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ÉditionoriginaleparueauxÉtats-Unisen2012sousletitreMarco’sRedemptionparLyndaChance.

PubliéparAmazonCrossing,AmazonMediaEUSARL

5,ruePlaetis,L-2338,LuxembourgOctobre2015

Copyright©Éditionoriginale2012

parLyndaChanceTousdroitsréservés.

Copyright©Éditionfrançaise2015traduiteparKévinDaumié

Conceptiondelacouverturepar:bürosüdoMünchen,www.buerosued.de

ISBN:9781503946217

www.apub.com

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Àtousmesmerveilleuxlecteursetlectricesquiontréclaméunhommeencostume.J’espèrequevousappréciereztousMarco.

Enfinetsurtout,àSuzanneetClayton.Merciàvouspourl’aideprécieusequevousm’avezapportéeàtouslesniveaux.

Maisplusimportantencore,mercidem’avoiraidéeàpubliercelivre.Jesavaisbienqu’avoirunepairedemordusd’informatiquesouslamains’avéreraitunjour

pratique.N’oubliezjamaisquevotremamanvousaime.

EtpourClayton,maintenantetàjamais.

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TABLESDESMATIÈRES

CHAPITRE1CHAPITRE2CHAPITRE3CHAPITRE4CHAPITRE5CHAPITRE6CHAPITRE7CHAPITRE8CHAPITRE9CHAPITRE10ÉPILOGUEÀPROPOSDEL'AUTEUR

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CHAPITRE1

Aumilieude l’abondantecirculationquisévissaitencetteheuredepointe,MarcoDonatiécrasasapédalede frein et entendit un crissementdepneus accompagnéd’unbruit d’entrechocmétallique ;exactement aumême instant, il ressentit une violente secousse venant de l’arrière de sa voiture. Ilsoupiraensedirigeantverslabanded’arrêtd’urgencedupériphériqueetattenditquelavoiturequil’avaitemboutifassedemême.

Marmonnantquelquesjuronspourleretardetl’emmerdementquecelaallaitluicauser,iljetaun œil dans son rétroviseur et vit la petite voiture s’insérer sur la bande d’arrêt d’urgence puiss’arrêterderrièrelui.

Il ne pensait pas que l’impact avait été suffisamment important pour que l’autre conducteursoitblessé,maisilsortittoutdemêmedesavoiturepours’enassurer.

Ilenprofitapour inspecterbrièvement lepare-chocsmutilédesonAudiA8flambantneuvequiétait, ilyaencorequelquesminutesdecela, totalement immaculée.Lagrosse tracedepeinturevertefluorescentequisouillaitdésormaislenoirnacrébrillantétaitunevéritableinsulteauxlignesélégantesdesavoiture.

Tandisqu’ils’approchaitducôtéconducteurdelavieilleberline,Marconevitqu’uneseulepersonne à son bord, une jeune femme, et avec un geste de la main exagéré, il lui fit signe dedescendresavitre.

Laconductrices’exécutaetMarcoremarquaqu’elleétaitencoreblanchedepeur.Ilnepouvaitpas voir ses yeux, ces derniers étaient cachés par d’énormes lunettes de soleil qui dominaientpratiquementl’intégralitédesonpetitvisage.

Iln’avaitvraimentpasletempspourcesconneries.«Est-cequeçava?»demanda-t-il.Lajeunefillesemblaitquelquepeutremblante,maispasblessée.«Oui.Vousnem’avezpasblessée.—Jenevousaipasblessée?Vousm’avezcomplètementembouti,répliqua-t-ilsèchement.—Vousavezfreinétropbrusquement!—Nonmaisvousplaisantez?Noussommessurlepériphérique,etenpleineheuredepointe.

Réveillez-vous !Donnez-moi les coordonnéesdevotreassuranceet lenumérodevotrepermisdeconduire,qu’onpuissetouslesdeuxpasseràautrechose.»

Elle continuaà le regarder, sa lèvre inférieure tremblante ;Marco sedit alorsqu’elle avaitl’airextrêmementjeunebienqu’iln’arrivâtpasàidentifiercequiluidonnaitcetteimpression.Ellepouvaitêtreuneadolescente,oubienunefemmetoutcequ’ilyadeplusadulte.Illuiétaitimpossible

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delesavoiraveccesénormeslunettesdesoleilquicouvraientsesyeux.Iltransféranerveusementsonpoidsd’unpiedàl’autretandisqu’unsentimentdemalaisecommençaitpeuàpeuàs’emparerdelui.Iln’yavait absolumentaucune raisonpourqu’il se sentecoupabledecequivenaitde sepasser. Iln’auraitrienpufairepouréviterlacollision.

«Jemerendsbiencompteque,techniquement,jesuisentort,maisj’ai…»Elle s’arrêta de parler lorsqu’un poids lourd passa à côté d’eux à vive allure. Sa voix était

faible, ses yeux restaient figés sur la circulation défilant à toute vitesse et elle ne bougeait pas lemoindrepetitdoigtpourrassemblerlesdocumentsqu’illuiavaitdemandés.

Sentantsesmusclessetendreetsamâchoireseserrer,Marcodécidasoudainqu’iln’allaitpasse laisseramadouerparunvisageséduisant ; il sortit son téléphonedesapochepuiscommençaàcomposerunnuméro.

«Attendez.»Cetterequêtesemblaitvenirducœuretilfitlastupideerreurdes’interromprepourregarder

sonvisageunefoisdeplus.«Vousappelezqui?demanda-t-elleenmurmurant.—Lapolice.»Ces mots sortirent abruptement avant que ses lèvres ne retombent en une fine ligne

inexpressive.«Nefaitespasça,s’ilvousplaît.»Celatournaitàlaprière,etMarcosesurpritàserrerlesdentspourluirésister.«Pourquoijem’abstiendrais?Quid’autrevapayerpourcetteconn…»Ilévaluaànouveaul’âgepotentieldesoninterlocutriceetchangeafurtivementdevocabulaire.«Quid’autrevapayerpourlesdégâtscausésàmavoiture?»Il examina rapidement les vêtements qu’elle portait et essaya de déterminer l’année

approximative de sortie de son véhicule. Tout ce qu’il voyait indiquait clairement un manqued’argent. Il l’avait dans le cul. Elle n’avait probablement même pas d’assurance de responsabilitécivile.Faireintervenirlapolicepermettraittoujoursdeconfirmerqu’elleétaitentort,garantiraitquesonassurance–sielleenavaitune–paieraitlesréparations,etilsesentiraitbienmieux.

Levisagedelajeunefemmepâlitetellecommençaàsecouerlatête.«Onvas’arranger,jevouslepromets.Maisn’appelezpaslapolice.S’ilvousplaît.Çanefera

qu’empirerleschoses.»Ilhésitajusteuneseconde.«Peut-êtrequevousdevriezappelervotrepère.»Ellesefigeaetsonexpressiondéjàtenduesedurcitdemanièrepresqueimperceptible.«Jen’aipasdepère.C’estlavoituredemoncousin.»Deux larmes semirentàcouler sur sonvisageet elle s’empressade lesessuyer, essayantà

l’évidence de se ressaisir.Ces pleurs faisaient d’elle un être douloureusement fragile, et de lui unsacréconnard.Marcohésitaencoreundernierinstantfatidiqueenlaregardant,sestripesnouées.S’ilappelaitlapolice,celaaggraveraitsansaucundouteleschosespourelle.Ilétaitunpeuabasourdidesesentirdésolépourelle;maisenmêmetemps,ilseméfiaitd’uneéventuellemanipulation.

«Laissez-moijeterunœilàvotrepermisdeconduire,»dit-ild’unevoixquin’étaitquetrèslégèrementadoucie.

Ellesepenchaetcommençaàfouillerdansunsacàmainquiétaitpresqueaussivieuxetuséquesavoiture.Aprèsavoirfinalementmislamainsurcequ’ellecherchait,elleleluidonna.

En regardant le permis, Marco remarqua immédiatement certaines choses. Son nom étaitNatalieLambertetellen’étaitenréalitépasaussi jeunequ’elle leparaissaitaupremierabord.Elleavaitvingt-quatreans.Àl’instantprécisoùilcalculasonâgeàpartirdesadatedenaissance,ilsentit

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unchangementsoudaindanssatempératurecorporelle.Cen’étaitpasunefille;c’étaitunefemme,etillaregardaànouveauavantdelirelerestedesdonnées,sedemandanttoujourscequipouvaitbienlafaireparaîtresijeune.Maintenantqu’ilconnaissaitsonâge,c’étaitplusfacileàdéterminer.

Lerestedesinformationsétaitbasique.Ellehabitaitàlacampagne,sesyeuxétaientbleus,elleavaitdonnésonaccordpourquesesorganessoientutilisésencasdedécès,etellemesuraitunmètresoixante.

Oh,bordel…unmètresoixante.Ilavaittoujourseuunfaiblepourlesfemmesdepetitetaille.Ilrefusaitcatégoriquementdese

l’avouer,maisilavaittoujoursuneréactionviscérale,voireprimitive,faceàcegenredefemmes;c’étaitd’autantplusvrailorsqu’ellesavaientdebeauxcheveuxsoyeuxetsemblaienttotalementsansdéfense,cequiétaitlecasdesoninterlocutrice.Ils’agissaitlàd’unréflexe,d’uneréactiond’hommedescavernes,mais iln’avaitabsolumentaucuncontrôlesurcela.Etoui,c’étaitquelquechosequ’iln’avait encore jamais réussi à admettre ou à assumer. Ce n’était pas politiquement correct, celan’avaitriend’intellectuel,c’étaitpurementprimitif,maisc’étaitlà,etputain,bienprésent.Ils’agissaitd’une pulsion qu’il avait presque toujours refoulée parce qu’il n’aimait pas que ses partenairesdeviennent trop intimes avec lui. Mais il était clair que ses fantasmes comprenaient toujours unepartenaire de petite taille, et l’idée de se glisser dans unminuscule orifice nemanquait jamais del’exciter.

Il éprouvait encemomentmêmecetteexcitationalorsqu’il la regardait, assise sagementetnerveusementderrière levolantdesavoiture,attendantqu’ilprenneunedécisionquipourraitbienavoiruneincidencesursavie.

Unechaleurincendiairesepropageadanssesveines.Ilnepouvaitpasvoirgrand-chosed’ellederrièrecesfichueslunettesdesoleiletilétaitàdeux

doigtsdeluidemanderdelesretirer;c’étaitpourl’instantlaseuleoptionquis’offraitàluipourvoirunpeuplus de sa personne.Ses cheveuxde longueurmoyenne étaient ébouriffés et d’une couleurbrunâtrepastrèsgracieuse,maisellelevaitlesyeuxversluiavecunsubtiltremblementperceptiblesur ses lèvres incroyablement pulpeuses, et bien qu’en rogne à propos de sa voiture, il tentait deréprimerunesacréeérectionainsiqu’unesatanéeenviedelaprotégerdecettesituationdanslaquelleelles’étaitmise.

Il secoua la tête, consterné par sa propre réaction face à elle. Ce n’était vraiment pas lemoment.

Il cessa de l’observer pour regarder la circulation, puis il se retourna vers elle, laissantéchapperunprofondsoupirqu’ilréprimaitdepuislongtemps.

«Voilàcequ’onvafaire.Onvaallersegarersurleparkingquiestàquelquescentainesdemètresd’icietonvaessayerdetrouverunesolution.Sicetteoptionnevousconvientpas,j’appellelapolice.

—Non,pasdeproblème.Jevoussuis,accepta-t-ellerapidement.»Aulieudeleluirestituer,Marcoglissalepermisdeconduiredanssapoche;ilseretourna

ensuiteverssavoitureets’installaprestementderrièrelevolantavantdes’insérerdanslacirculation.Il garda unœil attentif sur son rétroviseur pour s’assurer qu’elle n’allait pas se tirer,mais

commepromis,ellesemblaitlesuivre.

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Profitant de ce répit temporaire,Natalie poussa un soupir de soulagement et suivit cet homme encostume, beau commeun dieu, jusqu’au parking de l’hôtelHoliday InnExpress qui se trouvait enborduredupériphérique,àquelquesmètresàpeinedel’endroitoùilsétaiententrésencollision.Elleprituneprofondeinspirationpourcalmersesnerfs.Ilyavaitaumoinsunechancepourqu’elles’ensorte sans avoir affaire à la police.C’était dumoins ce qu’elle espérait.Àmoins qu’il ne changed’avis.

Ellesegaraàcôtédeluietessayadedéfroissersachemisetoutendescendantdesavoiture.Ilse tenait déjà là, debout entre leurs voitures, en train de parler au téléphone ; elle essaya alorsd’écouter discrètement sa conversation. Il ne semblait pas être au téléphone avec la police, Dieumerci,maisildemandaitàquelqu’und’annulersesrendez-vousdel’après-midi.

Ohbonsang.Elleluiavaitfaitmanquerquelquechosedeprobablementimportant.Unautrepoint en sa défaveur. La situation pouvait-elle encore empirer ? En cemomentmême, sa vie étaitmerdique.Vraimentmerdique.

«VDM,murmura-t-elledanssabarbealorsqu’ilmettaituntermeàsonappeltéléphonique.»Ilsetournapourluifairefaceaveccetairrenfrognéquisemblaitnejamaisdevoirquitterson

visagedemarbre.«Pardon?—Non,rien,fit-elleenrougissant.—Répondez-moi.Qu’est-cequevousvenezjustededire?»Illaregardaitenplissantlesyeux.«VDM,répéta-t-elledoucement.»Faceàsonmanquederéaction,ellepoursuivitd’unevoixplusforte:«Voussavez,viedemerde?»OhbonDieu,maintenantilallaitpenserqu’elleétaitgrossière.Unepauvrefemmestupideet

ridiculenesachantpasconduireetayantlevocabulaired’uncharretier.Bienjoué,Natalie.Ilfronçalessourcilsenlascannantduregard.«Jenel’aijamaisentendue,celle-là.—Voussavez,commelesiteInternet…Viedemerde?»Il continuaà la regarder avecunair inexpressif et elle essayaalorsde changerde sujet, se

rendantbiencomptequ’unhommedesonenvergureavaitprobablementmieuxàfairequedetraînersurInternetàconsultercegenredesitesprincipalementaniméspardesadolescents.

«Peuimporte.Çaveutjustedirequemavieestàchier.Vousl’avezdéjàentendudire,ça?»Elle n’avait pu contenir un soupçon de sarcasme. En le regardant, avec sa carrure, sa

masculinité et son sex-appeal, elle s’imagina qu’il n’avait jamais dû passer une seule mauvaisejournéedesavie.Àmoinsquecettemauvaisejournéesoitenfinarrivée,àcaused’elle.

«Sivousaviezétéplusattentive,vousnem’auriezpasdéfoncépar-derrière,»laréprimanda-t-ilsévèrement.

Il fit un pas vers elle etNatalie fut soudainement frappée par sa très grande taille. Elle futégalementfrappéedevoiràquelpointilétaitsexy.Pourquoin’avait-ellepasremarquéàquelpointilétaitsexy?Ellen’avaitjamaisvraimentressentid’attirancepourleshommesencostumeauparavant;ellen’étaitpasd’unegrandevilleetn’avaitjamaistrouvéçacharmant,elleétaitplutôtdugenrejeanWranglersetbottes.Maisalorsqu’il se tenaità soixantecentimètresd’elleetque lesmotsdéfoncépar-derrièrerésonnaientencoredanssesoreilles,unfrissondechaleursexuelleglissalelongdesacolonne vertébrale et se mêla à l’appréhension induite par la situation. Elle prit une profondeinspirationetessayastoïquementdecacherlefrisson.

Elledéglutitdifficilementetleregardaluitendresamain,commeauralenti.«MarcoDonati.»

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Savoixétaitimpérieuse,professionnelleetparfaitementcontrôlée.Trèslentement,elleplaçasamaindanscelledeMarco.«NatalieLambert.—J’aimeraispouvoirdirequec’estunplaisirdevousrencontrer,mais…»Il laissa sa phrase suspendue, suggérant qu’il n’éprouvait rien d’autre que du plaisir en ce

momentmême,maislamainquitenaitcelledeNatalieracontaitunehistoiresensiblementdifférente.Sesdoigtsagrippaientlessiensenunepoignedefer,retenantsamainbientroplongtempspourquecelaseveuilleréconfortant.

Elle retira vivement samain. Il avait un toucher chaud, brûlant, et elle ressentit soudain lebesoin de s’éloigner un peu de lui. Elle se retourna et fit quelques pas vers la portière du côtépassagerdesavoiturequ’elleouvrit,retenantinconsciemmentsonsoufflealorsqu’ellecommençaità fouiller la boîte à gants pour trouver les papiers d’assurance de Justin. Elle sortit une pochetteplastiquetransparentequicontenaitcequ’ellecherchait.C’estalorsquesesyeuxtombèrentsurladated’expiration, deuxmois auparavant. Elle se sentit alors submergée par un flot de peur bien réelleainsiqueparlesentimentdedépendre,corpsetâme,del’hommeenfaced’elle.

Elle était figée, comme clouée sur place, mais elle savait bien qu’elle devait à nouveaul’affronter.Ellesortitdelavoitureenemportantlespapiersetlesluidonna.

« Je dois appelermon cousin,maismon téléphone n’a plus de crédit, annonça-t-elle aussicalmementquepossible.»

Marco essaya de se débarrasser de l’image que lui avait offert son cul parfait lorsqu’elles’étaitpenchéedanslavoiture;ilseconcentrasurcequ’elledisait.

«Plusdecrédit?»Pourlui,toutlemondepossédaitunabonnement,depuislesjumeauxdesoncousinâgésdesix

ansjusqu’aupersonneld’entretiendesonbureau;toutlemonde,quoi.«J’aiépuisétoutesmesminutesdecommunication.Voussavez,c’estunecarteprépayée.»Lasituationdelajeunefillenecessaitdes’aggraver.Marcogrimaçaetsortitsontéléphonede

sapochepuisleluitendit.«Jevousenprie.»Natalie prit le portable entre ses doigts tremblants. Son téléphone était encore chaud de la

chaleur de son corps, et elle ne put réprimer un petit frisson tout en composant de mémoire lenumérodesoncousin.

Ellesetournalégèrementetpressaletéléphonecontresonoreilletoutenenroulantsonautrebrasautourdesataille,prenantainsiuneposturedéfensivequ’illuiétaitimpossibledecacher.

Justinréponditàlatroisièmesonnerie;ilétaitàboutdesouffle.«Ouais?—Justin,c’estmoi,Natalie.»Elle savait bien que sa voix tremblait et queMarco Donati se tenait à seulement quelques

mètresd’elle,entraindelaregarder,contenanttantbienquemalsacolèregrandissante.«Quoideneuf?Jemontedansl’hélicoptèredansunevingtainedesecondes.»Soncousintravaillaitsuruneplate-formepétrolièreaulargedescôtesetNataliesavaitqu’il

seraitabsentplusieursmois.Elles’empressadeluiexpliquerlasituation.«J’aieuunaccident.Jevaisbien,maisc’étaitdemafauteetl’assuranceestexpirée.—Etmerde!»Sonjuronlapoussaàdécollerletéléphonedesonoreille.Natalierepritaveclemêmedébitrapide:«Jesuistellementdésolée.Tum’asditquejepouvaislaconduire.Elleestassurée,non?Tu

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as juste oublié demettre la nouvelle quittance d’assurance dans la boîte à gants ? demanda-t-elle,pleined’espoir.»

Lavoitureétaitvieilledequatorzeans,etellesavaitqu’ilnelagardaitquepourdépanner.Ilconduisaitunpick-uptoutneufetluiavaitditquelavoitureétaitjusteassezfiablepourqu’elleailleenvilletrouveruntravail.

«Nat, je suis désolé. J’ai bien vérifié le niveau d’huile et la pression des pneus,mais j’aioubliéquejedevaisaussiregarderpourl’expirationdel’assurance.»Etmerde.

Ellefermalesyeuxetsesdoigtsblanchirentensecrispantsurletéléphone.«Qu’est-cequejefais?demanda-t-elleenchevrotant,pleined’incertitude.—Faiscequetupeux,Natalie.Tuaseuunaccidentavecqui?Quelgenredevoiture?—Jen’ensaisrien.Lavoitureàl’airflambantneuve,etelleestvraimentbelle.Sonregardseportasurlavoiturenoire,puissurl’hommequisetenaitàcôté.—Sonnom,c’estMarcoD…Donati.—Donati?CommelabanqueDonati?demandasoncousin.—Jen’enaiaucuneidée.—Écoute, jedoisy aller. Jedétestevraiment t’abandonner commeça.Dis-luiquec’estma

voiture et que jem’en occuperai.Que tu vas le dédommager, aussi.N’aggrave pas la situation enessayantdenierquetuesentort–d’ailleurs,tuesbiensûrequec’estdetafaute?

—Jel’aiemboutipar-derrière,dit-elled’untonrésigné.—D’accord.Faisremorquerlavoiturejusquechezmoi.Nelaconduisplusjusqu’àcequeje

lafasserépareretassurer.—D’accord,merci.Soisprudent.—Merci,toiaussi.»Natalieraccrochapuiss’approchalentementdeMarcoDonati;elleluitenditletéléphoneen

évitantsoigneusementderencontrersonregardalorsqu’unintensesentimentdesolitudelafrappait.Elle savait que Justindevait partir, il devait biengagner savie.MaisNatalie étaitmaintenant seuleaveclapetiteamiedeJustin,etcettedernièredétestaitNatalieparcequ’elleétaitjaloused’ellemalgréle fait que Natalie et Justin soient cousins. La situation chez Justin ne s’annonçait pas des plusamusantes.

SamèreluimanquaitetelleneparvenaitpasàsefaireàHouston.MarcoDonatipritletéléphoneetleglissadanssapoche.«Pasd’assurance?demanda-t-ild’unevoixfroideetinexpressive.»Elle secoua la tête et essaya d’affronter son regard tout en luttant contre la culpabilité et

l’humiliationquil’accablaient.«Jesuisdésolée.Jevaismedébrouillerpourvousrembourserlesfrais.»Marcocroisalesbrassursapoitrine,seslèvresesquissèrentunsourireméprisantetsesyeux

devinrentfroidsetinexpressifs.«Non,c’estfaux.Soyonsaumoinshonnêtesàcesujet.—Jevousrembourserai.Vraiment.— Est-ce que vous avez la moindre idée de la valeur de cette voiture et de l’ampleur des

dégâts?»Cessantdeleregarderdanslesyeuxetaveclasensationqu’unrochervenaitd’êtredéposésur

son sternum, Natalie examina le véhicule de Marco avec plus d’attention. Elle n’y connaissaitabsolumentrienenvoiture,maistoutàcoup,sasituationdéjàdifficileétaitentraindevenirbien,bienpire.Elleseretournaversluiets’humectaleslèvres.

«Euh,çavautplusqu’uneCorvette?murmura-t-elle.—Heu,ouais,rétorqua-t-ilavecunepointedesarcasmeetd’agacement.»

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Nataliefermalesyeuxbrièvement,puislesrouvrit.Lestresscommençaitàluidonnermalàlatête.Aprèsavoirglisséseslunettesdesoleilsurlesommetdesatête,ellepritquelquessecondespourmassersestempes.Sachanttrèsbienqu’elleétaitmaintenantcoincée,ellelevalesyeuxversceuxdeMarco.

«Est-cequ’onpeuts’arranger?»

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CHAPITRE2

MarcoobservacommeauralentilesdoigtstremblantsdeNatalierelevantleslunettesdesoleilsurlesommet de sa tête. Il se figea et attendit qu’elle le regardedans les yeux, une soudaine impatiences’emparantdelui.Quandilputenfinvoirsesyeux,sestripessetordirent.

Il fut alors violemment frappé par une vague de désir, et s’il avait cru à un endroit tel quel’enfer, il l’aurait sans aucun doute retrouvé dans l’état où il se trouvait. Combinée à la beautéécrasantedesesyeux,laquestioninnocentedelajeunefemmeavaitprovoquéuneréactionphysiquetellement violente que oui, c’en était véritablement infernal. Alors qu’il la regardait, immobile etincroyablement frêle, avec son jean effiloché et ses chaussures de tennis, la beauté de son visagesoudainévidente,deuxchoseslefrappèrentsimultanément:ilnesesouvenaitpasavoirjamaisdésiréunefemmeaussirapidementetavecautantd’ardeur,etlepermisdeconduiredeNatalienedisaitpaslavérité.

«Vousnemesurezpasunmètresoixante.»Elleclignadesyeux.«Si.—C’estdesconneries.»Elle était plus petite que cela, et le corps de Marco commençait à crier plus fort encore,

suppliant son cerveau d’agir. C’était comme si deux personnalités diamétralement opposéess’affrontaienten lui.Ses tripeset saqueueavaientenvied’elle, terriblementenvied’elle,mais soncerveauluttaitcontrecela.Quantàsavoirquelorganeauraitlederniermot,c’étaitdupileouface.

Saisie d’une profonde indignation, elle se redressa et tira ses épaules en arrière, pleine dedétermination.

« Mon permis de conduire indique que je fais un mètre soixante, alors je fais un mètresoixante.»

Marco pouffa de rire face à son audace ; se faisant, il se blinda contre l’envie presqueincontrôlabledetendrelebraspourtoucherlepetitrenflementdesesseins.

«Vousavezdoncmentiàlapréfecture.Etjesuiscensévouscroirequandvousditesquevousallezmedédommager?interrogea-t-ild’unemanièrequelquepeumenaçante.

—Jevaisvousdédommager,jelejure!»L’excitationdeMarconefitques’amplifierlorsqu’ellerépétasesmots,lestransformantsans

levouloirenuneallusion.Ilnepouvaits’enempêcher,ildevaitlatester.«Est-cequevoussavezaumoinscommentmedédommager?»Sesyeuxs’écarquillèrentetsabouches’ouvrit,puissereferma,puiss’ouvritànouveau.

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«Envous…envousremboursant,bégaya-t-elle.»Marco luttait contre son excitation tout en examinant Natalie. Elle avait bien compris son

allusion,maiselleavaitchoisidel’ignorer.Celatrahissaitcertaineschosesàsonsujet.Celatrahissaitqu’elle n’avait pas l’intention de payer sa dette de cettemanière, et cela signifiait que si elle avaitréagicommecelaàl’âgedevingt-quatreans,ellen’avaitprobablementquepeud’expérience.

Ilnesavaitpassicelaluiplaisaitouledécevait.IlcouchaitoccasionnellementavecunefemmedunomdeTanya,laquelleaimaitàpenserqu’elleétaitsapetiteamiealorsquelui,nelaconsidéraitabsolument pas comme telle. Elle lui tapait de plus en plus sur les nerfs, avec ses exigencescroissantes,etilsavaitqu’ilnerestaitquepeudetempsavantqu’ellen’atteignesadated’expiration.En fait, elle l’avaitmême déjà atteinte. Se débarrasser d’elle ne serait pas facile ; elle deviendraitprobablementfollederage.Maisellen’habitaitpasaveclui,aucunefemmen’avaitjamaisvécuaveclui,etlorsqu’ilseraitprêtpourcela,illaferaitrapidementdisparaîtredesavie.

Iln’imaginaitpas,mêmel’espaced’uneminute,quecettefilleenfacedeluipuissemaintenirsonattention sur le long terme ; aucune femmen’yétait jamaisparvenue, celle-cinepouvait faireexception.Elleneseraitclairementpas tailléepoursonmondesidésinvolteetdépravé,et il savaitqu’iln’étaitpas suffisammentcruelpour l’exposeràcedernier ; il ressentait en faituneprofondecolèreàl’idéedeternirsonévidenteinnocence.Maisilyavaitquelquechosedetrèscaptivantchezelle,quelquechosequiélectrisaitsesentrailles,quelquechosequineluipermettraitpasdelalaisserpartircommecela.Etpourtant,ilenavaittoutàfaitlesmoyens.Iln’avaitnulbesoindesonargentoudesonassurance;faireréparersavoitureseraitpénible,toutauplus.Maisilnevoulaitpaslalaisserfiler.Celapouvaitparaîtremalaviséoumêmemalsain,maisilyavaitquelquechosechezelleetdansl’érectionférocequ’elleavaitdéclenchée,quilefaisaitagircontreseshabitudes;etmêmes’ils’enrendaitcompte,iln’essayaitpasmêmedeluttercontre.

Ilvoulaitensavoirplussurelle.«VousvivezàVidor?»Ilnommalavilled’aprèscequ’ilavaitlusursonpermisdeconduire.« Plus maintenant. Ma mère et son compagnon y vivent toujours, mais j’habite chez mon

cousinletempsdetrouveruntravailici.»Àl’évidence,«ici»signifiaitHouston,etilsavaitmaintenantqu’ellen’avaitpasd’assurance,

pasderevenu,etprobablementpasd’argentdutoutpourréparerlesdommagesqu’elleavaitcausés.«Bonalors,vousproposezquoiexactement?demanda-t-ildédaigneusement,seréférantàce

qu’elleavaitditprécédemment.—Jepeuxcommenceràvousverserdel’argentdèsqueje trouveunboulot,proposa-t-elle

rapidement.»Marco prit une profonde inspiration et leva les yeux au ciel en signe de dégoût. Elle dut

imaginerquesonagacementallaitsetraduireparunappelimmédiatàlapolice,carellerecommençabrusquementàparler,essayanttantbienquemaldelecalmer.

«Enattendant,jepeuxfaireleménagechezvous,fairevotrelessive.Jepeuxmêmepréparerdes repas et les congeler pour vous… vous savez, au lieu de vous donner de l’argent pourl’instant?»

Savoixétaitbassemaisfrénétique,etcettenervositéapparentedéclenchaunenouvellevaguede chaleur sexuelle enMarco. Il l’imagina dans sa maison, à faire le ménage et à essayer de lecontenter,etcettevisionpassadirectementdesoncerveauàsonentrejambe.Oh,oui.Jesuisunvraisalaud.

«Del’aideàdomicileenguisededédommagement?—Oui.»Ellemaintintsonregardpendantdeuxsecondes,puisbaissalesyeuxverslesol.

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Ilcontinuaàlaregardertoutenréfléchissantàsaproposition.Celaluipermettraitdel’avoiràproximité ; c’était certain. Il essayade toutes ses forces,mais envain, d’ignorer l’incendie faisantrage dans son pantalon, et qui le poussait à accepter immédiatement. Une entreprise de nettoyagevenaitdéjàchezluiunefoisparsemaine,etleurvenueétaitprévuepourlelendemain.Sixjoursaprèsleurdernièrevisite,samaisonétaittotalementendésordre,commed’habitude.Ilpritrapidementladécisiondesuspendrelesrendez-vousfixésavecl’entreprisedenettoyageetdelafaireprisonnièredecettepropositionavantqu’ilnechanged’avis.

«Danscecas,vousallezdevoircommencerdèsaujourd’hui.Sivousêtessérieuseàcesujet,etquevousnevoulezpasquelapoliceintervienne…»

Tuirasenenfer,Donati.«…Vousdevezmeprouvervotrebonnefoiencommençantaujourd’hui.J’aideschosesde

prévuespourceweek-endettoutdoitêtreimpeccablechezmoi.Vouscomprenez?—Oui.D’accord,mais…—Vousn’êtesvraimentpasenposition,Natalie.»Ellesepassalalanguesurleslèvres.«Jesais,c’estjusteque…—Justequequoi?demanda-t-ilsombrement.»Illaregardaprendreuneprofondeinspirationqu’ellemaintintunesecondeavantd’expireren

haletant.Elleleregardaalorsdroitdanslesyeux,leregarddéterminé.«C’estjusteque…jenevousconnaispas.Jeveuxvousdédommager.Jeferaidubontravail,

jelepromets,maisjenevousconnaispasetje…jedoisêtreprudente.»Elleprituneautreinspirationrapidequ’elleexpiraenunsoupir,puisellebaissalesyeux.Marcol’examinapendantuninstant.«Est-cequevousavezpeurdemoi?»Il n’avait pas vraiment vu les choses sous cet angle,maismaintenant qu’il y pensait, il ne

pouvait pas lui envouloir d’être quelquepeu effrayée.Elle serait stupidedepartir avecunparfaitinconnudanslebutd’êtreséquestréeetconfinéechezlui.

