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Un concept, des enjeux Pa g e 6 Accompagner aujourd’hui Page 18 Outiller l’accompagnement Page 30 V i e Associative Conférence permanente des coordinations associatives Bulletin de la Conférence permanente des coordinations associatives N ° 15 Juin 2011 L a A c c o m p a g n e m e n t: les associations actrices de leur développement

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Le magazine de la Conférence Permanente des Coordinations Associatives (CPCA). n°15. Juin 2011. Accompagnement: les associations actrices de leur développement

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Un concept, des enjeux Page 6

Accompagner aujourdhui Page 18

Outiller laccompagnement Page 30

La

VieAssociativeBulletin de la Confrence permanente des coordinations associatives N 15 Juin 2011

les associations actrices de leur dveloppement

Accompagnement :

Confrence permanente des coordinations associatives

SommaireUn concept, des enjeuxDfinir laccompagnement

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Outiller laccompagnementAccompagner les petites associations

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Positionnement de la CPCAL accompagnement pour et par les associations Un environnement mouvant, des besoins rels,Rsultats du Sondage CPCA/Avise, en partenariat avec le CSA

Les fdrations nationales sont les orphelines de laccompagnementInterview de Charles-Benot Heidsieck, le Rameau

Quelques outils daccompagnement

Accompagner le changement

Accompagner aujoudhuiLa double mission des regroupements associatifs

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Il faut aider les dirigeants passer de logiques budgtaires des logiques de stratgie financireInterview de Denis Dementhon, Cnar Financement

Quand les pouvoirs publics investissent laccompagnement Dynamiques territoriales

La Vie associative N 15 Juin 2011

Soutenir laccompagnementDirecteur de la publication : Andr Leclercq Responsable de la rdaction : Hubert Allier (vice-prsident de la CPCA, en charge de MUTAsso). Rdaction : Marie Lamy (CPCA) Hlne Spoladore (La Pirogue) Ont particip ce numro : Brigitte Giraud (vice-prsidente de la CPCA, en charge de MUTAsso), Batrice Delpech (dlgue gnrale), Stphanie Rizet (CPCA). Illustrations : Flow Maquette : Stphane Prvt Publication dite par la CPCA : 28, place Saint-Georges 75009 Paris Tl. 01 40 36 80 10 [email protected] www.cpca.asso.fr ISSN : 1761-9149 Dpt lgal : juin 2011 dite en 3 500 exemplaires Impression : Chevillon Imprimeur, 26, boulevard Kennedy 89101 Sens Publication ralise avec le soutien de la Caisse des dpts et de la Mission conomie sociale de la Direction gnrale de la cohsion sociale (DGCS). Nos partenaires, le Crdit Coopratif, le Groupe Chque Djeuner, Chorum et la Maif, nous soutiennent au titre du mcnat dentreprise pour le dveloppement dun mouvement associatif organis, autonome et dintrt gnral. Vous pouvez commander ce numro par mail [email protected] ou en tlchargeant le bon de commande sur www.cpca.asso.fr. Le PDF de cette publication y est librement tlchargeable. Exemplaire papier (frais de port inclus) : 1 exemplaire : 5 e Abonnement dun an (3 numros) : 12 e

ditorialHubert Allier, vice-prsident de la CPCALes associations ancrent leur lgitimit dans la valorisation dun projet inscrit dans un territoire de vie, de travail en mettant en mouvement divers acteurs. Les activits dployes relvent souvent dune mission dintrt gnral en contribuant au maintien et au renforcement de la cohsion sociale par une meilleure accessibilit de services aux populations. Les profondes et nombreuses mutations qui touchent notre socit questionnent le monde associatif et ses dirigeants. Comment sadapter ce nouvel environnement tout en maintenant ce qui fonde lengagement associatif comme dterminant dune manire dentreprendre solidaire ? Les besoins voluent, les attentes et exigences galement. Certains repres traditionnels se dplacent du fait des rformes en tout genre administratives, normatives, budgtaires mais galement rpublicaines avec la rforme de ltat et des collectivits territoriales ou globalisantes avec lEurope et la mondialisation. Les modes de vie, la dmographie ne sont plus tout fait ceux dil y a quelques annes. Bref dans ce nouveau contexte, les conseilleurs sont nombreux qui prodiguent leurs recettes et leurs recommandations. Sinterroger sur dautres modalits de gouvernance, de participation, de financement, dadquation statutaire est ncessaire. Y rpondre en lieu et place des personnes qui sont engages et comptentes lest beaucoup moins. Lconomie, la gestion ne sont, en effet, pas les seuls horizons de lassociation. Le projet sociopolitique compte tout autant. Do limportance que le monde associatif soit lui-mme acteur de son dveloppement. Ce qui ne signifie pas exclusivit dans laccompagnement pour et par les associations. Tout type dorganisation a besoin dtre interpell par dautres pour se conforter et les dispositifs existent pour cela, peut-tre trop nombreux et pas assez coordonns. Dans le monde complexe daujourdhui lassociation ne peut plus vivre isole, elle se doit dappartenir un (des) rseau(x) qui va dmultiplier ses comptences politiques et techniques, et mettre disposition des ingnieries diverses dont celle de laccompagnement. La reconnaissance des ttes de rseau par les pouvoirs publics dans leur fonction politique comme technique, dans leur comptence est un des moyens permettant ladaptation et le dveloppement du non lucratif tout en prservant lessentiel.La Vie associative n 15 Juin 2011

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Un concept, des enjeuxL accompagnement des associations nest pas une dmarche nouvelle. Longtemps assur par les seuls regroupements associatifs, il a galement bnfici de lappui des pouvoirs publics depuis plusieurs annes. tel point que les dispositifs et les offres daccompagnement se sont multiplis, selon des pratiques qui peuvent savrer assez loignes les unes des autres. On peut ds lors sinterroger sur ce qui constitue un accompagnement efficace dans le secteur associatif, mais plus encore sur les enjeux dune telle fonction. Car si pendant longtemps les associations ont pu exercer leurs activits dans une relative autonomie, les transformations lgales, rglementaires, environnementales ou dmographiques qui les affectent aujourdhui rendent plus que jamais ncessaire leur accompagnement. Dans ce contexte, les regroupements associatifs doivent relever le dfi de laccompagnement aux mutations sectorielles.4La Vie associative n 15 Juin 2011

Dfinir laccompagnementSi depuis deux dcennies au moins, les fonctions daccompagnement se sont dveloppes dans le secteur associatif, elles recouvrent une diversit dusages. Pour autant, peut-on dfinir laccompagnement ? Lmergence de cet enjeu impose que lon sarrte un instant sur ce quaccompagner veut dire. Tentative de dfinition de la notion par Maela Paul, docteur en sciences de lducation et ric Pallandre, praticien de laccompagnement.ric Pallandre poursuit : Laccompagnement des associations, cest tre ct dune quipe qui est dans une dynamique, cheminer avec elle, se mettre en mouvement avec elle . Pour Maela Paul, accompagner est donc tre avec autant qualler vers : il y a l une notion dintentionnalit ou de projet qui tend aujourdhui prendre le pas sur la dimension relationnelle proprement dite. Or laccompagnement ne peut se penser sans cette dimension relationnelle [accompagnateur/accompagn], imbrique des dimensions temporelle [cheminement dans le temps] et spatiale [vers un but donn]. On peut y ajouter une dimension individualise, de cousu main pour reprendre les termes dric Pallandre : un accompagnement sadapte une trajectoire, des problmatiques et des besoins particuliers, et la capacit de lassociation se mobiliser. Une exprience daccompagnement qui sest avre efficace un moment et dans un lieu donn ne le sera peut-tre pas ailleurs.

omme le relve Maela Paul, docteur en sciences de l'ducation, depuis les annes 1990, tous les s e c t e urs professionnels se sont vus concerner dune certaine manire par la question de laccompagnement et le mot est pass insensiblement du vocabulaire familier au vocabulaire professionnel , comme allant de soi et sans tre vritablement dfini, fdrant tout en distinguant des notions aussi diverses que coaching, tutorat, parrainage, counselling, etc. . Elle ajoute : L accompagnement se rvle donc faire partie de ces termes dont la fortune dpasse le langage et qui modifient cependant des politiques, des usages, des pratiques. Comme il est inscrit dans des pratiques, laccompagnement na, pendant longtemps, fa i t lobjet daucune dfinition.

C

Cheminement partag tymologiquement, accompagner renvoie laction de partager son pain avec dautres [ad (aller vers), cum

(avec), panis (pain)]. On peut ainsi y voir une dimension de solidarit, presque religieuse, mais dans accompagner , je vois avant tout lide de mouvement (se joindre quelquun pour aller o il va), daction (fa i r e quelque chose en mme temps que lui), de complmentarit, comme le carr de chocolat accompagne le caf , dveloppe ric Pallandre, accompagnateur de projets au sein de la cooprative dactivits et demploi Oxalis. Pour Maela Paul, laccompagnement est ce qui vient sajouter dans la dfinition courante . Par exemple, en musique, laccompagnement dsigne laction de jouer une partie de soutien la partie principale. Le mot accompagnateur apparat au XXe sicle pour dsigner celui qui accompagne temporairement ou occasionnellement un groupe de personnes ou un individu en dplacement. L accompagnant reste un passeur, celui par lequel une autre exprience va tre possible , le passage dun tat un autre. Partage, soutien ou dplacement, autant de termes qui caractrisent laccompagnement associatif.

lcoute dun projetPour ric Pallandre, la posture daccompagnement suppose denclencher un processus dempowerment1, elle vise mobiliser les comptences des personnes, donner des forces la dynamique associative et lui faciliter la mise en uvre de projets. Pour quil y ait accompagnement, il faut quil y ait projet : cest--dire, une mise en mouvement qui ait un sens, qui rponde une orientation choisie , poursuit Maela Paul. Ce qui suppose quelques pralables : une situation prsente ressentie comme insatisfaisante ou amliorable, lide quelle vaut la peine dtre change, une vision de ce qui existe et de ce qui pourrait tre mis la place, et le dsir dentreprendre ce changement, den tre lacteur. ..La Vie associative n 15 Juin 2011

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.. Laccompagnement est une posture dcoute des diffrentes parties prenantes : les dirigeants bnvoles (les premiers porteurs du projet), les salaris, souvent professionnaliss, les adhrents, les usagers, les bnficiaires, les partenaires financiers, dans une optique de dmarche part i c i p ative. Jessaie de me mettre lcoute des besoins et des dynamiques pour les mettre en lumire, puis en synergie qui fait quoi, avec quelles ressources, quelles intentions, etc. ? pour proposer une dmarche de co-construction , tmoigne ric Pallandre. Les notions de diagnostic et de prescriptions renvoient cependant un ct pathologique de la dmarche. Or, il peut ne pas y avoir de problmes, mais juste des envies dinitiatives, de dveloppement ou dinnovation. Cest aussi stimulant ! constate-t-il.

