la rentrée des classes - diplomatie.belgium.be · gratuit en belgique. À l’étranger seulement...

32
RIO+20 n'a pas convaincu LA CRISE ÉCONOMIQUE vue du Sud La rentrée des classes pour tous ? dimension LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE N° 4 / 2012 • BIMESTRIEL AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 • P308613 • BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X

Upload: vandien

Post on 13-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

RIO+20n'a pas convaincu

LA CRISE ÉCONOMIQUEvue du Sud

La rentrée des classespour tous ?

dimensionLE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE

N° 4 / 2012 • BIMESTRIEL AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 • P308613 • BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X

sommaireAOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012

20/21 >

Rio+20 n’a pas convaincu

27 >

Les Belgesplus critiquesenvers la coopérationau développement

24/26 >

Une voix dans le désert

4-5 “Toi, ma fi lle, tu n’iras jamais à l’école”

6-7 Enseignement dans les pays en développement

8-9 “L'enseignement ne s'arrête pas à l'école primaire”

10-11 Le bon bulletin du Burundi

12 L’éducation pour tous : une clé du boom vietnamien

13 Les écolesdu changement

14 À l'école des rues

15 RD Congo : Des instituteurs en mode “survie”

16-17 La Belgique soutient l’éducation

18 Apprendre, aussidans les situations d’urgence

19 L’aide humanitairevole de ses propres ailes

22 La Belgique à Rio+20

23 Un entrepreneur sans vacances

> DOSSIER

ÉducationLa rentrée des classes pour tous ?

ou par mail à :[email protected]

Abonnementgratuit sur :www.dimension-3.be

28 Roulement de tambour pour les 50 ans du Burundi

29-31 Petite Dimension

32 Tsunami silencieux au Sahel

2 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

édit

o

dimension3

OUGANDA - Un meilleur enseignement réclame aussi un meilleur encadrement des professeurs. La CTB a construit des logements pour professeurs dans des zones reculées.

© CTB / Dieter Telemans

L'éducation d'abord

L a rentrée des classes, quoi de plus normal ? Pourtant, alors que beaucoup d'enfants renoncent de mauvaise grâce à leurs nonchalantes vacances, rêvant d'école buissonnière bien loin des sempiternels

tableaux noirs, ils sont nombreux dans le monde à se battre pour avoir accès à l'école. Aïcha raconte comment elle a dû s'arracher de sa famille marocaine pour étudier. Au Nicaragua, Junieth n'avait d'autre choix que de faire de la vente en rue pour à la fois assurer sa survie et pouvoir fréquenter l'école. Être quelqu'un, être fi er de soi, ces mots reviennent souvent lorsqu'il est question de l'impact de la scolarisation.

L'éducation est en effet essentielle au développement. Elle est le point d'ancrage de l'ensemble des Objectifs du millénaire (OMD). Elle permet de lutter contre la pauvreté (OMD1) et donne davantage de chances aux femmes (OMD3). Elle peut sauver la vie de jeunes enfants (OMD4), réduire la mortalité maternelle (OMD5) et, en tant que "vaccin social", permet de lutter contre le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d'autres maladies. Elle représente en outre un des éléments clefs d'un authentique développement durable (OMD7).

Or donc, en dépit des progrès énormes accomplis, 61 millions d'enfants sont toujours privés d'éducation tandis que pour beaucoup d'autres, les acquis scolaires restent dérisoires. C'est pourquoi le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a lancé ce mois-ci son initiative "L'Education d'abord" destinée à intensifi er l'attention portée à l'éducation à l'horizon 2015 – date butoir des OMD – et au delà. Gordon Brown – ex-premier ministre britannique – a été nommé Envoyé spécial de l'ONU afi n de donner à tous accès à l'éducation d'ici 2015.

Si le message semble être passé auprès des responsables de haut niveau, reste encore à le mettre en œuvre. Ce numéro présente les progrès réalisés en matière d'éducation, ainsi que les diffi cultés rencontrées dans le travail de scolarisation des 61 millions d'enfants laissés-pour-compte. Plusieurs exemples de réussites illustrent les efforts que fournit la Belgique pour améliorer l'éducation dans le Sud.

Dans le même temps, les grands fl éaux mondiaux ne cessent de progresser. Les températures extrêmes, les sécheresses, les tempêtes, la fonte des glaces, la disparition inquiétante des espèces n'offrent pas de répit. Pourtant le grandiose Sommet pour le développement durable, Rio+20, semble avoir accouché d'une souris. Ce que confi rme offi ciellement la Belgique. La crise économique et fi nancière monopoliserait-elle l'attention ? Le moment serait peut-être venu d'écouter ce que le Sud a à nous dire concernant l'économie mondiale, par la bouche entre autres de Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la CNUCED.

Les affres de la crise fi nancière semblent également écorner la solidarité des Belges vis-à-vis du Sud. Or, nous sommes, partout dans le monde, reliés de plus en plus les uns aux autres. Nous naviguerons ou nous chavirerons ensemble. D'où la nécessité d'instaurer de nouvelles voies pour cheminer ensemble – en tant qu'individus, communautés et pays. L'éducation permet aux gens de prendre conscience de ces liens et de l'interconnexion de tous leurs problèmes. La communauté internationale donne-t-elle réellement la priorité à ce modèle d'éducation ?

LA RÉDACTION

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 3

Périodique bimestriel de

la Direction Générale de la

Coopération au Développement

(DGD)

Rédaction :

DGD - DIRECTION PROGRAMMESDE SENSIBILISATION

Rue des Petits Carmes 15

B-1000 Bruxelles

Tél. +32 (0)2 501 48 81

Fax +32 (0)2 501 45 44

E-mail : [email protected]

www.diplomatie.be • www.dg-d.be

Secrétariat de rédaction :

Elise Pirsoul, Jean-Michel Corhay,

Chris Simoens

Création et production :

www.mwp.be

Les articles publiés ne représentent

pas nécessairement le point de vue

offi ciel de la DGD ou du gouvernement

belge. La reproduction des articles est

autorisée pour autant que la source

soit mentionnée et qu'une copie de la

publication soit envoyée à la rédaction.

Dimension 3 paraît 5 fois par an tous les

2 mois sauf en été.

Imprimé sur papier 100 % recyclé.

Abonnement :

Gratuit en Belgique. À l’étranger

seulement la version électronique.

Une torture. Voilà comment Aïcha qualifi e ces 20 années, entre le Maroc et la Belgique, pendant lesquelles son père a refusé qu’elle fréquente l’école. Parce qu’elle est une fi lle, par tradition, par peur du pouvoir qu’elle pourrait acquérir. Devenue aujourd’hui formatrice au Collectif Alpha, Aïcha apprend à “devenir quelqu’un”. Si la situation s’est considérablement améliorée, pour des milliers de petites fi lles marocaines, l’illettrisme est encore une réalité.

Molenbeek, juillet 2012Les locaux du Collectif Alpha sont vides, les cours sont terminés depuis fi n juin. Il ne reste que les formateurs qui fi nissent les rapports. En maîtresse de maison, Aïcha m’accueille avec le sourire et avec un café. "Combien de sucres ? Moi, vous voyez, je me suis bien adaptée : avant, j’en mettais quatre et maintenant je n’en mets plus qu’un.” Elle s’avoue un peu émue : "Vous savez, je n’ai jamais raconté mon histoire.”

Maroc, 1975"Quand je suis née au Maroc, fin des années’60, on pouvait aller à l’école à partir de 7 ans mais seuls les garçons y

allaient. Scolariser les fi lles, c’était mal vu : elles étaient ‘faites’ pour rester à la maison et se marier. Les hommes, ça les arrangeait bien qu’une femme doive d’abord s’occu-per de sa mère et de ses frères, et qu’une fois mariée, à 14 ans, elle s’occupe de son mari et de sa belle-mère. J’avais beaucoup d’amies qui acceptaient cela. Moi, ça me révoltait. Je voyais l’injustice. Je voulais apprendre. Ne pas aller à l’école équivalait à ne pas exister.”Elle s’interrompt, grave et songeuse. "Quand je parle de l’école, je suis encore émue. J’ai fait 15 ans de thérapie pour digérer cela… On a découvert après que j’étais une enfant surdouée. Mon cerveau,

plus qu’un autre, avait besoin de nourri-ture. Vous imaginez, là-bas dans un petit village, enfermée, la souffrance que j’ai endurée ? Alors, je créais des petites choses. La nuit, je ne dormais pas : je rêvais d’évasion. J’aurais voulu être cher-cheur en médecine…”Je suppliais, je menaçais mes parents de me jeter du toit de la maison pour aller à l’école. Mais rien n’y a fait. Mon père disait que je ne devais même pas en rêver. Ma pauvre mère était déchirée entre ma volonté et celle de mon père, qui bien sûr prévalait. J’aurai préféré être comme les autres fi lles de mon âge, soumise à mon sort, mais j’avais soif de savoir, et la

© D

GD

/ D

. A

rdele

an

Toi,

ma fi lle,

tu n’iras

jamais à

l’école

Aïcha, ou la volonté de s’instruire malgré les traditions

4 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

curiosité me tenaillait. Cela mettait mon père en colère : une fi lle n’avait pas le droit d’avoir ses idées. Il me répondait par de la colère et des coups. J’ai fi nalement décidé d’avancer en silence.”

Bruxelles, 1982"Je ne savais ni lire, ni écrire, ne connaissais ni l’arabe – je suis berbère -, ni le français ou le néerlandais quand je suis arrivée en Belgique. J’avais 14 ans. Et malgré les sup-plications de ma mère, et l’obligation sco-laire, mon père a refusé de me scolariser. Il y avait une école en face de la maison et je regardais par la fenêtre les enfants qui s’y rendaient. J’ai fait la grève de la faim, menacé de me suicider ; j’ai tout essayé pour pouvoir suivre les cours, en vain. Ma tante a tenté d’intercéder pour moi, arguant que j’étais trop intelligente pour rester enfermée à la maison, cela l’a rendu fou furieux. J’ai compris alors que je n’y mettrai jamais les pieds.Alors, avec l’aide de mon petit frère, j’ai commencé à apprendre à lire et à écrire en cachette. Je répétais seule dans la chambre pendant que mon père travaillait.À 20 ans, j’avais subi plus qu’il m’était pos-sible et j’ai quitté la maison. Dans notre tradi-tion, une fi lle non mariée qui quitte sa famille la déshonore et risque sa propre vie. Depuis, je n’ai plus de contact avec ma famille.C’est ainsi que je suis venue frapper à la porte du Collectif Alpha. Mon formateur, un gars formidable, m’a encouragée à m’exprimer. J’avais été mal si longtemps… Peu à peu, je me suis libérée de ces vingt années de silence, des choses que je n’avais pu exprimer dans mon pays ou ma famille sous peine de recevoir des coups. Comme j’étais bonne élève, il m’a pous-sée à aller plus loin, à faire des formations. C’est ce que je voulais : apprendre. Je ne serai pas chercheur en médecine mais, au moins, pour la première fois de ma vie, je pouvais envisager des projets.

Au terme de mes formations, je suis reve-nue au Collectif Alpha pour faire un stage. J’ai compris que je voulais à mon tour ai-der les gens à s’alphabétiser. J’ai été enga-gée. Un rêve se réalisait. J’existais enfi n. Et qui mieux que moi pouvait avoir de l’em-pathie pour les apprenants ? Je connais la honte d’être illétrée, je sais les choses qui se passent dans la tête de quelqu’un qui n’est pas allé à l’école. L’illettrisme, c’est un handicap de la vie pra-tique quotidienne. Sans compter le regard des autres qui est terrible : souvent ils confondent culture et intelligence, ils pensent qu’on est idiots.

Maintenant, quand je prends le métro, je sais où je dois descendre ; je peux aller seule chez le médecin ; composer un numéro de téléphone. Je ne suis plus obligée de mentir par honte en demandant à n’im-porte qui de me lire une étiquette au ma-gasin ‘parce que j’ai oublié mes lunettes’. Je me suis débarrassée de beaucoup de complexes mais, encore aujourd’hui, des amis de longue date ignorent que je n’ai pas été à l’école.

Parmi mes élèves, je compte beaucoup de Marocains. Une minorité d’hommes : en général, ils n’ont pas pu aller à l’école parce que leurs parents n’avaient pas d’argent. Les femmes, ce sont surtout celles qui ont été mariées jeunes. Il arrive que je doive gérer des confl its cultu-rels dans mon groupe d’apprenants, par exemple d’un homme berbère avec une femme de Casablanca, les premiers pen-sant encore qu’une femme n’a pas le droit de s’exprimer.”

Nous digressons sur l’état de l’éducation au Maroc. L’alphabétisme est passé de 56 % en 1991 à 85 % en 2002. Il est maintenant de 95 % avec un plus grand pourcentage de garçons que de fi lles (source UNESCO). En Afrique subsaharienne en général, la scolarité des garçons est encore nettement favorisée. Je lui demande si elle peut expli-

quer pourquoi. "Contrai-rement à la croyance, ça n’a rien à voir avec la re-ligion. Les hommes em-pêchent les femmes de s’instruire parce qu’ils craignent leur pouvoir. J’ai entendu mon père dire à ma mère : Aïcha est trop intelligente, elle me fait peur.”Au Maroc, la scola-rité n’est pas encore obligatoire. Depuis la réforme du code de

la famille de Mohamed VI, beaucoup de choses ont changé pour la femme mais la tradition à la dent dure. "À présent, dans les petits villages, il y a des fi lles qui vont à l’école, mais souvent elles s’arrêtent à des matières ‘féminines’. Si elles ont un diplôme, elles devront aller en ville pour travailler. Seules ? La situation est très diffé-rente d’une région, d’une ville à une autre. Cela fait 21 ans que je ne suis retournée là-bas. J’aimerai y retourner pour plaider la scolarisation des fi llettes.”

Il est tard à présent, bientôt Aïcha se fon-dra dans la foule anonyme des rues de Bruxelles où sans doute d’autres femmes comme elle – on parle d’une personne sur dix en Belgique qui ne sait pas lire ou écrire couramment - n’ont pu aller à l’école, parce que le système scolaire est défi cient, qu’elles sont des femmes, par tradition ou par pauvreté…

ELISE PIRSOUL

© D

GD

/ D

. A

rdele

an

Maintenant,

quand je prends le

métro, je sais où

je dois descendre ;

je peux aller seule

chez le médecin ;

composer un numéro

de téléphone…

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 5

ÉDUCATION

dans les paysen développement

Enseignement

IMPORTANCESelon l’UNESCO, facteur essentiel de déve-loppement, l’enseignement a un grand impact sur des domaines très divers. À condition toutefois qu’il s’inscrive dans un “environnement favorable” : taux d’emploi suffi sant, liberté d’expression…

L’enseignement réduit la pauvreté et

stimule la croissance économique

Chaque année supplémentaire de scola-rité entraîne une hausse de 10 % des reve-nus. Par année supplémentaire consacrée à l’étude, un pays voit son PIB progresser de 0,37 %.