«Oui.C’estjusteque…»Ill’interrompit.«Ouais,jesais.Gentillefille.»Illuitenditsontéléphoneunefoisdeplus.«Qu’on en finisse avec ça.Appuyez sur le quatre et demandez àparler avec Joy.C’estma

cautionpersonnelle.»

Natalie enfonça la touche du chiffre quatre et pressa le téléphone contre son oreille tout en sedéplaçantlégèrementpourneplusêtrefaceàMarco.

Quelqu’unréponditàlapremièresonnerie.«Donati,servicesetplacementsbancaires,bonjour.Enquoipuis-jevousaider?»demanda

unevoixfémininesuaveetprofessionnelle.Natalie se sentit nerveuse en entendant cela. Son cousin avait donc raison. Elle regarda

furtivementMarcoDonati,puisdétournaànouveausesyeux.«JesouhaiteraisparleràJoy,s’ilvousplaît.

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—Patientezuninstant,jevousmetsenrelationavecladirection.»Ladirection.Merde.«Merci.»Natalieécoutaunemusiquedoucependantenvironcinqsecondes.«BureaudeMarcoDonati,j’écoute.»Unefoisdeplus,leregarddeNatalieseportasurceluideMarcoetelleconstataalorsqu’il

l’observaittrèsattentivement.Sesyeuxmarronfoncéscannaientlestraitsdesonvisage,etilsetenaitdebout de manière indolente, comme s’il avait toute la journée devant lui. Ce type était de touteévidencequelqu’und’important.Etmerde.UnputaindePDG.Maiscelanesignifiaitpasforcémentqu’ellepouvaitluifaireconfiance,n’est-cepas?

«Pourrais-jeparleràJoy,s’ilvousplaît?—C’estmoi-même.—Oh.Bonjour.Jem’appelle…»Ohbonsang,ilm’atellementchamboulée.Quelestsonnom,déjà?«…NatalieLambert.Etje…j’envisagedeprendreMonsieurDonaticomme…»Sonespritcherchafrénétiquementquoidire.«…commeclient.Ilrecherchequelqu’unpours’occuperdel’entretiendesondomicileetil

vousaprésentéecommeétantsacaution.»Natalie regarda à nouveau endirectiondeMarco ; sonpetit sourire narquois ainsi que son

sourcil diaboliquement levé firent battre le cœur de Natalie plus rapidement. Elle terminapromptementenformulantsaquestion.

« Pensez-vous que son domicile constitue un environnement de travail sécurisé ? Ce n’estpas…uncriminel,n’est-cepas?

—Marco?Uncriminel?Nooon. IlestPDGdecettebanque,unpatronrêvéetunvéritablegentleman ; c’est quelqu’un de confiance dans absolument tous les domaines, y compris pour dessecrets d’État. Alors oui, je me porte garante pour lui. Est-ce que je peux vous aider pour autrechose?

—Non,mercibeaucoup.»NatalieraccrochaetrenditletéléphoneàMarco.«Vousavezpasséletest.—C’estbonàsavoir,dit-il,impassible.»Aulieudeglisserletéléphonedanssapoche,ilcomposaunautrenuméroetdemandauntaxi

ainsiquedeuxdépanneuses.Natalieessayadel’interromprepourluidonnerl’adressedeJustin,maisc’étaitimpossible.Il

continuaàparleretnesetournaversellequ’aprèsavoirraccrochéetmisletéléphonedanssapoche.«Quoi?— Justin m’a demandé de la faire remorquer jusque chez lui. Il sera en mer pendant un

moment.»Ellen’arrivaitpasàinterpréterleregardqu’illuilançait.«Onverraplustard.Pourl’instant,l’importantestdevousramenerchezvous.Vousavezsubi

unchoc.»J’aisubiunchoc?Ahoui?Quelleperspicacité…Elles’éclaircitlagorge.«C’estinutiledelafaireremorquerdeuxfois.Oùest-cequ’ilsvontl’amener?—Pourl’instant,chezunconcessionnairepourfaireundevisdesréparations.—Lesdevissontgratuits?demanda-t-elle,pleined’espoir.—Oui.—D’accord, parce que je ne peux vraiment pasme permettre tous ces remorquages et ces

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réparationset…—Onl’ajouteraàcequevousmedevez.»Letondesavoixétaitsévère,déterminé–onnepeutplussérieux.LesyeuxdeNatalies’écarquillèrent.«Non!Jevousdoisdéjàbeaucouptrop…»Natalie commença à bafouiller avant de s’interrompre totalement. Son souffle se fit court

lorsqueMarco se tourna vers elle et releva très doucement sonmenton avec deux doigts, puis leslaissaglissersursajouepourallerreplacerunemèchedecheveuxderrièresonoreilleavantd’ôtersamaindesonvisageaussirapidementqu’ill’avaittouché.

«Jetetaquine,machérie.Jem’occupedepayerpourça.»Suite à cette brève caresse, une vague de chaleur enivrante envahitNatalie. Son cœur battit

violemment dans sa poitrine et elle se concentra pour stabiliser sa respiration haletante. Un taxiarrivaitdéjàsurleparking,suivideprèspardeuxdépanneuses.

Cinqminutesplustard,elleétaitassiseàcôtédeluiàl’arrièredutaxi,serrantfermementsonsacàmaincontresapoitrinetoutenessayantdecomprendrecequ’elleavaitéprouvéfaceàlui.Sajournéevenaitàl’évidencedeprendreunetoutautretournure.

Il habitait dans une résidence de grand standing située en plein centre-ville. Le bâtiment était unénorme monolithe fait de verre et d’acier, et Natalie se trouvait maintenant à côté de lui dansl’ascenseurprivatifquin’avaitqu’uneseuledestination.Ledernierétage.

Lesportess’ouvrirentdansunsilencepresquetotal,etNatalieseretrouvadirectementdansunimmensesalon.Unmurintégralementvitréfaisaitfaceàl’ouestetlesoleiltransformaitdéjàlecielenungrandkaléidoscope.

L’intérieur était très moderne, avec des murs blancs, des sculptures en métal et des lignesextrêmement épurées. L’ensemble était minimaliste, le mobilier géométriquement parfait, et lescouleurs dominantes étaient le noir et le blanc.Cette demeure transpirait la richesse et l’opulence,maismanquaitcruellementdechaleuretdeconfort.

Elledétestaimmédiatementcetendroit.Elledisciplinalestraitsdesonvisageafindecachersespenséesetattenditsilencieusementses

consignes.Iltraversalapièceetcommençaàvidersespochessurunetableenverreplacéederrièreuncanapé.

Lorsqu’ileutterminé,illevalesyeuxetsonregardseposadirectementsurelle,commes’ilétaitsurprisdelavoirdanssamaison.

«Tupeuxt’ymettre.—Où…oùvoulez-vousquejecommence?demanda-t-elleenregardantautourd’elle.—Lemieuxseraitdecommencerparlacuisine.C’estparlà.»Il leva lamain et lui indiqua une direction dans son dos tout en fouillant une petite pile de

courrier.«Etaprès?Lereste?Jepassel’aspirateur,changevosdraps,cegenredechoses?—Ouais.Etilfautfairemalessive.Mescostumesetmeschemisessontnettoyésàsec,doncil

n’yaurapasgrand-chose.Faisletourdel’appartementetfaiscommecheztoi.Jesuiscertainquetusaurasquoifaire.Personnellement,jenesaispasfairetouscestrucs.

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—Pourvous,çaarrivecommeparmagie?demanda-t-ellesansémotion.»LabouchedeMarcos’aplatit,etalorsqu’illaregardait,elleessayaderespirernormalement

malgrél’intensitédesonregard.«Ouais.C’estàpeuprèsça.»Ellesetrémoussanerveusementetl’inquiétudecreusaunerideentresessourcils.«Quelestleproblème?demanda-t-il.—Est-ceque je suisen traindeprendre le travaildequelqu’und’autre?Quelqu’unquien

auraitdavantagebesoinquemoi?»Le corps de Marco se tendit et son regard se fit pensif ; il semblait maintenant en train

d’examinersonvisage.«Non,jefaisappelàunetrèsgrandeentreprise.Personnenevamourirdefaim,sic’estcequi

vousinquiète.—D’accord.»Elle s’essaya à un sourire mais eut l’impression que cette tentative était vouée à un échec

lamentable.«Vousvivezseul?Ouest-cequed’autrespersonnesviventégalementici?»Jenecherchepasàsavoirs’ilestmarié.Jenechercheabsolumentpasàsavoirs’ilestmarié.Illevaunsourcil.«Non,seulementmoi.Jenesuispasmarié,Natalie.»Il prononça ces mots de manière neutre tout en la regardant avec attention ; ses yeux la

parcoururentdelatêtejusqu’auxpieds,alleretretour.Ellebaissalesyeuxpoursedéfairedel’intensitédessiens.«Jevaism’ymettrealors.—Çamarche.Jevaisprendremadouchedanslasalledebainsdel’unedeschambresd’ami,

comme ça, je te gênerai pas pour le nettoyage de la salle de bains principale. Je sors ce soir, jedébarrasseraidoncleplancherdansdeuxoutroisheures.

—Trèsbien.»Ilseretournapourquitterlapièceavantqu’ellenel’interpelle:«MonsieurDonati…—Marco.Appelle-moiMarco.Etarrêteaveccettedéférence.Qu’est-cequejepeuxfairepour

toi?—Jemedemandaissi…sijepouvaismangerunmorceauavantdecommencer…»Ilfronçalessourcilsetluilançaunregardconcerné.«Tuasfaim?— Oui, je n’ai pas mangé depuis hier soir. J’étais trop nerveuse pour manger ce matin,

sûrementparcequejedevaisessayerdetrouverdutravail.»Illaregardaencoreuninstantdepuisl’autreboutdelapièce.«Jet’enprie,prendsabsolumenttoutcequetuveux,Natalie.»Leregardqu’illuiadressaalorsétaitàlafoisperçantetimpénétrable;Natalieenperditson

courageetbaissalesyeux.«Merci,bafouilla-t-elle.»

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CHAPITRE3

Cinq heures plus tard, l’appartement était à nouveau reluisant. Natalie était fatiguée et un peucourbaturée.Avantqu’ellenecommence,lacuisineétaitépouvantablementsaleetdésordonnée.Ellesemblait ne pas avoir été nettoyée depuis une semaine et la vaisselle sale ne cessait de s’empiler.Mêmesiriennesemblaitavoirétécuisinédanslapièce,ilyavaitdestassesàcafésales,descanettesdebièreetdesverresàwhiskyéparpillésunpeupartout.Elleenprofitaégalementpournettoyerleréfrigérateur.

ElleavaittrouvésansdifficultélachambredeMarcoetavaitretirélesdrapspourleslaver.Aumomentdefairesalessive,elleavaitunpeuhésitéenraisondelaprésencedesous-vêtementsparmilerestedulinge.Ellen’avait jamais lavé lessous-vêtementsd’unhommeauparavant.Etellefutunpeuchoquéedesedirequ’ilnes’agissaitpasd’unetâcheentièrementdésagréable.

Toutlerestes’étaitavéréêtredunettoyagedebase.Lesol,lesmiroirs,ainsiquelasalledebains. À l’exception des serviettes sales et de la pile de vêtements, elle n’avait pas trouvé cettedernièreaussisalequeceàquoielles’attendait.

IlétaitdésormaisvingtetuneheurespasséesetNatalieétaitexténuée.Elles’étaitréveilléetôtet avait passé la journée à arpenter la ville pour chercher du travail jusqu’à ce que l’accident nel’interrompe.Etelleréalisaitmaintenantqu’ellen’avaitaucunmoyenderentrerchezelle.Ellen’avaitcertainementpaslesmoyensdeprendreuntaxijusqu’àlamaisondesoncousin,etellenesavaitpassiMarcovoulaitqu’elletravaillelelendemain.

Ellenevoulaitabsolumentpasserisqueràfairequelquechosequipourraitattisersacolère,etpartirpouvaittrèsbienêtrecettechose.Ellenepouvaitpasprendrelerisquedeseretrouveravecuneplainteàsonencontre,oumêmedeperdresonpermisdeconduire.Ellen’avaitpasenviequ’ilrentrechezluietpensequ’elleavaitprislafuite.

Elle était sur le point de se laisser tomber sur le canapé blanc quand elle réalisa que sesvêtementsétaientquelquepeucrasseux;ellefitdoncplutôtlechoixdes’allongersurlaméridiennenoire

Elleréfléchitauproblèmetoutensereposant.Marcolareconduiraitpeut-êtrechezsoncousinlorsqu’ilseraitrentré.

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Toutes les lumièresétaientencorealluméesquandMarcoentradans l’appartement.Dieuqu’il étaitheureuxd’êtrede retourchez lui.Tanya l’avaitpratiquement rendudinguece soir, etpenserà soncorpsdénudénesuffisaitmêmeplusàactiversa libido.Enréalité,celaavaitmême l’effet inverse.Quand il l’avait raccompagnée, elle avait tenté par tous les moyens de le faire entrer dans sonappartement,maispourlui,iln’enétaitpasquestion.

Elle avait passé toute la soirée caritative à sepavaner et à flirter avec tous leshommesquiétaientprésents,etilsavaitbienqu’elleavaitfaitcelapourtenterd’attirersonattention.Ellel’avaitattiréesonattention,celanefaisaitaucundoute…Pourquoin’avait-iljamaisremarquécetaspectdesapersonnalitéavantcesoir?Ilvoyaitmaintenantbienquelgenredepersonneelleétait,maisiln’enavaitabsolumentrienàfoutre.Enfait,iln’enavaitjamaisrieneuàfoutre.Pourlui,ellen’étaitriendeplusqu’unplanculbienpratique,voilàtout.Etdernièrement,ellen’étaitmêmepluscela.

L’ensemble de l’appartement sentait le propre et le frais, et bien que les lumières soientallumées, l’endroit était extrêmement silencieux. Il marcha vers la cuisine où il trouva toutparfaitement ordonné. Il regarda autour de lui pendant un instant, intrigué et titillé par un douxparfumquiflottaitdanslapièce.Unenoteétaitposéedevantlacafetière.

Laminuterieestréglée.Lecaféseraprêtdemainmatin.

Iltintlemorceaudepapierpendantuninstant,examinantl’écritureféminineetsoignée,puisillereposa.

Ilsortitdelacuisineetserenditdanssachambre.Làaussi,toutétaitimpeccable.Maisoùdiableétait-elle?S’était-elleéchappéepourdebon?IlretournaausalonettrouvalesacàmaindeNatalieposésurlesol,àcôtédelatablebasse.Il

prit une profonde inspiration ; l’inexplicable agitation qu’il éprouvait venait d’être sensiblementcalméeparlavuedusac.Ilplissalesyeuxetlaissasonregarderrerdanslapièceàlarecherchedetout autre signe de sa présence. Ses yeux survolèrent la méridienne, puis y revinrent tout aussirapidement.

Ah, lavoilà. Il l’avaitpratiquementmanquée, soncorpsmincevêtud’un t-shirtnoiretd’unjeandecouleurfoncésefondantdansletissusombredumeuble.Elleétaitrecroquevilléeenpositionfœtaleetsajouereposaitsursesmainsjointescommepouruneprière.

Elledormaitprofondément.Il sedirigeaverselle sur lapointedespiedset la regardaen serrant fermement sespoings

pour empêcher ses mains de la toucher. Les cils de Natalie formaient de sombres croissantscontrastantsaveclablancheurdesonteint.Elleluiparaissaitpresqueanormalementpâle.Elleavaitégalementde largescernessoussesyeux,commesielleétaitépuisée.L’avait-il fait travailler tropdur ? Il savait que l’entreprise de nettoyage à laquelle il faisait appel envoyait d’habitude deuxemployéespoureffectuerletravail,etàencroirel’étatdesonappartement,ellesn’accomplissaientpasunaussibontravailquecettejeunefemme.

Bienqu’ilsn’enaientpasdiscuté,etpourdesraisonsévidentes,ilsavaitqu’ellen’avaitpasdevoiture,etilavaiteul’espoirdelatrouverlàenrentrant.

Il s’accroupit à côté d’elle et s’apprêta à toucher son visage. Il réprima cette pulsion et nes’autorisaàlatoucherqu’avecundoigt.

«Natalie.»Il prononça doucement son prénom, peut-être trop doucement, parce qu’il n’obtint aucune

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réaction.Ilglissasondoigtsurladoucepeaudesapommetteetessayaànouveau.«Natalie.—Hmm.»SilalibidodeMarcoavaitétéaupointmorttoutelanuit,etcemalgréleseffortsincessantsde

Tanyapourl’allumer,elleseravivasoudainlorsqueNatalieémitcetuniquegémissement,passasonbraspar-dessussatêteetsemitsurledospourtrouverunepositionplusconfortable.

LesyeuxdeMarcosetournèrentautomatiquementverslepetitreliefdesesseins,accentuéparlapositiondesonbras.Elleétaitminceetpresquefragile,exactementlegenredefemmequil’attiraitleplus,etelleétaitendormiechezlui.Toutecettesituationétaitbientroptroublanteetsonérectiondevintrapidementdouloureuse.Lesmusclesdesonestomacseserrèrentlorsqu’ilessayadecontrôlersesardeurs.

Ayant finalement pris la décisiondenepas la réveiller,mais comme il savait qu’elle seraitplusàl’aisedansunlit,ilsepenchaetlasoulevadanssesbras.Illaportajusqu’auxchambres,etsansmêmeyréfléchir,ilchoisitdelamettredanscellequiétaitlaplusprochedelasienne.

Illadéposasurlelitaussidélicatementqu’illeput.Ilallacherchersonsacàmainetleposasurlatabledechevetàcôtéd’elle,letoutenseforçantànepaslaregarderunefoisencore.Iléteignitla lumière et il fut sur lepointde fermer laporte,mais il se ravisa à lapenséequ’ellepouvait seréveilleraumilieudelanuitetnepassesouvenird’oùellesetrouvait;ilallumadonclalumièredelasalledebainsattenanteetlaissalaportedecettedernièreentrouverte,justeassezpourqu’elleaitunpeudelumière.

Puis il se retourna et s’échappa, refusant de penser à la satisfaction qui le submergeait toutentier.

Natalie avait dormi toute la nuit et ne se réveilla que lorsqu’un besoin urgent de faire pipi se fitressentir.Elles’assitsurlelitetregardaautourd’elle.Ledéroulementdesajournéedelaveilleluirevint toutd’uncoup.Sansprendreletempsdepenseràquil’avait transportéejusqu’àlachambre,carcelaneferaitquelachambouleretelleconnaissaitdetoutefaçontrèsbienlaréponse,ellesortitdulitetsedirigeaverslasalledebains.

Enseregardantdanslemiroir,elleréalisaqu’ellen’avaitrien.Pasdebrosseàdents,pasdedentifrice,pasdeshampoing,nid’après-shampoing.Ellen’avaitmêmepasdevêtementsderechange.Tout ce qu’elle avait était le contenu de son sac à main. Heureusement qu’elle avait toujours dumaquillageavecelle.Grimaçante,ellesortitdelachambreavecl’intentiondetrouverMarco.

L’appartement était vide.L’horloge indiquait 10h30, elle clignadesyeux et vérifia qu’elleavaitbienlu.Elleavaitdormitreizeheuresetdemie.Celaneluiétaitpasarrivédepuisdesannées.Ilfautdirequ’ellen’enavaitpastropeul’occasion.Elleetsamèreavaientdûtravaillertrèsdurpours’ensortirfinancièrement.EtilétaitvraiquelecanapédeJustinétaitvieuxetinconfortableetqu’ellen’avaiteuaucuneintimitéaucoursdestroisderniersjours.Ellenedormaitquetrèspeulà-bas; lacopine de Justin ne cessait d’aller et venir et utilisait ses affaires quand elle s’absentait, etNataliesavaitbienquesoncousinn’étaitpasaucourantde toutcela.La jeune femmeavaitmêmefiniparlaisser sa valise dans la voiture qu’il lui avait prêtée.Valise qui était encore dans la voiture parcequ’ellen’avaitpassusielledevaitlaprendreavecelleounon.

Marcon’étaitpaslà,maiselletrouvaunmotposéàl’endroitmêmeoùelleavaitlaissélesien

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laveille,àcôtédelacafetière.

Faiscommecheztoi.Ondiscuteracesoir.

Celan’étaitpastropdemauvaisaugure,n’est-cepas?Elle se lança immédiatement à la recherche d’une douche et de tous les produits de toilette

qu’ellepourraittrouver.

Cesoir-là,enentrantdansl’appartement,Marcofutaccueilliparunedélicieuseodeurprovenantdelacuisine. Iln’avaitpaspourhabitudedemangeraussi tôtdans la soirée,maiscetteodeur luiouvritimmédiatementl’appétit.IlpénétradanslacuisineettrouvaNataliedevantl’évier;elleseretournaenl’entendant.

Ilsentitalorssonproprerythmecardiaques’accélérer,etenvoyantqu’elleétaitencoreplusbelleque laveille, il seconcentra sur elle jusqu’àcequ’il comprenne soudain les raisonsdecettebeauté.

Elleétaitreposée,sonvisagefraîchementmaquillé,etilneremarquaaucunsignedecrainte.Ladifférenceétaitàlafoissubtileetspectaculaire.Elleavaitdespommetteshautes,delongs

cils et des lèvres pulpeuses. Les produits de beauté qu’elle portait mettaient ces particularités envaleur,etilréalisaitmaintenantqu’ellen’étaitpassimplementjoliemaisterriblementbelle.Ils’étaitdéjà rendu compte qu’elle était sacrément sexy. Sa bite n’avait cessé de le lui faire savoir depuisl’accidentdelaveille;maismaintenant,àlalumièred’unnouveaujour,etsanslestressetlapaniquequiavaienttendusestraits,ilvoyaitsonvisagedifféremment.

Ilappuyasesmainssurlecadredelaporteetessayadecontrôlerledésirintenseetimmédiatqu’ilressentaitàchaquefoisqu’illavoyait.BienqueNatalienefûtpasaussitenduequelaveille,ellenecessaitdereplacerunemèchedecheveuxderrièresonoreilleavecdesdoigts tremblants ;maiselle cessa bientôt de gigoter nerveusement et laissa finalement retomber samain.Elle le regardaitavechésitation,maislatensionqu’ilressentaitdanssestripesetquiglissaitinsidieusementverssonentrejambeneluipermettaitpasdeluioffrirunsourire.Ilessayatoutefoisdedétendrel’atmosphèreavecunpeud’humourafindelamettreàl’aise.

«Chérie,jesuisrentrée.»Cesmotssortirentsuruntonmonotone,etàenjugerparlelangagecorporeldeNatalie,ilsut

quesatentativepourl’apaiseravaitéchoué.Elleagrippaavectantdeforcelebordduplandetravailquesesmainsdevinrentblêmes,etsa

bouchesecourbaverslehautdansunetentativedesourirequimanquaitdeconviction.«Salut.»Ilsepropulsahorsdel’embrasuredelaporteetsedirigeaverslacuisinière.«Çasentbon.Tusaisvraimentcuisiner?—Certaineschoses.Pastout.»Ellevintseplaceràcôtédeluietsoulevalecouvercledelacasserole.Cettedernièrecontenait

un pot-au-feu ainsi que des haricots verts dont l’odeur et l’aspect étaient remarquablement

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appétissants.PourquoidiablelescompétencesdomestiquesdeNatalieluiprocuraient-ellestantdeplaisir?

Iln’enavaitjamaisrieneuàfoutredesavoirsiTanyasavaitcuisinerounon.Enréalité,celal’agaçaitauplushautpointlorsqu’ellepréparaitunrepasets’attendaitàcequ’ils’assoieàtableavecelleetcomplimente sa cuisine. Elle espérait probablement de lui une réaction telle que celle qu’il avaitmaintenantdanssacuisineavecNatalie.

Alorsqu’ilcontemplait lerepasqu’elleavaitpréparé, ilétaitcurieuxdesavoiroùelleavaitbienputrouverlesingrédients.

«Tuesalléefairedescourses?—Non.Lerôtiétaitdanslecongélateuretj’aitrouvélaboîtedeharicotsdansleplacard.Mais

c’estàpeuprèstoutcequej’aitrouvé.— Bon sang, qu’est-ce que ça sent bon… Laisse-moi prendre une douche rapide et on

mange.»Iltournalestalonsets’éloignadelacuisine,toutàcoupanxieuxàl’idéed’avoirunrepasfait

maison,ettrèsconscientdesraisonsdecetteanxiété.

UnefoisMarcopartiprendresadouche,Nataliecommençaàmettrelatable.Moinsdedixminutesplustard,ilrevint,piedsnus,vêtud’unjeanetd’unt-shirt.Elledéglutitdifficilementpuiss’affairaàservirlerepastoutenobservantdiscrètementMarco:ellelevoyaitpourlapremièrefoishabilléavecdesvêtementsplusdécontractés.Toutcommedanssescostumes,ilétaitàcouperlesouffle.

Ils mangèrent dans un silence qui ne fut rompu qu’à quelques reprises seulement, lorsqueMarco complimenta la cuisine deNatalie. Elle était nerveuse parce qu’il ne cessait de la regarderentredeuxbouchées.Cen’étaitpas làunesituationdontelleavait l’habitude,etelleétait inquièteàproposdecettediscussionqu’ilsétaientcensésavoir.

Etcettefameusediscussionarrivabientroptôt.Natalies’étaitassuréedegarderlacuisinepropreetordonnéeaucoursdelapréparationdu

repas,iln’yavaitdoncpratiquementrienàfaireàlafindecedernier.Aprèslerepas,etàlademandedeMarco,ellelesuivitdanssonbureau.

Ilnes’assitpasderrièresonbureaumaisselaissaplutôttomberdansl’undesdeuxfauteuilsplacésautourd’unepetitetablebasse;puisilluifitsignedeprendreplacedansl’autrefauteuil.

«Assieds-toi.»Elles’exécuta,posasesmainssursesgenouxpuisattenditaussicalmementqu’elleleput.«J’aifaitfaireledevispourmavoiture.»Marco lui laissa un instant pour assimiler cette information. Elle commença de nouveau à

s’agiter nerveusement, ses doigts tripotant et agrandissant une petite déchirure située au niveau dugenoudeson jean.Sesvêtementsétaientpropresetparfaitementrepassés,à telpointqueMarcosedemanda si elles les avaient nettoyés dans la journée… et ce qu’elle avait bien pu porter pendantqu’ilsétaientàlamachine.Ilfituneffortpoursedébarrasserdecettepensée.

Ildépliaunefeuilleetlaposasurlatablebassequilesséparait.Elleregardalepapiermaisnesepenchapas immédiatementpour leprendre.Ellereleva lentement lesyeuxvers lui,commesi ledocumentétaitempoisonnéoucontaminé.

«Jettes-yunœil,Natalie.»

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Lentement,elletenditlebraspourprendreledevis.Ellelesurvolarapidementavantd’atterrirsur le nombre inscrit en caractères gras au bas de la page. Son visage perdit toute couleur et elles’humectaleslèvres.

« Jenecomprendspas.Ça s’élèveàplusdevingtmilledollars.C’est leprixd’unevoitureneuve.

—Pasd’uneAudi,chérie.Etpourparlerdelamienneenparticulier,ellecoûtecinqfoiscemontant.»

Marco essaya de garder une voix légère, quelque chose qu’il ne prenait jamais la peine defaireavecquiquecesoitd’autre,maisiln’essayapourl’instantpasdecomprendrepourquoi.

Ellelevaunemainàsonfrontetpoussaunsoupiraffligé.«C’estplusque…plusquejenepeuxl’imaginer.»Sesyeuxétaientanormalementhumideslorsqu’elleleslevaversceuxdeMarcoetreprit:«Pourêtretoutàfaithonnête,jem’attendaisàquelquechosecommemillecinqcentsdollars

environ.—Jepeuxfairefaireundevisailleurs…maislemontantserapratiquementlemême,doncje

nepensepasc’estnécessaire.—Jenesaispasquoidire.Ilvamefalloirtouteuneviepourrembourseruntelmontant.»Son affolement était palpable et bien visible à la manière dont ses doigts travaillaient

intensivementàagrandirletroudanssonjean.LeregarddeMarcofutattiréparlapeaudesajambe,làoùsesdoigtscontinuaientàdéchirerletissu.Faceàsonsilence,elledemanda:

«Tuvasm’attaquerenjustice?»Marcoôtadifficilement sesyeuxde lapâlepeaude sa cuissepour ànouveau regarder son

visage.«Jen’enaipasenvie.»Luiintenterunprocèsn’étaitpasdutoutfavorableauxprojetsqu’ilavaitpourelle.Ilnesavait

pasencoreexactementcequ’ilvoulaitd’elle,misàpartl’évident,maiss’avouerceladéclenchaituntorrentdeculpabilitéetinfectaitdésagréablementsonsangdedésirsexuel.Ledésiretlaculpabilité,voilàdeuxémotionsquinefaisaientpasbonménage.

LeregarddeNataliepassaitnerveusementdutroudanssonjeanaumorceaudepapierenfaced’elle,maisilnerencontraitjamaislesyeuxdeMarco.Celui-ciressentitlapertedecetteconnexionquis’étaitétablieentreeuxjusqu’àprésent,etcelalepeina.

D’unevoixbassedanslaquelleildécelaquandmêmeuntremblement,Nathaliedit:«Jeneveuxpasquetumepoursuivesenjustice…»Ils’appuyaplusconfortablementdanssonfauteuil,croisaunejambesurl’autreetsoutintson

visagedanssamaintoutencontinuantàobserverNatalie.LecœurdeNataliebattaitsiviolemmentqu’ellepouvaitsentirlespulsationsrésonnerdansses

oreilles.Ellesesentaitplusquedéprimée,ellesesentaitabattue,commesiellen’avaitaucunpouvoirniaucuncontrôlesursaproprevie.Elleavaitsoudain lesentimentd’être totalementàsamerci.Ethonnêtement,c’étaitlecas.

Aussi,ellen’arrivaitpasàcroireàquelpointilétaitaustère.Maisill’avaitappeléesachérieàplusieursreprises,etchaquefoisqu’ill’avaitfait,elles’étaitsentieenvahieparuneétrangechaleur.Celanecollaitpasaveccequ’elle savaitde lui, cequi avaitpoureffetde l’embrouillerdavantageencore. Les yeux sombres et le visage basané de Marco étaient emplis d’une émotion qui étaitdissimulée.Sescheveuxétaientépaisetbrunfoncé,presquenoirs,etparfaitementcoupés.Àenjugerparsonnometparsestraitsséduisantsetexotiques,elles’imaginaitqu’ilétaititalien,etelledevaitcontenirsesémotionsdébordantesetseforcerànepaspenseràtouslesfilmsdegangstersqu’elleavaitpuvoirdanssavie.

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Iln’avaitpasl’aird’avoirl’intentiondeluifairedumal.Voilàaumoinsunechosequiétaitpositive.«Çafaitmoinsd’unesemainequetuesàHouston?»demanda-t-il.SaquestionabruptesortitbrusquementNataliedesonenvoûtement.«Oui,çafaittoutjustequelquesjours.—Tudélaisseslepetitvillagepourfairel’expériencedelagrandeville?»Savoixétaitbasseetpresquetaquine.«Pastoutàfait.—Alorspourquoiêtrevenue?»Ilcroisalesmainssoussonmentonetbaissaletondesavoix,justesuffisammentpourfaire

comprendreàNataliequ’ilvoulaitparleraffaires.Ilavaitfinidelataquineretilvoulaitmaintenantdesréponses.

