·la. station gallo-romaine des cars

20
·- Limousin CAHIERS ARCHÉOLOGIQUES · LA . STATION GALLO-ROMAINE DES CARS Communes de Saint-Merd-les-Oussines et Pérols (Corrèze) PAR MARIUS VAZEILLES Préside nt de la Soci été des L ettr es, S cien ces & Arts de la Corrèze Campagnes de foùilles 1953 et 1954 (suite à édition précédente 1952) 1 tJ J.

Upload: others

Post on 16-Oct-2021

4 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

·­Limousin

CAHIERS ARCHÉOLOGIQUES

·LA. STATION GALLO-ROMAINE

DES CARS Communes de Saint-Merd-les-Oussines et Pérols (Corrèze)

P A R

MARIUS VAZEILLES Président de la Société des L ettres, S cien ces & A rts d e la Corrèze

Campagnes de foùilles 1953 et 1954

(suite à édition précédente 1952)

~ 1

t J

J.

Page 2: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

j i

Page 3: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

Station Gallo-Romaine des Cars

Communes de Sain t-Merd-les-Oussines et Pérols (Corrèze)

Campagnes de fouilles 1953 et 1954

La fouiJle de ce que nous avons appelé les thermes des Cars, mais qui pourrait bien être une importante villa, a été continuée en 1953 et 1951~ ver le sud et le sud-est, à la suite de la fouille de 1947 (voir page 120 du tome VII 1949 de « Gallia ») et de celle de 1952 (voir plaquette 2° édition 1952) .

De nouveaux murs de ·petit et de grand appareil ont été dégagés. D'autres dallages avec caniveau ·pour l'écoule­ment des eaux de pluie ont été d6couverts, soit au pied des nouveaux murs, soit en bordure des portiques.

La fouille de ces caniveaux a été poussée jusqu'au ruisseau voisin, ce qui nous a conduits à rencontrer le dépotoir d, riche en tessons de poterie.

Il a été procédé au dégagement, au nord, de la grande cuve (le Bac des Cars) . Les tracés antérieurs n'avaient été qu'esquissés. On peut voir que cet énorme bloc de granit pesant de 8 à 9 tonnes a été plàcé là sur des cales, et au-dessus du caniveau , pour la vidange facile.

La fouille de la salle 4 a été achevée. Cette salle a dù être sur hypocauste avant un premier incendie. Nous avons trouvé son aire cendreuse couver te de débris de démolition sur lesquels deux couches de béton (chaux, sable et tuileaux) étaient superposés. Dans la masse com­pacte des matériaux de démolition, on di stinguait net­tement une deuxième couche de cendre corres1pondant à un deuxième incendie, comme cela a été constaté dans les salles 6 et 13. ·

En surface, une mosaïque (rosace à 6 feuilles rouges

6 '" .. L ""',.,'•, ..

Page 4: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

-2-

et noire ) était encore assez nette. Le premier froid de l ' hi ver 1939-1940 l'a détruite.

C'est seulement dans cette salle et sm· le dallage en granit de Ja salle 1 sur hypocauste que nous avons trouvé du béton. Ailleurs, les murs n'ont pas conservé de traces de chaux ou n'en ont jamais eu, ce qui a été le cas dans h's murs des vieilles maisons du pays. Des parements rails de pclils blocs taillés ont suffi à maintenir la ma­ço11 ncric abritée.

1ous avons pmcédé à la fouille à peine amorcée de la longue . a llc 10, sorte de galerie ou promenoir avec por­tique bol'c.lant les salles 11, 12, 13, 14 et 15 et aboutissant au porliqu 16.

