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ACROPOLE 1/8 I.G. 12/02 L’ACROPOLE L'Acropole en pratique (mise à jour 08/2007) Il est possible de pénétrer sur l'Acropole en entrant par le théâtre de Dionysos, sur le côté sud, ce qui peut être une solution judicieuse : on arrive par la station de métro Acropolis (à visiter pour elle-même), on visite le théâtre, et de- puis son diazoma intermédiaire, on emprunte le "péripatos" antique qui permet, en pente douce, de voir le sanctuaire d'Asclépios (restauration en cours, bien avancée) et les autres bâtiments du flanc sud de l'Acropole. On rejoint l'entrée principale au-dessus de l'Odéon d'Hérode Atticus. Après la visite de l'Acropole, on peut gagner le secteur de l'Aréopa- ge et l'agora. Cette solution n'est applicable que si l'on n'a pas voulu, ou dû (cela est parfois obligatoire) laisser en consigne les sacs à dos (il y a une seule consigne, près de l'Aréopage). L'ancien musée de l'Acropole est désormais définitivement fermé. On attend avec impatience l'ouverture du nouveau musée, annoncée actuellement "pour le début de 2008". En tout état de cause, ce musée sera nettement plus grand et permettra d'exposer des objets jamais montrés au public jusqu'ici faute de place dans l'ancien bâtiment. Demain sera plus beau ! L'Acropole, un lieu stratégique Cette colline de 156 m d'altitude, qui domine l'agglomération athénienne d'une centaine de mètres, a été un site occupé très tôt, puisqu'on y a retrouvé des cabanes datant de 5000 av. J.-C. environ. À l'époque my- cénienne, un palais y était installé. Le site a été indubitablement choisi par ses premiers occupants pour ses qualités défensives : on est à moins de 10 km de la mer, ce qui est une bonne distance, suffisamment courte pour surveiller le rivage (la rade du Pirée) et voir arriver d'éventuels ennemis, suffisamment longue pour éviter d'être attaqué par surpri- se. En outre, le site est escarpé, d'un accès difficile, sauf à l'Ouest : il a donc un intérêt stratégique certain. L'Acropole, un centre religieux Depuis le début du Ier millénaire av. J.-C., l'Acropole accueille des cultes, notamment celui d'une déesse de la Nature et d'Érechthée, puis d'Athéna et Érechthée, ainsi peut-être que de Poséidon ; au VIIe s. est cons- truit le premier édifice monumental, et à partir du VIe s., l'Acropole est exclusivement dédiée aux activités religieuses, elle a définitivement perdu sa fonction politique. Au VIe s., les Pisistratides embellissent le rocher : on construit un nouveau temple d'Athéna, plus beau que le précédent, avec ses frontons en poros. À cette époque sont également instituées les Grandes Panathé- nées (qui ont lieu tous les quatre ans) et les Petites Panathénées (qui ont lieu les années intermédiaires). Les Panathénées Cette fête, qui durait plusieurs jours et se déroulait en été, comportait différentes manifesta- tions, notamment des concours gymniques dans un stade qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuel Stade Olympique (Kallimármaro, visible du haut de l'Acropole, bien caractéristique avec sa forme en U). La plus célèbre est la procession qui partait du bout de la cité, de la " porte double " (le Dipylon) au Céramique, tra- versait l'agora et montait sur l'Acropole, jusqu'à l'autel consacré à Zeus et à Athéna. La veille de cette pro- cession avait lieu la " veillée sacrée ", avec course aux flambeaux, jeux et chants. À la procession prenaient part les magistrats de la cité, suivis des citoyens en armes ou à cheval, puis les petites filles (les arrhéphores) portant les offrandes destinées à la déesse, notamment le péplos tissé par leurs soins dont on revêtirait la vieille statue en bois d'olivier (le xoanon) placée dans le temple d'Athéna, puis dans l'Érechthéion quand ce- lui-ci a été construit. (La statue d'Athéna Parthénos, elle, n'a jamais fait l'objet d'un culte : c'est ce qui fait di- re aux spécialistes que le Parthénon n'est pas un temple mais un immense trésor, c’est-à-dire un bâtiment dont la seule fonction est d'abriter une offrande, en l'occurrence, la statue elle-même.) Cette procession, à laquelle participait l'ensemble du corps civique, est probablement celle qui était repré- sentée sur le Parthénon, en une frise ionique placée au-dessus de la colonnade intérieure. (cf. infra) Histoire de l'Acropole à travers les âges Au début du Ve s., de nouveaux travaux sont entrepris, mais l'occupation perse de la seconde guerre mé- dique entraîne des destructions ; les statues brisées sont enfouies dans des fosses où les archéologues les trouvent, au XIXe s. C'est Périclès qui fait exécuter un programme de grands travaux sur l'Acropole et dans toute l'Attique (au cap Sounion, à Rhamnonte, à Éleusis, sur l'Agora…). Il s'agissait alors de donner à Athènes des monuments