L’enseignement promeut

l’égalité des sexes et freine la

croissance démographique

Les femmes instruites font davantage entendre leur voix et sont mieux armées pour contrôler le nombre de leurs enfants. Chaque année supplémentaire de sco-larité réduit la fécondité des femmes de 10 %. La prolongation de la scolarité per-met également un meilleur accès au travail.

La scolarisation des mères

améliore l’alimentation des enfants

et leurs chances de survie

Une année de scolarité supplémentaire des mères diminue le risque de décès des enfants de 7 à 9 %. La hausse du revenu (de 10 %) leur permet en effet de bénéfi -cier de davantage de nourriture et d’eau potable. Les femmes instruites feront plus facilement vacciner leurs enfants et

accoucheront plutôt dans un environne-ment sécurisé. Lorsque la mortalité infan-tile baisse, les femmes ont moins d’enfants.

L’enseignement contribue

à la lutte contre le VIH/sida

et d’autres maladies

À l’école, les enfants apprennent sur l’hy-giène et les femmes instruites recourent davantage aux moyens de contraception.

L’enseignement encourage la

participation à la société

L’enseignement développe la confi ance en soi et encourage la prise de parole. Il permet de prendre des décisions intelli-gentes et de participer à la vie publique.

DES PROGRÈS…• Depuis 2000, au niveau mondial, on a

vu régresser d’environ 40 millions le nombre d’enfants fréquentant l’école et ce, malgré la croissance démogra-phique. Dans la catégorie des enfants de 6 à 12 ans (env. 700 millions), 90 % vont à l’école (2009).

• En Afrique subsaharienne, la scolarisa-tion primaire a crû de 31 % entre 1999 et 2008 ; les inscriptions ont augmenté de 46 millions.

• La durée de scolarité des enfants à tra-vers le monde est passée de seulement 9 ans en 1990 à 11 ans en 2008.

• En 2008, ‘l’égalité des chances pour les deux sexes’ dans l’enseignement pri-maire a été mise en œuvre dans pas moins de 116 pays.

• Tous les 10 ans, le nombre d’enfants fréquentant l’enseignement secondaire augmente de 100 millions.

… MAIS DES BESOINS PERSISTANTS

• 61 millions d’enfants âgés de 6 à 12 ans ne vont pas à l’école, et parmi eux 53 % de fi lles (2010). 47 % (28 millions) d’entre eux pourraient bien ne jamais aller à l’école ; tandis que 26 % abandonnent leurs études, 27 % devraient bientôt entrer à l’école. La moitié (31 millions) habite en Afrique sub-saharienne, où le nombre d’enfants non scolarisés s’est à nouveau accru au cours des 3 dernières années.

• 48 millions de fi lles et 34 millions de gar-çons de 11-12 à 14-15 ans (secondaire inférieur) ne vont pas à l’école.

• 793 millions d’adultes (au-delà de 15 ans) – parmi lesquels 64 % de femmes – ne savent ni lire ni écrire. Plus de la moitié des adultes analphabètes vivent en Asie du Sud, et on atteint les 75 % si l’on ajoute l’Afrique sub-saharienne.

• Seulement 36 % des 12-18 ans fréquen-tent l’école secondaire, les fi lles man-quant le plus à l’appel.

PROBLÈMES PRINCIPAUXQualité médiocre

Il arrive que les enfants n’apprennent pas suffi samment à l’école primaire.Principale cause : les professeurs sont en sous-effectifs, ont des salaires trop bas et sont incorrectement formés.Autres causes : manque d’équipements (infrastructures, livres scolaires…) ; classes en surnombre ; méthodes d’apprentissage dépassées ; les élèves apprennent peu de choses utiles à leur vie quotidienne ; mau-vaise gestion des écoles…

Dans les pays en développement, ‘aller à l’école’ n’est pas toujours évident.Un bref aperçu pour comprendre pourquoi.

UN APERÇU

6 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

Freins à l’accès

L’école est trop éloignée, le trajet scolaire est trop dangereux, les sanitaires sont absents, les frais trop élevés…

Abandon scolaire

fréquent

Les enfants, et en priorité les fi lles, quittent l’école prématurément car ils doivent aider à la maison, et aussi parce qu’ils y apprennent si peu. 215 millions d’enfants doivent aller travailler.

Groupes vulnérables

Plusieurs facteurs font obstacle : la pau-vreté, le sexe, le fait de vivre à la cam-pagne, et parfois aussi la langue et l’eth-nicité. Les 28 millions d’enfants restants – issus des familles les plus défavorisées, qui n’iront probablement jamais à l’école – seront les plus diffi ciles à aider.

L’enseignement

secondaire oublié

La lutte contre la pauvreté reste condi-tionnée au développement de l’enseigne-ment secondaire mais les moyens sont insuffi sants. L’enseignement secondaire est en effet plus cher que l’enseigne-ment primaire, les branches spécifi ques demandent la présence d’enseignants spécialisés. Les frais à charge des parents sont également plus élevés.

Trop peu d’emplois

L’échec de l’enseignement est l’une des causes principales de la crise politique dans le monde arabe. Le nombre d’ins-criptions d’enfants et de jeunes à l’école et à l’université ne cesse de croître, mais le marché du travail n’offre presque aucune perspective.

PARTENARIAT MONDIAL POUR L’ÉDUCATION

Le Partenariat Mondial pour l’Éducationou GPE (anciennement : Éducation pour Tous – Initiative Fast Track) est la seule ini-tiative mondiale de promotion de l’ensei-gnement. Il s’agit d’une collaboration entre pays donateurs et en développement avec des organisations multilatérales, des ONG, le secteur privé et des fonds privés. Son fi nancement est pris en charge exclusive-ment par les pays donateurs. Le GPE s’est fi xé six objectifs ambitieux en faveur de l’enseignement :

1. Développer l’éducation préscolaire.

2. Éducation primaire gratuite et obligatoire pour tous d’ici 2015.

3. Promotion des compétences nécessaires à la vie courante pour les jeunes et les adultes.

4. Alphabétisation des adultes(50 % de plus d’ici 2015).

5. Égalité des chances pour les deux sexes d’ici 2015.

6. Amélioration de la qualité de l’enseignement.

QUE FAIT LA BELGIQUE ?En 2011, la Belgique a octroyé un montant de 6 millions d’euros au profi t du GPE. Une augmentation du fi nancement est prévue dans les prochaines années. L’enseigne-ment constitue un secteur prioritaire de la coopération gouvernementale dans 4 pays partenaires : les Territoires palestiniens, le Burundi, la RD Congo et l’Ouganda. Pour le Rwanda, la Belgique a délégué son aide en matière d’enseignement aux Pays-Bas. La Belgique participe à des initiatives internationales de soutien de l’enseigne-ment dans des pays en crise, comme Haïti via l’UNICEF et le Soudan via le GPE. Des moyens sont également alloués à l’ensei-gnement via des ONG comme Plan Bel-gique, VVOB et APEFE.

CHRIS SIMOENS

201320112009200520032001

201520071999

Afriquesubsaharienne

Asie du Sud

et de l’Ouest

Reste du monde3 Autres4 Amér. latine et Caraïbes8 États arabes6 Asie de l’Est et Pacifique

105MILLIONS

45

39

21

Afriquesubsaharienne

Asie du Sudet de l’Ouest

Reste du monde

32

23

18

8

22

25

4 Autres3 Amér. latine et Caraïbes6 États arabes9 Asie de l’Est et Pacifique

72MILLIONS

56MILLIONS

LE NOMBRE D'ENFANTS

NON SCOLARISÉS DANS

L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE(en millions)

Source : UNESCO Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2010

Le nombre

d’enfants non

scolarisés est

en baisse,

mais il pourrait

s’élever encore

à 56 millions en

2015.

www.uis.unesco.org/Education

(chiffres relatifs à l’enseignement)

www.globalpartnership.org (GPE)

www.educaid.be

(Belgian Platform for Education

and Development )

SOURCES

Enseignementprimaire

08%14.723.529

Éducationgénérale

22%40.374.965

Enseignementsupérieur

60%108.634.616

Enseignementsecondaire

10%18.018.400

BUDGET DE LA BELGIQUE POUR L’ÉDUCATION EN 2011

Éducation totale : 181.751.509ou 9% de l’aide offi cielle (ADP) belge totale

Comparaison avecles chiffres mondiauxL’enseignement a bénéfi cié de 8,9 % de l’APD

totale en 2009, par rapport à 6,5 % en 2002.

• Enseignement primaire : ........................ 42 %

• Enseignement secondaire : .................... 18 %

• Enseignement supérieur : ...................... 40 %

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 7

ÉDUCATION

Dans quelle mesure l’objectif de

fournir un enseignement primaire

gratuit pour tous les enfants à

l’horizon 2015 est-il réaliste ?

Le nombre d’enfants non scolarisés est passé de 105 à environ 68 millions au niveau mondial. Il s’agit là d’une belle avan-cée. Mais certains facteurs freinent encore l’enrôlement. Par exemple, le tremblement de terre en Haïti, le tsunami en Indonésie, le changement climatique, etc. sont autant de catastrophes naturelles qui empêchent les enfants de fréquenter l’école. N’ou-blions pas non plus les confl its humains qui font rage dans de nombreuses régions du monde, comme au Soudan du Sud où plus de 2,5 millions d’enfants n’ont pas pu être scolarisés. La crise économique ainsi que les inégalités au sein même des pays, principalement ceux qui connaissent une croissance rapide, constitue d’autres fac-teurs empêchant les enfants de suivre une scolarisation normale. Il est dès lors essen-tiel de se concentrer sur l’équité en accor-dant une attention particulière aux enfants les plus pauvres, aux fi lles, aux régions reculées, à certains groupes ethniques, aux handicapés etc.

Comment pouvons-nous pallier le

manque d’enseignants et de salles

de classe ?

La pénurie d’enseignants est en effet un problème alarmant. Mais le faible niveau de qualité apparaît comme un souci net-tement plus grave. En 2015, il y aura un défi cit d’environ 1,8 million enseignants pour garantir “l’enseignement primaire pour tous”. En outre, je constate qu’en Haïti, nous disposons d’un nombre d’en-seignants plus que suffi sant. Ceux-ci sont sous qualifi és et rencontrent d’énormes

diffi cultés à exercer leur métier correc-tement. Il convient par conséquent de consacrer énormément d’énergie à la for-mation des enseignants. Quant à la moti-vation, il s’agit peut-être là d’un aspect encore plus important : partout dans les pays en développement, on constate que

les enseignants ne sont pas suffi samment motivés. Les raisons ? Un salaire trop bas, une image défi ciente au sein de la com-munauté, etc. Le taux d’absentéisme est en outre élevé dans maints pays. Pour pouvoir s’en sortir fi nancièrement, beau-coup d’enseignants exercent une autre activité rémunératrice.Nous sommes aussi confrontés à un défi -cit de salles de classe. En plus les classes manquent souvent de l’éclairage, l’espace

nécessaire et le matériel pédagogique. On constate généralement une pénurie de ressources et une mauvaise répartition des moyens. Les régions isolées sont sou-vent les plus négligées.

Comment faire pour que les enfants

non scolarisés rejoignent les bancs

de l’école ?

Ce qui fait généralement défaut est une analyse approfondie de la raison pour laquelle les enfants ne vont pas à l’école. Une barrière économique peut par exemple en être la cause. La raison peut être directe (les parents ne peuvent pas assumer les frais de scolarité ou payer les repas) ou indirecte (ils préfèrent que l’en-fant reste à la maison pour s’occuper de ses frères et sœurs ; ce qui fait que la mère est ainsi libre de se consacrer à d’autres activités). Dans le monde, plus de 100 mil-lions d’enfants sont obligés de travailler par la force des choses !Nous pourrons aider ces enfants non sco-larisés uniquement si nous savons précisé-ment pourquoi ils ne vont pas à l’école. Forts de cela, nous pourrons adopter et dérouler des stratégies pertinentes. Il faut nous poser plusieurs questions. La raison est-elle liée à la discrimination, au sexe, à l’ethnicité ou une barrière économique (in)directe ? Dans le cas d’une barrière indirecte, il est pos-sible de résoudre le problème en aidant les familles à compenser la perte de revenus liée à la scolarisation d’un enfant. Si la bar-rière est au contraire directe, vous pouvez par exemple proposer des subventions, des repas gratuits ou un enseignement ou des bâtiments de meilleure qualité. De belles toilettes séparées pour les garçons et les fi lles peuvent, à elles seules, peser lourd dans la balance ! Dès qu’une stratégie est

De plus en plus d'enfants sont scolarisés. Mais la question de l'enseignement est-elle

pour autant réglée ? Comment faire pour que les enfants qui ne vont toujours pas à

l'école rejoignent enfi n les bancs ? Nous avons écouté attentivement Mohamed Fall,

responsable de l’éducation pour l’UNICEF en Haïti.

“L'enseignement ne s'arrête pas

à l'école primaire.”

Il est essentiel de se

concentrer sur l’équité en

accordant une attention

particulière aux enfants

les plus défavorisés.

© M

. F

all

8 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

défi nie, il convient de vérifi er si elle est effi -cace – par un suivi rigoureux - de manière à l’adapter si nécessaire.Une modernisation de l’enseignement est également indispensable. Par exemple, de nombreux enfants ont accumulé un retard considérable dans leur parcours scolaire en rentrant tardivement à l’école ou en interrompant prématurément leur scolarité. Il faudrait élaborer à leur inten-tion des modules spécifiques qui leur permettraient de suivre un programme de 6 ans sur une période plus courte. Les enseignements du préscolaire peuvent également aider les enfants à mieux se préparer à l’école primaire.

Les modèles d’enseignement pré-

maternel et maternel occidentaux

peuvent-ils être appliqués dans un

village africain où les personnes

âgées surveillent les enfants pendant

que les mères travaillent au champ ?

