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L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 1
L’EFFRAIE La revue de la LPO Rhône
n° 32 - 2012
Ligue pour la Protection des Oiseaux Association locale du Rhône
M.R.E. 32 rue Sainte-Hélène 69002 LYON
Tél. : 04 72 77 19 85 Fax. : 04 72 77 19 86
www.corafaunesauvage.fr
ISSN 0982-5878
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 2
Sommaire du n°32/2012
Editorial
Premier cas d’hivernage (incomplet) d’un groupe d’Oedicnèmes criards dans le Rhône p.4
Frédéric DOMENJOUD
Observation d’un Aigle royal à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry p.12
Jonathan GAUDET
Suivi de l’hivernage d’une Bécassine sourde à Miribel-Jonage (69) durant l’hiver 2011-12 p.15
Olivier ROLLET, Dominique TISSIER
Leçon pratique d’ichnologie* ou comment jouer au petit trappeur ? p.23
Jean-Paul RULLEAU
Observation de deux Spatules blanches au centre de Lyon p.26
Guillaume BROUARD
Observation d’une Spatule blanche à Lyon p.30
Sorlin CHANEL
Observation exceptionnelle de trois Glaréoles à collier dans le Rhône p.32
Sorlin CHANEL
Enquête « rapaces » 2010 dans le Rhône p.34
Bertrand DI NATALE
INFO ORNITHO : p.40 Quelques raretés de cet hiver
Un Goéland brun allemand contrôlé à Arnas (69)
Disparition de la grande corbeautière de Chasse-sur-Rhône
Saint-Exupéry, un nouvel hot-spot du département ?
Un Aigle criard est passé au-dessus du Rhône
EFFRAIE n°32 / 2012
Revue éditée par la LPO Rhône (Ligue pour la Protection des Oiseaux, association locale du Rhône)
32 rue Sainte-Hélène 69002 LYON
04 72 77 19 85 FAX : 04 72 77 19 86 email : [email protected]
Site internet : http://www.corafaunesauvage.fr/ Groupe de discussion : http://fr.groups.yahoo.com/group/LpoGroupe69/
Base de données en ligne : http://www.faune-rhone.org
Edition et publication : LPO Rhône
Rédacteur en chef : Dominique TISSIER
Merci à toutes les personnes qui ont bien voulu relire les articles de ce numéro : Jonathan JACK, Jean-
Paul RULLEAU, Olivier ROLLET, Cyrille FREY.
Photo de couverture : Spatule blanche / Olivier ROLLET.
Photos intérieures : Jean-Michel BELIARD, Guillaume BROUARD, Sorlin CHANEL, Gilles CORSAND,
Frédéric DOMENJOUD, Vincent GAGET, Jonathan GAUDET, Frédéric LE GOUIS, Jean-Marie
NICOLAS, Vincent PALOMARES, Olivier ROLLET, Didier ROUSSE, Jean-Paul RULLEAU, Dominique
TISSIER, Hugo TOUZE.
Illustrations : Dominique TISSIER.
Réalisation et mise en page : Dominique TISSIER
Reprographie et reliure : COREP Lyon
Les opinions exprimées dans les articles de cette revue n'engagent que leur auteur et non la LPO.
Pour toutes publications, contacter le Rédacteur en chef : [email protected] ou la LPO Rhône.
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Editorial
Alors que le printemps fait feu de tout bois, nos lecteurs voudront bien nous pardonner de leur parler
de l’hiver passé, mais un long délai s’est écoulé depuis notre dernière parution, en septembre 2011,
compte tenu de nos charges de travail (travailler plus…… refrain !...) et du peu d’enclin de nos
rédacteurs à nous envoyer des articles !
Mais bien des choses intéressantes se sont passées cet hiver, avec, le 5 février, le centenaire de notre
association nationale, la LPO, qui nous a rassemblés, malgré le gel, à Miribel-Jonage pour l’opération
« 100 longues-vues », mais aussi quelques remarquables données avifaunistiques dont certaines sont
rapportées ici.
Ainsi, une Bécassine sourde en hivernage a pu être suivie tout l’hiver au Grand Parc et un groupe
d’Oedicnèmes criards a failli réussir un hivernage complet à Morancé. Le Parc de Miribel-Jonage et les
plans d’eau du val de Saône ont vu aussi quelques raretés, Macreuses brunes, Butors étoilés, harles,
etc., mais bien peu malgré la rigueur de février. Il faut dire que, avant l’épisode très froid de fin
janvier à mi-février, l’hiver a été remarquablement doux. Et l’on a eu bien peu de Pinsons du Nord, de
Tarins des aulnes ou de Bouvreuils pivoines, qui se montrent d’habitude en saison froide.
Des Spatules blanches, 2è, 3è et 4è citations départementales, se sont manifestées avant et après
l’hiver, en août, septembre et mars et ont suscité l’envie de rapporter leurs observations à de nouveaux
auteurs. Un grand merci à eux !
Nous retrouvons notre rédacteur fidèle Bertrand DI NATALE qui nous décrit l’enquête « rapaces »
2010, en attendant celle de 2011, dans notre département.
Mais notre association mène de très nombreuses actions, souvent avec de beaux succès, mais – et nous
reprenons ici les appels, sans écho, exprimés dans notre précédent éditorial - elles restent dans le
cercle des « initiés » !
Il est dommage qu’elles ne soient pas valorisées par des publications : ainsi, les actions de protection
des amphibiens et des busards, les prospections des reptiles, du Grand-Duc, des hirondelles, de
quelques passereaux rares pour l’Atlas, les comptages « Wetlands », etc… , ainsi que le beau succès des
installations de radeaux à sternes, de nichoirs à Faucon pèlerin, et pourquoi pas certaines actions
remarquables de nos animateurs dans les écoles, voilà qui mériterait de prendre un peu de temps pour
rapporter par écrit ces activités de notre LPO Rhône !
Nous espérons donc toujours quelques beaux articles pour notre prochaine édition !
Le Rédacteur en chef
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Premier cas d’hivernage (incomplet) d’un
groupe d’Oedicnèmes criards dans le Rhône Frédéric DOMENJOUD
Introduction Le 15 décembre 2009 est, ou devrais-je dire était, une journée importante dans l’histoire de
l’ornithologie du Rhône. Car si la « Saint-Ninon » marquait, jusqu’à présent, la date record et ultime de
présence de l’Oedicnème criard Burhinus oedicnemus dans notre département, un petit groupe de ces
sympathiques limicoles a tenté cette année d’affronter plus longtemps encore les rigueurs hivernales
échouant de peu aux portes de l’hivernage complet. Le 5 février 2012 marque donc désormais pour
l’espèce une nouvelle étape, un nouveau record, qu’un terrible froid sibérien vint brutalement
interrompre.
Nul n’est besoin de présenter l’Oedicnème criard aux lecteurs de l’Effraie, devenus familiers avec cet
étrange oiseau de la famille des Burhinidae (TISSIER 2005). Avec une population estimée aux
alentours de 300 couples nicheurs, notre département représente incontestablement un bastion pour
l’espèce en Rhône-Alpes et il n’est pas étonnant d’y retrouver, dès les premiers jours de septembre, de
nombreux rassemblements postnuptiaux. Ces regroupements automnaux, qui peuvent par endroits
compter plusieurs dizaines d’individus, voire plus de 200, sont caractéristiques de l’espèce. Ils
s’étendent en général de fin août à fin octobre, se poursuivant parfois en novembre, avant que les
oiseaux ne rejoignent leurs quartiers d’hiver. Bien qu’un certain nombre d’Oedicnèmes hiverne en
Afrique du nord, franchisse même le Sahara et atteigne le Sénégal, l’Ouganda ou même le Kenya
(CRAMP & SIMMONS 2001), ce limicole n’est pas un très grand migrateur et la majorité des individus
d’Europe du Nord hiverne en Italie et dans la péninsule ibérique. Rares sont ceux qui restent dans le
sud de la France, bien que les cas d’hivernage semblent plus nombreux qu’autrefois dans des régions
comme l’ouest et le sud de notre pays. Les nicheurs français hivernent sans doute en péninsule ibérique
et en Afrique du nord comme le suggère une reprise en Algérie (DUBOIS et al. 2008).
Le site de Morancé Au nord-ouest de Lyon, la commune de Morancé, entre Villefranche et la Capitale des Gaules, occupe
deux biotopes bien distincts : si le haut de la commune, avec ses terrains en pente et son vignoble, se
rattache clairement aux paysages du sud Beaujolais, le bas de la commune, en bordure de l’Azergues,
avec ses alternances de vergers et de cultures, se rapporte au plus vaste complexe de la plaine dite
« des Chères » et de son débouché naturel vers le nord, dans le secteur du val de Saône, où l’Azergues
se jette dans la Saône. Le secteur de Morancé-Bully-Sarcey-Châtillon-d’Azergues est très favorable à
l’Oedicnème et présente la meilleure densité de l’espèce connue à ce jour pour le Rhône avec environ
0,52 couple au km² (TISSIER 2006). La commune abrite régulièrement quelques couples nicheurs.
C’est ici que notre histoire commence, dans un vaste champ en bordure de l’Azergues, au lieu-dit « Les
Trouches », situé au sein des pépinières « E. REY » qui occupent de très grands espaces tout autour du
champ. Il y a là un à deux couples nicheurs, connus depuis l’enquête départementale 2004, mais
probablement présents depuis bien longtemps. Un couple avait été observé juste à côté de ce champ, le
20 avril 2005, en train de couver, entre des rangs de petits conifères abandonnés par le pépiniériste,
avec trois autres oiseaux dans le champ lui-même (D. TISSIER).
Le champ, souvent en chaume en automne, accueille aussi un petit rassemblement postnuptial qui avait
fait l’objet d’une seule citation de 15 oiseaux dans la base de la LPO Rhône, avant même l’enquête 2004.
Ces dernières années, il n’a pas été régulièrement suivi, mais il ne semble pas qu’il ait été très
important.
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Quelques moments clés
3 septembre 2011: Beau temps, 20°C
Balade ornitho, ce matin, sur la commune de Morancé… Au lieu-dit « Les Trouches », en bordure de
l’Azergues, un grand champ attire, en général, pas mal de migrateurs. Dans les labours, il y a une
vingtaine de Bergeronnettes printanières Motacilla flava, sept Traquets motteux Oenanthe oenanthe
et un Vanneau huppé Vanellus vanellus, étrangement seul. Je note également, pour la première fois cet
automne, un premier rassemblement de 20 Oedicnèmes criards.
5 septembre 2011: Beau temps, 14°C
Surprise ce matin, le groupe d’Œdicnèmes est passé à 45 ! Réelle arrivée nocturne ou y avait-il des
oiseaux cachés la veille ? On sait que l’espèce maîtrise extraordinairement l’art du camouflage !
Le rassemblement semble donc plus important que ces dernières années. Peut-être le groupe a-t-il été
renforcé par des oiseaux de Lentilly, dont le chaume habituel (TISSIER 2011), bien suivi par
M. MATHIAN et D. TISSIER depuis 2004 et qui accueillait de 40 à 55 oiseaux - 36 en 2010 -, n’était
pas favorable cette année, avec des cultures très hautes, non moissonnées en septembre, et la
proximité immédiate du chantier de l’A89 ?
2 octobre 2011: Beau temps, 11°C
Les Oedicnèmes sont toujours là, j’en ai compté 50 !
Haut dans le ciel, un groupe très précoce d’une dizaine de Grives litornes Turdus pilaris passe en criant.
Les premiers frimas sont annoncés en Europe du nord, l’hiver sera peut-être rude ?
9 octobre 2011: Pluie, 9°C
Je suis passé tres tôt ce matin aux Trouches. A ma grande surprise, plus d’une trentaine d’Oedicnèmes
sont complètement à découvert sur le chemin gravillonné en bordure du champ. Y passent-ils la nuit ?
S’y regroupent-ils pour absorber, à l’instar de plusieurs autres espèces d’oiseaux, de petits graviers ?
Dans le labour, les Bergeronnettes grises Motacilla alba ont remplacé, depuis quelque temps déjà, les
Bergeronnettes printanières. Il y a aussi 5 Perdrix grises Perdix perdix un peu apathiques. En tout 70
Oedicnèmes, effectif maximum atteint ce jour et… la chasse a commencé.
30 octobre 2011: Couvert, 12°C
La saison avance sans gelée matinale, les premiers Pipits farlouses Anthus pratensis sont arrivés. Un
groupe de 52 Vanneaux a maintenant rejoint nos 60 Oedicnèmes. Il y aussi des Alouettes des champs
Alauda arvensis et beaucoup de Grives draines Turdus viscivorus. Un Martin-pêcheur Alcedo atthis est
même vu le long du fossé rempli d’eau. Autour, les détonations des fusils des chasseurs…
11 novembre 2011: Couvert, 8°C
50 Oedicnèmes et 54 Vanneaux ! Les Pipits farlouses sont maintenant communs dans le champ de choux
adjacent.
20 novembre 2011: Beau temps, 8°C
La troupe s’étiole peu à peu, il ne reste plus que 27 oiseaux et je m’attends à une disparition rapide
maintenant. La troupe de Vanneaux est devenu importante et ses quelque 120 représentants sont sans
arrêt en mouvement, formant en vol serré de superbes arabesques.
28 novembre 2011: Couvert, 4°C
Il commence à faire froid, je compte 15 oiseaux aujourd’hui. Plus que quelques jours et on sera en
décembre !
19 décembre 2011: Neigeux, -1°C
Premières vraies gelées ce matin. La troupe de 14, comptée hier encore, est presque complètement
partie, il semble ne rester que 5 téméraires !...
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27 décembre 2011: Beau temps, 2°C
Le record départemental, obtenu le 15 décembre 2009 (FREY 2010), avec 7 individus à Saint-Priest,
reste d’un groupe qui avait atteint 148 oiseaux, est pulvérisé ! Il faut dire que l’hiver est, pour l’instant,
exceptionnellement doux !
A Morancé, alors que, depuis une semaine, les comptages oscillaient entre 5 et 7 oiseaux, au gré des
camouflages, il y a aujourd’hui 8 Oedicnèmes !... Y a-t-il de nouveaux arrivants ou est-ce qu’on en a
vraiment manqué quelques-uns ?
31 décembre 2011: Couvert, 3°C
Avant de basculer dans la nouvelle année, je m’assure qu’ils sont toujours là. Oui… toujours là, toujours
les 8 : maintenant dans un secteur très restreint, de quelques mètres carrés, qu’ils ne quittent plus
depuis plusieurs jours déjà. Ils ne bougent plus, complètement amorphes. De quoi peuvent-ils bien se
nourrir ? Il est vrai qu’il n’a pas encore vraiment neigé cette année, ce qui serait une cause de fuite
beaucoup plus importante que le froid.
2 janvier 2012 : Très couvert, 0°C
Plus rien, c’est fini. Il y a dans le champ un maudit chien errant, et plus intéressant....... un Faucon
émerillon Falco columbarius. Lien de cause à effet ?
6 janvier 2012 : Couvert, 7°C
Les héros sont de retour, 7 cette fois, avec 114 Vanneaux huppés.
9 janvier 2012: Beau temps, 7°C
Après deux comptages à 7, en voilà de nouveau 8 aujourd’hui ! A ne plus rien y comprendre...
20 janvier 2012 : Pluie, 5°C
Une courte période de temps froid, il y a quelques jours, nous a fait craindre le pire, mais aujourd’hui,
avec un relatif redoux, les 8 sont inhabituellement actifs et commencent même à se chamailler un
peu....
29 janvier 2012 : Neigeux, 2°C
Beaucoup d’oiseaux aujourd’hui, les 8 Oedicnèmes, des Alouettes lulus Lullula arborea et des champs,
des bruants.... Février arrive avec un nouveau record, car, cette fois, les Oedicnèmes auront été vus
dans le département du Rhône tous les mois de l’année. Mais la neige arrive !
4 février 2012 : il fait -10°C !
Photo : Frédéric DOMENJOUD, Morancé janvier 2012
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5 février 2012 : Beau temps, -10°C
C’est terrible !! En quelques jours, un froid sibérien s’est abattu sur Morancé, il a fait ce matin -13°C,
et il ne reste plus que deux Oedicnèmes : les 6 premiers ont disparu hier par -9°C. Je ne peux qu’être
spectateur de cette tragédie… les oiseaux semblent geler sur place…
6 février 2012 : Beau temps, -13°C
Plus rien. Avec précaution, je m’avance dans le champ (on ne sait jamais, surtout ne pas les faire
envoler) m’attendant à retrouver des cadavres congelés. La minuscule zone où les oiseaux se tenaient
depuis plusieurs semaines est vide ; j’agrandis un peu la zone de prospection. Toujours rien. Ont-ils été
enlevés par un renard ou ont-ils, par miracle, pu rejoindre des cieux plus cléments ? On ne le saura
probablement jamais…
Discussion Le groupe qui a atteint son maximum en octobre et début novembre, s’est petit à petit amenuisé
courant novembre. Dès décembre, on s’est mis à croire à la possibilité d’un premier cas authentifié
d’hivernage complet. La douceur de janvier a favorisé le maintien sur place de quelques oiseaux (8 tout
janvier probablement). Mais le coup de froid qui débute fin janvier, avec la neige qui tombe les 30 et 31
du mois, puis le gel de près de trois semaines en février, ont été trop rudes !
Il semble que le même phénomène se soit déroulé en Normandie et en Loire-Atlantique, ainsi que dans
le Maine-et-Loire où quelques hivernants n’ont pas résisté après les premiers jours de février. Des
cadavres ont été retrouvés en Loire-Atlantique, Indre-et-Loire, Haute-Garonne, ce qui nous laisse peu
d’espoir sur la survie de nos huit oiseaux…
Conclusion Nous avons pu suivre le premier cas d’hivernage de l’Oedicnème criard dans le Rhône, à Morancé, petite
commune du Val d’Azergues. 8 oiseaux ont été présents tout janvier et jusqu’à début février et les
deux derniers ont été observés le 5 février. Mais la rigueur hivernale qui s’est installée fin janvier n’a
pas permis de constater un hivernage complet. Il s’en fallait de peu puisque les premiers retours
prénuptiaux ont lieu en général entre le 3 et le 5 mars, avec parfois des arrivées précoces fin février !