Quepouvait-ellebienluidire?Cequiconcernaitsafamilleétaitdudomaineduprivéetnecomportaitenplusriendebienglorieux.Ellenevoulaitpasypenser,etencoremoinsenparleravecunquasiinconnu.

«C’étaitlemoment,jesuppose.Jen’aijamaisvéculoindechezmoi,maismaintenant…—Maismaintenantquoi?—R…rien.Jevoulaisjustetrouverunmeilleurtravail,alorsjesuisvenueàHouston.—Uneraisonparticulièreàcebesoinderevenus?»Quediables’attendait-ilqu’ellerépondeàcela?Qu’elleavaitunebonneféeprêteàdistribuer

del’argentsurdemande?Surquelleplanètevivait-ilexactement?Ellerépondit:«J’aimemanger,porterdesvêtementsetavoiruntoitsurmatête.»Natalieneleregardapasdirectementdanslesyeuxetelleessayadetoutessesforcesdenepas

paraîtresarcastique.«Tuasbeaucoupdedettes?—Pourquoimeposes-tucesquestions?— J’essaie de comprendre ta situation. Pour voir ce qu’on peut faire pour te sortir de

l’embarrasdanslequeltut’esmise.»Faceàcepetitrappel,elleprituneinspirationtremblante.«Jen’aipasdedettes.Jen’aipasdecartesdecrédit.J’aiquatrecentsoixante-huitdollarssur

mon compte courant, et environ quarante-cinq dollars dans mon sac à main. Voilà l’état de mesfinances.

—Bon.Situmedislavérité…»Ellel’interrompit:«Pourquoiest-cequejetementirais?»LecœurdeNatalies’emballafaceauregardqu’illuilançaalors.Sesyeuxétaientbrûlantset

savoix était teintéed’une émotionqu’elle nepouvait identifier,mais qui avait pour effet d’emplirl’aird’unetensionpalpable.

«Tâchedenepasm’interrompre,Natalie.Çaalafâcheusetendanceàmedonnerenviedetefairetaire…etjenesuispascertainquetuapprécieraismaméthode.»

Savoixétaitrauqueet lesmusclessaillantsdesoncouconstituaientunemenacesilencieuse.L’expressiondesonvisageétaitaustèreetperçante,sesyeuxcoururentsurelledehautenbasavantdesefigersursabouche.

LecœurdeNataliebattaitàtoutrompreetsesmainsdevenaientmoites.Penserauxconséquencesquepourrait avoir le faitde ledéfier la rendait impuissanted’une

manièretouteféminine.

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«Oui,monsieur,répondit-elledoucement,sanslemoindresignedesarcasme.»Il l’avait complètement soumise, pas tellement par le ton de sa voix,mais avec son regard

incendiairequicouraitànouveausurelle, lapoussantàbaisser lesyeux.Ellen’avaitvraimentpasenvied’êtreleréceptacledesacolèreoudequelqueformedepunitionàlaquelleilfaisaitréférence,qu’ellesoitsexuelleouautre,etpeuimportaitcequ’ilsepassaitentresescuissesàcemoment-là.

LesyeuxdeMarcobrillaient,maisilpoursuivitdanslamêmeveine.« Si tu me dis la vérité, que tu n’es pas poursuivie par toute une horde d’agents de

recouvrement, si tu n’as en réalité aucune dette, et que tu n’as pas signé un bail pour unappartement…»

Il lui lança un regard interrogateur, regard auquel elle répondit par un léger hochement detête.

«…alorsiln’yaaucuneraisonquenousnetrouvionspasunterraind’entente.»Ilsemblaitattendreuneréponsedesapart,elleacquiesçadoncparhochementdetêtemêmesi

ellesedemandaitdansquoielleétaitentraindes’embarquer.«Trèsbien.»Sans ce coup de téléphone passé à son assistante, et si celle-ci ne lui avait pas affirmé sa

convictioninébranlablequecethommeneluiferaitjamaisdemal,Natalieauraitdéjàétéentraindecourirverslasortielaplusproche.

Ilpoursuivit:« Voici la façon dont je vois les choses. Tu viens habiter ici. Tu prends soin de mon

appartement.Tunetoucheraspasdesalaire,tutravaillerasjustepourpayercequetumedois.»Toutenparlant,ilposauneautrefeuilledepapiersurlatablebasse,etelleputvoirenbaissant

lesyeuxqu’ils’agissaitd’unesortedecontrat.LasignaturedeMarcoétaitdéjàprésenteenbasdelapage,àcôtéd’unespacevideoùelleétaitdetouteévidencesupposéeapposerlasienne.

«Commeunesortededomestique,marmonna-t-elle.»Ilignorasoncommentaire.«Jecouvriraitesdépensesdebase.Tesrepas,vêtements,téléphoneportable.»Elleouvritlabouchepourrefuser,maisl’expressiondesonvisagelapoussaàsetaire.«Ilsepourraitquej’établissedenouvellesrèglesaufildutemps.Tulessuivrassansposerde

questions. Il y aura des moments où j’aurai probablement besoin d’autre chose que d’une simplefemmedeménage,tuteconformerasdoncàmesattentes.»

Les yeux de Natalie s’écarquillèrent et son rythme cardiaque devint erratique jusqu’àpratiquements’arrêter.Ilnefaisaitréférenceàriendesexuel,n’est-cepas?Aussidifficilequecesoitpourelle,elleressentitlebesoinurgentdeclarifierlasituation.

«Quel…quelgenred’attentes?—Jen’ensaisencorerien,çadépendra.—Rien…riende…elles’éclaircitlagorge…sexuel,n’est-cepas?»LesyeuxdeMarcoétaientmaintenantmi-closet leregardaveclequel il la transperçaitétait

insondable.«Çaneteplairaitpastrop,n’est-cepas?»Etmerde, etmerde, etmerde. Pourquoi diable ne s’était-il pas contenté de répondre par un

simplenon?Sonvisagedevintrougevif.Elledoitsavoir;elleadûlesentir.«Sijetedoisdel’argent,etqu’oncoucheensemble…»Ellesemorditlalèvreinférieureetsecoualatête.«Non,çanemeplairaitpas,murmura-t-elle.»Ilattenditunlonginstantavantderépondre,sonregardfouillantceluideNatalie,commesi

tousdeuxétaiententraindedébattredequelquechoseetétaientsurlepointdeprendreunedécision.

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«Calme-toi.Jeneparlaispasdesexe.J’aidéjàquelqu’unquis’occupedecetaspectdemavie.Jenepensepasavoirbesoindetoipourautrechosequepourdestravauxménagers.Enfait,jefaisaisréférenceàd’autrestypesdetâchesquetupourraiséventuellementêtreamenéeàeffectuer.Commefairelescourses,organiserquelquechose,cegenredetrucs.Tut’ysensprête?»

Elledéglutitetpassasalanguesurseslèvressèches.«Oui,pasdeproblème.»Les yeux de Marco tombèrent sur les lèvres de Natalie et y restèrent sensiblement trop

longtempsavantqu’ilnereprîtlaparole.«Bien.Voilàquiestréglé.J’aibeaucoupappréciéledînerquetuasfaitpourmoicesoir,mais

ceneserapasnécessairedecuisinertouslesjours.Jemangehabituellementàl’extérieurlesoir.Jetepréviendraiquandjemangeraiici.Pourlesprovisions,jemefaislivreràdomicile;oncontinueraàfonctionnercommeça,maistupeuxbienévidemmentcommenceràfairelescommandestoi-même.

—Pendantcombiendetemps…pendantcombiendetempsauras-tubesoindemoi?—Combiendetempsdureratapeine?nuança-t-il.—Oui.—Unan.—Unan?— Il te faudrait aumoinsquatreou cinq anspourme rembourser enplusieurs versements.

Alors que là, tu te débarrasses du problème plus rapidement, et je n’ai pas à m’inquiéter que tudisparaissessansmerembourser.»

Leregardqu’illuilançaalorsétaitcommeuneflèchetouchantsacibleenpleindanslemille.«Et,Natalie,n’envisagemêmepasdedisparaître.Jeteretrouverais,crois-moi,etjedouteque

lesconséquences teplairaient.Faisceque je tedemande, travailledur, et tuverrasque je suis trèsfacileàvivre.»

Gênéeparlafroideurdesonsombreregard,Nataliechangeadepositiondanssonfauteuil.«Quandest-cequemoncousinpourrarécupérersavoiture?demanda-t-elledoucement.—Laisse-moisonadresse,jelaferairemorquerjusquechezlui.Elleremuanerveusement,puisdit:—J’auraisbienaimélafaireréparer.J’aibesoindeconduirepour…—Tunepeuxpasconduiresansassurance,ettunepeuxpastepermettredelafaireréparer

pourl’instant.Situasbesoind’allerquelquepart,jeferaiensortequ’unchauffeurteconduiseoùtulesouhaites.»

Absolument riendans le tondesavoixne laissait entendrequ’ilpuissechangerd’avisàcesujet

«Oùest-elle?demandaNatalie.—Lavoiture?Elleestgaréedansunparking.—Combienest-cequeçavamecoûter?»Alors qu’elle lui posait cette question, il se pencha vers elle pour lui tendre un stylo afin

qu’ellesigneledocument.Ellesaisitlestylo,prituneinspirationtremblante,puisgriffonnavitesonnomsurlecontratavantqu’ellenechanged’avis.

Ilseréinstallaconfortablementdanssonfauteuiletn’essayamêmepasdecacherl’expressiondesatisfactionquicoloraitsonvisage.

«Jem’occupedecettedépense.Net’eninquiètepas.»Ilplialecontratenquatreetlegardadanssamain.Natalieessayaderesterconcentréesurses

besoinsimmédiatsetnonsurl’inexplicableexpressiondesonvisage,ouencoresurlamanièredontilserraitfermementdanssamainledocumentqu’ellevenaitdesigner.

«Est-cequetuasaccèsàlavoiture?»

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LesyeuxdeMarcopénétrèrentceuxdeNatalie.«Dequoias-tubesoin?—Demesvêtements,répondit-ellesimplement.—Tulesaurasdemainmatin.»

Deuxsemainesplustard,Natalieavaituneroutinebienétablie.Elleétaitencorerelativementnerveusechaque fois queMarco était là,mais il n’était pas souvent présent. Ilmangeait rarement chez lui,rentraitdutravail tarddanslasoiréeetnelaregardaitquebrièvementavecdesyeuxmi-closavantd’allers’enfermerdanssonbureau.Ilneluiavaitdemandédecuisinerquedeuxfoisseulement,etlesdeux fois, elle s’était retirée dans sa chambre après avoir servi le repas à Marco. Il se montraittoujourstrèspolienverselleetellefaisaitdesonmieuxpouragirpareillement.

Lachambredanslaquelleill’avaitplacéelepremiersoirétaitdevenuelasienne.Ellevoulaitdésespérémentprendrelachambrelapluséloignée,maiselleavaitbientroppeurdeleluidemander,et elle n’était pas assez courageuse pour faire le changement sans lui en parler. Mis à part saproximité avec celle deMarco, sa chambre était extrêmement confortable. Elle était équipée d’untéléviseuràécranplat,d’unbureau,d’unpetitcoinsalon,ainsiqued’unesalledebainsprivative.

Le jour où elle avait récupéré ses vêtements, elle avait également trouvé un magnifiqueordinateurportablederniercri.Aprèsavoirterminécequ’elleavaitàfairedanslacuisine,ellel’avaitdécouvert sur son bureau, sorti de sa boîte et prêt à être utilisé. Elle avait eu l’occasion de lui enparlerlesoirmême.

«Ildoityavoiruneerreur.Ilyaunordinateurportabledansmachambre.—Tuasdéjàunordinateur?»Ilsavaitsûrementqu’ellen’enavaitpas.«Non.—Alorsdanscecas,tupeuxl’utiliser.Ilyalewifidansl’immeuble.—Merci.Etmercipourletéléphoneportableaussi.»Ilhochalatêtepuisredirigeasonattentionsursonpropreécrand’ordinateur,sedésintéressant

alorstotalementdeNatalie.Et ce fut la fin de leur conversation. Il n’avait pas pris la peine de lui demander si elle

possédaitdéjàunnumérodetéléphone,elledutdoncenvoyerunmessagegroupéàtoussescontactsafindeleurdonnersonnouveaunuméro.

Natalieavaitégalementappelésamèrepourluiassurerquetoutallaitbienpourelle.Ellenelui avait pas dit toute la vérité, simplement qu’elle avait trouvé un travail temporaire en tant quefemme deménage. Par lamême occasion, elle avait appris que samère vivait toujours avec soncopain.Samèreverraitbienunjourquec’étaitunbonàrien.Enattendant,Natalieseconsolaitensedisant qu’il n’était rien d’autre qu’un pauvre type infidèle ; il ne semblait pas être un drogué ouencoreunalcoolique.Etiln’avaitjamaismontrédetendancesàlaviolence.Elleavaitdansl’espoirque samère revienne à la raison ;Natalie pourrait alors revenir vivre dans la petite ville qu’elleaimaittant,etretrouveraitsontravaildanslacompagnied’assurancesoùelleavaittravaillédurantlesquatredernièresannéesetoùelleétaitcertained’êtreaccueillieàbrasouverts.

Concernant sapeinede travaux forcés, jusque-là,celle-ci s’étaitavéréeêtreunvéritable jeud’enfant.Ellesesentaitpresquecoupableàcesujet,etilluiarrivaitmêmedepenserquecetaccident

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devoitureavecMarcoétait lameilleurechosequi luisoitarrivée.Elleétait tellementhabituéeauxinterminablesjournéesdetravailques’occuperdesamaisonétaitunetâchequiluiparaissaitd’unegrandefacilité.Certes,ellenegagnaitpasd’argentetellen’avaitpasdevoiture,maisaprèsquelquesheuresdesamatinéelibrementrépartiesentredépoussiérage,passagedel’aspirateuretrangement,lerestedelajournéeétaitentièrementàelle.

Jusqu’àprésent,elleavaitpassésesaprès-midiàrattrapersesheuresdesommeil,àprendredelongsbainsbienchauds,etàregarderdesheuresdurant la télévisioncâblée,quelquechosequ’ellen’avaitjamaispusepermettredepayer.

Bienévidemment,elle s’étaitempresséedechercher lenomdeMarcoDonati surGoogleàl’aidedesonnouvelordinateur.C’étaitmêmeenréalitélapremièrechosequ’elleavaittapéesurlemoteur de recherche. Elle n’avait pas trouvé autant d’informations sur lui que ce à quoi elles’attendait, laplupart des résultatsde sa recherchene concernantque sabanque. Il s’agissait d’uneentreprise familiale, fondée par son grand-père peu après la Seconde Guerre mondiale. Le siègesocialétaitsituéàNewYork,cequipoussaNatalieàsedemanderpourquoiMarcoétaitmaintenantàHouston.D’autantqu’ilétaitl’actionnairemajoritaire:àlamortdesongrand-pèrepaternel,ilavaithéritédetoutessesparts.Sonpèreetsamèreavaienttousdeuxétaienttuésdansunaccidentd’avionlorsqueMarco était âgé de neuf ans. Natalie avait eumal pour lui en lisant qu’il s’était retrouvéorphelin à un si jeune âge.Bien qu’il ait de nombreux cousins ainsi que quelques oncles et tantesrépartisunpeupartoutdanslemonde,ilsemblaitêtremaintenantbienseul.Ilavaittrente-deuxans,sondeuxièmeprénométaitRafaele,maiselleétaitincapabledetrouverlamoindreinformationsursavieprivée.

Elleavaitabandonné les recherches, frustréepar lemanqued’informationetpar la tristessequeluicausaitl’enfancedeMarco.Elleavaitensuiterepoussécettepenséehorsdesonespritetreprissonexplorationdel’appartement.

Ellel’avaitexaminédefondencombleetavaittrouvélamagnifiqueterrasseprivéesurletoit.L’espace avait été stratégiquement conçu pour être à l’abri du vent, et elle y avait passé quelquesagréables heures à travailler son bronzage, chose qu’elle n’avait jamais eu le temps de faireauparavant.ElleespéraitqueMarcon’arrivepasàl’improvistependantsesinstantsdedétente,maiselle n’était de toute manière pas supposée travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, n’est-cepas?Ellen’avaitpasautantdetravailàfaire.

Tout compte fait,mis à part le fait qu’elle soit nerveuse en sa présence et en dehors de laculpabilitéqu’elle ressentaitd’avoir sipeude travail, elle était satisfaitede sa situationprovisoire.Ellen’avaitàsesoucierderien.Pasdefacturesàpayer,pasdecoursesàfaire,pasdepetitamidesamèrequiessayaitdes’introduiredanssachambreaumilieudelanuit.

Marco ne l’avait appelée que deux fois seulement sur le téléphone portable qu’il lui avaitdonné ; à chaque fois, c’était pour la prévenir qu’il mangerait chez lui. L’inactivité la rendantdésormaisquelquepeuclaustrophobe,elleglissaletéléphonedanslapochedesonshortetenfilaseschaussuresdetennis.Celafaisaitbientroplongtempsqu’ellen’avaitpasfaitdel’exercice,etcelanefaisaitaucundoutepourellequ’unbâtimentaussibeauquecelui-cidisposaitd’unesalledesport.

Elle saisit son double de la clé magnétique qui était posé sur la table de l’entrée et pritl’ascenseur.Aucoursdesdeuxsemainespasséesici,c’était,àl’exceptiondesonexcursionsurletoit,la première fois qu’elle sortait de l’appartement. Elle eut l’envie soudaine de revoir le monde etdécidadoncdefaireunemarcherapideplutôtquedechercherlasalledesport.

Ensortant,Nataliesouritauconciergeainsiqu’auportier.Elleavaitunbilletdedixdollarsdanssapoche, justeaucasoù.Ellesemitalorsàmarcheràunrythmesoutenu. Ilétaitmidiet lestrottoirsducentre-villeétaientpeuplésd’hommesd’affaires.Elleessayadegraverdanssamémoirelelieud’oùelleétaitpartieetpritrapidementladécisiondetournersurladroitepours’éloignerde

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cetterueencombrée.Elles’habituaviteauxfluctuationsdelacirculation,àladuréedesfeuxvertsetauxvaguesdepiétons traversantdevant lesvoitures arrêtées.Elle arpenta les ruesd’unpasvélocependantenvironunedemi-heureavantd’êtreàboutdesouffle.

Elleavait chaud, transpirait, et elleavaitbesoind’eauoud’unCoca-Cola frais ; elledécidadoncderentrer.Untramways’arrêtaitàdeuxpasdechezMarco,etellepensaqu’ilseraitamusantdeleprendre.Ellen’attenditquequelquesminutessur lequaiavantqu’iln’arriveetqu’ellenepuissemonteràsonbord.Larameétaitconfortableetelleenprofitapourobserverlavilleetlesbâtimentsd’uneautremanièrequ’àpieds.

Elledescenditlorsqu’ellepensaavoireffectuélabonnedistanceetregardaautourd’ellepourserepérer.Absolumentriendecequil’entouraitneluisemblaitfamilier,ellefutalorsfrappéeparundésagréablesentimentd’inquiétude,maiselleserefusaàpaniquer.Elleavaitsontéléphoneportableavecelle,etilétaitdetoutefaçonencoretôtdansl’après-midi.

Alors qu’elle errait dans la rue, elle se dit qu’elle aurait aimé pouvoir appeler son cousin,maisellesavaitbienqu’ilétaitencemoment loindechezlui.Elleneconnaissaitpersonned’autredanscetteville,saufMarco,maisellen’étaitpasencoredésespéréeàcepoint-là.

Elle arpenta les lieux.Elle semblait être dans le quartier de l’hôpital et continua àmarcherpendant encore un quart d’heure en se demandant quoi faire. Le tramway qui avait été si facile àprendrenesemblaitpasvouloirrevenir,etellen’avaitclairementpasassezd’argentpourprendreuntaxi.

Elleattendaitdevantunautrepassagepiétonquelavaguedevoituressoitpasséelorsqu’unemagnifiqueAudinoires’arrêtajusteenfaced’elle.Lafenêtredescenditsilencieusement.

«Monte.»Elle fut légèrement troublée que Marco sorte de nulle part à l’instant précis où elle avait

besoindelui,etellenecompritpasimmédiatementlepourquoiducomment.Elleouvritlaportièreetseglissaàl’intérieur.«Qu’est-cequetufaislà?»demanda-t-elle.Lefeupassaauvert,ilaccéléraetsesyeuxquittèrentbrièvementlaroutepourallerseposer

surelle.«Attachetaceinture,Natalie.»Elles’exécutaavecdesdoigtstremblants,etaprèsquelquesminutesdesilence,elledemanda

denouveau.«Commentçasefaitquetuétaisdanscecoin?»Ilneréponditpasimmédiatement,etlorsqu’illefit,cefutd’unevoixsèche.«Unecoïncidence.»Mais il ne prit pas la peine de lui donner plus d’explications et elle se retrouva à nouveau

confrontée à un silence des plus gênants pendant que son esprit retournait le problème dans soncerveau.Ellenecroyaitpasuneseulesecondequ’ilpuisses’agird’unesimplecoïncidence.Ilsavaitexactementoùellesetrouvait.Etilneluifallutpaslongtempsavantdecomprendrecommentilavaitbienputombersurelledansunemétropoledeplusdequatremillionsd’habitants.IllasuivaitavecleGPSdutéléphoneportablequ’illuiavaitdonné.

Ilavaitprobablementcruqu’elleétaitentraindes’enfuir,etlacolèresursonvisagenefaisaitqueconfirmercela.

Maisilsetrompaitetellen’avaitpasenviedesedisputeraveclui.Natalienevoulaitpasnonplus qu’il sache qu’elle avait deviné sa petite méthode de géolocalisation. Elle n’était pas assezcourageusepour la lui reprocher,etsicelapouvait luiapporterunearmesupplémentairedanssonarsenalcontreMarco,alorsc’étaittantmieux.

«Mercidem’avoirtrouvée.J’étaissurlepointdepaniquer.

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—Pourquoies-tusortie?»Il avait posé sa question les dents serrées, Natalie l’avait remarqué. Une autre vague

d’inquiétudes’élevadanssonestomac.Ilétaitpréférabledes’enteniràlavérité.Aprèstout,misàpartsuggérerqu’ellenetravaillait

paspourluivingt-quatreheuresparjour,ellen’avaitrienfaitdemal.Etellesavaitquesonemploidutempsn’étaitpasleproblèmeici.Elleallaitdoncluidiretoutelavérité,hormislefaitqu’ellesavaitpourleGPSdesontéléphonebienentendu.

«J’avaisunpeudetempslibreetj’avaisbesoindefaireunpeudesport.Jesuisd’abordsortiepourallervoirsilebâtimentdisposaitd’unesalledesport,maisilfaittellementbeaudehorsquej’aifinalementdécidéd’allermarcher.

—Tuasmarchéjusqu’auquartierdel’hôpital?—Non,j’aimarchépendantunmomentetj’aiprisletramway.Maisj’aidûleprendredansla

mauvaisedirection.J’étaisplusoumoinsperduequandtum’astrouvée.»Ilgaralavoituredansleparkingsouterraindesonimmeubleetcoupalecontact.Iln’yavait

quepeudelumièredanslesous-soletlesilenceenveloppaitl’intérieurduvéhicule.Ilsetournadanssonsiègepours’orienterfaceàelle,sansfairelemoindregestepoursortirdelavoiture.Maisellene fut pas surprise. Il était de toutemanière encore trop tôt pour qu’il rentre chez lui. Elle pivotaégalementpourêtrefaceàlui,appuyantainsisondoscontrelaportière.

Ill’observaensilencependantuninstant;l’expressiondesonvisageexprimaitclairementladésapprobationetautrechosequ’elleétait incapabled’identifiermaisqui lui remuaitcependant lestripes.

«Tusaisàquelpointlecentre-villepeutêtredangereux?demanda-t-ild’unevoixcontenantàpeinelacolèremenaçantequ’ilressentait.»

NataliefournituneffortintensepoursoutenirleregarddeMarco.« Je neme suis pas sentie en danger, répondit-elle doucement, ses nerfs tendus commedes

câbles.—Ah,tunemecroispas?demanda-t-ild’unevoixsuave.»Ilplaçasamainderrièreelle,surledossierdesonsiège,laprenantaupiègeplusprèsdelui

encore,cequieutpoureffetdeserrerlagorgedeNatalie.«Non,balbutia-t-elle.—Iln’auraitpasfalluplusdedeuxsecondespourt’enlever.»Bien qu’elle soit colorée par un soupçon de menace, sa voix était parfaitement contrôlée,

commes’ilmettaitNatalieaudéfidelecontredire.Ellecommençaalorsàhaleter,soncœurs’emballantsouslepoidsdesonintenseregard.«Jepensequetuexagères,rétorqua-t-ellelentementavantdepassersalanguesurseslèvres

sèches.»LesyeuxdeMarcosefigèrentsurlabouchedeNatalie.«Tupenses?—Oui,murmura-t-elle.—Es-tuseulementcapablededécelerundanger?»Illâchapaisiblementcettephrasequiallaatterrirentreeuxcommeunebombeàretardement.

Lesilencerésonnaitdansl’habitacleduvéhiculelorsqueNatalieréalisacequ’ilvenaitdedire.Soncœur battit de façon erratique et sa respiration devint de plus en plus difficile quand les yeux deMarcoquittèrentleslèvresdeNataliepourprendreaupiègesonregard.

Elle commença à fermer ses paupières pour tenter de se libérer de son envoûtement,maisMarco saisit vivement son poignet, lui refusantmême ce simplemoyen d’évasion. Le cœur de lajeunefemmesemitàtaperviolemmentdanssapoitrine.

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«Marco…—Pouvons-nousmeneruneexpériencerapide?»Elleessayadenouveau.«Marco…—Est-cequetusaisàquelpointtuesbelle?»Sa voix était emplie de passion, et une image d’eux en train de faire l’amour se glissa

furtivementdansl’espritdeNatalie.Choquéeàlafoisparsaquestionetparl’imagedanssonpropreesprit,ellesemitàbalbutier:«Jenesuis….jenesuispasbelle.—Ohquesi,Natalie,tul’es.Ettudoisêtreprudente.Tout–le–temps.»Sesdoigtsseresserrèrentautourdesonpoignet,sonpoucecaressantsapeau.Ilajouta:«J’apprécieraissincèrementquetuprennesunpeumieuxsoindemoninvestissementàvingt

milledollars.»UnebouleobstrualagorgedeNatalie;ellesesentaitblesséeparcettefroideanalyse.«Un investissementàvingtmilledollars, répéta-t-ellesurun tonmonotone.C’estceque je

suis?—Tuveuxêtreplusqueça?»Sarépliqueavaitfusésuruntonmortellementgrave;sonregardacérécourutsurlecorpsde

Natalieets’arrêtasursapoitrine;cettedernièremontaitetdescendaitsousl’effetdel’agitation.SoncœurcognaitlourdementdanssapoitrinependantqueMarcolaregardaitsanssourciller,

dansl’attented’uneréaction.Elleétaitdansl’incapacitédeformuleruneréponse.Sespenséesétaientdésordonnéeset incohérentes.Elledéglutitdifficilementetessayadestabiliserunrythmecardiaquequisemblaitluidirequeparlerétaitdevenuimpossible.

Marco déplaça ensuite son regard pour étudier les lèvres de Natalie. Elle pouvait sentir latensionexhalerdesoncorpsmassifquiétaitdésormaistropprèsd’elle.

« Dis-le, bébé, murmura-t-il lentement d’une voix qui la défiait et la suppliait en mêmetemps.»

Natalie écarquilla les yeux et des papillons prirent leur envol dans son estomac.BonDieu,avait-ellebien compris cequ’il venait de sous-entendre ?Ouest-ceque son imagination fiévreusevenait simplement de créer cela de toutes pièces ?Elle ne pouvait pas gérer cela, pas encore, pasmaintenant.ElletirafermementsursonpoignetafindelelibérerdelamaindeMarcopuisessayadedésamorcerl’intensitéemplissantl’habitacledelavoiture.

«J’étaisperdue,Marco,c’esttout.»Ilplissalesyeuxmaislâchafinalementsonpoignettandisquelestraitsdesonvisagerestaient

tendus.«Danscecas,heureusementquejet’aitrouvée.»Ellelaissaéchapperunsoupir,reconnaissantequelaconversationsoitenfinredevenueuntant

soit peu normale, qu’elle se soit éloignée de la dangereuse tournure prise quelques instantsauparavant.

«Oui,merci.»Sontonavaitétépoli,maisbeaucouptroprigide.Elleessayadedesserrerlenœuddetension

danssagorgeafindes’exprimernormalement.«Ya-t-ilunesalledesportdansl’immeuble?»Sonvisagesetenditànouveauetilréponditbrièvement:«Oui.—Est-cequejepeuxyallerdetempsentemps?»Ses yeux étaientmaintenant vides, ils brillaient comme de la roche volcanique noire alors

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qu’ill’examinait.«Jen’yvoispasd’inconvénient,répondit-illentement.»Sa réponse sonnait faux ;Natalie avait l’impressionqu’iln’avaitpasétécapablede trouver

suffisammentrapidementuneexcusepourqu’ellen’aillepasàlasalledesport.Àlafoiscurieuseettroublée,ellearboraunsourireenespérantqueMarconepuissedécelersafausseté.

«Merciencore.Jevaismeremettreautravail.Tumontesaussi?—Non, j’étais en route pour un rendez-vous de l’autre côté de la ville et je suis déjà en

retard.»Menteur.Ellenelecroyaitpasuneseuleseconde;elleauraitpuparierlepeud’argentqu’elle

possédaitqueMarcoétaitsimplementpartidelabanquepourlasuivre.«D’accord.Àplustard.»Natalie tira sur lapoignéepourouvrir laportière,maiselleétaitverrouillée.Encoregênée

parl’examenapprofondiauquellasoumettaitMarco,elleluilançaunregardinterrogateur.Ilsoutintce regard durant environ cinq secondes avant de déverrouiller la voiture. À la seconde où elleentenditlebruitdumécanismed’ouverture,elletirasurlapoignéeetsautahorsduvéhicule.

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CHAPITRE4

Deuxheuresplus tard,Natalieétaitdouchée,maquilléeetcoiffée.Elleavaitenfiléson jeanpréféréainsiqu’unt-shirtample.Ellepassaitdistraitementunchiffonàpoussièresurlesmeubles,sonespritétantrestéfocalisésur leGPSdesontéléphoneportable ;ellesedemandaitdequoid’autreMarcoétait capable. Avait-il également trafiqué l’ordinateur qu’il lui avait prêté ? Avait-il installé descamérasespionnesdansl’appartement?

Alorsqu’ellefouillaitleslieux,maisdiscrètementaucasoùelleseraitsurveillée,lasonneriedel’interphoneretentit.

Ellepressalebouton.«Oui?—Excusez-moidevousdéranger,madameLambert,maismadameWallaceaquelquechose

qu’elleaimeraitmonterchezvous.Puis-jelafaireentrer?»demandaleconcierge.Natalien’avaitaucuneidéedequiétaitmadameWallace,maisquiquecesoit,ellenesemblait

pasreprésenterundanger.«Biensûr.Etmerci.—Jevousenprie,madame.»Vingt secondes plus tard, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et une grande blonde tirée à

quatreépinglesensortitcommesielleétaitchezelle.Ellejetauncoupd’œilàNatalie,puisellelaissatomberuncartonsurlatabledel’entréeavantdeporterpourdebonsonregardperçantsurlajeunefemme.