La forme peut bien être différente, mais il est avant tout essentiel que les enfants dès 3 ans aient l’occasion d’évoluer sur le plan “pré-cognitif”, d’une manière ludique, sans mémoriser de connais-sances. Vous pouvez jouer et rire avec les enfants, leur parler pour qu’ils enri-chissent leur vocabulaire, etc. Dans un village, il est par exemple possible de désigner une mère qui s’occupera des enfants du groupe. Les autres mères dis-posent ainsi de temps pour se consacrer à d’autres activités. Bien entendu, cet “enseignement” pour jeunes enfants doit être adapté à la culture, ne fût-ce qu’en ce qui concerne le choix des petites chan-sons et des jeux qu’ils apprendront.

Pourquoi l’enseignement

secondaire est-il important pour les

pays en développement ?

Il y a 30 à 40 ans, l’enseignement primaire était extrêmement important pour les pays en développement. Cette situation a cependant évolué aujourd’hui. En 10 ans, le nombre d’enfants scolarisés a baissé de 40 millions. Pour ce qui est du sexe, tous les pays n’ont pas maintenu l’éga-lité, mais l’écart se limite souvent entre 4 et 5 %. On observe donc un progrès. Comme nous l’avons déjà expliqué, nous sommes maintenant confrontés à des pro-blèmes comme la pénurie d’enseignants qualifiés. La qualité des enseignants s’améliorera uniquement si le nombre d’enfants qui suivent l’enseignement secondaire est suffi sant.Nous nous trouvons par ailleurs à un tour-nant. L’économie est toujours plus axée vers les services et les communications modernes. Ainsi, les pays ne peuvent

affronter la concurrence économique qui se forme que s’ils disposent d’un système d’enseignement secondaire suffi samment effi cace et de nombreux efforts doivent encore être déployés à ce niveau. L’enseignement ne s’arrête pas à l’école primaire.

D’après certains experts et ONG,

l’argent est trop souvent consacré

à l’enseignement supérieur.

Partagez-vous cet avis ?

L’enseignement supérieur est certaine-ment essentiel pour former des ensei-gnants et des chercheurs notamment ; mais il a surtout un impact sur le revenu des individus. Les personnes titulaires d’un master ou d’un doctorat gagneront en effet un salaire plus élevé. C’est pourquoi je trouve dommage qu’environ 30 % des fonds publics soient consacrés à l’ensei-gnement supérieur, alors qu’à peine 10 % de la population en profi te. La contribution du secteur privé ou des institutions pri-vées pourrait être plus substantielle.

À quoi sert l’enseignement si les

diplômés, je pense ici aux pays

arabes, ne trouvent pas de travail

par la suite ?

On n’investit pas dans l’enseignement pour aider les gens à trouver un emploi, mais bien pour leur permettre d’exercer leurs droits. Chacun a le droit d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à développer ses compétences de base, à connaître la nature et son milieu, etc.Dans nos économies plus complexes, les besoins se sont multipliés. D’un autre côté, c’est l’économie qui génère de l’emploi, et non pas l’enseignement. C’est

par conséquent le marché économique qui détermine les besoins auxquels doit répondre l’enseignement. Les apprenants doivent être formés pour satisfaire aux besoins de ce marché. L’enseignement ne devrait en réalité pas être unique-ment assuré par des spécialistes comme les enseignants, mais également par les entrepreneurs, les communautés, les familles doivent avoir leur mot à dire.

Quelles sont les perspectives

au-delà de 2015 si les Objectifs du

Millénaire doivent être reformulés ?

Nous devons absolument faire en sorte que chaque enfant ait accès à l’enseigne-ment primaire. Une analyse approfondie doit clairement indiquer les raisons pour lesquelles certains enfants ne sont pas scolarisés. Les moyens doivent ensuite être orientés de manière spécifi que sur-tout vers les groupes les plus défavorisés. Le suivi est également essentiel.L’enseignement secondaire est tout aussi indispensable. La société est de plus en plus complexe et exige davan-tage de compétences. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, les 6 années d’enseignement primaire sont passées à 9, voire 10 ans de formation et la com-munauté internationale doit les soutenir dans ce sens.Certains sujets comme la gestion, la responsabilité mutuelle, le partenariat et la transparence se révèlent égale-ment d’une importance capitale. Il faut que chacun sache clairement à quoi les moyens seront consacrés, la façon dont ils seront gérés, etc.

CHRIS SIMOENS

© C

urt

Carn

em

ark

/ T

he W

orld

Ban

k

En plus de la sous-qualifi cation de nombreux enseignants,

la qualité des classes est souvent assez médiocre.

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 9

ÉDUCATION

D ans son discours en marge de sa prestation de serment pour son 2e mandat au mois d'août 2005, le président

Pierre Nkurunziza a promis l’enseigne-ment primaire gratuit pour tous et “il y a mis le paquet”. Le budget de l’état burundais dans ce projet est augmenté d’environ 30 %, selon Oscar Bazikamwe, directeur de la planification au sein du Ministère de l’Education de base et secondaire. De ce fait, l’enseignement primaire est maintenant accessible à tous, même s’il subsiste de nombreux

problèmes (qualité de l’enseignement, manque d’écoles, de matériels, etc.). Pour soutenir l’état burundais, les bail-leurs ont créé un Fonds Commun Ensei-gnement, piloté par la Belgique. La part de ce fonds est estimée à 34 % de l’en-semble du fi nancement extérieur, selon Oscar Bazikamwe.

Accroissement des effectifs d’écoliers et enseignants

Dès la mise en place de cette politique de gratuité de l’enseignement de base, ses effets ont pu être mesurés. Selon

M. Séverin Buzingo, ministre de l’ensei-gnement de base et secondaire, cette mesure a eu des effets positifs sur la sco-larité au primaire. Se basant sur les don-nées statistiques, le ministre a souligné que pour l’année scolaire 2004-2005, l’effectif d’écoliers était de 1.022.467 et 1.922.424 en 2010-2011. Les chiffres provisoires pour l'année 2011-2012 se situent autour de 2.000.000 élèves, a-t-il annoncé. Parallèlement le taux brut de scolarité qui était de 81,6 % en 2004-2005 a atteint 138,3 % en 2010-2011, toujours selon M. Séverin Buzingo.

Le bon bulletin du Burundi

ei-teo-n-né 5,

67esse -t-de 4-1,

Le Burundi a beaucoup progressé au point de vue de l’éducation. Des effectifs élèves, classes et enseignants sont passés du simple au double, et même au triple dans certains cas.

© E

lise P

irso

ul

10 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

Des succès mêlés de défi sMalgré les succès annoncés, il reste des défi s à relever. Comme l’indiquent les données statistiques, la croissance des effectifs a débordé la capacité d’ac-cueil des classes, le ratio élève/salle de classe est passé de 76 écoliers par classe en 2004-2005 à 79 écoliers par classe en 2010-2011, et le matériel sco-laire laisse à désirer. Pour pallier à cette situation, le gouvernement en collaboration avec la population s’est concen-tré sur la construction de nouvelles salles de classe, indique M. Buzingo. Les salles de classe qui étaient au nombre de 13.397 en 2004-2005 sont passées à 24.390 en 2010-2012. Et aujourd’hui, les salles de classes sont estimées à 25.390. Quant à la qualité de l’enseignement, le ministre a encore fait savoir que le nombre d’enseignants qui était de 20.665 en 2004-2005 est arrivé à 39.441 en 2010-2011.La nouvelle politique a redonné un peu de sourire aux familles qui n’avaient pas les possibilités de payer les frais scolaire, esti-més à 1.500 francs burundais par an.“Quand ma mère est morte, c’était en 2001, j’étais en 4e année primaire. Tout de suite, j’ai abandonné les études car je n'avais pas de quoi payer les frais scolaires”, dit J. Marie Bizindavyi, un jeune homme qui, suite aux nouvelles mesures, a repris ses études après 4 ans. Aujourd’hui, J. Marie entre en 9e année (en cycle secondaire). “N’eut été cette politique de gratuité d’en-seignement au primaire, je ne serais pas ici”, nous confi e-t-il.

Le Fonds Commun Education formule une phase de continuationSelon Filip De Maesschalck premier secré-taire de la Coopération belge au dévelop-pement, aujourd’hui la France et la Bel-gique sont en train de formuler une phase de continuation à leur appui au Fonds Com-mun Education. Ce fonds est un instrument de financement pionnier au Burundi en termes d’alignement et d’harmonisation,

et les montants pro-grammés pour les 3 prochaines années sont respectivement pour ces pays de 4 millions d’euros et de 8,8 millions d’euros.Selon lui, dans cette phase de continua-

tion, la Norvège qui va rejoindre ces bailleurs aurait prévu 16 millions d’euros. L’élaboration par le gouvernement du Burundi d’un nouveau plan sectoriel en 2009, et la décision présidentielle en 2010 d’introduire le système d’enseigne-ment fondamental (passant ainsi de 6 à 9 ans d’enseignement de base), ont mené à la décision de revoir le plan sectoriel pour le développement de l'éducation et de la formation, et de se doter d'un plan sectoriel qui intègre la question de la transition de l’enseignement primaire à l’enseignement fondamental, révèle Filip De Maesschalck.“Pour l’année 2012, nous nous trouvons au moment crucial où le plan sectoriel vient d’être endossé par les partenaires techniques et fi nanciers du secteur édu-cation”, dit De Maesschalck. Cela signi-fi e un engagement fort de soutenir le Burundi dans la mise en œuvre d’un nouveau plan sectoriel ambitieux cou-vrant la période allant de 2012 et 2020. Cet endossement est en même temps à la base de l’adhésion récente du Burundi au Global Partnership For Education, qui est un fonds mondial visant notamment à appuyer les Etats fragiles dans la mise en œuvre de leurs plans d’éducation. En cas d’une décision positive, poursuit De Maesschalck, au plus tard cette année-ci, le Burundi pourra disposer pour les 3 années à venir d’un montant additionnel d’environ 43 millions d’euros à consacrer à l’enseignement à travers le Fonds Com-mun Education.

EXCELLENT NIMUONA

VERS DES

FORMATIONS

PROFESSIONNELLES

PLUS EFFICACES

L ’édifi cation économique d’un pays requiert

des techniciens et des ouvriers qualifi és à

même de créer de la valeur ajoutée dans les sec-

teurs productifs. Dans cette optique, et depuis

des années déjà, la Coopération belge appuie

l’enseignement technique et professionnel, entre

autres au Burundi.

L’enseignement technique et professionnel vise

à former des professionnels comme des tailleurs,

des plombiers… Les connaissances techniques

requises sont acquises tout au long du pro-

gramme d’études. Mais ceux qui, pour une rai-

son ou une autre, décrochent en cours de route,

n’ont pas de diplôme et restent sur la touche. Au

Burundi, un projet dans l’enseignement profes-

sionnel privilégie une approche axée sur le pro-

duit. Comment coudre un pantalon ? Comment

remplacer un robinet ? Même s’ils ne terminent

pas leurs études, les élèves acquièrent une com-

pétence spécifi que et peuvent se lancer dans la

vie active.

L’offre de formations doit s’aligner autant que

possible sur les besoins du marché du travail. Non

seulement les écoles et les entreprises y trouve-

ront leur compte mais, aussi et surtout, les élèves

eux-mêmes, puisqu’ils trouveront plus facilement

un emploi. Une nouveauté est que les jeunes

diplômés bénéficient d’un accompagnement

pour trouver un emploi adéquat. À cet effet, une

collaboration est mise sur pied avec les autorités

locales et les instances économiques et sociales.

Ce projet, qui transmet les expériences-

pilotes de plusieurs interventions de la CTB à

un ensemble d’établissements techniques et

professionnels, interviendra dans 50 établisse-

ments publics localisés dans les 17 provinces

du Burundi, il aura une durée de 5 ans et sera

fi nancé par la Belgique pour un montant de

7 millions d’euros.

CTB

J. Marie a poursuivi

ses études grâce

aux mesures

de gratuité

scolaire dans

l'enseignement

primaire.

L'enseignement primaire est maintenant accessible à tous.

ÉDUCATION

seignement au primaire, je ne serais pasici”, nous confi e-t-il.

catifi e BurnouvraCetla bauest à apen casMaci, lannd’eà l’emu

J. Marie a poursuivi

ses études grâce

aux mesures

de gratuité

scolaire dans

l'enseignement

primaire.

© Info

sud

– E

. N

imuo

na

© C

TB

/ D

iete

r Te

lem

an

s

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 11

L’ÉDUCATION POUR TOUS :une clé du boom vietnamien

Le Vietnam a récemment rejoint la catégorie des

“pays à revenus intermédiaires”. Cette réussite

repose entre autres sur l’éducation. Mais si le Viet-

nam détient le record en termes d’achèvement du

primaire, la qualité et l’égalité entre les élèves n’est

pas toujours satisfaisante. Le Programme d’Assu-

rance Qualité tente d’y remédier.

Le Vietnam a récemment rejoint la catégorie des

“pays à revenus intermédiaires”. Cette réussite

repose entre autres sur l’éducation. Mais si le Viet-

nam détient le record en termes d’achèvement du

primaire, la qualité et l’égalité entre les élèves n’est

t j ti f i t L P d’A

Une économie basée sur les ressources humaines

Le Vietnam est souvent loué pour son incontestable réussite en matière de crois-sance économique et de réduction de la pauvreté. En près de 10 ans, le PIB par tête a plus que doublé et le taux de pauvreté a été réduit de moitié. Le Vietnam ambi-tionne de devenir une économie fondée sur le savoir en mettant l’accent sur la pro-ductivité et l’innovation.L’amélioration de l’éducation est au cœur de cette stratégie. Le Vietnam détient ainsi le record mondial établi par l’UNESCO en matière de progrès vis-à-vis du taux d’achèvement du primaire qui approche les 100 %, avec parité entre les garçons et les fi lles. Ce résultat est le fruit d’un effort gouvernemental (20 % du budget) et d’un engouement des familles dans un pays de traditions confucéennes plaçant l’éduca-tion à un haut niveau.Malgré ces bons points quantitatifs, des défi s demeurent dans les domaines de la qualité et de l’équité. Avec l’un des plus faibles nombre d’heures d’instruc-tion annuelle au monde en primaire (700 heures en moyenne là où il en fau-drait 1.000), et des méthodes pédago-giques fondées sur la mémorisation et la répétition, l’enseignement ne stimule pas suffi samment le développement intellec-tuel des élèves. 40 % des enfants en fi n de cycle primaire ne peuvent pas lire de manière indépendante, et 30 % sont inca-pables de comprendre ce qu’ils lisent.