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L’ACROPOLE L'Acropole en pratique (mise à jour 08/2007) Il est possible de pénétrer sur l'Acropole en entrant par le théâtre de Dionysos, sur le côté sud, ce qui peut être une

solution judicieuse : on arrive par la station de métro Acropolis (à visiter pour elle-même), on visite le théâtre, et de-puis son diazoma intermédiaire, on emprunte le "péripatos" antique qui permet, en pente douce, de voir le sanctuaire d'Asclépios (restauration en cours, bien avancée) et les autres bâtiments du flanc sud de l'Acropole. On rejoint l'entrée principale au-dessus de l'Odéon d'Hérode Atticus. Après la visite de l'Acropole, on peut gagner le secteur de l'Aréopa-ge et l'agora. Cette solution n'est applicable que si l'on n'a pas voulu, ou dû (cela est parfois obligatoire) laisser en consigne les sacs à dos (il y a une seule consigne, près de l'Aréopage).

L'ancien musée de l'Acropole est désormais définitivement fermé. On attend avec impatience l'ouverture du nouveau musée, annoncée actuellement "pour le début de 2008". En tout état de cause, ce musée sera nettement plus grand et permettra d'exposer des objets jamais montrés au public jusqu'ici faute de place dans l'ancien bâtiment. Demain sera plus beau !

L'Acropole, un lieu stratégique Cette colline de 156 m d'altitude, qui domine l'agglomération athénienne d'une centaine de mètres, a été

un site occupé très tôt, puisqu'on y a retrouvé des cabanes datant de 5000 av. J.-C. environ. À l'époque my-cénienne, un palais y était installé.

Le site a été indubitablement choisi par ses premiers occupants pour ses qualités défensives : on est à moins de 10 km de la mer, ce qui est une bonne distance, suffisamment courte pour surveiller le rivage (la rade du Pirée) et voir arriver d'éventuels ennemis, suffisamment longue pour éviter d'être attaqué par surpri-se. En outre, le site est escarpé, d'un accès difficile, sauf à l'Ouest : il a donc un intérêt stratégique certain.

L'Acropole, un centre religieux Depuis le début du Ier millénaire av. J.-C., l'Acropole accueille des cultes, notamment celui d'une déesse

de la Nature et d'Érechthée, puis d'Athéna et Érechthée, ainsi peut-être que de Poséidon ; au VIIe s. est cons-truit le premier édifice monumental, et à partir du VIe s., l'Acropole est exclusivement dédiée aux activités religieuses, elle a définitivement perdu sa fonction politique.

Au VIe s., les Pisistratides embellissent le rocher : on construit un nouveau temple d'Athéna, plus beau que le précédent, avec ses frontons en poros. À cette époque sont également instituées les Grandes Panathé-nées (qui ont lieu tous les quatre ans) et les Petites Panathénées (qui ont lieu les années intermédiaires).