Frédéric DOMENJOUD
Effectifs d’Oedicnèmes criards à Morancé entre le 3 septembre 2011 et le 4 février 2012
Nous avons effectué, principalement Martine MATHIAN et moi-même, plus de 56 sorties « Oedicnèmes » du 3
septembre au 4 février, aidés aussi par D. TISSIER, O. ROLLET, C. FREY et G. BROUARD. Il est parfois difficile
de comprendre les soubresauts de cette courbe : s’agit-il de réels mouvements ou, plus vraisemblablement, de
variations liées aux difficultés de comptage ?
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Effectifs lissés d’Oedicnèmes criards à Morancé et minimum de températures
Sur le graphique ci-joint (bleu), nous avons lissé les effectifs d’Oedicnèmes, en essayant de ne pas tenir compte de
possibles difficultés ou erreurs de comptage. En rouge et échelle de droite, le minimum de température, relevé
pour chaque date de comptage (source Météo-France). Il est intéressant de noter une très faible corrélation
entre chute des températures et diminution des effectifs. Au contraire, le gros de la troupe semble partir dans
les deux dernières décades de novembre, sans que le graphe des températures affiche une diminution sensible !
Bibliographie CHAZAL R. & TISSIER D. (2007). Programme de sauvegarde de l’Oedicnème criard Burhinus
oedicnemus dans le Grand Lyon. Ornithos n°14-6.
CRAMP S. & SIMMONS K.E.L. (1983). The Birds of the Western Palearctic. Vol. 3. Oxford
University Press, Oxford, U.K..
DUBOIS P.J., LE MARECHAL P., OLIOSO G. & YESOU P. (2008). Nouvel Inventaire des Oiseaux de France. Delachaux et Niestlé, Paris.
FREY C. (2010). Le rassemblement d'Oedicnèmes criards de Saint-Priest en 2009. L’Effraie n°28,
CORA-Rhône, Lyon.
GABORY O. (1998). L’hivernage de l’Oedicnème criard dans le nord-ouest de la France. Crex 3 :
65-72.
LE NEVE A. (2009). Un Oedicnème criard Burhinus oedicnemus sur l’île d’Hoëdic le 15 février
2009. Ar Vran 20 : 8-11.
RIBATTO E. (2006). Note sur une observation de poussins dans un rassemblement d'Oedicnèmes
criards à Brindas (69). L'Effraie n°19. CORA-Rhône, Lyon.
ROLLET O., CHAZAL R., TISSIER D. (2007). Le rassemblement d'Oedicnèmes criards de
Saint-Priest en 2007. L’Effraie n°22, CORA-Rhône, Lyon.
TISSIER D. (2005). L'Oedicnème criard dans le Rhône. L'Effraie n°14. CORA-Rhône, Lyon.
TISSIER D. (2006). Répartition de l’Oedicnème criard Burhinus oedicnemus dans le Rhône.
L'Effraie n°19. CORA-Rhône, Lyon.
TISSIER D. (2007a). Note sur les rassemblements de l’Oedicnème criard en 2006 dans le Rhône. L'Effraie n°20. CORA-Rhône, Lyon.
TISSIER D. (2007b). L'Oedicnème criard dans le Grand Lyon. Brochure éditée par le CORA-
Rhône, Lyon.
TISSIER D. (2010). Note sur le comportement d’un groupe d’Oedicnèmes criards à Lentilly en
2010. L'Effraie n°30. LPO Rhône, Lyon.
VAUGHAN R. & VAUGHAN-JENNINGS N. (2005). The Stone Curlew Burhinus oedicnemus. Isabelline Books, Falmouth.
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Note De La Rédaction : En France, l’hivernage de l’espèce est relativement bien documenté compte
tenu de la discrétion des oiseaux ! D’après le Nouvel Inventaire des oiseaux de France (DUBOIS et al. 2008), « il a été mis en évidence pour la première fois dans l’Allier au cours de l’hiver 1968-69 » avec
de 1 à 4 oiseaux et « il semble régulier dans ce département » en bord de la rivière Allier, « ainsi qu’en
région toulousaine et dans les Pyrénées-Orientales, avec, par exemple, 195 oiseaux fin décembre 2007
à l’aérodrome de Saint-Laurent-de-la-Salanque ». Des cas d’hivernage sont signalés « en Yvelines,
Seine-et-Marne, Maine-et-Loire, Eure, Vienne, Loire-Atlantique, Charente-Maritime, Gironde (dans la
banlieue de Bordeaux), Pyrénées-Atlantiques, Tarn, Nièvre, Saône-et-Loire, Var, Gard et Crau et étang
de Berre (Bouches-du-Rhône) ».
GABORY (1998) note une augmentation du nombre de citations de petits groupes (de 10 à 15 oiseaux)
entre le 1er décembre et le 15 février en Anjou, en Loire-Atlantique, en Maine-et-Loire, dans la Vienne,
en Charente et en Charente-Maritime.
Il semble que, suite, peut-être, au réchauffement climatique, ou à une succession d’hivers plutôt doux
depuis une dizaine d’années, les départs soient plus tardifs, jusqu’à fin novembre, voire début
décembre, alors que l’espèce était autrefois souvent considérée comme présente de mars à octobre.
Ainsi, le record de présence tardive a été très récemment obtenu dans le Rhône, avec 7 oiseaux à
Saint-Priest le 15 décembre 2009 (Cyrille FREY, Romain CHAZAL et al.). Il y a donc lieu de distinguer les départs tardifs ou les arrivées très précoces des véritables
hivernages (donc des données allant de mi-décembre à mi-février).
Quelques données recueillies en France Suite à un message diffusé sur internet, quelques ornithologues nous ont répondu sur des cas
d’hivernage en 2011-12.
Ainsi, en Champagne-Ardenne, des stationnements tardifs ont été notés jusqu’après la mi-novembre
cet automne. Mais il n'y a pas de donnée hivernale (décembre-janvier) dans les bases de données, celle
d’un oiseau le 6 décembre 1984 étant à attribuer à un migrateur tardif et non pas à un hivernant (fide
Yohann BROUILLARD).
Dans la Nièvre, un oiseau a été noté en janvier 2007 dans la Réserve Naturelle du Val de Loire (Pouilly-
sur-Loire). Cet hiver, des oiseaux très tardifs y ont été observés en milieu céréalier : 14 le 21
novembre, 11 le 28 novembre et 1 le 3 décembre, ainsi que 9 oiseaux en bord d'Allier (Mars-sur-Allier
le 18/11). A noter aussi des cas de reproduction très tardive avec même un poussin de quelques jours le
8 septembre 2011 (Johann PITOIS, comm. pers.) qu’on peut rapprocher de la donnée de poussin du 22
septembre 2005 dans le Rhône (in l’Effraie n°19).
Dans le Haut-Rhin, des Oedicnèmes ont été observés fin novembre 2010 avec -7°C et 5cm de neige. Il
ne s'agissait pas d'un hivernage, mais du départ le plus tardif jamais constaté en Alsace d'un site de
rassemblement postnuptial (Guillaume DIETRICH, comm. pers.). Cette année, ils sont partis durant
la première décade de novembre.
En Bretagne, l’observation d’un individu dans le Morbihan le 15 février 2009, par 0°C, est probablement
à attribuer à un migrateur précoce (Le Nevé 2009).
L’hivernage de quelques oiseaux est régulier dans l’ouest de la France, qui abrite une majorité des
Oedicnèmes nicheurs français. Ainsi, l’espèce hiverne régulièrement en petit nombre en Vendée et
Charente-Maritime (Julien GONIN, Hugo TOUZE, Loïc PETIT, comm. pers.).
En Loire-Atlantique, l'espèce a été notée plusieurs fois en janvier (depuis au moins le début des années
90), avec, par exemple, un oiseau capturé le 6 février 1995 à Mesquer (LE NEVE 2009), un groupe de
14 le 15 février 2009 (MAILLARD in LE NEVE 2009), mais il n'y a pas eu de suivi régulier permettant
de confirmer un hivernage complet ; en outre des observations de groupes importants sont réalisées
jusqu'à début décembre, sans suite (Hugo TOUZE, Willy MAILLARD, comm. pers.)... Cette année, un
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groupe a également tenté d’hiverner, mais plus de contact en février et même un cadavre trouvé le 19
février 2012, après le coup de froid.
Des cris crépusculaires sont entendus le 28 janvier 2012 dans le sud des Deux-Sèvres (fide François
BALLEREAU).
Le département de l'Indre-et-Loire a vu les premiers cas documentés d'hivernage en 2011-12.
Le 2 décembre 2011, 40 oiseaux sont comptés à Chanceaux-sur-Choisille, 25 à Ligré et 5 à Parçay-sur-
Vienne. A Chanceaux-sur-Choisille, l’hivernage a été quasi complet avec encore 32 individus le 26
décembre et 13 le 27 janvier (fide Julien PRESENT). Plus rien après le coup de froid, et un cadavre est
même retrouvé à Chanceaux-sur-Choisille.
Un groupe d'Oedicnèmes a été suivi par Daniel BASLEY à Bouafles, près des Andelys, en bord de Seine
(entre Vernon et Rouen) dans le département de l'Eure, sur un site de rassemblement où l’effectif a
atteint un maximum de 121 oiseaux le 31 octobre, encore 38 le 25 novembre, 24 le 18 décembre, 14 le 9
janvier et un peu plus d’une dizaine le 23 janvier. D’après l’observateur, il y aurait peut-être des
migrateurs qui se joindraient aux nicheurs locaux dès octobre. C’est le premier cas d’hivernage pour la
Haute-Normandie (fide Frédéric MALVAUD).
Le 1er février, les oiseaux avaient disparu avec l'arrivée de la vague de froid.
En Basse-Normandie, une citation de 11 oiseaux est rapportée début janvier avec encore 2 oiseaux à la
mi-janvier et constitue le premier cas d'hivernage en Manche-Calvados-Orne (fide James JEAN
BAPTISTE).
En quelques sites de Maine-et-Loire, l'hivernage est habituel en petit nombre, hors coup de froid. A
Bouchemaine, par exemple, il y avait environ 45 oiseaux le 16 décembre 2011, de 20 à 25 en janvier et
encore 16 le 28 janvier 2012, mais un seul est signalé le 10 février dans cette région (fide Alain
FOSSE).
De 1 à 4 oiseaux sont signalés à Guernes dans les Yvelines, en Ile-de-France, depuis au moins le 3
décembre 2012 et encore fin janvier (Laurent CHEVALLIER, Florent YVERT et Nicolas HOFFMANN,
comm. pers.).
Des effectifs plus nombreux ne sont notés que dans le sud de la France, principalement en région
toulousaine et dans les Pyrénées-Orientales.
En Crau, il n’y avait qu’une seule donnée, le 30 décembre 1988, qui pouvait se rapporter à un hivernant
(PAULUS in GABORY 1998). De même, en Camargue, 10 individus sont notés le 6 janvier 1999 et 1 le 16
décembre 2004 (KAYSER in GABORY 1998). L’hivernage semble maintenant plus régulier, mais en
petits effectifs et depuis les années 2000 surtout, en Camargue, Crau et étang de Berre, dans les
Bouches-du-Rhône (fide Amine FLITTI).
Dans les Pyrénées-Orientales (fide Georges OLIOSO), un dortoir suivi par le Groupe Ornithologique du
Roussillon compte régulièrement environ 200 oiseaux hivernants. Dans ce département aussi, 4
individus étaient notés près de Salses le 10 février 2012 (Yves ALEMAN).
Dans l'Aude, des individus trainent jusqu'à novembre, mais visiblement sans preuve d’hivernage sur les
sites de reproduction (fide Dominique CLEMENT). Un Oedicnème criard est présent route de
Pissevaches le 11 février (obs. Robert SABATIER et Michel FERNANDEZ).
Dans l'Hérault, environ une quarantaine d'Oedicnèmes hivernent depuis trois ans dans la plaine du
Biterrois et sur le plateau de Vendres (fide Xavier RUFRAY).
En Ariège, où un rassemblement hivernal atteint 110 oiseaux, des cas d’hivernage sont aussi signalés
ainsi que dans le Gers (fide Sylvain REYT et Jean-François BOUSQUET).
Coté Pyrénées-Atlantiques, 3 Oedicnèmes étaient présents sur l'aéroport de Biarritz-Anglet-Bayonne
le 16 janvier 2012 (obs. de F. BALLEREAU, Sébastien PERES et Jean-Marc FOURCADE).
Avec le coup de froid de février, il y eu des arrivées en Aquitaine (fide Pascal GRISSER).
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 11
Le 11 février, Valérie DUCASSE (fide François BALLEREAU) observe un Oedicnème à Bordes (Hautes-
Pyrénées), entre Tarbes et Lannemezan, dans la plaine de l'Arros (en pleine vague de froid), lieu
inhabituel pour l'espèce en hiver, mais rien par la suite.
Le 23 février, à Luchon (Haute-Garonne), le cadavre encore souple d'un Oedicnème est trouvé sur la
neige (fide Jean-Bertrand MOUREMBLES). Un Oedicnème très affaibli a également été trouvé à Seix
(Ariège) cet hiver (fide Sylvain REYT).
En Lomagne, Tarn-et-Garonne, environ 80 à 100 individus sont présents à Larrazet le 20 novembre
(Laurent SPANNEUT et Frédéric POUZERGUES), et jusqu’à début décembre (Michel Antoine
REGLADE et Amalric CALVET). Au moins 5 oiseaux, recroquevillés derrière les petites souches ou tas
de bois d’un champ, sont encore là le 4 février par temps très froid (Michel Antoine REGLADE).
Discussion Ce comportement, nouveau pour le Rhône, pourrait s’expliquer de plusieurs façons.
Hypothèse 1 : les oiseaux sont génétiquement programmés pour migrer quelle que soit la rigueur de
l’hiver. Ceux-ci partent alors fin octobre ou début novembre, ce qui est bien le cas de la majorité des
individus présents dans les rassemblements, avec un décalage de dates pouvant être toutefois lié aux
conditions météorologiques ou à l’effet du réchauffement climatique qui semble être avéré pour les
dates de migration d’autres espèces. Certains individus ne pourraient pas migrer (blessure, …) ou ne
voudraient pas migrer s’ils trouvent toujours de la nourriture et tenteraient ainsi d’économiser de
l’énergie.
Hypothèse 2 : les oiseaux migrent uniquement en fonction des conditions météorologiques et les
départs s’échelonnent en fonction de la température et des ressources en insectes, qui les poussent à
aller chercher de la nourriture plus au sud.
Hypothèse 3 : Dans la population d’Oedicnèmes, une partie seulement des oiseaux migre à date à peu
près fixe, en se conformant à leur programme génétique, et d’autres auraient un génotype un peu
différent qui les feraient rester sur place tant que les ressources alimentaires le permettent.
Ainsi, lors d’une succession d’hivers doux, ceux qui restent seraient avantagés en évitant les dépenses
énergétiques et les risques liés à la migration et occuperaient avant les autres, au printemps, les
meilleurs sites de nidification. A long terme, ce pool génique sera favorisé et l’espèce pourrait ne plus
migrer du tout ! En cas de froid excessif, les oiseaux pourraient toutefois entreprendre de petits
déplacements à la recherche de nourriture, d’autres périssant sur place.
A contrario, des hivers froids vont décimer cette population hivernante et ceux qui ont migré vont
trouver, à leur retour, les meilleures places libres pour la nidification et les ressources en nourriture
et verront leur succès de reproduction augmenter. Si les hivers froids se répètent plusieurs années, la
population migratrice redeviendra majoritaire, les hivernants étant peu à peu décimés partout.
C’est ce qui s’est passé en Camargue avec les hivers rigoureux du début des années 1980 pour les
Aigrettes garzettes et les Hérons garde-bœufs.
Hypothèse 4 : le programme génétique contiendrait bien le caractère migratoire, mais, un peu comme
pour les anatidés, les oiseaux nordiques descendraient de plus en plus au sud au fur et à mesure des
aléas météorologiques, venant alors renforcer nos effectifs locaux en octobre. Les oiseaux de nos
régions partiraient fin octobre ou début novembre. Ce seraient alors des individus nordiques qui
resteraient plus longtemps chez nous.
Les hypothèses 1 et 2 sont contredites par le fait que l’hivernage
semble en augmentation (hyp.1) et par la baisse très importante des
effectifs à date à peu près fixe qu’on a constatée aussi à Saint-Priest
(hyp.2).
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 12
La vérité est probablement entre les hypothèses 3 et 4 : les populations nordiques ne réussissant
jamais l’hivernage dans leur pays d’origine, trop froid, il n’y a pas, chez elles, d’individus ayant les
« gènes de l’hivernage sur place », et, inversement, pour nos oiseaux plus méridionaux, la tendance irait
vers l’accroissement du nombre d’individus ayant les « gènes de l’hivernage sur place ». Sauf coup de
froid généralisé ! Mais sur une longue période avec des hivers plus ou moins cléments, une tendance plus
nette pourrait se dessiner dans l’avenir. On irait alors, à plus long terme et avec un réchauffement
climatique plus prononcé, vers une espèce dite « migratrice partielle », les oiseaux nordiques migrant
vers le sud et les oiseaux méridionaux étant devenus sédentaires, comme, par exemple, la Buse variable
ou bien d’autres espèces.
Mais il faut abandonner l’idée d’oiseaux « intelligents » qui décideraient individuellement s’ils doivent ou
non partir !
Comme il n’y a pas de marquage d’individus ou de suivi par balise, il est impossible de savoir si ce sont
nos nicheurs locaux qui ont tenté d’hiverner à Morancé ou si ce sont des individus nordiques qui sont
arrivés chez nous en octobre et qui sont ensuite restés sur place. Cette seconde version semble
plausible compte tenu du faible nombre d’hivernants et ayant fait l’hypothèse que la grande majorité
des oiseaux présents dans les rassemblements d’octobre sont des locaux (TISSIER 2007a), comme
discuté dans de précédents articles, et donc qu’il n’y a qu’une faible proportion d’oiseaux originaires de
contrées plus nordiques. Il est évidemment possible aussi que le petit groupe hivernant soit constitué
d’individus locaux et d’individus nordiques ! Mais rien n’est certain dans tout ceci !...
On voit qu’il reste encore bien des choses à apprendre sur cette espèce si discrète et si mystérieuse.
Des études ultérieures permettront sans doute d’apporter des réponses à ces questions sur leur
comportement migratoire.
Dominique TISSIER
Merci à Cyrille FREY et Georges OLIOSO pour leurs avis pertinents dans ce débat non clos !...