AutonomiePour Maela Paul, laccompagnement renvoie tout autant une autorit ex p e rte et des comptences professionnelles, quau partage mutuel et la transmission, pour aller vers lautonomie. L accompagnement peut viser imaginer un nouveau modle conomique qui permette la structure de sortir de la tutelle des autorits (tat, institutions, collectivits), dans un contexte de rarfaction des financements publics. Mais autonomie nest pas indpendance : les associations agissent dans un contexte lgal, rglementaire, conomique, social, territorial qui limite leur indpendance. Elles font souvent dans un cadre contraint. Mais ds lors quelles acceptent et intgr e n t ces rgles et ce contexte leur projet, peut-on dire pour autant quelles ne sont pas autonomes ? Si laccompagnement est mis en place pour des raisons politiques, juridiques et conomiques, rappelle Maela Paul, il appartient nanmoins aux professionnels de saisir sa mise en uvre comme une opportunit de contribuer linstauration de relations dun autre genre, cest--dire qui ne soient pas dvoyes par un modle dominant / domin. L accompagnement se fa i t dans la confiance ou la non-ingrence, pas dans la domination, ni dans lindiffrence. Il ne se conoit que comme un cheminement partag. Seule lassociation concerne est habilite dire ce quil en est de sa situation et ce quelle voudrait y changer. Toute contrainte exerce, toute tentative de persuasion, ne prpare quun chec diffr , rappelle Maela Paul. ric Pallandre dplore linfantilisation luvre dans certaines situations lorsque, par exemple, une dmarche daccompagnement est impose par tel ou tel financeur. Diagnostic et plan daccompagnement peuvent alors ne pas tre partags, voire mme tre imposs : Peut-on alors encore parler daccompagnement ? sinterroge-t-il, rappelant limportance pour la structure accompagne de dcider elle-mme de la personne qui laccompagne et des objectifs de cet accompagnement, ce qui nest pas toujours le cas .

Accompagner la responsabilit socialeAinsi peut-on identifier quelques principes la base dun accompagnement des associations : une approche souple, centre sur les besoins de lassociation, et non une approche technique dont le protocole serait rgl lavance, une dmarche qui mise sur les comptences et le dynamisme en place, et ne se substitue pas eux, un quilibre entre laction et la rflexion au sein dun processus global, qui nest ni statique ni linaire, une relation de partage, dans la reconnaissance des expertises respectives. Appuyer la mobilisation locale et collective au travers de laccompagnement des associations repose sur la conviction quaucun partenaire ne peut parvenir seul faire face la complexit des dfis auxquels les territoires doivent rpondre. Chaque association dveloppe ses activits et son projet dans un champ particulier : pratiques artistiques et culturelles, prservation de lenvironnement, insertion par lactivit conomique, etc. Autant denjeux socitaux que les associations prennent en responsabilit au nom de tous. Le pralable de tout accompagnement est sans doute de reconnatre leur apport la vie dmocratique et leur utilit sociale, leur contribution lintrt gnral reconnue par la Charte des engagements rciproques2 et raffirme par Franois Fillon lors de son discours de clture de la dernire Confrence de la vie associative en 2009. Terme anglais traduit par autonomisation ou capacitation, cest la prise en charge de l'individu par lui-mme, de sa destine conomique, professionnelle, familiale et sociale. 2 Signe le 1er juillet 2001 l'occasion du centenaire de la loi 1901 par le Premier ministre et le prsident de la CPCA.1

Mettre en mouvement On naccompagne pas un projet isol, rappelle Maela Paul, mais un projet apprhend comme une unit tisse avec un environnement (social, professionnel, culturel, territorial), partie prenante dune histoire, dune culture et de liens. Les besoins des structures accompagnes ne se comprennent que dans des environnements, des territoires de vie qui disposent (ou pas) de ressources en matire de services, demplois, de vie sociale et qui peuvent tre facilitateurs ou obstacles la ralisation des objectifs dun projet. Autre apport de laccompagnant : il permet la distanciation par rapport au projet ou une situation dans laquelle lassociation est englue. Pour Maela Paul, plus laccompagnant diversifie les modalits de dcentration et daide la prise de conscience , plus il permet laccompagn de prendre du recul et dtre en mesure dexercer son pouvoir, dagir dans la situation qui est la sienne. Cest la base de lautodtermination (capacit prendre librement ses propres dcisions), de lautorfrenciation et de lautorgulation (capacit utiliser et adapter ses ressources en cours dexprience). 6La Vie associative n 15 Juin 2011

Pour aller plus loin Maela Paul, L'Accompagnement : une posture professionnelle spcifique, Paris, L'Harmattan, 2004. Maela Paul, Autour des mots : ce quaccompagner veut dire , Recherche et Formation, n 62/2009, INRP, 2009.

Le positionnement de la CPCA

L accompagnement pour et par les associationsLa professionnalisation, les nouvelles modalits de partenariat avec les pouvoirs publics, la concurrence dans laccs aux financements, les transformations de lengagement citoyen contraignent les associations faire voluer leur mode de fonctionnement. L accompagnement devient alors un enjeu central pour lavenir de la vie associative. Dans ce contexte, le rle des regroupements associatifs doit tre raffirm car il garantit la qualit des interventions et le respect des projets associatifs. Le renforcement de leur fonction daccompagnement doit se faire dans le cadre dune politique publique pense pour et par les associations, et tre considr comme un investissement conomique, social et citoyen rentable.

Un sujet politiqueDepuis une dizaine dannes, la question de laccompagnement est devenue un enjeu central pour le dveloppement de la vie associative. Lapparition du dispositif local daccompagnement (DLA) a notamment contribu formaliser le sujet. Avant la mise en place de ce dispositif, le terme accompagnement tait peu employ bien que les rseaux associatifs et les pouvoirs publics aient toujours eu le souci de dvelopper des dispositifs dappui, dencadrement, de professionnalisation des acteurs. Aujourdhui, laccompagnement est entendu comme processus global impliquant lintervention dun ensemble dacteurs (dimension relationnelle) apportant des comp-

tences en rponse aux besoins des associations (dimension dadaptation) et permettant le dveloppement ou la consolidation de leurs projets (dimension temporelle). Il concerne une multiplicit dacteurs, de pratiques professionnelles, de secteurs dactivits. Il peut relever dune approche mtier travers des actions de professionnalisation de lactivit de lassociation, de ses bnvoles, de ses salaris. Certains dispositifs, en revanche, axs sur la refonte du projet associatif ou llaboration de stratgies de consolidation, apportent un appui densemble lorganisation. Pour parer lisolement des acteurs associatifs, laccompagnement est devenu une fonction essentielle de la vie associative qui fait lobjet de nombreux dbats, de conflits ..La Vie associative n 15 Juin 2011

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.. de territoires et de comptences. Il simpose pourtant comme une rponse cruciale aux profondes mutations de lenvironnement des associations. Compte tenu de limportance des besoins, il comporte donc, au-del de ses aspects techniques, une dimension minemment politique.

Des besoins croissantsLes chiffres lattestent, les besoins daccompagnement sont de plus en plus importants. Selon un sondage CPCA / Avise / CSA davril 20111, plus de 60 % des associations estiment que des points de blocage freinent leur dveloppement et la consolidation de leurs activits. Lvolution des ressources financires des associations (rarfaction des financements de ltat, effets fragilisants de la crise conomique) impose notamment quelles soient accompagnes dans la consolidation et la diversification de leur financement. Pour survivre dans un cadre financier de plus en plus contraint, ces dernires doivent tre mme dapprhender ces volutions, de les anticiper, alors mme que leur gestion quotidienne est de plus en plus lourde et contraignante. Elles sont ainsi trs nombreuses estimer utile trs utile dtre accompagnes dans leur recherche de financement public (prs de 70 %) et dans le dveloppement de partenariats avec les entreprises (plus de 60 %). La monte en force de logiques de march et les volutions du contexte juridique et administratif renforcent ce besoin dappui. Ainsi, par exemple, plus dune association sur deux souhaiterait tre accompagne dans la mise en place dune convention pluriannuelle dobjectifs (CPO) avec un partenaire public. L volution de lengagement collectif dclenche aussi des besoins daccompagnement : un appui au recrutement des bnvoles et leur fidlisation est un besoin ressenti par une trs grande majorit dassociations (respectivement 60 % et 58 % dentre elles), qui peinent mobiliser cette richesse que constitue lengagement de citoyens volontaires, de plus en plus forms et comptents. Ces nombreux besoins dappui ressentis par les associations sont la preuve quelles ont conscience de cette ncessit dvoluer et de transformer leur faon de faire sous peine dune perte defficacit et de sens de leur action.

des acteurs qui interviennent dans le soutien aux associations contribue au manque de lisibilit, la stratification des dispositifs, voire la concurrence entre eux. Pour y remdier, diffrents types dacteurs tentent dapporter des rponses. loffre des acteurs privs dont la mission principale est le soutien aux associations, tels que France Active ou les points dappui la vie associative (PAVA), ou dacteurs se situant linterface entre les collectivits territoriales et les petites associations tels que Rseau national des maisons des associations (RNMA), sajoutent les pratiques et les dispositifs encadrs ou coordonns par les pouvoirs publics (DLA / DDVA2 / Crib3), et les pratiques qui sinscrivent parmi les missions des coordinations, des fdrations ou des regroupements associatifs.

Manque de lisibilit et de cohrenceDepuis une vingtaine dannes, ltat et les collectivits locales sinvestissent auprs des associations au-del de leurs apports financiers, avec pour objectif de les soutenir et de leur apporter une expertise. Leur appui prend diffrentes forme : guichets daccueil dans les prfectures et les services dconcentrs de ltat ( limage des DDVA), labellisation ou conventionnement de structures dappui, information ou conseil la vie associative, centres de ressources (tels que les Crib), maisons dassociations municipales, mise disposition de crdits dingnierie accords des prestataires (par le biais du DLA notamment). Pourtant, force est de constater que ces diffrents dispositifs daccompagnement ne sont pas guids par une relle stratgie des pouvoirs publics la hauteur des enjeux socioconomiques. Ils savrent assez peu lisibles. Leurs modalits dintervention et la nature des comptences apportes restent souvent assez difficiles distinguer et mriteraient un effort de clarification. De plus, leur mise en uvre est souvent trs variable dun territoire lautre limage des DDVA plus ou moins actifs et financs selon les territoires, ou des Crib dont louverture lensemble de la vie associative est trs variable. Quant aux DLA, ils sont marqus par une grande diversit dapproches selon les territoires et la culture des structures qui en assurent le portage. Enfin, sils sont construits dans un souci de complmentarit avec les i n i t i a t iv dj prsentes localement, leur cohrence es dpend fortement de linvestissement des acteurs publics territoriaux et de leur sensibilisation sur le sujet. Ils souffrent parfois de la difficile articulation entre les objectifs de la puissance publique et ceux des acteurs locaux.