Les Panathénées Cette fête, qui durait plusieurs jours et se déroulait en été, comportait différentes manifesta-

tions, notamment des concours gymniques dans un stade qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuel Stade Olympique (Kallimármaro, visible du haut de l'Acropole, bien caractéristique avec sa forme en U). La plus célèbre est la procession qui partait du bout de la cité, de la " porte double " (le Dipylon) au Céramique, tra-versait l'agora et montait sur l'Acropole, jusqu'à l'autel consacré à Zeus et à Athéna. La veille de cette pro-cession avait lieu la " veillée sacrée ", avec course aux flambeaux, jeux et chants. À la procession prenaient part les magistrats de la cité, suivis des citoyens en armes ou à cheval, puis les petites filles (les arrhéphores) portant les offrandes destinées à la déesse, notamment le péplos tissé par leurs soins dont on revêtirait la vieille statue en bois d'olivier (le xoanon) placée dans le temple d'Athéna, puis dans l'Érechthéion quand ce-lui-ci a été construit. (La statue d'Athéna Parthénos, elle, n'a jamais fait l'objet d'un culte : c'est ce qui fait di-re aux spécialistes que le Parthénon n'est pas un temple mais un immense trésor, c’est-à-dire un bâtiment dont la seule fonction est d'abriter une offrande, en l'occurrence, la statue elle-même.)

Cette procession, à laquelle participait l'ensemble du corps civique, est probablement celle qui était repré-sentée sur le Parthénon, en une frise ionique placée au-dessus de la colonnade intérieure. (cf. infra)

Histoire de l'Acropole à travers les âges Au début du Ve s., de nouveaux travaux sont entrepris, mais l'occupation perse de la seconde guerre mé-

dique entraîne des destructions ; les statues brisées sont enfouies dans des fosses où les archéologues les trouvent, au XIXe s.

C'est Périclès qui fait exécuter un programme de grands travaux sur l'Acropole et dans toute l'Attique (au cap Sounion, à Rhamnonte, à Éleusis, sur l'Agora…). Il s'agissait alors de donner à Athènes des monuments

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à la mesure de sa puissance politique, à une époque où son impérialisme lui permettait de dominer une bonne partie du monde grec. Il est certain que c'est la position hégémonique d'Athènes qui lui a donné les moyens financiers de construire pareil ensemble de monuments : c'est en effet avec les fonds de la Ligue de Délos, dont ils avaient pris la tête, que les Athéniens ont financé ces constructions. On a pu dire aussi que Périclès avait voulu donner du travail à ses concitoyens : cette idée est sujette à caution, car on a retrouvé beaucoup de non-Athéniens parmi les ouvriers et les artistes qui ont pris part à la construction.

À la fin de l'Antiquité, à partir du Ve s., le Parthénon est consacré au culte chrétien, ce qui a permis de le conserver en excellent état jusqu'à la fin du XVIIe s. Entre-temps, après la Quatrième Croisade et avec l'oc-cupation franque, à partir de 1205, l'Acropole est rendue à sa fonction initiale de lieu d'observation et de dé-fense : elle redevient une citadelle. Au XVe s, lorsque la Grèce tombe sous la domination ottomane, les Turcs transforment le Parthénon en mosquée, puis ils en font leur poudrière ; en 1687, les Vénitiens, sous la conduite de Morosini, bombardent cette poudrière, réduisant le Parthénon à peu près à l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui, à une différence près : les décors sculptés étaient encore en place, pour la plupart. Moro-sini a voulu en emporter une partie, Lord Elgin une autre, au tout début du XIXe s. : en 1801, muni d'une au-torisation du Sultan, il emporte en Angleterre tout ce qu'il peut des sculptures du Parthénon, ainsi qu'une Ca-ryatide de l'Érechthéion. Ces vestiges sont aujourd'hui exposés au British Museum, à Londres.

Pour en savoir plus • Sur l'hostilité des Athéniens aux grands travaux de Périclès : Plutarque, Vie de Périclès 12-16. • Marie-Christine Hellmann, L'architecture grecque, Paris, Le Livre de Poche, coll. Références, 1998. • B. Holtzmann et A. Pasquier, L'art grec, Paris, École du Louvre, 1998. • Roland Martin, L'art grec, Paris, Le Livre de Poche, 1994 pour l'édition française. • L. Bruit-Zaidman et P. Schmitt-Pantel, La religion grecque, Paris, A. Colin, coll. Cursus, 2e éd. 1999.