LC' 111ur de cJôture bordant la cour a'u ud de la façade a é lé clérragé sur toute sa longueur. Cc lra vail nous a condu its à la découverte d\rn ancien caniveau qui limi­tait le premier bâtiment aux alle 6 et 7. Ce caniveau parlait de l'angle · extérieur, à l 'esl de la salle 6, puis, <' Il longeant le pignon des salle 6 et 7, venait aboutir à 1111 dr1)otoir e de 2 mètres cubes environ, implement cr·pusé dans le ol et qui ne nous a donn6 que de la terre 1.;1·assP11sc sous des couverceaux de grands carreaux de hl'iq11P. L'agrandissement de la villa vers l'esl a srnpprimé <'l' caniveau qui s'est trouvé enfoui sous les salles 10, 9 cl 8.

Ln cour devant la façade était dallée, au moins en par­i il'. Elit' devait comprendre 3 compartiments : m, n, o, sé­parés par des murs et correspondant aux 3 portes des sa lir. 3J 5 et 7.

Devant la salle 7, sur le trottoir au pied du mur, deux petits cube de granit assez plats et munis chacun d'une cm paudine de 6 cm. avec 4 de profondeur, ont dû ser­vir de semelles aux montants d'un auvent léger.

Nou avom; fouillé le pourtour de l'inter valle compris enlrr le mur de clôture et le caniveau bordant la galerie 10. Crt. inter valle d'une surface de 150 m2 n'était pas dall('. Cc deva il être la palestre (?) ou un jardin.

* * * E11fi11 , nous avons surtout repris la fouille dans la ga­

lcl'iC 1 O simplement amorcée en 194 7.

, ,,

• 1

Page 5: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 3-

GiALEiR 1 E 10

Cetle partie des ruines partait du seuil de la salle 6, dessel'VaiL les salles 11 et 12 par le vestibule C et les sal­les 13 et 14. Elle aboutissait, après un coude devant le 14, à la salle dallée 16 entourée de portiiques . Une porte ou portail , ou simple claie, devait battre à l' extrémité du mur de clôture et pivoter à l'angle sud-ouest de la salle 15.

La pierre de base de cet angle porte à l 'extérieur, côté ouest, un logement de 8 c~n. sur 8 pour un chambranle. Nous avons trouvé tout près une forte patte soudée par Ja rouille à son piton, une fiche en fer de 19 cm. de lon­gueur et de nombreux clous ou •pointes dont plusieurs à tête large.

Cette galerie était séparée de la palestre par un mur bas de grand appareil, stylobate supportant les colonnes ùu portique et bordé extérieurement par son caniveau sur da llage. Une grande dalle face au vestibule permet­tait d'accéder à la palestre.

Oes marches se trouvaient devant le seuil des salles 6, 13 et 14 de la galerie. Près de l'entrée de c, on a trouvé une petite cuve en granit de plan circulaire à pa­roi. el fond très épais, haute de 55 cm. , large de 64 et cl 'une capacité d'environ 20 litres .

Près de l'entrée de la salle 13 et clans l 'alignement du caniveau qui se dirige vers le ruisseau se trouve une autre cuve, de 1plan rectangulaire d 'environ 200' litres de ca­pacité, mesurant extérieurement 103 cm. sur 80 de base avec 54 de hauteur. Ce petit bac semblable à ceux très nombreux trouvés dans les stations gallo-romaines du pays et qui servent encore dans les fermes et aux abreu­voirs est muni de 3 orifices : un au fond près de l ' angle, face au caniveau, les deux autres à l 'arrière, au-dessus du fond, à mi-hauteur et creusés obliquement vers l 'est.

On peul penser qu'il s' agit d 'un réservoir de réparti­tion d'eau. Nous avons trouvé dans les parages et jus-

• qu'à la fontaine (bassin) de la sall e 15 que nous décri­vons plus loin, des masses de plomb fondu provenant de la destruction d'un tuyau par suite d'incendie. Un élé­ment du Luyau, élargi d 'un côté pour un départ, n'est qu' à moitié détruit. De même que celui trouvé dans la fouille des Mazières, Commune de Murat (Corrèze), à

Page 6: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 4 -

15 km. de là. Ce tuyau a été fait d'une feuille de plomb cle 5 à 7 mm. cl' épaisseur, large de 1·8 cm., repliée et sertie comme le ·papier -de nos cigarettes.