Varit des rponsesLampleur de ces besoins ncessite des ressources en accompagnement diversifies et aisment accessibles qui permettent aux structures associatives de se renforcer, daccrotre leur utilit sociale, de mieux rpondre aux besoins sociaux croissants et de contribuer la cohsion sociale des territoires. Aujourdhui, la grande diversit des pratiques et8La Vie associative n 15 Juin 2011

Des rponses encore trop circonscritesOn peut galement dplorer lampleur restreinte de ces dispositifs, aussi varis soient-ils. Le DLA, dispositif le

les dispositifs existants de soutien la vie associative, a point linsuffisante dotation du dispositif des CRIB. Il a galement mis en vidence le besoin dun maillage entre les acteurs des diffrents dispositifs territoriaux. Ce rapport fait apparatre que ces dispositifs sont mal connus des associations auxquelles ils sadressent pourtant : une enqute auprs de plus de 1 800 associations fait apparatre que seules 51 % dentre elles connaissent le Fonjep5, 45 % les Crib, 42 % les DDVA, 10 % le CDVA et 6 % les MAIA6.

La rponse historique des regroupements associatifsAux cts de ces acteurs publics et privs, les rseaux et les regroupements associatifs sont amens dvelopper des comptences en matire daccompagnement comme en tmoignent les exemples dappui de fdrations ou coordinations prsents dans ce numro. ct de leur mission de valorisation du secteur et de sa reprsentation auprs des pouvoirs publics, les regroupement associatifs assurent une fonction danimation et de soutien leurs membres. Laccompagnement et lappui sinscrivent historiquement dans leur mission et constituent une de leurs raisons dtre. Le sondage CPCA / Avise / CSA sur les besoins dacplus dot et le plus abouti, ne permet daccompagner que compagnement nous indique que 64 % des associations 4 % des 180 000 associations employeurs. Quid des 85 % disent adhrer un rseau pour lappui technique quil leur dassociations qui nont pas de salari ? Alors mme quil a apporte et pour le partage, lchange et la mise en lien quil fait la preuve de son efficacit, de son utilit et de sa perti- permet. Lappartenance un rseau, qui concerne prs de nence pour consolider et accompagner les associations dans 60 % des associations en France7, influe effectivement sur leur problmatique de dveloppement4, le projet de loi de la prennit, la consolidation et le dveloppement des profinances pour 2011 prvoyait une diminution de ses crdits. jets associatifs. Par consquent, les associations fdres ou Le lobbying conduit par la CPCA et lAvise, en partenariat regroupes disparaissent moins que les autres et se dveavec le Conseil national des CRES, a nanmoins permis loppent mieux. que ses crdits soient reconduits la mme hauteur quen Les actions de soutien collectif des rseaux leurs mem2010. bres peuvent prendre des formes varies. Il peut En permettant aux structures accompagnes de prenniser sagir de diffusion dinformation, de production doutils, de leurs emplois, de bnficier dun meilleur ancrage local et rencontres, de mutualisation, dchanges de pratiques, de dune plus forte confiance de la part de leurs financeurs, le rflexion commune, de programmes de formation des bnDLA constitue bien une politique publique structurante pour voles. Ainsi, le rseau permet de mettre disposition des les associations et mriterait dtre largi un plus grand associations un ensemble de ressources collectives, qui nombre de bnficiaires. Esprons que la mission dva l u a- contribuent laccompagnement des projets. tion annonce par le Premier ministre loccasion de la Fdrations et coordinations associatives apportent aussi Confrence nationale de la vie associative de 2009 prescrira des rponses plus individualises ces besoins daccompadinscrire son dveloppement dans une perspective plurian- gnement travers du conseil par des conseillers techniques, nuelle et de couvrir les besoins non couverts. ou des dispositifs formaliss daccompagnement pour des Par ailleurs, un rapport de lInspection gnrale de la jeu- besoins spcifiques reprs comme rcurrents. nesse et des sports doctobre 2009, qui fait le point sur tous ..La Vie associative n 15 Juin 2011

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.. Quelle que soit leurs modalits de soutien, elles rpondent au besoin dune vision transversale dun secteur dactivit, de ses enjeux, de ses spcificits, qui est une condition pour que les projets associatifs ne se dveloppent pas de manire isole. En plus de jouer les intermdiaires avec les pouvoirs publics, les rseaux apportent donc une vision prospective essentielle leurs membres.

Le projet associatif au cur des pratiques des rseauxFace au cloisonnement des dispositifs, la carence de pilotage politique, au manque de moyens et aux modes de gestion souvent trs techniques, la CPCA appelle de ses vux la mise en place dune politique publique de laccompagnement pour et par les associations. Le mouvement associatif organis doit tre un acteur majeur de cette politique car il apporte une rponse spcifique centre sur le projet associatif. Certes, les acteurs de laccompagnement sont divers et aucun dentre eux ne peut prtendre dtenir seul les cls de laccompagnement des associations. Pour autant, laccompagnement ne peut tre envisag travers des dmarches disperses auprs dassociations particulires. Cest pourquoi les regroupements associatifs ont un rle essentiel jouer au sein du processus daccompagnement. L accompagnement assur par les regroupements dassociations prsente la particularit de sarticuler la fois autour du projet de lassociation mais galement autour du projet plus global du rseau auquel elle est affilie. Cela permet dinscrire laction daccompagnement dans un cadre politique collectif et de donner du sens ce type de dmarche. Dans cette logique, les associations ne sont pas seulement considres comme des acteurs conomiques mais bien comme des initiatives citoyennes. Par sa connaissance du secteur dactivits dans lequel il intervient, le rseau est aussi le plus mme dapporter un accompagnement stratgique. Sa position transversale lui permet de replacer le projet associatif au cur de son environnement, de linscrire dans des logiques sectorielles et territoriales.

les structures. En cela, ils ont tendance tre plus adapts aux projets associatifs ; les structures se lapproprient donc plus facilement. Limplication des rseaux est aussi une condition pour que laccompagnement reste une dmarche volontaire, et non une rponse aux seules exigences des financeurs. Ainsi, laccompagnement du mouvement associatif organis a la particularit de placer le projet associatif au coeur de sa dmarche, en linscrivant dans les dynamiques transversales, territoriales ou sectorielles. Il facilite le lien entre dimensions techniques et politiques de laccompagnement. Enfin, il cre des ponts entre les besoins particuliers des associations et les dynamiques collectives au sein dun regroupement associatif.

Articulation de loffre des rseaux et de laction des pouvoirs publicsCette singularit de lintervention des rseaux associatifs doit les conduire participer la dfinition, la mise en oeuvre et lvaluation des politiques publiques daccompagnement en affirmant la spcificit de leur intervention. Cest lobjet du dialogue civil. cet gard, la prsence des acteurs associatifs lors de llaboration des dispositifs publics daccompagnement, mais galement dans leur fonctionnement au sein des comits de pilotage est indispensable. Limplication des rseaux dans un dispositif comme le DLA prouve que leur expertise en matire daccompagnement sur des questions techniques (dveloppement du projet, consolidation de lemploi, appui la gestion, diversification des ressources financires) est reconnue. Les associations porteuses de DLA sont un exemple de cette ncessaire complmentarit daction entre offre du mouvement associatif et dispositifs publics daccompagnement. Elles peuvent y affirmer leur spcificit au sein dapproches non seulement techniques et conomiques, mais aussi qualitatives des projets associatifs. Un tel portage permet de se situer la croise entre les valeurs dfendues par un regroupement associatif, ses capacits techniques et les dispositifs de soutien initis par ltat. Plus gnralement, larticulation entre les offres daccompagnement doit faire lobjet dune rflexion dans le cadre dune politique publique daccompagnement pour et par les associations, en sinspirant des dmarches visant la structuration territoriale des offres8. Se fondant sur une identification des acteurs de laccompagnement et cherchant clarifier les fonctions de chacun de ces acteurs et les diffrents types de soutien apports aux associations, elles devront faire lobjet dun consensus sur la notion et son utilit. Plus gnralement, ces complmentarits ne pourront tre trouves que dans la concertation. Elles doivent tre pda-

thique de laccompagnementL action des rseaux dans le soutien aux associations est aussi une condition pour garantir une certaine thique de laccompagnement. Il permet de contrecarrer les logiques purement gestionnaires ou comptables quon tente parfois de leur imposer et dviter que laccompagnement ne fasse tendre les associations vers un modle de gestion unique (souvent directement issu du secteur marchand) en contradiction avec leur projet associatif. Ainsi, les outils proposs par les rseaux leurs membres sont construits en lien avec10La Vie associative n 15 Juin 2011

gogiques et faire lobjet dune large information aux associations. Il est important enfin quelles soient construites dans un partenariat de qualit.

dengagements rciproques entre ltat et les associations, et se construire comme une dclinaison thmatique de la Charte des engagements rciproques signe en 2001. Pour les premiers rsultats de ce sondage, cf. p. 12. Une synthse sera disponible en juin sur le site de la CPCA : www.cpca.asso.fr, rubrique MUTASSO / Accompagnement. 2 Dlgu dpartemental la vie associative. 3 Centre de ressources et dinformation des bnvoles. 4 Rsultats de deux tudes dimpacts successives menes en 2009 et 2010 conduite par lAvise et le Cnar financement. 5 Fonds de coopration de la jeunesse et de l'ducation populaire. 6 Mission daccueil et dinformation des associations. 7 Cf. rapport de Viviane Tchernonog , Ressources, financements publics et logiques daction des associations, XVIe colloque de lADDES, 7 juin 2001. 8 Dmarches territoriales Diva en Picardie, Fonds rgional daccompagnement en Midi-Pyrnes, action partenariale nationale CPCA / Avise / RNMA / Choru m / Usgeres / Crdit coopratif autour de laccompagnement des petites et moyennes associations employeurs.1

La ncessaire reconnaissanceLes enjeux dcisifs lis laccompagnement doivent amener les financeurs publics et privs le reconnatre comme un investissement conomique, social et citoyen rentable. Cela passe notamment par une meilleure prise en compte financire de ce type de dmarche par les pouvoirs publics. Compte tenu de la place essentielle des rseaux associatifs dans ce processus, leur donner les moyens de valoriser leur action daccompagnement est un impratif. Aujourdhui, les conventions dobjectifs passes avec ltat ne financent pas, le plus souvent, le volet accompagnement de laction des fdrations, coordinations ou regroupements associatifs car celui-ci est considr comme du fonctionnement interne et relve donc des ressources propres de lassociation. Les rseaux se trouvent donc dans lobligation de justifier les moyens demands pour cette fonction. Pour permettre laccompagnement pour et par les associations, il est indispensable que cette fonction fasse lobjet dun financement spcifique. Le financement de cette fonction doit aller plus loin ; il doit aussi permettre de doter les rseaux doutils dobservation systmatique du milieu, de ses besoins et de reprer les comptences qui garantissent une constante adaptation de leur offre lvolution de ces besoins. Afin de ne pas inverser la logique de laccompagnement cens rpondre aux besoins de la vie associative, les rseaux doivent tre mme de faire remonter les besoins. Cest une condition pour viter que loffre suggre la demande en ignorant le besoin rel. Paralllement, il importe que les rseaux valorisent cette fonction daccompagnement auprs des pouvoirs publics, la formalisent comme telle auprs de leurs financeurs, notamment en se mettant daccord sur un vocabulaire commun pour la qualifier. Tous doivent linvestir la hauteur de lenjeu quelle reprsente.