LES PRINCIPAUX MONUMENTS DE L 'A CROPOLE I LES PROPYLÉES

C'est l'entrée monumentale de l'Acropole. Elles sont l'œuvre de l'architecte Mnésiclès, qui les a refaites au

Ve s. (Elles existaient depuis le VIe s.) Elles ne comportent aucun décor sculpté, car ce n'est qu'un passage, qui ne nécessite pas de grands raffinements décoratifs.

Ce bâtiment devait remplir une fonction précise (marquer la limite de l'espace sacré, donner au fidèle le sentiment qu'il pénétrait dans un espace proprement religieux) en tenant compte des contraintes matérielles (étroitesse de l'espace, déclivité du terrain). Pour répondre à cette fonction, il se devait d'être monumental et imposant, ce qui posait problème au vu du terrain qui lui était réservé.

Les deux façades (l'une tournée vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur de l'Acropole), de style dorique, sont identiques à des façades de temple, mais l'architecte ne disposait pas de la place suffisante pour mettre en longueur le nombre de colonnes habituel (6 colonnes en largeur impliquent 12 ou 13 colonnes en lon-gueur, d'après les proportions ordinairement respectées dans l'architecture grecque) avec l'entrecolonnement nécessaire pour éviter l'accumulation des colonnes dans un espace réduit, et l'effet de masse qui en aurait ré-sulté. D'où le recours à des colonnes ioniques, plus élancées (puisqu'elles ne s'élargissent pas vers le bas), pour avoir le nombre de colonnes voulu et éviter une surcharge inesthétique, en un mot, pour respecter l'harmonie des proportions. En outre, pour compenser la dénivellation, l'architecte a eu recours à des colon-nes de différentes hauteurs. II LE TEMPLE D 'A THÉNA NIKÈ (= ATHÉNA VICTORIEUSE )

C'est un temple de style ionique, amphiprostyle. Sa taille est adaptée à l'étroitesse de la plate-forme sur

laquelle il est construit. Callicratès en fut l'architecte ; le temple fut construit dans la seconde moitié du Ve s. Il abritait une vieille statue en bois (un xoanon) représentant une victoire qui, contrairement à l'habitude, n'avait pas d'ailes, d'où son nom de Victoire Aptère : on dit que les Athéniens lui avaient coupé les ailes pour

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que la Victoire ne s'envole plus et qu'elle reste à tout jamais chez eux. La frise représente la bataille de Platées (seconde guerre médique). C'est la première fois qu'une frise re-

présente un sujet non mythologique ; c'est une autre manière d'honorer une divinité, en lui dédiant une vic-toire.

Une œuvre remarquable: la Victoire détachant sa sandale. Ce relief faisait partie du parapet du temple. On enlève ses chaussures avant de pénétrer dans un espace sacré tel que la zone autour de l'autel ; cette Vic-toire pourrait être une desservante du culte. Les ailes, qui sont lisses, étaient peintes. Cette œuvre manifeste une nouvelle tendance de la sculpture, à l'époque classique : le style "riche", un certain maniérisme qui utili-se l'artifice bien connu du drapé mouillé, laissant largement deviner les formes du corps qu'il recouvre (noter que l'on voit même le nombril à travers le vêtement.) III L'É RECHTHÉION (illustrations page suivante)

Construit entre 421 et 406, il est l'œuvre de Callimaque et occupait l'emplacement du principal lieu de

culte de l'Acropole depuis l'origine ; il abritait notamment la vieille statue d'Athéna Poliade, celle qui faisait l'objet du culte des Panathénées (le xoanon, i.e. le tronc à peine dégrossi constituant la statue primitive, répu-tée "tombée du ciel" et "non faite de main d'homme").

Sa forme très particulière et complexe répond aux multiples fonctions que remplit ce bâtiment, qui abrite plusieurs sanctuaires (Athéna, Poséidon) et que jouxte un enclos abritant différentes reliques : tombes d'Érechthée et de Cécrops, olivier sacré d'Athéna, puits d'eau de mer, trace du coup de trident de Poséidon sur le rocher, ainsi que différents autels. En outre, il fallait s'adapter à l'irrégularité du sol. Il comprend trois parties :

1) le corps principal au centre : il est consacré aux cultes d'Athéna et de Poséidon (partie Ouest à Poséi-don, partie Est à Athéna ; lorsque le bâtiment a été transformé en église, les chapelles intérieures ont été dé-truites). Noter la différence de niveau selon qu'on regarde cette partie depuis l'Ouest ou depuis l'Est : de l'Est, on a l'impression d'avoir en face de soi un bâtiment à un seul niveau ; depuis l'Ouest, on se rend compte que ce niveau est en fait un " premier étage " ; de l'Ouest, on voit aussi des demi-colonnes engagées dans la faça-de, sorte de trompe-l'œil. Des deux étages, l'un est au niveau de la tribune des Caryatides, l'autre au niveau du portique Nord.