«C’estpourMarco.Vousêtesqui,vous?—JesuisNatalieLambert,lagouvernantedeMarco.—N’importequoi.»Cesmotssortirentcommeunveninacerbe.«Pardon?—Depuisquejeleconnais,Marcon’ajamaiseudegouvernante.Ilfaittoujourstrèsattention

àprotégersavieprivéeetfaitappelàuneentreprisedenettoyageunefoisparsemaine,maisc’esttout.»

Natalienesavaitabsolumentpasquiétaitcettefemme,maiselleavaitlesentimentqu’elleétaitcellequis’occupaitdecetaspectdelaviedeMarco.Ellesepréparapourrépondresanssourciller.

«Çafaitmaintenantdeuxsemainesquejetravaillepourlui.—Etvousl’appelezMarco?Çamesembleterriblementirrespectueux.»Pourquidiablecettefemmeseprenait-elle?Nataliehaussalesépaulesàcetteremarque.

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«C’estdecettemanièrequ’ilm’ademandédem’adresseràlui,répondit-elled’untonneutre.—Vousêtesiciplusd’unefoisparsemaine?—Oui.—Combiendefois?—Jevissurplace.»Toutenprononçantcesmots,Nataliesutquelafemmeenfaced’ellen’apprécieraitpascette

réponse.Etelleavaitraison.Quelquechosedediaboliquesemitàrayonnerdesesyeux.«Vousbaisezensemble?»Nataliereculad’unpasfaceàlafureurdecettequestion.«Non.Jefaisjusteleménage.Etlalessive.»Cetteréponsenesemblaquetrèslégèrementlacalmer.«Pourquoiaurait-ilbesoind’unefemmedeménagetoutd’uncoup?»Laquestionétaitpresqueuneréflexionqu’ellesefaisaitàelle-même.Bienqu’ellenedoiveaucuncompteàcettefemme,Nataliesesentitmalenpensantaudemi-

mensongequ’elleétaitsurlepointdedire.ElleetMarcon’avaientjamaisdiscutédelaconfidentialitéde leur « arrangement », elle ne savait doncpas si elle pouvait enparler.Mais elle nevoulait passpécialementqu’onsachequ’elleétaitsadomestiquenonrémunérée.

«Jenesaispastrop.Jesaisjustequ’ilm’aembauchée,etquejefaisleménagepourlui.Ilestrarementprésentici.»

L’autrefemmesemblapleinementsatisfaitedecetteréponse.«Oui,jesais.Soitilestàsafoutuebanque,soitilprendsonpieddansmonlit.»Sonvisages’assombritetellefronçasoudainlessourcils,commesiellevenaitdeserendre

comptedequelquechose.«Çafaitcombiendetempsquevoustravaillezpourluidéjà?—Deuxsemaines.»Sonfroncementdesourcils’accentua.«Justepourqueleschosessoientclaires,ilestàmoi.Çafaitdeuxansqu’onestensembleet

onvabientôtsemarier.»Natalieressentitunpetitquelquechosededouloureuxqu’elleneputidentifier.«Félicitations.—Oui,enfinbon,neme félicitezpas tropvite. Ilnes’estpascomplètementmisçaen tête.

Maisçaviendra.—C’estgénial.»Ouais,toutestpourlemieux…«Vouspouvezm’appelerTanya.EtjepeuxvousappelerNatalie?»Nataliesouritenessayantdenepasparaîtresuffisante.«Oui,biensûr.—Parfait.Jesuistoutletempsici,alorsonseverrasouvent.Onvabiens’entendre,tantque

vous n’essayez pas de me le piquer. Enfin, ce n’est pas comme si vous y arriveriez. Vous n’êtesvraimentpassongenredutout.Marcoaimelesbellesfemmesdegrandetaille.Etcen’estpascequevousêtes,n’est-cepas?

—Non,jenerentrepasvraimentdanslacatégoriegrande.Nimêmedanslacatégoriebelle,àvraidire.»

À l’instantoùcesmotssortirentdesabouche,Natalie se rappelacequeMarco luiavaitditplustôtdanslajournée,etlafaçondontilleluiavaitdit.Bienqu’ellen’aitrienfaitdemal,unemiettedeculpabilitéluiremontadanslagorge.Ellenesavaitpass’ilpensaitvraimentcequ’ilavaitdit,ou

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s’ilessayait justedemettreenavantunesorted’argument,maisilavaitpourtantbieneul’airdelepenser.Toujoursest-ilqueNatalieneseconsidéraitpascommebelle.Samèreétaitbelle;paselle.

«Ehbien,vousn’êtespassimal,voussavez…Bon,àplustard.Vousluidonnerezlecarton,hein?

—Oui,biensûr.Ravied’avoirfaitvotreconnaissance.»Oupas.«Demême.»

Ce soir-là, Natalie était dans la cuisine lorsqu’elle entenditMarco rentrer à la maison. Entre sonégarement,l’histoireduGPSetsarencontreavecTanya,celaavaitétéjusqu’àprésentlajournéelaplusmouvementéedepuisqu’ilsavaienteul’accidentdevoiture.

Lorsqu’ilss’étaientquittésplustôtdanslajournée,Marcosemblaitquelquepeuencolère,etmêmeeffrayant;Natalieétaitdoncunpeunerveusetandisqu’elleattendaitdevoirs’ilallaits’enteniràsaroutinehabituelle.Iln’avaitpasdemandéqu’ellecuisine,elles’étaitdoncpréparéunesaladeunpeuplustôtetelleétaitmaintenantentrainderangerlacuisineavantdes’éclipserdanssachambre.

Elleentenditsespassur lecarrelageenporcelainede l’entrée,suivid’unbruitplusmodérélorsqu’ilmarcha sur le tapis.Mêmesi elle lui tournait ledos, elle savaitqu’il se tenaitmaintenantdansl’embrasuredelaportedelacuisine.Soncœurbattaitlourdementdanssesoreilles;ellefermabrièvementlesyeuxetprituneprofondeinspirationavantdesetournerverslui.

Toutens’agrippantdesdeuxmainsauplandetravailderrièreelle,ellefitdoncfaceàMarcoquiétaitentraindel’examinerensilence.Ellesavaitqu’elledevaitdirequelquechose,sansquoilatensionallaitencoreaugmenter.

«Salut.»Illaregardadehautenbasetprittoutsontempsavantdedemander:«Est-cequetoutvabien?—Oui,pourquoi?—Jenesaispas.Touteseule…perduedansHouston,dit-ilenfaisant référenceà l’incident

quiavaiteulieuunpeuplustôtdanslajournée.»Il dit cela comme si elle n’était rien d’autre qu’une enfant de dix ans, mais elle sourit

faiblement et s’en tint à ceque lui dictait son cerveau, et non à ceque lui intimait son instinct quivoulaitdésespérémentsavoirpourquoiillasurveillaitd’aussiprès.

«C’étaitenpleinejournéeetjenesuisplusuneenfant.»TouteformedetendressequittalevisagedeMarco,puissesyeuxtombèrentsurlapoitrinede

Natalie. Une coloration rouge souligna soudain ses pommettes et ses narines enflèrent. Une lueurardenteenflammaitsonregardlorsqu’ilrencontraceluideNatalie.

Si elle n’avait pas pris la précaution de se tenir au plan de travail de la cuisine, l’éclair deluxurequ’ellevoyaitsursonvisage l’aurait trèsprobablementmiseà terre.Cen’étaitnullement lapremière fois qu’elle remarquait un regard lubrique sur son visage, mais c’était cependant lapremièrefoisqu’ilétaitostensibleetintenseaupointdefairepalpiterlecœurdeNatalie,dechangerlesimplefaitderespirernormalementenunexploitimpossible.

Ellehumectaseslèvressèchesettentad’apaiserlasituation.«Tanyaestpasséeiciaujourd’hui.Ellealaisséuncartonpourtoi.»

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Ilplissalesyeux.«Tanyaestvenueici?»Savoixétaitrauqueetsévère,teintéedecontrariété.«Oui,elle…»Ill’interrompit;l’énervementcreusaitdésormaisdeprofondeslignesautourdesabouche.«Est-cequ’elleaétédésagréableavectoi?»Ellem’aditquevousétiezsurlepointdevousmarier.«Onaunpeudiscuté, fait rapidementconnaissance.Ellea laisséuncartonpour toi, réitéra

Natalie.—Tuenesbiensûre?Ellen’apasétédésagréable?»Ellem’ajustedemandésionbaisaitensemble.«Non,biensûrquenon.Parcontre,elleaeudumalàcroirequetuaiesprisunegouvernante.

Jeneluiairienditàproposde…del’accident.Jeluiaijusteditquetum’avaisembauchéeetqueçafaisaitmaintenantdeuxsemainesquej’étaisici.J’espèreavoirbienfait.

—C’esttrèsbien.»Nataliecontractalesmusclesautourdesaboucheenespérantqueceladonnenaissanceàun

sourire,puiselles’éloignaduplandetravailettentadeseglisseràcôtédeluipourpartiretlaissercettesituationpesantederrièreelle.

«Bon,ehbien,bonnenuit.»En passant devant lui, elle pensait être tirée d’affaire.C’est alors qu’elle sentit la chaude et

puissantemaindeMarcosaisirsonpoignet.«Natalie.»Sesyeuxétaientbrûlantsetétincelants,emplisd’unpouvoirdeséductionenvoûtantainsique

d’undésirtorridequirenditsesjambescotonneusesetlafitpratiquementchancelersurplace.Le pouce de Marco caressa son poignet et il commença à la tirer vers lui, lentement et

fermement.Puis son regard tombasur les lèvresdeNatalie et le cerveaudecelle-ci semit à criercommepourlerepousserensilence.

Nefaispasça!Nemetouchepas.Nesoispascegenredemec.Nemetouchepasalorsquetuesdéjàavecquelqu’un.Tuasunepetiteamie…unepetiteamie…

Ses yeux se fermèrent énergiquement et son corps se raidit pourmanifester son refus.Ellesentitlapriseserelâcher,maispasassezpourlalibérer.Elleouvritlesyeuxetledécouvritentraindelafixerduregard,desridesdetensionentouranttoujourssabouche.

Elleremuasonpoignetpouressayerdesedéfairedesonétreinte.«Bonnenuit,Marco.»Elleréussitalorsàsurvivreauxtroispluslonguessecondesdesavieavantqu’ilnefinissepar

lalibérer.«Bonnenuit.»Elleseretournaets’enfuitverslerefugequ’étaitsachambre.

Lelendemain,Marcoétaitassisdanssonbureauàlabanqueetluttaitcontreunviolentmaldetête.Ilessayait de se concentrer sur le dossier que Joy venait de lui remettre, mais c’était pratiquementimpossible.

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«Maisqu’est-cequit’arrive?demandasonassistantedelonguedated’unairétonné.—Rien…justeunemigraine.»Ilabandonnaledossieruninstantetappuyasonvisagesursesmains.«Jen’aipasl’impressionquecen’estrien.Tuespâle.Est-cequetuesmalade?—Malade?»Il avait l’air perplexe, comme si être malade était un concept qu’il n’avait encore jamais

envisagé.Lesautrestombaientmalades;paslui.«Oui,Marco,malade.»Joy,unefemmeâgéeet,desurcroît,grand-mère,passaderrière lebureauetallaplaquersa

mainsurlefrontdeMarco;ilsesentitbientropfaiblepourl’enempêcher.«Tuesbrûlant. Jeparieque tunedoispasêtre loindesquarantede fièvre.Tudois rentrer

cheztoi.—Non,jenerentrepaschezmoi.C’estridicule,répondit-iltoutenpinçantl’arêtedesonnez

etenfermantlesyeux.—Ilesttroisheuresdel’après-midi,tun’asplusaucunrendez-vouspouraujourd’hui.Prends

le dossierMcMasters avec toi si ça t’aide à te sentirmoins coupable, et rentre chez toi.Avale uncachetetmets-toiaulitpourtereposer.

—Non,c’esthorsdequestion.—Marco,nesoispastêtu.Rentreàlamaison.Laissetanouvellegouvernantetepréparerune

soupeetteborder.»Ilsortitsonvisagedesesmainsetluilançaunregardpénétrant.«Tupensesvraimentquejedevraisrentrerchezmoi?—Oui.Tunevoudraispasqu’onattrapetouslamêmechose,si?—D’accord,jerentre,consentit-ilrapidement,cequ’iln’auraitjamaisfaitd’habitude.»

Natalierentradans l’appartementaprèsuneséancedesportparticulièrementépuisante.Elleétaitensueurdelatêteauxpiedsetavaitdésespérémentbesoind’unedouche.

«Oùétais-tupassée?»Elle ne s’attendait absolument pas à trouverMarco chez lui d’aussi bonne heure et son ton

accusateur la fit tressaillir ; son regardsedirigeaautomatiquementvers lecanapéoù il était assis,faceàlaporte,attendantqu’ellenerentreàlamaison.

«Enbas,àlasalledesport,répondit-elleaussinaturellementquepossible.—J’avaisbesoindetoi.Tuauraisdûêtreici.J’aiappelétonsatanétéléphoneetjel’aientendu

sonnerparlà-bas.»IlfitungesteampleendirectiondelacuisineoùNatalieavaitlaissésonportablebranchépour

lerecharger.Elle regarda en direction du téléphone, puis à nouveauMarco. Elle s’était absentée durant

seulementquarante-cinqminutesetn’avaitvraimentpaspenséàprendresontéléphone.«Tum’asditqueçaneposaitpasdeproblèmequej’ailleàlasalledesport.»Commelatranspirationcoulait lelongdesacolonnevertébrale,elleôtasaqueue-de-cheval

desanuque.«Pourquoiest-cequetuesrentréaussitôt?

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—Jesuismalade,dit-ild’untonlaissantentendrequec’étaitdelafautedeNatalie.—Qu’est-cequinevapas?demandalajeunefemmetoutens’avançantunpeuplusdansla

pièce.—J’aiunemigraineetdelafièvre.Joyaditquetudevraismepréparerunesoupe.—Àcombiens’élèvetatempérature?demanda-t-elle.—Jenesaispas.Commentlesaurais-je?»Encoreunefois,letondesavoixsous-entendaitquetoutétaitdesafaute.«Avecunthermomètre.Oualors,entebasantsurtonétat.»EllerefusaitdelaisserlamauvaiseattitudedeMarcol’entraînerdansunedispute.«Jemesensmal.Matempératuredoitêtreélevée,déclara-t-ilcommeunenfantgrognon.—Tudevraispeut-êtreallervoirunmédecin.—Pourquoifaire?Lasoupeneserapassuffisante?—Marco…non, rien. Je ne peuxpas improviser une soupe commeça.Àmoins que tu ne

veuillesdelasoupeenconserve.—Y’aquoicommeautretypedesoupe?»Nataliel’examinapourvoirs’iln’étaitpasentraindeseficherd’elle,maiscenesemblaitpas

êtrelecas.«Bon.Jevaistepréparerunesoupe.Tuveuxdesbiscuitsoudescroque-monsieur?—Tusaiscommentfairedescroque-monsieur?—Jepensequec’estdansmescordes,oui.—Alorsoui,pourquoipas.Est-cequejedevraisalleraulitmaintenant?—Situveux.Ilyadesplateauxdanslacuisine.Jepeuxt’enamenerunaulit,sic’estàçaque

tueshabitué.—Jenesuishabituéàriendutout.Jenesuisjamaismalade.»PourNatalie, iln’avait absolumentpas l’aird’êtremalade,maiselle s’abstintde luidirece

qu’ellepensait.«D’accord.Est-cequeçapeutattendrequinzeminutes,letempsquejeprenneunedouche?Je

suisvraimentsale.—Viens vérifierma température. Joy amis samain surmon front ; dis-moi ce que tu en

penses.»Nataliemorditl’intérieurdesajoueetfitunpashésitantverslui.Malgrésoncomportement,

Marco était à couper le souffle et Natalie en aurait bien fait son quatre-heures ; il lui fallut seconcentrerdetoutessesforcespournepasoublierqu’ilavaitunepetiteamie.Ilnefaisaitpeut-êtrepasréférenceàTanyacommetelle,maisc’étaitpourtantbiencommecelaqueNatalielavoyait.Elles’arrêta devant le canapé sur lequel il était. Se penchant en avant, elle tendit le bras et posadélicatementsamainsursonfront.

LebrasdeMarcoserpentapourallerseglissersurlebasdudosdeNatalie;ilouvritensuitesamainengrandetleboutdesesdoigtsallacaresserlehautdesesfesses.Lamaindelajeunefemmetremblasursonfront.

«Tum’aspasl’aird’avoirdefièvre.Peut-êtrejusteuntoutpetitpeuchaud.»Enréalité,ellen’ensavaittroprien;ellen’étaitpasunemère,etellen’avaitnipetitfrèreni

petitesœur.Maisellepensaitqu’iln’avaittrèsprobablementpaslamoindrefièvre–ouentoutcas,rienquisoitcomparableàlavaguedechaleurqueletoucherdeMarcoavaitdéclenchéechezelle.

Natalie ôta sa main de son front et essaya de s’éloigner de lui. Il s’agrippa alors à elle,l’immobilisanttotalement.

«Tusenstellementbon,Natalie.»Alorsqu’elleréalisaitlasituationdanslaquelleellesetrouvait,unesensationserépanditdans

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sesentraillescommedelalaveenfusion.Ellesortitsalangueetlapassasurseslèvressèches.«Tudoisavoirdelafièvre,dit-ellesuruntoncaustique.Tudélires.Jesuisdégoûtante,Marco.

Jesuiscouvertedetranspiration.—C’esttotalementimpossiblequetusoisdégoûtante…tuesmagnifique.»OhbonDieu,nousyrevoilà.LamaindeMarcocaressaitsacolonnevertébraledehautenbas,

serapprochantdeplusenplusducreuxdesesfesses.Ellesesortitdesonpiègeets’éloignadelui,desorteàmettrelalargeurdelapièceentreeux.«Tudevraispeut-être temettre au litmaintenant, non? J’arrivedansvingtminutes avec ta

soupe.»Elle se retourna et se dirigea vers sa propre chambre, sans attendre de voir s’il faisait ce

qu’elleluiavaitsuggérédefaire.

Trenteminutesplustard,NatalieprituneprofondeinspirationetfrappaàlaporteouvertedeMarcotoutenmaintenantleplateauenéquilibresuruneseulemain.

«Tuesenretard.»Ilseredressapours’asseoirsurlelit;unemultituded’oreillersétaientcalésderrièresondos,

et Natalie se dit alors queMarco ressemblait à un sultan prêt à être satisfait par sa concubine.Etmerde.Celafaitdoncdemoisaconcubine.

ElleentraetposaleplateausurlesgenouxdeMarcoavantdeluidirelapremièrechosequiluivintàl’esprit,histoiredenepaspenseràsontorsenu.

«Rappelle-toidenepascritiquerlasoupe.Jenel’aipasfaite,jemesuiscontentéd’ouvrirlaboîtedeconserve.

—Çasentincroyablementbon.Jenepensaispasavoirautantfaim,dit-ilens’emparantdelacuillère.»

Elle recula vers la porte aussi rapidement qu’elle le put. Elle avait tellement besoin des’éloignerdelui.Levoiràmoitiédénudédanscelit…

«Bon,parfait.Jereviendraivoirsitoutvabiendansunmoment.»Elleétaitpresqueàlaportelorsqu’ill’arrêta.«Natalie?—Oui?»Va-t-ilvraimentmeremercierpour lasoupe?Ellese retournapour lui faire face, le regard

légèrementcoloréd’espoir.«Tupeuxmepasserlatélécommande?»

Vingt minutes plus tard, Marco l’appelait sur son téléphone portable. Elle sortait tout juste de sachambre après s’être acquittée du séchage de ses cheveux. Au lieu de décrocher, elle se renditdirectementàsachambre.

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«Tuasbesoindequelquechose?—Prendsleplateau.»Elleserralesdentsfaceàsontondesplusdésagréables,maiselles’approchatoutdemême

pourôterleplateaudesesgenoux.«Riend’autre?—Non,justeleplateau.»Ilétaitassisetzappaitd’unechaînedetélévisionàl’autresansmêmedaignerregarderNatalie.Elleretournaàlacuisine.Cinq minutes plus tard, son téléphone portable sonnait de nouveau, et là encore, elle ne

réponditpasmaisalladirectementàsachambre.«Oui?»Celadevenaitagaçant.Ettrèsrapidement.«J’aibesoindeplusd’oreillers.»Latélévisionétaitéteinte,latélécommandeposéesurlatabledechevet.Ellelefoudroyaduregardetressortitpourallerfouillerleplacardsituédanslecouloir.Une minute plus tard, elle l’aidait à caler des oreillers supplémentaires derrière son dos

dénudé.Sesépaulesétaientlarges,etlapilositédesontorseétaitparfaite–pastropabondante,maissuffisantepourquecelapuisses’avérerextraordinairedeglissersesmainssurcespectoraux.OhmonDieu.Etcettetoisonquicheminaitjusquesouslesdraps.Elledevaits’éloignerdelui,etvite.

«Ceseratout,monsieur?demanda-t-elled’untonsarcastique.»Illaregardaenfronçantlessourcils.«Ehbienpars,situessipressée.—Jenesuispaspressée…—Tun’espasnormale.Tufaisunepiètrefemmed’intérieur.Tudevraisêtreauxpetitssoins

avecmoi,fustigea-t-il.—Oh, je suis désolée, tu n’as pas aimé les croque-monsieur ? demanda-t-elle en haussant

légèrementleton.—Ilsn’étaientpasmauvais.—Entoutcas,tulesastousmangés.—Jesuisbrûlantdefièvre.Est-cequetupeuxm’apporterungantdetoilettehumidepourma

tête?»Elle croisa les bras sur sa poitrine et resta immobile juste assez longtemps pour lui faire

comprendrequ’ellenecroyaitpasuneseulesecondeàsonpetitjeudupauvredemoi.Ellealladanslasalledebainsetenrevintquelquesinstantsplustardavecuneserviettehumide.

Ellelaluitendit.«Tiens,dit-ellealorsqueMarconefaisaitpaslemoindregestepourlaluiprendre.—Bordel, Natalie. Je suismalade. Est-ce tu pourrais, aumoins, faire semblant d’en avoir

quelquechoseàfoutrependantuninstant?»Elle leva lesyeuxaucielet s’assitdélicatementsur leborddesonmatelas ;commeellese

tournaitàmoitiépourluifaireface,seulundesespiedsrestasurlesol.Ellepliasoigneusementlaservietteenunrectangle,etavecdessignesévidentsderéticence,ellelaluiposasursonfront.

Il soupira de ce qui sembla être de l’extase et il passa son bras autour de Natalie pour laprendre par la hanche, lamaintenant fermement en place. Elle fut alors frappée par une vague deréactionchimique,etelles’imaginabrièvementcommentseraientleschosessiMarcoétaitàelle,etrienqu’àelle.Serait-iltoujoursaussibourru?Cesserait-ild’avoircetteattitude?

Marcosoupiraet fermalentementsesyeux ; lesyeuxdeNataliefirent lamêmechosealorsqu’elle déplaçait la serviette en de petits mouvements circulaires sur son front, essayant non

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seulementd’apaiserMarco,maiselle-mêmeégalement.Ilsrestèrentainsipendantplusieursminutes,Marcoappréciantdetouteévidencegrandement

lessoinsapportésparNatalie.La sonnette retentit alors bruyamment, interrompant cet instant de calme. Marco ouvrit

vivementlesyeuxetNataliesautadulit;elleemportalaserviettemouilléeavecelleetseprécipitaausalon.

Elleappuyasurlebouton.«Oui?—MadameWallacesouhaiteraitmonter,madame.Puis-jelafaireentrer?Agacée, Natalie se mordit la lèvre. Elle n’avait pas spécialement envie de gérer Tanya

maintenant.Savait-ellequeMarcoétaitchezlui?—Oui,pasdeproblème.»L’ascenseurs’ouvritetTanyaentradansl’appartementdemanièretrèsthéâtrale.«Oùestmonpauvrebébé?»Ehbien,celarépondaitàlaquestiondeNatalie.«Ilestdanssachambre.»Tanyacommençaàmarcherdanslecouloir.«Laquelle?»Ellenesavaitpas?Natalieenfutquelquepeuchoquée.Àl’entendre,elleétaittoutletempsici.«Deuxièmeporteàgauche,répondit-elle.»TanyafonçadanslachambredeMarcoetNataliel’accompagnatoutenrestantlégèrementen

retrait vers la porte, pour voir si une évasion était envisageable. Elle n’avait pas particulièrementenviederegardercettefemmeparaderdevantMarco.

Lorsquecedernierouvrit lesyeux,Natalieputclairementvoir l’émotionquisedégageadeses yeux avant que son visage ne se ferme totalement, ne laissant alors plus entrevoir lamoindreexpression.Sonregards’étaitd’abordposésurTanyaetdel’agacementavaitétincelédanssesyeuxmarron;puisils’étaitdétournéd’ellepourcentrersonattentionsurNataliequisetenaitderrière.

Elleeutlesoufflecoupéenapercevantl’expressionsurlevisagedeMarco,justeavantqu’ilnesefermepourdebon.Ellecomprittoutdesuitequ’iln’étaitpasheureuxdevoirlavisiteuse.

Ilvoulaitêtreseulavecelle,pasavecTanya.Pensantauregardquecettedernièreavaitsuscité,Natalielaplaignitpresque.Àvraidire,ellelaplaignitbeletbien.

«Marco,pauvrebébé.»NatalieappuyasondoscontrelaporteetobservaTanyaposersonculsurlematelas,justeà

côtédeMarco.Lapremièrefoisqu’ellel’avaitrencontrée,ellen’avaitpasremarquéquesonderrièreétaituntantinettropgros.

«Jesuisvenuepourprendresoindetoi.C’estuncoupdechancequej’aiessayédet’appeleràtonbureau!Joym’aditquetuétaismalade!»

Marcocroisalesbrassursontorse.«J’aibesoinderepos,Tanya,pasdecompagnie.—Jenesuispasjustedelacompagnie,idiot.»Elle glissa ses ongles rouge sang dans les cheveux de Marco et Natalie eut à son tour

l’impressiondetombermalade.Elleretintl’oxygènedanssespoumonsetsesjambesseraidirenttandisqu’ellemarchaitvers

lelitpourdonnerlaservietteàTanya.«Ilaimebienlacompressefroidesursonfront.»Comptetenuduregardqu’ilalancéàTanya,est-cemal,cequejefaislà?TanyapritlaservietteetlaposasurlefrontdeMarco.

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«Commeça?—Oui,murmuraNatalie.»UneémotionpourlemoinsdésagréableserrasagorgeenvoyantTanyaposersesmainssur

lui.NatalieobservauninstantlesdoigtsdelagrandeblondecourirdanslescheveuxdeMarco,puisellereportasonattentionsurlesyeuxdubanquier.S’apercevantsoudainqu’illuirendaitsonregard,elleenfutbouleverséeaupointpresque,d’enperdreencorelesouffle.

Sesyeuxétaient exclusivement rivés sur elle, expressifs et possessifs, commes’il ne faisaitqu’attendre le bon moment pour s’emparer d’elle. Le cœur de Natalie se mit alors à battrefrénétiquement.Commeellecommençaitàtournerlestalonspours’enaller,Marcotenditlebrasetrefermasamainautourdesonpoignetpourlaretenir.Ellefutstoppéedanssonélanetseretournapourêtredenouveaufaceà lui, toutà faitconscienteque l’autreobservait lascèneavecune lueurdangereusedanssesyeux.

«Apporte-moiunverred’eauetune…bouillotteélectrique,luiordonna-t-iltranquillement.»Elleessayadeseressaisiretdeseconcentrersurcequ’illuidemandait.«Unebouillotteélectrique?Pourdelafièvre?»Ilplissalesyeuxetditlentementmaisfermement:«Jeveuxunebouillotte.—Trèsbien.Oùest-elle?—Regardedans leplacardducouloir,celuioù tuasdégoté lesoreillers.C’est làque tu la

trouverassionenaune.»Abasourdie,Natalie se figeaenentendant lemoton ; cela semblait indiquerqu’elle était ici

totalementchezelle ;elle sentitégalement lepoucedeMarcodessinerdepetitscerclessur la faceintérieuredesonpoignetpendantqu’ilformulaitsademande.

Et pendant tout ce temps, Tanya était assise sur le bord du lit, les observant tous les deuxcommesielleétaitsurlepointd’arracherlesyeuxdeNatalie.

«D’accord.»Elletiradélicatementsursonbraspourtenterdeselibérer,etaprèsunautrelongregard,il

lâchasonpoignet.Nataliesortitdelachambreetcommençaparallerluichercherunverred’eau.Ellerevintle

posersursatabledechevet,sanstrops’attarderpournepasavoiràlesregarderouàécouterlaviveconversationqu’ilsétaiententraind’avoir.

Aprèsunefouilleapprofondiedesdeuxplacards,Natalierevintlesmainsvides.Ellepassasatêteparlaportedelachambre.«Jenetrouvepasdebouillotte.Est-cequ’uneautrecouvertureferaitl’affaire?—Non,ilmefautunebouillotte.»IlregardaTanya.«Çanetedérangepasdefaireunsautàlapharmaciepourm’enprendreune?—Toutenprononçantcesmots,ilsepenchapourprendresonportefeuillequiétaitposésur

latabledechevetetensortitunbillet.IlletenditàTanyaetajoutauneexpressionqueNataliecroyaitabsenteduregistredeMarco.

—S’ilteplaît?»Tanyas’emparadubilletdecentdollarsavecuneaviditénondissimulée.«Biensûr,monchéri.Jeseraideretourdansunedemi-heure.»Ellesepenchaetembrassaseslèvresenprenantappuisursesépaules.Natalieeutlanauséeen

regardantcetéchange,maisMarconeluiretournapascegestequisevoulaittendre,etcefutterminépresqueaussivitequecelaavaitcommencé.

Tanya passa rapidement à côté d’elle comme si elle n’existait pas. Natalie resta immobile

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jusqu’à ce que le léger bruit des portes de l’ascenseur se refermant la force à regarderMarco. Ill’observa attentivement tout en levant son téléphone portable à son oreille après avoir pressé unetouche.

«MadameWallace est sur le point de sortir du bâtiment. Elle sera bientôt de retour.Ne lalaissezpasremonter.Prenezsesachats,maisnelalaissezpasremonter.»

Unfrissonparcourut lecorpsdeNataliealorsqueMarcodictait ses instructionsetattendaituneconfirmationdelapartdesoninterlocuteur,letoutenexaminantNatalieavecgrandeattention.Ilraccrochaetabaissaletéléphone.

«Oùenétions-nous?»Natalies’éclaircitdoucementlagorge.Ilétaitabsolumenthorsdequestionqu’elles’approche

desonlitaprèsunteléchangeavecleconcierge.«Tuétaissurlepointdedormir.Etjevaistelaissertranquille.Jereviendraiplustardpour

voirsitoutvabien.»Sansattendresaréponse,elleseretournaets’éclipsa.

Plus tarddans la soirée,Marcoétait assisà sonbureau,unverredebourbonàportéedemain.Samigraineavaitdisparu,etquantàsafièvre,iln’enavaitjamaisvraimenteu.Ilavaitenfinouvertpuisjeté le petit carton que Tanya lui avait laissé.À l’intérieur, il y avait une pile de vingt photos surpapierglacélareprésentanttrèslégèrementvêtueetdansdesposessuggestives.

Sielleavaiteuuntantsoitpeud’importanceàsesyeux,ilauraitpeut-êtretrouvécesphotoscharmantes,outoutaumoinsamusantes.