Nos remerciements vont aussi à tous ceux qui ont répondu à nos messages sur la « toile » : Yves ALEMAN, François
BALLEREAU, Daniel BASLEY, Yohann BROUILLARD, Jean-François BOUSQUET, Amalric CALVET, Laurent
CHEVALLIER, Dominique CLEMENT, Guillaume DIETRICH, Valérie DUCASSE, Michel FERNANDEZ, Amine
FLITTI, Alain FOSSE, Jean-Marc FOURCADE, Julien GONIN, Pascal GRISSER, Nicolas HOFFMANN, James
JEAN BAPTISTE, Yves LE BRETON, Arnaud Le Nevé, Frédéric MALVAUD, Willy MAILLARD, Jean-Bertrand
MOUREMBLES, Loïc PETIT, Sébastien PERES, Johann PITOIS, Frédéric POUZERGUES, Julien PRESENT, Michel
Antoine REGLADE, Sylvain REYT, Xavier RUFRAY, Robert SABATIER, Laurent SPANNEUT, Hugo TOUZE, Florent
YVERT.
Observation d’un Aigle royal à l’aéroport
de Lyon Saint-Exupéry Jonathan GAUDET
Introduction L'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, situé à la limite orientale du département du Rhône, à environ 25
kilomètres de Lyon, est le quatrième aéroport français par le nombre de passagers, près de huit
millions par an ; il se classe juste derrière ceux de Paris et de Nice. Il a été inauguré le 12 avril 1975.
Sa gestion est assurée par la société « Aéroports de Lyon ».
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 13
L'aéroport, qui s'étend sur une superficie d’environ 2000 hectares, dont 900 hectares de réserves
foncières, est situé principalement dans la commune de Colombier-Saugnieu, mais s’étend aussi dans
celles de Pusignan, Genas et Saint-Bonnet-de-Mure (Rhône). Le site s’étire tout en longueur, du nord au
sud, sur plus de 6 kilomètres entre la voie ferroviaire et l’autoroute A432.
Avec deux pistes de 4000 et 2670 mètres, une aérogare de trois terminaux modernisés récemment, il
assure un trafic international de fret et de passagers très important et une gare TGV y a été mise en
service en 1994.
Service « Péril animalier » de l’aéroport Le service piste de « Aéroports de Lyon » comprend un service « Péril animalier » ayant pour objectif
principal de limiter au maximum les collisions entre les avions et les oiseaux par différents moyens
d'effarouchement (pyrotechnies, cris de détresse, laser, etc...).
Depuis notre précédent article du numéro 31 de cette revue, il y a eu quelque petit changement au sein
de l’équipe. L’année dernière nous étions un service de 4 agents, depuis cette année nous sommes
passés à 5, avec toujours 4 agents et maintenant un poste de coordinateur du péril animalier dont moi-
même, Jonathan GAUDET, ai hérité.
Je suis titulaire d'un BTA « gestion de la faune sauvage », suivi dans la Drôme, et également passionné
d'ornithologie. Le service est composé de quatre autres personnes de profil assez similaire. Le second
objectif de notre travail est de mettre en place une gestion et une protection de la faune sauvage,
surtout pour les espèces aviaires, puisque ce sont les espèces les plus présentes sur le site.
Nous essayons également de créer une bonne cohabitation entre les espèces aviaires et les activités
anthropiques de l'aéroport et, pour cela, nous étudions le comportement des oiseaux. Pour débuter
cette étude, nous avons commencé par dresser une liste des oiseaux présents sur le site et,
actuellement, nous avons répertorié 95 espèces avifaunistiques (10 de plus que lors de l’article
précédent), ainsi qu’environ 150 espèces floristiques.
Certaines espèces sont très communes comme le Faucon crécerelle ou encore les différentes espèces
de corvidés (Corbeau freux, Corneille noire, ...) mais d'autres observations sont un peu plus rares et
plus surprenantes comme celle d’une Glaréole à collier, rapportée dans le numéro 31, celle d’un Coucou-
geai le 8 septembre 2012 (2è donnée départementale) et cette récente observation du mois de mars
2012 relatée dans cet article.
Observation L’observation a eu lieu le vendredi 9 mars 2012 à 12h00.
Alors que j’allai prendre ma pause déjeuner, l’agent en poste ce jour-là décide d’aller faire un dernier
tour de terrain avant de manger. A midi, l’agent m’appelle sur mon téléphone pour me dire qu’un oiseau
d’une envergure assez importante volait au sud de la plateforme et qu’il aimerait avoir un autre avis sur
l’espèce en question. Je pars donc le rejoindre sur le terrain muni de mon appareil photo (Nikon D7000
+ Zoom Sigma 170-500mm).
Avant d’arriver sur les lieux, je remarque déjà assez facilement une grosse silhouette planer au dessus
d’un champ de colza… En arrivant aux abords du champ, l’oiseau, de toute évidence un rapace, qui était
en train de chasser, plonge sur un lièvre au gîte en le manquant de peu !
L’oiseau se pose ensuite au sol et j’ai pu alors très clairement l’identifier comme un Aigle royal Aquila chrysaetos et confirmer l’identification qu’en avait faite l’agent !...
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 14
L’aigle s’envole assez vite, mais j’ai le temps de prendre quelques clichés pas très réussis, mais où l’on
voit clairement qu’il s’agit d’un Aigle royal. Puis l’individu s’est envolé en direction du sud pour
disparaître.
Les marques blanches observées sur les bases des
rémiges secondaires et primaires et sur les
rectrices de cet oiseau nous conduisent à penser
qu’il s’agissait d’un individu de 2è hiver.
L’année dernière, un individu avait déjà été observé,
mais sans identification certaine.
Discussion L’aéroport constitue un terrain de chasse favorable pour plusieurs espèces de rapaces. Cette donnée
d’Aigle royal est cependant tout à fait exceptionnelle pour le département du Rhône.
L’espèce n’y avait été contactée que 4 fois jusqu’à présent : un oiseau en 1985 (L. MANDRILLON), deux
en 2004 (J. JACK et B. DI NATALE) et un en 2006 (P. ADLAM).
A chaque fois, il est très difficile de préjuger de l’origine de ces oiseaux. La date du 9 mars pourrait
laisser penser à un migrateur, les nicheurs du nord de l’Europe pouvant entreprendre une migration
vers le sud, alors que les Aigles royaux français sont très sédentaires. Cependant, les migrateurs
nordiques hivernent plutôt dans les pays baltes, en Ukraine et jusqu’au sud de la Russie. De rares
individus juvéniles et immatures ont cependant été notés en hivernage en Camargue. Ils reviennent sur
leur lieu de nidification dès fin mars.
Le suivi par satellite de quelques individus a montré que les oiseaux immatures ont un comportement
plutôt erratique pendant les premières années de leur vie, à la recherche d’un territoire.
Il peut donc s’agir aussi d’un oiseau non encore cantonné et en erratisme à partir des massifs
montagneux les plus proches.
Jonathan GAUDET
NDLR : Une information diffusée sur les forums de discussion de la « toile » a jeté un doute sur
l’origine de cet oiseau. En effet, le 9 mars 2012, donc le jour-même de l’observation de Saint-Exupéry,
un fauconnier suisse, Benoît DELBEAVE, qui réalise des démonstrations de vol de rapaces au château
de Valère dans le canton du Valais, a perdu un Aigle royal, une grosse femelle assez sombre née en
captivité en Allemagne et âgée de 11 mois, dans le secteur de Saint-Andéol dans le massif du Vercors.
Cet oiseau domestiqué était porteur de lanières en cuir aux pattes et de grelots audibles à 100
mètres ! Habitué à l’homme et au public, l’oiseau aurait un comportement assez familier.
Cependant, deux jours après, le 11 mars, Guy MURTIN et Pierre CROUZIER observaient un Aigle royal
immature à Birieux, en Dombes, et notaient qu’il ne portait ni jet, ni grelot, ni bague (in
http://www.faune-ain.org/index.php?m_id=54&mid=2449).
L'aigle vu le 9 mars sur l’aéroport de Saint-Exupéry ne pourrait-il être le même oiseau, sans doute
d'origine sauvage, plutôt que l'échappé du Vercors ? C’est ce que nous confirme Jonathan GAUDET qui
n’a noté aucune trace de lanières sur le rapace observé à l’aéroport, ni aucun comportement qui
tendrait à prouver une familiarité avec les humains !
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 15
Suivi de l’hivernage d’une Bécassine sourde
à Miribel-Jonage (69) durant l’hiver 2011-12 Olivier ROLLET, Dominique TISSIER
La Bécassine sourde Lymnocryptes minimus est une espèce très discrète, diurne et nocturne,
souvent solitaire, migratrice et hivernante peu commune en France, mais que bien peu d’ornithologues
ont eu la chance de voir dans de bonnes conditions. Lors de l’hiver 2011-12, nous avons suivi un individu
qui est resté de novembre 2011 à mars 2012 sur le même secteur du Parc de Miribel-Jonage. Il nous a
semblé intéressant de rapporter ici cette donnée d’hivernage complet, celui-ci étant très peu suivi dans
notre région, et de rappeler quelques éléments de l’écologie de cette espèce si discrète.
Description D’allure un peu semblable à celle des autres bécassines du Paléarctique au premier abord, la Bécassine
sourde s’en distingue nettement par sa taille minuscule. En effet, avec ses 18 à 20 centimètres de long,
dont 4 pour le bec, elle est de la taille d’un Chevalier guignette Actitis hypoleucos, bien plus petite
qu’un merle, bien qu’évidemment un peu plus haute sur pattes ! On a souvent une idée fausse de la taille
de ces oiseaux qu’on ne voit qu’à travers nos instruments optiques !...
Cependant sa queue courte lui donne une silhouette très différente du guignette, qui se manifeste à
l’envol où elle paraît plus grosse et ronde, avec un corps plus compact et une envergure plus importante.
Par rapport à la Bécassine des marais Gallinago gallinago, mieux connue et à laquelle on la comparera,
elle est plus petite d’un tiers, avec un bec proportionnellement bien plus petit et des pattes plus
courtes.
La coloration générale des parties supérieures est d’un brun foncé, avec des reflets vert métallique au
manteau et aux scapulaires, plus foncés, avec les extrémités des plumes rousses. Le caractère le plus
distinctif est la présence de quatre longues raies jaunâtre chamois, très claires, allant de la base du
cou aux sus-caudales, qui ressortent nettement du dos brun. Les parties inférieures sont blanches,
avec la poitrine très rayée de brun et les flancs montrant de fines rayures brunes. Il n’y a pas de
barres aux flancs contrairement aux autres bécassines. Le bec, jaunâtre à pointe noire, est long
(quoique proportionnellement plus court que celui de la Bécassine des marais qui est vraiment très long)
et pointu, mais assez épais ; la tête présente une calotte brune sans raie sommitale, un sourcil jaunâtre
très large et marqué d’un fin trait brun au-dessus de l’œil, un trait loral brun se prolongeant derrière
l’œil pour se recourber en formant un arc de cercle aux parotiques et sous l’œil noir.
Les pattes sont jaune verdâtre, plutôt courtes pour une bécassine.
Cependant, il n’est guère nécessaire de mémoriser tous ces
détails, car, en général, on ne les verra pas !... En effet, ce qui
caractérise principalement cette espèce et qui permet de
l’identifier, c’est son comportement très particulier vis-à-vis
d’un observateur humain : l’oiseau se tapit au sol dès
l’approche et devient complètement invisible dans la
végétation, même basse et clairsemée, puis il attend sans
bouger et il faut quasiment lui marcher dessus pour qu’il
s’envole dans un bruissement d’ailes qui fait sursauter l’observateur et ne lui laisse que le temps de voir
les rayures claires sur le dos brun !... Même en avançant très doucement les yeux fixés au sol, on ne
voit rien !!!!... Et l’oiseau décolle devant notre chaussure !...
Si l’on s’est un peu préparé à la chose, et que l’on tient ses jumelles bien en main au moment de l’envol,
on pourra suivre l’oiseau et relever trois critères distinctifs : la longueur du bec, en le comparant à
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 16
celui de la Bécassine des marais, et la forme des ailes, plus courtes (envergure d’environ 40cm), au bout
plus arrondi et avec un bord de fuite blanc très fin et quasi invisible, contrairement à celui bien visible
de sa grande sœur. La queue est courte et paraît pointue en vol. Avec un peu d’expérience, on essaiera
de noter le caractère plus saccadé, plus irrégulier, moins rapide, du vol, les battements d’ailes semblant
hésitants, beaucoup moins énergiques et coupés de courts planés. Les ailes sont plutôt brun noirâtre,
mais cela est impossible à voir en vol dans la nature.
Une autre différence par rapport à la Bécassine des marais est à noter : alors que celle-ci s’envole
souvent en zigs-zags et part très haut et loin, la Bécassine sourde ne s’envole qu’à faible altitude, en
général tout droit devant l’observateur, et va se reposer à courte distance en se laissant tomber dans
de la végétation haute. Souvent silencieuse à l’envol, elle peut parfois émettre un cri plaintif, très
difficile à transcrire, mais bien différent du « bruit de bottes tirées de la vase » caractéristique de la
Bécassine des marais.
Cet envol très tardif qui lui permet d’économiser de l’énergie s’explique par le mimétisme du plumage,
en particulier grâce aux raies jaunâtres qui favorisent la dissimulation dans la végétation ou sur un sol
brun semé de tiges mortes. D’après certains auteurs, l’oiseau identifierait trop tardivement le danger
et préfèrerait se fier alors à son homochromie avec l’environnement immédiat. Pourtant, même après
avoir été levée une fois, la Bécassine se repose à proximité et adopte le même comportement, se
laissant parfois observer ou photographier à moins de vingt centimètres, quelquefois même se laissant
prendre en main sans brusquerie, l’oiseau faisant parfois le mort avant qu’on le repose au sol !
Ce comportement unique dans l’avifaune du
Paléarctique permet donc d’identifier l’espèce à
coup sûr. C’est probablement de là que l’oiseau tire
son nom, puisqu’il ne semble pas entendre le danger
qui s’approche ! Au Canada et en Louisiane, la
Bécassine sourde est surnommée "cache-cache" par
les habitants francophones
(in http://fr.wikipedia.org).
Cela reste un peu frustrant… De toutes les
observations réalisées cet hiver, nous n’avons pas
réussi à la voir posée !
Aire de répartition Monotypique, la Bécassine sourde niche dans les marais et tourbières de la taïga en Scandinavie et en
Sibérie, jusqu’au nord de l’Asie. Cependant, pendant les périodes migratoires, on peut la voir dans toute
l’Europe qu’elle traverse sans point de concentration notable.
Elle était nicheuse autrefois en Allemagne et en Pologne, et même en France où des cas de
reproduction ont été signalés en Champagne au XIXè siècle et même un cas au XXè siècle (RAY 1943 in
PINÇON 2011).
Les oiseaux hivernent dans le nord de l’Europe occidentale, îles britanniques comprises, dans les régions
humides du pourtour méditerranéen, certains allant jusqu’en Afrique tropicale.
En France, les oiseaux hivernent surtout, semble-t-il, dans les régions proches du littoral Mer du Nord-
Manche-Atlantique, mais aussi, de façon moins marquée, dans l’intérieur du pays, principalement au
nord-ouest d’une ligne Bordeaux-Lille, le long des basses vallées de l’ouest et dans le couloir rhodanien
et le Midi (DUBOIS 2008). On manque de données sur les effectifs hivernants, mais une étude des
prélèvements cynégétiques (pour parler politiquement correct !...) donne un nombre d’environ 50 000
oiseaux tués (évaluation de 1998-99 selon TESSON & LERAY 2000). Cette valeur donne quelque
vertige quand on sait la difficulté pour détecter la présence d’un oiseau sans chien ni fusil !... Quelques
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 17
vidéos diffusées sur You tube montrent au contraire la facilité avec laquelle elle peut être tirée
lorsqu’un chien d’arrêt l’a détectée : l’oiseau ne bouge pas et peut quasiment être pris à la main !
On n’a donc qu’une idée très floue des effectifs hivernants qui semblent se renforcer lors d’épisodes
météorologiques sévères qui peuvent amener des oiseaux plus nordiques dans nos régions.
MAYAUD (1936) la décrivait comme migratrice commune et hivernante dans une bonne partie du pays.
Il semble qu’aujourd’hui elle soit moins commune, avec une régression assez marquée dans la seconde
moitié du XXè siècle, probablement liée, comme pour beaucoup d’autres espèces, à la diminution de la
superficie des zones humides et à la mortalité due à la chasse.
Habitat et alimentation L’espèce est présente en hiver dans les marais, les prairies humides, les champs inondés, les mares et
fossés près des étangs, les tourbières, les queues d’étangs et de lacs, exceptionnellement, semble-t-il,
sur le littoral même. Elle semble affecter les zones à végétation basse, avec des flaques éparses où
elle se nourrit et des zones de végétation plus fournie, petites roselières, cariçaies, joncs, phragmites
en bord d’étangs, graminées hautes, où elle peut se réfugier dans des coulées ou des petits tunnels
sous les tiges. Elle semble préférer les sols de couleur sombre avec des zones de vase ou de boue nues
et des végétaux en décomposition, ce qui lui permet de tirer profit de son mimétisme.
Elle choisit un creux dégagé dans la végétation qui lui permet d’accéder à une couche de terre
suffisamment humide ou à une flaque d'au moins un centimètre d'eau. La hauteur optimale de la
végétation semble comprise entre 50 et 90 centimètres avec une niche pour se tapir et se reposer
(PINÇON 2011). Elle peut rester plusieurs heures, voire la journée, sur un ou deux mètres carrés de
végétation si elle n’est pas dérangée. L’activité diurne semble en effet limitée, les oiseaux pouvant
rester plusieurs heures sans bouger. Puis, à la tombée de la nuit, les oiseaux picorent sur place ou vont
rejoindre des zones de nourrissage plus ou moins éloignées de leur place diurne selon les conditions
météorologiques. Les oiseaux sont souvent solitaires, mais les sites favorables peuvent accueillir jusqu’à
une dizaine d’oiseaux ayant chacun leur place diurne délimitée.