2) le portique Nord : c'est l'entrée de la cella d'Érechthée. Noter l'ornementation ionique très riche, la frise en marbre bleu d'Éleusis, le plafond à caissons.

3) la tribune des Caryatides au Sud : c'est de là que les prêtresses d'Athéna suivaient la procession des Panathénées ; elle est établie au-dessus du tombeau de Cécrops et se distingue par les six statues-colonnes féminines qui en supportent le toit. (Les statues en place sont des copies).

Ces statues jouent le même rôle qu'une colonne. L'essentiel, du point de vue architectural, est qu'elles soient suffisamment solides pour soutenir le toit. Les attitudes sont donc choisies pour que la ligne générale reste la verticale ; d'autre part, la partie la plus fragile, car la plus fine, d'une telle statue est bien sûr le cou, qui offre un possible point de cassure. Pour renforcer cette partie sans donner au cou un volume exagéré et disgracieux, les Caryatides ont d'épaisses chevelures ramenées en grosses tresses sur la nuque : cet artifice permet de concilier beauté plastique et exigences architecturales. On notera en outre qu'il n'y a pas deux sta-tues qui soient exactement semblables. Elles avancent un pied comme pour se mettre en marche, opposant le dynamisme de leur allure au caractère statique de la pierre dont elles sont faites.

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L’ ÉRECHTHÉION

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IV LE PARTHÉNON Avant la construction du Parthénon de Périclès, l'emplacement était occupé par l'Hécatompédon (c’est-à-

dire un bâtiment de 100 pieds de long) en tuf, depuis les années 570, puis par un premier Parthénon en mar-bre, qui fut ravagé par les Perses en 480.

De tous les édifices de l'Acropole, c'est - en apparence - le moins complexe et le moins original ; mais la réalité est tout autre. Il fut construit entre 447 et 432, Phidias en fut le maître d'œuvre et le chef-sculpteur, et Ictinos l'architecte.

C'est un bâtiment construit entièrement en marbre du Pentélique (en marbre massif et non simplement

recouvert d'un stuc de marbre) : le Pentélique est une montagne toute proche d'Athènes, il était donc facile de se procurer la matière première ; c'est aussi le plus grand édifice dorique achevé (certains temples de Sicile sont plus grands, mais n'ont jamais été couverts, ou bien leur toiture s'est rapidement effondrée) ; c'est éga-lement le seul dont toutes les métopes aient été sculptées. Le fait de faire un bâtiment dont l'arrière était tourné du côté par où l'on arrivait ne manquait pas non plus de hardiesse.

Le Parthénon est le résultat d'un compromis entre : - les servitudes d'un site déjà partiellement occupé et les nouveautés du programme imposées notamment

par les dimensions de la statue qu'il devait abriter ; - les exigences du sculpteur Phidias et de l'architecte Ictinos ; - le respect de la tradition dorique et l'intégration d'éléments ioniques. Ce n'est pourtant pas un temple, puisque la statue qu'il abritait, la fameuse Athéna Parthénos, œuvre de

Phidias, n'était pas une statue de culte. Le Parthénon a la forme d'un temple, mais il n'est "que" un immense trésor, recelant une offrande colossale et somptueuse.