Nou avons trouvé également à quelques mètres un él<'' rncnt de conduite d'eau en terre cuite et, sous le bac même, à l'aplomb de sa paroi sud, une lame de métal de la couleur du cuivre, mais vert-de-grisé seulement par place. (Epaisseur d 'une feuille de fort papier, longueur 8 cm., largeur 1 cm ., .50. )

C'est clans la partie est de cette galerie que nous avons trouvé en 1947 la pièce de· monnaie en bronze argenté à l' effigie de Uaximi ... (inscription incomplète, tête radiée, rever indéchiffrable).

Onl été trouvés également des scellements de plomb l)C' anl chacun 800 gr. et qui ont dû ervir au maintien clc mon tan l cl ' une balustrade ou cl 'un grillage en bois . Lrs paroi du logement des montant dan le plomb sont ·an aucune trace de rouille, ce qui ne erait pas le cas si le monlanls avaient élé en fer. Ces logements ont 4 cm. sur 2.

Ont été trouvés dans oette galerie De nombreux débris de plaques de grès rouge 1permien

ùe la basse Corrèze (épaisseurs diverses) . Des morceaux de marbre bleuâtre dont quelques-uns

on t subi l'action du feu . Quelques éclats de verre à vitre comme nous en avons

lrouvé de rares échantillon , çà et là, et beaucoup dans la petite salle 14. ~ou avons rencontré aussi quelques petits blocs in­

formes de calcaire colithique de Turenne (·O m. 20 de lon­gueur) et de pierre ponce des 1J onts cl' Auvergne.

Colonnes. - La trouvaille la plus intéressante a été celle de débris de colonnes en granit :

P LAN DE LA VILLA

·a et b : chamln·es de chauffe. - c : vestibu le. - d, e : dépo­toirs. - t : latrin es. - g, h : petits bacs. - i : bassin avec jet <l'ean. - j : socle. - k : petite surface clallée. - 1 : palestre ('!) . - m, n, o : cours. - p : gisement de l 'épée. - q : gisement de la menue monnaie. - r : trou dans le dallage de 16. - s : stylo­bate (?) . -- t : poinL le plus bas. - u, v : peUts blocs avec cra­paudine. - ch : cheminée .contre l e mur. - s i : siège près du feu.

Page 7: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

~

../

_,11~

1; lilJ" .....-,l, l

1

_, "'1 ),

'

~

c,t.~tle

10 .

Lt?!J"" da f/1/"I/ '1 lfu.1· aYcr /;ore.mc-ul\ reûc ~les

1--=- 1

E3 ~

)rauDI apr-c.r~d et da/la9e

eau1v~a.u d lJJ' cla.Ua9e

i",;.,.....u d e ( a /o~

777'?"77'JY Mur .Ja..us 1Ja.rcmc11.I

,._ ..

Page 8: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

-6-

a) une base de 17 cm. 5 de diamètre pour füt de co­lonne de 11 cm. ,

b) une base ou corniche de 16 cm. de diamètre pour füt de colonne de 12 cm.

Ces deux pièces de même granit et de même couleur correspondent .sans doute à la même colonne.

c) un élément de fût de 11 cm. de diamètre, en granit nrttement différent.

En 1947 nous avions trouvé dans les déblais de 1937-38 une base de colonlle plus forte ( 4 7 cm. 5 de diamètre pour 1111 füt de 31 cm. ). La hauteur totale pourrait être donnée par une colonne~eutière à peine dégrossie de 1 m. 38 de llau leur (ba e et corniche comprises) trouvée près du dépotoir d et abandonnée avant son achèvement parce que cassée. Sa base est à section rectangulaire (4-0 et 45 cm. de côté) et à 18 cm. de hauteur. Le fût à peine dé­gro i a 31 cm. de diamètre . La corniche a été simple­ment ébauchée. Elle mesure 30 cm. de hauteur.

L'en. emble (base, fùt et colonne) présente un méplat sur un côté et devait s'appuyer contre un mur.