Plusieurs études ont montré que les Bécassines sourdes pouvaient rester fidèles à une place diurne
pendant plusieurs dizaines de jours si celle-ci était favorable, se nourrissant essentiellement de petits
invertébrés (vers, insectes et leurs larves, araignées, gastéropodes et petits crustacés), capturés en
sondant le sol humide ou pris en surface, mais aussi de particules minérales et de graines (GEROUDET
1982-83) et même de grit (qui favorise la pré-digestion dans le gésier) et de quelques plombs de chasse
(BECK & OLIVIER 1998).
Des reprises d’individus bagués ont montré qu’elles peuvent revenir deux ou trois hivers successifs au
même site.
Un mot sur le reproduction, même si elle ne se déroule que bien loin de chez nous : la Bécassine sourde
niche dans de vastes zones de marais et de tourbières où le mâle effectue, de mi-avril à fin juin, une
parade nuptiale composée d’un vol ascendant, les ailes vibrantes, puis horizontal, puis descendant en
vrille tout en émettant un chant semblable au « galop d’un cheval » : « ougougok-ougougok-ougougok… »
caverneux, d’environ 8 secondes, suivi d’une série de sons aigus, pétillants, assourdis, difficiles à
localiser (MULLARNEY et al. 1999). La femelle pond sur une touffe ou un petit promontoire, en général
4 œufs, de mai à juin, qu’elle couve 24 jours. Les poussins sont nidifuges et laissés à la surveillance de
la femelle pendant leur croissance. Il peut y avoir une ponte de remplacement en cas d’échec de la
première (VALLANCE 2007).
Migration et passages migratoires en France En France, l’espèce est de passage dans tout le pays, mais la plupart des oiseaux migrent plutôt le long
du littoral Mer du Nord-Manche-Atlantique. Le passage postnuptial débute dès août, mais s’étend
plutôt de mi-septembre à décembre, avec un pic à la fin d’octobre. La migration s’effectue de nuit,
parfois en petits groupes, semble-t-il (VALLANCE 2007).
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Ceux qui stationnent en France peuvent effectuer des mouvements vers le sud-ouest ou au contraire
vers le nord-est selon le niveau de la température et d’éventuels épisodes neigeux.
Le passage prénuptial est encore plus discret et semble concerner tout le pays, de fin mars à début
avril, plus rarement jusqu’en mai, la migration des oiseaux venant du sud étant très difficile à
distinguer du départ des hivernants régionaux.
Les observations se rapportent souvent à des oiseaux isolés, parfois deux ensemble, mais quelques
petits groupes ont été notés également.
Données de la LPO Rhône Il n’y a que très peu de données dans les bases, ce qui confirme plutôt la discrétion de l’espèce que sa
rareté !
1 oiseau est levé à Décines, dans le champ humide situé à côté de la roselière du Grand Large le 28
novembre 1998 (A. RENAUDIER).
2 oiseaux sont à Miribel-Jonage le 14 février 2006 (A. MELLIES).
Cet automne, l’espèce est contactée d’abord à la gravière de Joux (célèbre depuis la parution de notre
numéro 31), à Arnas (Val de Saône), où un oiseau est levé le 11 octobre (F. LE GOUIS), puis 7 données y
sont collectées en novembre avec 1 ou 2 oiseaux :
1 le 6 novembre, 2 le 11, 1 le 13, 2 le 17, 2 le 20, 1 le 23 et 1 le 27 (G. CORSAND, G. PAUCHER, Y.M.
GARDETTE, O. ROLLET, D. TISSIER), sans qu’on sache s’il s’agissait du ou des deux mêmes oiseaux,
bien qu’il paraisse probable que deux individus soient restés jusqu’à fin novembre. Aucune autre donnée
ne sera obtenue sur ce site pendant l’hiver. Les oiseaux se tenaient sur la parcelle enherbée, à
végétation basse et plutôt clairsemée où avait niché le couple d’Oedicnèmes criards Burhinus oedicnemus du printemps 2011 (TISSIER, ROLLET 2011). Une fois levés, ils se posaient plus près de
l’eau, dans des herbes un peu plus hautes.
L’espèce avait été signalée l’année précédente sur ce site, avec
deux oiseaux le 10 novembre 2010 (G. CORSAND, photo ci-
contre, & F. LE GOUIS).
D’après un agriculteur chasseur de Décines, elle est de passage
et quelques individus hivernent ; il en tue 1 à 3 chaque hiver (fide
J.M. BELIARD qui en a vu une dans son congélateur le 15
décembre 2002 !).
A noter une donnée quasi printanière : un oiseau présent aux
Allivoz le 15 mars 2003 (A. FAURE), citation qui pourrait se rapporter à un migrateur de passage, mais
aussi bien à un individu en fin d’hivernage.
Autres données relevées sur internet (obsrhonalpes.fr) Quelques données d’octobre à février confirment cette tendance à une majorité de données
postnuptiales et hivernales :
1 le 23 décembre 2002 au lac du Drapeau (G. BRUNEAU, S. CHANEL, F. LE GOUIS)
2 le 17 février 2007 près de la gravière de Joux (G. BRUNEAU)
1 les 10 et 13 octobre 2010 à la gravière de Joux (G. CORSAND)
1 le 13 décembre 2010 au marais de Boistray (G. CORSAND).
A noter que l’espèce est soumise à homologation régionale par le CHR depuis 1991.
Ces données ont été rassemblées sur le graphique de la page suivante.
On voit que le faible nombre de données et leur répartition ne permettent pas d’en tirer vraiment
d’enseignement. Tout au plus, peut-on remarquer un maximum de citations en novembre qui pourrait
traduire un passage migratoire ?
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Graphique des données dans le Rhône
0
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3
4
5
nombre de Bécassines sourdes par décade
En Rhône-Alpes, les données ne sont pas très nombreuses. Il semble y avoir un maximum de données en
octobre et novembre, mais également quelques-unes de décembre à mars et même de rares citations en
avril et jusqu’à début mai qui se rapportent à des migrateurs.
Description du site Le Parc de Miribel-Jonage est une vaste zone de 2200 hectares en périphérie de l’agglomération
lyonnaise, située entre le canal de Miribel, construit vers 1850, et le canal de Jonage, construit vers
1890, qui sont des aménagements du cours du Rhône se séparant à Jons. Créé en 1968, le SYMALIM
(Syndicat Mixte pour l'Aménagement et la gestion du Grand Parc de Miribel-Jonage) acquiert des
terrains et aménage de vastes plans d'eau. Initialement dédié au maintien de réservoirs, issus de la
nappe phréatique alluviale du Rhône, ainsi qu’à l’exploitation de gravières, le Parc est aménagé
progressivement en zone de loisirs, avec plages, golf, circuits de promenade, jogging, VTT…
Le Grand Lyon classe le site en « zone inaltérable » en 1991 et, en 1993, de grands projets immobiliers
sont abandonnés pour privilégier les activités de loisirs sous contrôle et le côté naturel du site avec
des zones normalement interdites aux activités nautiques et l’aménagement d’observatoires pour la
faune aquatique.
Le lac des Pêcheurs (n°2) fait partie d’une zone très récemment aménagée au nord-est du Grand Parc.
Un chemin a été tracé entre ce lac et celui dit de la Droite qui est quasiment bordé par l’autoroute de
Genève A42. Cette zone a vite attiré les oiseaux, car sans doute moins fréquentée en week-end par les
promeneurs et les pêcheurs. C’est là qu’un Râle des genêts Crex crex a été contacté le 16 octobre 2011
(D. TISSIER) en halte migratoire et que des Garrots à œil d’or Bucephala clangula et un Fuligule nyroca
Aythya nyroca ont été observés le 4 décembre (O. ROLLET & D. TISSIER).
Le Lac des Pêcheurs a la forme d’un rectangle de seulement 400 mètres de long et d’environ 150
mètres de large. Entre le plan d’eau et le chemin, au nord-est, a été plus ou moins aménagée et
maintenue en milieu ouvert une zone herbeuse, à touffes assez éparses, sur sol humide, mais assez
caillouteux. Des petites zones de phragmites bordent l’étang par endroits. Par temps humide, des
flaques d’eau se forment dans des creux de très faible profondeur et semblent être appréciées des
Bécassines des marais en hiver. Cette bande a une largeur moyenne de moins de 60 mètres en bord
d’étang. Elle nous a semblé assez favorable à la Bécassine sourde, avec des creux ou petites
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dépressions entre les touffes de végétation, un sol assez spongieux et moussu qui semble constitué
essentiellement de terre de remblai rapportée avec beaucoup de galets, et des petites anses en bord
d’étang accessibles aux petits échassiers de rivage et de marais.
Lac des Pêcheurs n°2 Zone herbacée avec flaques (ici asséchées)
Zone de refuge dans les phragmites Petites anses en bord d’étang
Lac des Pêcheurs n°2 (bordure nord) Niche dans une flaque (ici asséchée)
Observations de Miribel-Jonage durant l’hiver 2011-12 (homologuées par le CHR) Notre premier contact avec l’espèce à Miribel-Jonage a eu lieu le 27 novembre, deux semaines après
l’avoir contactée à Joux, observation qui nous avait décidés à la chercher près du Lac des Pêcheurs,
dans cet espace qui semblait propice. Et effectivement, très vite, nous levions un oiseau qui décollait
devant la chaussure d’Olivier, vers midi, pour se reposer à une trentaine de mètres, derrière un rideau
de phragmites ! Deux ou trois Bécassines des marais s’envolaient aussi, mais avec, elles, une distance de
fuite bien plus grande, de l’ordre de 30 mètres environ. A chaque visite, nous contacterons cette
espèce et constaterons la même différence de comportement.
Etant contraint par le travail, pour l’un d’entre nous, nous ne pouvions revenir sur le site que le week-
end ! Le 4 décembre, nous retrouvons l’oiseau exactement au même endroit.
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Le 11 décembre, il est levé près d’une flaque d’environ cinq mètres de diamètre, à seulement une
vingtaine de mètres du point de la semaine précédente.
Nous revenons sur le site le 22 janvier où nous retrouvons notre oiseau dans une autre flaque, distante
d’une quinzaine de mètres de la première, mais pas plus grande !
Le 27 janvier commence une période de froid intense ; la neige tombe le 31 janvier.
Pourtant, le 2 février, Guilhem SOMMERIA-KLEIN le retrouve sur le site.
Le 5 février, jour où nous fêtons dans le Parc le centenaire de la LPO, nous sommes présents pour
contribuer à l’action associative, 100 longues-vues à Miribel-Jonage. Mais la clarté du ciel de la nuit
précédente a provoqué le gel des plans d’eau. Nous quittons un moment le groupe d’ornithologues pour
aller vers le Lac des Pêcheurs, mais pour constater que toute la zone est complètement gelée… Aucune
trace de notre Bécassine !
Le 18 février, avec une météo plus clémente, puisqu’un beau soleil commence à faire fondre la glace en
bordure de plan d’eau l’après-midi et que les parties enherbées entre les étangs ont déjà dégelé, nous
levons l’oiseau exactement de la même flaque que le 22 janvier !
Le 26 février, après plusieurs jours très secs, la flaque s’est vidée, mais, accompagnés de Guillaume
TISSIER, nous retrouvons l’oiseau à la flaque suivante, encore un peu humide !
Le 5 mars, elle s’envole exactement du même endroit !
Le 10 mars, nouvel envol de la même flaque, encore assez humide (à 2 mètres près du point d’envol du 5
mars).
A noter que, ce jour-là, deux autres Bécassines sourdes sont levées une trentaine de mètres plus loin,
se reposant aussi dans les phragmites proches. Il s’agit là très probablement de migratrices en halte
diurne qui ont tiré profit de cet écosystème apparemment bien favorable. Levées une seconde fois sur
notre trajet de retour, elles traversèrent l’étang pour aller tomber dans la petite roselière située côté
sud-est, ce que notre Bécassine n’a jamais fait, montrant ainsi qu’elles étaient moins attachées au
territoire.
Le 17 mars, après l’installation d’un anticyclone sur la France et une météo très douce, nous trouvons
toutes les flaques asséchées, mais nous levons deux Bécassines sourdes, installées un peu plus loin, dans
une petite anse en queue d’étang. C’est la seule fois où deux oiseaux étaient tapis aussi près l’un de
l’autre, à environ un mètre de distance seulement.
Le 25 mars, le temps est très doux, même chaud au soleil. Nous levons une Bécassine sourde dans une
flaque laissée par le recul de l’étang dont le niveau a encore baissé, à 20 mètres du contact de la
semaine précédente. Mais est-ce bien la même ?
Plus aucun oiseau le 31 mars ! Nous décidons d’arrêter notre suivi, des données d’avril éventuelles ne
pourraient être, en effet, attribuées à « notre » oiseau !
Discussion Notre oiseau a toujours été vu dans la même petite zone d’environ 100 mètres sur 60 seulement, soit
0,6ha, jusqu’à mi-mars.
Mieux, on le retrouvait exactement au même endroit quand les conditions de niveau d’humidité sur le
sol restaient identiques, parfois au décimètre près. Nous retrouvons bien là le comportement décrit
par plusieurs auteurs comme PINÇON en Alsace. Puis elle a dû aller chercher plus loin des flaques en
bordure immédiate de l’étang, toutes celles de la zone herbeuse étant à sec après la mi-mars.
L’oiseau se dissimulait dans une légère dépression entre deux touffes d’herbes d’une hauteur d’environ
20 centimètres. Après son envol, il se reposait toujours près de la rive de l’étang, en général dans les
phragmites hauts. Les rares fois où l’on a essayé de l’y retrouver, notre Bécassine se dissimulait dans
une minuscule zone à végétation plus basse, entre l’eau et les roseaux. A chaque envol, elle n’a jamais
pris beaucoup d’altitude, moins de 3 ou 4 mètres environ, et n’a jamais cherché à quitter son petit
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 22
territoire. Au contraire, dès qu’elle en atteignait les limites invisibles, elle effectuait un virage pour
revenir se poser, derrière nous ou sur le côté, à l’intérieur de
sa zone d’hivernage.
Dans environ 30% des envols, elle a émis un petit cri plaintif,
un peu plus aigu que celui de la Bécassine des marais, une fois
un sifflement plus flûté ; les autres fois, elle s’est envolée en
silence.
L’assèchement des petites flaques semble avoir été la cause
de ses déplacements.
Où était-elle pendant les jours de fort gel ? Difficile à dire,
mais on peut penser qu’elle n’a pas été très loin. Peut-être vers
la lône du vieux Rhône, distante d’environ 1300 mètres ?
PEDERSEN (1995, in PINÇON 2011) qui a suivi par télémétrie l'hivernage d'un individu dans un réseau
de cinq sites éparpillés sur 18km², au Danemark, pendant 52 jours, a relevé que, lors des périodes de
gel, cet oiseau entreprenait des déplacements de moins de cinq kilomètres pour se nourrir et qu'il a
survécu grâce aux cours d'eau.
A noter qu’une Bécassine sourde (la même ?) est observée par Vincent PALOMARES le 14 décembre, au
Parc de Miribel-Jonage, mais en fond d’étang des Allivoz, distant de 1600 mètres du Lac des Pêcheurs.
Pour l’anecdote, nous avons trouvé près du lac un nombre impressionnant de plumées, laissées soit par
un carnivore, soit par un rapace, en particulier des cadavres de Foulques macroules Fulica atra (ce qui
n’est guère étonnant puisque c’est l’espèce la plus abondante dans le Parc en hiver avec près de 10 000
individus) et deux pelotes de réjection remplies de plumes de foulque ! Un Epervier d’Europe Accipiter nisus et un Faucon pèlerin Falco peregrinus mâle immature ont été contactés sur le site pendant cet
hiver ! Il est probable que le Renard roux Vulpes vulpes y vagabonde pendant la nuit. En tout cas, notre
oiseau a échappé à ces prédateurs !
Les autres citations de l’espèce, répertoriées dans les bases de données et citées plus haut, pouvaient
très bien, au moins pour quelques-unes, se rapporter à des oiseaux hivernants, mais la discrétion de
l’espèce et l’obligation de la chercher pour détecter sa présence, ainsi que le manque de temps des
observateurs, souvent pris par leurs obligations professionnelles, ont fait que ces citations sont
restées isolées. Nous pensons particulièrement à celle de Décines en 1998, celles de 2002 et de 2006 à
Miribel-Jonage, peut-être aussi celle de Boistray en 2010.
Conclusion Une Bécassine sourde a été suivie pendant un hivernage complet, de fin novembre 2011 à fin mars 2012,
soit 18 semaines au moins, dans le Grand Parc de Miribel-Jonage (69). C’est la première fois, à notre
connaissance, qu’un tel suivi a pu être réalisé en Rhône-Alpes. Comme décrit dans la littérature
avifaunistique, l’oiseau est resté cantonné dans un tout petit secteur de friche humide en bordure
d’étang, restant fidèle à une « niche » très petite et n’en changeant qu’au fil de l’assèchement
progressif dû aux conditions météorologiques.
Les esprits chagrins diront que l’oiseau a été dérangé par les observateurs à chaque visite ! C’est
certain, mais nous avons essayé de limiter le plus possible les envols. L’étude de la Bécassine sourde
oblige quasi forcément, compte tenu de son comportement, à la lever pour détecter sa présence. D’où
un dérangement… Si cette étude peut contribuer à une meilleure connaissance de l’espèce, de sa
période de présence en Rhône-Alpes et des écosystèmes qu’elle utilise, ceci permettra peut-être
d’améliorer les conditions de sa préservation.
Compte tenu de l’extrême discrétion des oiseaux non nicheurs, il est clair que l’on manque encore de
données sur son comportement migratoire ou hivernant. C’est une des raisons qui nous ont poussés à
rédiger cet article, modeste contribution à la connaissance de l’espèce.
Olivier ROLLET, Dominique TISSIER
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 23
Bibliographie
BECK N. & OLIVIER G.N. (1998). Régime alimentaire de la Bécassine sourde Lymnocryptes minimus en hivernage dans le nord de la France. Gibier Faune sauvage, vol. 15 no3, pp. 259-
267. Office national de la chasse, Paris.
CRAMP S. & SIMMONS K.E.L. (1983). The Birds of the Western Palearctic. Vol. 3. Oxford
University Press, Oxford, U.K.
DELIRY C. (2010). Le CHR Rhône-Alpes : cyrille.deliry.free.fr/chr/
DUBOIS P.J., LE MARECHAL P., OLIOSO G. & YESOU P. (2008). Nouvel Inventaire des Oiseaux de France. Delachaux et Niestlé, Paris, 560pp.