Par ailleurs, des réformes économiques jointes à une commercialisation des ser-vices sociaux de base ont contribué à une éducation à deux vitesses. L’école publique facture aux parents les cours de l’après-midi, si bien que seuls les enfants de milieux favorisés peuvent y accéder. Par ailleurs, le faible salaire des enseignants les pousse à concentrer leurs efforts sur la déli-vrance d’heures complémentaires rému-nérées par les parents, plutôt que sur les heures d’instruction offi cielles.Ces dynamiques créent des inégalités à la chaîne. Les élèves en fi n de primaire ne sont pas armés de la même manière pour réussir ensuite dans le secondaire, et seule une minorité parmi les pauvres accèdent à l’université, privant ainsi le Vietnam d’une partie de ses talents.

Programme d’Assurance Qualité pour l’Éducation Primaire (SEQAP)Depuis 2010, le programme SEQAP, mis en place par la Belgique en partenariat avec le Gouvernement vietnamien, la Banque mondiale et le DFID, s’attaque à ces inégalités. Le programme fonctionne dans 1.500 écoles publiques défavorisées.Il vise prioritairement à améliorer la qua-lité de l’enseignement en augmentant le nombre d’heures d’instruction au béné-fi ce d’enfants pauvres, souvent issus de minorités ethniques.Il aide les écoles à mettre en œuvre la journée complète d’enseignement avec la construction de salles de classes

additionnelles si besoin. Il forme les directeurs d’école à la planifi cation de la journée complète, afi n que celle-ci ne conduise pas à la répétition l’après-midi des leçons du matin. Il forme les enseignants aux méthodes de pédago-gie active, davantage centrée sur l’en-fant, et indemnise les enseignants pour le travail complémentaire. Il favorise le recrutement de maîtres-assistants qui parlent la langue maternelle des enfants. Il encourage les familles pauvres à main-tenir leurs enfants à l’école l’après-midi, en fi nançant les repas dans l’enceinte de l’école. Les communautés sont associées aux décisions relatives au fonctionne-ment des établissements.Après deux ans, le modèle commence à faire ses preuves. L’enjeu est de taille : le modèle est voué à devenir le cadre natio-nal de la journée complète d’enseigne-ment public primaire, au terme du pro-gramme en 2015.

ELSA DURET

CTB Hanoi

© C

TB

/ E

ric d

e M

ildt

© C

TB

/ E

ric d

e M

ildt

12 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

ÉDUCATION

Les écoles du

changement L'Équateur est un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud.

Les progrès énormes enregistrés ces dernières années dans le

secteur de l'enseignement n'ont la plupart du temps pas suffi à

relever la qualité de l'enseignement. La "Vlaamse Vereniging voor

Ontwikkelingssamenwerking en Technische Bijstand" (VVOB) se

propose de modifi er cette situation.

L a moitié seulement des enfants équato-riens entre trois et cinq ans fréquentent

l'école maternelle. Par contre, l 'enseignement primaire accueille quasiment 95 % des enfants entre cinq et quinze ans. Ceci grâce aux réformes en profondeur réalisées par le Président Correa qui ont per-mis la gratuité totale de l'en-seignement primaire depuis quatre ans. Hélas, la qualité de l'enseignement laisse souvent à désirer, surtout dans les petites écoles rurales des Andes.C'est dans ce contexte qu'est née la col-laboration entre la VVOB et le ministère de l'enseignement équatorien à un pro-gramme quinquennal Escuelas Gesto-ras del Cambio (EGC) – Ecoles comme acteurs du changement.Le programme est destiné à améliorer l'enseignement primaire à travers tout l'Equateur: en renforçant les formations pour les enseignants, en améliorant les infrastructures et en instaurant l'égalité des chances en matière d'enseigne-ment. L'EGC affi che un très beau bulletin depuis le lancement du projet en 2008.

Nouveautés en matière d'enseignementPremièrement, les enseignants ont béné-fi cié de cours de recyclage et l'enseigne-ment a été rénové. La VVOB a participé à la création d'un Guide de l'utilisateur pour les maths, travaillé à un kit péda-gogique destiné aux écoles rurales,

contribué à la réalisation d'une plate-forme virtuelle et à la promotion des nouveautés en matière d'enseignement.

"Les enseignants sont encouragés à utiliser les nouvelles méthodes péda-gogiques afi n d'inciter les étudiants à élargir leurs connaissances au-delà du contexte local. Cela améliorera leur vie et celle de leur communauté."

Cesar Castillo, Coordinateur provincial EGC.

Formation des enseignantsLa VVOB faisait partie de l'équipe à l'ori-gine de la fondation de la 'Universidad Nacional de Educacion' et a organisé des forums nationaux avec de nombreux ate-liers. Ces rencontres ont débouché sur la mise en place d'un système numérique d'auto-évaluation qui offre aux ensei-gnants actuels et futurs de bonnes pistes pour améliorer leurs prestations.

L'objectif de "l'Université nationale de l'en-seignement" est de former des enseignants capables de respecter non seulement les différences culturelles mais également la diversité en termes d'apprentissage."

Ángel Bohórquez, consultant VVOB.

Système de contrôleOutre la formation et le recyclage, l'ac-compagnement des professeurs est indis-pensable à un enseignement de qualité. En 2011, le Ministère de l'Enseignement a instauré un 'Modèle national pour l'inspec-tion et l'accompagnement' dans 40 % des écoles publiques. Ce nouveau modèle de soutien et de contrôle trouve sa source dans un voyage d'étude en Flandre des-tiné à découvrir le modèle fl amand d'ins-pection et d'accompagnement.

“La collaboration avec la VVOB ne se limite pas au soutien des activités s'inscri-vant dans le cadre du nouveau modèle, elle permet de renforcer la capacité de mon équipe. A titre d'exemple, le voyage d'étude en Belgique nous a permis d'y découvrir les systèmes sur place et d'échanger des idées. Cela nous a aidés dans notre réfl exion sur notre propre modèle et son application."Beatriz Caicedo, Sous-Secrétaire du Ministère de

l'Enseignement en Equateur.

CARLA BRACKE

ÉDUCATION

VVOB ET APEFELa VVOB, l'association fl amande de Coopé-

ration au développement et d’Assistance

technique, contribue depuis des années à

l'amélioration de la qualité de l'enseignement

dans les pays en développement.

En juin 2012, à l'occasion de ses trente ans

d'existence, la VVOB a publié un recueil de

photographies : ‘Education changes lives’ (voir

www.vvob.be/fotoboek).

Le pendant francophone de la VVOB est

l'APEFE (Association pour la Promotion de

l'Education et de la Formation à l'Etranger).

www.vvob.be et www.apefe.org

© C

TB

/ D

iete

r Te

lem

ans

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 13

ONLINEwww.mobileschool.org

M on enfance fut tout sauf joyeuse. J'ai grandi depuis mes six ans sans fi gure paternelle, c'était terri-

blement dur mais cela arrive fréquem-ment dans les familles nicaraguayennes défavorisées. À huit ans, je faisais de la vente en rue avec ma mère pour pouvoir acheter les choses dont mes sœurs et moi avions besoin. C'était pour moi une pre-mière étape vers une existence digne, avec une nourriture saine que notre mère ne pouvait nous apporter.La vie dans la rue se passe au jour le jour. La discrimination ne cesse jamais et tu seras vite traité de racaille si on te découvre à renifl er de la colle. Les enfants des rues sont les plus exposés à la vio-lence physique, aux abus sexuels, à la malnutrition et aux mauvais traitements. N'ayant en outre pas accès à l'éducation, rejetés par la société, ils entrent dans un cercle vicieux.C'est là que la Mobile School (voir enca-dré) joue un rôle important : cette orga-nisation retire ces jeunes de la rue et leur fait découvrir leurs vraies capacités, permettant ainsi à certains de trouver un emploi convenable et de mener une vie meilleure.L'éducation aide les enfants à se déve-lopper, à découvrir d'autres styles de vie, à partager des connaissances… L'éducation, c'est un moyen de trouver la plénitude. C'est pour cela que je n'ai jamais abandonné l'école, même si je continuais à travailler : l'école était le lieu où les progrès étaient reconnus. Tandis que dans la rue, je n'étais rien de plus qu'une pauvre fi llette à la recherche

de nourriture pour survivre. L'école ne s'embarrasse pas de savoir qui tu es mais qui tu peux devenir.Rien ne rend plus heu-reux que de s'entendre féliciter sur ce que l'on fait. Les enfants adorent la Mobile School car ils y sont considérés par les autres. Ils font partie d'un groupe et découvrent des apti-tudes qu'ils n'imaginaient même pas. La Mobile School les fait réfl échir sur eux-mêmes et sur ce qu'ils souhaitent dans la vie. Grâce à elle, les enfants se sen-tent uniques et intelligents, parce qu'ils le sont vraiment.

Moi-même, j'ai travaillé dans les rues de Matagalpa en tant que volontaire de la Mobile School. Je participais à la société et m'occupais de ces garçons et de ces fi lles, ce que je n'avais pas connu quand j'étais à leur place. C'était cela ma moti-vation : les voir rire, jouer, apprendre, découvrir leur vision du monde.Je suis actuellement en quatrième année

d'études en Communication sociale à l'Université Centra-méricaine. La Mobile Schoolm'a ouvert des portes et m'a aidée à croire en moi.Je veux être davantage qu'une enfant des rues titulaire d'un diplôme universitaire. Je veux que quelque chose change

dans mon pays, je veux créer ma propre affaire et me consacrer au travail social.Une nouvelle Mobile School doit ouvrir d'ici peu au Nicaragua, et je me réjouis d'y investir toute mon énergie.

PROPOS RECUEILLIS PAR STEFANIE BUYST

Vivre dans la rue est à la fois dur et dangereux. Junieth Machado,

âgée de 21 ans, est nicaraguayenne et volontaire dans une Mobile

School. Elle raconte son expérience de vie dans la rue et parle de

l'importance de l'éducation pour en extirper les enfants.

Junieth Machado: “Je veux être davantage

qu'une enfant des rues titulaire d'un diplôme

universitaire. Je veux que quelque chose

change dans mon pays.”

La Mobile School permet de valoriser

l'image de soi. Poussant un petit

chariot compact chargé de tableaux

scolaires mobiles et de divers outils

éducatifs, l'éducateur des rues va au-

devant des enfants dans leur propre

environnement. L'objectif est de créer

des lieux de rencontre où l'enfant sera

accepté et respecté. L'éducateur est à

l'écoute des enfants, il construit avec

eux une relation de confi ance, il leur

donne des cours d'alphabétisation,

de calcul, il les sensibilise à la santé,

faisant usage de thérapie créative et

d'apprentissage ludique. Cela con-

court à construire une image positive

d'eux-mêmes.

L'école ne s'embarrasse pas de savoir qui tu es mais qui tu peux devenir.

À l’école des rues

© M

ob

ile S

cho

ol

© M

ob

ile S

ch

oo

l

14 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

ÉDUCATION

Gilbert habite à Katana, un vil-lage situé dans la province du Sud-Kivu, à l’est du pays. À 30 ans, il est marié et a déjà 7

enfants. Du lundi au jeudi, il marche 1 h 30 pour se rendre à l’école où il enseigne la psychopédagogie : “Beaucoup d’élèves choisissent l’option pédagogie générale qui permet d’accéder au métier d’enseignant. L’enseignement est un des rares emplois à être considéré comme accessible pour les jeunes issus des familles modestes.” Pour-tant, dans la grande majorité des écoles, les salaires restent dérisoires et dépendent du nombre d’élèves inscrits : “La rémuné-ration des enseignants varie en fonction de la prime payée par les parents car au Sud-Kivu, les subventions publiques de l’ensei-gnement fondamental sont inexistantes.”

Cumuler les petits boulotsDans les écoles les plus pauvres, les parents payent 4.000 francs congolais (moins de 4 euros) mensuels, dans les plus riches de Bukavu, pour les parents les plus nantis, la prime peut s’élever à 15 euros par mois et par élève. Résultats des courses : les salaires des enseignants varient fortement, de 15 euros dans les

écoles les plus pauvres à 75 euros par mois pour les plus privilégiés, dix mois sur douze. Un salaire qui ne permet pas de survivre quand on sait que le litre de carburant coûte près d’1,50 euros. En RDC, dans un pays qui importe pratique-ment la totalité des produits transformés et une partie des produits alimentaires, le coût de la vie est élevé : “Pour tenter de joindre les deux bouts, j’enseigne tous les

matins du lundi au samedi à une classe de 72 enfants et, l’après-midi, j’enfourche une moto et je deviens taxi”, explique Vianney, instituteur dans une école située à 20 kilo-mètres de Bukavu.

Qualité en périlLe coût des études supérieures et la nécessité de subvenir aux besoins d’une famille élargie empêche la grande majo-rité des enseignants de poursuivre des études après le diplôme d’état. Il en résulte des enseignants peu formés qui débutent leur carrière à 18 ans. Par ail-leurs, les écoles disposent de très peu de matériel didactique : “Les enseignants ont parfois quelques vieux manuels scolaires – certains datent des années ‘70 – mais les élèves doivent assumer eux-mêmes le coût des photocopies”, raconte Fayda, une élève de 19 ans en deuxième secondaire qui a pris du retard dans ses études faute d’argent à la maison. La fréquentation sco-laire, et par conséquent les conditions de travail des enseignants, sont également très infl uencées par la paix et les confl its. D’après une étude sortie en août 2012 par l’ONG Search For Common Grounds (SFCG), dans certaines régions comme en Équateur, près de 35 % des élèves expliquent se sentir en danger sur le che-min de l’école. À l’Est du pays, la paix n’est pas revenue…L’enseignement est considéré comme un “métier de pauvre” dans ce pays où le besoin en éducation est exponentiel. Mais, à défaut d’autres perspectives – 97 % de la population du Sud-Kivu vit de l’économie informelle –, le métier d’enseignant offre un statut, aussi précaire soit-il.

CHARLOTTE MAISIN

L’enseignement est

considéré comme un

“métier de pauvre”

dans ce pays où le

besoin en éducation

est exponentiel.

Sur les 70 millions d’habitants que compte la République

démocratique du Congo (RDC), 48,3 % de la population a

moins de 15 ans et est en âge d’être scolarisée. Pourtant, les

subventions publiques sont rares et la gratuité de l’ensei-

gnement prévue par la constitution reste théorique. Résultat :

le nombre d’enfants scolarisés chute avec les années et le

salaire des enseignants s’en ressent. Au même titre qu’une

grande partie de la population congolaise, les enseignants

congolais doivent “se débrouiller pour survivre”.

