la vie en rose à chédigny · à l’obtention du label jardin remarquable en 2013. qu’ils l a...

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Jardin en ville 36 / MON JARDIN & MA MAISON monjardinmamaison.fr /37 Comme la grande majorité des Chédignois, Danielle Papot s’occupe de ses roses avec passion. Rien de plus logique pour cette ancienne présidente de l’association Roses de Chédigny, dont l’un des buts est justement l’embellissement du village ! Maire de Chédigny de 1977 à 2017, Pierre Louault reste le garant de l’esprit qui anime ce village-jardin. Certaines communes ont des jardins. D’autres, comme Chédigny, sont des jardins. Visite d’un petit village de Touraine dédié à la rose, mais aussi, plus largement, à la beauté foisonnante de la biodiversité végétale. La vie en rose à Chédigny Les principales plantes sont, à gauche : rosiers ‘Noëlla Nabonnant’, ‘Toby Tristam’, ‘Paul’s Scarlet’, ‘Trier’, ‘New Dawn’ et ‘Neige Rose’.

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Page 1: La vie en rose à Chédigny · à l’obtention du label Jardin remarquable en 2013. Qu’ils l a soulignent ou la surplombent, les rosiers, couvre-sol ou grimpants mettent en valeur

Jardin en ville

36 / MON JARDIN & MA MAISON monjardinmamaison.fr /37

Comme la grande majorité des

Chédignois, Danielle Papot s’occupe

de ses roses avec passion. Rien de plus

logique pour cette ancienne présidente

de l’association Roses de Chédigny, dont l’un des buts

est justement l’embellissement

du village !Maire de Chédigny

de 1977 à 2017, Pierre Louault reste le garant

de l’esprit qui anime ce village-jardin.

Certaines communes ont des jardins. D’autres, comme Chédigny, sont des jardins. Visite d’un petit village de Touraine dédié à la rose, mais aussi, plus largement, à la beauté foisonnante de la biodiversité végétale.

La vie en rose à Chédigny

Les principales plantes sont, à gauche : rosiers ‘Noëlla Nabonnant’, ‘Toby Tristam’, ‘Paul’s Scarlet’, ‘Trier’, ‘New Dawn’ et ‘Neige Rose’.

Page 2: La vie en rose à Chédigny · à l’obtention du label Jardin remarquable en 2013. Qu’ils l a soulignent ou la surplombent, les rosiers, couvre-sol ou grimpants mettent en valeur

Jardin en ville

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Planter des rosiers pour rendre la rue aux habitants.

Il n’y a pas que des roses

à Chédigny : près de 3 000 vivaces,

annuelles et arbustes ont

également contribué à l’obtention du label Jardin remarquable

en 2013.

Qu’ils la soulignent ou la surplombent,

les rosiers, couvre-sol ou grimpants

mettent en valeur l’architecture de

Chédigny.

Un orgue de Barbarie au charme désuet a trouvé un écrin à sa mesure sous une porte cochère pacifiquement colonisée par deux rosiers aux couleurs complémentaires.

En 1998, Pierre Louault, alors maire de Chédigny, charmante bourgade située non loin de Loches, est allé passer quelques jours dans la Drôme, à Grignan, où, une douzaine d’années plus tôt,

le pépiniériste André Ève avait planté plus de 400 rosiers dans le but d’embellir les rues, tout en améliorant le cadre de vie des habitants. De retour en Touraine, ce passionné de botanique décide d’aménager les trot-toirs de sa commune en installant les premiers rosiers grimpants, avec l’aide du grand rosiériste. Trois ans plus tard, en raison des travaux d’enfouissement des réseaux (électricité, téléphone, eau), un gros chantier demande à isoler le village pendant six mois, obligeant les véhi-cules à contourner Chédigny. Pierre Louault se souvient : « Les habitants trouvaient très bien qu’aucune voiture ne passe plus dans nos petites rues. Quand la question s’est posée de remettre du goudron, on a décidé que la déviation deviendrait une petite rocade et que les rues resteraient vierges de circulation. »

Une réflexion poussée plus loin…« Les travaux n’étaient pas terminés que nous avons commencé à planter des rosiers, mais aussi des vivaces, des bulbes, des graminées… » Grâce au partenariat avec la société de Claudine Cothet, Poitou Paysage,

◆ Situation Chédigny est un village de 567 habitants, entre Loches et Tours, en Indre-et-Loire (région Centre).