Maisilnelesavaittrouvéesnicharmantesniamusantes.Illesavaitjetéesdanslapoubellequijouxtaitsonbureau.Ilétaittempsqu’ilsedébarrassed’elle.Elleneluiplaisaitplus,ilavaitperdutoutintérêtpour

soncorps,etl’agacerétaittoutcequ’elleétaitencorecapabledefaire.Elle l’empêchait d’avoir ce dont il avait réellement envie et il ne pouvait pas laisser cette

situationperdurer.Ouais, il devait se débarrasser d’elle et il devait le faire dès le lendemain. Il n’y avait

absolumentaucuneraisonderemettrecelaàplustard.Lelendemainsemblaitmêmesoudaintropéloignépourattendrejusque-là.Illeferaitdoncdèscesoir.Ilavaitbu,descendant lentementmaissûrementlabouteilledebourbon,etce,depuisquesa

petitefemmedeménageavaitprislafuitecommesilesflammesdel’enferétaientàsestrousses.Il ne pouvait pas conduire. Mais il fallait quand même qu’il se débarrasse de ce satané

problème.Ildécrochaletéléphoneetdemandaunevoitureavecchauffeur.

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Lelendemainmatin,Natalieentradans lesalonetsut immédiatementquequelquechosen’étaitpasnormal.L’ordinateurportablequeMarcoprenait toujoursavec luipouraller travaillerétaitouvertsurlatablebasse,l’écrannoir…Était-ilvraimentmalade?Ellenel’avaitpastotalementcrulaveille.

Elleentenditalorsunbruitdansl’appartement;elleseretournaetmarchalentementdansladirectiond’oùprovenaitleson.

La porte de la chambre deMarco était fermée.Elle entendit quelque chose tomber, puis unjuronappuyé.

Elledevaitfrapperàsaporte.Elledevaitvraimentfrapperàsaportepours’assurerqu’ilallaitbien.

Mais c’était absolument hors de question.Elle se retourna et s’enfuit pour aller se réfugierdanslacuisine.

Vingtminutesplustard,elletentaitdefairecommesiderienn’étaitensirotantunetassedecaféetenétablissantunelistedecourseslorsqueMarcoentradanslapièce.Sesyeuxétaientinjectésdesangetilyavaitundébutd’hématomesursapommettedroite.Natalieécarquillalesyeuxenlevoyantainsi.Elleposasonstylo,fitpivotersontabouretpoursedétournerdel’îlotcentraloùelleétaitassiseetfocalisasonattentionsurlui.

«Café.»Ce seulmot impérieux avait été prononcé d’une voix tellement rauque et grave qu’il avait

résonnécommelerâlementd’unanimalensouffrance.Elleselevaavecprudenceetluiversaunetassedecafénoir;Nataliesavaitqu’ilaimaitson

caféainsi.Elleseretournaetposalatassesurl’îlotcentral,àlaportéedeMarco.Lajeunefemmeserassitensuitesursontabouretetrepritsonstyloenmainafindecamoufler

lesémotionsdéplacéesquiagitaientsonestomac.Maisellen’arrivaitpasàseconcentrersurlalistede courses, elle savait qu’elle n’y parviendrait pas, et elle était terriblement consciente queMarcoétaitmaintenantentraindes’asseoirsuruntabouretenfaced’elle.

Lapiècesemblarétréciraufuretàmesurequesoncorpsmassifs’approchait.Ilpritlecaféetbutplusieursgorgéessansregarderailleursquedanssatasse.LacuriositédeNatalieeutfinalementraisond’elle.«Qu’est-cequit’esarrivé?»interrogea-t-elledoucement.Iltressaillitetlaregardaavecdesyeuxplissés.«Tun’asplusàt’inquiéteràproposdeTanya.Elleneviendraplusici.»Nataliefutenvahieparunsentimentd’incrédulité.«Jen’étaispas…inquiète.»Elles’humectaleslèvres,etdespapillonstourbillonnèrentsoussonsternumtandisqu’ellese

demandaitcequecelavoulaitdireexactement.«Çanesertplusàriend’enparler.Ellenefaitpluspartiedemavie.—Jesuisdésolée.»Ellesesentaitcomplètementimpuissante;ellenesavaitabsolumentpasquoiluidire.Elleétait

plusoumoinsconscientequ’ellen’auraitpasdûêtreentrainderessentircettebulled’euphoriequirebondissaitdanssatête.Elledéglutitetseconcentrasurlasituationprésente.

«Qu’est-ilarrivéàtonvisage?»

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Ilseletouchaetsentitalorslamarque,cequilefitgrimacerd’agacement.«Tanya.»Nataliefutintensémentsurprise.«Ellet’afrappé?—Ouais.—Est-ceque…est-ceque…»Ilplissalesyeuxetlafixad’unregarddédaigneux.«Est-cequejel’aifrappéeenretour?Non.—Jesuisdésolée…Cen’estpascequejevoulaisdire…—Ahnon?Onauraitcrupourtant.»Cetteaffirmationétaitemplied’accusation.«Jesuisdésolée.»Natalie savait bien qu’elle sonnait probablement comme un disque rayé, mais le peu

d’expériencequ’elleavaitdeMarconeluidonnaitaucuneindicationsurlafaçondontelledevaitagir.«Ilmefautdel’aspirine,gémit-iltoutenlaissanttombersonfrontdanssesmains.—Iltefautdel’ibuprofènepourlegonflement,dit-elledoucementtoutenselevantpouraller

enchercher.—Del’aspirine.»Ellesedirigeaversletiroiroùunassortimentdemédicamentsdélivréssansordonnanceétait

stockéetlançapar-dessussonépaule:«Del’ibuprofène.—Natalie!hurla-t-ild’unevoixcoléreuse.»Elleseretournavivementpourluifaireface,lesmainsàlagorge.« Ne discute pas avec moi, continua-t-il. J’ai une putain de gueule de bois et je veux de

l’aspirine,immédiatement!»LavoixdeMarcoétaitungrognementtonnantetmenaçant.Face à ce ton, elle se figea et sentit son visage se vider de toutes ses couleurs. Ses yeux

s’emplirentde larmes, des larmesdepeine et de colère réprimée, et elle se retournavers le tiroirpourcherchercequ’ilexigeait.Elletrouvauntubed’aspirinedontelleretiralecouvercleavecuneragecroissante.

Elle se tenait à unmètre de lui et se retourna pour lui faire face ; d’incontrôlables larmeslaissaient des traînées humides le long de ses joues et elles réussirent à la mettre encore plus enrogne.Marcolaregardaitpar-dessussatassedecafé,etilremarquasansaucundouteleslarmes.Unsombrefroncementdesourcilsappuyalourdementsurlestraitsdesonvisage,commesitoutétaitdelafautedeNatalie.

C’enétaittroppourelle.Elle jeta vigoureusement le tube ouvert sur Marco et des pilules blanches se répandirent

partoutsurluiainsiquesurl’îlotcentraldelacuisine.«Lavoilà,tonaspirine,connard.»ElletournaledosàMarcoainsiqu’àlapagaillequ’ellevenaitdesemeretsortitdelapièce

sanstarder;elleétaitloind’êtresuffisammentcourageusepourresteretvoirsaréaction.Dederrièreelle,luiparvintuncrissementdechaiseaccompagnéd’ungrognementdefureur.

Une panique sombre et glaciale s’empara d’elle lorsqu’elle réalisa qu’il était sur le point de lapoursuivreàtraversl’appartement.

Elle ne s’arrêta pas pour penser. Elle se contenta de courir. Elle fila dans le couloir ets’engouffradanssachambre,puisclaquaetverrouillalaporteaussirapidementqu’elleleput.

Ilcommençaimmédiatementàcognercontrelebattant.Justeau-dessusdelatêtedeNatalie,ce

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qui semblait être sonpoing frappant lebois contre lequel elle était appuyée lapoussaà s’éloignerlentement dans un silence méfiant. Son cœur battant à tout rompre, elle s’immobilisa, regardantfixementlaporte,commeclouéesurplace.

«Ouvrelaporte!»cria-t-il.Muette et les pieds toujours bien ancrés au sol, elle tendit un bras pour s’agripper au lit à

baldaquinafindenepasperdrel’équilibre.«Ouvrecettefoutueporte,Natalie.»Ellepassasalanguesurseslèvresetprituneprofondeinspirationafindedonnerdelaforceà

savoix.«Pasquestion.—Tuastrentesecondes.Jevaisallerprendrecetteputaind’aspirineetreveniraveclacléde

cetteporte.Crois-moi,ilseraitpréférablepourtoiquetul’ouvrespartoi-même.»Natalie l’entendit s’éloigner de la porte, et alors que la réalité de cette horrible situation

commençait à s’installer pour de bon, ses pensées s’emballèrent. Que diable avait-elle fait ? Quediabledevait-ellefairemaintenant?

Elle n’ouvrirait pas la porte, elle était aumoins sûre de cela.Mais quoi qu’elle fasse, elledevaitendéciderdanslesquelquessecondesàvenir.

Elleavaitbesoind’êtrecalme.Elledevaitêtremaîtressed’elle-mêmeetfairetairesapeur,oudumoinsfairesemblant.Aprèstout,unanimalsauvageétaitplusenclinàattaquers’ilsentaitlapeurdesaproie.Elleallas’asseoiraumilieudulitetpritlemagazinequ’elleavaitprévudelireplustard,comme si elle n’était pas concernéepar cequi était en trainde seproduire.Elle fut alors soudainfrappéeparlapenséequelelitétaitledernierendroitoùellevoulaitêtrepriseaupiège.D’ailleurs,celavalaitpourtoutelachambre.

Elleseprécipitaverslaporteetl’ouvritpourquitterlachambreetallertrouverrefugedanslasécuritérelativedusalon.

Marcosetenaitàl’entréedelachambre,etdanssonélan,Nataliemanquadepeudepercuterle torse deMarco avec sa propre poitrine. Elle s’arrêta brusquement en dérapant. Était-il resté làpendanttoutcetemps?LapeuretlacolèredominaientparmilesémotionsquiagitaientNatalie.

«Tut’esfoutudemoi.Tun’aspasdeclé.»Elleessayadepasserenforce.«Connard?Tum’asappeléconnard?siffla-t-il,uneveinesaillantetressautantsurlecôtéde

soncou.»L’hostilitésedégageaitdesoncorpsalorsqu’ilbloquaitlatentativedefuitedeNatalie.

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CHAPITRE5

Cesparolesjetèrentunfroidglacial,etenréponse, lestraitsduvisagedeNataliesedurcirentsousl’effetde lacolère,maisausside lapeurquicoulaitdans sesveinesetqu’elleétaitbiendécidéeàcontrôler.

«Tum’asmenti.Taclén’ajamaisexisté.»Elleessayaunefoisdeplusdelecontournermaisilcontinuaàl’enempêcheravecsoncorps.«J’aiuneclé,répliqua-t-ilavecunméprisdangereux.»Etillevalaclésoussonnezavantderapidementlaglisserdanssapoche;ilplaçaensuiteses

mainsdésormaislibressurlesépaulesdeNatalie,lamaintenantfermementenplace.«Cen’estpasvraimentmachambresitupossèdesuneclépouryentrer,dit-ellesèchement.»ElleessayadeselibérerdesmainsdeMarco,maislesdoigtsdecederniers’enfoncèrentplus

fermementencoredanssesépaules.«Cen’estpastachambre.C’estl’endroitoùjetepermetsdedormir.»Sonvisageétaitdéforméparunrictusdecolère,etlesmotssefaufilaientàtraverssesdents

serréesetbienvisibles.«Lâche-moi,dit-elled’unevoixtremblantetoutenessayantdes’éloignerdelui.—Arrêtedebouger,»feula-t-il.Savoixétaitmenaçanteetcelaeutpoureffetd’immobiliserNatalieavecefficacité,maiselle

luilançatoutdemêmeunregardnoiravantdebaisserlesyeux.«Nememenacepas,dit-elleenunmurmuredecourroux.Jetejureque…jevaisappelerla

police.»EllesentitlaprisedeMarcoseraidirsursesépaulesavantqu’ilneretireunedesesmaispour

lentementlaglisserdanssapoche.«Pourfaireça,tuvasavoirbesoindetontéléphone.»Alors qu’il prononçait ces mots avec un soupçon de sarcasme, il sortit de sa poche le

téléphonequ’ilavaittrèsprobablementprisdanslacuisineoùNataliel’avaitlaissé.Illejetasurlelitsituéàquelquesmètresd’eux.

Samainrevintseposersurl’épauledeNatalie;elledevintalorscomplètementmuetteetellefermalesyeux.

Ilsrestèrentainsidurantquelquessecondes,etellefitdesonmieuxpournepastrembler,maisc’étaitimpossible.

Il était trop près d’elle, sa peau était trop chaude, et elle savait qu’il pouvait sentir lestremblementsdesoncorps.

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IlplaçaunseuldoigtsoussonmentonetlevalevisagedeNatalieverslesien.Sespaupièresrestèrentferméesensignededésobéissance.

«Ouvrelesyeux,ordonna-t-il.»Celanereprésentaitqu’uninfimeactedeprovocation,maisNatalieattenditquelquessecondes

avantd’obtempérer lentement.Elle le trouvaalors le regardrivésurelle,etbien tropprochepourqu’ellenesesenteàl’aise.Bienqu’injectésdesang,sesyeuxétaientd’unmarronprofondauxtonschocolat, et alors que Marco sondait Natalie, ce n’est qu’avec peine qu’elle maintint son propreregard.

«Jenesupportevraimentpaslegenredeconneriesquetuviensdefaire.»TenantvigoureusementlementondeNatalieentresonpouceetsonindex,Marcopoursuivit:«Ilyaquelquespetiteschosesquetudoisapprendresurmoi,etrapidement.Jeneréagispas

trèsbienauxmenacesouauxcrisesdecolère.Leslarmesnem’affectentpas…ellesnem’affectentjamais.»

SesyeuxfouillèrentceuxdeNatalie,puisilconclutentresesdentsserrées:«Jenem’excusejamais.»Ilcontinuad’examiner levisagedeNathalieetcettedernière futalors soudainvictimed’un

contrecoupémotionnel,quifittotalementdisparaîtresavolontédeluitenirtête.Soncorpstremblaetellecessade se tenirdroite ; sonbassin trouvaappui contre les cuissesdeMarcoavantqu’ellenerenonceentièrementetselaissetombercontreluidetoutsonpoids.Marcoécarquillalesyeux,ilôtasesmainsdesépaulesdeNatalieetglissaunbrasautourdesataillepourlasoutenir; ilglissasonautremainsursajoue,puisdanssescheveuxpourinclinersatêteafinqu’elleleregarde.

La différence de taille entre eux était très importante et Natalie se sentait complètementéclipséeparlecorpsmassifdeMarcoetparlesmusclesd’acierquiladrapaient.Contresavolonté,l’aura sexuelledont il était doté et qu’elle avait toujours essayéd’ignorer enveloppait ses sens.LamaindeMarcoagrippalescheveuxdeNatalieetellefutsubmergéeparsonodeur;soncœurpalpitaetuncourantélectriquelatraversa.Ellecompritalorsàquelpointelleétaitvulnérablefaceàlui.

Ill’examinapendantunmomentavantdeparler.«J’aipasséunemauvaisenuit…etjesuisentraindepasserunemauvaisematinée.»Savoixétaitdésormaisplusprofondeetsemblaitbeaucoupmoinschargéedecolère.«D’habitude,jeneboispasautant…matêtemefaitunmaldechien.Tanyaestunesalope…

c’estfinietjen’aipasenvied’ypenser.»IlcommençaàcaresserNathalieaveclamainqu’ilavaitposéesursataille,puisilsepenchaet

posaleslèvressurlefrontdelajeunefemme.Ilmaintintcettepositiondurantun instantpendantque lecœurdeNataliecontinuaitàbattre

furieusementdanssapoitrine.Ildéplaçalentementseslèvressursonfrontetelleeutl’impressionqueMarco reniflait son odeur. De la stupéfaction ainsi qu’un léger courant de plaisir s’infiltrèrentfurtivementdanssesveines.

«Jen’auraispasdûmemettreencolère,dit-ilcontresapeau.Jesaisquetuessayaisseulementdem’aider.»

Nataliehaletaetuntourbillonseformadanssatêtealorsqu’elleessayaitdetrouverunsensàce qu’il disait. Il ne s’est jamais excusé !Certes, lesmots Je suis désolé ou Jem’excuse n’étaientjamaissortisdesabouche,mais toutcequ’ildisaitsonnaitétonnammentcontrit,cequiembrouillaencoreplusNatalie.

Avantqu’ellenepuissetropyréfléchir,ilrelevalatêteetcroisasonregardunefoisdeplus.«Jedoisalleràlabanque–jesuisdéjàenretard.»IlretirasamaindescheveuxdeNatalieeteffleurasajoueavantdedemander:«Est-cequeçavaaller?

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—Oui.»LavoixdeNatalieavaitétéàpeineplusfortequ’unmurmure.«Est-cequetuseraslàquandjereviendrai?»Lalégèretracedevulnérabilitéétaitsibiendissimuléequ’elleéchappapresqueàNatalie,mais

ausondelavoixdeMarco,ellesutquelleétaitlaréponsequ’ilattendaitetellen’hésitaqu’unbrefinstantavantdelaluidonner.

«Oui.—Jeserailàpourledîner,ajouta-t-il.—D’accord.»Son regard fouillant celui de Nathalie, il la dévora entièrement des yeux pendant quelques

secondes.Quelquechosed’intensenaquitentreeuxetlepicotementqu’elleressentaitdanslecreuxdesonestomacglissaverslebaspourfinirenunenuéeardenteentresescuisses.

«Tuessiadorable.»Il dit cela d’une voix qui semblait tourmentée, mais Natalie perdit toute aptitude à penser

lorsquelabouchedeMarcoatterritsurlasienneetqu’ellegoûtaàsonbaiserpourlapremièrefois.Celaneduraqu’unesecondeetseslèvresàluirestèrentferméessurlessiennes,commeleferaitunemèreavecsonenfant.Maiscebaisern’avait riendematernelet ilenvoyaundélugedefrissons lelongdesacolonnevertébrale.

Sesyeuxétaienttoujoursferméslorsqu’ellesentitMarcolalibérerpuiss’éloignerd’elle,luipermettantainsiderecommenceràrespirer.

Trente minutes environ après le départ de Marco, Natalie était encore un peu hébétée par lesévénements de la matinée. Elle erra sans but dans l’appartement avant de revenir dans sa proprechambreoùsesyeuxtombèrentsurletéléphoneportablequ’ilavaitjetésurlelitplustôt.

Lespensées sebousculantdans sonesprit, elleprit le téléphoneainsique sonsacàmainetentradanssasalledebains.Elles’assitdevant lapetitecoiffeuseetsortitdesonsac le téléphoneàcartequ’elleutilisaitavantdelerencontrer.

Elleexaminaattentivementlesdeuxtéléphonestandisquesonesprits’emballait.Marcoavaitun impact invraisemblablesursonéquilibre,etellenepouvaitabsolumentpasnierqu’ilétaitbeaucommeundieuetqu’ilfaisaitbattrelachamadeàsoncœur.

EtilavaitmaintenantrompuavecTanya.Avant que tout ceci n’aille plus loin, elle avait besoin de savoir si elle pouvait lui faire

suffisammentconfiancepourresterici.Ellerisquaitdéjàdetombersoussoncharme.Elle avait besoinde savoir par quel procédé il la surveillait.Elle n’étaitmêmepas certaine

qu’ill’espionnait.Lorsqu’ilétaitvenuàsonsecours,celaauraitpuêtre,commeilleprétendait,unecoïncidence.Mais elle doutait fichtrement de cela. S’il ne s’agissait que duGPS de son téléphoneportable, elle considérerait alors que Marco ne faisait qu’être prudent avec son investissement,commeilleluiavaitlaisséentendre.Aprèstout,elleluidevaitbeaucoupd’argent.

Maissicemecavaitdescamérasbraquéessurelle,ous’ilsurveillaitsonordinateur,alorsellefileraitd’ici.

Elle regarda autour d’elle. S’il avait effectivement fait installer des caméras partout dansl’appartement, ilnedevait toutdemêmepasyenavoirdans la salledebains.Et si tel était lecas,

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alorsMarco n’était vraiment qu’unmoins que rien. Elle lui accorda pour l’instant le bénéfice dudoute.

La question était plutôt : comment savoir ce qu’il avait bien pu faire ? Comment être sûrequ’ellepouvaitutilisersonpropreordinateurpourfairedesrecherchesàcesujet?Elleavaitbesoindeserendredansunebibliothèquepublique,elleseraitalorstoutàfaitcertainedepouvoirutiliserlesordinateursdemanièreprivée.Maisellen’avaitpasparticulièrementenviequ’il sachequ’elleétaitsortiedel’appartement,dumoinspasdansl’immédiat.Celan’auraitpeut-êtreplusd’importanceparlasuite.

Latechnologien’étaitvraimentpassonfort.Elleneconnaissaitrienauxordinateursetàleurfonctionnementcomplexe.Elleneconnaissaitquelesbases,leschosesqu’elleavaitapprisesaulycée,tellesquePowerPointetExcel.

Maisellesavaitenrevanchedavantagedechosessurlestéléphonesportables.Probablementjuste assez pour lui attirer des ennuis,mais elle allait pour l’instant devoir se contenter du peu deconnaissancesqu’ellepossédait.

Biensûr,ellesavaitquelesmartphonequ’illuiavaitdonnédisposaitd’uneconnexionInternet.Ellesavaitégalementque,lorsqu’ellesetrouvaitdansl’appartement,letéléphonebasculaitsurlewifidel’immeuble.Etlorsqu’elleleprenaitavecelleàl’extérieur,laconnexionsefaisaitparlebiaisduréseaudetéléphoniemobile.Enfin,sacrécoupdechancepourelle,ils’agissaitdumêmeopérateurmobilequeceluioùelleavaitachetésontéléphoneàcarte.

Elleétaitcertainequesonancientéléphoneétaitdotéd’unecarteSIMparcequ’ellel’avaitdéjàretiréeunefois,quandelleavaitcruquesontéléphoneavaitprisl’eau.Elleétaitàpeuprèssûrequelaplupartdes smartphones fonctionnaientà l’aided’unecarteSIM,maispas tous.Elle savait aussiquelesmartphoneenlui-mêmeétaitunpetitordinateurquipermettaitd’avoiraccèsàInternet,unpeucommeunetablette,maisenbienpluspetit.LacarteSIMétaitlepetitbidulepermettantautéléphonedepasserdesappels.

Bienquedangereuxcartouchantàlalimitedesesconnaissances,cequ’elleavaitl’intentiondefaireétaitdoncenthéoriesimple.Ellepensaitques’ilyavaitunecarteSIMdanslesmartphone,elle pourrait alors simplement intervertir les cartes et prendre avec elle son vieux téléphonelorsqu’ellequitteraitlebâtiment,laissantainsiledispositifdepistagedeMarcodanssachambre.Decette façon, s’il l’appelait ou lui envoyait un message, elle pourrait lui répondre, et il ne sauraitjamaisqu’elleétaitsortiel’appartement.

Maisilyavaitcependantdeuxoutroispetiteschosesdontellen’étaitpascertaine.Ouplutôt,beaucoupdechoses,maiselleavaitdéjàsuffisammentdeproblèmesàprendreencompte.Ellen’avaitpas lamoindre idéedu typed’applicationoude logicielqueMarcoutilisait pour lapister.Ellenevoyaitaucuneicônesurlesmartphonequipuisseindiqueruneapplicationsimplepourretrouveruntéléphoneperdu.Maiscelaétaitlogique,parceques’illasurveillaitendouce,ilferaitbienattentionàcequecenesoitpasdétectableparNatalie.Ellen’avaitdoncaucuneidéedugenredeméthodequ’ilutilisait,etmêmesiellel’avaitsu,sesconnaissancesseseraientavéréesinsuffisantespourréagir.

C’estlàqueseposaitl’autregrosproblème.SielleréussissaitàpermuterlescartesSIM,est-cequeceladésactiveraitledispositifdepistage,etdecefait,alerteraitimmédiatementMarcoqu’unincidentétaitsurvenu?Ouest-cequeledispositif,commeellel’espérait,continueraitàlocaliserletéléphonedansl’appartement,sansjamaismontrerqueletéléphoneavaitétéséparédelacarteSIM?

Elle ne connaîtrait probablement jamais la réponse sans la demander àMarco, chose qu’àl’évidence,ellen’étaitpasprêteàfaire.Dumoinspasencore.Etriendetoutcelan’auraitétémêmepossiblesiellen’avaitpasobservésoncousincrackerunsmartphoneilyavaitenvironunandecela,quand il voulait utiliser son téléphone avec un autre opérateur. Il lui avait assuré que cela étaitparfaitement légal,et toutceciaprèsavoiracheté le trèspopulaire téléphoneenboutiqueetauprix

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fort.Mouais.Siseulementilavaitinvestidansuneassuranceautoàlaplace.Ellesoufflaunboncouppourseressaisirpuissortitunelimeàonglesainsiqu’untrombone

desonsacàmainetmitcesdeuxobjetsdecôté.Ellesepréparaméticuleusementàsortirdel’appartement,parcequesisonplanfonctionnait,

elledevaitsortirimmédiatementaprèsavoirintervertilescartesSIM.Dixminutesplustard,elleavaituneréponseàsaquestionconcernantl’existenced’unecarte

SIMdanslesmartphoneetelleavaitpermutélescartes.EllenesavaitbienévidemmenttoujourspassiMarcosauraitqu’elleavaitquittélebâtiment,maiselleétaitprêteàprendrecerisque.

Elleavaitdéjàdébattudumeilleurendroitoùlaissersonsmartphonependantsonabsence,etsa première idée avait été de le cacher ; mais elle s’était immédiatement ravisée parce que si cedernier était pisté,Marco saurait de toutemanière où le trouver. Et s’il revenait à lamaison pourchercher Natalie, elle ne pourrait pas prétendre à un simple oubli. Évidemment, cette excuse nefonctionnerait que s’il ne tentait pas de la contacter pendant qu’elle était à l’extérieur. Quoi qu’iladvienne,elleallaitdevoirprendrelerisque.Ellesortitdelasalledebains,etcomptetenuqu’ellenesavaitpassielleétaitsurveillée,ellesedirigeanonchalammentverssonlitpuistapotalesoreillersetposalemagazinesurlatabledechevet.Ellelaissatomberletéléphonesurlelit,làoùMarcol’avaitjeté,puisellesortitpourtrouverunebibliothèquepublique.

Natalie était bien décidée à revenir aussi vite que possible – si elle avait désactivé le dispositif depistage,chosequ’ellen’avaitabsolumentpasvoulufairemaisqu’ellenepouvaitpasvérifier,ilétaitcertainqueMarcoserait furieux.Unefois les trentepremièresminutesécoulées,alorsqu’elleétaitassisedanslabibliothèque,elleeutuninstantdegrandenervosité.Internetregorgeaitd’informationssur les téléphonesportables.La technologiechangeait sivitequedenombreusesoptionspouvaients’offriràMarco.Elleterminadelireaussirapidementqu’elleleput,regardantsanscessepar-dessuslatableàlaquelleelleétaitassise,dosaumurpourgarderunœilsurl’entréedelabibliothèque.

En moins d’une heure, elle avait réussi à mettre la main sur quelques informationsintéressantes;etlorsqu’ellefutderetouràl’appartement,priantdetoutessesforcesqu’ilnesoitpaslàentraindel’attendre,ellesavaitàquoicesfameusescamérasressemblaient.Ellesechangeapourenfiler un short en lambeauxqui avait connudes joursmeilleurs et échangea ànouveau les cartesSIM;ellefutalorsprêteàchercherleséventuelsappareilsdissimuléstoutensecomportantcommesiellefaisaitlaguerreàlapoussièredanslamaison.

Une heure plus tard, elle était sûre à quatre-vingt-dix-huit pour cent qu’elle n’était pasphysiquement épiée. Concernant son ordinateur, et au vu de ses connaissances limitées, elle savaitqu’elle ne serait probablement jamais en mesure de déterminer avec certitude si Marco l’avaittrafiquéounon.Ellenepensaitpasquecesoitlecas,maisencoreunefois,ellenepouvaitpasenêtresûre.Sonactivitésurl’ordinateurpouvaitêtreespionnéeàl’aided’unlogicielinstallésurcedernier,etàmoinsquequelqu’undecompétentneletrouveetnel’effacepourelle,elleétaitpiedsetpoingliés.Etmêmeenledésinstallant,celanesuffiraitpeut-êtrepas.Detoutemanière,ellen’avaitpaslesmoyensdelefaire…

Mais cela n’avait plus vraiment d’importance désormais parce qu’elle avait trouvé lesinformationsdontelleavaitbesoin.Etmiseàpartsavolontédesavoirdequoiilétaitcapable,ellenecachaitrienàMarco;ellesecontenteraitdoncpourl’instantd’êtreprudenteenutilisantl’ordinateur

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portable.Ellepoussaunénormesoupirde soulagement.Mêmesielleétait énervéeàproposdecequ’il avait fait à son téléphone, ellene croyait pasqu’il était undéséquilibrévoulant contrôler sesmoindresfaitsetgestes.Ouplutôt…elleletrouvaitquelquepeudictatorial,maisellemettaitcelasurlecomptedel’argentqu’elleluidevait.

Elles’étaitinscriteàlabibliothèqueetyavaitempruntéunepiledelivres,justepourvoirlaréactiondeMarcoenvoyantcesouvrages.Oui,enfonctiondesaréactionàlavuedeceslivres,ellesauraitaveccertitude,sanséquivoque,s’il lasurveillait.Unsentimenttrèssatisfaisantdevengeances’immisçaenelle.Elleobtiendraitbienasseztôtréponseàsesquestions.

Natalieétaitassisedevantl’îlotcentraldelacuisinelorsqueMarcorentradutravail.Unecasseroledesaucetomatemijotaitsurlefeu,lespâtesétaientégalementprêtes,letoutaccompagnédepainfrais.

Ellefeuilletaitunlivredecuisinepleindecouleurs,l’undeceuxqu’elleavaitempruntésàlabibliothèque,et lescinqautresétaientempilésàcôtéd’elle. IlétaitdoncdifficilequeMarcone lesvoitpas.

Ellel’entenditpénétrerdanslacuisine,maisellefitsemblantd’êtreabsorbéeparsalectureetattrapadistraitementsonCocalightpourenboireunegorgée.

«Salut.»Ellesursautaet fitpivoter le tabouretdanssadirection.Après lamatinéequ’ilsavaienteue,

ellen’étaitpascertainedesavoircommentellevoulaitlajouer.Salut,dit-elledoucementensoutenantleregarddeMarco.J’espèrequetuaimeslesspaghettis.«Jesuisitalien.»Illuisourittoutenfaisantunpassupplémentairedanslacuisine.Elle lui donna un sourire en coin en guise de réponse et se leva pour se diriger vers la

cuisinière.«Est-cequetuesprêtàmanger?—Ouais.Accorde-moidixminutespourprendreunedouche.—D’accord,dit-elleaussigentimentqu’elleleput.»Natalieétaitsensdessusdessous.Elleétaitsurlepointdesavoiraveccertitude.Etlefaitqu’il

aitrompuavecTanyaétaituneinformationquirésonnaitbruyammentdanssoncerveauetqu’il luiétaitimpossibled’ignorer.

EllesentitqueMarcoétaitrestéàlaportedelacuisineaulieudeseretourneretdepartir.Ellecessaderemuerlasauceetsetournaversluiavecunregardinterrogateur.

Ilregardaitlapiledelivrescommes’iln’enavaitjamaisvudesavie.«D’oùest-cequ’ilsviennent?—J’aitrouvélabibliothèquepubliqueaujourd’hui,dit-elleenessayantdegarderuntonaussi

neutrequepossible.»Elleluisouritànouveauetremualasauceunefoisdeplusavantdepoursuivre:«Net’émeutpastropvite,meubla-t-elleenattendantuneréactiondeMarco.Cen’estpastrop

compliquédefairedesspaghettis…Etjen’aipasencorelesbonsingrédientspouressayerunedecesrecettes,ajouta-t-elleendésignantlelivreouvertposésurl’îlotcentral.»