RD CONGO : DES ENSEIGNANTS EN MODE

SURVIE

© C

harlo

tte M

ais

in

© C

harlo

tte M

ais

in

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 15

ÉDUCATION

soutient l’éducationLA BELGIQUE

© C

TB

/ D

iete

r Te

lem

ans

Le nombre d’élèves a explosé dans

cette école suite à la construction

d’un laboratoire de sciences.

OUGANDA

Les jeunes sont plus nombreux

à accéder à un enseignement

de qualité à Bamako.

MALI

L a CTB intervient essentiellement dans la construction d’écoles, l’enseignement technique et la

formation professionnelle, la formation d’enseignants, la production et la dis-tribution de manuels scolaires, le fi nan-cement et la planification de l’ensei-gnement. L’agence appuie de même l’éducation de base par le biais de l’aide budgétaire et du renforcement institu-tionnel de l’ensemble du système édu-catif. Quelques exemples.

La Coopération belge au Développement, via la CTB, en partenariat avec les pouvoirs publics du Sud, met en œuvre différentes interventions dans le secteur de l’éducation. L’une de ses principales préoccupations est d’améliorer l’accès à un enseignement de meilleure qualité, tout en prenant en considération l’aspect égalité des chances entre fi lles et garçons.

© C

TB

/ J

an

Lo

cu

s

16 AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

© B

TC

/ D

iete

r Te

lem

an

s

La CTB fournit aux écoles primaires

des manuels de français et de math.

RD CONGO

© B

TC

/ D

iete

r Te

lem

ans

Des formations professionnelles

de qualité permettent aux

femmes de générer leurs revenus.

SÉNÉGAL

Des étudiants en mécanique

suivent une formation en réparation

de moteurs (Ouarzazate).

MAROC

© B

TC

/ N

ick H

annes

© C

TB

/ D

iete

r Te

lem

an

sTTTTTTTe

lem

an

s

La CTB fournit aux écoles primaires

des manuels de français et de math.

RD CONGO

Des formations professionnelles

de qualité permettent aux

femmes de générer des revenus.

SÉNÉGAL

Des étudiants en mécanique

suivent une formation en réparation

de moteurs (Ouarzazate).

MAROC

© C

TB

/ N

ick H

annes

ÉDUCATION

© C

TB

/ D

iete

r Te

lem

ans

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 17

En Haïti, le secteur de l’éducation était déjà confronté à des défi s énormes avant le

séisme de 2010. Ceux-ci sont plus que jamais d’actualité. Les infrastructures publiques

s’avèrent insuffi santes, les classes surpeuplées et le taux de scolarisation ne dépassant

pas les 50 %.

Avec une contribution de la Belgique de 6.000.000 euros, l’UNICEF construit 16 écoles

permanentes dans les zones rurales reculées ; elle concourt également à l’amélioration

de la qualité des services éducatifs dans l’ensemble du pays et développe les capacités

du Ministère de l’Éducation haïtien à planifi er, gérer et réguler le secteur de l’éducation

au niveau national.

En Afghanistan, l’accès et le maintien au sein des écoles des enfants, et en particulier

les fi lles, est très faible. Le manque de milieux d’apprentissage sécurisés, les installations

d’hygiène insuffi santes dans les écoles et, bien sûr, l’extrême pauvreté régnante en sont

des raisons majeures. 4,2 millions d’enfants, dont 60 % de fi lles, se voient privés d’un

accès au système éducatif classique.

Malgré un enseignement gratuit pour les classes du niveau primaire, le coût prohibitif du

matériel pédagogique et didactique dissuade de nombreux parents d’envoyer et maintenir

leurs enfants à l’école. Cela est particulièrement vrai pour les familles touchées par des

situations d’urgence et vivant dans les zones rurales où la pauvreté est très répandue.

Une enveloppe de 1.590.550 euros a donc été octroyée afi n d’offrir des espaces sco-

laires sécurisés et équipés en sanitaires avec le matériel d’apprentissage et le support

éducatif adéquats pour 120.000 enfants de familles déplacées.

En Côte d’Ivoire, la Belgique a soutenu les actions de

protection de l’enfance de l’UNICEF dans la région de

Duékoué. Un subside de 500.000 euros permet encore

aujourd’hui à des milliers d’enfants de familles déplacées

suite aux violences encore résurgentes aujourd’hui d’ob-

tenir une assistance psycho-sociale. Ces plateformes

d’accueil visent à établir un cadre sécurisé au sein des-

quelles une écoute psycho-sociale est assurée avec, en

parallèle, des espaces récréatifs et éducatifs à l’attention

des enfants particulièrement fragilisés.

Afghanistan

Côte d’Ivoire

Haïti

Ces dernières années, la Belgique a plus parti-culièrement appuyé l’UNICEF dans ses mis-sions de protection de l’enfance dans les situa-tions humanitaires. Au-delà des moyens aptes à garantir la survie à court terme des enfants

affectés, les projets soutenus visent aussi un maintien au droit universel à l’éducation.

Il est en effet reconnu que, dans des situations de crise, rétablir l’ac-cès à l’éducation permet aux enfants d’échapper à de nombreux risques et dangers (notamment l’enrôlement par des groupes armés, l’exploitation ou les abus divers). La scolarisation des enfants pendant les crises permet également de réduire les effets négatifs de la situation sur leur développement psychosocial et facilitera le retour à la normalité dans la vie des enfants et de leurs familles.

APPRENDREdans les situations d’urgence

Plus de la moitié des enfants qui n’accèdent pas à l’école, soit 30 millions d’enfants, vit dans

des situations d’urgence, leurs communautés ayant été touchées par une catastrophe natu-

relle ou par un confl it. Eux aussi ont droit à l’éducation.

Quelques actions en cours :

© D

GD

/ J

oël Ta

bu

ry

© UNICEF / Marco Dormino

© UNICEF / Olivier Asselin

© U

NIC

EF

/ N

oo

rani

© UNICEF / Olivier Asselin

18 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

ÉDUCATION

JOËL TABURY

L e United Nations Humanitarian Air Service (UNHAS) est l’organe qui facilite les services aériens cargo et de passagers pour le compte

du Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres organisations humanitaires. Ces services aériens peuvent prendre les formes suivantes : l’approvisionnement de l’aide alimentaire d’urgence dans des régions isolées, des évacuations médicales ou sécuritaires de personnes sinistrées, le transport du personnel d’aide humanitaire, etc. Ces services se justifi ent pleinement au regard de questions de sécurité, du mau-vais état des infrastructures routières, des longues distances et du manque d’opéra-teurs aériens fi ables dans les zones d’acti-vités humanitaires.Pour l’année 2010, le nombre total de pas-sagers transportés par l’UNHAS s’élevait à 350.534. Parmi ceux-ci, 54 % sont des membres d’ONG et d’organisations inter-nationales, 40 % du personnel de différentes agences des Nations Unies et les 6 % restant

font partie des médias, des donateurs et de la communauté diplomatique. Le PAM n’est donc pas la seule agence des Nations Unies à utiliser les services de l’UNHAS. Mais, le transport de passagers n’est pas la seule activité de l’UNHAS. En effet, le transport de marchandises humanitaires fait également partie de ses missions. En 2010, l’UNHAS a transporté l’équivalent de 14.833 tonnes d’aide humanitaire de par le monde.Afi n d’assurer toutes ses missions dans un bref délai et de réduire ses coûts, l’UNHAS dispose d’une fl otte aérienne en stand-by. Cette base aérienne est idéalement située en Afrique centrale, à l’aéroport internatio-nal d’Entebbe (Ouganda). Actuellement, le PAM travaille avec les donateurs afi n de mobiliser plus de fonds pour des capaci-tés additionnelles de stand-by durant les opérations d’urgence.Les opérations régulières de l’UNHAS sont les activités les plus diffi ciles à maintenir en raison de la disponibilité limitée des res-sources. Ces opérations ont comme objectif principal de fournir des services aériens de bonne qualité, sûrs et en suffi sance à la com-munauté humanitaire. En 2010, la Belgique a, par ses dons, supporté trois opérations spéciales : au Niger, au Tchad et en Centra-frique. Ce nombre a plus que doublé en un

an. En effet, en 2011, la Coopération belge a pris part au fi nancement de huit opérations spéciales de l’UNHAS (Niger, Centrafrique, Tchad, Côte-d’Ivoire, Somalie, Afghanistan, RD Congo et Ethiopie) pour un total de 5.050.000 euros. Elle a également participé, à hauteur de 200.000 euros, à la formation aéronautique du staff de l’UNHAS.Les contributions belges au service aérien sont programmées chaque année, elles se font en cash et sont dirigées vers les opé-rations les plus nécessiteuses sur base de discussions régulières avec le PAM. En 2010, la Belgique se classait à la 8e posi-tion des pays donateurs fi nançant l’UNHAS avec un total de 3.238.542 euros. L’année suivante, la Coopération belge contribuait pour un montant total de 5.250.000 euros. Ce don est le plus important jamais octroyé à l’UNHAS par notre pays depuis ces 5 der-nières années. Un nouveau fi nancement de 5.500.000 euros est prévu pour 2012, les opérations à fi nancer étant identifi ées par le PAM sur base de ses besoins.De ce fait, la Belgique reste un partenaire régulier et fiable de l’UNHAS. Car, la Coopération belge a bien compris toute l’importance et la plus-value que peuvent apporter ses services à l’aide humanitaire.

ARNAUD VANDER LINDEN

L’AIDE HUMANITAIRE vole de ses propres ailes

UNHAS, LA FLOTTE AÉRIENNE DE L’AIDE HUMANITAIRE

Malgré l’augmentation des catastrophes naturelles et de leur intensité, l’aide humanitaire

d’urgence doit parvenir, dans un court délai, en toutes circonstances et en tout lieu aux

populations les plus sinistrées. Dans cette optique, les Nations Unies ont demandé au PAM

de gérer une fl otte aérienne qui permettrait de répondre de la manière la plus adéquate pos-

sible aux catastrophes naturelles et aux autres crises humanitaires : l’UNHAS.

© W

FP

/ S

tep

hanie

Savariaud

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 19

AIDE HUMANITAIRE

R io+20, la Conférence des Nations Unies sur le dévelop-pement durable, a été conçue comme le suivi du Sommet de

la Terre de 1992 qui a mis en place des conventions historiques sur le change-ment climatique et la biodiversité, et pris nombre d’engagements sur l’éradication de la pauvreté et la justice sociale.À la veille de la conférence, et à l’occa-sion de la parution de son 5e Rapport sur l’Environnement, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) avait une nouvelle fois remué le couteau dans la plaie ! Un constat sans appel : malgré près de 500 objectifs environnementaux conve-nus au niveau international, le monde n’a fait aucun progrès en termes de durabilité. Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 48 %, 300 millions d’hectares supplé-mentaires de forêts ont été défrichés, et la population a augmenté de 1,6 milliard de personnes. En dépit d’une réduction de la pauvreté, une personne sur six souffre tou-jours de malnutrition.Mais, alors que les problèmes ont augmenté, la capacité des états à y faire face a diminué parce que l’Europe est affaiblie par la crise économique, les États-Unis connaissent une campagne pour l’élection présidentielle, et le pouvoir des gouvernements a diminué par rapport à celui des sociétés transnatio-nales et de la société civile.

Un “échec aux proportions épiques”Après plus d’un an de négociations pour le plus grand sommet jamais organisé par les Nations Unies – 10 jours impliquant 45.000 personnes –, le document fi nal L’avenir que nous voulons a dès lors été sévèrement critiqué par les défenseurs de l’environne-ment ainsi que les associations qui luttent contre la pauvreté. Ceux-ci fustigent son manque de détail et d’ambition face aux défi s posés par la dégradation de l’envi-ronnement, qui aggrave les inégalités, et

par l’accroissement de la population mon-diale qui devrait passer de 7 milliards à 9 milliards d’ici à 2050.Les groupes de la société civile et les scientifi ques ont été cinglants sur le résul-tat. Ainsi, Kumi Naidoo, le directeur exé-cutif de Greenpeace International, a qua-lifi é le sommet d’“échec aux proportions épiques”, précisant : “nous n’avons pas l’ ‘Avenir que nous voulons’ à Rio, parce que nous n’avons pas les dirigeants dont nous avons besoin. Les dirigeants des pays les plus puissants ont soutenu le ‘business as usual’, mettant honteusement en avant le profi t avant les gens et la planète.”

Répondant à ces critiques, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a déclaré que le document guiderait le monde sur une trajectoire plus durable : “Notre tâche est maintenant de créer une masse critique. Le chemin à parcourir est long et diffi cile.”En l’absence de Barack Obama, d’Angela Merkel et de David Cameron, les pays du BRICS ont dominé les débats. À leur tête, le Brésil – avec habilité, selon certains délégués – a poussé un texte de compro-mis, évitant ainsi le confl it et le chaos qui ont marqué la Conférence sur le climat à Copenhague en 2009. Mais cela n’a par contre laissé aux chefs d’État présents et aux ministres qu’une fonction cérémonielle,

gâchant une opportunité pour les diri-geants politiques de faire pression pour un résultat plus ambitieux.“Notre document final est une opportu-nité qui a été manquée. Il contribue pour presque rien à notre lutte pour survivre en tant qu’espèce”, a déclaré le représentant du Nicaragua, Miguel d’Escoto Brockmann, lors de la Conférence. “Nous faisons face maintenant à un avenir de catastrophes naturelles en augmentation.”D’autres délégués, exprimant leur décep-tion, ont toutefois affirmé que l’accord pourrait être mis à profi t. “Le document n’est pas entièrement à la hauteur de nos ambitions, il ne relève pas les défi s aux-quels le monde doit faire face. Mais c’est un pas important en avant… Et c’est pour-quoi nous l’appuyons. C’est pourquoi nous devons nous engager avec lui”, a ainsi déclaré Janez Potocnik, le Commissaire européen pour l’environnement.

