii sont toutes deux biaisées par les tendances scientifiques de leur époque et le contexte de la colonisation japonaise dans lequel ils avaient à travailler, leurs approches ethnographiques diffèrent considérablement. Le fort intérêt d’Inō pour les sources écrites le classe naturellement parmi les historiens, tandis que Torii est plus généralement perçu comme un anthropologue. Inō proposa un tableau des tribus aborigènes taïwanaises classées selon un axe évolutionniste, allant des plus sauvages aux plus civilisées, en fonction de leur degré d’assimilation des coutumes chinoises Han.

Durant les années 1990, il y eut un regain d’intérêt pour les travaux anthropologiques d’Inō sur Taiwan. En 1992, ses journaux de terrain ont été publiés par Moriguchi, et, en 1995, une exposition présentant ses manuscrits et ses collections ethnographiques s’est tenue à Tōno, sa ville natale, durant trois mois. Une exposition similaire fut également organisée à Taipei en 1998.

Source : Paul D. Barclay, « An Historian among the Anthropologists: The Ino Kanori Revival and the Legacy of Japanese Colonial Ethnography in Taiwan », Japanese Studies, Vol. 21, No. 2, 2001

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À la rencontre des kappa

À Tōno, les kappa sont omniprésents : devant la gare, dans les rayons souvenirs de tous les magasins, dans les rivières des environs, ou encore sous forme de statues en bois représentant des kappa mâles ou femelles, érigées ça et là. Même le poste de police a la forme d’un kappa ! Deux histoires dans les Légendes de Tōno concernent des kappa : les récits n° 55 et 59.

C’est également un très charmant petit kappa portant dans ses mains une fleur (auparavant une tige de gentianes, aujourd’hui un lys sauvage) qui figure sur le logo de Tōno. Sous le nom de « Karin-chan », il en est la mascotte officielle. Dans son nom, « Karin-chan », on retrouve la première syllabe de « kappa » et le « rin » de « rindō » (gentianes), suivis de « chan », qui est un suffixe à connotation affective utilisé notamment après le nom des enfants.*

Les kappa sont des esprits des eaux vivant dans les rivières, de la taille d’un enfant de six à huit ans mais d’une force redoutable. Leur espièglerie notoire se manifeste généralement par d’innocentes farces. Cependant, il leur arrive aussi de kidnapper des enfants ou d’engrosser des femmes. Leur naïveté notoire les rend facile à berner. Ils sentent le poisson, ont des membres frêles et des pieds comme ceux des singes avec le gros orteil séparé des autres, et palmés de surcroît, ce qui leur permet de nager très rapidement.

Leur corps est en général de couleur jaune-vert. Ils portent une carapace de tortue sur le dos. Vous pourrez voir des empreintes de kappa sur les trottoirs et dans les sables au bord des rivières. Mais s’ils marchent sur la pointe des pieds, leurs traces sur le sol sont peu visibles.

Les kappa redoutent les objets métalliques et le bruit. La principale caractéristique d’un kappa est le creux qu’il a au sommet de la tête, qui contient un liquide d’où il tire son énergie. Si vous tombez nez à nez avec un kappa menaçant, pensez à le saluer d’une courbette. Le kappa sera obligé de vous rendre la politesse, ce qui lui fera déverser le liquide du dessus de sa tête. Privé de sa force, il devra replonger dans l’eau.

Les kappa de Tōno se distinguent par un visage rouge, une grande bouche, une narine unique et de gros yeux noirs. Ils n’ont pas d’oreilles ni de nombril. Ils apprécient les légumes crus, tout particulièrement les concombres.

Vous pourrez obtenir un permis de capture de kappa à l’Office du tourisme, et si, par chance, vous capturez un kappa, n’oubliez pas de le faire savoir à l’Association pour le tourisme de la ville de Tōno.