Cette offrande était une statue (cf. fig. 4) chryséléphantine, c'est-à-dire recouverte de plaques d'or et

d'ivoire ; étant donné son prix, comme toutes les autres statues de ce type, elle a disparu il y a bien long-temps ! Cette statue était assez massive, plus large que la moyenne (une copie en marbre, et de taille réduite, se trouve au Musée National d'Athènes) ; les dimensions du Parthénon ont été calculées pour que la statue ne semble pas trop à l'étroit dans sa cella. Elle représentait une Athéna armée tenant une victoire dans sa main : on a pu dire que, outre une œuvre d'art c'était aussi un monument de propagande, dans la mesure où l'Athéna offrant la victoire à son peuple serait comme la personnification de l'Athènes de Périclès et de son empire. On a dit aussi que Phidias s'était représenté lui-même en Dédale, avec Périclès en Thésée à ses côtés, sur le bouclier de la déesse. C'est parce que la statue était particulièrement imposante que le Parthénon est lui-même plus large et plus long qu'un temple ordinaire : 8 colonnes en façade, 17 en longueur, 30 m de large sur 69 m de long.

À ces dimensions exceptionnelles s'ajoute un refus de la ligne absolument droite au profit de la courbe :

pour éviter qu'un temple dorique n'ait l'air biscornu, il faut le faire un peu biscornu, et c'est dans le Parthénon que les corrections optiques sont le plus systématiquement employées :

- une ligne horizontale fuyante paraît concave à l'œil humain : pour éviter cela, et sans doute aussi pour mieux évacuer les eaux de pluie, le stylobate (= la base) du Parthénon est légèrement convexe ;

- des colonnes d'une certaine hauteur auront l'air de diverger dans leur partie supérieure : pour qu'elles pa-raissent verticales, on a fait en sorte qu'elles convergent légèrement, ce qui veut dire que le Parthénon n'est pas un parallélépipède, mais un tronc de pyramide ; pour que les colonnes ne paraissent pas se creuser à mi-hauteur, on les a faites légèrement galbées ;

- on a fait les colonnes d'angle un peu plus épaisses que les autres, on a réduit la distance entre la colonne d'angle et celle qui la précède, pour éviter qu'une métope ne se trouve amputée de moitié par la présence de l'angle.

Du point de vue de la construction, cela implique que chaque bloc était taillé pour être situé à une place précise, ce qui requérait une organisation du travail extrêmement précise et méticuleuse et, partant, coûteuse.

D'autre part, si le Parthénon est un exemple éclatant d'architecture dorique, il n'en intègre pas moins des éléments ioniques, notamment la fameuse frise située au-dessus du mur de la cella et de la colonnade inté-rieure, à une place d'où, à vrai dire, elle était peu visible.

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La décoration sculptée du Parthénon est exceptionnelle tant en quantité qu'en qualité : c'est le seul édifice dont toutes les métopes (A) soient sculptées, il comporte en outre une frise continue (B) — qui n'existe pas dans un bâtiment strictement dorique — et bien sûr des frontons, sculptés eux aussi (C). Chacun de ces trois ensembles montre une étape de l'évolution de la sculpture classique : les historiens de l'art peuvent parler de sculpture "pré-parthénonienne" et "post-parthénonienne", montrant ainsi le rôle déterminant que joua ce bâtiment dans l'histoire de l'art grec.

Les métopes sont les éléments décoratifs qui ont été mis en place les premiers : sur trois côtés, elles ont été martelées, au moment où le Parthénon a été transformé en église ; seules les métopes du côté Sud ont été sauvées, car on y passait peu, de sorte que les chrétiens n'ont pas jugé nécessaire de les détruire, mais c'est également le côté endommagé par l'explosion de 1687. Cependant, elles nous sont connues par des dessins réalisés avant 1687. Les 14 métopes de façade représentaient une Gigantomachie, les 14 de l'arrière, une Amazonomachie, les 32 du côté Nord, la prise de Troie, et celles du Sud, autant qu'on puisse en juger, une Centau-romachie.

Ces métopes relèvent du style sévère : les corps sont dans des postures assez raides et artificielles, les personnages n'entrent que peu en rapport les uns avec les autres, ils semblent isolés même lorsqu'ils font partie de la même scène. En outre, les métopes ne forment pas un ensemble homogène, mais elles sont l'œuvre de plusieurs artistes dont chacun continue à avoir son style pro-pre.