Si l'on ajoute à sa longueur de 1 m. 318 celle que de­vaient avoir le piédestal èt le stylobate, on peut arriver ù rix.er la hauleur des portiques.

Nolons ù'autre part que le nombre des différentes for­llH's dr colonnes e t de 3 et peut-être 4 pour la vma.

V1ESTIBULE C

Le ve tibule c est entre 11 et 12, en face de la palestre ou jardin. 8011 sol est légèrement plus élevé que celui de la galerie 10 (20 à 25 cm.) d'où la marche trouvée polie par J' u age devant le seuil. Ce dernier franchi, on ren­contre a ussitôt l 'entrée de la salle 12. Celle de la salle 11, <'n race, n'est pas encore dégagée, cette salle restant à rouiller. ' .

Lc's parois du vestibule étaient revêtues de marbre IJl ruàtn' commr ceux du nord de la salle 15.

SALLE 12

La fouille cle cette salle nous a particulièrement inté­rc 's6s. Sa porle donne sur le vestibule c. Elle est sépa-

11

1) 1

Page 9: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 7-

rée de la salle 13 par un mur bien pai·é de son côté, mais très mal de l 'aulre.

Contre le mur qui sépare cetle salle de la galerie 10, nous avons dégagé un foyer, un « cantou » bien conservé .

L'aire du foyer est pavée de grands carreaux de grès sut· une surface d 'environ 1 m2.

Le con,tre-cœur consiste en un bloc de granü de 50 cm . de hauteur et 82 de largeur qui se présente comme un dossier de fauteuil (forme crapaud) avec a vance basse des 2 côtés.

Le foyer est situé contre le mur sud de la salle et sen­siblement au milieu . Dans l'angle sud-est se trouvent cleux ulocs taillés debout contre les murs avec entre eux une dalle également en granit ; l 'ensemble rappelle Je siège de repos près du feu. Il occupe en effet, mais fabri­qué en pierre, « l ' archebanc >i en bois (le nos « cantous »

actueJs.

Le foyer avait-il une cheminée avec sa gaine, ou bien la fLUnée s'échappait-elle par une ouverture dans le toit? Le peu de hauteur des murs conser vés ne nous pcrrnr l pas de préciser quoi que ce soit sur ce poinL.

La conslruction et l 'aménag.ement de· la salle parais­sent avoir été assez s©ignés. Un crépi ocre, malhe11reu­scment très friable , tapisse encore les murs .

Le sol de la pièce était recouvert d'une couche ·épaisse. cle 7 à 10 cm. de petites pierres de granit, cassées à l ' an­neau de 2-3 cm. et curieusement colorées en rougr, comme rouillées .

Au milieu de la salle nous avons trouvé, renversé clans le dé blais épais de 2 m. , un bloc de granit fi nement taillé, à quatre faces moulurées (socle au chapiteau haul de 38 cm. avec es urfaces carrées de 28 et 32 cm. <k côlr à la hase et 47 et 51 au sommet).

La fouille de celte partie importan l.e de la villa clcs Cars nous a donné de nombreux débris d ' objets de fer informes et très désagrégés . Nous avons pu cependant clé Lerrniner des pointes forgées et des pitons.

Quelques tessons de poterie commune gisaient çà et là.

Une trouvaille intéressante est ceJle d'un sou (moyen bronze.) à l 'effigie de l 'empereur Aurélien qui a régné de

..

Page 10: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 8 -

270 à 275. Cette pièce de monnaie gisait dans la salle prt\ clr la porte d'entrée qui donnait ur le vestibule.

SALLE 13

Elle est presque entièrement dégagée. Ses murs du nord cl de J'est sont très grossièrement construits et con-1 rnslrn t singuJ ièrement avec les autres découverts jus­qu'à cc jour aux Cars et ailleurs dans les nombreuses sta-1 ions gallo-romaines de la région.