Un plan pour des Objectifs de développement durable

Le principal résultat de Rio+20 est un plan visant à fi xer des Objectifs de développe-ment durable (Sustainable Development Goals), mais les négociateurs n’ont tou-tefois pas réussi à s’entendre sur leurs thèmes, qui vont maintenant être laissés à un “Groupe de travail ouvert” de 30 nations afi n d’en décider d’ici à septembre 2013. Et deux ans plus tard, pour 2015, ils seront associés aux Objectifs du Millénaire pour le développement.D’ici là, ces nouveaux Objectifs feront probablement l’objet d’âpres discussions entre les nations (riches et pauvres). Le groupe G77 des pays en développement est persuadé qu’ils devront inclure de forts éléments économiques et sociaux, qui incluent le transfert de fi nancement et de technologie. “Quand l’Union européenne, les États-Unis disent ‘sol’, ‘eau’, ils insistent généralement sur l’environnement. Mais le

RIO+20N’A PAS CONVAINCU

Divisés, les gouvernements du monde se sont donc réunis à Rio en juin dernier, en vue de

tracer “une voie pour un siècle durable”. À l’issue de ce sommet, chefs d’État et ministres de

plus de 190 pays n’auront fi nalement signé qu’un plan “au rabais” pour défi nir des Objectifs

de développement durable, renforcer la gestion globale de l’environnement et la protection

des océans, améliorer la sécurité alimentaire et promouvoir une “économie verte”.

Notre tâche

est maintenant

de créer une

masse critique.

Le chemin à

parcourir est

long et diffi cile.

âche

ntenant

er une

critique.

min à

rir est

diffi cile.Ban Ki-moon

Secrétaire général des Nations Unies

© U

N P

ho

to/M

ark

Gart

en

20 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

G77 insiste pour qu’il y ait également de forts piliers économiques et sociaux. Il est nécessaire qu’ils soient meilleurs et plus audacieux que les Objectifs du Millénaire”, a ainsi déclaré Bhumika Muchhala, ana-lyste auprès du Third World Network.

Plus de moyens pour le PNUELe Programme des Nations Unies pour l’en-vironnement (PNUE) recevra un budget plus important, une plus large adhésion et de plus forts pouvoirs, pour engager la recherche scientifi que et coordonner des stratégies globales pour l’environnement.Achim Steiner, directeur du PNUE, a déclaré qu’il s’agissait d’un agenda pour le changement : “Les dirigeants du monde et les gouvernements ont convenu aujourd’hui que la transition vers une éco-nomie verte – soutenue par de fortes dispo-sitions sociales – offre une voie de premier plan vers un 20e siècle durable.”

Forum de haut niveau et “Économie verte”

Les espoirs que Rio encouragerait le monde à se diriger vers une “économie verte” ont fondus à la suite des soupçons exprimés par plusieurs pays en dévelop-pement, persuadés qu’un tel concept ne serait qu’une autre façon de plus pour les pays riches d’imposer une approche “one-model-fi ts-all”. Dès lors, l’”économie verte”a été simplement désignée comme un “outil important” que les pays pourraient utiliser s’ils le souhaitaient.Rio+20 a également établi un “Forum dehaut niveau” pour la coordination du déve-loppement durable global, dont le format reste toutefois à défi nir. Il a été convenu de réfl échir à des façons de donner une valeur plus élevée à la nature, incluant des alternatives au PIB comme mesure de la

richesse, mais comportant plus de facteurs environnementaux et sociaux, et des efforts pour évaluer et payer pour des “services environnementaux” rendus par la nature, comme la séquestration du carbone et la protection de l’habitat.Parmi les autres développements (vagues, mais potentiellement prometteurs), il convient de retenir également la recon-naissance par les 192 gouvernements que “des changements fondamentaux dans la façon dont les sociétés produisent et consomment sont indispensables pour assurer un développement durable.” La délégation de l’Union européenne a sug-géré que cela pourrait conduire à un chan-gement dans l’imposition des taxes, de telle sorte que les travailleurs paient moins et que les pollueurs et les exploitants de décharges payent davantage. Enfi n, tous les pays ont “réaffirmé” leurs engage-ments pour éliminer les subventions à des combustibles fossiles.

FinancementCes changements vont coûter, mais per-sonne n’a voulu “mettre de l’argent sur la table”, ce qui a été pointé par le G77 comme l’une des causes majeures des maigres résultats, alors qu’il réclamait un fonds de 30 milliards de dollars par an pour aider à la transition vers la durabilité. Mais en raison de la grave crise de la zone euro, personne n’était disposé à préciser de montants. Il n’y eût dès lors qu’une pro-messe d’augmenter le fi nancement, mais de combien et par qui a été laissé à de futures discussions.

Espoirs déçusRio+20 n’aura pas davantage réussi à garantir les droits reproductifs des femmes et à consolider la protection des océans de la planète. Un plan pour le sauvetage des eaux profondes – en dehors des

juridictions nationales – a ainsi été bloqué par les États-Unis, le Nicaragua, le Canada et la Russie. Au lieu de cela, les dirigeants se sont contentés d’affi rmer qu’ils allaient faire plus pour empêcher la surpêche et l’acidifi cation des océans. Cette reculade a été qualifi ée de “profonde déception”par L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.En défi nitive, les initiatives et le dynamisme sont venus en marge des salles de négo-ciation, par exemple au sein d’un "Som-met des Peuples" de 10 jours. Ainsi, des accords signifi catifs ont été passés pour investir dans les transports publics, des engagements ont été pris par les sociétés pour une comptabilité verte, et des stra-tégies ont été convenues par des villes et des organes judiciaires sur la réduction des impacts environnementaux.“Il y a de vraies solutions aux problèmes que les gouvernements ont été incapables de résoudre, et ces solutions ont été expo-sées toute la semaine à Rio, mais pas au Centre de conférences”, a ainsi déclaré l’économiste philippine Lidy Nacpil, coor-dinatrice de Jubilee South, le réseau des coalitions contre la dette à l’œuvre dans plus de soixante pays.Cette faiblesse de leadership observée dans les salles de négociation incite déjà la société civile à repenser ses stratégies. Sharan Burrow, la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a ainsi déclaré qu’une “alliance rouge/verte serait désormais la seule façon d’avancer.”Selon elle, si le modèle de développement actuel ne change pas, “nous allons voir une dislocation économique plus grande que celle à laquelle nous faisons face mainte-nant. Il y aura davantage de guerres autour de l’eau et l’énergie, nous avons donc besoin que le travail et l’environnement avancent ensemble.”

JEAN-MICHEL CORHAY

Nous n’avons pas

l’Avenir que nous

voulons à Rio, parce

que nous n’avons pas

les dirigeants dont nous

avons besoin. Kumi NaidooDirecteur exécutif de

Greenpeace International

© w

ord

pre

ss.c

om

© G

reenp

eace.o

rg

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 21

C’est que, durant ces deux der-nières décennies, à la suite d’une succession de crises, un certain nombre de pays se sont retran-

chés dans une attitude attentiste, ce qui a affaibli le débat international sur le déve-loppement durable. La dernière crise fi nan-cière de 2008 et la crise de la dette actuelle ont quant à elles occasionné des coupes sombres dans les budgets des états : les ressources pour le développement, l’envi-ronnement, et le développement durable, en sont les premières victimes.Rio+20 devait dès lors le relancer le débat, avec l’espoir que le sommet puisse don-ner lieu à un engagement politique ferme de poursuivre sur la voie du dévelop-pement durable, qui prenne en compte l’environnement, la protection sociale et le travail décent, et l’économie.‘L’économie verte dans le contexte du développement durable’ a donc été l’un des deux thèmes centraux de cette Confé-rence des Nations Unies sur le développe-ment durable. La communauté des nations s’est ainsi penchée sur la question de savoir comment l’économie verte pouvait être élargie pour générer le développement durable. Selon notre ministre de la Coo-pération au développement, cette “écono-mie verte” doit d’abord être vue comme un moyen pour faciliter le développement durable et combattre la pauvreté dans le monde. Pour lui, cette dimension sociale ne doit donc pas être perdue de vue, et la transition vers une telle “économie verte”doit aller de pair avec la cohésion sociale, la justice et le travail décent pour tous, y compris les jeunes.Développer un cadre institutionnel pour le développement durable a été le deu-xième thème central de Rio+20. Le défi

consistait à formuler des objectifs univer-sels, équilibrés et mesurables, et à élabo-rer un système de surveillance effi cient, avec des indicateurs plus larges que ceux du seul PIB. Sur ce point, le Sommet s’est montré insuffi sant, selon notre ministre, qui n’a pas caché sa déception.

“Les résultats de ce sommet sont nette-ment insuffi sants. Le texte n’est pas assez ambitieux et contient trop peu d’engage-ments clairs. Mais nous ne devons pas être défaitistes”, a-t-il déclaré à son retour de Rio. “Nous savons ce qui est nécessaire pour assurer le développement durable de notre planète”, a-t-il encore souligné, tout en insistant : “Tout d’abord, nous devons rompre avec une logique de développe-ment économique dévoreuse de ressources

naturelles et d’énergie et la remplacer graduellement mais fermement par des modes de production et de consommation durables. Nous devons également veiller à ce que tout le monde ait accès à l’eau et à l’énergie, mais aussi à un travail décent et à la protection sociale. Tous les pays devraient être impliqués, et en particulier les Pays les Moins Avancés.”Durant le sommet, la Belgique a en effet été le co-organisateur du ‘side-event’ soutenu par le secrétaire général Ban Ki-moon, sur les Pays les Moins Avancés (PMA). Dix des dix-huit pays partenaires de la Coopération belge au développement se retrouvent dans cette catégorie. Notre pays possède à cet égard une expertise reconnue et jouit d’une crédibilité inter-nationale. Pour le ministre, la lutte contre la pauvreté doit donc demeurer la base de toute stratégie de développement, et n’a de sens que si elle est poursuivie de manière durable. Une condition indispen-sable pour que les 48 pays concernés, qui représentent ensemble un milliard d’ha-bitants, puissent trouver leur place dans l’économie mondiale.

Prochain rendez-vousà l’Assemblée générale

La Belgique va dès lors concentrer ses propositions pour l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui va suivre à New York en septembre prochain. Rio+20 a en effet initié un processus qui aura des incidences sur tout l’agenda des Nations Unies. Ce processus devrait conduire à un cadre de référence mondial, tant pour l’agenda du développement que pour l’agenda socio-économique et l’agenda de l’environnement.

JEAN-MICHEL CORHAY

ENGAGEMENTS

EN FAVEUR

DES ÉNERGIES

RENOUVELABLES

La Belgique a également proposé des

engagements concrets qui rendent pos-

sible le développement des énergies

renouvelables. Notre pays soutient ainsi

l’initiative ‘Sustainable energy for all’

(‘Énergie durable pour tous’) du secrétaire

général Ban Ki-moon, qui vise à mobiliser

les moyens nécessaires pour fournir à

chacun un accès universel à des services

énergétiques, doubler l’effi cacité énergé-

tique et, également, doubler la part des

énergies renouvelables dans le mix éner-

gétique mondial d’ici 2030. La Belgique

soutient tous les projets concrets en ce

sens au Mozambique et au Rwanda. Notre

pays soutient également le Fonds régio-

nal pour le développement des énergies

renouvelables en Afrique de l’Ouest.

La Belgique à Rio+20Vingt ans après le grand succès du Sommet de la Terre en 1992, la

Belgique, représentée par le ministre de la Coopération au développement,

a repris le chemin de Rio. C’était là l’occasion pour notre pays d’évaluer

où en était le monde dans le domaine du développement durable.

© V

isle

-en

-terr

asse

22 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

J ’ai séjourné pendant deux semaines au fi n fond de la brousse en com-pagnie de nombreux agriculteurs débrouillards et de quatre prêtres qui

m’ont hébergé. J’y ai reçu chaque jour du manioc, du pondo (des feuilles de manioc préparées comme des épinards), du riz et du poisson. Tous ces mets étaient lar-gement épicés avec une sauce à base de piments forts. On nous servait chaque jour le même menu et nous buvions beaucoup de bière chaude pour atténuer le goût prononcé des piments et pour réhydrater notre corps qui transpirait énormément. Il faisait trente degrés, de jour comme de nuit. Il pleuvait chaque jour et le taux d’hu-midité dépassait les 80 %.”J’ai écrit ces lignes à la suite de mon premier projet avec Ex-Change au Congo en 2010. Sur place, les condi-tions peuvent être très rudes, même si les souvenirs que nous gardons en mémoire par la suite sont sublimes. Le projet visait à aider une coopérative de cultivateurs de cacao qui avaient besoin de soutien en matière de planifi cation de gestion.

Depuis cette expérience, j’essaie chaque année de me libér er pendant quelques semaines pour aller soutenir une coopéra-tive dans le Sud et lui faire profi ter de mon “expertise”. Un peu plus tard dans l’année, je me suis retrouvé au Rwanda pour une coopérative de production de thé. Par la suite, j’ai accompagné trois autres projets en tant que bénévole. Je considère ces projets comme une situation réellement bénéfi que

pour tous à de multiples égards : ils contri-buent bien entendu à améliorer la situation des entreprises du Sud, mais je tente éga-lement de tenir compte de leurs clients, qui sont parfois des entreprises du Nord. Ces derniers s’en portent également mieux, car ils bénéfi cient ainsi d’un approvisionnement plus stable en produits de qualité. Ensuite, j’apprends moi-même énormément pen-dant chaque projet, ce qui est bénéfi que pour la coopérative belge que je préside : je reviens toujours avec un regard neuf et la tête pleine de nouvelles idées.À la demande d’entrepreneurs du Sud, Ex-Change envoie sur place des experts qui vont partager leurs connaissances et savoir-faire pendant une courte période. L’ASBL a développé un vaste réseau d’experts béné-voles, si bien qu’elle est à même de propo-ser toutes les expertises possibles aux PME ou aux coopératives qui en ont besoin. Ex-Change suit le processus de A à Z.En collaborant avec une fédération profes-sionnelle ou une coopérative, vous pouvez déjà changer la vie de dizaines, voire de centaines de familles.Cette année, Ex-Change accompagne environ deux cents entreprises locales dans le Sud. Les entrepreneurs du Sud choisissent toujours eux-mêmes l’expert qui viendra les accompagner. J’attends donc chaque fois nerveusement de savoir si j’ai été sélectionné pour un projet. Comme je l’ai dit il y a deux ans, je me réjouis toujours d’avoir l’opportunité d’ap-porter ma petite pierre à l’édifi ce.

vacancesUn entrepreneur

sans

Qui ?Guy Callebaut, président de

la coopérative COÖBRA et

expert bénévole Ex-Change.

Quoi ?Soutenir les coopératives

du Sud par de l’expertise en

matière d’entrepreneuriat.

Pourquoi ?Les coopératives locales disposent

d’un grand potentiel mais

manquent parfois d’expertise.

Il vous suffi t de regarder autour de vous :

chacun porte à présent des vêtements propres

et nos enfants vont à l’école.

PARTENAIRE

© G

uy C

alle

baut

© G

uy C

alle

baut

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 23

Vous prônez la mise en place

d’une mondialisation non plus

animée par la fi nance mais par

le développement. Qu’entendez-

vous au juste par là ?