Ilplissalégèrementlesyeuxpuisfronçalessourcils.«J’espèrequetun’avaispasoubliédeprendretontéléphoneavectoi.Lecentre-villen’estpas

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toujoursunendroittrèssûr.»Ellebaissalesyeuxetremuauneénièmefoislasauce.«Natalie…tuavaispenséàprendretontéléphoneavectoi,hein?»Savoixétaitplusposéeetmaîtriséequejamais.Le salaud ! Il suit mes déplacements avec ce satané téléphone. Elle se retourna et croisa

brièvementsonregardavantdebaisserlesyeuxunefoisencore.Bonsang,mestalentsd’actricesontfantastiques!Voilàunechosequej’ignoraissurmoi.

«Non.Jen’avaismêmepasréaliséquejel’avaispasprisjusqu’àcequejerentreetletrouvesurlelit.»

Elleleregardaetsemorditlalèvre.«Jesuisdésolée,Marco.»Ill’examina,sonregardperçantessayantdeplongerauplusprofonddesapsyché.«Jemesentiraisplustranquillesi tupouvaisprendreletéléphoneavectoiquandtusorsdu

bâtiment,Natalie.Jepensejusteàtasécurité.»Ellepouvaitvoirsesyeuxbrillersévèrementdepuisl’autrecôtédelapièce.«Est-cequetupensespouvoirt’ensouvenir?insista-t-il.—Jevaisfaireensortedem’améliorer,jetelepromets.»Connard.

Plustarddanslasoirée,etalorsqueNataliesepréparaitàsemettreaulit,unvifcognementsecouasaporte;immédiatementaprèsceraffut,Marcoouvritlaporteets’avançasurleseuil.

Ellesursautaettournaledosàsacommodepourluifairefacetoutenserrantfermementdanssesmainslehautdesonpyjamaqu’ellemaintintcontresapoitrinenue.Dieumerci,elleavaitenfiléleshortquiallaitaveclehautquelquessecondesplustôt.

Respirantlourdement,ellereculad’unpas,jusqu’àcequ’elleseheurteàlacommode.«Qu’est-cequetuveux?»Ilsetenaitdansl’encadrementdelaporte,sespommettessoudainementcoloréesetsesnarines

dilatées.«J’aibesoindequelqu’unpourm’accompagnerdemainsoir.JedevaisemmenerTanya,alors

tuvasprendresaplace.»IlcommençaàmarcherverselleetNatalieneparvintpasàfairefonctionnersagorgepourlui

répondre–soncerveauétaitàpeinefonctionnel.Ils’arrêtaàquelquescentimètresd’elleetlevaunecarteAmericanExpressnoirequ’ilmontra

àNatalieavantdetendrelebraspourlaposersurlacommodederrièreelle.LesyeuxdeNatalieserivèrentsurlevisagedeMarco,etellesutqu’ilpouvaitvoirsondosdénudéàl’instantmêmeoùsonregardquittalesienpouratterrirsurlemiroirsituéderrièreelle.

Elle serra la chemise contre sa poitrine et essaya de ne pas faire de l’hyperventilation. Unfrissonlaparcourutdesesseinsàsonventre,etsescuissessemirentàtrembler.

«Tunepeuxpastrouverquelqu’und’autre?—Oùest-cequejesuiscensétrouverquelqu’unaussirapidement?»Sesyeuxseposèrentànouveausurelleavantdeglisserverslebaspourseconcentrersurses

clavicules.

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«Je…Jenesaispas.»Il leva une main, et d’un seul doigt, il caressa doucement la clavicule de Natalie tout en

s’adressantàelle.«Unevoituret’attendraàdixheuresdemainmatin.Prendslacarteetvat’achetertoutcedont

tuasbesoin.Cen’estqu’unesimplesoirée,doncunerobedecocktailferal’affaire.Chaussures,sac,maquillage,coiffeur…achètetoutcequetuveux,dépensetoutcequetuveux.AppelleJoyavantdesortir,elles’estoccupéedespréparatifs.Ellesauracequetudoisfaireetoùaller.»

Le cœur deNataliemartelait et elle avait à peine compris ce qu’il venait de dire. L’uniquecelluledesoncerveauquifonctionnaitencoreétaitentièrementfocaliséesurledoigtquilacaressait.EllesortitsalanguepourhumidifierseslèvressèchesetellesentitleregarddeMarcoseportersursabouche.

«Jenepensepasquecesoitunebonneidée,Marco…—C’estjusteunpetittruccaritatifquelabanquesoutient.Tuserasparfaite.»IlsoulevalementondeNatalieetsonregardsemélangeaausien.«Commentpourrais-tunepasl’être?Tuestellementbelle.»Ilfaisaitmaintenantglissersonpoucesur la lèvreinférieuredeNatalie ;elle tremblaitetse

sentaitlentementvacillerversluialorsquelatotalitédesonêtreétaitinondéededésir.«Tellementjolie.»LesyeuxdeMarcoquittèrentceuxdeNataliepourcourirsursescheveux,puissursoncorps,

jusqu’àsesorteils,pourreveniràsonvisage.«Tellement,tellementjolie,»murmura-t-il.MarcobridaitledésirquiserraitsestripeslorsqueNatalieagrippasesépaulesavecdesmains

tremblantes.Ilsavaitqu’ellenes’étaitpasrenducomptequelehautaveclequelellesecouvraitvenaitde glisser et était tombé entre eux. Ses seins nus étaient pressés contre son ventre, et après dessemaines passées à la désirer sans pouvoir la toucher, cette douce sensation contre sa peau étaitpresque insoutenable. Il aurait dûmettreun termeà sa relationavecTanyadès l’instantoù il avaitrencontréNatalie.Ilauraittoutaussibienpulefaire;iln’avaitpascouchéavecelledepuisqu’ilavaitposésesyeuxsurNatalie.

Natalie le troublait dans tous les sens du terme, autant qu’une femme puisse troubler unhomme.Ilvoulaitbienl’admettre;iln’avaitpasl’intentiondecontinueràluttercontrecela.Ilavaitbesoinqu’ellesoitsienne,etvite.Ilsefichaitdecequecelaluicoûterait,lamettredanssonlitétaitdevenu l’objectifnuméroundanssonesprit.Celaavait,àcet instant,plusd’importanceque tout lerestedanssavie;etilneseraitpasenmesuredeseconcentrersursontravailàlabanqueousurquoiquecesoitd’autreavantd’êtrearrivéàsesfins.

Mais il devait y aller doucement. Il y avait quelque chose de doux et de délicat chez elle,quelquechosedepresqueinnocentetnaïflaissantentendreàMarcoquelaséductionétaitderigueur.Il connaissait sonâgeet savaitqu’il étaitpresque impossiblequ’elle soit encorevierge.Mais cettefille tremblantedanssesbras,cette jeunefemmequise tenait loinde luidepuis leurrencontre…ilétaitégalementimpossiblequ’elleaitbeaucoupd’expérience.

Elleétaitcommeunbonvin:délicateetsoyeuse,montantimmédiatementàlatêteetfaisanttournoyersoncerveau.Ilavaitdésespérémentenviedetouchersesseins,ilvoulaitsentirleurpoidslégerdanslespaumesdesesmains.Ilvoulaitlesgoûter,leslécheretlessucer…jusqu’àcequ’ellelesupplied’enavoirdavantage.Etilluiendonneraitdavantage.

Ilvoulaitluiendonnerjusqu’àcequeladouleurqu’ilressentaitjusqu’auplusprofonddesonâmenedisparaisse.Cettedouleurgrandissait lentementdepuis le jouroùil l’avaitrencontrée.Àcemoment-là,illadésiraitdéjà…etcelan’avaitfaitqu’empirerdejourenjour.Àforcedelavoir,delasentir,del’observer.

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Celan’avaitpaséchappéàsonattentionqueduhautdeses trente-deuxans, iln’avait jamaisvoulud’unefemmedanssamaison.Iln’avait jamaisvouluquequiquecesoitserapprochedelui.Depuis son adolescence passée dans lamaison de son grand-père, avec le nom et l’argent de songrand-père,ilavaitétéuneproiedechoixpourlesfemmescupides.Ilavaitperdusavirginitéàl’âgedequinzeans,avecunefemmedequinzeanssonaînéequiétaitentréedanssachambreunsoiroùson grand-père avait organisé une fête. Elle était belle et expérimentée et il était tombé sous soncharmecettenuit-là…pourquelquesheures.

Ilavaitapprisplustardqu’ellen’étaitpasvenueàlafêteseule,qu’elleavaitlaissésoncavalierenbasetétaitpartieàlarecherchedeMarco.Cetteexpérienceluiavaitlaisséungoûtamer…ils’étaitsentinaïfetstupide,maisilenavaittiréuneleçon.Lesexeétaitlesexe.Ils’agissaitd’unefonctiondel’organisme, d’un besoin qui devait être assouvi. Les femmes avec lesquelles il était sorti àl’université étaient du même acabit, elles en avaient toutes après son argent. Il avait une fois faitl’erreur, durant sa dernière année, de croire qu’une femme le voulait juste pour la personne qu’ilétait.Maisilavaitalorssurprisuneconversationquiavaitendurcisoncœuràjamais.C’étaittoujourslamêmemusique.Garçonriche…femmevénale.Etdepuislors,iln’avaitjamaislaisséàpersonnelamoindrechancede luifairechangerd’avis. Ilyavaitbien longtempsqu’ilavaitapprisàne jamaislaisserunefemmeserapprocherdelui.

Iln’étaitpasfierdesedirequesaviesexuelleavaitalorsconnuunephasetrèssombre.Ets’ils’était autorisé à y penser, il auraitmême eu honte d’avoir fait certaines choses.Mais cela faisaitlongtempsqu’ilnerepensaitplusàunerelationsexuelleunefoiscettedernièreterminée.Ilessayaittoujoursde trouverdespartenairesquiétaientaussi insatiablesqu’il l’était.Misàpart leshommes,Marco n’avait aucune limite. Il avaitmême été tellement dépité par toute l’infidélité qu’il avait puobserverautourdeluiqu’iln’avaitmêmeplusaucunrespectpouruneinstitutiontellequelemariage.Ilnes’autorisaitplusquedesfemmesexpérimentées;desfemmesquiconnaissaientlesrèglesetquiétaientheureusesdejouerlejeu–àvraidire,ellesétaienthabituellementlesinstigatricesdecejeu.

Iln’avaitpasdecompagnes;iln’avaitquedespartenairessexuelles,etparfois,plusd’uneàlafois. Il y avait bien eu des femmes dans sa vie, des femmes commeTanya, qui avaient cherché às’identifiercommeétantsapetiteamie,etce,mêmesiMarco leuravaitditdès ledébuteten toutefranchisequellesétaientsesattentes.

Il n’avait jamais considéré aucune de ces femmes de cette façon.Que ce soit Tanya ou lesautres. Il n’avait jamais officiellement été dans une relation avec une femme.Comment est-ce queTanyaavait pupenser,même l’espaced’unedemi-seconde,qu’après avoir été àMarco, cedernieraccepteraitdelapartager?Peuaprèsleurrencontre,ellel’avaitemmenéàunefêtequiavaitréussil’exploitdelechoquer,lui,froidetcyniquecommeill’était.Ilavaittrèsrapidementcomprisquelasoirée en question n’était qu’une excuse pour échanger ses partenaires. Il avait égalementimmédiatementcomprisquelschoixs’offraientàlui.Ilpouvaitpartir,ouilpouvaitresteretsuivrelemouvement.S’il restait,soncœurdeviendraitencoreplusnoir.Maisàcemoment-là, ils’étaitdéjàautocondamné et il n’avait pu trouver aucune bonne raison de partir. Il ne tenait absolument pas àTanya, et après cettenuit ainsi que toutes les nuits similairesqui suivirent, il nevit plus la grandeblondeetlamyriadedefemmesavecquiilavaitcouchéquecommeunsoulagementsexuel.

Ils’étaittoujoursprémunidetoutegrossesseoumaladiesexuellementtransmissible.Ilutilisaitreligieusementlepréservatif.Ilfaisaitrégulièrementdesanalysesdesang–plusieursdépistagesparan.Ilavaitmêmetoutrécemmentobtenuunbilandesantéparfait.

Etmaintenant, Natalie était entrée dans sa vie, et il ressentait des choses à son égard qu’iln’aurait jamaiscrupossibles.Avait-il jamaisdésiréune femmeàcepoint? Ilétait incapabledesesouvenird’unmomentdesavieoù ilavaitdésiréquelquechoseavec tantd’ardeur.Elleprenait lecontrôledesoncerveau,s’immisçaitdanschaqueinstantdesavie.L’avoirdanssamaisonetnepas

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pouvoirlatoucher…BonDieu.Nataliecommençaàtremblerpourdebon;lamaindeMarcoglissadanssachevelurealors

que sonbras serpentait autourde sa taille pour la tirer plus fermement encore contre son torse. Ilentenditl’airquitterlespoumonsdeNatalieetellehaleta,prisedanssesbras.Ilbaissalatêteetseslèvress’approchèrentducoindelabouchedelajeunefemme.

«TutremblesNon…non,jenetremblepas.»Elleagrippasesbiceps,commesielleavaitbesoindeseteniràquelquechosedesolide.«Ohquesi,bébé.Est-cequec’estmoiquitefaistrembler?»Faceàsonsilence,ilapprochaseslèvresdecellesdeNatalieetdéposaunbaisertendre.«Est-cequetuesprêtemaintenant?Jevaist’embrasser.»Aussitôtdit,iltiradélicatementsurlalèvreinférieuredeNatalieavecsesdentsetellelaissa

échapperunpetitgémissementirrépressible.Ilfitglisserseslèvrescontrelessiennes,sedélectantdesonodeur,desachaleur;enmême

temps,ilglissasesdoigtssoussonmentonqu’iltiragentimentverslebas,exigeantd’avoiraccèsàl’intérieur de sa délicieuse bouche. Il y glissa sa langue, s’arma pour faire face à la réponseinstantanéedesonorganismefaceàNatalieetessayadetoutessesforcesd’êtredoux.

Il s’autorisait maintenant à l’embrasser, mais c’était là la seule chose qu’il s’autoriserait àfaire.Ilnepouvaitabsolumentpasprendrelerisquedelafairefuir;l’idéequ’elleparte,qu’elleaitpeurdelui,qu’elleneveuilleplusresterchezlui,celaétaitimpensablepourMarco.Ilvoulaitqu’ellesesenteàl’aiseaveclui:ilvoulaitqu’ellesoitheureusepourqu’elleresteicietcontinueàvivrechezlui;illevoulaitpourqu’aufinal,elledormedanssonlit.

Aveccelaàl’esprit,ils’éloignabrutalementduprécipiceaubordduquelilsetrouvait.Ilretirasonbrasdesatailletoutencontinuantàl’embrasseretilramassalachemisepourcouvrirNatalie.Ilmitlentementuntermeaubaiser,nes’autorisantquequelquessecondessupplémentairesd’euphoriepassionnée,puis il s’éloignad’elle,mettant suffisammentdedistanceentreeuxafinqu’ilnepuissepluslatoucher.

Illaregardaouvrirlentementlesyeux.Ilfutalorspratiquementanéantiparcequ’ilyvit.Ilyavaitdudésir,maiségalementdelapeur.Delapeuretdudésarroi.Ilessayades’ensoucier,defairepreuved’empathieetd’envisagerdelalaisserfiler.Maiscelaluiétaitimpossible.C’étaitau-delàdesesforces.Ilpouvaitfairebeaucouppourrendreleschosesplusfacilespourelle.Ilpouvaityallerlentement, la séduire doucement et délicatement.Mais la laisser filer ?C’était absolument hors dequestion.C’étaitimpossible.Ilenétaitincapable.

Natalie entendit le bruit de la porte se refermant derrière Marco et elle resta plantée sur place,tremblant de façon incontrôlable devant sa commode. Oh là là, je suis dans la mouise. Jamaisauparavant elle n’avait été embrassée commeMarco l’avait embrassée. Jamais de toute sa vie ellen’avaitressentiquelquechosedecomparableàcequeMarcovenaitjustedeluifaireressentir.Sonestomacnes’étaitpasencorearrêtédefairedespirouettes ;etelle imaginaitquecelaprendraituncertaintempspourquecelanecesse.

Sesentraillesétaientlacéréesparledésarroi.Rien,danssonpassé,neluiavaitjamaisdonnélamoindreraisondepenserqu’ellepouvaitfaireconfianceàunhomme.Sonpère…ladouleurcausée

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par cequ’il avait fait était si intensequ’ellenepouvaitmêmepasypenser.Cequ’il avait fait à safemme…non,ellerefusaitd’yrepenser.Ilavaitfalluàsamèrequelquesannéespouroublieretfaireconfianceàunautrehomme.Ettoutn’étaitpasredevenurosepourautant.SansparlerdupetitamideNatalie lorsqu’elle était au lycée, celui à qui elle avait offert sa virginité ; lui aussi lui avait siprofondémentbrisélecœurqu’ellen’avaitpaseubeaucoupderelationsdepuiscettehistoire.

EtvoilàdésormaisMarco.Unhommequ’ellesavaitplusâgéqu’elledehuitans,lePDGd’unebanque,etl’hommeleplusprofondémentinflexiblequ’elleaitjamaisrencontré.IlvoulaitNatalie–celaétaitunfaitindéniable.Etelleauraitpuparierlesquatrecentsoixante-huitdollarsdesoncompteenbanquequeMarcoobtenaittoujourscequ’ildésirait.

Alorsqueressentait-elleàsonsujet?Ehbien,pourcommencer,ellen’avaitjamaisrencontréunhommeaussisexyde toutesavie,etcelanefaisaitaucundoutequ’il l’excitait.Mais ilsemblaitavoirunepersonnalitéplusquedominatrice,etentoutefranchise,celal’intimidait.Siseulementelleavaiteuuntantsoitpeudecontrôlesurlasituation,elleseseraitsentiecentfoismieux.Etenplusdetoutecetteangoisse,elleavaitunproblèmequisechiffraitàvingtmilledollars.

MaisbonDieu,sonbaiser.Sonbaiseravaitété…époustouflant.

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CHAPITRE6

Lelendemainmatinàneufheures,Natalieappelait lebureaudeMarcoetdemandaitàparleràJoy.Aprèsundébutdeconversationquelquepeuguindéàproposduprogrammede la journée,Natalies’étaitouverteàellepourexprimersescraintesausujetdelasoirée.Elleavaitdemandésonavisàl’autre femme afin d’être rassurée, et elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Joy connaissait Marcodepuisdenombreusesannées,sesgoûtsetlegenredefemmesqu’ilfréquentaitn’avaientaucunsecretpourelle.Etpuis,ellesavaittoutdelasoiréecaritativeàlaquelleilsdevaientserendrecesoir-là.

ElleavaitgentimentbavardéavecNatalie,luiavaitditquetoutsepasseraitbienpourelle,etNatalieavaiteul’impressionquelavoixdeJoys’étaitégayéelorsqu’ellel’avaitinforméequeMarcoavaitrompuavecTanya,maispeut-êtreétait-cejustesonimagination.

Lorsque la voiture était arrivée à dix heures, l’itinéraire de lamatinée était tout tracé. Lesboutiquesetlesalondebeauté,toutavaitétéplanifié,etNatalien’avaitplusqu’àselaisserconduireetàchoisircequ’ellevoulait.

Larobequ’elleavaittrouvéeétaitparfaite.Elleavaitcoûtépluscherquetoutcequ’elleavaitjamaisachetédanssavie,maisiln’yavaitpasd’étiquettedeprixetcen’estdoncqu’aumomentdepayerqu’elleavaitdécouvertsontarif.Elleétaitpartiepourtrouverunejolierobenoire,maiscenefutpassonchoixfinal.Non,ils’agissaitd’unerobefourreaublancheàlacoupesimple,maislorsqueNataliel’avaitenfilée,levêtementavaitprisvie.Elleétaitcourte–quelquescentimètresau-dessusdugenou–,etassociéeàdeschaussuresà talonavecdesstrassargent, la tenuelafaisaitparaîtreplusgrandequ’ellenel’était.Ledosétaitéchancré,ets’ilnel’étaitpasénormément,ill’étaittoujourstroppourquelarobesoitportéeavecunsoutien-gorge.C’étaitexactementpourcetteraisonqueledevantdelarobeétaitdoublé.

Lavoitures’étaitensuitearrêtéedevantunsalondebeautéoùNatalieavaitalorsétédorlotéejusqu’àcequemorts’ensuive,oupresque.L’idéededépartquiétaitlasienne,desefairecoifferetsefairefairelesonglesavaitviteétéabandonnée;elleétaitdetouteévidencelàpourlesgros travaux.Elleétaitsortiedusalonavectouteunegammedeproduitscosmétiquesainsiqu’avecunepairedebouclesd’oreillespendantesétincelantes.

Elle se tenait maintenant devant le miroir de sa chambre, et elle ne pouvait contenir lepicotement d’appréhension qui descendait le long de sa colonne vertébrale. Elle voulait êtreravissante,maiselleavaitpeurdecettesoiréeoùellesavaitpertinemmentqu’elleneseraitpasdanssonélément,etelles’inquiétaitdetoutl’argentquiavaitétédépensé.

Marcoétaitrentrédutravailquelquesinstantsplustôt,etNataliesavaitqu’ilétaitentraindesepréparerdanssachambre.

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Ilfrappabientroptôtàsaporte;ellen’avaitpasencoreeuletempsdesecalmer.Ellesedirigeaverslaporteetl’ouvrit,etcequ’ellevitluifitcomplètementoubliersonétat

d’intense nervosité.Marco se tenait devant elle, vêtu d’un costume noir de haute couture, et bienqu’ellel’aitdéjàvudenombreusesfoisdansuncostume,celui-ciavaitplusdecaractère.

LamaindeNatalietremblaitsurlecadredelaportealorsqueMarcosetenaitsurleseuil,àl’examinerensilence.

LefrontdeNatalieseplissaetellesentitunpincementaufonddesagorge.«Salut,parvint-elleàdire.—Salutàtoi.Tuasl’air…différente,»dit-il.L’estomacdeNatalieseserra.Ellevoulaitvraimentêtreravissantepourcettesoirée,etceque

Marcovenaitdedirenesemblaitpasbondutout.Ellebaissalesyeuxetsetorditlesmains.Avecundoigt,ilrelevalementondeNatalie,etleregarddecettedernièrerencontralesien.«Excuse-moi.J’aimerdésurcecoup.Laisse-moiréessayer.Tuesmagnifique.»SesmotsétaientexactementceuxqueNatalievoulaitentendre,maissoncomportementlaissait

entendrequ’ilneluidisaitpaslavérité.Seslèvresétaientpincées,sessourcilstirésverslebasenunfroncement,etsajoueétaitaniméeparunticnerveuxbienvisible.

Elle garda le silence pendant qu’il l’examinait, et elle se concentra pour respirerrégulièrement.LamaindeMarcoquittasonmentonetglissaversunedesesbouclesd’oreillesqu’ilpritdanssamain,observa,puislaissaretomber;ilglissaalorssamainsurlacourbeentresoncouetsonépaule.Nataliepritunebrusqueinspirationetleregardaàtraverssescilstandisqu’ilexaminaitses cheveux ; le coiffeur avait fait un chignon partiel très élaboré, laissant un peu de longueurretombersursanuque.

Marcoseremitenfinàparler,sonpoucecaressantlecoudeNatalie.«Qu’est-cequetuasfaitàtescheveux?—C’estunchignon.»Soncerveauétait fragmenté ;elleétait incapabledeseconcentrersur laconversationqu’ils

étaiententraind’avoir,celaétaitimpossibletantquelamaindeMarcoétaitposéesurelleetquesonagréableodeuremplissaitsesnarines.

«Jeparledelacouleur.Ilsn’étaientpascommeçaquandtuespartiecematin,si?»Savoixétaitabrupte,enoppositiondirecteaveclafaçondontsamainlacaressait.«Oh…non.Chrism’afaitquelquesmèches.»Elledéglutitdifficilementettentaderesterstablesursestalonstoutenessayantdedevinerce

queMarcoavaitentête.«Tun’aimespas?»Il ne répondit pas à sa question ; il l’ignora complètement et poursuivit son propre

interrogatoire.«Chris.CommepourChristine?»Elle força son cerveau à se détacher de cette caresse intime – lamain deMarco s’étendait

désormais sur sa gorge –, et elle s’efforça de se souvenir du coiffeur qui s’était occupé de sescheveux.

«Non,probablementpourChristopher.—Christopher?C’estunhommequit’acoiffé?»Sontonétaitacerbeetsamainsaisissaitmaintenantfermementl’épauledeNatalie,l’attirantde

quelquescentimètresverssontorse.Soncœurbattaitbruyammentdanssesoreilles.Elleparvintàluirépondre.«Oui.»Unsombre froncementde sourcils tirait les traitsde sonvisage,mais il levaànouveauses

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yeuxverssescheveuxetprituneprofondeinspiration.«Ilestprobablementgay,»dit-il.Natalieneparvenaitpasàdéchiffrerlamyriaded’émotionsquiapparaissaientsurlevisagede

Marco;elleétaitdéjàtropconcernéeparladécompositiondusien.«Jenesaispas…Jen’yaipasvraimentpensé.—Commentas-tupunepasypenser?Sesmainsétaientdanstescheveux.—Jenesaispas…J’étaistropconcentréesurmacoupeetmacouleurdecheveux…»Jene

mesuispasnonplusposélaquestiondesavoirsilemasseurétaitgayounon.Les paroles de Natalie furent suivies d’un silence de mort, et les pommettes de Marco

devinrentrouges.Ilinspiraprofondément.«Unhommet’afaitunmassage?—Oui—Pourquoi?—Jen’avaispasprévuqu’onm’enfasseun,Marco…Jen’enaimêmepasdemandé.C’est

Joyquis’enestoccupée.—Ettul’aslaisséfaire?—C’était…c’étaitlepremiermassagedemavie.»Unsentimentdehontesepropageaenelle.«C’étaitunefemmequiétaitsupposéelefaire?»demanda-t-elle.SesnarinessedilatèrentetilsaisitlepoignetdeNatalie,prêtàquitterlapièce.«Àl’avenir,oui.»

MarcoaccompagnaNataliejusqu’auhalldel’immeubleoùunevoitureavecchauffeurlesattendait.Son rationalisme habituel avait étémis àmal après avoir vuNatalie vêtue de sa robe.Elle était…magnifique. Magnifique et différente. Il ne savait cependant pas encore s’il aimait cela. Elle étaitéblouissante, cela ne faisait aucun doute. Éblouissante d’une manière qui lui donnait envie de latoucher,deluidonnerlemeilleurorgasmedesavie,puisdel’enfermerdansl’appartement.

Larobeétaittrèsbelle,maisc’étaitunchoixqu’aucunedesfemmesavecquiilavaitétédansle passé n’aurait fait. Pour commencer, elle était blanche.La couleur virginale lui allait bien, celamettaitleteintdesapeauenvaleuretaccentuaitlesbellesformesdesoncorps.Etpourtant,celanefaisaitquerappeleràMarcol’innocencenaïvedeNatalie.Celaluidonnaitl’impressiond’êtresurlepoint de séduire une jeune femme ingénue, de profiter de sonmanqued’expérience, et cela ne luiplaisaitpasdutout.

Et elle allait devoir retirer ces boucles d’oreilles. Elles semblaient tout droit sorties d’undistributeurdebonbonsetcelaferaitdésordreàlaréceptionàlaquelleilsserendaient.Làencore,lesbouclesd’oreillesluirappelaientqueNatalien’étaitprobablementpaslafemmeappropriéepourcequ’ilavaitprévudefaireavecelle.

Maiscelanel’arrêteraitpas.Lesmèchesdanssescheveux,c’étaituneautreaffaire.Ellesapportaientdelabrillanceetdela

profondeuràsachevelure,larendaienttrèsviveetéclatante–soyeuse.Ilvoulaityglissersesdoigts,saisirsescheveuxdanssonpoing;c’étaitainsiqu’ilimaginaitl’instantoùilsombreraitenellepourlapremièrefois.

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Mais encore une fois, et bien que ces mèches missent indéniablement et splendidement envaleursonvisage,ilneluiauraitpaspermisdefairecelas’ilenavaitconnulerésultatfinal.

Elleétaitmaintenantbientropbelle,tropséduisante,trop…visible.Etilvoulaitquepersonne–qu’aucunautrehomme–nelaremarque.

Elle était déjà très jolie avant cela – voire absolumentmagnifique.Maismaintenant… elleétait…dangereusementattirante.

Ilallaitdevoirrestersursesgardesduranttoutecetteputaindenuit.

Natalieétaitassisesurlabanquettearrièredelavoiture,àcôtédeMarco,etelleessayaitdecalmersesnerfsdesortequesonmoiintérieursoitenadéquationavecsonapparence.

Latensionlafaisaitfrémir,etlorsqueMarcoditauchauffeurdes’arrêterdevantunegrandebijouterie,lerythmecardiaquedeNatalienefitques’intensifier.

«Resteici.Jereviensdansuninstant.»Natalie se concentra sur sa respiration ainsi que sur un petit pli de sa robe qu’elle ne

remarquaitquemaintenant.Ilnerevintpasplusdeseptouhuitminutesplustard.Ilserassitàcôtéd’elleetrefermalaportière,enfermantunefoisdeplusNataliedansl’espace

intimequecréaitlacloisonrelevéedelalimousine.LavoiturerepritlarouteetMarcotenditunepetiteboîteàNatalie.«Metsça.»Nataliesoulevalecouvercleetelleeutlesoufflecoupé.Suruncoussindeveloursreposaient

deuxénormesdiamantsétincelantsmontésenpendants.«Jenepensepasque…—Tun’aspasbesoindepenser,Natalie.Faiscequejetedis,mets-les.»Elle continua à maintenir l’écrin entre ses mains et à regarder les diamants. Elle prit une

brusque inspiration en sentant les mains de Marco sur ses lobes en train de retirer les bouclesd’oreillesqu’elleportait.Sesdoigtsétaientfraiscontresapeauchaude;unflotdedésirsedéversadecepointdecontactetsefrayauncheminpouralleréclaterentrelescuissesdeNatalie.

Marcoglissalesbijouxfantaisiedanssapoche,puisilsortitlepremierpendantdesonécrinetleposadanslapaumedelamaintremblantedeNatalie.

«Tiens.—C’estdesvrais?»Ellebloquadélibérémentledésirqu’elleressentaitpourluietessayadeseconcentrersurla

pierreprécieusequ’ilvoulaitqu’elleporte.Illevaunsourcilsardonique.Elleessayadenouveau.«Jenepensepasque…—Madouce,dit-iltendrement–presquetroptendrement,cequifitànouveaumonterlepouls

deNatalieenflèche–,jenesuispasd’humeurpourunedispute.Situcontinuesàdiscuteravecmoi,jevaistefairetairedelamanièredontj’aienviedetefairetaire–avecmabouchesurlatienne.Etvulafaçondontjemesensencemomentmême,tajoliepetitecoiffurenesurvivrapas.Nimêmetonmaquillage.Tun’aspeut-êtrepasremarqué,maisj’éprouvequelquesdifficultésàgardermesmainstranquilles.Maintenant,soisunegentillefilleetmetslesbouclesd’oreilles.»

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Natalien’avaitjamaisappréciéd’êtretraitéecommeuneenfant,maislafaçondontlesyeuxdeMarcocoururentsursoncorpsavantdecaptersonregard,sansparlerdesmotsquivenaientdesortirdesabouche,toutcelalaissaitclairemententendreàNataliequ’ilnelavoyaitpascommeuneenfantàqui il donnait des consignes. Non, il la voyait plutôt comme une employée subalterne avec qui ilaimerait coucher – ou comme une potentielle partenaire à qui il faisait comprendre qui serait au-dessus,métaphoriquementparlant.