GEROUDET P. (1982-83). Limicoles, gangas et pigeons d'Europe. 2 vol., Delachaux & Niestlé,
Paris.
LANG B. (1985). Les bécassines en période internuptiale. Cormoran 28 : pp.321-325.
LPO Rhône (2011). Données de Bécassine sourde – sur www.faune-rhone.org. LPO Rhône, Lyon.
MAYAUD N. (1936). Inventaire des Oiseaux de France. Blot Ed., Paris, 211pp.
MULLARNEY K., SVENSSON L., ZETTERSTRÖM D. & GRANT P.J. (1999). Le guide Ornitho.
Delachaux & Niestlé, Lausanne.
PINÇON C. (2011). La Bécassine sourde en Alsace.
in http://www.ornithomedia.com/magazine/mag_art565
ROLLET O. & TISSIER D. (2011). Première nidification de l’Oedicnème criard Burhinus oedicnemus en gravière de fleuve dans le Rhône. L’Effraie n°31, LPO Rhône, Lyon.
TESSON J.-L. & LERAY (2000). Enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir, saison 1998-
99 : la Bécassine des marais et la Bécassine sourde. Faune sauvage 251 : 163-167.
VALLANCE M. (2007). Faune sauvage de France, biologie, habitats et gestion. Edition du Gerfaut,
Aix-en-Provence, 415pp.
Le dessin est réalisé d’après une photographie de Stephan PETEN, qu’on pourra admirer, avec d’autres, sur
http://entre-ailes-et-plumes.over-blog.com/article-le-petit-ressort-des-polders-fevrier-2010-46501990.html
Leçon pratique d’ichnologie*
ou comment jouer au petit trappeur ? Jean-Paul RULLEAU
Prenez un naturaliste expert (notre Daniel ARIAGNO national) et quatre élèves. Lâchez-les sur
un beau plateau du Bugey peuplé seulement d’étendues doucement ondulées alternant prés et forêt, le
tout bien enneigé de quelques jours, sous un beau soleil d’hiver, sans un souffle de vent…
Si la mayonnaise prend bien, vous aurez droit aux amuse-gueules, sans même descendre de voiture : ici
un Ecureuil roux ; çà et là, quelques beaux Renards roux, perdus dans l’immensité blanche, qui
trottinent légèrement sans but apparent, se mettent à galoper à la vue de votre véhicule ou au
contraire s’asseyent dans la neige pour mieux vous observer…
Et puis, c’est le plat de résistance. Raquettes aux pieds, il va vous falloir crapahuter dans le
grand silence blanc, un œil aux aguets pour saisir tout mouvement animal, l’autre rivé au sol à la
recherche d’une piste. Ce jour-là, plutôt faste, nous avons la chance de croiser les traces d’une petite
dizaine de mammifères sauvages :
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 24
- Le Renard roux qui laisse des empreintes ovales, à quatre pelotes digitales et aux griffes bien
pointues, dessinant une piste assez rectiligne. Une laissée allongée, cylindrique, terminée par
une spirale en pointe, aide à confirmer le diagnostic.
- Le Blaireau qui laisse des empreintes plus ou moins rectangulaires à cinq pelotes digitales
rapprochées presque alignées, à très longues griffes.
- La Fouine ou la Martre, aux petites empreintes identiques, ovales et griffues, le plus souvent
bien groupées par deux.
- L’Ecureuil roux, dont la voie (ensemble des empreintes des quatre pieds) s’inscrit dans un
trapèze dont le grand côté (en avant) est formé par les deux empreintes postérieures, et le
petit côté, en arrière, par les deux empreintes antérieures, plus petites. Un cône d’épicéa
épluché dont il ne reste que des fragments d’écailles effilochés fournira un indice
complémentaire.
- Le Lièvre brun. Tout le monde connaît la succession en Y de ses empreintes : en avant, deux
pattes postérieures, un peu écartées, presque sur la même ligne, suivies d’une patte antérieure,
puis de l’autre…
- Le Chat forestier dont l’empreinte s’inscrit dans un petit cercle et dont on ne voit que quatre
doigts la plupart du temps sans marque de griffes. Les pistes ressemblent à celles des
mustélidés.
- Le Sanglier. Chaque empreinte ressemble à un grand trapèze allongé marqué profondément à
l’avant par les deux sabots antérieurs et souvent à l’arrière par les deux petits doigts
postérieurs (les gardes). Quand, de surcroît, le sous-bois a été retourné et labouré et que les
animaux ont laissé derrière eux de petits tas de crottes plus ou moins aplaties et agglomérées,
on ne peut avoir aucun doute sur le passage d’une harde !
- Le Chevreuil dont on observe surtout la forme étroite et élancée des deux sabots (ou pinces).
Et si, dans le sous-bois, vous apercevez une espèce de souche surmontée d’une tache claire, si
les jumelles vous confirment qu’il s’agit d’une chevrette qui vous tourne le dos, tout en vous
ayant à l’œil, et que deux autres animaux s’offrent alors à vos regards, les longues minutes
pendant lesquelles les observateurs retiennent leur souffle, immobiles, et les animaux, inquiets,
ne se décident pas à la fuite immédiate, alors la piste n’est plus qu’un bout du fil qui mène aux
bêtes.
Et c’est cette notion de fil qui sera le clou de notre journée ; moins de dix minutes après notre mise en
route, Daniel nous arrête sur une piste profondément marquée dans la neige : « C’est un Lynx ! », nous
dit-il, empreintes semblables à celles du chat, sauf par la taille, beaucoup plus grande, et par ce détail
bien visible sur une « bonne » empreinte : les deux doigts médians sont nettement dissymétriques… Ce
gros félin laisse des empreintes circulaires de 6 à 8 centimètres de diamètre, taille accentuée par leur
enfoncement de 5 à 10 centimètres dans le manteau neigeux.
L’animal se dirigeait malheureusement en sens inverse de notre
itinéraire ; nous allons donc tenter de remonter sa piste et nous
allons effectivement le faire sur plus de 2 kilomètres, jusqu’à une
vieille ferme, siège d’un sinistre épisode de la Résistance. Nos
cœurs battaient en suivant le trajet de l’animal, le plus souvent le
long du chemin, s’en écartant de temps à autre pour marquer son
territoire, souvent sous des genévriers ; je ne peux vous décrire le
comble de notre émotion lorsque les pas de notre Lynx nous
amènent littéralement à la table de pique-nique installée sous
l’auvent du bâtiment ! Daniel, notre expert en ichnologie, n’en revient pas lui-même et nos imaginations
enfiévrées nous représentent un gros Lynx prenant le soleil hivernal, couché sur la table ! Une laissée
de taille respectable vient compléter le tableau des indices.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 25
Que de regrets de ne pas avoir pu suivre la piste de cet animal mythique dans le bon sens… mais où nous
aurait-il entraînés ?
empreintes de Lynx et piste de Lynx boréal dans la neige
Après un plat de résistance aussi copieux, il ne manquait plus que le dessert. Daniel nous l’offre par
une visite aux Tarpans de l’association Bugerbivore impulsée par Marc MICHELOT. Celui-ci est
justement en train de leur apporter, dans un coin de leur enclos, en bord de route, un complément
d’alimentation nécessaire après cette période de froid sibérien et cette neige abondante. Nous
contemplons et photographions cinq magnifiques équidés (dont une femelle gestante et allaitante), dont
nous nous prenons à rêver qu’ils pourront repeupler un jour, à l’état de troupeaux sauvages, de vastes
étendues désertifiées de nos campagnes, comme ces chevaux le faisaient il y a quelques milliers
d’années !
Un grand merci à notre guide qui a su (une fois de plus) nous faire partager sa passion !
Jean-Paul RULLEAU (février 2012)
Après relecture, corrections et amendements par D. ARIAGNO
Ichnologie : étude des traces et des indices (du grec Ikhneumon = qui suit à la trace)
Photographies : Didier ROUSSE et Jean-Paul RULLEAU
Bibliographie sommaire
P. BANG & P. DAHLSTRÖM (1991). Guide des traces d’animaux. Delachaux et Niestlé, Paris.
L. CHAZEL & M. DA ROS (2002). L’encyclopédie des traces d’animaux. Delachaux et Niestlé, Paris.
Eric MARBOUTIN, Alain LAURENT, Pierre-Emmanuel BRIAUDET, François LEGER, Alain
BATAILLE, Gérald GOUJON, Christophe DUCHAMP, Michel CATUSSE (2011). Le statut de la
population de lynx Lynx lynx en France. Le Courrier de la Nature n°265 (nov.-déc. 2011), Paris.
Le tarpan Equus ferus était un équidé sauvage européen considéré comme étant peut-
être l'ancêtre des races actuelles de chevaux. « Tarpan » vient d'un mot turkmène
signifiant « cheval sauvage ». Le tarpan actuel, ou konick polski, est le descendant de
chevaux primitifs qui vivaient dans l’est de l’Europe jusqu'en 1780.
L'association Bugerbivore a pour activité principale l'utilisation du tarpan dans le cadre
de la gestion et l'entretien des espaces naturels, sur trois sites du Bugey et un en Forêt
d'Orient en Champagne.
Les tarpans maintiennent, par leur pâturage, l'équilibre de la flore.
Bugerbivore [email protected]
Projet Tarpan, Maison des sociétés, rue Colbert, 01500 Ambérieu-en-Bugey
Des journées « découverte » sont organisées à la demande.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 26
Observation de deux Spatules blanches
au centre de Lyon Guillaume BROUARD
Le 8 août dernier, vers 6h10, je m’apprête à traverser à vélo le pont Morand qui enjambe le Rhône
au niveau de l'Opéra. En lieu et place des Aigrettes garzettes Egretta garzetta que je croisais les
jours précédents, mon regard est attiré par deux oiseaux blancs de taille bien supérieure et d'allure
bien différente qui passent à basse altitude. Grande taille, longues pattes, le cou épais tendu vers le
sud, le bec long et large, pas de doute, ce sont deux Spatules blanches !...
La silhouette très caractéristique de l’espèce m’a permis de les identifier facilement. Mais n'ayant pas
mes jumelles, je ne saurais dire si elles avaient ou non le liseré noir aux rémiges des juvéniles.
Cette observation qui serait seulement la
deuxième mention rhodanienne de l'espèce
sera suivie le 13 septembre 2011 par
l'observation d'un individu seul, à la tombée de
la nuit, par Sorlin CHANEL.
Ces deux observations rapprochées dans le
temps sont l'occasion de faire un petit point
sur l’espèce.
Taxonomie La Spatule blanche Platalea leucorodia appartient à la famille des Threskiornithidés. Nom
imprononçable qu'elle partage à travers le monde avec les 28 espèces d'ibis et 5 autres espèces de
spatules. Les 6 représentants du genre Platalea ont tous en commun ce bec de forme caractéristique et
sont répartis sur les 5 continents.
Il existerait 3 ou 4 sous-espèces de Spatule blanche :
P. l. leucorodia en Europe,
P. l .major, la plus grande des sous-espèces que l'on trouve à l’extrême est de l'Europe et au Moyen-
Orient (cette sous-espèce n'est pas reconnue par certains qui l'intègrent à P. l. leucorodia),
P. l. blasaci, plus petite avec un bec entièrement noir, sédentaire et endémique du Banc d'Arguin en
Mauritanie (environ 750 couples),
P. l. archeri, encore plus petite que la précédente et également sédentaire, qui vit autour de la Mer
rouge (entre 860 et 1270 couples).
Quelques détails sur les effectifs Au niveau mondial et à grands traits, la Spatule blanche est présente en Europe, en Asie et dans une
large moitié nord de l'Afrique sous forme de petites populations morcelées. La population de Spatules
blanches est estimée en 2009, dans une large fourchette, entre 66 000 et 140 000 individus. Elle serait
nicheuse dans 38 pays et présente dans 47 pays. Son statut de conservation selon l'UICN (Union
Internationale pour la Conservation de la Nature) est au niveau « préoccupation mineure ».
Spatule juvénile - Brouage (17) - Juin 2011
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 27
Au niveau européen, la population, estimée en nombre de couples nicheurs, est comprise au début des
années 2000 entre 8 900 et 15 000 couples. Elle représenterait une grosse moitié des effectifs
nicheurs mondiaux. Considérée comme globalement stable, la répartition des effectifs nicheurs tend à
se décaler vers l'ouest. On constate, en effet, un fort déclin dans la partie orientale de l’Europe, une
stabilité en Europe centrale et une bonne progression des populations occidentales.
L'augmentation de la population néerlandaise a permis la dissémination de l’espèce dans les milieux
favorables situés le long des voies migratoires, principalement sur le littoral atlantique qui voit
transiter plus de 10 000 individus par an lors de leur migration postnuptiale en direction de l’Afrique de
l'ouest.
La France se situe donc dans un contexte favorable à la multiplication des observations et des sites de
nidification. Soupçonnée depuis les années 40-50 en Loire-Atlantique où l’espèce était notée nicheuse
au XVIè siècle, la première nidification française contemporaine attestée date de 1973 au lac de
Grand-Lieu. Elle donnera lieu petit à petit à l'apparition d'une population alentour estimée à 200
couples nicheurs en 2006. Outre quelques cas de nidifications ponctuelles comme au marais d'Orx en
1996, d'autres noyaux apparaissent progressivement dans l'hexagone, avec la Camargue depuis 1998, la
Baie de Somme depuis 2000, la Dombes et les
marais de Brouage depuis 2006.
Rhône-Alpes abrite la seule population
continentale française. Les premiers espoirs
de nidification apparaissent en 1986 en
Dombes où un couple est observé au sein
d'une colonie d'ardéidés. En mai 1996, deux
couples paradent et construisent des nids en
plaine du Forez, durant l'été, un autre couple
fait de même en Dombes, mais en vain. Il faut
attendre 2006 et la multiplication des
observations pour que les premiers poussins
de Spatules estampillés dombistes voient le
jour. La production est d'importance puisqu'elle totalise 10 juvéniles dans la saison. Depuis 2006, le
nombre de couples reproducteurs est monté jusqu'à 10, mais cette population demeure fragile et le
mode d'exploitation des étangs, avec des assecs réguliers tous les 4 à 5 ans, entraîne une grande
mobilité des sites de nidification. Ainsi, en 2011, bien que plusieurs familles aient été observées, la
nidification n'a pas pu être prouvée.
L'origine des oiseaux de Dombes reste incertaine, les lectures de bagues permettent de constater des
échanges avec les populations atlantiques et néerlandaises ainsi qu'avec la florissante population
camarguaise. Un individu italien a également fréquenté les étangs pendant la saison 2011.
Quelques éléments de biologie La Spatule blanche mesure de 60 à 70cm et pèse entre 1kg800 et 2kg400. La distinction mâle/femelle
est délicate. On retiendra tout de même que les mâles sont plutôt plus grands que ces dames et qu'ils
ont les pattes et le bec plus longs.
De couleur blanche, les adultes nuptiaux se parent d'une aigrette sur l'arrière de la tête et de plages
jaune orangé à la base du cou et sur la poitrine. Les jeunes et les sub-adultes sont reconnaissables aux
pointes noires qu'ils présentent à l’extrémité des rémiges.
Inféodée aux zones humides au sens large, l’espèce est rencontrée aussi bien dans les estuaires, les
deltas et les littoraux qu'au bord des lacs et des étangs ou dans les zones alluviales des cours d'eaux.
Elle s'y nourrit de petits poissons, de petits crustacés et d’autres petits invertébrés qu'elle capture le
bec dans l'eau, en décrivant de larges arcs de cercle. Ces séances de pêche se passent volontiers en
groupe. Les oiseaux y progressent côte à côte en ligne ou en plusieurs lignes successives.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 28
La spatule niche en groupe au sein de colonies mixtes avec d'autres oiseaux d'eau, tels que les
ardéidés, les cormorans ou les laridés. Relativement peu exigeante pour installer son nid, elle niche
aussi bien dans les arbres que dans les roselières, sur des buissons ou encore directement au sol dans
des dunes et des prés salés.
Les populations européennes sont migratrices. Les effectifs occidentaux suivent majoritairement le
littoral atlantique et descendent passer l'hiver jusqu'en Afrique de l'ouest. Des populations
hivernantes sont constatées tout au long de ce trajet. Les effectifs d'Europe centrale et de l'est
suivent deux axes principaux, le premier via l'Adriatique, l’Italie, vers l’Afrique du nord (certaines
Spatules effectuant même la traversée du Sahara), le second trajet via les Balkans, la Turquie, en
direction du Nil. Les populations les plus orientales voient une petite partie de leurs effectifs se
rendre jusqu'au delta de l'Indus au Pakistan.
Pour les populations occidentales, la migration postnuptiale s'étend de la mi-juillet jusqu'à la mi-
novembre avec un pic de passage aux alentours de la mi-septembre. Quelques mouvements peuvent être
observés plus tard au début de l'hiver en fonction des conditions climatiques qui affectent les
populations hivernantes les plus nordiques.
La migration prénuptiale concerne des effectifs plus modestes car, outre les pertes hivernales, une
partie des jeunes et des sub-adultes ne rejoignent les lieux de nidification que lorsqu'elles sont en âge
de se reproduire. Elle s'étend de la mi-février à la mi-avril avec une vague en début de période et une
seconde vague notable à la mi-mars.
Les menaces A l'instar d'un grand nombre d’espèces des zones humides, les principales menaces qui pèsent sur les
Spatules sont anthropiques. Elles sont liées à la diminution des surfaces disponibles par le drainage,
l'extension des surfaces agricoles et d'habitation, les activités piscicoles et de loisirs sur les espaces
résiduels, la pollution... D'un naturel plutôt farouche, les dérangements en période de nidification sont
également un facteur limitant.
Certaines populations sont également affectées lors de leur migration par le braconnage et les
collisions avec les lignes électriques.
Conclusion Dans le contexte d’évolution favorable de la population occidentale de Spatules blanches, l’observation
de ces deux oiseaux en migration au-dessus de la ville de Lyon le 8 août 2011 n’est pas si surprenante ;
d’autant plus que l’agglomération lyonnaise se trouve sur une voie de migration alternative des oiseaux
néerlandais d'après les données obtenues par un programme de suivi par satellite.
La date assez précoce de l'observation laisse ouvertes toutes les hypothèses quant à l'origine de ces
oiseaux : migrateurs postnuptiaux de Dombes ou d'ailleurs, oiseaux en transit entre les populations
dombiste et camarguaise,...