* Sur l’ancien logo de Tōno, derrière Karin-chan, figurait une magariya, maison typique de la région avec un toit de chaume. Pour son nouveau logo, la municipalité de Tōno a choisi comme arrière-plan le Pont-à-lunettes (Megane-bashi) du village de Miyamori récemment rattaché à la commune de Tōno, pont qui a inspiré Miyazawa Kenji pour son œuvre Ginga Tetsudō no Yoru (Train de nuit dans la Voie lactée, Le Serpent à Plumes, 1989).

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Permis de capture de kappa

Durée de validité : juillet 2010 - décembre 2012

Délivré par l’Association pour le tourisme de la ville de Tōno

Permis no K27201-16

Instructions relatives à la capture de kappa

● Il est interdit de capturer un kappa en dehors des rivières autorisées

●Vérifiez que le kappa a le teint rouge et une grande bouche

●N’utilisez pas d’objets métalliques pour la capture

●Conseil : les kappas apprécient les légumes frais, tout particulièrement les concombres

●Prenez garde à ne pas renverser l’eau contenue au sommet du crâne du kappa

●Si vous capturez un kappa, signalez-le à l’Association pour le tourisme de la ville de Tōno

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Denshōen, Sasaki Kizen et Oshira-sama

Le parc Denshōen est à quelques minutes à peine du temple Jōken-ji et du bassin aux kappa (Kappa-buchi). Comme son nom l’indique – « denshōen » signifiant littéralement « le jardin des traditions orales » –, ce parc est dédié à l’histoire et aux traditions populaires de Tōno. Vous pourrez y écouter des contes et des légendes, et y observer des artisans en train de fabriquer des objets. Vous y découvrirez les traditionnelles maisons magariya en forme de « L », dont l’une des ailes est constituée d’une étable pour les chevaux. Vous pourrez également voir le Musée Sasaki Kizen, et admirer une collection de mille statuettes représentant Oshira-sama, la divinité protectrice des cultures, disposées dans une très impressionnante salle des Oshira.

Sasaki Kizen (1886-1933), un habitant de Tōno, fut le premier à raconter à Yanagita Kunio les légendes locales, que ce dernier rassembla dans ses Légendes de Tōno en 1910. Le nom de Sasaki Kizen figure dans la préface de cet ouvrage, ainsi que dans les récits n° 17, 22 et 59. Son buste est érigé à l’extérieur du musée.

Les magariya illustrent la place importante qu’occupaient les chevaux dans la culture locale. Ce bâtiment est que le patrimoine culturel du pays a été., elle contient des outils agricoles anciens et un coin d’exposition présentant la culture du ver à soie. La salle dédiée à Oshira-sama se trouve aussi dans la ferme.

Les petites statuettes d’Oshira-sama sont taillées dans des branches de mûrier - dont les feuilles sont utilisées pour la sériciculture -, avec une tête de cheval ou de femme sculptée à l’une des extrémités. Oshira-sama est une déesse de la fertilité, protectrice des cultures, des chevaux et de la production de soie, et qui joue un rôle particulièrement important dans les croyances locales (voir les récits n° 14, 69 et 70 des Légendes de Tōno ). Les vêtements qui habillent les statuettes d’Oshira-sama sont renouvelés chaque année, le 16e jour du premier mois de l’année lunaire. Les visiteurs inscrivent leurs vœux sur un morceau de tissu qu’ils peuvent accrocher sur la statuette de leur choix à l’intérieur de la salle.

À Denshōen, on peut également observer un ancien puits, des toilettes anciennes, une roue à eau actionnant une meule, ainsi qu’une remise. Vous y trouverez un coin restauration et une boutique de souvenirs.

Depuis Denshōen, il est aisé de marcher jusqu’au temple Jōken-ji et au bassin de Kappa-buchi. Quelques mètres après être sorti de Denshōen sur la gauche, vous verrez le portique shintō qui constituait autrefois le point de départ pour les pèlerins se rendant au mont Hayachine.