L’idée de se retrouver en dessous de lui était excessivement, extraordinairement excitante.Mais encore une fois, sa personnalité dominatrice suscitait une grande appréhension chezNatalie.Elleétaitsuffisammentâgéepoursavoirversquoicelamenait,etmêmeaveclesvingtmilledollarsquisetenaiententreeux,ellenesepensaitpascapabledeluirésisters’il tentaitréellementquelquechose.Elleneseraitentoutcaspascapabledeluirésisterbienlongtemps.

À cemoment-là, et tandis qu’ellemettait les boucles à ses lobes, elle était soucieuse en sedemandantcequeMarcoattendaitexactementd’unerelationsexuelle.Ellesavaitqu’ellen’avaitpasledixièmedesonexpérience,etbienquecertains…conceptssexuels…soientexcitants–voiremêmeémoustillants–àlire,ellen’étaitpasspécialementattiréeparlefaitdelesvivreenpersonne.Àvraidire,celaluifoutaitmêmecarrémentlatrouille.Ellen’enavaitpasenvie.Dutout.Celalapréoccupaittellementqu’elleneputretenirlaquestionsuivante:

«Est-cequetuesunpeupervers?»MarcocessaimmédiatementderegarderlesoreillesdeNataliepourreveniràsesyeux.«Quoi?—Désolée…cenesontpasmesaffaires.—Tuasenviequecesoient tesaffaires?demandaMarcoenécarquillant lesyeux. Iln’ya

qu’àdemander,bébé.—Laissetomber.Jenesaispaspourquoij’aidemandéça.»Ilplissalesyeuxetl’examina.«Qu’est-cequitedérange?—Non,vraiment.Laissetomber.Jeneteconnaispassuffisammentpourtedemanderça…on

n’enestpaslà.—Bon.Voilàcequ’onvafaire.Tumeposesunequestion,etjevaisyrépondre…maisaprès,

c’estàmoideteposerunequestion.D’accord?Etnousn’ironspasplusloin.—D’a…d’accord.»Ils’installaconfortablementdanssonsiègeetétirasonbrasderrièreelle.«Vas-y,demande-moi.»Ellehumidifiaseslèvressèchesavecsalangue.« Tu as l’air d’être extrêmement dominateur. Je voulais juste savoir… ça me fait peur de

penserque…jen’aipasenviede…»Del’incrédulitésedessinasurlevisagedeMarco,etilinterrompitlesparolesdécousuesde

Natalieavecunéclatderire.«Non,jenesuispasunpervers.Pascommetutel’imagines.Tuaslutropdelivres.»IlenroulaitlentementunemèchedescheveuxdeNatalieautourdesondoigttoutenluiparlant.«Jedoisbienadmettrequej’aimeavoirlecontrôle.Quandtufinirasdansmonlit–etc’est

inévitable –, je pense que tu te diras que je suis exactement lamême personne que d’habitude. Jen’aimepas tropqu’ondiscute avecmoi, j’aime faire les choses comme je le souhaite. J’aimeêtregâté.Jenesuispasdifférentaulit.»

Lamèchedecheveuxqu’ilenroulaitautourdesondoigtmanquadelongueuretilcommençaalorsàtirerNatalieversluiavecjusteassezdeforcepourqu’ellesetourneversluietquesesmainstombentsursontorse,faisantainsidisparaîtrelepeud’espacequilesséparait.

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Ilpoursuivit:«Pasdediscussiondansmachambre.Pasdediscussion, et on s’entendrabien.Laporte se

fermeettuesàmoi.Tun’aspasàtesoucierdequoiquecesoit.Tupeuxêtreabsolumentcertainequejene te ferais jamaisaucunmal ; jevais te traiter commeuneprincesse, chérie, et tun’aurasplusjamaisenvied’êtreailleurs.»

LesyeuxdeMarcocourraientsansretenuesurlecorpsdeNatalie,etelleeutbesoindetoutesaconcentrationpourmaintenir lesquelquescentimètresqui lesséparaientencoreetnepas laissercomplètementtombersesbrassursontorse.

Elleétaitdéjà tellementenivréeparMarcoqu’ellecraignaitqu’iln’aitcomplètementraison.Unefoisqu’elleseraitdanssachambre,ellen’auraitplusjamaisenvied’êtreailleurs.

«Tumecomprends,Natalie?—Oui.—Parfait.Maintenant,c’estàmontourdeposerunequestion.»Samaingauchequittasescheveuxetglissalelongdesonépaulepours’arrêtersurlegalbe

quedessinaitsapoitrinesoussarobe.Ilenroulasonautrebrasautourdesatailleetlasoulevasurluijusqu’àcequ’elle soit à cheval sur sesgenoux. Il commençaà la caresser.LagorgedeNatalie seserralorsqu’ildescenditunebretelledesarobe,révélantainsiundesesseins.Ellesentitl’airfraisducrépusculesursachairnue.

Marcoinspiraàtraversdesdentsserréesàlavuedesapoitrine.Ilsoutintensuitesonregardcaptivéetglissalepoucesursonmamelonpourlecaresserlégèrement,cequiprovoquaunechaleurhumideentrelesjambesdeNatalie.

Latêtedecettedernièrecommençaàtombersursonépaule,maisilanticipacelaetilrelevalementon de la jeune femme pour poser sa propre bouche contre la sienne. La langue deMarco sedéplaçaprofondémentdanslesrecoinsdesaboucheetellecommençaalorsàsetortillercontrelui.Sarespirationdevintsuperficielle, toutcommecelledeMarco,etelleremuadoucementsonpelviscontreluienunmouvementqu’ellenesemblaitpouvoircontrôler.

Elle gémit doucement dans la bouche de Marco, et à ce son-là, les doigts de celui-ci seraffermirent sur sonmamelon,pinçantet tirant sachair rose. Ils s’embrassaientavecpassion,et lecœurdeNataliebattaitde façonerratiquedanssapoitrine ; laproximitéavecMarcoainsiquesonbaiserluimontaientàlatêteetfaisaientexplosersondésirdéjàhorsdecontrôle.

Àboutdesouffle,Marcoôtasabouchedelasienne,puisretiralamaindesonseinetlaglissasanssurpriselelongdesoncorpspours’arrêtersursacuisse.Ilsoulevasarobeetécartalemorceaudesoiequicouvrait savulve. Il entraencontactavec lachaleurhumidedeNatalieenpassantpar-derrière,englissantsondoigtdanssafentepourl’ouvriràlui.

Iljouaavecsondoigtépaisàl’entréedesonétroitorificeetditd’unevoixrauque:«Regarde-moi.»Natalie releva la tête de l’épaule deMarco et ouvrit les yeux.Déchirant sa lèvre inférieure

avecsespropresdents,ellecontinuaàremuerfrénétiquementcontrelui.Illataquinaencoreavecsondoigttoutensoutenantsonregard,maisilneparlapas.Natalie essaya sans grand succès de cesser d’onduler contre lui. Elle tenta de détourner

l’attentiondeMarcodelatournuredangereusementérotiquequeprenaitlasoirée.«Jecroyaisquetuvoulaismeposer…meposerunequestion.—Oui.»Elleressentitunspasmedanssonbas-ventresuivitd’unnouveauflotdechaleurhumidequila

poussaàondulercontreluideplusbelle.«Laquelle?»parvint-elleàdemanderenunmurmure.Il continua à fixer implacablement les yeuxdeNatalie tout en faisant le tour de sonorifice

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humideduboutdesondoigt.«Est-cequetupensesquejepeuxtefairejouiravecunseuldoigt?»Etàcesmots,ilplongeasondoigtenelle.Nataliefutpénétréesimultanémentparsaquestionetparsondoigt.Lasensationétaitexquise,

incroyablementet indéniablementexquise.Il lasoulevaà l’aidedubrasenrouléautourd’elle,etsabouchefonditsurlemamelonexposéqu’ilcommençaàsucertoutenfaisantvirevoltersondoigtenelle. Les sens de Natalie étaient assaillis de toutes parts, et peu importe quelle chose sombre etmalicieuseilessayaitd’accomplir,celafonctionnait.

Illéchaitsonmamelon,soufflaitdessus,puisrecommençaitàlesucer;sondoigtcommençaàfairedesva-et-vientenelleavantdes’immobiliserpours’attardersurunpointprofondémentenfoui,pointqu’ilmassaduboutdesondoigtépais.

Lasensationétaitélectrique.Ellefutsaisieparuncourantdeplaisiretsatêtetombaenavantpour étouffer un cri alors qu’elle était agitée d’un spasme libérateur. Son corps se raidit, et unesensationdifférentedetoutcequ’elleavaitjamaisconnuauparavantl’enveloppaalorsqu’ellesurfaitsurunevaguedeplaisir.

Elleselaissalentementretomberetsatêteseposaànouveausurl’épauledeMarco.«Voilà,bébé.»Il retira son doigt etmaintint tendrement la tête deNatalie tandis qu’elle tremblait dans ses

bras.Unlongmoments’écoulaalorsqu’elletentaitdecalmersoncœurdéchaîné.Ilditfinalementàsonoreille.

« Notre relation vient juste de changer, Natalie. L’orgasme que tu viens de m’offrir… çachangeladonne.Tucomprends?»

Elle releva sa tête de l’épaule deMarco et le regarda dans les yeux, des yeux qu’il s’étaitempressédedésemplirdetouteémotion.Elleexaminalestraitsdesonvisagefermé.

« Qu’est-ce que tu attends de moi, Marco ? demanda-t-elle doucement, son corps encoretremblantaprèsceséismedeplaisir.

—Toi,dit-ild’unevoixfermeetenlaregardantdanslesyeux.»Elledevintsoudainanxieuse.C’étaittentant.Dieusaitquec’étaittentant.Cetuniquemotqu’il

venait de prononcer semblait tellement définitif, tellement certain. Elle avait besoind’éclaircissements,maisellepouvaitàpeinefairefonctionnersagorge.

«Moi?—Oui,toi…dansmonlit.»Elles’humectaleslèvres.«Tuasditqueçachangeaitladonne.Est-cequejevaiscontinueràvivreavectoi?Vivredans

tonappartement,jeveuxdire.—Absolument.Çanechangerapas.»Letondesavoixétaitcatégorique.«Donc…tuveuxunepetiteamie?»interrogea-t-elle.Ilhésita.«Non.Pasdepetiteamie.—Alorsquoi?—Jeveux…unarrangement.»Unarrangement?Quidiableprésenteleschosesd’unetellefaçon?« Qu’est-ce… qu’est-ce qu’impliquerait cet arrangement, exactement ? De quel genre

d’arrangementveux-tuparler?»Ledouteetl’incertitudetambourinaientbruyammentdanssatête.«Uneamitiéavecquelquesavantages?»demanda-t-elle,pleined’espoir.

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Leregardqu’illuilançaalorstransperçasoncœur.«Nousnesommespasdesamis,Natalie.»Illâchacettepetitebombedanslecalmedelanuit,unechaleurincandescentedanssavoix.Unmélanged’émotionss’emparad’elle.Ellesavaitcequ’ilsous-entendait…quelaconstante

tensionsexuelleentreeuxnepermettaitpasunesimpleamitié.Maisunsoupçondepeursemélangeaità la forte attirance qu’elle ressentait toujours lorsqu’elle se trouvait à proximité deMarco. Et cesoupçondepeursuggéraitàNataliedenepasprendrelerisqued’êtrel’ennemiedecethomme–etqu’ilfallaitavoirpitiédetousceuxquil’étaient.

«Êtreamisn’estpasunemauvaisechose.Onpeuttoutaussibienêtreamisque…»Maissavoixfaiblitjusqu’às’interrompre.«Non,Natalie, onnepeut pas.L’amitié est une émotion insipidequi n’a absolument rien à

voiraveccequejeressenspourtoi.Jen’aiaucuneenviedemedéchargersurtoidudéroulementdemajournée,oudem’asseoiràcôtédetoisanstetoucherpourregarderunfoutufilm.Cen’estpascequejeveuxdetoi.»

La tête de Natalie tourbillonnait pendant qu’elle écoutait son discours. Elle comprenaitl’essentieldecequ’ilgardaitsoussilence.Toutcequ’ilveut,c’estmebaiserbestialement,niplusnimoins.Ellerestasilencieuse,letempsdedigérercequ’illuiavaitditjusqu’àprésent.

Ilpoursuivit:«Jeveuxunefemmepourm’accompagnerdurantlesévénementscommeceluidecesoir…

Jeteveux,entantquepartenairesexuelle…etchezmoi,afinquejen’aiepasàsortirpourmemettreenquêtede…soulagement.

—Etl’argentquejetedois…pourl’accident?»Caressant alors la lèvre inférieuredeNatalieavec sonpouce, il ignora saquestionpouren

poserune:« Tu veux coucher avec moi ? Tu as déjà essayé d’imaginer l’effet que ça te ferait de te

retrouvernuedansmonlit?Etdet’ouvriràmoi?Demelaisserprendrecequejeveux,etdemelaissertedonnercedonttuasbesoin?»

LeregarddeMarcoétaitverrouillésurceluideNatalie,etsonpoucedéversaitunerivièrededésirenfusionenelle.Natalieétaitpratiquementhypnotiséeparl’envie.Unenuéeardenteetsensuellepassa entre eux. Ses jambes tremblaient alors qu’elle essayait de se tenir au-dessus de lui.Cela nefaisaitaucundoutequ’ellevoulaitcoucheraveclui.Ilauraitfalluqu’elleaitquatre-vingt-dixansouqu’elle soit lesbienne pour ne pas en avoir envie – etmême si elle avait été lesbienne, elle auraitprobablementétéplusquecurieusedel’expérience.

«Réponds-moi,bébé.—Oui,j’yaipensé.»Ilpassasamaindanssachevelure,laretenantcaptive.«Et?Est-cequec’estcedonttuasenvie?—Oui.—Danscecas,c’estréglé.—Non…pastoutàfait.Jenemesenspasdutoutàl’aiseaveccettesituation.— Voilà comment on va faire. La dette est annulée. À condition que tu me fasses une

promesse…quetumedisesquejeseraitonpartenaireexclusif…C’estlapromessequejeveuxdetoi.J’effaceraitadette.Nousn’enreparleronsplusjamais.

—Cen’estpascorrect;j’auraisl’impressiondeprofiterdetoi…»Illuicoupalaparoleavecunriretonitruant.«Non,tuneprofiteraspasdemoi.Tupeuxmecroire.Jeteveuxtoi,etrienquetoi,paston

argentnitesservicesdefemmedeménage.

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—Si je fais cette promesse, ça neme dérange pas de continuer à entretenir l’appartement.C’estfacile…cen’estpasunproblème.Àmoinsquetupréfèresquej’essaiedechercherdutravailailleurs?

—Non,necherchepasdetravail.Jepréféreraisquetusoisàl’appartementquandj’aibesoinde toi.Si faire leménagenereprésentepas tropde travailpour toi, tupeux le faire.Jen’aimepasavoirdesinconnusdansmamaisondetoutefaçon.

—D’accord.Etautrechose…»Elledéglutit.Ellenesavaitpastropcommentposercettequestion,maisceladevaitfairepartie

del’arrangement;elleallaitdoncsecontenterdesimplementcracherlemorceau.«Cetteexclusivitédonttuasparlé,çamarchedanslesdeuxsens?Jenemarchepassicen’est

paslecas.—Tuestoutcequejeveux.»Elleexaminal’expressionneutredeMarco.«Est-cequec’estunoui?Jeseraistonuniquepartenaire?—Tuvasdevoirapprendreàmefaireconfiance,Natalie.»Sonvisageétaitdemarbreetsavoixempliededésapprobation.Parcequetoi,tumefaisconfiance?Tumefaisconfianceaupointdesurveillertousmesfaits

etgestes?«J’espèrequejeteferaiconfianceunjour.Pourl’instant,jevaismecontenterdetaparolesi

tumeladonnes.—Jeteladonne.»Illadévisageasanssourciller,commes’ilétaitvraimentsincère.LavoiturepénétraitmaintenantsurunealléecirculaireetNatalievoulaitlaisserceladerrière

euxafindepouvoirpasseràautrechose.«D’accord.—Oui?Tuesd’accordavectoutça?Marchéconclu?»Ilexigeaitdesavoir.Natalieexaminalestraitsanguleuxetfermésdesonvisage.«Unmarché»?Ilappelleledébut

denotrerelation«unmarché»?Ilnevoyaitvisiblementpascelacommeunerelation;pourlui,cen’était riendeplus qu’un accord.Elle devait bien se souvenir de cela si elle voulait se protéger –protégersoncœur.

«Marchéconclu.»

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CHAPITRE7

Lasalleoùlasoiréecaritativeétaitorganiséeétaitmagnifique,etNatalieétaittrèscontentedesarobeetdesonalluregénérale.Ellen’avaitpasl’impressiondedétonneraumilieudelafoule.

Deuxheuresplus tard, ledîneravaitétéservi, lesdiscoursavaientétéprononcés,etNatalieavait l’impressionde faireuneexpérienceextracorporelle.Elle avait passé tout son tempsassise àcôtédeMarcoetelleétaitprofondémentheureused’êtregauchère.Iln’avaitcessédeluitoucherlamaindroitependanttoutlerepas,latenantoulacaressant,nelalâchantquepourcaressersacuisse,letoutenprenantbiensoind’écarterletissuquilegênait.

Il l’avait présentée aux autres convives, puis il avait commencé à converser presqueexclusivementaveclesautreshommes,surtoutpourparleraffaires,etNatalienecomprenaitqueletiersdecequisedisait.Maisellen’eut jamais l’impressionqueMarco l’ignorait.C’étaitmêmeenréalité tout lecontraire.Bienqu’ilne luiaitadresséquequelquesmots,etqu’il l’aitencoremoinsregardée,ellesentaitquetoutesonattentionétaitcentréesurelle.

Assisàcôtéd’elle,soncorpsdégageaitunetensionsubtile,etellesavaitquecelaavaitunliendirect avec l’effet qu’elle avait sur lui. Chaque fois que la conversation portait sur un sujet sansimportance et qui ne faisait pas appel à toute sa concentration, il posait sa main sur la cuisse deNatalie et serrait sa chair entre ses doigts, provoquant d’invisibles frissons le long de la colonnevertébraledeNatalie.

Aussitôtqueledernierdiscoursdelasoiréefutprononcéetquelegroupesemitàjouer,ilsetournaverselleetfouillasonvisageavecsesyeuxsombres.

«Est-cequetuveuxresterpourdanser,ouest-cequ’onpeutsetirerd’ici?»Elledéglutitdifficilementeteut lasensationd’êtreenvoûtéeparMarco.Ohoui,ellevoulait

partir…etauplusvite.Maissaréponserestainformuléeparcequ’ilsfurentaccostésparuncoupledepersonnesâgéesà lasoixante-dizainebien tassée ; ils sedirigeaientvers leur tableetavaientattirél’attentiondeMarco.Ilseleva,serralamaindel’hommeetembrassalajoueridéedeladameâgée,letoutaccompagnéd’unfrancsourirequidégageaitunevraiechaleur.

«Mona,George.Çamefaitplaisirdevousvoir.J’aimeraisvousprésenterNatalieLambert.»IltiraNatalieparlamainjusqu’àcequ’elleselèveetsetiennedeboutàcôtédelui.«Natalie,voiciGeorgeetMonaLancaster,mesclientspréférés.»IlprononçacesderniersmotsavecunsourireetunsoupçondecequeNatalieidentifiacomme

étantdel’affectionenverslecouple,cequilafitfondreintérieurement.MonaLancastersouriaitd’unsourirecompliceetpresquematernellorsqu’elletenditsamain

àNatalie.

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«Raviedevousrencontrer,machère.—Demême,»réponditNatalieenluiserrantlamain.Entendantsapropremain,GeorgesLancasterexpliqua:«Nous faisonsaffaire avec lesDonatidepuis ledébutdesannées soixante-dix, avantmême

quevousnesoyeznée.N’est-cepas,Marco?—Oui,monsieur,c’estvrai…avecmongrand-père,ditMarcoafindeclarifierl’anciennetéet

laprofondeurdecetterelationàNatalie.Commentallez-voustouslesdeux?—Trèsbien.Mahanchefaitunpeudessiennes,maisonfaitavec,heinchérie?répondit le

vieilhomme.»MonaLancastersouritendirectiondesonmari.«Eneffet.»Uneexpressiondemélancolietraversasonvisagelorsquel’orchestrecommençaàjouerune

valse.«Maisdansermemanque.»NatalieétaitbienconscientedelagrandeattentionqueMarcoportaitaucouple.«J’aimeraisbeaucoupdanseravecvous,Mona…sivotremarin’yvoitpasd’inconvénient?»Sesparolesétaientchevaleresques,etNatalieétaittrèsagréablementsurpriseparcetaspectde

sapersonnalitéqu’ellen’avaitencorejamaisvue.« Non, monsieur, je n’y vois aucun inconvénient. Je vais m’asseoir un instant et tenir

compagnieàcettejeunedemoiselle.»MarcosetournaversNatalie.«Est-cequeçateconvient?»Elleleursouritàtouslestrois.«Oui,biensûr.»GeorgeLancastertintledossierdelachaisedeNatalie,ellepritalorsplace,puisils’assitàsa

suite.IlsportèrentensuitetousdeuxleurattentionverslapistededansepourregarderMonaetMarcodanseretparlèrentdechosesetd’autresjusqu’àcequ’unautrehommes’approchedeleurtable.

«George.»GeorgeLancaster leva lesyeux,etNatalieputalorsapercevoirunsombrenuagepassersur

sonvisage.«Kennedy,salua-t-ill’hommed’unevoixplate.»Le dénomméKennedy quitta George Lancaster des yeux et son regard tomba sur celui de

Natalie.«Jevousenprie,présentez-nous.»NataliesentitMonsieurLancasterseraidiràcôtéd’elle.«Natalie,voiciMathewKennedy.Kennedy…NatalieLambert.Elleest avecMarco…soyez

prévenu.»Mathew Kennedy tendit sa main à Natalie et cette dernière n’eut d’autre choix que de lui

donner la sienne. Lorsque la paume de Kennedy toucha celle de Natalie, elle fut saisie d’un petitfrissondedégoûtqu’elleessayadésespérémentdenepasmontrer.

«Depuisquandest-ceçaposeunproblèmeàDonatidepartagersesfemmes?»Nataliesavaitqu’ilposaitlaquestionàmonsieurLancaster,maisillatirahorsdesachaiseet

nelâchapassonregardtoutenposantlaquestion.Unesombresensationd’effroiserrabrutalementsonestomac suite à cette étrangequestion.Ellen’eutd’autrechoixquede se lever compte tenudel’insistanceetdelaforcequ’ilexerçaitsursonbras.

«Maisjevaisd’abordcommencerpardanseravecelle.»Ilparlaitd’elle,maisnes’adressaitpasàelle;lagorgedeNatalieseserraetelleeutbesoinde

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faire appel à toutes les forcesqu’ellepossédait afindenepas arracher littéralement samainde lasienne.Elleneputcependants’empêcherdetirerlégèrementsursonbras.

Ellen’eutpasàtirerbienlongtempscarellevitMarcoarriverderrièrel’hommequilatenaitfermement–etc’étaitunMarcoarborantuneexpression facialecommeellen’enavait jamaisvueauparavant. Il fit chalouperMona en direction deGeorge et lâcha samain dès que lemari tint safemme. Immédiatement après, il posa unemain solide sur le bras deKennedy et feula d’une voixassezfurieuseethautepourqueNataliesoitsûrequemadameLancasterl’entendait.

«Hé,tut’escruoù?—Calme-toi,Donati.Jevaisdanseravec…lanouvellefille.—Ohquenon—onnetouchepas.»Natalie resta figéealorsqueMathewKennedyobservaitMarcoavecdesyeuxplissés ; il se

tourna ensuite vers elle pour la regarder intensément et d’un air interrogateur. Mais il lâchafinalementsamainetseretournaversMarco.

«Onnetouchepas?»Marco ignora sa question et tendit le bras pour saisir le poignet deNatalie afin de la faire

valserderrière lui, lamettantainsicomplémenthorsdelavuedeMathewKennedy.Puis il regardaderrièreluietportasonattentionsurlesLancaster.

« Bonne nuit. Ça m’a fait très plaisir de vous revoir. Mona, vous êtes ravissante, commetoujours.»

Surce,ilseretournavivementetsortitdelasalle,traînantpratiquementNataliederrièrelui.Quelquesinstantsplustard,elleseretrouvadevantlavoiturequilesattendaitetlechauffeur

ouvritleurportière;lacloison-fenêtreintérieureétaitunefoisdeplusrelevée,leuroffrantainsiunespace clos et privé, isolé du chauffeur. Elle se glissa vers l’extrémité de la banquette arrière, ets’affairaàbouclersaceinturedesécuritéalorsqueMarcoregardaitparlafenêtre,sesdoigtstapotantsursonfront,commes’ilétaitdansuninstantd’intenseréflexion…oudedouleur.

Lavoitures’éloignaduborddutrottoiretsemitenroute.«Quiétaitcethomme?—Personne,répondit-ilsèchement.—Pendantquetuétaissurlapistededanse,iladit…quelquechoseàproposde…partager…

desfemmes.Qu’est-cequ’ilvoulaitdire?»IltournalatêteetportabrusquementsonregardsurceluideNatalie.« Rien, ne t’occupe pas de lui. Sors-toi ça de la tête. Il n’est personne, et ce personne ne

s’approcheraplusjamaisdetoi.—Marco,tunel’aspasentenduparler.Cen’estpastoiqu’ilétaitentraindetoucher.Je…je

neveuxpasme retrouvermêlée àquelquechose…quelquechose…J’aivraiment l’estomac serrémaintenant.Partager…»

Marcointerrompitsesparolesdécousuesetsaisitsonpoignet.«Natalie,tais-toietcalme-toi.»Elle soutint son regarddurantune seconde seulement car sesyeux s’emplirentde larmeset

ellerompitlecontactenregardantailleurs.Sapriseseresserraautourdesonpoignetetiltirasursonbraspouravoirsonattention.Elle

levalesyeuxversluiunefoisdeplus.Savoixétaitsévèrelorsqu’ils’adressaànouveauàelle:«Comprendsbienunechose…jenetepartageraijamaisavecquiquecesoit…jamais.Jamais

detoutemaputaindevie.Tuesàmoi,etnousallonsscellercetaccorddansenvironunedemi-heure.Aprèsça,personnenetetouchera…Ilspourrontessayer,maisils leregretterontpourlerestantdeleurvie.Alorssors-toitoutescesautresconneriesdelatête.Jeneprétendspasavoirétéunenfantdechœur toutemavie…Maispour cequi te concerne, si quelqu’unessaiede te toucher, je le tuede

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sang-froid.»Il cessa de parler et le cœur de Natalie battit bruyamment dans sa poitrine comme elle

assimilaitsesparolesetsentaitsesyeuxembrasésfigéssurelle.Ilrelâchalentementsamainetrepritplacesursonsiège,levisageredevenuimpassible.

Le silencede la nuit qui les entourait s’intensifia etNatalie essayade faire comme il le luiavait suggéré…desesortirçade la tête.Maiscequivenaitdeseproduireavaitde touteévidencecontrariéMarco,etellen’aimaitpasqu’ilsoitcontrarié,mêmesiellesavaitquecen’étaitpasdesafaute à elle. Ses paroles avaient été si véhémentes qu’elles avaient rassuré Natalie. Elle le croyaitentièrement.Elletenditlebraspourtouchertendrementsamain.Elleglissasesdoigtssurledosdesamain en une petite caresse, le même genre de caresse que celle qu’elle avait faite sur son frontlorsqu’ilavaiteusamigraine;elleespéraitquecelapourraitl’apaiser.

Ellecontinuacespetitsmouvementspendantquelquessecondesjusqu’àcequesoudain,Marcoretournesamainpour saisircelledeNataliedansuneprise inflexible. Il tournasa têteverselleetsondasesyeux,ladévorantentièrementduregard.Ils’adressaalorsàelleavecunevoixrauquequisemblaittrahiruneconfessionouunbesoind’êtrerassuré.

«Jen’aipastropappréciéqu’iltetouche.»Malgré l’obscurité de l’habitacle de la voiture, Natalie essaya de voir l’expression sur le

visagedeMarco.Ledésarroidecelui-ciétaitbouleversant;ellesavaitqu’ilneluienvoulaitpasàelle,maisilluisemblaitqu’ilétaitsurprisparsapropreréactionetavaitdumalàlacomprendre.

Elleavaitégalementétésecouéeparlesévénementsdelasoirée,maiselleessayadenepasypenserpourmieuxleréconforter.

«Moinonplus,»dit-elletendrement.Marcodétachasaceinturedesécuritéets’approchadeNatalie. Ilplaçasesmainsdechaque

côtéduvisagede la jeune femmepour le tournergentimentdans sapropredirection.Sesyeux serivèrentauxsienspendantuneinsoutenablesecondeavantquesaboucheneseposesurlasienne.

Il l’embrassa, faisantvirevoltersa langueavecun rythmeauquelellecommençaitàdeveniraccro.Seslèvresquittèrentlessiennesjusteassezlongtempspourrespirerprofondément.

«Tuessiadorable.Siadorable.»Il plaça sa bouche près de son oreille et sa main emprisonna un de ses seins qu’il serra

fermement.«Commentai-jepuavoirlachancedetombersurtoi?»Natalieentenditcesmotsmurmurésetenfiévrésjusteavantqu’ilnetiresursonlobed’oreille

avecseslèvres;elleoubliaalorsabsolumenttout,saufsesbrasenroulésautourd’elle.LabouchedeMarcorevintàlasienneetleurrespirationdevintpantelante.Ellelevalesbraset

lesenroulaautourdesatête,maisillarepoussa.AlorsqueMarcoreprenaitplacesursonsiège,ellesentitlachaleurdesoncorpslaquitter;

maisavantmêmequ’unsentimentdeperten’eûtletempsdes’installer,elleserenditcomptequ’ilsétaiententraind’arriverchezlui.

Dansunétatsecond,ellelesuivitjusqu’àl’appartement,etlorsqu’ilsypénétrèrent,ellen’eutaucuninstantderépit.Alorsquelesportesdel’ascenseurserefermaientderrièreeux,il lasoulevadanssesbrasetlatransportajusqu’àsaproprechambre.

Il la reposa sur ses pieds et profita de ce mouvement pour saisir le bas de sa robe et lasouleverpar-dessussa têteavantde la jeterpar terre,ne laissantainsiNatalievêtuederiend’autrequedesaculotteensatinetdesestalonshauts.Elleressentitunemontéed’ivresse,commeaprèsunshotdewhisky,etlorsqu’ilfitunpasenarrièrepourretirersavesteetsacravatetoutengardantsesyeuxrivéssurelle,elleessayadésespérémentdeseretenirdecouvrirsesseinsnus.Elleglissasesmains sur ses cuisses et agrippa le haut de ses jambes, cherchant quelque chose à quoi se tenir en

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regardantMarcoretirerseschaussures,sonpantalonetsonboxer.Il retira ses boutons de manchettes et commença à déboutonner sa chemise, le dernier

vêtement qu’il portait encore.Du rouge rehaussait ses pommettes alors qu’il continuait à regarderNatalie.