Une mondialisation centrée sur la fi nance, c’est le monde à l’envers. Les mesures fi nancières favorisent les emprunts et par conséquent les dettes : pour stimu-ler la demande, pour permettre aux gouvernements de créer davantage de bien-être et de sécurité, pour stimuler les fl ux de fonds… Or, ces fl ux fi nanciers peuvent déstabiliser les prix et les taux de change dans le monde entier, ainsi que les salaires et les revenus. Les actifs fi nanciers sont 3 à 4 fois supérieurs au PIB mondial, la disproportion est donc évidente.

Les conséquences sont diverses. Premiè-rement, un endettement incroyablement lourd, tant privé que public, s’installe. Deuxièmement, on assiste à un recul en termes d’égalité de répartition des richesses et des revenus. Troisième-ment, les marchés financiers règnent en maîtres. Ceux-ci sont en effet consi-dérés comme disposant de toutes les informations, et capables de fi xer cor-rectement les prix, mais ce n’est pas le cas. Les fi nances doivent se mettre au service du véritable développement, et non l’inverse.C’est pourquoi je suis partisan d’une mondialisation centrée sur le dévelop-pement, qui va plus loin que de simples objectifs fi nanciers, comme la lutte contre l’infl ation. Qui donne une place prépon-dérante aux objectifs de développe-ment : investissements et emplois, davan-tage de véritable productivité. Où la croissance économique s’accompagne d’une réforme fiscale destinée à une meilleure répartition des richesses. Il faut également des politiques cohérentes afi n d’éviter de reprendre d’une main ce qui a été donné de l’autre.

Seriez-vous en faveur de

mesures protectionnistes dans

les pays en développement ?

Non, mais pour une marge de manœuvre politique, oui. Si les pays s’efforcent d’évoluer vers la libéralisation, il faut leur allouer l’espace nécessaire à l’éla-boration de leurs propres politiques nationales en matière d’emploi par exemple, ou de lutte contre la pauvreté, de manière à leur permettre de se pré-parer progressivement à leur accès au marché international.

Nous sommes convaincus de l’utilité du marché libéralisé, mais imposé à la hâte, celui-ci peut avoir des conséquences néfastes. La Zambie, qui disposait d’une industrie textile très développée, s’est vu imposer un programme d’adaptation structurel par la Banque mondiale. Le pays a dû s’ouvrir complètement, avec comme résultat l’écroulement de son

La CNUCED, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement,

représente la voix des pays en développement dans le débat sur l’économie mondiale.

Lors de la 13e Conférence qui s’est tenue en avril 2012 à Doha (Qatar), les pays développés

ont voulu restreindre considérablement le mandat de l’organisation, mais c’était sans

compter avec la détermination des pays en développement. Nous avons demandé à

Supachai Panitchpakdi, le Secrétaire général de la CNUCED, quelle était sa vision de

l’économie et du développement.

UNE VOIX DANS

SUPACHAI PANITCHPAKDI MET LA FINANCE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT

Supachai Panitchpakdi (1946, Bangkok),

Secrétaire général de la CNUCED depuis

le 1er septembre 2009, est titulaire d'un

doctorat en économie obtenu aux Pays-

Bas. Après une carrière politique en

Thaïlande, il a été Secrétaire général de

l'OMC de 2002 à 2005.

© slu

gb

log

g.w

ord

pre

ss

© UNCTAD Women's event

24 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

industrie textile. Exportateur de produits alimentaires au début des années ‘80, Haïti a bénéfi cié d’une aide au déve-loppement et a dû également ouvrir son marché alimentaire : le pays est aujourd’hui totalement dépendant des importations de denrées alimentaires qui bénéfi cient de subventions dans les pays riches.Les pays doivent donc avoir la possibi-lité d’allouer des subventions, par ex. pour l’agriculture. L’utilisation des pes-ticides dans les pays en développement représente un cinquième de celle des

pays développés. Nous plaidons pour l’usage d’engrais plus organiques, de meilleures formations, la recherche de meilleures semences et le recours aux techniques d’irrigation. On peut y arri-ver moyennant de nombreuses sub-ventions qui ne soient pas pénalisantes, comme p. ex. le soutien à des coopéra-tives paysannes.

Les pays riches n’applaudissent pas

les prises de position de la CNUCED

sur l’économie mondiale. Cela

explique-t-il les très nombreuses

discussions sur son mandat lors de

la conférence UNCTAD XIII à Doha ?

À Doha, les pays développés ont affi rmé que la CNUCED outrepassait son mandat, lorsque nous signalions les faiblesses de la politique économique mondiale. Or, ces quatre dernières années, j’ai pu démontrer l’effi cacité de notre mandat qui a été fi xé à Accra. La CNUCED n’est pas sortie de son rôle. Notre collaboration a été concluante

avec l’Organisation de Coopération et de Développement économiques en matière d’investissements, avec l’OMC en matière de barrières non tarifaires, avec la Banque mondiale en matière de commerce et de lutte contre la pauvreté.Nous avons certes incriminé les taux de change, mais sous l’angle des pays en développement (e.a. Brésil, Corée du Sud,

LE DÉSERT

LA CNUCED

POUR

LES NULS

Historique et rôleLa série de nouveaux pays nés de la vague d’in-

dépendance des années cinquante et 60 n’ont

reçu aucun soutien pour leur intégration dans

l’économie mondiale. Le GATT (L’Accord général

sur les tarifs douaniers), l’ancêtre de l’Organisa-

tion Mondiale du Commerce (OMC), s’adressait

en effet surtout aux pays plus développés. D’où

l’organisation en 1964 à Genève de la première

Conférence des Nations unies sur le Commerce

et le Développement.

Devenue un organe permanent des Nations Unies,

la CNUCED a été chargée d’entamer des négocia-

tions afi n d’établir un consensus sur les objectifs

de développement. Elle a entre autres contribué à

la création d’un accord sur les matières premières,

a permis de trouver une solution pour les Pays

pauvres très endettés (PPTE), et a incité les pays

développés à consacrer 0,7 % de leur PIB à l’aide

au développement.

La création de l’OMC en 1995 a privé la CNUCED

de son mandat de négociateur, elle est devenue

partenaire de l’OMC. Celle-ci négocie les accords

commerciaux et en établit les règles fixes. La

CNUCED formule des recommandations.

Le budget annuel de la CNUCED s’élève à 70 mil-

lions de dollars, celui de l’OMC à 200 millions

de dollars, du FMI à 1 milliard de dollars et de la

Banque mondiale à 2,3 milliards de dollars.

Mandat actuel(1) La CNUCED est un mécanisme intergouverne-

mental qui forme des consensus internationaux sur

des “accords souples”, des investissements res-

ponsables, la dette durable, les règles de concur-

rence, la protection du consommateur…

(2) La CNUCED fournit un soutien technique aux

pays en développement pour leur intégration dans

l’économie mondiale. Elle décode à cet effet les

règles de l’OMC et aide ces pays à les appliquer le

plus avantageusement possible.

(3) La CNUCED réalise des études sur le com-

merce, le développement, les finances et les

investissements.

ÉCONOMIE

Lors de la CNUCED

XIII à Doha, les pays en

développement n’ont

conservé son mandat

à la CNUCED qu’après

un débat soutenu avec

les pays développés

On ne peut tout de même pas empêcher la

CNUCED de s’engager dans un examen

transparent, honnête, et surtout indépendant, de

la situation économique mondiale, n’est-ce pas ?

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 25

Chine) accablés par l’affl ux de fonds spécu-latifs. Les fl ux de capitaux ont propulsé les monnaies à des niveaux si élevés que ces pays ont perdu toute compétitivité. Les pays les plus touchés sont le Brésil et certains pays d’Asie du Sud-Est. C’est là que nous intervenons et disons : il est inadmissible que ce type de fonds spéculatifs à court terme se propagent dans le monde entier sans le moindre contrôle. Il faut une concer-tation, au sein de la Banque mondiale, du FMI ou des Nations Unies afi n de contrôler l’équilibre entre les émissions d’actions, les incitants fi scaux, et l’impact éventuel sur le reste du monde.Nous pensons également que, si l’on veut vraiment aider les pays à avancer, une vision globale s’impose : le point de départ doit être conciliable avec le point d’arrivée. On ne peut pas commencer par imposer des exigences – “Misez sur l’exportation”, p. ex. – pour ensuite les retirer : “Non, vous faites fausse route, vous dépendez trop des expor-tations !” C’est indéfendable. Il ne suffi t pas de dire ce qu’ils doivent faire, il faut égale-ment leur expliquer pourquoi.Nous mettons à plat tous ces points faibles. Et c’est pourquoi il était si important pour nous de pouvoir continuer à progresser à partir de l’Accord d’Accra. Heureusement, nous y sommes parvenus. On ne peut tout de même pas empêcher la CNUCED de s’engager dans un examen transparent, honnête, et surtout indépendant, de l’état de l’économie mondiale, n’est-ce pas ?

Que pensez-vous de la

crise européenne ?

La zone euro et sa monnaie unique sont importantes. Nous ne pouvons pas laisser

l’économie mondiale reposer sur une seule monnaie, le dollar américain.Il faut donc protéger la zone euro. Or, les mécanismes de stabilisation fi nancière ne suffi sent pas. D’aucuns croient que ce que nous proposons s’adresse spéci-fi quement aux pays en développement, mais ce n’est pas le cas. L’Europe elle aussi, dont des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, et même tous les pays européens en fait, a besoin d’une marge de manœuvre politique et d’une adaptation progressive. Mais il faut un objectif commun en matière de poli-tique fi scale au niveau de la confédéra-tion. La discipline fi scale est essentielle, car l’excès d’emprunts de l’Europe a très clairement surgonfl é son endettement. L’Europe doit prendre des mesures à cet égard, pour le bien-être, la protection sociale, etc. Il faut également adapter la politique macro-économique de manière à combler le fossé au niveau des prix du travail et de l’infl ation entre les pays de la zone euro. Nous prônons donc la mise en place d’une discipline fi scale à moyen et à long terme, associée à une politique macro-économique à court terme axée sur la croissance.

La crise de l’euro préoccupe-t-elle

les pays en développement ?

Énormément. Car leur sort est très étroi-tement lié à celui des pays du Nord ! L’Europe représente le plus grand marché pour l’Asie de l’Est. Si l’Europe connaît une nouvelle récession, le marché se rétrécira d’un quart, voire d’un tiers. La demande intérieure n’est pas encore suffi samment forte en Asie. L’économie

Les pays en

développement

sont extrêmement

préoccupés par la crise

de l’euro. Leur sort est

étroitement lié aux pays

industrialisés. Mais qui

écoute les conseils

de la CNUCED ?

SUPACHAI PANITCHPAKDI

SUR…

La relation entre les pays développés et les pays

en développement au sein de la CNUCED

Même si les pays développés assistent à

nos réunions, ils semblent les prendre plu-

tôt à la légère. Ce n’est sûrement pas la

bonne tactique. Pour être cohérent, il faut

comprendre ce que les pays en dévelop-

pement disent, et non pas ce que disent

vos politiciens. Il faut bien entendu tenir

compte de votre propre base, mais pour

être vraiment cohérent, il faut nous écou-

ter. La CNUCED représente la véritable voix

des pays en développement, et prône des

débats ouverts en partenariat.

Le besoin d’une gouvernance mondiale

Une gouvernance mondiale est nécessaire.

Comment sinon faire coexister croissance

et emploi des jeunes, égalité de traitement

pour les femmes, accès de régions au même

niveau de développement que certaines

zones urbaines… ? Selon nous, l’ONU est le

meilleur forum qui soit en termes de gouver-

nance mondiale, et non pas le G20. Ce n’est

pas parce que des pays en développement

participent à ce sommet que la thématique

du développement y est abordée. Si les Etats

membres faisaient preuve du même enga-

gement aux Nations Unies qu’au G20, alors

ECOSOC - le Conseil économique et social

des Nations Unies - serait le G193.

chinoise ne représente toujours qu’un tiers de celle des États-Unis et de la zone euro. Ensemble, les marchés des États-Unis et de l’UE sont environ 6 fois plus grands que celui de la Chine ! C’est précisément cette interdépendance étroite qui incite la CNUCED à suivre de si près l’économie des États-Unis et de l’Europe.

CHRIS SIMOENS

Si les États membres

faisaient preuve du

même engagement aux

Nations Unies qu’au

G20, alors, ECOSOC -

le Conseil économique

et social des Nations

Unies - serait le G193.

© b

usin

essin

sid

er.co

m

26 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

ONLINEwww.unctad.org

ÉCONOMIE

Un scepticisme accru, des connaissances limitées

Seule une petite minorité des personnes interrogées estime que les pays du Sud doivent résoudre leurs problèmes par eux-mêmes. La plupart sont pourtant d’avis que les pays du Nord n’ont aucune dette envers la pauvreté dans le Sud. La corruption, les confl its et la surpopulation, entre autres, expliqueraient la situation dans laquelle se trouvent ces pays.Par ailleurs, le Belge moyen se montre désormais profondément sceptique envers la coopération au développement. Un faible pourcentage estime que les mon-tants alloués sont correctement dépensés et près de la moitié des Belges souhaiterait que le budget de la coopération au déve-loppement soit revu à la baisse. Le nombre de citoyens donateurs au profi t des pays du Sud est également en chute, passant de 40 % en 2010 à 33 % aujourd’hui. Toutefois, les donateurs sont plus généreux que par le passé. Environ un Belge sur quinze s’im-plique même dans des actions en faveur du Sud.Le taux de confi ance des Belges envers les acteurs de la coopération au dévelop-pement est lui aussi en recul. Les orga-nisations internationales telles que les Nations Unies et les ONG restent en tête. Les citoyens apprécient surtout les pro-grammes concrets. Ils sont en revanche moins favorables à l’infl uence politique et à la sensibilisation.Mais sur quelle base les Belges forgent-ils leur opinion ? En effet, les connaissances des personnes interrogées relatives aux acti-vités de la coopération au développement sont relativement limitées. Ils sont princi-palement en mesure de citer les grandes actions d’aide et les projets de moindre envergure mais ils ignorent dans une large mesure la structure de la coopération belge

au développement (ils ne connaissent ni la DGD ni la CTB par exemple) ou les formes actuelles d’aide aux pays du Sud.