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 29
Les observations transmises sur le site faune-ain.org pour la première quinzaine d'août laissent à
penser qu'une trentaine d'oiseaux étaient en Dombes au moment de l'observation. Le maximum atteint
étant d'environ 70 oiseaux aux alentours du 10 septembre 2011 (époque de l'observation de Sorlin
CHANEL).
Si l’espèce arrive à maintenir un effectif nicheur en Dombes, les observations lyonnaises et
rhodaniennes pourraient se multiplier dans les prochaines années. A vos jumelles !!
Un grand Merci à Pierre CROUZIER pour ses informations et ses remarques.
Guillaume BROUARD
Bibliographie
Sites internet :
Birdlife international UICN
www.oiseaux.net
Ouvrages et articles :
BENMERGUI M. (2011). Dombes d'Hommes et d'Oiseaux. Edith et Moi, 191 pp. Charrette (38).
BENMERGUI M. et CROUZIER P. (2006). La Spatule blanche Platalea leucorodia nicheuse en
Dombes. Ornithos 13 (6) : 378-381.
CHANEL S. (2012). Observation d’une Spatule blanche à Lyon. L’Effraie n°32. LPO Rhône, Lyon.
CROUZIER P. et RIMBERT P. in CORA-Région (2003). La Spatule blanche in « Les oiseaux
nicheurs en Rhône-Alpes, 1977-2000. Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes ». CORA
Faune Sauvage éditeur, Lyon.
DUPUY F. & FEIGNE C. (2010). La Spatule blanche Platalea leucorodia en Aquitaine : 1975-2009.
8 pp, Bordeaux.
DUBOIS P.J., LE MARECHAL P., OLIOSO G. & YESOU P. (2008). Nouvel Inventaire des Oiseaux de France. Delachaux et Niestlé, Paris, 560pp.
TRIPLET P. et al. (2008). Plan d’Action International pour la Conservation de la Spatule blanche.
Accord sur la Conservation des Oiseaux d’Eau Migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA). Série
technique de l’AEWA n°. 35, 165 pp.
TRIPLET P. et al. (2008). La lettre d’information “Spatule” 36 pp. Groupe de Travail
International sur la Spatule d’Europe.
Photos : G. BROUARD.
NDLR : Cette donnée de Spatule blanche, ainsi que celle de S. CHANEL du 13 septembre, porte à 312
le nombre d’espèces observées à ce jour dans le département du Rhône. On en trouvera la liste mise à
jour sur notre site internet ou sur : http://www.faune-rhone.org/index.php?m_id=1164&mp_item_per_page=10&mp_current_page=2
Elles seraient les deuxième et troisième données de l’espèce dans le Rhône. En effet, une donnée du 22
juillet 2004, rapportant l’observation d’un individu aux Grand Vernes, à Miribel-Jonage, par Pierre
SAUZEDE, figurait dans la base, mais avait échappé à notre vigilance lors de l’établissement de la liste
des Oiseaux du Rhône !
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 30
Observation d’une Spatule blanche à Lyon Sorlin CHANEL
Le site d’observation et le contexte Le 13 septembre 2011 en fin d’après-midi, je décide de me rendre sur le site de la Feyssine, un parc
urbain situé dans la commune de Villeurbanne, en bordure du Rhône et à proximité immédiate du
domaine universitaire de la Doua.
Le Parc naturel urbain de la Feyssine, qui était dévolu au captage des eaux de l'agglomération lyonnaise
de 1887 jusqu’en 1976, a échappé aux promoteurs immobiliers car situé en zone inondable ; il s’étend
sur près de 55 hectares le long du sillon rhodanien et fut inauguré en 2002 suite à la requalification en
parc naturel urbain préalablement décidée par la mairie.
Véritable trait d’union entre la zone dite des champs-captants de Crépieux-Charmy et le Grand Parc de
Miribel-Jonage (au nord) et le Parc de la Tête d’Or (au sud-est, dans le 6è arrondissement de Lyon),
classé ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique), le Parc, dans lequel on
peut voir encore des puits désaffectés, est formé d’une grande prairie avec plus de vingt espèces
d'orchidée, d’une peupleraie et de zones buissonnantes en haies et bosquets, de chemins de promenade
et d’une piste cyclable, souffre cependant de la fréquentation anarchique dont il fait l’objet.
Particulièrement intéressant en période migratoire et essentiellement lors du passage prénuptial, il a
déjà accueilli par le passé nombre d’espèces intéressantes, tant sur le plan local (Huppe fasciée Upupa epops, Locustelle tachetée Locustella naevia, Oie cendrée Anser anser, Garrot à œil d’or Bucephala clangula, Tadorne de Belon Tadorna tadorna, Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus, Sterne
pierregarin Sterna hirundo, etc…) que régional (Goéland pontique Larus cachinnans, Gobemouche à
collier Ficedula albicollis, Fuligule nyroca Aythya nyroca…). Il héberge aussi diverses espèces de
mammifères telles que le Castor d’Europe Castor fiber, dont on voit facilement les traces d’écorçage,
le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus dont la pullulation oblige à des chasses au furet organisées
par la mairie de Villeurbanne, et le Renard roux Vulpes vulpes.
En hiver, les zones de gravier en bordure de fleuve et quelques îlots servent de reposoirs à de
nombreux laridés et ardéidés, ainsi qu’aux Grands Cormorans Phalacrocorax carbo. Quelques Chevaliers
guignettes Actitis hypoleucos y sont souvent notés avec, parfois, un Chevalier aboyeur Tringa nebularia
ou un Chevalier culblanc Tringa ochropus. Le Martin-pêcheur Alcedo atthis y est d’observation
fréquente toute l’année.
Observation Ayant notamment observé, le matin même, un Canard siffleur Anas penelope et une Fauvette babillarde
Sylvia curruca, j’espère alors pouvoir réaliser des clichés de cette dernière, même si je doute fort de
la retrouver. Tel est malheureusement le cas ! Mais observant des groupes successifs d’Aigrettes
garzettes Egretta garzetta descendre le fleuve, je prends le parti de longer les berges pour rallier le
centre-ville afin de garder à l’œil le flux migratoire. Alors que la nuit tombe désormais et que pas moins
de 42 Aigrettes garzettes, un Héron gardeboeufs Bubulcus ibis et une bonne douzaine de Hérons
cendrés Ardea cinerea se sont succédé, arrive un grand « ardéidé » blanc au cou tendu et à la dégaine
diagnostique :
C’est une Spatule blanche Platalea leucorodia qui descend le Rhône et me survole à moins d’une
cinquantaine de mètres !
À peine le temps de sortir l’appareil photo pour immortaliser la scène qu’elle prend déjà un peu de
hauteur afin de passer le pont Raymond Poincaré. C’en est fini… Elle s’éloigne vers le sud, alternant
rapides battements et planés de ses ailes tendues, presque rigides, et n’est bientôt plus qu’un point
blanc dans le crépuscule lyonnais.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 31
Discussion Cette observation survient quelques semaines seulement après la deuxième citation départementale de
l’espèce, réalisée par Guillaume BROUARD, de deux individus migrant au-dessus de la ville le 8 août
2011 (voir l’article correspondant dans ce même numéro). Des observations qui ne vont pas sans
rappeler par exemple celle de 14 individus en migration active faite de jour à Andance (Ardèche) par
Vincent PALOMARES le 26 septembre 2010.
La vallée du Rhône, à l’écart de ses grands axes de déplacement, constitue un axe migratoire marginal
pour l’espèce, mais vraisemblablement emprunté annuellement par un certain nombre d’oiseaux comme
le laissent à penser les chiffres camarguais, lors de la migration postnuptiale notamment.
Simple coïncidence ou lien de cause à effet, ces deux données pour le département surviennent en écho
à la récente et toute proche nidification de l’espèce en Dombes (à une quarantaine de kilomètres à vol
d’oiseau du parc de la Feyssine), constatée depuis 2006 et la reproduction d’au moins 5 couples ayant
mené 10 jeunes à l’envol (BENMERGUI & CROUZIER 2006). Une reproduction qui se poursuit depuis
avec une population estimée à moins d’une dizaine de couples.
S’agissait-il pour autant d’un individu issu de la colonie dombiste ? Impossible de le savoir. Quoi qu’il en
soit, l’origine dombiste de la Spatule observée ce soir-là, qu’il s’agisse d’un individu local ou ayant
simplement fréquenté la Dombes comme halte lors de son périple migratoire, ne fait que peu de doute,
comme l’attestent les groupes d’ardéidés qui l’ont précédée : des groupes composés majoritairement
d’Aigrettes garzettes, en provenance du plateau dombiste et pour lesquelles la fin du jour est
synonyme de départ vers le Sud.
L’oiseau de la Feyssine, une mauvaise photo,
mais qui montre la silhouette typique
avec les ailes larges et arrondies et le cou tendu.
Conclusion En France, la Spatule blanche est en expansion même si elle reste une espèce rare et localisée avec des
effectifs de l’ordre de 200 couples répartis sur huit sites : six disséminés du parc du Marquenterre
jusqu’au marais d’Orx pour le littoral Manche-Atlantique (en y incluant le lac de Maine), et deux en
Dombes et en Camargue où la population nicheuse est passée de 2 couples en 1998 à 50 une décennie
plus tard (PIN & SADOUL 2009).
L’installation récente de la Spatule blanche en Dombes en tant que nicheuse et la dynamique actuelle
des populations d’Europe occidentale présagent-elles d’autres observations de cette espèce dans le
Rhône ? Espérons-le !
Sorlin CHANEL
Bibliographie
BENMERGUI M. & CROUZIER P. (2006). La Spatule blanche Platalea leucorodia nicheuse en
Dombes. Ornithos 13-6 : 378-381, Rochefort.
BROUARD G. (2012). Observation de deux Spatules blanches au centre de Lyon. L’Effraie n°32.
LPO Rhône, Lyon.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 32
CROUZIER P. & RIMBERT P. in CORA-Région (2003). La Spatule blanche in « Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes », 1977-2000. CORA Faune Sauvage éditeur, Lyon.
LPO & SEOF (2011). Spatule blanche in « Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine ».
Lien consultable sur le site internet : http://www.atlas-ornitho.fr
MULLARNEY K., SVENSSON L., ZETTERSTRÖM D. & GRANT P.J. (1999). Le guide Ornitho.
Delachaux et Niestlé, Lausanne.
PIN C. & SADOUL N. (2009). Spatule blanche. Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Delachaux et Niestlé & LPO Paca : 120-121, Hyères.
Ville de Villeurbanne (2011). Villeurbanne.fr. Site internet du parc naturel urbain de la Feyssine
consultable sur le lien suivant : http://parc-feyssine.villeurbanne.fr
NDLR : La prévision de nos deux rédacteurs s’est réalisée assez vite, puisque, cinq mois après cette
troisième donnée départementale, une Spatule blanche immature a été trouvée à Miribel-Jonage,
devant l’observatoire des Grands Vernes, par Olivier ROLLET et Dominique TISSIER, le 17 mars 2012.
L’oiseau est resté posé toute la matinée au milieu des Grands Cormorans, puis a pris une ascendance,
vers 15h, pour partir en vol, très haut, en direction du nord !
Spatule blanche, l’oiseau de 2012 à Miribel-Jonage (Olivier ROLLET)
http://www.faune-rhone.org/index.php?m_id=54&id=72637
Observation exceptionnelle de trois
Glaréoles à collier dans le Rhône Sorlin CHANEL
Le site La confluence du Rhône et de la Saône, au sud de la ville de Lyon, constitue la pointe méridionale de la
Presqu’île lyonnaise et du 2è arrondissement : un milieu très densément urbanisé, assorti
d’infrastructures bétonnées telles que l’autoroute A7, qui longe le Rhône et voit transiter chaque jour
pas moins de 60 000 véhicules et jusqu'à 170 000 lors des pics de fréquentation. Le site est par ailleurs
en pleine mutation du fait du projet de réhabilitation du quartier « Confluence », avec, entre autres, la
livraison du Musée des Confluences, prévue à l’horizon 2014.
Seuls le Parc de Gerland, au sud-est, et la colline de la Mulatière, à l’ouest, offrent des espaces verts
et arborés au sein de la grisaille urbaine environnante. Pas un environnement a priori favorable à la
pratique de l’ornithologie. Et pourtant !... De par sa position géographique privilégiée, sur l’axe
migratoire majeur de la vallée du Rhône, le site a déjà donné lieu à l’observation d’espèces aussi
prestigieuses que le Goéland d’Audouin Larus audouinii (seule donnée du Rhône en juillet-août 2003), la
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 33
Cigogne noire Ciconia nigra, le Crabier chevelu Ardeola ralloides, l’Aigle botté Hieraaetus pennatus ou
encore le Jaseur boréal Bombycilla garrulus (obs. personnelles réalisées entre 2003 et 2006) !
L’observation Le 17 août 2011, peu avant de me rendre sur mon lieu de stage, je pratiquai brièvement l’ornithologie
sur les quais de la Saône, à proximité de l’ex-Port Rambaud… Rien de bien folichon, quelques
Bergeronnettes grises Motacilla alba, une Gallinule poule d’eau Gallinula chloropus et la famille
« locale » de Faucons crécerelles Falco tinnunculus qui tournoie haut dans le ciel azur.
Soudain, vers 16h30, je suis alerté par des cris de type « sterne sterna sp. », aigus et stridents,
d’abord lointains, puis de plus en plus proches, et je vois alors apparaître, arrivant du sud, trois
limicoles au vol très rapide (évoquant presque une sterne ou un faucon) et au jizz bien particulier.
Évoluant à assez basse altitude (une cinquantaine de mètres du plancher des vaches), les trois oiseaux
passent au-dessus de moi, à grands renforts de « krik-krik » sonores, nasillards et perçants (qui
pourraient aussi se traduire par des « prii » ou « kik » simples ou doublés), avant de poursuivre leur vol
en remontant la Saône.
Pas de doute, ce sont bien des Glaréoles à collier Glareola pratincola !...
Le ventre est pâle, la gorge chamois - finement liserée de noir pour deux d’entre eux -, le bec court et
les pattes courtes, les longues et fines ailes paraissent effilées, sombres dessous, avec une nette
teinte rousse/pourpre dont la forte luminosité estivale facilite grandement la détection. Un mince
liseré blanc orne distinctement le bord postérieur des ailes (de type Alouette des champs Alauda arvensis), quoique limité au bras, ce qui permet de distinguer l’espèce de la Glaréole à ailes noires
Glareola nordmanni, encore plus rare. L’ensemble des parties supérieures (tête, dos et ailes) apparaît
brun foncé. Enfin, une assez longue queue effilée, aux rectrices noires se détachant nettement sur le
ventre blanc, des ailes pointues et un vol alerte complètent ce profil des plus aérodynamiques. Des
critères qui correspondent en tous points à ceux de la Glaréole à collier. Pour une observation tout
bonnement extraordinaire !...
Discussion La Glaréole à collier est une espèce très rare en France, dont la reproduction reste de nos jours
presque uniquement circonscrite à la Camargue, où la taille de la population a fluctué de 37 couples en
2002 à 127 en 2008 (VINCENT-MARTIN 2009).
Cette observation constitue la deuxième mention de l’espèce dans le Rhône et de surcroît la première
concernant plusieurs individus dans notre région ! La précédente mention départementale, réalisée à
peine deux mois auparavant, concernait un oiseau noté le 23 juin à l’aéroport de Saint-Exupéry par
Jonathan GAUDET. Plutôt que de radoter, j’invite vivement les personnes intéressées à se référer au
très bon article (GAUDET 2011 in L’Effraie 31) consacré à cette « première ».
L’un des individus observés à Lyon présentait, par ailleurs, les caractéristiques d’un jeune de l’année
(plumage plus terne, gorge chamois sans liseré noir et poitrine ombrée de petites « écailles » sombres),
même si la brièveté de l’observation ne permet toutefois pas d’en dégager la certitude absolue.
S’agissait-il d’un couple et de son jeune en vadrouille vers le nord au sortir de la reproduction ? Leurs
cris continus évoquaient ainsi le comportement adopté par les sternes, notamment les couples avec
leur(s) jeune(s) en période migratoire qui « maintiennent le contact » par de bruyantes vocalises.
On pourra enfin noter qu’en 2011, une Glaréole à collier a également été observée dans la Loire (Antony
FAURE & Richard SEVE in LPO 2011) le 8 mai et une autre en Suisse, au Chablais de Cudrefin (Julien
MAZENAUER et al.) au cours du même mois.
Sorlin CHANEL [email protected]
Bibliographie
MULLARNEY K., SVENSSON L., ZETTERSTRÖM D. & GRANT P.J. (1999). Le guide Ornitho.
Delachaux et Niestlé, Lausanne.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 34
GAUDET J. (2011). Première observation d’une Glaréole à collier dans le département du Rhône.
L’Effraie n°31. LPO-Rhône, Lyon.
LPO Loire (2011). Données de Glaréole à collier en 2011 sur www.faune-loire.org. LPO Loire, Saint-
Etienne.
VINCENT-MARTIN N. (2009). Glaréole à collier. Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-
Côte d’Azur. Delachaux et Niestlé & LPO PACA, Hyères.
Vogelwarte.ch (2011). Données de Glaréole à collier en 2011 sur www.ornitho.ch. Vogelwarte,
Sempach Seeland.
Les observations de cette espèce sont soumises à homologation régionale et nécessitent la rédaction d’une fiche à
soumettre au CHR. Nous tiendrons nos lecteurs informés de la bonne homologation de cette donnée dès qu’elle
nous sera parvenue (NDLR).
ENQUETE RAPACES 2010
Département du Rhône Rédacteur : Bertrand DI NATALE
Secteur étudié : Tarare – Carte IGN 2931 O
Coordonnées (en grades) : X = 2,30 / Y = 50,90
Ce carré, comme tous ceux de l’enquête « rapaces », a une
surface de 25 km². Son centre se situe précisément sur
la commune de Villechenève, déborde à l’est sur celle de
Montrottier, au nord sur celle d’Affoux, au sud sur celle
de Longessaigne et au sud-ouest sur celle de Chambost-
Longessaigne. La partie ouest déborde sur le département
de la Loire entre les communes de Panissières et, plus au
nord, de Violay. L’altitude moyenne avoisinant les 700
mètres, j’espérais, en dehors des rapaces, observer des
espèces en nidification que l’on retrouve facilement en
moyenne montagne, à partir de 550 mètres d’altitude
dans le Rhône, telles que le Bruant jaune Emberiza citrinella, le Pipit des arbres Anthus trivialis dans le
bocage et le Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula, la
Mésange boréale Poecile montanus, ainsi que le Bec-croisé
des sapins Loxia curvirostra dans les milieux forestiers.