◆ Les contraintes Taille régulière selon la technique prônée par Pierre Louault : on enlève une vieille branche tous les ans ainsi que le vieux bois sur le point de greffe. Plus aucun désherbant depuis 2010, donc désherbage manuel de tout le village, ainsi que du cimetière enherbé !

◆ Le projet paysager Végétalisation du village pour favoriser sa réappropriation par les habitants. Cela passe par une continuité entre le fleurissement de l’espace public et celui des jardins privés.

◆ À visiter Lors du Festival des roses, les 18 et 19 mai 2019:Entrée : 2 € (gratuit pour les moins de 18 ans) Le jardin de curé peut se visiter toute l’année. Entrée : 3 €Infos à la mairie de Chédigny.Tél. 02 47 92 51 43. Chedigny.frPromenade florale et visite botanique du jardin du presbytère sur demande : écrire à [email protected]

Les principales plantes sont : rosiers ‘Seagull’, ‘Lykkefund’, ‘Maria Lisa’, ‘Narrow Water’, rugosa ‘Passion’, ‘Sally Holmes’ et ‘Cornelia’.

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Jardin en ville

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Un jardin de curé se caractérise

notamment par le bon voisinage

entre plantes ornementales, médicinales et

utilitaires. La beauté des premières

accompagne les déambulations méditatives de

l’homme d’Église. Les autres

constituent des nourritures plus

terrestres.

Au pied de la terrasse, qu’un

catalpa abrite de son ombre en été, se déroulent des

plates-bandes dont l’incroyable diversité

végétale est aussi un témoignage

historique.

L’autarcie permise par un jardin de curé concernait aussi la liturgie

et sa décoration : on y trouvait

fréquemment un « jardin bouquetier » où étaient cultivées les fleurs destinées

à être placées sur l’autel.

précurseur en matière d’espaces urbains partagés, les plantations se sont enchaînées et, aujourd’hui, ce sont plus de 800 rosiers et près de 300 variétés qui s’offrent aux regards des visiteurs. Invité lors du premier Festival des roses, en 2006, André Ève se dira même « bluffé ». Pour autant, le village n’a pas sacrifié son âme sur l’autel du tourisme de masse. « L’obtention du label Jardin remarquable en 2013 [renouvelé en 2018 (N.d.A)] a marqué l’essor du tourisme, se rappelle Pierre Louault. Mais ce sont surtout de vrais amateurs de jardin qui viennent. » Les visites donnent fréquemment l’occasion de voir le désormais sénateur – mais toujours très impli-qué dans la vie de Chédigny – participer à des ateliers de taille ou, en dehors des dates du festival, former un jardinier à cet art délicat dans les jardins du presbytère. Car, depuis 2016, le village a entrepris de restaurer la bâtisse du XVIIe siècle, mais aussi les jardins de 2 000 m2 qui jadis assuraient l’autonomie alimentaire du curé. Pour cela, Chédigny a fait appel à des spécialistes : Philippe Ferret et Aurore-Claudie Mangold pour la conception ; Denis Retournard, ancien responsable des collections fruitières du Jardin du Luxembourg à Paris, pour la plantation des arbres fruitiers ; et le « régional de l’étape », pour le potager, Xavier Mathias, maraîcher bio à… Chédigny, par ailleurs enseignant au potager du Roy de Versailles et à l’école Du Breuil. Plus qu’un simple paradis de la rose, Chédigny est devenu un sanctuaire de la biodiversité végétale. À visiter, mais surtout à vivre. TEXTE ET PHOTOS GREENFORTWO MEDIA

Lieu de visite, le jardin de curé du presbytère se veut aussi un espace d’apprentissage et de découvertes.

Les principales plantes sont à gauche : géraniums vivaces ‘Patricia’, Stachys lanata, delphiniums et giroflées dont Erysimum ‘Bowles Mauve’, arbustive. Et à droite : iris, phlomis, lupins et grande consoude.