Explications et solutions éventuelles

L’HIVA a identifié des raisons à la fois internes et externes permettant d’expli-quer cette baisse de popularité. Outre le système de coopération au dévelop-pement, la crise économique (réduction du pouvoir d’achat, préoccupation pour

l’avenir), la désaffection envers l’Eglise, et la baisse générale de la confi ance dans les institutions jouent très certainement un rôle dans ce phénomène. Néanmoins, le concept de coopération au dévelop-pement est lui-même remis en question. Selon l’HIVA, ce fait s’explique à travers une série de facteurs : l’impression que les résultats se font attendre depuis plusieurs dizaines d’années, le manque de transpa-rence du domaine de la coopération au

développement et de certains acteurs, le fait que les médias dépeignent majoritai-rement un tableau négatif et passent sous silence les résultats positifs pourtant bien réels et, enfi n, le sentiment d’un manque de gratitude des pays du Sud envers les efforts en matière de développement.Afi n d’apporter une réponse à ces résul-tats, l’HIVA propose, d’une part, que le sec-teur de la coopération au développement investisse davantage dans la transparence et la diffusion d’informations accessibles

à tous, renforce sa visibilité et utilise acti-vement les médias afi n que les citoyens puissent, eux aussi, prendre connaissance des résultats encourageants et, d’autre part, de donner une chance aux pratiques innovantes dans le secteur.L’étude est disponible dans son intégralité à l’adresse suivante : www.pulse-oplatform.com

REINOUT VAN VAERENBERGH

Bien que les Belges fassent encore preuve d’une profonde

empathie à l’égard de la pauvreté dans les pays du sud, la

popularité de la coopération au développement est à la baisse.

Cette conclusion ressort d’une enquête menée par le Hoger

Instituut voor de Arbeid (HIVA). Dans le cadre de la plateforme

de recherche PULSE, l’institut a interrogé 1.700 citoyens belges.

LES BELGESplus critiques envers la

coopération au développement

de is,ar

m-ur

rsp-a-este. o-he

31,7%7%%%%%%%%%44,5%

13,8%13…33,33888,, %%%%%%%

……

10%

l’ i ) l dél ff tiff l’E ilil t

8,6%

52,4%

39%

Opinions concernant le

montant du budget alloué

à l’aide au développement :

Opinions concernant la manière

dont l’argent consacré à l’aide au

développement est dépensé :

AUGMENTER

(NE SAIT PAS)

RESTER AU NIVEAU ACTUEL

BIEN OU TRÈS BIEN

MOYENNEMENT BIEN

MAL OU TRÈS MAL

DIMINUER

© DGD / Dimitri Ardelean

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 27

TENDANCES

© B

.Do

pp

ag

ne/I

mag

eg

lob

e

S.A.R. le Prince Philippe et S.A.R. la Princesse Mathilde se sont rendu au Burundi avec les ministres

des Affaires étrangères et de la Coopération au développement dans le cadre des célébrations du

Cinquantenaire de l’indépendance de ce pays.Invités d’honneur à l'occasion du défi lé national, ils ont

pris place dans une tribune offi cielle bien garnie. Durant près de huit heures, ils ont assisté à un défi lé de

représentants de la société civile suite à un lâcher de parachutistes ayant lancé les festivités dans la capitale.

Les ministres ont souligné les bonnes et intenses relations que notre pays a nouées avec le Burundi au fi l de

nombreuses années par le biais de la coopération au développement, de relations commerciales et de liens

personnels et familiaux. Le Burundi est l’un des dix pays les plus pauvres de la planète,

et la Belgique est quant à elle le plus grand donateur pour le développement de ce pays. TS

Roulement de tambour à l'occasion des 50 ans du Burundi

© Tineke Sonck

© T

ineke S

onck

© T

ineke S

onck

© T

ineke S

onck

© T

ineke S

onck

© T

ineke S

onck

© T

ineke S

onck

© Tineke Sonck

© Tineke Sonck

© Tineke Sonck

© Tineke Sonck

© Tineke Sonck

© Tineke Sonck

28 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

PAYS PARTENAIRE

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 29

Petite Dimension

En mai 2012, le Comité de la Sécurité

alimentaire de l’Organisation des Nations

Unies pour l’alimentation et l’agriculture

(FAO) a approuvé des directives destinées à

encadrer à l’échelle planétaire les achats de

terres, de forêts et de pêcheries. Ce document

fort bien conçu pourra contribuer à endiguer l’accaparement

des terres, mais les ONG restent préoccupées.

Directives des Nations Unies en matière

de droits fonciers

ONLINEwww.fao.org/nr/tenure/

voluntary-guidelines/en/

La désertification, le chan-gement climatique et les confl its sanglants entraînent la raréfaction des terres arables. En outre, des pays

tels que la Chine et l’Arabie saoudite font main basse sur les terres agricoles dans les pays pauvres afi n de préser-ver leur propre sécu-rité alimentaire. Les investisseurs privés les considèrent sur-tout comme un pla-cement (Dimension 3, 3-2011). Depuis 2000, 70,2 millions d’hec-tares de terres ont été vendus ou loués, sur-tout en Afrique noire. “En l’absence de ges-tion rigoureuse de la propriété foncière, un grand nombre de pauvres et de groupes vulnérables tels que les femmes, les anal-phabètes et les personnes âgées risquent d’être encore davantage exclus”, estime la FAO.Durant six années, autorités, entreprises privées, scientifi ques, experts et repré-sentants de paysans pauvres et de com-munautés autochtones ont débattu du texte. Les directives prévoient notam-ment des droits égaux pour les femmes en matière de propriété foncière, des systèmes transparents pour les popu-lations rurales et des droits informels, traditionnels sur les terres, les forêts et

les pêcheries. Un progrès historique, de l’avis de José Graziano da Silva, Direc-teur général de la FAO.Même si les directives sont volontaires, les Nations Unies espèrent qu’elles deviendront le cadre de référence par excellence. “Dans les pays où une volonté politique existe, les directives constituent

un cadre permettant d’œuvrer à la mise en place de droits fonciers équitables”, explique l’experte néerlandaise Thea Hilhorst. “Mais dans les pays où la volonté politique est absente, il faudra faire appel à d’autres accords internationaux.”Pourtant, le texte est partiellement désa-voué par certaines ONG, telles Oxfam et

Friends of the Earth. Celles-ci craignent qu’il n’apporte pas une réponse satisfai-sante au problème de l’accaparement des terres et déplorent que l’accès à l’eau ne bénéfi cie pas d’un statut spécial de pro-tection. Les ONG veilleront cependant à ce que les autorités concernées res-pectent les directives onusiennes et ren-forcent les droits des petits paysans.

CS

Petite Dimension

LA JORDANIE libérée des mines

E n 1993, 305.000 mines antipersonnel étaient éparpillées sur le territoire jordanien, principalement dans la vallée du Jourdain, dans la zone frontalière avec Israël et la Syrie. Depuis lors, le pays poursuit inlassablement ses opérations de déminage. En 1998, la Jordanie a signé la Convention d’Ottawa, qui vise l’interdiction mondiale des

mines antipersonnel. Des mines qui mutilent, mais ne tuent pas. Des mines qui en Jordanie ont causé d’innombrables dégâts, rendant inaccessibles terres agricoles fertiles et sites touris-tiques, comme le lieu de baptême de Jésus.La Belgique mène une lutte acharnée pour libérer la planète du fl éau des mines. C’est pourquoi notre pays a fi nancé à concurrence de 260.000 euros les opérations de déminage en Jordanie, et prévu de dégager une somme supplémentaire de 100.000 euros pour que le travail puisse être mené à terme. Les démineurs jordaniens ont également bénéfi cié d’une formation dispensée par leurs collègues de l’armée belge.Bien que 160 pays aient signé la Convention d’Ottawa, les mines antipersonnel demeurent un problème gigantesque. L’Afghanistan et l’Angola sont particulièrement touchés. Sans parler des effets dévastateurs des armes à sous-munitions (Dimension 3, 4-2011). CS

© C

hris S

imo

en

sAvril 2012 : la Jordanie est le premier pays du Moyen-

Orient à se déclarer libéré des mines antipersonnel.

Grâce au soutien de la Belgique.

C’est notamment grâce à l’aide belge que le lieu de baptême de Jésus dans

la vallée du Jourdain est redevenu accessible aux touristes et aux pélerins.

Conférence et exposition

AIDEX 2012Placée sous le thème du “nouveau

visage de l’aide”, la conférence AidEx

2012 réunira le 24 et 25 octobre les

principales agences, organisations

et fournisseurs d’aide humanitaire,

ainsi que les acteurs clés du déve-

loppement à l’échelle mondiale, pour

dévoiler de nouvelles stratégies d’op-

timisation des ressources de l’aide

au développement et discuter de

l’adoption d’approches innovantes

dans le secteur en période de crise

économique.

AIDEX 2012Lieu : Salle 6, Brussels Expo

1 Place de Belgique | B-1020

Places limitées.

Inscriptions gratuites :

www.aid-expo.com/en/

visitor-zone/

registration.aspx

7e Journées Européennes

pour le Développement

L es 7e Journées Européennes

pour le Développement auront

lieu à Bruxelles les 16 et 17 octobre

2012. Le thème principal en sera

la croissance inclusive et durable ;

la sécurité alimentaire et le sec-

teur privé en seront les thèmes

additionnels.

Plus d’informationssur www.eudevdays.eu.

30 AOÛT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 I dimension 3

Petite Dimension

L’ESSENTIELDE LA CTBEN 2011

Quelles sont les actions concrètes de la CTB sur le terrain ? Quel

est leur impact sur le quotidien des popula-tions vivant dans nos

pays partenaires ?

U ne nouvelle publica-tion, intitulée ‘Revue 2011’, vous permet

de découvrir, en un clin d'œil, les actions de la CTB sur le terrain. Cette brochure suc-cincte et richement illustrée donne un aperçu des réalisa-tions dans six secteurs de la Coopération belge.Outre cette revue 2011, la CTB a publié son Rapport annuel 2011 comprenant un rap-port administratif, un rapport d'activités et un rapport fi nan-cier. Ce rapport a été rédigé conformément à la norme GRI, un cadre de référence interna-tional de reporting développe-ment durable.

Téléchargez le rapport annuel et la

Revue 2011 surwww.btcctb.org

Importance capitaleDES MOYENS DE

CONTRACEPTION

Si cet objectif est atteint, pas moins de 100.000 grossesses non dési-rées pourraient être évitées. De plus, cette initiative devrait per-

mettre à 200.000 femmes et jeunes fi lles de survivre à la grossesse ou l’accouchement et à 3 millions de nourrissons de fêter leur premier anniversaire.Pendant le sommet, notre pays était repré-senté par Marleen Temmerman, sénatrice

et future directrice du Département de la santé reproductive de l’OMS. Depuis de nombreuses années déjà, elle milite pour attirer l’attention du public sur le planning familial et les droits de la femme dans les pays du Sud. CS

Ce 26 septembre à Bruxelles se tiendra au Palais d’Egmont un Séminaire sur les allégements de dettes en Afrique. Ses objectifs sont de montrer les particularités des opérations d’allégement de dettes évaluées, et débattre dans quelle mesure et sous quelles conditions un allégement de dette constitue ou non un instrument effi cace de développement.

ONLINEwww.londonfamilyplanningsummit.co.uk

Informer 120 millions de femmes dans les pays les plus pauvres

et leur fournir des moyens de contraception d’ici 2020, tel est

l’engagement qu’a pris la communauté internationale à l’occasion

d’un sommet sur le planning familial organisé à Londres au mois

de juillet, à l’initiative du gouvernement britannique et de la Bill &

Melinda Gates Foundation.

ALLÈGEMENT DE DETTES : séminaire international

Infos : [email protected]

© B

ill &

Melin

da G

ate

s F

ou

nd

atio

n

dimension 3 I AÔUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 31

4.6 m

0.7 m

0.24 m0.24 m44. mm

0.739 m0 739 mmm39

6.4 millions

2.06 m2 m22.06

3.6 m

mm0,00,355,30,3335 5

Nombre de personnes vulnérables par pays

Déplacements de populations dus au conflit au Mali

Zones affectées par la sècheresse

et une insécurité alimentaire critique ou extrême

Conflit armé ou actions terroristes

LYLYLYBIBIBIEEEE

ALAL ÉGÉGÉRIRIEE

MALI

TCHAD

NIGER

NIGERIA

MAURITANIEMAURITANIE

GABON

GUINÉE

CONGO

CAMEROUN

GHANA

SÉNÉGAL

CÔTED'IVOIRE

BÉNIN

BURKINAAURKKINABU

FASO

LIBERIARIA

TOGO

SIERRAS ALEONE

GUINÉEBISSAU

GAMBIE

SAS HARAROCOCOCCICICIDDEDEDEDENNTNNTNTALALALEEE

Source : OCHA (United Nations Offi cefor the Coordination of Humanitarian Affairs)

D e manière chronique, l’insécu-rité alimentaire et la malnutri-tion affectent une part impor-

tante des populations du Sahel. Plusieurs événements sont venus aggraver cette vulnérabilité :• Des pluies tardives et mal réparties en

2011, se traduisant par des récoltes enregistrant de forts défi cits dans cer-taines régions et affectant le cheptel.

• Les prix élevés des denrées alimen-taires et la perte de transferts de fonds venant de certains migrants.

• Une période de soudure ayant débuté plus tôt que d’habitude.

• Et enfi n le confl it et l’insécurité au Mali, exacerbant les vulnérabilités sur le plan régional.

Conséquences :• 18,7 millions de personnes affectées

dans les pays du Sahel et la Gambie.• Plus d’un million d’enfants de moins de

cinq ans menacés cette année de mal-nutrition aigüe sévère et trois millions de malnutrition aigüe modérée.

Un engagement nécessaireSans un engagement durable de la part des gouvernements et des partenaires du développement, les pays du Sahel continueront de payer le lourd tribut de la malnutrition qui handicape chaque jour davantage les efforts consentis pour leur développement.La Coopération belge s’efforce d’amélio-rer cette liaison entre l’aide d’urgence et l’aide au développement, afi n de favoriser la viabilité à long terme de son aide huma-nitaire apportée. Dans le prochain numéro, un dossier sera consacré plus largement aux différents enjeux cruciaux pour la sur-vie de millions de personnes.

JT

AU SAHEL

DGD - DIRECTION GÉNÉRALE

COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT

Rue des Petits Carmes 15 • B-1000 Bruxelles

Tél. +32 (0) 2 501 48 81 • Fax +32 (0) 2 501 45 44

E-mail : [email protected]

www.diplomatie.be • www.dg-d.be