Pour une concertation nationaleCompte tenu des enjeux noncs, une concertation nationale sur le dveloppement durable de la vie associative et de son accompagnement savre indispensable. Elle devra prendre en compte le rle essentiel des regroupements associatifs dmontr ici, son articulation avec les dispositifs publics, le changement dchelle, la cohrence et la lisibilit de ces derniers et les logiques territoriales luvre dans la structuration des acteurs de laccompagnement. Concrtement, la concertation pourrait prendre la formeLa Vie associative n 15 Juin 2011

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Un concept, des enjeux

Un environnement mouvant, des besoins relsLa connaissance des besoins associatifs est une condition essentielle de lefficacit et de la pertinence de loffre daccompagnement. Pour mieux cerner ces besoins, la CPCA et lAvise, en partenariat avec le CSA, ont consult les associations sur leurs besoins dappui. En moins dun mois (mars 2011), plus de 2 500 associations ont rpondu ce sondage en ligne, preuve de lintrt du sujet et signe que laccompagnement est dsormais un enjeu pour le dveloppement de la vie associative. Les rsultats globaux seront disponibles en juin sur le site de la CPCA et prsents lassemble gnrale de lAvise du 22 juin.

Des points de blocage largement ressentis, surtout pour les associations environnementales et de dveloppement localLa plupart des associations interroges (61 %) et plus particulirement les associations du secteur de lenvironnement / dveloppement durable (75 %) et de dveloppement rural (69 %), ont le sentiment quelles pourraient se dvelopper davantage mais que ce dveloppement achoppe sur des points de blocage. Pour ces deux derniers secteurs, les difficults aigus ont sans doute voir avec les rcentes volutions de lenvironnement institutionnel. Les associations de dfense des droits et des causes (65 %), du tourisme social (64 %), de lducation (64 %), du social/mdico-social/sant (63 %) et de la culture (63 %) partagent aussi largement ce sentiment de difficults.

Des difficults lis aux aspects financiers et humainsLes difficults les plus largement partages par les associations sont lies prioritairement aux aspects financiers (manque de financement, dont financement public) et humains (manque de salaris et de bnvoles) comme lindique le graphique cicontre. 12La Vie associative n 15 Juin 2011

Des besoins dappui lis lenvironnement externe des associationsLes besoins dappui portent prioritairement et massivement sur les partenariats et le financement, la communication et la recherche de bnvoles. Ils concernent donc essentiellement des aspects lis lvolution de lenvironnement externe des associations et portent moins sur les aspects internes tels que leur structuration financire, la gestion de leur activit ou encore leur projet associatif et leur stratgie.

Recrutement et fidlisation des bnvolesLes besoins concernant le bnvolat portent essentiellement sur le recrutement et la fidlisation des bnvoles. Respectivement 60 % et 58 % des associations estiment quun appui sur ces thmes serait utile trs utile, dont une trs grande majorit dassociations sportives, de solidarit internationale et humanitaire, et denvironnement / dveloppement durable. La formation des bnvoles et des dirigeants bnvoles fait aussi lobjet dune demande dappui, essentiellement de la part des associations sportives.

Des rponses insuffisantesLes associations qui ont dj t accompagnes (les 2/3 des structures interroges), trs reprsentes dans les secteurs de lIAE, du mdico-social et du dveloppement rural, ont bnfici dappui la consolidation de leur projet et sur leur stratgie de dveloppement (57 % dentres elles) et assez peu sur leurs partenariats financiers (27 % dentre elles), alors mme que les besoins en la matire savrent trs importants. Loffre actuelle semble insuffisamment dveloppe pour rpondre ce type de besoins pourtant largement partags.

Des besoins de consolidation demploisLa trs grande majorit des associations employeurs (prs de 6 sur 10) ressentent le besoin dtre accompagnes dans la consolidation et la prennisation de leurs emplois, notamment aids (une association employeuse sur deux).

Fdrations et DLA, les acteurs les plus pertinents pour accompagner les structures Les partenariats et la recherche de financement : des besoins prioritaires partags par tousPrs de 7 associations sur 10 jugent utile dtre accompagnes dans leur recherche de financement public et plus de 6 sur 10 dans leur recherche de financement priv et le dveloppement de partenariat avec les entreprises. Ces besoins font cho la rarfaction des fonds publics et la concurrence de plus en plus forte dans laccs au financement. Par ailleurs, les structures sont nombreuses (70 %) ressentir des besoins dappui pour laborer leur stratgie et leurs outils de communication. On peut relier ce besoin la ncessit quelles ont de valoriser leur activit auprs de leurs partenaires financiers potentiels. Pour une grande majorit des associations des secteurs de lenvironnement / dveloppement durable (61 %), du dveloppement rural (59 %), de linsertion par lactivit conomique (57 %) et du social/mdico-social/sant (56 %), le besoin dappui la mise en place dune convention pluriannuelle dobjectifs (CPO) savre trs important. Lappui la recherche de financements europens est quant lui un besoin trs fort pour la plupart des associations du secteur de lducation (66 %), de lenvironnement (63 %), de la culture / communication (62 %). Dans le secteur du sport, les besoins concernent plus la recherche de mcnat (61 % des associations sportives interroges) et le dveloppement de partenariat avec les entreprises (65 % dentre elles). Idem pour les associations culturelles et de solidarit internationale qui expriment fortement ce besoin dappui la recherche de mcnat. Les associations fdres attendent de leur fdration quelle rponde leur besoin dappui. Une grande majorit dentre elles (54 %) considrent la fdration comme lacteur le plus pertinent pour les accompagner. Le DLA est aussi largement plbiscit, surtout par les associations qui en ont dj bnfici. Les associations non fdres se tournent prioritairement vers les acteurs spcialistes de laccompagnement ( 44 %) et vers le DLA pour 39 % dentres elles.

La Vie associative n 15 Juin 2011

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Un concept, des enjeux

Accompagner le changementLes rseaux associatifs ont toujours exerc des fonctions daccompagnement auprs de leurs membres. Mais ils doivent aujourdhui rpondre de nouveaux enjeux dans un contexte de changement, particulirement marqu dans le secteur associatif. Si ces volutions interrogent la technicit et la professionnalisation des associations, et donc laccompagnement technique des rseaux, elles posent aussi la question de leur mission de reprsentation politique. Comment sarticulent ces deux fonctions ?de rnovation des centres de vacances soutenu par le conseil rgional de Lorraine, lUnat3 accompagne ainsi les associations dans la formalisation de leur demande de subvention et participe linstruction de ces dossiers. Ces dernires annes, les rseaux ont cherch harmoniser les pratiques daccompagnement de leurs relais sur les territoires, pour permettre chacun de disposer des mmes ressources d veloppes collectivement au sein dun rseau devenu expert dans son domaine dactivit. Myriam Antoine, directrice de la dlgation Sport et Socit au CNOSF4 parle ainsi dune approche concerte de laccompagnement , Florence Lacaze de la Fal 445, rfrente de la mission nationale de la Ligue de lenseignement sur les centres de ressources, voque l harmonisation des pratiques des fdrations en matire daccompagnement par le biais des centres de ressources la vie associative la Ligue.

L

accompagnement des rseaux associatifs se caractrise par la richesse, la diversit, la multiplicit des actions dveloppes en appui leurs membres, preuves de leur lgitimit porter cette fonction qui constitue une de leurs raisons dtre. Il semble bien quaujourdhui, les fdrations ont lexpertise pour rpondre aux enjeux de mutations sectorielles qui affectent leurs membres.

Une fonction ancienne qui volueLadhsion un rseau associatif contribue en soi la structuration des projets, leur dveloppement et leur consolidation. Preuve en est, les associations affilies meurent moins que les structures isoles1. Po u rq u o i ? Parce que les confdrations et les coordinations accompagnent les projets sur le terrain, leur apportent des outils et des services quils nauraient pu dvelopper seuls. Laccompagne14La Vie associative n 15 Juin 2011

ment sorganise autour dactivits danimation et de soutien que lon retrouve dun rseau lautre : diffusion dinformation et de documentation, production doutils (guides pratiques, outils de gestion, rfrentiels qualit, etc.), mutualisation des connaissances, rflexion commune sur le secteur lors de journes dtude, formations, services (assurance, fonds de garantie, hot line technique ou juridique, etc.), veille lgale et rglementaire, centres de ressources, etc. L accompagnement peut tre collectif, mais les rseaux sengagent galement dans des actions individualises pour soutenir des projets dans une phase dlicate ou, au contraire, en plein dveloppement. L Unhaj2 accompagne ainsi la refondation de ses membres en difficult et ralise des tudes proprationnelles de faisabilit de projets de rhabilitation ou dextension. Si laccompagnement des rseaux est avant tout sectoriel, leur maillage territorial permet dinscrire les projets accompagns dans une logique de proximit. Dans le cadre dun programme