Sur l'aire assez compacte, sans dallage d'aucune sorte, nous avons trouvé une couche de cendres de 1.0 cm. d'é­pais. cur mêlées de braises avec immédiatement au-des­sus une couche de débris de tuiles et de briques sous 2 m. 50 à 3 m. de déblai dominé par une énorme souche de hêtre. C'e t dans la couche cendreuse que nous avons exhumé r n p une épée en bon acier, rouillée eulement en surface <'t {(Ue .\1. Hatt, de l'Université de Strasbourg, qualifie d' épée courte du chasseur. Elle peut être franque du Hl ~ siècle. Longueur 2'8 cm. 5, largeur au milieu 37 mm.

Au même niveau, ont été trouvés des débris de fer, les uns en T dont plusieurs à branches recourbées rwppellent la Clef de la Tène. D'autres m'ont paru être des débris cl ' unr lame recourbée (grand couteau, faucille ou crois­sanl ).

Enfin, non loin de tessons de vase commun, gisait un amas de petit bronzes détériorés par Je feu, parfois col­l<'s ain. i que le fragments de la boîte de cuivre très vert­dc-gri ée qui devait les contenir. Pièces et parois de la boîte ont 1 mm. d'épaisseur. Une seule effigie est nette . ur une des deux faces d'une pièce de 14 mm. de diamè­tre : profil grec à droite avec couronne radiée. L'autre rôl-c' e t absolument sans ligne visible.

Nou. avons récolté aussi dans cette salle trois molet­tes à facettes en grès de la Basse-Corrèze (6 cm. de dia­rnèlre) . Il reste le coin nord à fouiller sous une énorme souche de hêtre. Près de lui nous avons récolté en amas 27 kilos de plomb fondu par l 'incendie.

r.c1lr sali r éta it petite (8 m2 environ). Elle nous a

(l

1 1

(~

Page 11: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

. - 9-

donné beaucoup d'éclats de verre à vitre, presque tous ceux récoltés aux Cars. Nous en avons de quatre sortes : franchement vert d'eau, gris vert, gris légèrement enfumé ou enfumé fortemént.

Tous ces éclats sont plats sur une face et comme dé­polis par la surface sur laquelle le verre fondu a coulé.

L'aulre face est lisse et luisante, mais mal nivelée 1par suite de refroidissement inégal. Le bords sont arrondis sans trace de coupure. L'épaisseur est variable pour la même vitre . El.le varie de 3 à 4 m. avec parfois 5 près du bord.

La vitre ver t clair est la plus mince (2 mm. d'épais­seur moyenne) .

Il est curieux que ce soit la plus petite salle qui avait des vitres. IJ est vrai qu'elle ne pouvait recevoir le jour que sous le péristyle de 10.

11 y avait là au moins 4 carreaux. L'arrangement . des verres, en partant de ceux avec bord, m'autorise à dire que l es carreaux avaient au moins 25 cm. de côté.

Quelques éclats d'un bleu vert d'eau foncé ;provien­nent de vases cassés.

·Cette curieuse salle nous a fourni aussi des tessons de poterie qui m 'ont permis de reconstituer la forme de deux vases : le vase ovoïde à col et rebord de l'urne com­mune, mais de petite taille. Le pot cylindrique fait à la main, sans 1pied et sans rebord , à pâte tout à fait gros-

. sière et rappelant la céramique d'Hallstatt prolongé de la tombe du Charlat près d'Ussel (« ·Gallia », tome VIII 195'0).

Les murs de cette salJe, curieuse par son exiguïté et a richesse archéologique, sont aussi mal construits que

ceux de la salle 13.

SALLIE 15

EJJe est certainement une des plus intéressantes. Dans sa partie sud, le sol était dallé avec des plaques de gra­niL. Au milieu de -la partie nord , se trouvait une mosaïque en grès permien de la région de Brive, mosalique formée d 'hexagones et de losanges en grès gris et de triangles équilatéraux en grès rouge comme celui de Collonges.

Page 12: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

,

- 10 -

Celle mosaïque simple et d ' un aspect gracieux était entourée d'un large cadre en grès rouge .