Ce fut une joie effectivement de retrouver ces oiseaux sur cette partie des Monts du Lyonnais, car ils
sont devenus extrêmement rares à des altitudes plus basses, notamment à Bessenay où je réside, en
raison des modifications climatiques qui font « remonter », selon moi, ces espèces plus en altitude par
rapport aux années précédentes (1970 à 1990). Certaines déclinent d’ailleurs en France selon le constat
de l’enquête STOC EPS, leur aire se restreignant aux régions les plus froides.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 35
C’est bien le cas du Bruant jaune, trouvé communément ici dans le bocage, du Pipit des arbres assez
répandu encore, mais dans une moindre mesure que le précédent. Enfin, le Bouvreuil pivoine et la
Mésange boréale semblent être devenus très localisés dans certains grands massifs boisés du carré.
Pour cette dernière espèce, à noter l’observation d’un couple alarmant près de son nid en bordure de
petits étangs, en milieu bocager à Villechenève, et donc probablement de la sous-espèce dite « des
Saules » que j’ai contactée pour la première fois dans le département et qui est différente de
« Montanus » inféodée au milieu forestier. C’est d’ailleurs une Mésange boréale de cette dernière sous-
espèce, très difficile à distinguer de l’autre, sauf par des caractéristiques vocales, qui a été contactée
dans le Bois de Montchervet, dans le département de la Loire, le 17 juillet 2010.
A noter aussi l’observation exceptionnelle de Becs-croisés des sapins, dont un individu en début de
saison, probablement en erratisme, à Montrottier, courant mars, mais aussi plusieurs bandes en forêts
mixtes dans la Loire sur des parties enrésinées, en plein été, et probablement suite à un phénomène
d’invasion : déplacement de l’espèce, pour des raisons de pénurie alimentaire dans leur région d’origine,
comme cela se constate certaines années. Et, de plus, un cas de nidification certain fut noté le 4 juillet
2010, près du château d’eau de Violay, dans un massif d’Epicéas communs où deux oiseaux furent
observés dont une femelle transportant de la nourriture dans le bec, soit un chaton, soit une grosse
chenille, ce qui est plus probable si elle nourrit des jeunes exigeant une nourriture protéinée pour leur
croissance.
Une autre surprise de taille m’attendait peu après ce jour, près de la Tour Matagrin située en bordure
nord-ouest du carré, dans la forêt de résineux, avec l’observation d’un Grimpereau des bois Certhia familiaris, identifié par son alarme évoquant le cri discret et fin du Merle noir, mais en plus court, bien
différente de celle du Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla commun de partout localement.
Parmi les autres espèces d’oiseaux découvertes, citons parmi les pics, les observations assez
fréquentes du Pic épeichette Dendrocopos minor dans les milieux bocagers du carré, alors que l’espèce
est considérée plutôt comme une espèce de plaine et des vallées fluviales. Je constate un fort déclin
de cette espèce, depuis quelques années, dans la vallée de la Brévenne où, dans les années 1990, je la
contactais très régulièrement et très rarement aujourd’hui. A contrario, l’espèce était plutôt rare à
l’époque dans le carré et semble fréquente actuellement ; il semblerait qu’il y ait un déplacement de
l’aire de répartition vers l’ouest. Les modifications climatiques n’y sont
probablement pas étrangères, le STOC EPS révélant un déclin alarmant pour
cette espèce à l’instar de ce qui est constaté pour le Bouvreuil pivoine et la
Mésange boréale. Ce petit pic a la particularité de rechercher sa nourriture,
généralement des petits insectes de la taille de pucerons, parmi les hautes
branches des arbres : il est fort possible que ces petits insectes soient
remontés en altitude ou bien ont un cycle de vie coïncidant localement avec
sa période de reproduction. Car l’impact du climat sur les oiseaux
insectivores se traduit souvent par le décalage du pic d’abondance des
proies par rapport au pic de nourrissage des oiseaux et, par conséquent, la rétraction ou la modification
de leur aire de répartition.
Moins surprenante est l’observation régulière, dans les massifs boisés du carré, du Pic noir Dryocopus martius, espèce qui, au contraire de la précédente, est en pleine expansion géographique, y compris
dans les parties basses des Monts du Lyonnais. Cela serait dû très probablement au vieillissement des
peuplements forestiers, là où se situent les Hêtres, atteignant une certaine maturité qui favorise le
développement des insectes xylophages dont se nourrit cette espèce.
Enfin, très remarquable, est l’observation du Torcol fourmilier Jynx torquilla, espèce en très fort
déclin, et que l’on peut classer désormais en danger critique d’extinction avec probablement moins de
dix couples nicheurs dans notre département… Trois observations de cette espèce sont à marquer
d’une pierre rouge.
La première, à Montrottier, fut un chant entendu depuis un marronnier, dans un milieu bocager très
favorable, le 30 mai 2010, en bordure d’une ferme classée au patrimoine bâti des Monts du Lyonnais,
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 36
bordée par un vieux verger de cerisiers et de mirabelliers (plus favorable d’ailleurs que le cerisier car
formant plus de cavités pour la nidification), et en bordure d’un pré non drainé pâturé par des bovins et
connexe à une lande forestière. Plusieurs espèces de fourmis ont été relevées sur le site dont la noire
des jardins Lasius niger, commune, et la rousse des prés Formica pratensis, espèces qui peuvent
favoriser cette espèce myrmécophage.
Enfin, le secteur des étangs de Villechenève, dits de Lafay, où fut observé le couple de Mésanges
boréales, semble très fréquenté par le Torcol qui y a été vu à deux reprises : le 26 juin 2010, donc en
pleine saison de nidification, un oiseau se nourrit au pied du vieux mur en pierre de la ferme de Gouby
et décolle pour disparaitre à la cime d’un arbre du bocage. L’oiseau devait se nourrir de fourmis,
nombreuses à cet endroit. Peut-être le même oiseau, sinon un de ses descendants, ou un migrateur
précoce, a été revu le 31 juillet suivant, plus près de l’étang, posé bien en vue sur un vieux cerisier mort
et descendant ensuite au sol pour se nourrir, probablement encore de fourmis…
Signalons que, sur ces étangs de Villechenève dont les bords sont végétalisés par des roseaux, ont été
observés, en nidification certaine, la Gallinule poule d’eau Gallinula chloropus et, en nidification
possible, toujours le 26 juin 2010, le Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis, avec la donnée d’un
individu en plumage nuptial. Il s’agit là d’espèces remarquables pour les Monts du Lyonnais, mais pas une
première citation locale. En effet, à la fin des années 1990, le Grèbe castagneux s’est probablement
reproduit à l’étang d’Albigny, à Montrottier, en compagnie d’un couple de Foulques macroules Fulica atra. Ces espèces ont disparu depuis le « nettoyage » de cet étang avec l’éradication de la végétation
palustre par le propriétaire…
Parmi les espèces remarquables autres que les rapaces, signalons un Grosbec casse-noyaux
Coccothraustes coccothraustes, contacté dans un cerisier de Montrottier le 31 juillet 2010. Enfin, la
Huppe fasciée Upupa epops, contactée chaque année dans le secteur, lors des prospections, a été notée
nicheuse certaine à Albigny, avec un couple observé transportant de la nourriture dans le bec (Grillon
champêtre Gryllus campestris), prenant la direction de Bonnamour, le 8 mai 2010. Un autre individu fut
noté nicheur probable au sein d’un bâtiment de ferme, dans la Loire, à Panissières, le 17 juillet suivant,
semblant utiliser une anfractuosité de mur.
Citons également parmi les passereaux jugés en déclin en France, l’observation régulière du
Gobemouche gris Muscicapa striata au sein du carré, nicheur probable.
Enfin, le Grand Corbeau Corvus corax a été contacté dans le carré, entendu depuis un bois, au sud-est
de la commune d’Affoux, le 13 mai 2010. Depuis, un oiseau sédentaire y a été régulièrement contacté
jusqu’à cette année 2012 et l’espèce semble donc bien entamer une progression géographique au sein de
notre département comme en témoignent d’autres observations dans d’autres parties des Monts du
Lyonnais, mais aussi dans le Beaujolais.
Parmi les rapaces nocturnes, signalons que la Chevêche d’Athéna
Athene noctua a été notée sur plusieurs sites du carré comme
reproducteur possible, probable ou certain. Les densités semblent
encore assez remarquables localement pour cette espèce.
Insolite est l’observation d’un Œdicnème criard Burhinus oedicnemus le 20 mars 2010 dans un champ de Longessaigne. Déjà
contactée ici depuis l’enquête 2004, l’espèce trouve là son secteur
du département le plus haut en altitude (TISSIER comm. pers.).
La prospection a donc été très enrichissante. Elle s’est faite de la fin février à la fin août 2010, en 16
visites représentant 128 heures de prospection. Les participants que je remercie de tout cœur et qui
se sont surtout mobilisés lors de la première journée écovolontaire du 20 mars sont : Jonathan JACK,
Elyane BOISSIERE, Alain FERRIE, Colette et Jean FROMONT, Anne-Sophie LAFITE, Guilhem
SOMMERIA, Edouard RIBATTO et Patrice FRANCO.
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Bondrée apivore Pernis apivorus : Nombre de couples certains et probables : 4
Nombre de couples possibles : 1
Trois couples reproducteurs certains bien répartis sur le carré. Un couple est nicheur dans le Bois du
Taillis de Montchervet, en bordure est du carré, où un juvénile a été entendu depuis le nid le 17 juillet
2010. Un autre juvénile est entendu depuis le bois situé entre les lieux-dits du Filleul et des Auberges,
à l'extrême sud-est du carré, le 21 août. Les adultes, surtout la femelle, au plumage typique, ont été
fréquemment observés en chasse aux alentours (à plusieurs reprises, posée dans les prairies où elle
devait chercher les hyménoptères). Ayant un plumage typique, il est difficile de dire s'il s'agit de
cette même femelle qui a été vue 5km plus au sud-est, en chasse, à plusieurs reprises, le 18 juillet
précédent (il s'agit peut-être d'une femelle d'un autre couple noté en possible sur le sud).
Un autre couple s'est reproduit au nord-est du carré, sur le Mont Girard, où un mâle a été observé en
train de parader en compagnie de son juvénile, au-dessus du bois, le 31 juillet 2010. Enfin, un couple
probable a été noté à plusieurs reprises sur le Bois d'Azole, au nord-ouest du carré, entre les mois de
juin et juillet, différent de celui du Taillis de Montchervet, car bien cantonné plus à l'est à une
distance de 3km de ce premier couple.
Aucun jeune n'a été entendu, ni observé néanmoins dans ce secteur, mais la reproduction probable y
est notée systématiquement au moins depuis les années 2000, depuis la première enquête « Rapaces »
de ce carré.
Milan royal Milvus milvus : Nombre de couples possibles : 1
Un individu a été observé depuis le 27 février, par moi-même, et tout le mois d'avril, dans le secteur
des Places, à Saint-Clément-les-Places, par un agriculteur fiable qui nous a transmis l'information. A la
date du 27 février, je l'avais noté comme migrateur possible en escale et chassant. Le secteur est une
véritable autoroute de la migration pour cette espèce. Ainsi, 5 individus ont été observés en migration
active entre le 27 février et le 6 mars. Cet individu, observé sur une plus longue période, est, soit un
oiseau non reproducteur, soit un oiseau reproducteur en provenance de la Loire limitrophe où une
population de 13 à 20 couples s'est reproduite en 2009 selon le rapport de Sébastien TEYSSIER de la
LPO Loire.
Milan noir Milvus migrans : Nombre de couples possibles : 1
Un seul individu, entendu par Jonathan JACK en pleine période de reproduction, le 5 juin 2010, au nord
du carré, est susceptible de se reproduire dans le secteur. Il est possible qu'il niche plus au nord,
notamment en bordure de la Turdine où l'on connaît quelques couples dans le secteur de Tarare. Il est
difficile de l'affirmer. Les deux autres Milans noirs contactés étaient des juvéniles de l'année en
migration active, le 18 et le 24 juillet.
Autour des Palombes Accipiter gentilis : Nombre de couples certains et probables : 1
Nombre de couples possibles : 1
Un couple bruyant a été entendu (des cris d'adultes certifiés) dans le bois de Chevrolière, à
Montrottier, en bordure nord-est du carré, a priori très tranquille et peu fréquenté, à la date tardive
du 31 juillet 2010, à 16h36, précisément. Une femelle, probablement âgée de 2 à 3 ans, d'après son
plumage, a été observée au lieu-dit la Blégnière, à Chambost-Longessaigne, c'est-à-dire à l'opposé, au
sud-ouest du carré, ayant capturé une Corneille noire Corvus corone et se faisant repérer grâce aux
cris d'un couple de Faucons crécerelles Falco tinnunculus qui, en compagnie de son juvénile, a harcelé
l'oiseau qui a pris la direction des bois du nord-ouest, où l'espèce se reproduit peut-être, sans
demander son reste !
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Epervier d’Europe Accipiter nisus : Nombre de couples certains et probables : 4
Nombre de couples possibles : 6
Quatre sites de nidification certains dont trois avec, pour chacun, un
juvénile criant à la période d'envol qui est, dans notre département,
marquée à partir du 15 août.
Mais, pour le quatrième cas, il s'agit de la découverte d'un nid
récent, du printemps 2010 car en très bon état, à l'est du carré, lors
de l'inventaire des hivernants le 23 janvier 2011, venant attester de
la nidification de l’espèce dans un boisement, celui de Mazieux, près
duquel l'espèce était régulièrement notée les années précédentes, mais qui n'a pas été prospecté cette
année. Le nid est constitué d'une plateforme de brindilles d'une dizaine de centimètres d'épaisseur,
assez plate et oblongue, reposant sur la fourche d'un hêtre (dans une hêtraie-charmaie) au tronc
relativement fin (15cm de diamètre), donc assez jeune. Ce nid repose à la base d'une branche, contre le
tronc, et est situé à une douzaine de mètres de hauteur. Il est placé à une cinquantaine de mètres d'un
sentier de grande randonnée (celui du tour des Monts du Lyonnais), lui-même situé à une cinquantaine
de mètres de la lisière de la forêt (le nid se situe donc à une centaine de mètres de la lisière). Du
feuillage, visible d'en bas, y a été placé pour garnir le nid : ce fait atteste également de sa
construction récente au printemps dernier. A noter, pour l'anecdote, qu'une femelle a été observée
peu après, à 450 mètres de ce nid, lors de ce 23 janvier 2011, mais peut-être s'agit-il d'un hivernant
étranger et pas du propriétaire de l'aire ? En tout cas, la prospection de cette espèce fort discrète
devient primordiale à compter du 15 août pour attester de sa nidification.
Les trois jeunes ont été notés le 21 août, le premier dans le bois situé au sud-est, entre les lieux-dits
du Vire et des Auberges (où je note la nidification probable depuis plusieurs années), le second dans un
bois au sud du carré, au sud du lieu-dit le Chanet, à Longessaigne, le même jour, le troisième entendu
depuis le bocage du Fétel, à Chambost-Longessaigne (au sud-ouest). Le premier doit être une jeune
femelle, observée en chasse près d'un hameau le 29 août.
Tous les autres oiseaux observés ont été notés comme possibles, trois étant peut-être les parents des
juvéniles notés précédemment, en chasse sur des lieux relativement éloignés des sites de nidification.
Enfin, trois individus, observés sur des secteurs favorables différents et très boisés (notamment au
nord-est), doivent appartenir, quasiment sans ambiguïté, à d'autres couples nicheurs possibles, même si
aucun indice de reproduction n'a pu être relevé, s'agissant d'oiseaux en déplacement.
A noter qu'il y a eu quasiment autant d'observations de mâles que de femelles dans le carré.
Buse variable Buteo buteo : Nombre de couples certains et probables : 33
Nombre de couples possibles : 11
On peut attester qu'un minimum de 27 couples est cantonné sur le carré ou en bordure, dont 17 se sont
reproduits avec certitude. Parmi ces reproducteurs certains, un seul a été observé près de son nid,
dans le bocage, près du Thevenet, à Villechenève, le 20 mars. Tous les autres sont des oiseaux adultes
observés en compagnie de juvéniles : 14 couples ont donné un jeune à l'envol, repéré généralement à ses
cris bruyants, sauf deux ayant 2 jeunes, les uns sur le Mont Girard, observés à l'envol en même temps
qu'une jeune Bondrée, et les autres en bordure du village de Villechenève, tous à la date du 31 juillet. A
noter que tous les couples nicheurs certains et probables sont cantonnés en périphérie des bois et
forêts, en lisière, mais jamais au centre de ceux-ci ; ce qui s'avère intéressant.
Les couples probables sont les oiseaux observés cantonnés, en couple, ou ayant été vus paradant et bien
individualisés dans des secteurs déterminés. Quant aux possibles, il s'agit d'individus relevés isolément
sur des secteurs proches des lieux de reproduction certains ou probables, mais soit d'oiseaux non
reproducteurs, sans comportement particulier, soit des immatures ou bien des oiseaux des autres
secteurs, en chasse, mais non individualisés.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 39
Busard Saint-Martin Circus cyaneus : Nombre de couples certains et probables : 1
Un mâle en chasse a été observé à de nombreuses reprises (au moins 7 fois) et une femelle (une fois)
dans le carré, entre le 27 février et le 12 juin, notamment près du lieu-dit des Auberges où un couple a
été observé dans une lande à genêts, à proximité du lieu de nidification d'un couple de Busards cendrés
(connu de Patrice FRANCO, dans le cadre de sa prospection spécifique pour la protection des busards).
La nidification n'a pu être prouvée, le couple ayant disparu par la suite. Mais, un individu, qui pouvait
être un juvénile ou une femelle, a décollé furtivement depuis une prairie humide pour disparaître
derrière un bois, le 24 juillet, 2km au nord, attestant peut-être d’une reproduction probable dans le
carré.
Busard cendré Circus pygargus : Nombre de couples certains et probables : 1
Très bonne nouvelle : un couple de Busards cendrés se reproduit chaque
année au lieu-dit les Auberges, soit dans un champ de céréales, soit
dans une prairie de fauche, ou, ce qui est bien mieux, comme cette
année, au sein d'une lande à genêts, depuis les années 1990. Il est le
dernier du secteur et sa surveillance annuelle paraît indispensable.