Quand les rseaux investissent le DLALa capitalisation des actions et des outils daccompagnement est aujourdhui recherche pour viter la dperdition de bonnes pratiques et renforcer les rfrences et valeurs communes. On peut parler du dveloppement dune intelligence collective , comme le relve ltude Fonda/CPCA, L'accompagnement pour les associations , parue en 2008. Mais la mutualisation des outils techniques et des mthodologies vise galement accrotre lefficacit de laccompagnement. Cet objectif est dailleurs au cur du dispositif local daccompagnement (DLA), mis en place par les pouvoirs publics pour consolider lemploi dans les associations, et qui peut tre port par les relais locaux des rseaux, fdrations ou comits territoriaux. Limplication

des rseaux dans les DLA prouve que leur expertise en matire daccompagnement sur des questions techniques (dveloppement du projet, consolidation de lemploi, appui la gestion, diversification des ressources financires) est reconnue. Mais leur expertise sectorielle lest ga l ement : les rseaux associatifs ont ainsi t sollicits pour porter les centres nationaux dappui et de ressources (Cnar) qui appuient le DLA quand il intervient auprs dassociations de leur secteur. Les Cnar sont ainsi devenus des lieux de rflexion sur les enjeux et les thmatiques de laccompagnement sectoriel, et de production doutils adapts au secteur. Avant la mise en place du Cnar Sport [port par le CNOSF], laccompagnement sur lemploi tait assur par le rseau Sport Insertion Emploi, explique Andr Leclercq, vice-prsident du CNOSF. LIFoMos (Institut de formation du mouvement sportif) intervenait sur la certification des encadrants techniques. Avec lmergence de la question de la professionnalisation, cest le Cnar Sport qui a pris en charge laccompagnement spcifique sur la professionnalisation. Quand LUnion nationale des CPIE6 qui porte le Cnar Environnement sest penche sur la question de la structuration financire des associations de son secteur, cest dabord dans le cadre du Cnar quelle la pose. DLA et Cnar sont donc devenus de nouveaux horizons de laccompagnement technique des coordinations associatives, au-del de leur rseau traditionnel.

tions, toutes employeuses, sont conscientes de la prcarit de leur modle conomique, de leur dpendance vis-vis des financements publics, mme si la vente de prestations contribue pour beaucoup leurs rsultats , explique Brigitte Giraud, directrice de lUnion nationale des CPIE. Les comptables avaient besoin doutils de pilotage pour conduire ces volutions. L Union et le Cnar Financement se sont donc lancs dans lanalyse des rapports fi n a nciers dassociations reprsentatives du secteur pour aboutir une typologie des modles conomiques. L ide est de construire des outils harmoniss de suivi de gestion pour mieux rendre compte de la ralit conomique du secteur, didentifier un standard pour que le rseau puisse parler globalement de son utilit sociale, mais travers le prisme conomique, et que les dirigeants sachent piloter conomiquement leur projet et le mettre en valeur , poursuit Brigitte Giraud. Coordination SUD7, les demandes dappui au dveloppement (communication, ressources humaines, recherche de fonds privs, vie associative) sont galement remontes du terrain ds 2006. Pour mieux accompagner les ONG dans leur dmarche de professionnalisation, la coordination a cr un outil spcifique, le Fonds de renforcement institutionnel et organisationnel (Frio), qui cofinance lintervention de consultants externes sur des problmatiques d'organisation. Ce fonds nest pas seulement un guichet, mais bien un moyen de reprer les besoins , constate Jean-Louis Vielajus, prsident de Coordination Accompagner le dveloppement SUD. Pour renforcer leurs capacits oprationnelles, les ONG peuve n t sappuyer sur un autre outil, le F3E Reste que laccompagnement sinscrit qui cofinance des tudes visant ambien dans les missions des regr o u p e- liorer leurs pratiques de coopration. ments associatifs pour rpondre aux Les besoins des associations sportienjeux qui touchent leur secteur, en ves sont sensiblement les mmes que premier lieu le dveloppement des dans dautres secteurs , reconnat associations affilies et la consolida- Myriam Antoine. Les actions daction de leurs activits. L Union natio- compagnement visent la structuration nale des CPIE sest ainsi engage dans du projet associatif, la structuration laccompagnement la structuration interne (rapport salaris/bnvoles, financire des centres permanents fonction employeur) et la structuration dinitiative pour lenvironnement, en financire, laccompagnement de partenariat avec le Cnar Financement. base permettant a minima didentifier Cette thmatique rpondait un vrita- des financements en cohrence avec le ble besoin sur le terrain. Les associa- projet .

Accompagner la professionnalisation Le mouvement sportif reprsente 180 000 clubs, cest le poids lourd du bnvolat , rappelle Andr Leclercq. Pourtant, le processus de professionnalisation npargne pas ce secteur. Cest la faveur du dispositif emploisjeunes, en 1997, que la question de la professionnalisation sest pose, alors que, pendant des annes, elle tait peu apprhende dans les clubs. Pour Myriam Antoine, les emplois-jeunes ont t un acclrateur de la professionnalisation. Ils ont conduit les associations sinterroger sur le sens de ce nouvel acteur dans lassociation, souvent le premier salari, et surtout sur celui de sa mission dans le projet associatif . Et alors que les clubs navaient jusqualors recrut que des entraneurs et des ducateurs, ils ont t incits recourir un salari comme agent de dveloppement. Les emplois-jeunes donnaient la possibilit aux clubs de se tourner vers lextrieur, de rpondre aux besoins du territoire et des populations , explique Andr Leclercq. Ce qui supposait de dfinir les profils de nouveaux postes par rapport au projet dinsertion territoriale, de sinterroger sur les moyens mettre en place (comptences bnvoles et salaries), et surtout de professionnaliser les dirigeants bnvoles, de les aider se donner les moyens de faire face ces nouvelles responsabilits . L accompagnement dispens par la Confdration et ses relais (CROS8, CDOS9 et fdrations) a donc pris une nouvelle orientation : appuyer les dirigeants de club sur la fonction employeur. Ce sont galement les exigences de professionnalisation qui ont conduit la Ligue de lenseignement mettre en place une mission nationale centre de ressources la vie associative . Nous partions dun constat : les obligations croissantes de professionnalisation de lactivit bnvole, lies notamment la fonction employeur , rappelle Florence Lacaze, de la Fal 44. Si bien que lappui au projet associatif a d voluer paralllement lappui militant et mthodologique la fonction politique. ..La Vie associative n 15 Juin 2011

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Accompagner les mutations sectoriellesTous les secteurs sont confronts des mutations qui, si elles ont des rpercussions sur les associations prises individuellement, interrogent le secteur dans sa globalit. La fonction dappui du rseau prend alors tout son sens. L accompagnement au changement est devenu un enjeu majeur des regroupements associatifs vis--vis de leurs membres. Jean-Louis Vielajus rappelle : Les ONG sont nes diffrentes poques, mais depuis 20 ans, elles sont toutes confrontes des changements qui affectent leurs actions et leur projet : chute du mur de Berlin, processus de dmocratisation au Sud, apparition dune socit civile organise, multiplication des crises, etc. Aujourdhui leur rle est plus daccompagner leurs partenaires du Sud dans leur responsabilit de dveloppement et daction politique. Leurs missions ont chang, il faut donc accompagner ce changement. Dans le cadre du Frio, Coordination SUD aide donc les ONG redfinir leur rle et leur projet dans le nouveau paysage de la coopration . Dans le secteur du sanitaire, social et mdico-social, les associations ont t confrontes, dune part, aux offensives du secteur commercial et des grosses associations et, dautre part, linjonction de mutualisation des pouvoirs publics. Ltat veut diviser le nombre dinterlocuteurs par 10 au prtexte quil na plus les moyens dassurer le contrle du financement des 30 000 tablissements et que la mutualisation permettra de rduire les cots et de faire des conomies dchelle , r e m a rque Pierre Gaudier, directeur adjoint de lUriopss Rhne-Alpes10. Des facteurs internes posaient galement la question de la mutualisation : difficult de renouvellement des administrateurs, essoufflement des associations, etc. Or, la mutualisation a des consquences sur lensemble de la vie associative (gouvernance et projet), sur les ressources humaines (mise en16La Vie associative n 15 Juin 2011

commun de pratiques), sur le budget, sur les relations avec les autorits publiques et les usagers. L Uniopss a donc dcid de semparer dune question hautement politique puisquelle va profondment refonder le secteur . Ce qui suppose de mettre tout le monde niveau, de professionnaliser les quipes . La mutualisation nous oblige cooprer entre nous ! , reconnat Pierre Gaudier. Un groupe de travail a planch nationalement sur le sujet, des associations pilotes ont t dsignes pour mettre au point des outils daccompagnement la mutualisation (cf. article p. 33).

Ne pas se laisser imposer des volutionsCette implication de lUniopss dans des actions de soutien la mutualisation claire une autre facette de laccompagnement des rseaux : apporter des solutions par et pour le secteur plutt que de se voir imposer des pratiques et orientations de lextrieur. Pierre Gaudier rappelle que lUniopss a toujours fait de laccompagnement la fusion. Mais aujourdhui, les associations sont dans une position dfensive : se consolider avant quil ne soit trop tard. Beaucoup

prfrent prendre la main plutt que de rpondre aux injonctions des pouvoirs publics. Jean-Louis Vielajus renchrit : Les ONG sont confrontes, et de longue date, tout lappareillage projetologique, de cadre logique, avec une prsentation des projets selon des critres dfinis par les bailleurs et des indicateurs mesurant lefficacit, lefficience, etc. Coordination SUD et ses membres tentent de ne pas limiter lutilisation de ce cadre prcontraint des fins uniquement bureaucratiques. Les ONG sont galement soumises aux contrles des bailleurs (jusqu 52 par an Handicap International !). Ces audits nont pour fonction que celle de protger la Commission europenne des risques lis son financement, ils ne sintressent pas aux projets en eux-mmes. Coordination SUD a donc travaill llaboration doutils pour dfinir [ses] propres normes et processus , explique Jean-Louis Vielajus. Notre travail autour de la qualit des actions et des organisations par exemple permet danticiper les vellits des pouvoirs publics et de faire admettre des critres de qualit qui, autrement, nous seraient imposs. Cette capacit danticipation des besoins daccompagnement et de construction doutils

adapts consolide la position des rseaux. Elle permet la jonction entre leur rle dappui technique et la dimension politique de leur mission.