Deux endroits également bien délimités dans la salle étaient pavés l'un de placage de grès rouge près de l'an­gle du S.-0. dans la partie dall6e de granit, l'autre de carreaux de brique contre la paroi au nord. Ce dernier ltgrrcment surélevé devait servir de socle à quel1que meu- . hic : vase ou (1peut-être) statue donL nous pensons assez fortement avoir trouvé les débris: ·

A noter en passant qu'un des parreaux de ce socle porte l'empreinte d'une semelle de cuir ou· de bois gar­nie de nombreux clous à tête ronde et bien rangés.

Cette empreinte de 27 cm. de longueur à bout en pointe et sans talon séparé semble résulter d 'un faux-pas d 'une personne traversant le champ d 'épandage des briques sor­ties du moule avant le transport au four. Ainsi l'em­preinte d'une chau sure avec emelle cloutée du n e ou IIIe siècle a pu arriver jusqu'à nous.

Les murs de la partie nord de la salle étaient revêtus de marbre. Deux variétés de ce matériau avaient été uti­lisées : un marbre bleu vert dont les débris sont les plus abondants ; l 'autre paraît avoir été obtenu artificielle­menL par un mélange d'éléments ocracés à contour ar­rondi , noyés dans une matière verdâtre. A mon avis, cette . orte de stuc devait constituer une nervure ou cimaise limitant la zone bleuâtre .

Par deux 1portes dont il resle les logements des cham­branles et les crapaudines des gonds, cette belle salle s'ouvrait au ud ous les portiques de la surface dallée en granit 16.

Peu en arrière des ouvertures et dans la pièce même, une fontaine ou bassin en granit devait être -alimentée par un jet d'eau. Cette sorte ae vasque peu profonde ( 12 cm.) mais mesurant 2 m. de diamètre intérieur re­cevait l'eau par le fond grâce à une conduite en plomb dont nous avons trouvé les· éléments et la collerette d'ar­rivée.

La fon taine se trouvait dans la partie de la salle dallée avec plaques de -granit .

SURFAC,E 16

Il s'agit de la surface dallée également avec plaques

Page 13: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

~ 11 -

de granit et s'étendant a un niveau inférieur (25 cm.) en avant de la salle 15. Des portiques au moins à l' est et au sud limitaient le dallage d'autre part bordé par le caniveau extérieur.

Nous avons vu .que cette partie de la ville communi­quait avec la galerie 10 par un portail ou une claie.

Sur le dallage nous avons trouvé çà et là les éléments de 2 autres bassins en granit ordinaire, l'un de 1 m. 80 de diamètre, l'autre de 1 m. à 1 m. 20, tous les deu..'< peu profonds, et d'une vasque en granit verdâtre de n6 cm . dè diamètre et 23 de hauteur ex1érieure, mais 10 de profondeur de cuvette.

Cela porte à 4 le nombre des bassins dans l'ensemble 15 et 16.

Un fragment de corniche se trouvait aussi là.

Enfin, nous avons noté dans le dallage, devanL la pe­tit e porte de la salle 15, une fente de 40 cm . sur t3 qui devait ervir d'issue à l'eau des fontaines .

SALLE 17

Elle occupe l'angle que font entre elles les salles 13 et 14 situées à des niveaux inférieurs. Elle peut êLre Je départ <l ' un autre bâtiment au-delà du caniveau qui la horde au-dessus de 13 et 14. Ce caniveau est à près d 'un mèLre au-dessus de l'aire des salles voisines.

PALESTRE OU J~RDIN

La fouille périmétrale de cette partie qui peut être la palestre, une cour -ou un jardin, ne nous a donné que de nombreux débris de tuiles au nord et à l 'ouest, beau­coup cie tessons <le poterie au voisinage des salles 8 et 9 et des plombs de scellement semblables à ceux de la ga­Jori.e 1'0 ainsi que de nombreux clous. Enfin un gros bloc de granit taillé qui a certainement été déplacé gisait près do l'angle ouest. Il mesure encore 1 m. 40 de côté sur 0,35 cl' éipaisseur. Sa base n'est pas entière.