Certaines pierres érigées à l’extérieur de Denshōen ont été placées à cet endroit par des pèlerins partis faire le pèlerinage en hommage à la divinité Konpira-sama, sur l’île de Shikoku. Les autres pierres votives sont des offrandes à Kōshin, le dieu singe né du syncrétisme entre les croyances shintoïstes japonaises et les croyances taoïstes chinoises. Ces sculptures servent à exorciser le mauvais sort et à éloigner les maladies.

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Le temple Jōken-ji et le bassin Kappa-buchi

Le temple Jōken-ji et le bassin aux kappa (Kappa-buchi) sont tous deux situés à proximité de Denshōen.

Si vous allez au bassin aux kappa en traversant l’enceinte du temple Jōken-ji (école zen Sōtō), vous remarquerez probablement un petit sanctuaire situé vers l’avant de l’enceinte, avec deux lions-kappa (kappa komainu ) de pierre, placés de part et d’autre. Selon la légende, ces statues ont été placées là en hommage à un kappa qui aurait courageusement éteint un incendie qui menaçait le temple en déversant l’eau contenue au-dessus de sa tête.

On raconte que la statue de bois qui se trouve à l’intérieur du temple (Obinzuru-sama) guérit les blessures et les maladies de ceux qui la touchent. (Voir le récit n° 88 des Légendes de Tōno ).

Non loin du bassin aux kappa, il y a également un petit sanctuaire où viennent prier les femmes qui n’ont pas assez de lait pour nourrir leur enfant.

Au bord du bassin, le week-end, vous rencontrerez peut-être monsieur Unman Haruo, un expert ès capture de kappa. Vous pourrez vous faire délivrer un permis de capture de kappa à l’Office du tourisme situé près de la gare.

Si vous deviez affronter un kappa, le seul moyen de lui échapper est de faire en sorte qu’il s’incline pour vous saluer. En s’inclinant, il renversera l’eau qui est au-dessus de son crâne et s’enfuira.

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Furusato-mura : la vie traditionnelle à la ferme

Le village Furusato-mura (Village du Pays natal), situé à une vingtaine de minutes en voiture depuis le centre-ville, est un vaste musée en plein air où ont été transportées d’authentiques fermes restaurées. Vous trouverez des renseignements sur le site web de ce village www.tono-furusato.jp (en japonais), ainsi que dans le guide touristique en anglais édité par l’Office du tourisme.

La vingtaine de bâtiments ici réunis sont presque tous classés sur la liste du « patrimoine matériel national ». Des sept fermes que compte le village, la plus ancienne date des années 1760. À l’intérieur de cet espace ouvert ont été aménagés un musée de la nature, un centre artisanal, un atelier de teinture, un ancien entrepôt devenu musée, un four à charbon, des chambres d’hôtes pour les visiteurs qui souhaitent y passer la nuit. On a cherché à reconstituer l’atmosphère d’un vrai village vivant.

Le visiteur peut s’essayer à plus d’une vingtaine d’activités manuelles saisonnières différentes : repiquage et récolte du riz, couture, peinture, artisanat de paille et de bambou, cuisine, etc. La plupart des paysans et artisans qui viennent travailler sur le site ne sont présents que le week-end. Une réservation est nécessaire pour certaines activités (appelez au 0198-64-2300).

Dans le moderne « Fujusha visitor center », un restaurant vous propose des plats du terroir. Gâteaux, charbon de bois, poisson grillé et autres spécialités locales y sont en vente, comme un peu partout dans le village. Durant la saison hivernale, on vous servira un alcool de riz fermenté appelé dobekko (sorte de saké artisanal) et vous pourrez admirer des spectacles de danses shintō traditionnelles (kagura ). Le programme des manifestations culturelles change selon les saisons.

Le village sert souvent de décor pour le tournage de feuilletons télévisés ou de films (récemment pour la série Ryōma-den ). Les personnes qu’emploie le village sont appelées, dans le dialecte local, des maburitto ou « protecteurs », car ils protègent les traditions, bien évidemment.