Quand le politique rejoint le technique Les associations sont les premires variables dajustement des politiques des collectivits territoriales, ellesmmes fragilises par la crise conomique , dplore Andr Leclercq. Toute la question est de faire comprendre aux collectivits quelles ne doivent pas aller vers le plus urgent, mais vers le plus important, quelles ne doivent pas sacrifier lavenir aux besoins immdiats. Il faut en appeler leur responsabilit. Le rle du CNOSF est daider les clubs interpeller les lus, leur montrer quils sont devenus des acteurs incontournables dans la vie des communes, un enjeu essentiel du dveloppement territorial. Au-del de lappui technique, le CNOSF entend bien donner aux fdrations, CDOS et CROS les moyens de porter la parole politique du mouvement sportif. Le travail produit par lUriopss Rhne-Alpes sur la mutualisation a t remont au national o un groupe de travail a t charg de construire une mthodologie spcifique sur une thmatique qui concerne tout le monde, au mme moment, sur toutes les rgions , rappelle Pierre Gaudier. La question de la mutualisation prend une telle ampleur et touche tellement au cur du secteur que nous sommes obligs dtre prsents. Notre but nest pas dimposer un modle associatif unique, mais de porter le projet politique dans ce contexte particulier, de dfendre le pluralisme associatif et la fonction tribunicienne des associations pour viter leur instrumentalisation. Laccompagnement est le moyen de rappeler nos principes nos adhrents, ce que ne fera pas un DLA Laccompagnement technique vient donc ici en soutien du projet politique. Il en est de mme des centres de ressources mis en place par la Ligue de lenseignement pour permettre chacun dtre bnvole demain, dans

un contexte de professionnalisation et de qualification croissantes qui pourraient dissuader les meilleures volonts de sinvestir dans la vie a s s o c i a t iv , constate Florence e Lacaze. Lobjectif des centres de ressources est bien de maintenir un tissu associatif vivant. Cest un enjeu dmocratique si on ne veut pas que les associations disparaissent en mme temps que les cadres actuels, et un enjeu pour les coordinations qui ont besoin de relais locaux pour maintenir une dynamique territoriale. lUnion nationale des CPIE aussi, motivations politiques et accompagnement technique se rejoignent : Lharmonisation des outils conomiques et financiers sinscrit bien dans une ambition plus large : la consolidation et le renforcement de la cohrence dun rseau parfois vu comme disparate , reconnat Brigitte Giraud. Les CPIE sont une marque collective, un label. Mais ce nest plus une caution suffisante pour lensemble des parties prenantes. Nous souhaitons aujourdhui renforcer les critres du label dans un objectif de dmarche de progrs et damlioration continue. La prsentation consolide des rapports financiers de lensemble des CPIE permettra aux partenaires de mesurer leur contribution lutilit sociale. Cest aussi une faon daccrotre la visibilit globale du rseau. Mais ce nest pas le seul enjeu comme lexplique Brigitte Giraud : Il faut rester vigilant sur la manire dapprhender les questions conomique et financire, ne pas les placer avant le projet. Si on ny prend garde, il y a risque dune drive conomiciste. Au-del des aspects techniques, la structuration financire devient alors une question politique que doit rgler le rseau .

au sein de Coordination SUD se traduit par des apptits diffrents en matire daccompagnement. Il reconnat que dans un tel contexte, lun des enjeux est de savoir rpondre la diversit des membres, de la petite association la trs grande ONG, et [de] savoir laborer un ensemble de services qui correspondent cette diversit . Coordination SUD cherche prserver cette htrognit dans les groupes de travail sur les objectifs et les outils de laccompagnement, mais galement trouver des solutions adaptes lensemble des besoins, aussi divers soient-ils. La question de la reprsentation de la diversit dans les instances de travail et de dcision des coordinations concerne lensemble de la vie associative, mais elle devient cruciale en matire daccompagnement pour ne pas se couper des problmatiques du terrain. JeanLouis Vielajus conclut : Il faut donc sans cesse sinterroger sur la manire dont la fonction daccompagnement contribue la fois chacune des actions des ONG et laction collective de notre coordination. Cf. Viviane Tchernonog, Ressources, Financement public et travail dans les asssociations , XVIe colloque de lADDES, 2001. 2 Union nationale pour lhabitat des jeunes. 3 Union nationale des associations de tourisme. 4 Comit national olympique et sportif franais. 5 Fdration des amicales laques de LoireAtlantique. 6 Union nationale des centres permanents dinitiatives pour lenvironnement. 7 Coordination nationale des ONG franaises de solidarit internationale. 8 Comits dpartementaux olympiques et sportifs. 9 Comits rgionaux olympiques et sportifs. 10 Union rgionale interfdrale des organismes privs non lucratifs sanitaires et sociaux RhneAlpes.1

Dpasser la diversitDans ltude Fonda/CPCA, la CPCA montrait que lun des enjeux de laccompagnement des regroupements associatifs tait de se donner des lignes communes malgr la diversit des projets . Ce que rappelle Jean-Louis Vielajus : La diversit des associations runies

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Accompagner aujourdhuiSi la ncessit pour les associations de se faire accompagner est aujourdhui p a rtage par tous, regroupements associatifs et pouvoirs publics, les dispositifs restent mal connus des principales intresses. On pourrait galement parler dune situation paradoxale puisque les acteurs de laccompagnement parlent de concurrence, ce qui suppose une pluralit de loffre, quand les associations se plaignent de labsence de dispositif adapt sur leur territoire. Trop plein ou lacune ? Ne vaudrait-il pas plutt mettre en cause la structuration de loffre ? Les acteurs de laccompagnement commencent aujourdhui penser complmentarit entre offre associative et offre publique, entre les diffrentes entres de laccompagnement, du premier accueil lexpertise. Des actions de mutualisation qui prennent tout leur sens dans un contexte o le financement des fonctions daccompagnement est menac.18La Vie associative n 15 Juin 2011

La double mission des regroupements associatifsLes regroupements associatifs (unions, coordinations, fdrations) ont des objectifs tant professionnels que politiques , cest--dire quils exercent la fois des fonctions dappui technique leurs membres et une fonction politique de reprsentation auprs des pouvoirs publics ou de la socit civile. Ces deux fonctions sont-elles contradictoires ? Cest ce que pourraient laisser supposer les multiples contestations auxquelles ces regroupements sont parfois confronts. Une plus grande visibilit de leurs fonctions daccompagnement leur permettrait-elle de recouvrer une plus grande lgitimit, den faire un enjeu fort dadhsion ?nombreuses instances locales, on retrouve cette mme tentation de dire que seul le terrain compte, que les fdrations et autres regroupements sont un obstacle, des budgtivores inutiles. Mais il faut contester ce positionnement. Dune part, la fonction politique des rseaux est essentielle : lexpression de lUnat sur une politique du tourisme qui inclut les associations a bien plus de poids que celle dune association, mme grosse, qui sexprimerait en son nom propre. Celle de lUnhaj sur les politiques dhabitat des jeunes par rapport celle du FJT de Nantes galement. Et cette expression est autrement plus gnante pour les pouvoirs publics qui ne peuvent ni la nier, ni la critiquer. Pourtant, certaines associations peuvent contester le primat de la fonction politique sur le service rendu aux membres, bien que les situations soient diffrentes selon les fdrations , reconnat Jean-Pierre Duport. Et comme le dit Edgar Faure, une opinion errone est un fait exact. Cest donc une contestation prendre en considration. Le problme tiendrait plus la difficult des regroupements associatifs faire mesurer limpact quils ont sur les politiques nationales et rgionales. Pourtant, il fallait bien des rseaux, tels que lUniopss, la CPCA, la Fonda, pour faire entendre la voix des associations auprs du ministre en charge de la vie associative avant la publication de la circulaire du 18 janvier 20103. Et qui dautre que les rseaux pour tre des interlocuteurs des pouvoirs publics ce niveau-l ? Pour lui, les rseaux et fdrations ont sans doute un problme de communi- ..La Vie associative n 15 Juin 2011

nions, coordinations, fdrations, se trouve n t confrontes des transformations de leur environnement qui les fragilisent : transformations de lengagement citoyen, dfiance de certaines petites associations, morcellement de laction associative, transformations de ltat et recours croissant la commande publique, etc. , expliquait Jean-Pierre Duport, vice-prsident de la Fonda en introduction du sminaire organis le 9 dcembre 20101.

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Rseaux associatifs : le maillon faibleOn pourrait ainsi parler dune double contestation du rle et de la lgitimit des regroupements associatifs, par les associations elles-mmes donc, et par les pouvoirs publics. La rduction des postes Fonjep2 accords aux fdrations et unions nationales au titre du soutien quelles dispensent leurs membres en est une preuve supplmentaire si besoin tait. Jean-Pierre Duport rappelle : Sous tous les gouvernements et dans de

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.. cation sur leur fonction politique et doivent parvenir quilibrer leurs deux fonctions. Les fdrations doivent sintresser autant aux problmes gnraux de la fiscalit associative qu lapplication de la TVA sur les services du FJT de Dinan, par exemple.

Le regroupement fait ncessitPour limiter la contestation, les rseaux ont donc intrt rappeler les diffrentes facettes en matire daccompagnement technique et de reprsentation politique. Ils sont ncessaires pour construire un socle de valeurs communes qui permet de dpasser les diversits dapproches, de tailles, dorigines, dobjets sociaux des projets, comme le fait remarquer JeanLouis Vielajus, prsident de Coordination SUD au sminaire de la Fonda. Ce qui suppose que les regroupements sassurent constamment de ladhsion de leurs membres ces valeurs, en les asseyant sur une charte thique notamment, qui prsente aussi lavantage daccrotre la lgitimit des rseaux vis--vis de lextrieur (pouvoirs publics, opinion publique, etc.). Mais les regroupements sont galement essentiels pour les services rendus aux membres, et, comme le souligne Jean-Pierre Duport, dans ce domaine, la mutualisation et la solidarit sont ncessaires ; lexprience des unes doit pouvoir servir aux autres . Il remarque dailleurs que, lorsque des associations revendiquent leur autonomie et contestent la cotisation quelles versent un regroupement, arguant quelles pourraient mieux faire seules, il sagit gnralement des plus riches. Mais sans la solidarit des uns, comment assurer les services tous ? Les revendications des plus riches psent sur la solidarit envers les plus pauvres , dplore encore Jean-Pierre Duport. Cette attitude consumriste qui ne considre que les services rendus aux membres fait limpasse sur le fait que laccompagnement dispens par les regroupements associatifs va bien au-del. Patrick Quinqueton, prsident de lUnion nationale pour lhabitat des jeunes (Unhaj), remarquait lors du20La Vie associative n 15 Juin 2011

sminaire organis par la Fonda, qu force de glorifier lancrage local parce que cest le niveau dintervention (et donc de lgitimit) de lassociation, on oublie la ncessit de ltage suprieur . Pourtant il est le lieu de la construction et de lexpression de valeurs communes qui rassemblent des associations au-del de leur activit, de la reprsentation politique dun secteur, mme si on assiste au recul des regroupements affinitaires et au recentrage sur des objets , constate Patrick Quinqueton. Et surtout, il assure laccompagnement au dveloppement des projets et se distingue par sa capacit danticipation des transformations externes et internes. ce propos, Jean-Pierre Duport ajoute : L ensemble du secteur associatif doit tre en capacit daccompagner ces volutions. Ce qui suppose de tenir une fonction de veille sur lenvironnement associatif et de se donner les moyens de faire voluer lensemble du mouvement. On pourrait encore prendre lexemple de lUFJT qui, en se transformant en Unhaj, a anticip llargissement de la problmatique du foyer de jeunes travailleurs celle, plus large, de lhabitat.

dance vis--vis des pouvoirs publics, car il peut tre interprt comme une atteinte la fonction tribunicienne des associations, la vie dmocratique puisquelle touche aux porteurs de la parole politique des associations. Ceci tant, il oblige les rseaux reconsidrer les modalits de leur financement. Jean-Pierre Duport remarque : Les rseaux font appel la solidarit des associations membres. Mais ils peuvent et doivent pouvoir solliciter les collectivits publiques ou des organismes tels que la Caisse des dpts pour dvelopper leurs fonctions daccompagnement. On ne peut pas demander aux seuls usagers de faire leffort. Le travail dingnierie peut se faire sur la solidarit interne, mais la capitalisation doit se faire avec des concours extrieurs.