* * *

Page 14: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 12 -

TROUVAILLES Dl~ERSES

Meules de moulin à farine

Nous avons retrouvé dans les déblais de 1938 deux fragments de meule de moulin à bras, l 'un en granit, J'auLre en lave bulleuse de l'Auvergne (diamètre 50 cm. comme pour tous les moulins de l 'époque gallo-romaine trouvés dans la région). Dans la muraille à pierre sèche qui borde le pré de M. Orliange, à 3 m. de l' angle sud du portique 16, on a trouvé des éléments de moulin, en granit également, mais plus fort : le diamètre devajt avoir 80 cm. Pour la région, un tel moulin remonte au haut Moyen Age.

Briques, tuiles, dalles, carreaux

Tuiles à rebord trouvées en abondance, en particulier le long des portiques, rouges en gén6ral, parfois blan­châtres, noires ou ocre clair, d 'épaisseur moyenne de 2 à 3 cm. Aucune marque n'a pu être observée sur les tuil eaux si ce n 'est parfois, sur quelques-uns, deux ou trois demi-cercle concentriques larges et à peine impri­més.

Pas de briques circulaires ou carrées de suspensura comme dans 2 et 3, mais de grands carreaux comme ceux clu socle de 15.

Pas de dalles de revêtement des murs avec mamelons, comme dans les salles chauffées 2, 3 et 6. Mais dalles san mamelon , parfois avec une face illonnée au pei­gne poul' l 'adhérence de crépi (galerie 10) et alors, quel­ques bobines en poterie pour le main tien de l'écartement entre murs et dalles .

· Céramique

rressons peu abondants dans la fouille des salles sauf dans 8, 9 et 14 et les bords de la palestre, et très abon­dants dans le dépotoir d.

En général, poterie commune grise ou noire ou ocre rouge ou jaunâtre. Formes diverses bol , plat, coupe, cruche, etc ...

p,oterie sigillée très ·peu abondante. Les tessons de cou­pes sont à vernis rouge (très raremen L noirâtre), dit de Lezoux.

Page 15: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

I

- 13-

Le décor est du ne siècle. Sur un ou deux registres, sous Ja bordure d 'oves, on distingue en relief dans des quadrilatères ou rles médaillons, des figures diverses (hercules, gladiateurs, ou autres silhouettes humaines, lièvres ou lapins, chiens, oiseaux, feuilles, fleurs, rosa­ces, etc ... et des guirlandes) .

Un seul tesson trouvé le long du mur de clôture exté­rieurement à la pale~tre accuse une époque plus tardive (fin du 111° siècle). S.on déçor estampé est fait, sous la ligne d 'oves, de deux rangées de petits cercles de 1 cm. de diamètre alternant avec deux rangées de petites ro­saces de 6 mm. environ. Ces rosaces ressemblent à des ipetites roues d'engrenage à 8 dents.

L'engobe de ce tesson est d'un rouge moins vif, un peu jaunâtre.

Nous avons rencontré aussi dans le dépotoir d quelques le sons de poterie, à pâte grise très fine, recouverte d 'un • vernis brilJant paraissant plombaginé, et quelques au­tres rouge· avec ou sans vernis mais à décor de traits oourls, obliques, fins, très rapprochés et faits à la rou­lette.

Nous n'avons Lrouvé aucun débris d'amphore italique ou autres.

Statue (?)

Dans la muraille en bordure du pré de M. Orliange, au voisinage presque inm1édiat de la salle 15 et du dallage 16 nous avons dégagé un bloc de granit de ·60 cm. de long et haut de 50 qui pourrait être tout ce qui reste du tronc d'une tatue mutilée.