La frise ionique est l'ensemble décoratif le mieux conservé du Parthénon : sur 160 m de frise, il n'en manque que 14. Elle relève du style libre : chevauchement des personnages qui se répartissent en différents plans (on peut avoir jusqu'à 10 plans simultanés), allure plus souple des corps. Cette frise représente une procession, probablement celle des Panathénées : on a cependant pu relever qu'elle n'en illustrait que des morceaux choisis et que certains aspects étaient en contradiction avec ce qui est rapporté dans les textes : ce sont des hommes qui portent des hydries, alors que les textes mentionnent des femmes ; les cavaliers oc-cupent une place de choix dans la frise, alors que les sources littéraires n'en font pas mention ; les hoplites sont absents de la frise, alors que l'on sait qu'ils participaient à la procession. De très nombreuses figures humaines sont présentes dans cette frise, ce qui est remarquable s'agissant d'une construction dédiée à une divinité.

Figure 2 : Schéma de la frise ionique dite des Panathénées.

Figure 1 : Disposition du décor sculpté du Parthénon.

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Figure 3 : Angles de vue permettant la lecture de la frise ionique du Parthénon.

Cette frise montre le cortège dans son déroulement. La difficulté était de savoir où situer le départ du cor-

tège, car si on l'avait divisé en deux parties égales, du côté ouest on aurait eu deux séries de personnages se tournant le dos à partir du milieu ; en fait, le départ s'effectue à partir de l'angle sud-ouest et la procession se dirige vers le Nord d'une part, vers l'Est d'autre part ; la fin du cortège est située du côté Est, au-dessus de l'entrée du bâtiment. Certains personnages n'ont pas encore pris le départ, ils sont debout à côté de leurs che-vaux, d'autres sont déjà en marche, à pied ou à cheval ; les dieux sont également présents, ils assistent à l'ar-rivée de la procession avec le prêtre recevant le péplos de la déesse. Il s'agit d'une célébration de l'harmonie régnant entre la cité et ses dieux, mais on ne peut s'empêcher de noter, loin de la solennité d'une cérémonie officielle, la nonchalance des dieux (qui discutent entre eux et semblent ne prêter à la procession qu'un inté-rêt très relatif) et le fait que les hommes, comme les animaux, ont une attitude qui est loin d'être guindée : les chevaux se cabrent, les hommes ont des attitudes variées : par exemple, la plaque n°864, qui représente trois jeunes gens portant des hydries et un quatrième se penchant pour en soulever une autre, montre des person-nages faisant tous peu ou prou la même chose, mais chacun avec un geste qui lui est propre. Un coup d'œil sur l'ensemble de la frise (au British Museum, où en est conservée la plus grande partie) permet de voir les changements de rythmes au cours de cette procession, le contraste entre la solennelle lenteur des vieux ci-toyens et la rapidité des chars ou la fougue des chevaux.

Les frontons, quant à eux, illustrent le style "riche", ou maniériste. Le fronton Est représente la naissance

d'Athéna. À voir in situ : la tête de cheval de l'angle Nord-Est : elle déborde du cadre du fronton, produisant un effet baroque. Le reste de ce fronton a été démonté dès la fin de l'Antiquité, au moment du passage au culte chrétien.

Le fronton Ouest, lui, était bien conservé jusqu'à la fin du XVIIIe s., où il fut victime du Vénitien Moro-sini, qui voulait rapporter des figures du Parthénon, à titre de trophée, à Venise, mais, lors du démontage, les statues se sont brisées à terre. La figure occupant l'angle gauche est en surplomb, on a l'impression qu'elle va tomber ; en outre, la torsion imprimée au buste est très marquée : c'est une position complexe et fugace, on est au-delà du naturel, on est déjà dans le maniériste, voire dans le baroque.

Le Parthénon marque donc un dépassement du style sévère ; la maîtrise acquise par les artistes leur per-met de faire désormais tout ce qu'ils veulent. C'est toute cette génération d'artistes qui se sont formés lors de la construction du Parthénon que l'on retrouve à l'œuvre dans les décennies suivantes.

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I.G. 12/02

Figure 4 : Reconstitution de la cella du Parthénon, avec l’Athéna Parthénos de Phidias et le bassin permettant de

maintenir le degré d’humidité nécessaire à la bonne conservation de la statue.