Sur le chemin allant vers le village, vous verrez des monuments en pierre placés là par des pèlerins partis faire le pèlerinage en hommage à la divinité Konpira-sama, sur l’île de Shikoku. Les autres pierres sont des offrandes à Kōshin, le dieu singe. Ces sculptures servent à exorciser le mauvais sort. Juste au nord du village, vous tomberez sur l’allée de pierres levées de Hiwatashi, dont Mizuki Shigeru s’est inspiré pour la couverture de sa bande dessinée adaptée des Légendes de Tōno.

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Le sanctuaire Hachiman-gū et son festival

Le sanctuaire shintō Hachiman de Tōno (Tōnogō Hachiman-gū) accueille chaque année à la mi-septembre (autour du 14 et du 15) un festival appelé Tōno Matsuri, le plus important de la ville. Durant ces festivités qui attirent une foule de visiteurs, des cérémonies sont organisées pour solliciter l’abondance des récoltes auprès des divinités. Situé sur le chemin d’autres lieux touristiques dans la direction du nord-est de la ville, le sanctuaire lui-même est un monument historique qui vaut le détour, notamment au printemps à la saison des cerisiers en fleurs et en automne lorsque les feuillages se teintent de couleurs vives.

Le festival de septembre débute par une parade de chars et de danseurs qui traversent la ville. Chaque troupe venue des villages alentours y présente sa propre danse : shishi-odori (danse des lions), taue-odori (danse du repiquage du riz) et les traditionnelles danses sacrées kagura. Un concours de tir à l’arc à cheval (yabusame ) est organisé dans l’enceinte du sanctuaire, de même qu’un concert de musique de festival typique de la région, appelée Nanbu-bayashi.

Fondé en 1189, Hachiman-gū est le sanctuaire gardien de la région de Tōno. Hachiman, qui occupe une place prépondérante dans le panthéon japonais, est le dieu shintō de la guerre et l’une des divinités protectrices du peuple japonais. Son nom signifie « Dieu des Huit Bannières », en référence aux huit bannières célestes qui apparurent au moment de la naissance de l’empereur mythique Ôjin, le patron du clan des Minamoto. Le premier sanctuaire dédié à cette divinité fut construit en 725, et aujourd’hui près de la moitié des sanctuaires du Japon lui seraient consacrés. Son animal symbolique et son messager est le pigeon. Dans les temps anciens, Hachiman fut d’abord adoré comme divinité agraire par les paysans, et invoqué par les pêcheurs qui lui demandaient de remplir leurs filets. Le blason de Hachiman a la forme d’un mitsudomoe, un tourbillon ou vortex à trois branches.

Le dieu Gongen-sama (prononcé « gongué-sama » dans le dialecte local) du sanctuaire Hachiman protège contre le feu. L’histoire n° 110 des Légendes de Tōno relate notamment ceci :

« Gonge-sama, tel qu’on l’appelle dans la région, est un masque sculpté en bois que possède chaque troupe qui danse le kagura, et qui ressemble en tout point à une tête de lion. On lui prête de formidables propriétés magiques. Le Gonge-sama appartenant à la troupe du sanctuaire Hachiman de Niibari affronta une fois le Gonge-sama de la troupe d’Itsukaichi du village Tsuchibuchi. Il fut battu, et en perdit une de ses oreilles, qui lui manque toujours aujourd’hui. Comme la troupe fait le tour des villages pour danser chaque année, il n’est personne qui ne l’ait constaté.

Le pouvoir de Gonge-sama réside principalement dans sa faculté à éteindre le feu. La troupe de kagura du sanctuaire Hachiman mentionnée ci-dessus se rendit une fois au village de Tsukumo-ushi. Il commençait à faire sombre et l’on ne savait où passer la nuit. Ils furent finalement logés dans la maison d’un humble paysan déshérité. Après avoir retourné une mesure à riz carrée de grande taille et posé dessus le Gonge-sama, chacun s’endormit. Pendant la nuit, ils furent soudain réveillés par un bruit, comme si l’on mordait quelque chose. Ils regardèrent autour d’eux et virent que l’extrémité de l’avant-toit avait pris feu et que le Gonge-sama, sautant et sautant depuis la mesure à riz, mordait les flammes à pleines dents, si bien qu’il finit par les éteindre.