)Je ouvriers et moi-même, nous avion pensé à la repré enta lion grossière d 'un animal (lion , mou Lon, etc ... ) mais le rapprochement qu'il nous a fallu faire avec un

I

autre tronc de statue mieux conservé et .trouvé parmi les vestiges gallo-romains de Lespinat (Cne de Meymac), à t O km. à vol d'oiseau des Cars m'ont conduit à considé­rer le bloc trouvé près de la salle 15 comme une partie de statue identique à celle de Meymac. Nous avons même été amené à évoquer l'idée du même statuaire et du même sujet dans la même pose (Di vinité, Empereur ... ). Il s'a-git aussi du même granit. ·

Malheureusement, la mutilation a été très grande pour

e

Page 16: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

-14 -

la pièce des Cars. Le tronc se trouve lrè réduit sous Je bras droit par suite de l 'enlèvement d'un fort éclat. Il 'arrêle d'autre part un peu avant Ja ceinture. La tête

arrachée a entraîné avec elle le cou et une partie de l'épaule.

* * *

Uans le pré voisin de M. Orliange, plusieurs ources <'xis!ent. EJles ont un débit ordinaire comme toutes cel­les de la région en terrain granitique.

La plus haute sort en tète du pré, à la distance de 25 m. environ à l'est de la salle 17. Par une conduite, elle pouvait alimenter la villa. Nous n'en avons trouvé aucune trace.

Au ud-est, à ltOO mètres environ de ruines, deux sour­ces ont dü servir. Nous n'y avons trouvé que quelques !uiJeaux mais aucun aménagement.

:\u-delà du pré, vers l 'est et le sud-est , dans le champ expo.-é à l'ouest et appelé au cadastre (( Terre Latine »,

le laboureur rencontre des débris de tuiles, de briques et des tessons de poterie , soit à environ 150 à 200 mètres.

Dans le haut du pré, entre les ruines et le champ, les taupes sortent des débri_s de tuiles.

Au nord-est du Bac, à environ 400 m. de celui-ci et à près de 3-00 m. à l 'est des temples entre bruyère et rnouillé, un bloc de granit taillé émerge de la bruyère où il semble a voir été abandonné.

A l'ouest et à environ 250 mètre des temples, une petite combe se dessine en haut d'un pacage. Deux sour­ces naissent dans Je site en hémicycle assez parfait. Nous l'avons exploré par deux fossés à travers la couche tour­beuse qui l 'occupe en pgrtie. Nous cherchions l' emplace­ment du théâtre supposé. Nous n'avons rencontré aucune pierre de taille ou de maçonnerie ordinaire pouvant faire penser à un édifice quelconque.

Nous n 'avons trouvé que quelques débris de tuiles et de rare tessons de poterie qui sont en relation avec des vestiges de maisons dont nous allons parler.

I

Page 17: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

- 15 -

Il faut noter cependant que tout près de la croupe de Lerrain dans la bruyère gisent deux autres blocs taillés et creusés d'un trou cubi1que comme pour recevoir un pied de croix.

Ces blocs dégagés par nos soins sont bien isolés. On les appelle Pierre des Fades. Rien n 'existe autour d'eux ni dans leur gisement superficiel.

Dans la parcelle au-dessus, une meule cassée de mou­lin à bras en granit a été rencontrée par les bergers.

Entre les temples et les sources fquillées, M. Dars, du hameau voisin d' Ars, cultive périodiquement la parcelle.

Une fouille faite d'après ses indications nous a fait dé­couvrir les substructions de deux maisons (vestiges de murs démolis par les labours, débris de tuiles et de bri­ques, tessons de poterie, scories de fer).

De plus, la charrue rencontre chaque fois une ligne pierreuse qui fait ·penser à un chemin ferré entre les sources et les temples et passant près des maisons.

Marius VAZEILLES Corres~ondant des Monuments Historiques.

Extrait du B u lletin n o 2 - 1954 de la « Société d es Lettres.

Sciences et Arts de la Corréze ,

Page 18: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS
Page 19: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS
Page 20: ·LA. STATION GALLO-ROMAINE DES CARS

'

.......•.....................•.......... IMP'llllM&IU& JUOLAltD-OOll!lt

TULLS ..........•...........•......•..........