Cette année, selon les informations de Patrice FRANCO, spécialiste de
la protection au nid des busards dans le département, ce couple a donné deux jeunes à l'envol, sans
intervention. Pour ma part, et en compagnie de Jonathan JACK, je n'en ai observé qu'un, en compagnie
des adultes, le 24 juillet, près du nid.
Circaète Jean-le-Blanc Circaetus gallicus : Nombre de couples possibles : 1
Un seul individu est observé en vol le 31 juillet, a priori en chasse. Ce qui fait peu. Je le soupçonne
néanmoins d'appartenir au couple nicheur probable du Crêt d'Arjoux, situé en bordure de la carte
I.G.N 2931 Est voisine. Il est cependant difficile de l'affirmer avec certitude.
Faucon hobereau Falco subbuteo : Nombre de couples certains et probables : 1
Nombre de couples possibles : 1
Trois observations seulement dont celle d'un couple en bordure du village de Villechenève, au centre du
carré, le 8 mai 2010, en chasse, attiré par le manège des Martinets noirs Apus apus. Depuis la fin des
années 1990, un couple au moins se reproduit dans le carré. Un nid avait été trouvé deux ans auparavant
dans le bois entre les Auberges et le Vire, à Longessaigne, avec un jeune criant. Connaissant l'espèce
fidèle, nous nous sommes rendus sur le site avec Jonathan JACK et nous avons eu, après une demi-
heure d'attente, la surprise d'observer un oiseau décollant à la verticale de ce même bois ! Sans plus
d'observations pour ce site et ayant observé une querelle territoriale entre 2 oiseaux au sud du village
de Villechenève, en bordure du bois de Montlit, (une femelle poursuivant un autre oiseau en criant et
provoquant la colère d'une Chevêche d'Athéna sur son site de nidification !) le 21 août 2010, il est donc
probable qu'un couple au moins se reproduise dans le carré, voire un deuxième sur un autre site.
Faucon crécerelle Falco tinnunculus : Nombre de couples certains et probables : 27
Nombre de couples possibles : 13
Vingt-sept couples semblent être un minimum, avec 16 certains, dont 7 trouvés au nid. A noter un seul
nid trouvé dans un grand peuplier, en bordure du Bois Guillien, au nord-est du carré, à Affoux, le 8 mai,
et défendu vaillamment contre l'attaque d'une Pie bavarde Pica pica.
Tous les autres étaient situés dans des bâtiments de ferme, généralement dans les combles où les
oiseaux accèdent par les lucarnes, dont deux côte à côte dans deux orifices du même mur de ferme,
« Chez Georges », au nord-est du carré, à Villechenève. Il s'agit donc d'une véritable petite colonie, les
deux couples se chamaillant à grands renforts de cris.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 40
En dehors des nids trouvés, 9 sites ont donné des observations de juvéniles, nés dans des bâtiments de
ferme pour la majorité, là où des adultes avaient été observés cantonnés au printemps ; la plupart des
jeunes ont été observés seuls, à l'envol, mais un couple, au lieu-dit le Signy, à Villechenève, a donné
deux jeunes observés à l'envol le 24 juillet.
Les nicheurs probables sont des oiseaux observés en couple et cantonnés dans les hameaux : à noter
que l'un d'eux se reproduit probablement dans un nichoir situé dans le bocage bordant le hameau de
Montmenot, à 2,5km à l'est du carré ; les oiseaux y sont vus en permanence sans que j’aie pu relever de
preuve certaine de reproduction en 2010.
Les nicheurs possibles sont les oiseaux isolés observés en périphérie de ces sites et sans preuve de
reproduction.
INFO ORNITHO INFO ORNITHO
Quelques raretés de cet hiver
Après un bel automne et un début d’hiver très doux, le froid a frappé notre région fin janvier, avec un épisode
neigeux du 31 janvier au 3 février suivi de trois semaines de gel qui ont amené quelques bouleversements dans la
répartition habituelle des oiseaux hivernants d’Europe. Chez nous, peu de raretés seront amenées par cette
période de gel, mais des mouvements importants seront signalés chez les oiseaux aquatiques.
Voici quelques-unes des observations les plus remarquables rapportées sur notre site faune-rhone.org.
Un Râle des genêts* Crex crex est vu brièvement le 16 octobre à Miribel-Jonage, sur les bords du Lac des
Pêcheurs (site décidément bien intéressant cet hiver) par Dominique TISSIER. L’espèce, bien difficile à observer,
car rarement à découvert, était nicheuse autrefois à Miribel-Jonage, mais il s’agissait là bien sûr d’un oiseau en
halte migratoire (homologué par le CHR).
Un Pipit de Richard* Anthus richardi, très loquace, est découvert par Hugo TOUZE, sur le remblai herbeux situé
entre le Lac du Drapeau et le Lac des Pêcheurs n°2 (un des « hot spots » de cet automne !), à Miribel-Jonage, le 7
novembre, pour une deuxième donnée de l’espèce, 22 ans après la première, obtenue sur le site de migration du
Carret, à Dardilly, par Laurent MANDRILLON en octobre 1989. L'individu se signale par ses cris typiques de type
« moineau ». Tout d'abord posé au sol, il s'envole et se pose au sommet d'un arbuste, ce qui facilite l’identification
toujours délicate pour le genre Anthus.
Repéré aussi aux cris, dans un labour de Caluire-et-Cuire, un autre Pipit de Richard* est noté le 22 novembre par
Guillaume BRUNEAU.
Deux Merles à plastron Turdus torquatus sont présents à Joux le 20 octobre (Edouard RIBATTO).
Un Harle huppé Mergus serrator, très rare dans notre département, est noté sur le Rhône, à Ampuis, les 19, 26 et
27 novembre par Vincent PALOMARES.
A Marcy-l'Étoile, le Pic mar Dendrocopos medius se signale les 11
décembre, 15 janvier, 18 et 19 février, 14 mars, 1er avril, près du
site de nidification de 2011 (ADLAM 2011), à Lacroix-Laval (Olivier
WAILLE, Hubert POTTIAU, Frédéric LE GOUIS, Aurélien
SALESSE, Gilles CORSAND, Thierry GAULTIER).
Photo : F. LE GOUIS.
Mais 3 Pics mars sont contactés le 21 mars sur un autre site, à Lissieu (Paul ADLAM), ce qui pourrait laisser
espérer une extension de l’espèce dans notre département !
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 41
Un Pouillot véloce* Phylloscopus collybita, semblant appartenir à la
sous-espèce tristis, est présent à Ampuis le 4 décembre. D’après
l’observateur, Vincent PALOMARES, l’oiseau ne semblait pas être un
« tristis » pur, car du jaune était visible à l'avant des sourcils, mais
plutôt intermédiaire, de type « fulvescens » ; repéré aux cris (de type
« tristis »), avec le bec et les pattes noirs, la poitrine très blanche,
des teintes assez froides sur les parties supérieures, les tertiaires
bordées d'un fin liseré vert, l'oiseau réagissait bien à la repasse du
chant de tristis en frétillant des ailes et en s’approchant.
Le 31 décembre, un Hibou des marais* Asio flammeus est levé dans le chaume humide de la Petite Camargue, au
Grand Large, par Guillaume BRUNEAU, cercle pendant plusieurs minutes jusqu'au-dessus du plan d’eau, puis plonge
dans la roselière.
Alors qu’un seul plongeon, le Plongeon imbrin* Gavia immer, est observé cet hiver, et un seul jour, à Miribel-
Jonage, par Alexandre AUCHERE, le 7 janvier, c’est à la Base Nautique d’Anse qu’une belle observation de 18
Macreuses brunes Melanitta fusca est obtenue dès le 4 février (Frédéric DOMENJOUD et al.). Les oiseaux vont
rester jusqu’au 17, 7 sont encore sur le site le 28 et 2 resteront jusqu’au 1er mars.
Une Mésange à longue queue* Aegithalos caudatus caudatus, de la sous-espèce nominale, dont l’invasion de
l’automne 2010 a été rapportée (OLIOSO et le CHN 2011), est vue à Miribel-Jonage le 5 février (Olivier
WAILLE).
Outre les Harles piettes Mergellus albellus, tous en plumage de type
femelle, observés à Miribel-Jonage ou au Grand Large (maximum de 9
individus), c’est un Harle piette mâle, toujours magnifique, qui a été
trouvé le 13 février par Jonathan JACK, à Pierre-Bénite, avec un
Grèbe jougris* Podiceps grisegena. Un très beau doublé ce jour-là !...
(Photo : H. TOUZE).
Un Goéland argenté* Larus argentatus en plumage de premier hiver
est observé le 18 février, posé sur la glace au Grand Large par Hugo TOUZE. Trois individus avaient été observés
les 16 et 17 février par Jean-Michel BELIARD.
Un hybride Nette rousse x Fuligule milouin Netta rufina x Aythya ferina, observé par Hugo TOUZE au Grand
Large le 18 février 2012 avec une selle nasale bleue "B-4J", a été bagué en Dombes. Il ne venait donc pas de très
loin ! Cet oiseau a été signalé sur l'étang Chapelier, à Versailleux, du 14 janvier au 5 février 2012, mais le gel lui a
fait déserter les étangs dombistes (fide Pierre CROUZIER).
Des Rémiz pendulines Remiz pendulinus (sans doute une bonne dizaine) ont
été notées tout l’hiver, dans les petites roselières de Miribel-Jonage et du
Grand Large (photo : J.M. BELIARD).
Deux Butors étoilés Botaurus stellaris se querellant sont observés à Saint-Priest le 9 novembre (Vivien
CHARTENDRAULT). Un Butor étoilé va séjourner à partir du 17 décembre et jusqu’à début mars (Frédéric
DOMENJOUD et al.) dans une roselière de la base nautique d’Anse, en val de Saône, où il y aura même deux
oiseaux ensemble à partir du 12 février (Alexandre AUCHERE et al.). Pour une fois, ces oiseaux, d’habitude très
discrets au cœur des grandes roselières, se laisseront relativement bien observer, quoique à distance respectable,
en bordure de roselière.
Des Bécassines sourdes* Lymnocryptes minimus ont été notées à Miribel-Jonage et à la gravière de Joux, à Arnas,
mais elles font l’objet d’un long article dans ce même numéro. L’une d’elles a passé tout l’hiver, notée de fin
novembre à fin mars (homologuée par le CHR).
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 42
Remarquable aussi, ce premier cas d’hivernage partiel d’un groupe d’Oedicnèmes criards Burhinus oedicnemus,
relaté dans ce même numéro, les oiseaux ayant été malheureusement chassés par le froid intense de début
février !
Enfin, un Aigle royal Aquila chrysaetos est observé sur l’Aéroport de Lyon-Saint-Exupéry le 9 mars par Jonathan
GAUDET (5è donnée départementale) !
NB : certaines observations sont soumises à homologation régionale. Merci aux observateurs de penser à envoyer une fiche au
CHR, si ce n’est déjà fait. Un astérisque signale ci-dessus les espèces concernées.
Bibliographie
ADLAM P. & TISSIER D. (2011). Première reproduction du Pic mar dans le département du Rhône. L’Effraie
n°31. LPO Rhône, Lyon.
LPO Rhône (2011). Données de la base – sur www.faune-rhone.org. LPO Rhône, Lyon.
OLIOSO G. et le CHN (2011). Important afflux de Mésanges à longue queue à tête blanche en France.
Ornithos 18 : 5, Paris.
Rémiz penduline, Miribel-Jonage, 23 mars 2012 (Jean-Marie NICOLAS)
Un Goéland brun allemand contrôlé à Arnas (69)
Le 9 octobre 2011, à la gravière de Joux, Gilles CORSAND notait la présence d’un Goéland brun Larus fuscus en
plumage de premier hiver, porteur d’une bague plastique jaune avec les caractères H9E2 en noir sur la patte droite
et la bague métallique habituelle sur la patte gauche.
La fiche de l’oiseau nous indique son origine et son parcours.
Ce goéland a été bagué juvénile le 2 juillet 2011, par Sonke MARTENS, avec ce marquage en couleur qui facilite le
relevé à distance et la bague métallique "Helgoland N030849", à Amrum/Odde dans le nord de l’Allemagne. Il a
donc été retrouvé à Arnas, soit à 1000 kilomètres de son lieu de baguage.
Odd Amrumer est la partie la plus septentrionale de l'île d’Amrun de la Mer des Wadden (en Mer du Nord), dans le
Schleswig-Holstein. L’île est constituée d’immenses plages, landes, bois et cultures, mais aussi de vastes dunes et
de zones de gravier où se reproduisent de nombreuses espèces d'oiseaux : laridés, Eider à duvet Somateria
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 43
mollissima, Harle huppé Mergus serrator, sternes, etc… C’est également un lieu de halte migratoire et d’hivernage
important pour l’avifaune du nord de l’Europe. Une partie de l’île est en réserve naturelle.
Pour en savoir plus :
http://www.meeresbuerger.de/meer-erleben/erlebniseinrichtungen/liste-sortierung-nach-orten/27-amrum-odde-
jordsand.html
Merci à Vincent PALOMARES pour la détermination spécifique et à Alain FOSSE et Benjamin GIRARD qui ont
retrouvé l’information sur l’origine de l’oiseau.
Disparition de la grande corbeautière de Chasse-sur-Rhône
La grande corbeautière située dans une peupleraie, au nœud autoroutier de l’A7, entre Chasse-sur-Rhône et
Givors, a disparu (V. GAGET comm. pers.). Tous les arbres ont été coupés pour l’exploitation du bois.
Les nids y étaient difficiles à compter du fait de son
emplacement peu accessible, mais ils devaient être entre
250 et 300 environ, selon les années. Ceci en faisait une
des plus grandes colonies de Corbeaux freux avec celle des
Arboras, à Grigny, où l’on avait dépassé les 400 nids en
2011, celle du Fort de Bron qui comprend environ 200 nids
certaines années et celle du Parc de la Tête d’Or à Lyon
avec environ une centaine de nids (TISSIER 2011).
Décidément, les oiseaux noirs ont bien du souci avec la
proximité des activités humaines, dont ils tirent pourtant
parfois profit !
Bibliographie
TISSIER D. (2011). Le Corbeau freux : nidification et hivernage dans le Rhône. L’Effraie n°30.
LPO Rhône, Lyon.
Saint-Exupéry, un nouvel hot-spot du département ?
L’aéroport de Lyon Saint-Exupéry n’est évidemment pas accessible aux ornithologues amateurs, armés de tout leur
matériel optique ! Pourtant, cette vaste zone offre un havre de paix et de quiétude (toute relative à nos yeux)
pour la faune locale. Depuis qu’un service chargé des risques de collision avec les avions a été mis en place, nous
avons, grâce à Jonathan GAUDET, des informations précieuses sur les espèces qui y sont nicheuses ou de passage.
Jonathan nous avait déjà décrit son observation de Glaréole à collier Glareola pratincola du 23 juin 2011 dans le
numéro 31 de l’Effraie et celle d’un Aigle royal Aquila chrysaetos, le 9 mars 2012, dans ce numéro 32. Voici
d’autres données remarquables qu’il nous rapporte dans faune-rhone.org.
Un groupe d’au moins une vingtaine d’Oedicnèmes criards Burhinus oedicnemus a été noté en août 2011, donnée
intéressante pour compléter nos études de l’espèce dans l’est lyonnais.
Le 8 septembre 2011, l’observation d’un Coucou-geai Clamator glandarius constituait la
seconde donnée de l’espèce pour le Rhône.
Le 13 octobre, c’est une Pie-grièche grise Lanius excubitor qui fréquentait les pistes.
L’espèce est devenue très rare dans notre région et l’on n’a qu’une seule autre donnée de
2011, avec un oiseau aux Chères, petite commune située entre les Monts d’Or et le Val de
Saône, le 1er octobre (Laurent GIROUD).
Deux Faucons émerillons Falco columbarius chassaient les passereaux le 22 décembre
2011.
L’EFFRAIE n°32 LPO Rhône Page 44
Plus récemment, au moins 35 Cigognes blanches Ciconia ciconia passent en migration le 23 février 2012, ainsi que 9
Oies cendrées Anser anser, 4 Grandes Aigrettes Casmerodius albus et un Courlis cendré Numenius arquata ! 20
autres Cigognes blanches seront observées cerclant au-dessus de l'aéroport vers 11h30 le 1er mars 2012 par
Jérémy VAUCHER.
A noter qu’un groupe de 18 avait été vu par Patrice FRANCO, avant même la vague de froid, le 28 janvier, à Saint-
Fons !
Une Outarde canepetière Tetrax tetrax est notée le 19 mars sur l’aéroport. Donnée tout à fait intéressante,
puisqu’un groupe d’oiseaux était cité dans les bases de données dans les années 70 et 80 à Satolas, mais très peu
de contacts récents avec cette espèce, autrefois nicheuse, sont répertoriés. L'individu, une femelle, était posé
dans un champ de colza ; dérangée par un lièvre, elle s'est envolée pour se reposer dans un autre champ de colza,
quelques centaines de mètres plus loin, toujours à l'intérieur de l'enceinte de l'aéroport.
Le même jour, un Combattant varié Philomachus pugnax était présent, ainsi que deux couples d’Oedicnèmes criards,
ce qui confirme la nidification de l’espèce qu’on n’avait pas pu prouver sur ce site lors de l’enquête départementale
de 2004 !
Un Aigle criard est passé au-dessus du Rhône
Tonn, un Aigle criard, équipé au nid d’une balise de localisation par satellite, en 2008, dans l’ouest de la Lettonie,
est régulièrement suivi au cours de ses migrations vers l’Espagne. On trouvera tous les détails sur le site :
http://www.chn-france.org/upload_content/fichier_endirect_8.pdf
Notons simplement ici qu’il a été localisé le 13 novembre 2008, à 11h, au sud de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)
et à 14h à Lizieux (Saint-Chamond), à 10km à l’est de Saint-Etienne (Loire), parcourant ce jour-là 215 kilomètres
depuis Dijon ! Il a donc survolé notre département, mais sans qu’un observateur au sol ne le détecte (fide CHN) !
Ceci nous amène à l’ajouter à notre liste des oiseaux du Rhône qui compte ainsi 312 espèces !