Lorsqu’un enfant souffre de la tête, il arrive qu’on fasse appel à un Gonge-sama pour qu’il vienne mordre la tête de l’enfant et chasser ainsi sa maladie. »

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Le sanctuaire Sugawara et la colline de Tenjin

Quand Yanagita Kunio, l’auteur des Légendes de Tōno, se rendit à Tōno en août 1909, il voulut goûter les charmes de la campagne environnante. Il loua un cheval et partit en direction du mont Hayachine. Tard dans l’après-midi, alors qu’il approchait du mont, il tomba sur une fête folklorique qui avait lieu au sanctuaire de Sugawara, sur la colline de Tenjin. Dans la préface des Légendes de Tōno, il fait le récit de cette expérience :

« Sur la colline de Tenjin avait lieu une fête de village, une danse des lions. Un léger nuage de poussière s’élevait de la colline et, sur le fond vert formé par l’ensemble du village, un peu de rouge se dessinait. Cette danse des lions était bien plutôt une danse des daims. Des hommes portant des masques surmontés de cornes de daims, et cinq ou six enfants, sabres dégainés, dansaient de concert. Les flûtes jouaient sur un ton si haut et les chants si bas que je pouvais à peine discerner le sens de leurs paroles, bien que je fusse près d’eux. Le soleil se couchait, le vent commença à souffler ; la voix des hommes ivres hélant leurs voisins résonnait avec tristesse ; les femmes riaient, leurs enfants couraient en tous sens. Je ne pus refréner un sentiment de mélancolie comme en éprouvent les voyageurs solitaires. »

Le sanctuaire Sugawara honore Sugawara no Michizane (845-903), érudit, poète et homme d’État de l’époque de Heian. Il débuta sa carrière à la cour comme érudit, puis obtint un poste de fonctionnaire dans le gouvernement. Grâce à ses compétences en langue chinoise, il fut nommé à plusieurs reprises dans des missions diplomatiques chargées d’accueillir les ambassadeurs étrangers.

Sugawara no Michizane entra dans le panthéon japonais en tant que dieu des études sous le nom de Tenjin-sama. De nombreux sanctuaires à travers tout le Japon lui rendent un culte. C’est en référence à ce nom que le lieu où se situe le sanctuaire Sugawara à Tōno s’appelle la colline de Tenjin.

Le sanctuaire n’est pas très bien entretenu, et, à lui seul, ne vaut peut-être pas le détour. Toutefois, les grands cyprès qui y conduisent sont très impressionnants.

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Le mont Hayachine et son sanctuaire

Le mont Hayachine, qui, du haut de ses 1917 m, domine la chaîne de Kitakami, compte parmi les trois plus sommets entourant Tōno. Les habitants de Tōno et des environs éprouvent un sentiment particulier envers cette montagne qui fut longtemps l’objet d’un culte des montagnes très ancien.

Il existe de nombreuses légendes au sujet des pierres aux formes insolites que l’on trouve dans la montagne. Ainsi, la roche connue sous le nom de « buchi ishi » (la pierre frappée), située à mi-parcours du sentier de Kawara no bō, est associée à la légende d’un tengu (créature fantastique représentée avec un long nez) qui se serait cogné la tête contre cette roche. Le mont Hayachine abrite en outre une faune et une flore sauvages remarquables par leur diversité.

Attention : ne pas confondre l’ascension du mont Hayachine et la visite au sanctuaire Hayachine.