Prserver la vie dmocratiqueCar pour lui, il y a une exigence dmocratique maintenir des activits dintrt gnral portes par les associations et dfendues par les r egroupements associatifs. Et JeanPierre Duport voit dans la fragilisation des rseaux une menace sur la reconnaissance de leur rle dans la vie dmocratique, conomique et sociale de notre pays . Il conclut : Soutenir lintrt gnral dploy dans les associations est essentiel car cest soutenir la dmocratie. Une vie associative intense est un lment de lintrt gnral et, par consquent, de la vie dmocratique. Et laccompagnement des rseaux contribue prserver cette intensit.

Modle conomiqueEn outre, les associations sont soumises une exigence accrue de qualification et de professionnalisation de leurs intervenants. Laccompagnement des regroupements associatifs auprs de leurs membres devient un enjeu dans ce contexte, mais suppose que ces fonctions soient leur tour renforces en leur sein, quils se qualifient euxmmes sur ces fonctions daccompagnement. Ce qui pose clairement la question du modle conomique de laccompagnement associatif, du financement de lingnierie, de la mutualisation des comptences daccompagnement Depuis quelques annes, unions, fdrations et coordinations associatives prouvent des difficults relles faire financer leur fonction daccompagnement par ltat qui la considre comme du fonctionnement interne. Ce dsengagement pose dailleurs de manire aigu la question de la dpen-

Raffi rmer le rle irremplaable des regroupements associatifs , sminaire organis par la Fonda au Conseil conomique, social et environnemental, Paris, 9 dcembre 2010. Pour lire la synthse des diffrentes interventions : http://www.fonda.asso.fr/Reaffirmer-le-roleirremplacable.html 2 Fonds de coopration de la jeunesse et de lducation populaire. 3 http://cpca.asso.fr/spip.php?article21251

Interview

Il faut aider les dirigeants passer de logiques budgtaires des logiques de stratgie financire. Avec limplication de France Active dans le Cnar financement, votre dmarche daccompagnement a-t-elle volu ? Historiquement, France Active intervient auprs dentreprises en cration ou de structures dinsertion. Nous accompagnons aujourdhui les associations employeuses. La mise en place des DLA laquelle nous avons particip est la premire politique publique sur le sujet. Son orientation sur la cration ou la consolidation des emplois peut tre juge restrictive, mais elle laisse tout de mme la possibilit de travailler sur le projet associatif ou sur lquilibre conomique de la structure. Quest-ce que ce passage impliquait ? Pour France Active, le DLA a t important car on a alors dispos dun interlocuteur systmatique sur laccompagnement associatif en amont de notre accompagnement conomique et financier. Celuici est dterminant mais nest quune partie de laccompagnement, seulement un moyen de servir le projet. Il ne se suffit pas lui-mme et doit sinscrire dans un accompagnement plus global. Le DLA a t une opportunit pour nous de rencontrer des projets associatifs qui ne seraient jamais venus auparavant car les dirigeants associatifs nont pas le rflexe de solliciter des organismes financiers. France Active a donc t confronte des projets dont lanalyse et le diagnostic ne relevaient pas des analyses de projets forte dimension conomique que nous avions lhabitude daccompagner. Cela nous a pousss complter notre cadre danalyse et, paralllement, faire voluer nos offres de financement. On peut citer les fonds damorage1 fortement dvelopps depuis et qui sadressent des projets de petite taille dont le modle conomique est encore fragile. On peut galement citer les garanties sur des concours de court terme.Apport remboursable, destin financer les petites associations en cration ou en phase de premier dveloppement, dune dure de 12 mois et renouvelable une fois.1

Denis Dementhon, responsable du Cnar Financement France Active

des associations pour les grer conomiquement. Mais ce qui est certain, cest quavec le fort dveloppement de lemploi associatif depuis 20 ans, la nature mme des associations a volu. Les dirigeants prennent de plus en plus conscience quils sont la tte dun projet ayant une dimension conomique, ce qui suppose de se professionnaliser, de mettre en place un systme de veille avec des indicateurs dalerte, une vraie stratgie sur la dimension conomique du projet, qui, encore une fois, ne reste quune dimension parmi dautres. Les DLA ont sans doute contribu cette prise de conscience et ont orient les associations pour tre conseilles sur ces sujets. Les nombreuses cooprations des fdrations avec le Cnar Financement sont galement un bon indicateur de lintrt du mouvement associatif pour ces questions, un indice fort de lvolution des mentalits sur ces 7-8 dernires annes. Quels sont les enjeux de laccompagnement financier ? Tout le monde est conscient quil faut avancer sur ce chemin, quil faut se donner les moyens pour le faire, notamment aux rseaux pour quils appuient leurs membres. Le deuxime enjeu est sans doute de mieux prciser les modles conomiques des associations, de mieux les comprendre et donc de mieux les observer. Le troisime, peut-tre le principal, est de faire prendre conscience aux banques et institutions financires que les associations sont aujourdhui suffisamment professionnalises pour accder aux financements. a nest pas trs difficile dimpliquer les banques ds lors quelles sentent quil y a du professionnalisme. Autre enjeu, le travail sur laccompagnement financier stricto sensu. Il faut aider les dirigeants passer de logiques budgtaires (maintenir lquilibre financier dune anne sur lautre) des logiques de stratgie financire (se projeter sur le moyen terme et le dfinir en fonction du projet, imaginer des moyens pour consolider ses fonds propres). On parle de rvolution culturelle. La premire rvolution a consist faire comprendre aux dirigeants limportance des aspects conomiques de leur projet. La seconde est le basculement dune logique budgtaire vers une stratgie financire. Cest un des axes de travail du Cnar Financement aujourdhui.La Vie associative n 15 Juin 2011

Les associations sont souvent brocardes comme de mauvaises gestionnaires ce qui incite fortement laccompagnement financier Cest un faux dbat. Aucun dirigeant daucune entit conomique ne matrise la totalit des aspects financiers. Cest encore plus vrai des dirigeants associatifs qui ne se vivent pas comme des gestionnaires et qui nont pas intgr ou cr

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Accompagner aujourdhui

Quand les pouvoirs publics investissent laccompagnementConscients du poids conomique et du rle social des associations, les pouvoirs publics, tat et collectivits territoriales, se sont impliqus dans laccompagnement des associations, gnralement avec pour ambition de consolider leurs activits et de prenniser les emplois. Si le premier rflexe des rseaux associatifs a t de craindre linstrumentalisation ou la dpossession dune de leurs fonctions essentielles, la coopration semble aujourdhui prendre le pas sur les tensions, la mutualisation et la rationalisation des offres daccompagnement sur les conflits autour des comptences, des territoires.privilgis des associations (dlgus dpartementaux la vie associative ou DDVA, et missions daccueil et dinformation des associations ou MAIA). Une enqute ralise en 2008 auprs de 1 860 associations rvlait que ces dispositifs taient peu visibles : seules 45 % des associations connaissaient les Crib, 42 % les DDVA et 6 % les MAIA ! Avant le rapport dvaluation des dispositifs de promotion et daccompagnement de la vie associative, publi en 2009, il tait difficile de se faire une ide de limpact de ces dispositifs (DDVA et Crib notamment) qui, bien que mobilisant dimportants moyens humains et financiers, navaient fait lobjet daucun examen. Do lintrt de ce rapport dans lequel les auteurs stonnent quaucun outil de mesure empirique de lactivit des DDVA nait t mis en place. Nanmoins, ils relvent que leur mission est globalement remplie. Ils voient dans les Crib un moyen pour ltat de faire appel aux associations pour prendre en charge une part de laccompagnement des bnvoles associatifs. Mais ils dnoncent la fragilit des bases partenariales et financires de ces dispositifs, et le manque danimation du rseau par ladministration qui les a crs. Pour les rapporteurs, ce dispositif ne doit son dynamisme qu limplication des porteurs et sa survie quau maintien des postes Fonjep. Florence Lacaze (Fal 44) confirme : Nous navons que peu de visibilit sur la prennit de ce dispositif. Les Crib sont labelliss par ltat avec un appui financier qui passe par les postes Fonjep. Il serait important que les Crib [ouverts toutes les associations] soient reconnus et soutenus dans le

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i la question de larticulation entre offre publique et associative daccompagnement sest cristallise autour des dispositifs locaux daccompagnement (DLA), la mise en place de politiques publiques dans ce domaine est bien antrieure.

Politiques publiques daccompagnementOn se souvient du groupement dintrt public Rseau information gestion (GIP-RIP) dont les points dappui laLa Vie associative n 15 Juin 2011

vie associative couvraient le territoire dans les annes 1990 (certains portent dailleurs de nouveaux dispositifs publics). On peut galement citer les centres de ressources et dinformation des bnvoles (Crib), ports par des associations Profession sport, des CDOS1 et des associations dducation populaire, dabord destination des bnvoles sportifs, puis largis lensemble des petites associations pour les dcharger de leurs dmarches administratives. Il faudrait ajouter tous les dispositifs de correspondants issus des services dconcentrs de ltat, dsigns comme des interlocuteurs

cadre du Conseil de dveloppement de la vie associative (CDVA) comme ils ltaient auparavant par le Centre national pour le dveloppement du sport (CNDS) [lorsquils sadressaient exclusivement des bnvoles sportifs]. Reste nanmoins pose la question de leur articulation avec dautres dispositifs, dautant que lentassement des offres pose ncessairement la question de la concurrence.