Le sanctuaire du mont Hayachine est situé à 40 min environ du centre de Tōno. Le deuxième dimanche de juin, jour de l’ouverture de la saison des randonnées, les randonneurs se rendent au sanctuaire afin de recevoir une protection contre les dangers de la montagne. Autrefois, les gens se rendaient au sanctuaire pour trouver un guide qui les emmène au mont Hayachine. Le sanctuaire, créé en 806, est profondément marqué par le syncrétisme japonais associant bouddhisme et shintō. Les édifices actuels sont typiques de l’art architectural de la région à l’époque d’Edo. Les statues des dieux gardiens, représentés comme des soldats et situés à la porte du sanctuaire, sont similaires aux statues gardant l’entrée du palais des shôguns Tokugawa à Kyôto.

Plusieurs sentiers permettent d’accéder au sommet du mont. L’un des plus utilisés, partant d’Ōhasama, nécessite 4 ou 5 heures, en comptant depuis la fin de la route goudronnée jusqu’au sommet. La ville d’Ōhasama est à une heure de route à l’ouest de Tōno, en direction de Hanamaki. En sortant de Tōno, prenez la route n° 396 en direction d’Ōhasama. Suivez la route qui mène au barrage de Hayachine en vous engageant dans la montagne. Après le barrage, la route aboutit plus loin à une zone de camping. Consultez les guides d’excursions de la région pour vous assurer de l’itinéraire.

Le mont Hayachine est également célèbre pour ses danses de kagura, une tradition vieille de plus de cinq cents ans. Le kagura, ou « divertissement des dieux », est une forme de danse théâtrale existant dans tout le pays. Le kagura de Hayachine est un répertoire de plusieurs danses avec masques, accompagnées par un tambour, des cymbales et une flûte. Les danses sont inspirées de récits mythiques et d’anecdotes de l’histoire médiévale. L’une des danses met en scène un acteur déguisé en shishi, une créature fantastique ressemblant à un lion, qui ici incarne la divinité du mont Hayachine. Cette danse était à l’origine effectuée par des officiants shintō du sanctuaire, afin de manifester la puissance de la divinité de la montagne et de bénir la population. Le kagura de Hayachine fait partie du patrimoine culturel immatériel important du Japon. En 2009, il a également été inscrit par l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel mondial.

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Le temple Fukusen-ji

Le temple Fukusen-ji est affilié à la branche du bouddhisme ésotérique Shingon (la Parole Vraie), l’une des plus importantes écoles du bouddhisme japonais et l’une des rares survivances de la lignée du bouddhisme ésotérique née en Inde.

Fondé en 1912, ce temple fait partie d’un réseau national de temples Shingon que les fidèles visitent au cours de leurs pèlerinages à travers le pays.

Il abrite une grande sculpture en bois couverte de feuilles d’or représentant le boddhisattva Kannon (Avalokitesvara, déesse de la miséricorde), qui mesure 17 mètres pour un poids de 25 tonnes. Elle est taillée dans le bois d’un seul arbre, vieux de 1200 ans, qui a été acheminé depuis un village voisin. Sa confection, achevée en 1963, dura près de 12 ans. C’est, dit-on, la plus grande statue de Kannon du Japon.

Le boddhisattva Kannon, sensible aux souffrances de notre monde, a fait le vœu d’accorder le salut à ceux qui sont affligés et de repousser les maux qui nous menacent. Aujourd’hui, la plupart des visiteurs de ce temple prient pour la paix dans le monde ou pour les âmes des morts de la Seconde Guerre mondiale.

La porte principale marque l’entrée de la montagne, et la porte des dieux gardiens est empruntée par les pèlerins. Toutes deux sont monumentales.

Sur la droite des portes, à l’écart, se dresse un sanctuaire dédié à Bishamon, l’un des sept dieux du bonheur, protecteur de la direction du nord. Il protège également contre les démons et les maladies.

Plus loin s’élève une pagode à cinq étages, érigée en 1990. La pagode est une forme de construction dont l’origine remonte aux stupas indiens, qui contenaient en principe une relique du bouddha. Cette pagode est dédiée à la paix dans le monde et aux âmes des soldats.

Pour accéder au bâtiment principal du temple qui abrite la statue de la déesse de la miséricorde, il faut emprunter un chemin fort agréable. Près du bâtiment principal se trouve un étang avec des carpes. De la nourriture pour les carpes est en vente dans le temple. De l’autre côté du temple, au sommet d’une petite colline, se trouve le sanctuaire Tahoto (1982) dédié au retour des Territoires du Nord, un groupe d’îles situés dans l’archipel des Kouriles, au nord de Hokkaidô. La souveraineté de ces territoires est disputée entre le Japon et la Russie depuis que l’U.R.S.S les a occupés à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Le temple Fukusen-ji est également célèbre pour ses cerisiers en fleurs au printemps et ses érables en automne.

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Les Cinq Cents Disciples du Bouddha (Gohyaku rakan)

Le froid, les pluies et les éruptions volcaniques causèrent de nombreuses famines au Japon à l’époque d’Edo. La plus terrible fut celle de l’ère Tenmei (1781-1789), qui fit plus d’un million de victimes à travers tout le pays.

En 1755, Tōno vécut une famine exceptionnelle. Environ 60 000 personnes périrent dans la région, et 3 000 rien qu’à Tōno, sur une population évaluée à 19 000 personnes à l’époque.

En 1765, le moine Gizan, supérieur du temple Daiji-ji, réalisa pour le salut des victimes de cette catastrophe plusieurs centaines d’images bouddhiques sculptées à même la pierre granitique, dans un lieu situé en pleine forêt à 3 km environ au sud-ouest de Tōno. L’endroit est jonché de rochers qui semblent sortir du sol, rendant particulièrement propice cette pratique. Le lieu est connu sous le nom de Gohyaku rakan, qui signifie les « 500 disciples du Bouddha » (ou encore les « 500 Arhats »), en référence aux 500 premiers fidèles légendaires du Bouddha. La pratique consistant à graver une statue d’un mort dans la pierre (en général son portrait) est une tradition très ancienne dans le bouddhisme.

Beaucoup de ces pierres sont couvertes de mousses qui cachent les visages. On peut toutefois en admirer de plus visibles en allant vers le sommet de la colline.

Sur le chemin des Gohyaku rakan, vous pourrez également voir :

Le sanctuaire Unedori-sama

Unedori est une divinité qui unit les amoureux. Dans l’enceinte du sanctuaire, écrivez votre vœu sur une bande de tissu rouge que vous nouerez aux branches de l’arbre en utilisant exclusivement votre main gauche.

Le sanctuaire Atago

La divinité Atago protège contre les incendies. Son sanctuaire est situé au sommet d’une colline jouissant d’une belle vue, et, comme c’est généralement le cas pour les sanctuaires célébrant Atago, on y parvient par un escalier à couper le souffle. Dans le récit n° 89 des Légendes de Tōno, Yanagita décrit ainsi le lieu :

« Il y a un sanctuaire au sommet du mont Atago, et un sentier qui coupe à travers bois pour s’y rendre. Un portique sacré est à l’entrée du sentier, ainsi que vingt à trente vieux cryptomères. À proximité se trouve une chapelle vide devant laquelle une pierre a été dressée, portant cette inscription : divinité de la montagne (yama no kami). On dit depuis toujours que la divinité de la montagne est apparue en ce lieu. »

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La ferme de la famille Chiba

Située à la périphérie de Tōno, la ferme de la famille Chiba, avec son toit de chaume, est un exemple typique des riches bâtisses traditionnelles de la région. Vieille de 200 ans, c’est la plus grande des magariya de Tōno, ces fermes en « L » dont l’une des ailes était une étable pour les chevaux. Au sommet de sa prospérité, la famille Chiba employait quinze personnes et possédait vingt chevaux.

Dans la propriété, vous verrez le bâtiment principal, une remise aux outils, un jardin, une aire de travail et un petit sanctuaire dédié à Inari (divinité renard). Les soubassements massifs en pierre de la ferme, à flanc de colline, ont nécessité plusieurs années de construction et n’ont rien à envier à une forteresse.