Un des objectifs des DLA est donc de toucher des associations isoles qui ne peuvent bnficier de laccompagnement technique dune fdration, ni se tourner vers des interlocuteurs privs souvent trop coteux pour elles. Le dispositif a t conu comme un rseau de proximit, ouvert toutes les structures dveloppant des activits dutilit sociale (dans les faits, des associations plus de 85 %). Son objectif est de permettre la consolidation de lemploi dans de bonnes condiDe la concurrence tions, en aidant ces associations la complmentarit prendre en compte ou agir sur diffrents aspects tels que le modle cono La Caisse des dpts (CDC) voit mique, lassise financire, la fonction dans le DLA un outil complmentaire employeur, la gouvernance ou lande laccompagnement dispens par les crage territorial par exemple. grands rseaux associatifs , assure Les DLA sont ports par des structures Jean-Marc Maury, directeur du dpar- repres pour leur expertise en matire tement Dveloppement conomique et daccompagnement et de dveloppeconomie sociale la Caisse des ment local. Si ltat et la CDC sont dpts. La CDC ne peut se permettre bien matres duvre du dispositif, ils dappuyer telle ou telle association, en ont dlgu la mise en uvre opdo le choix de sinvestir dans un rationnelle ces acteurs locaux. Ds dispositif qui est ouvert toutes les 2003, les pouvoirs publics ont souhait associations employeuses. une relle diversit du portage pour Les dispositifs locaux daccompagne- pouvoir nourrir le dispositif des diffment ont t mis en place en 2003 par rentes pratiques associative s , le ministre de lEmploi en partenariat rappelle Sandrine Aboubadra, responavec la Caisse des dpts pour consoli- sable du programme DLA lAvise, der les emplois crs dans les associa- charge de lanimation du DLA au tions la faveur du dispositif niveau national. Mais avec pour objecNouveaux services emplois-jeunes tif d harmoniser les pratiques, de (NSEJ). La dimension emploi est au crer un rfrentiel (mthodologie cur du dispositif rappelle Jean- daccompagnement, outils, cahier des Marc Maury ; le partenariat entre CDC charges des prestataires, etc.) que les et ltat (DGEFP2) est bien scell dans coordinateurs rgionaux du dispositif le cadre de la convention Agir pour (C2RA) ports essentiellement par lemploi. Jean-Marc Maury justifie les CPCA rgionales et les chambres linvestissement de la Caisse dans ce rgionales de lconomie sociale dispositif : La CDC est au service du (Cres) sont chargs de relayer sur le dveloppement conomique et territo- terrain. L ide est bien que ce cadre rial. Or une partie de lanimation terr i- harmonis permette dautres toriale passe par les rseaux associatifs, acteurs tels que les collectivits et les acteurs du dveloppement local. rseaux associatifs dinvestir le dispoDautre part, les associations sont des sitif en ladaptant leurs besoins . producteurs de richesses et donc des acteurs du dveloppement conoNaissance difficile mique. Il y a un besoin structurel pour les associations tre accompagnes, sinon, elles risquent dabandonner leur Mais limplication des rseaux na pas perspective dembauche ou de ne t vidente lorigine. Cette initiative jamais passer le seuil des 10 salaris publique a en effet cristallis bon nomalors que leur dveloppement le justi- bre de dbats autour de laccompagnefie. Dautres mourront. Or la CDC na ment, les rseaux associatifs se sentant aucun intrt voir mourir des stru c t u- dpossds dune fonction traditionres qui crent de la richesse. nelle et voyant dun mauvais il ce

nouveau flchage des financements publics ddis. Dautres ont parl de dispositifs construits moins partir de lapprciation des besoins recenss des associations que des objectifs de leurs promoteurs ou financeurs 3. La CPCA est associe au pilotage du dispositif en 2007 pour que les reprsentants des bnficiaires soient associs aux orientations. Mais surtout, la mise en place des centres nationaux dappui et de ressources (Cnar) a permis de donner une place de parties prenantes aux rseaux, reconnus ici pour leur expertise et pour leur participation au renforcement et la stru c t u r ation de leurs secteurs dactivit . Rappelons que les Cnar, qui interviennent en appui des DLA, sont ports par des regroupements associatifs sectoriels (CNOSF pour le Cnar Sport, Uniopss pour le Cnar social, mdicosocial, sant, etc.). Le DLA nest pas hors-sol, poursuit Sandrine Aboubadra. Son comit de pilotage associe financeurs et rseaux, qui sont bien les reprsentants de ses bnficiaires. Elle conclut : Aujourdhui, le dbat autour de la lgitimit des DLA est derrire nous. Les rseaux ont compris que leurs membres y recouraient sans quils nentrent en concurrence avec leurs fonctions dappui. De fait, 68 % des associations accompagnes par ce dispositif sont affilies des regroupements associatifs, bien plus qu lchelle nationale. Les retours dvaluation4 sur le dispositif rendent compte de ses impacts positifs en termes de cration et de qualit de lemploi, de croissance de lactivit et du public touch, de diversification des partenariats financiers, dinterrogation et dactualisation rgulire du projet, damlioration de la gouvernance, de mise en place de comptabilits fiables et doutils de gestion de meilleure qualit. Avec plus de 300 000 emplois consolids et 28 000 structures accompagnes depuis 2002, le DLA a atteint sa cible , constate Jean-Marc Maury.

Gnraliste et/ou stratgiqueAvec le DLA, mais aussi avec dautres dispositifs publics, territoriaux notamment, les offres daccompagne- ..La Vie associative n 15 Juin 2011

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.. ment transversal se sont dveloppes, ce qui ne peut quinterroger loffre sectorielle des rseaux associatifs qui ont parfois du mal trouver leur place. Alors quils ont dvelopp une grande expertise pour laccompagnement des associations de leur secteur, certains rseaux stonnent, par exemple, de ne pas tre sollicits comme prestataire des actions daccompagnement dans le cadre du DLA, quand bien mme ils ont fait des efforts pour renforcer, qualifier, professionnaliser cette fonction.

financer deux fois la fonction daccompagnement. Ce qui suppose que les rseaux soient en capacit de distinguer ce qui relve de leur fonction daccompagnement classique, et de lexpertise spcifique quils peuvent apporter dans le cadre dun DLA. Elle poursuit : Le DLA est un acteur gnraliste ; il sagit bien dun mtier fond sur une approche transversale des besoins dune association . Mais surtout, les DLA sont vraiment sur des questions demploi, sur de laccompagnement principalement opra-

Enjeux de territoireComme le note Christophe Boyer dans un article de Juris associations5, les mutations institutionnelles lies la dcentralisation, la dconcentration et la rationalisation des services de ltat, ont cr de nouveaux lieux de pouvoir, si bien que les enjeux de territoire deviennent aussi importants que les enjeux autour de lactivit ou des modes de financement . Lmergence de ces nouveaux lieux de dcision politique pousse les associations saffranchir progressivement de la tutelle de ltat pour rechercher une nouvelle cohrence de leurs partenariats. Cette nouvelle donne sapplique galement loff r e daccompagnement. cette chelle aussi, mutualisation et articulation de loffre daccompagnement sont recherches. Les pouvoirs publ i c s , conseils rgionaux en tte, en font une des orientations fortes de leur politique daccompagnement la vie associative. Leurs interventions sont diverses et vont de la mise en place de centres ressources, de guichets daccueil, de maisons associatives municipales (dont certaines sont membres du Rseau national des maisons des associations), daide (financire ou non) la structuration ou la coordination de loffre sur leur territoire. On peut ainsi prendre lexemple de limplication du conseil rgional de Lorraine dans le Ple lorrain dutilit sociale (Plus). Gnralement, leur engagement en faveur du dveloppement ou du maintien dune vie associative riche est li linvestissement dun lu. Mais il sexplique galement par le poids acquis par le secteur en termes demploi et de dveloppement conomique. La rgion Champagne-Ardenne a du mal maintenir ses emplois et doit mettre en place une politique volontariste pour tre attractive, rappelle Patricia Andriot, vice-prsidente en charge de lconomie sociale et solidaire au conseil rgional. Or le rle des associations est essentiel en termes de lien social et de cration demplois. Pour Christine Mercier, chef du service Innovation sociale et conomie sociale et solidaire de la rgion Bretagne, il tait important pour la

Le monde associatif ne dtient pas toujours 100 % de lexpertise sur son secteur, il ne peut sauto-suffire dans ce domaine , explique Jean-Marc Maury. Sandrine Aboubadra tempre aussi : 30 % des prestataires DLA sont issus des rseaux associatifs et, de plus en plus, ils peuvent tre associs la ralisation des diagnostics ; par exemple, les Urhaj Midi-Pyrnes, Centre, Pays de la Loire sont sollicits pour le diagnostic des FJT. Le but est bien denrichir le diagnostic avec lexpertise sur des spcificits de lactivit. Les rseaux peuvent galement participer aux instances locales des DLA, dans lesquelles ils contribuent aux orientations du dispositif ou apportent leur expertise sur certains dossiers daccompagnement. Sandrine Aboubadra relve quil convient simplement dtre vigilant, pour quun financeur nait pas limpression de24La Vie associative n 15 Juin 2011

tionnel qui ne vient pas concurrencer lapport des rseaux. Ltude Fonda/CPCA montrait en effet que laccompagnement des rseaux permettait de garantir une certaine thique de laccompagnement, centre sur le projet associatif, de disposer dune vision globale des enjeux du secteur, essentielle en termes stratgiques. En outre, ce type daccompagnement est dnu des log i q u e s organisationnelles de lentreprise. Sandrine Aboubadra conclut : Lenjeu actuel de laccompagnement se situe dans la coopration entre acteurs, dans le renforcement de la mutualisation pour construire de vrais parcours daccompagnement. Ce qui suppose de rflchir en amont sur le qui fait quoi : appui, accueil, expertise ponctuelle, etc.

Rgion de sengager en faveur du secteur associatif tant donn son poids conomique, son potentiel de dveloppement et dinnovation, sa dimension territoriale et sa fonction de lien social. Un constat que de nombreuses collectivits pourraient faire et qui dtermine leur soutien au secteur associatif.

senter et valoriser les projets politiques des structures auprs des collectivits, de formaliser leur utilit sociale. changes entre acteurs et recours lexpertise associative, formation par le biais de plateformes, accompagnement collectif la professionnalisation, le conseil rgional a