La ferme des Chiba a été classée « patrimoine national important ».

Tsuzuki-ishi : un mystérieux empilement de rochers

À un quart d’heure environ de la ville sur la route n° 396, non loin de la ferme des Chiba, se trouve l’arrêt de bus Tsuzuki-ishi. En passant sous le portique (torii ), prenez le sentier montant à travers bois. Au bout de 15 min environ de marche, vous découvrirez un empilement de rochers massifs en forme de π. Observez que la dalle supérieure n’est véritablement soutenue que par un seul des rochers situés en dessous.

Selon certains chercheurs, cet empilement de mégalithes s’apparente aux dolmens qui existent en Europe et en Asie. Les tables de pierre, généralement des tombes de personnes éminentes, devaient servir aux sacrifices et à des prières accomplies sous la dalle.

Les légendes locales affirment que c’est le guerrier Benkei (1155-1189), connu pour sa force extraordinaire, qui empila ces rochers. Benkei serait venu à Tōno avec son maître Miyamoto no Yoshitsune (1159-1189), lors d’une campagne militaire dans le Nord. L’histoire n° 91 des Légendes de Tōno rapporte par ailleurs que le fauconnier Tori Gozen tomba malade après avoir dérangé les esprits (kami ) de la montagne qui se trouvaient là.

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Tōno et l’élevage de chevaux

Des témoignages archéologiques attestent de la présence au Japon de chevaux de petite taille avant qu’une race de plus grands chevaux ait été introduite dans l’archipel depuis la Corée au début du VIIe siècle. Les chevaux de races européennes arrivèrent probablement dès le début du XVIe siècle. Tōno est en tout cas réputé pour l’élevage de chevaux depuis l’époque d’Edo.

La structure caractéristique des magariya, comprenant une étable dans l’une des ailes, montre à quel point le cheval faisait partie de la vie quotidienne. Tōno compte de nombreux sanctuaires dédiés à cet animal. Dans la plupart des temples et sanctuaires, vous trouverez des plaquettes de bois votives illustrées d’images de chevaux (ema ), placées par les paysans pour demander que les dangers et les maladies épargnent leurs élevages.

La race Nanbu, spécifique à Tōno, était originellement une race d’équidés de petite taille, très puissants. Au terme de nombreuses sélections et croisements, ces chevaux sont devenus plus grands, ce qui a permis de les employer pour le labour et le transport de charges par les routes de cols jusqu’à la côte.

À Tōno étaient également élevés des chevaux rapides et légers montés par les guerriers et les militaires.

Chaque année au mois de juin, des milliers de visiteurs se rendent à Tōno pour assister au concours de force de chevaux (bariki taikai ), récompensant les bêtes capables de tirer les poids les plus lourds.

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La Colline du Vent (Tōno Kaze no Oka) :

un marché fermier couvert

Un grand marché fermier couvert est situé à 7 min de la ville, à l’ouest de Tōno, sur la voie rapide n° 283. On le repère facilement grâce à une large éolienne dressée à l’extrémité du parking.

Produits en vente

Fleurs, produits frais, spécialités locales, souvenirs, ouvrages et documentation touristique de la région, matériel de jardinage.

En plus d’un espace d’exposition, vous trouverez également un restaurant qui propose des plats régionaux à déguster sur place ou à emporter. La terrasse offre une belle vue.

Horaires d’ouverture du marché

Tous les jours, de 8h00 à 19h00

(Du 16 octobre au 31 mars : de 8h30 à 17h30)

Horaires d’ouverture du restaurant

11h00 à 19h00

(Du 16 octobre au 31 mars : de 10h00 à 17h30)

Tél : 0198-62-0222 / Fax : 0198-62-0205

Site Internet :http://www.thr.mlit.go.jp/road/koutsu/roadstation/iwate/iw17.html

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