«Est-cequetuasbeaucoupd’expérience?»demanda-t-ild’unevoixrocailleuse.Elle passa sa langue sur ses lèvres, et malgré sa nervosité, elle s’essaya à un sourire

voluptueuxetmalicieuxpourallégerl’atmosphèreextrêmementtendue.«Énormément.Ettoi?»Ilposavivementsamainsursesreinsetlatiracontresontorseavecunetelleforceetunetelle

vitesse qu’elle hoqueta en se heurtant à lui. Avec son autremain, il caressa son dos, de sa nuquejusqu’àlanaissancedesesfesses.Ellesemità tremblerviolemmentet toute idéedevoluptéoudemalices’évadadesoncerveau.

Lestremblementsn’échappèrentpasàMarco.« Énormément, hein ? » dit-il d’une voix sévère et rauque, dépourvue de lamoindre trace

d’humour.Ellechancelasursestalons,etdanslebutdetrouverplusdestabilité,sesmainsseposèrent

surletorsedénudédeMarco.Sachemiseétaitouverteetflottante,etsonérectionsedressaitentreeuxcommeunepreuvesupplémentairedelatensionsexuellequiagitaitdéjàsonvisage.Elletremblaetpritunelongueetprofondeinspiration.

«Qu’est-cequetuveuxquejetedise,Marco?Jenesuispasvierge—Jeveuxquetumedisessituprendslapiluleousijedoisutiliserunpréservatif?—Oui,s’ilteplaît.Unpréservatif.»Elleôtasesmainsdesontorsepourlesmettreautourdesanuque.«D’accord,jem’enoccupe…dit-il.Etj’enprofitepourm’excuserd’emblée;àl’avenir, je

prendrai toujours le temps de faire les choses correctement, d’y aller doucement… mais là,immédiatement,c’estimpossible.J’aiterriblementenviedetoidepuisl’instantoùnousnoussommesrencontrés.»

Avec sa main, il dégagea le front de Natalie en tirant ses cheveux en arrière tout en laregardantdanslesyeux;ilcontinuaalorsdeglissersesdoigtsetempoignasachevelure.Saboucheseraiditetsesparolessedurcirent:

«Maintenant…jevaistebaisersanslamoindreretenue,ettuvasrestertranquilleetmelaisserfaire.»

LecœurdeNataliecessacomplètementdebattreavantderecommenceràpompersonsangàune cadence si violente qu’elle en fut pratiquement effrayée. Ses jambes tremblaient et elle étaitcomplètement sans voix ; elle était suspendue dans les bras de Marco et attendait son prochainmouvement.Toutcequ’elleétaitcapabledefaireétaitderespirerlourdementetdelutterpournepass’évanouiralorsqueledésir,ardentetféroce,enveloppaitl’ensembledesonêtre,delatêteauxpieds.

LemouvementsuivantdeMarconesefitpasattendre.Ilcommençaàmarcher,unpasassuréaprès l’autre,poussantainsiNatalieà reculervers le

lit;elletrébucha,illasoulevaalorsàbras-le-corpsjusqu’àluifairequitterlesolpuiscontinuaàsedéplacer.Lorsquel’arrièredesgenouxdelajeunefemmeheurtalelit,illadéposasurleborddecedernierenpositionassiseetilluiécartalui-mêmelesjambesaussigrandementquepossible.IlsetintentrelesjambesouvertesdeNatalieetl’examina,lesyeuxbaisséssurelle.Àl’aided’unemainplacéesous sonmenton, il releva son visage et commença à l’embrasser ardemment et sans relâche ; saboucheétaitbrutalementouverteengrandcontrelasiennealorsqu’ilencaressaitl’intérieuravecsalangue.

CommeMarcoétaitgrand,lanuquedeNatalieétaitpenchéeenunangleinconfortableetelle

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gémitdoncdufonddesagorgeafindemanifestersoninconfort.Il l’entendit et changeade tactiqueen lapoussant sur le litpourqu’elleadopteuneposition

couchée ; il la suivit et sa main trouva la douceur entre les cuisses de Natalie, douceur couverteuniquementparunderniermorceaudesoie.

Cettebarrièreétait tropgênantepourMarco; ilserelevadonclégèrementpourarracher laculotte en soie en la glissant d’abord le long d’une jambe, puis de l’autre. Natalie ressentitimmédiatementlapertedelapetiteprotectionquesaculotteluioffraitjusqu’àprésent;toutàcoup,etalors que ses jambes étaient écartées et ouvertes à lui, la différence entre leur expérience sexuellerespectiveluiapparutcommeévidente.Dansunsursautdepudeurqu’elleneputcontrôler,samainglissaverslebasafindecouvrirsonentrejambeetellesentitsesjouesrougir.

Ilsetenaitentresesjambesetnecessaitdel’observer.Sesyeuxsombresétaientplissésetlatransperçaient,maiselleneparvenaitpasàlirelespenséesquis’yagitaient.LeregarddurdeMarcopassadesesjoueschaudesàsesseinsqu’ellecraignaittroppetitspourlui,puisterminasursamaintremblantequicouvraitsonsexe.

Son attitude était éhontée, comme si Natalie était sa propriété, et alors qu’il l’examinait,Natalieeutl’impressionqu’ilpouvaittoutvoird’elle,tantàl’intérieurqu’àl’extérieur.

Illuipermitdecontinueràcouvrirsonsexe,maiselleseditquecelan’allaitpasdurer.Etelleavaitraison.Une foiscette lente inspection terminée, il se retourna,attrapaunpréservatif sur la tablede

chevetetl’enfilaenquelquessecondes.IlrepritplaceentrelescuissesdeNatalie,ilchassasamainetrelevases jambespour lesenroulerautourdesondos, le toutenunmouvementfermeetprécis. Ils’approcha de son orifice doux et humide et enfonça la large tête de son pénis dans la chaleurfrémissantequin’attendaitplusquelui.

Ils’interrompitalorsqu’uneperledesueurglissaitsurlecôtédesonvisage,puisilsaisitlespoignetsdeNatalie.Illesmenottaentresesmains,lesplaquaau-dessusd’ellecontrelematelas,puisilbaissalesyeuxsurceuxdelajeunefemme.

«Jen’aijamaisriendésiréautantquetoidetoutemavie.»Il commença à faire des mouvements circulaires avec ses hanches, glissant un peu plus

profondémentenelle.Elle écarquilla les yeux en raison de la sensation d’étirement et du choc provoqué par ses

mots,etellehaletad’impatienceenattendantquesonintrusionnesefasseplusprofondeencore.LesmainsdeMarcoserraientfermementsespoignetsenuneprisedévoranteettoute-puissante.LecœurdeNatalietambourinaitviolemmentfaceàsadémonstrationdeforceetdedomination,etunemontéesauvage de désirmélangée à une certaine appréhension se propagea dans ses veines.Elle prit unelongue et profonde inspiration puis repoussa légèrement Marco afin de tester la force qu’ilemployait.

Sesnarines enflèrent et il sombraencore enelledequelquesmenaçants centimètres tout enmaintenantsonregard.

«Tuessaiesdem’échapper?grogna-t-ilàtraverssesdentsserréesetd’unevoixépaissieparledésir.

—Non,dit-elledansunsouffletoutendécontractantsesbrascontrelematelasoùMarcolesmaintenaitdesapoigneinflexible.»

IlpénétraenellepourdebonenuncoupdereinsprécisetvigoureuxquifithaleterNatalie.Lechocserépercutaàtraverstoutsonêtrealorsqu’elleessayaitdes’adapter.Ilrestaalorsimmobile,sonregardtoujoursfigésurceluideNatalie,etsonvisages’illuminadecequiressemblaitàdelapuresatisfactionmêléed’untotalsoulagement.

«Tunem’échapperasjamais.»

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Nataliesenoyaitdansunflotd’émotionsetdechaleursexuellecommeellen’enavaitjamaisconnuauparavant.Ellesesentaitcomplètementdétendue,etleplaisirqu’elleenretiraitétaitau-delàdetoutcequ’elleavaitressentidanssavie.Ellepoussasonbassincontrelui,désirantardemmentsesmouvements ; et pourtant, elle voulut le défier enmême temps, dans un besoin de se protéger, enmontrantsonindépendance.

«Jenet’appartienspas.»Ilseretiradesoncorpspuisreplongeaenunvifmouvementdehanchessemblableàuncoup

depoignardetquiretentittoutàtraverselle.« Tu penses que c’est le bon moment pour me provoquer ? » cracha-t-il d’une manière

menaçante.Ellesoulevaseshanchespourlesupplierdes’enfouirenelleunefoisdeplus.«Jen’essaiepasdeteprovoquer,»mentit-elleenhaletant.Marcosemitalorsàpompersansinterruption,glissantenelleavecdesva-et-vientrépétéset

réguliers de ses hanches, et sa bouche se posa sur celle deNatalie, la réduisant au silence avec salangue. Ses coups de reins étaient semblables aux baisers qu’il lui donnait : longs, profonds etvigoureux.

Nataliesesentitglisserdans le tunnelquimenaitvers l’orgasme.Soncorpscommençaàseraidir et elle devint presque effrénée ; elle tourna la tête et se libéra de la bouche deMarco pourreprendrevivementsonsouffle.

UnedesmainsmusculeusesdeMarcolâchalespoignetsdeNataliepoursaisirsonmentonetdéplacersonvisagedesorteàcequ’elleleregardedanslesyeux.Ilsétaienttouslesdeuxàboutdesouffleetsescoupsdereinsdevinrentplusrigides.LespaupièresdeNatalies’abaissèrentlentement,maislesdoigtsdeMarcos’enfoncèrentdanssonmenton.

«Ouvre-les.»Elleessayadeseconcentrersurluialorsquelessensationsdevenaienttropfortespourlutter.

Il avait desyeux envoûtants, emplis d’une impatience torturée et d’une chaleur incendiaire.NataliecommençaàperdrepiedetsoncorpsseraidittandisquelesmouvementsdeMarcodevenaientplusprofondsetpluspuissants;illaregardaitsansjamaislalaissersedéfairedesonemprise.

Ellecommençaàbasculerdansleprécipiceetunkaléidoscopeéclatadanssoncerveautandisquel’extases’emparaitd’elle.EllesentitànouveausesyeuxsefermeralorsqueMarcolapénétraitbrutalement,uncoup,deuxcoups,troiscoups…etilsemitàgrognerd’unsonsourdvenantdesondiaphragme;NataliesutalorsqueMarcoétaitentraindeplongerdanslevideavecelle.

Ils’immobilisaenelleetleurscorpscommencèrentlentementàsedéfairedelatensionqueleurs orgasmes combinés avaient induite. La tête de Marco tomba sur l’épaule de Natalie, etlentement,leurrespirationredevintrégulière.

IlsrestèrentainsiquelquesminutesavantqueMarconerelèvelatêtepourlaregarder.Sesyeuxsombresplongèrentdans lessiens,et lorsqu’ilsemitàparler,savoix,deparson

incandescence,constituaitunemenaceenivrantepourNatalie.«Tuesàmoi,rienqu’àmoi.Personned’autrenepeuttetoucher.Cettepetitechatteserrée…

estàmoi,dit-ilavecunmouvementdebassin.»Samainquittasonmentonetsaisitundesesseinsqu’ilserraàlalimitedeladouleur.«Cespetitsnichonsparfaits…ilssontàmoi.»Sesdoigtsrugueuxpincèrentsonmamelon.«Cesmamelons…àmoi.»Sonpouce semit à caresser son téton et ce dernier se durcit sous l’effet de ce contact. Ses

parolesetsonattitudedéclenchèrentunbesoinexquisdeselivrerànouveauàlui.«Tucomprends,Natalie?Ilyadeuxrèglesdansnotre…arrangement,hésita-t-il.Jeprends

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soindetoi,totalement,ettum’appartienscorpsetâme.Endehorsdulit,situveuxquelquechose,tul’auras.Danscettechambre,oupeuimporteoùlesexesefera,sijetedisSaute,jeveuxquetesjoliespetiteslèvresmesupplientdetedireàquellehauteur.Compris?»

Elledéglutitprofondément;sesexigencesavaientprovoquéuneexplosiond’émotionsquilapersuadaàconsentir.

«Est-ceque…est-cequej’ailechoix?—Est-cequetuveuxavoirlechoix?»Elle fut submergée par le souvenir de son orgasme si récent en regardant dans les yeux

magnifiquesetcaptivantsdeMarco.«Tumeferastoujoursmesentiraussibienquetuviensjustedelefaire?»Sonregardétaitdirect.Déterminé.«Oui.—Alorsdanscecas,non,murmura-t-elle,jenepensepasvouloiravoirlechoix.»

Une semaine plus tard,Natalie était assise en face deMarco dans un restaurant chic à l’ambiancefeutrée,dansunbâtimentancienengrèsbrunsituéàl’extrémitéouestdelaville.LedoigtdeNatalieeffectuaitunmouvementcirculairesur le reborddesonverredevinetelle regardaitautourd’ellepour essayer de détourner son attentiondu regard incendiaire qui provenait directement de l’autrecôtédelatable.

«C’esttrèsbeauici.»Elles’éclaircitdélicatementlagorgeetsemorditlalèvreinférieuretoutensetournantvers

Marco.«Vraimenttrèsbeau.»Marcolaregardaitdepuisl’autrecôtédelatablecommes’ilsétaientlesdeuxseulespersonnes

aumonde.Toutesonattentionétaitportéesurelle,etcelas’avéraitêtreperturbant.«Qu’est-cequiteplaîttant?interrogea-t-iltoutenpromenantsonregardautourdeluiavant

delereportersurelle.—Oh…tout.J’adorelesboiseriesanciennes,lacheminéeenpierre…»Sonregardcommençaàbalayerlasallepuisellepoursuivit:«…lestextures…lebrocartdeceschaises,leslustresenbronze…lachaleurdecettesalleen

général.C’esttellement…paisible.»LeregarddeNatalierevintsurMarcoetelleesquissadeseslèvresunminusculesourire.«Oui.Paisible.»Lui regardait Natalie, et l’idée qu’elle soit paisible le frappa. Il ne l’avait jamais vraiment

considérée comme telle ; d’autres mots descriptifs lui venaient à l’esprit lorsqu’il était en saprésence…oumêmelorsqu’ilnel’étaitpas.

Sexy, belle… totalement baisable. Mais paisible ? Et c’était pourtant bien ce qu’elle était.Lorsqu’il était avec elle, ou lorsqu’il pensait à elle en train de l’attendre dans son appartement, ildevaitbienadmettrequ’ilneressentaithabituellementqu’unnombre limitédechoses.Uneextrêmeexcitationsexuelle,uneextrêmesatisfaction,ouuneextrêmepaix.

AvantquelabougeottedeNatalienecauseunepagaille,Marcoattrapasamainquijouaitavecleverredevin.Puis ilenlaçasesdoigtsavec lessienset regardaànouveauautourde luiavantde

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recommenceràexaminerNatalie.Ilpritalorssoudainconsciencedequelquechose.«Tun’aimespasl’appartement.»Ils’agissaitlàd’uneaffirmation,nond’unequestion.LesjouesdeNatalierougirentetelledétournasonregarddusien.«Non,ilestbien,dit-elledoucement.—Bordeldemerde.Tuledétestes,enfait.Pourquoin’as-turiendit?—C’esttonchez-toi,Marco,paslemien.Etjen’aipasenvied’êtreimpolieoudetevexer.»Sabouches’aplatit.«C’estaussitonchez-toi,Natalie.Etpourquoiest-cequeçamevexerait?Jenemesuispas

occupéde…»Ils’interrompitcommes’ilcherchaituntermeinconnuetNatalieintervint:«Ladécoration?—Exact.Ladécoration.JemesuiscontentédedemanderàJoydefaireappelàuneentreprise

spécialisée.L’appartementestjusteunendroitoùjedors…»Ilfronçalessourcils,puisajouta:«…oudumoins,oùjedormais.—Ilesttrèsbien,Marco,dit-ellepourl’apaiser»Ilserralesdentsetétaitsurlepointdecommenceràargumenterlorsqu’ilregardapar-dessus

la tête deNatalie et vitMathewKennedy en train de s’approcher de la table.Ce putain deMathewKennedy. Le seul point de jonction restant entre sa vie professionnelle et son passé de débauche,c’étaitceputaindeMathewKennedyetsasalopedefemme.Sasoiréeétaitsurlepointdepartirencouille.

Natalievitl’expressionquevenaitdeprendrelevisagedeMarco,etelleplaignitpresqueceluioucellequienétaitresponsable.Sonregardétaitdevenuacerbe,samâchoireserrée,etdesridesdetensionencadraientsabouche.

Cette réactiondeMarco s’envolade l’espritdeNatalie lorsqu’elle sentitunemain fermeseposer sur son épaule ainsi qu’ungrand corps se dresser à côtéd’elle.Elle tournavivement la têtepourfairefaceaunouvelarrivantetMarcoselevadesachaiseenjetantsaserviettesurlatable.

Mathew Kennedy se tenait à côté de Natalie et serrait son épaule. Elle fut assaillie par lapanique–nonàcausedelamainposéesursonépaule,maisàcausedeMarcoquiétaitmaintenantdeboutetparaissaitsurlepointdecommettreunmeurtre.

Quoi qu’il ait été sur le point de faire oudedire, cela fut reporté lorsqu’une femmed’âgemoyen et habilléepour faire tourner des têtes passanonchalammentdevantMathewKennedypourallerposersamainsurlereversdelavestedubanquier.

«Marco,monchéri,pourquoifais-tucettetête?Tun’espascontentdenousvoir?»Natalie sentit de la bile remonter dans sa gorge, à la fois à cause de ce contact physique

répugnant sur sa propre épaule et à causede la familiarité induite par lamainde cette femme surMarco.Sessensétaientagressésparledésarroietparcettesensationdenausée,maisellerestaassisesursachaise,incapabledebouger;laparalysiesemblaitavoirgagnésoncorps.

«Nora,saluaMarcod’untonsec.»Ilsemblaithorsdeluilorsqu’ilsaisitlamaindelafemmeafindel’ôterdesavesteavantdela

lâcherhâtivement.« Puisque tu es ici avec ton mari, et parce que j’aime à penser que je suis un homme

raisonnable, je vais te donner l’occasion de mettre immédiatement un terme à cette rencontrefortuite…verbalement,situleveuxbien.Jetelaissetroissecondespourleconvaincrederetirersamaindesonépaule,sansquoiilpartirad’icidansuneambulance…oudansuncorbillard.»

Natalie prit une vive inspiration et se raidit encore d’avantage lorsqu’un serveur s’arrêta à

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côtéd’euxaumomentoùlafemme–qu’ellesavaitmaintenantêtreNoraKennedy–posaitunemainrestrictivesursonmari.

«Mathew,chéri,laissetomber;onnejouerapascesoir,moncœur.—Est-cequ’ilyaunproblème?»intervintleserveur,unhommed’environunmètrequatre-

vingt-cinqàlacarrureathlétique.Natalierestacomplètementimmobileetattenditdevoircommentcelaallerseterminer.Ellese

sentait physiquement malade. Et elle était sur le point de s’évanouir lorsque, finalement, MathewKennedyretirasamaindesonépaule.

Lavoixdel’indésirableretentit:«Aucunproblème, aucunproblème.Nous étions sur lepoint deprendreune table, n’est-ce

pas,chérie?Çam’afaitplaisirdetevoir,Marco.»NataliesentitlesyeuxglacialsdeKennedyseposersurelle.«Natalie.»Lecoupleseretournapours’éloigner,etMarcotiraunbilletd’uneliasseavantdeletendreau

serveur.«Çadevraitsuffirepourcouvrirlerepas.Cen’estpasdevotrefaute.»Unefoiscelafait, ilseretournaettiraNataliedesachaise,verrouillasonbrasautourdesa

tailleetlaconduisithorsdurestaurant.Il laguidadans l’obscuritéde lanuit,ouvrit laportièredesavoitureducôtépassageret la

poussasurlesiège.Ellefitpivotersesjambesàl’intérieurdelavoiture,commesisoncorpsétaitenmodeautomatique,puisellelevasonregardverslui.

Marco rencontra lesyeuxbleusblessésdeNatalieetun torrentdeculpabilitéetdehonte lefrappaàl’estomacavectantdeforcequ’ilsemorditlalèvrejusqu’àcequ’ilsentelegoûtdusang.Elleétaitbelle,adorable,etplusinnocentequetouteslespersonnesqu’ilavaitjamaisrencontrées.Etil était en trainde la souiller. Il l’exposait à desgensdéviants et complètement tarés, à des chosesinfectes qu’elle ne devraitmême jamais connaître, et encoremoins approcher. À cet instant, il sedétestait.Natalieétaitlebienincarné;etluiétaitpaumé,totalementirrécupérable,totalementindignedequelqu’uncommeelle.

Il repensa au jour où le portier et le concierge l’avaient remercié pour les cookies que safemme de ménage avait faits pour eux. Son esprit lui rappela les éloges dont Joy avait couvertNatalie.Était-ceseulementparcequesonassistantedétestaitavoiraffaireàTanyaetàsavénalité?Ilendoutaitfortement.QuandelleluiavaitditqueNataliesemblaitterriblementgentilleetinnocente,ilavaitplutôteulesentimentqu’ils’agissaitd’unavertissement.Ellen’avaitpasoséluidiredenepasfairedemalàlajeunefemme;elles’étaitsimplementcontentéed’enfairel’élogetoutenluilançantunregardnoir.

EtJoyavaitraison.Natalieétaitgentilleetinnocente.Ildevraitsimplementl’oublier.Maiscelaétaitabsolumenthorsdequestion.Ilnel’oublieraitpas.Ilferaittoutcequiétaiten

sonpouvoirpourlateniréloignéedesgensquipeuplaientsonpassé,maisilnepouvaitpasl’oublieretlalaisserfiler.

Elleétaitlameilleurechosequiluisoitjamaisarrivée.Il referma laportièredeNatalie, et tout en faisant le tourde lavoiturepour aller s’asseoir

derrièrelevolant,ilrestafocalisésurl’objectifquiconsistaitàreconduireNatalieàl’appartementetàl’enfermeravecluidanslachambre.

Alors que Marco faisait démarrer la voiture et s’engageait sur la chaussée, le téléphoneportabledeNataliesemitàsonneretelledécrocha.

Ilécoutaalorssansvergognelaconversation.

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«Salut.»Savoixétaittremblantemaisretrouvasastabilitéaufuretàmesuredel’appel.«Ahoui?C’estgénial,Justin!Oui,jevaisluidire…Jevaisbien.Tupensesquetuserasàla

maisonquand?»Marcojetaunœilsurelleetvitsonvisagesedécomposer.«Oh.D’accord. Sois prudent…Oui, je lui ai parlé. Elle va bienmais il vit toujours à son

crochet.»Ellemarquauneautrepause.«Non,fais-moiconfiance,jeneretourneraipaslà-bastantqu’ilvitavecelle…Oui,promis…

Jet’aimeaussi.Salut.»Natalieraccrochaetglissaletéléphonedanssonsacàmain.Aumêmeinstant,ilss’arrêtèrent

àunfeurouge.Marcosetournaetlaregarda.«Lecousin?— Oui. Il m’a demandé de te dire qu’il va faire un roulement supplémentaire et qu’il va

obteniruneénormeprime.Ilaurabientôtl’argentpourterembourser.—Cen’estpassadette,Natalie.Jeneveuxpasdesonargent.Jenel’accepteraipas.—Sicen’estpassadette,alorstuveuxdirequec’estlamienne?—Oui.—Maistum’asditqu’onoubliaitladette…Jesavaisquetuneparlaispassérieusement.— La dette est oubliée… dit-il en serrant les dents. Ça n’a jamais été une foutue question

d’argentdetoutefaçon.Ettulesais.»LevisagedeNatalieperdittoutessescouleursetlefeupassaauvert.Ilsrestèrenttousdeuxmuetsduranttoutlerestedutrajet.

Unefoisarrivésdansl’appartement,MarcojetasescléssurlatablebasseavantdesaisirlamaindeNataliepourlatirersurlecanapéaveclui.

«Dis-moilereste.—Lerestedequoi?»Ellechangeadepositionpourmieuxluifaireface.«Tuasditàtoncousinquetuavaisparléàquelqu’un.Quiestcettepersonne?»Ellel’examinaetressentitlebesoindesepréserver.«J’aidesamis,Marco.—Jelesaisbien,dit-ilenportantsamainàsaboucheetenlaregardantfixement.Qui?»Ellelevalesyeuxaucieletréponditsimplement:«Mamère.— Ta mère ? demanda-t-il brusquement, de la surprise dans la voix. Ta mère vit avec un

profiteurquitemetmalàl’aiseaupointdenepasallerlavoir?»Ellecroisalesbrassursapoitrine.«Ouah.Tun’asvraimentpasperduunemiettedecetteconversation,hein?—Ouais,paslamoindreputaindemiette,confirma-t-ilavecaplomb.»Elletapotasonproprebrasdesesdoigtsetrestamuette.«Réponds-moi,exigea-t-il.

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—Non.»Ungrognementsourdsefitentendreaufonddesagorgeetiltenditlebraspourlasaisir.«Natalie…»Ellefitunmouvementbrusquepourl’éviter,essayantdélibérémentdelerendredingue.«ÀquelgenredejeulesKennedyétaientdéçusdenepaspouvoirjouercesoir?»Ilignorasanssourcillercechangementdesujetetpoursuivitsoninterrogatoire.« Pas besoin d’être un foutu génie pour comprendre ce qui se passe. Tamère vit avec un

enculéquiveuttemettredanssonlit.Est-cequ’elleestaucourant?—Tun’asaucuneMST?Tut’esfaitdépister?»Elledemandacelapourl’agacer,maisaussiparcequ’elleavaitbesoindesavoir.«Ouiauxdeuxquestions.—Promets-le-moi,Marco.—JelejuredevantDieu,Natalie.»Ilcontinuaàlaregarderetinsista:«Est-cequetamèreestaucourant?»Natalieleregardapensivementetrefusaderépondreenledéfiantàsontour.«Alors?Est-cequetuascouchéavecNoraKennedy?»Ilprituneprofondeinspirationetexpiraaussitôt.«Non…jen’aipascouchéavecelle.Elleyatravaillédurpourtant.»Natalie l’examina, démesurément soulagéed’entendre sa réponsenégative.Elle n’envisagea

mêmepasdemettrecettedernièreparoleendoute.«Jesuisimpressionnée.Enfinunevraieréponse.Jen’enattendaispasvraimentune,dit-elle

suruntonquin’étaitqu’àmoitiésarcastique.—Parcequeturefusesderépondreàmesquestions.Tuméritaiscelle-là,bébé.»Iltenditànouveaulebraspourlatoucher,maisplusendouceurqu’auparavant,etellelelaissa

fairecettefois.IlpritlamaindeNataliedanslasienneetcaressasesdoigtsavecsonpouce.Elle observa ce pouce qui faisait de petits cercles sur sa chair et elle ressentit ce contact

physiquejusquedanssesorteils.«Jeneméritepasd’avoirtouteslesréponses?—Si,probablement.Maisçaengendreraitd’autresquestions…etpuisd’autresencore…Tu

découvriraisalorsquelputaindedépravéjesuis,ettuessaieraisdepartir.—Essaierais,Marco?Sijevoulaispartir,jeferaismesvalisesetjepartirais.—Çaneseraitpasaussifacile.—Ahnon?demanda-t-elledoucement.—Non.—Pourquoi?—Ons’écarteunpeudusujet,là.Jeveuxsavoircequisepassecheztoi.Est-cequecetenculé

t’atouchée?Est-cequ’ilt’afaitdumal?Est-cequejedoisalleràVidorpourletuer?Est-illaraisonpourlaquelletuesvenueàHouston?»

Natalie soupiraet compritqu’ilne laisseraitpas tomber sansqu’elle lui crache lemorceau.Marcoétaitcommeunchienerrantdéterminéà trouversonos.Lorsqu’ilvoulaitquelquechose, ilétaitterriblementtenace,etNataliesavaitqu’iln’abandonneraitpascommecela.Elleleregardadroitdanslesyeuxetluiréponditaussirapidementetaussisimplementqu’elleleput.

«Oui,mamère vit avec une pourriture.Oui, il a déjà tenté deme toucher quandmamèren’étaitpasdanslamêmepièce.Ilaégalementessayédes’introduiredansmachambreaumilieudelanuit,mais il n’yest jamaisparvenu. Jeneme suis jamais retrouvée seuleavec lui, alors il nem’ajamaisfaitdemal.Àsadeuxièmetentative,jesuispartiedelamaison.Mamèren’estpasaucourant

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etjen’aipasl’intentiondeleluidire.Crois-moi,elleserendrabienassezvitecompted’elle-mêmeàquelgenredeconnardelleaaffaire.Nulbesoinderuinerlarelationquej’aiavecelle.Donc,oui,jesuisvenueàHoustonpourtrouverdutravailetpourtuerletempsenattendantdesjoursmeilleurs.Est-cequec’estcequetuvoulaissavoir?

—Tuerletemps?demanda-t-ilavecincrédulité.—Oui.»Sonvisagepritunairrenfrognéetsavoixs’élevaàunniveaualarmant.«Excuse-moi,maistuerleputaindetemps?—Marco…—C’estcequetufaisiciavecmoi?Tutuesletemps?—Jenevoulaispaslediredanscesens…—Maisputain,qu’est-cequetuvoulaisdire,Natalie?— Qu’est-ce que tu attends de moi, Marco ? D’abord, tu veux récupérer tes vingt mille

dollars…puis tuneveuxplus.Çan’a jamaisétéunequestiond’argent.Qu’est-cequeçaveutdired’ailleurs?»

Sesyeuxbrillaientdecolèrealorsqu’il regardaitNatalieetquesamainse resserrait sur lasienne,maisilrestasilencieuxetbouillonnantàcôtéd’elle.

Elleessayaderetirersamain,maiselleéchoua.«Nefaitpascommesituétaisblessé,bonsang.J’aiditquejetuaisletemps.N’enfaitpastout

unplat.Toi, tum’asditquenousavionsunarrangement.Unarrangement,Marco, réitéra-t-elle enappuyantbien la formule.Tuveuxqu’oncomparepour savoir lequeldenousdeux se sent leplusblessé?Tum’asditquenousn’étionspasamis,quetunevoulaispasd’unepetiteamie.»

Elletiraviolemmentsursamainjusqu’àcequ’illalâche.Elleselevaimmédiatementaprèsetcroisalesbrassursapoitrinetoutenluilançantunregardfurieux.

«Alorscommeça,jenesuispastafoutuecopine,Marco?accusa-t-elleavecvirulence.Alorsqu’est-cequejesuisdanscecas?Tadernièrebaise?Ohnon,jesais,jesuiscellequis’occupedecetaspectdetavie.

—Neparlepascommeça,Natalie.Çanemeplaîtpas.—Oh,c’estbiendommage.Parcequejenesuispastapetiteamie.Jesuistariendutout.Donc

j’imagine que tu n’as pas le privilège deme dire comment parler, ou quoi faire, ou quand partir.Doncoui,jetueletempsjusqu’àcequemamèreretrouvelaraisonetquejepuisserentrerchezmoi.Elleauraalorsvraimentbesoindemoi.Jesuistoutcequ’ellea.»

Elle se retournapour sortirde lapièce, et ellen’avaitpas faitplusdedeuxpas lorsqu’il lasaisitpar-derrièreetlafitvivementpivoterverslui.

Detoutesahauteur,illaregardad’unairmenaçant.«Arrêtetoncirque.Çanemeplaîtpas,tonna-t-ilenungrognementméprisant.—Jemefousqueçateplaiseounon!Jemefousdufonctionnementdecetarrangement.Ça

nemeplaisaitpasaudépart,etçameplaîtencoremoinsmaintenant.—Tun’aspasmisbienlongtempsàl’accepter,cetarrangement.—Ouais,etalors?Tuescanon.Tuessexy.Ettuétaissacrémentdéterminéàarriveràtesfins.

J’aicédé.Alorsporteplainte.Portedoncplaintecontremoipourcettesaloperied’argent,qu’onenfinisse.

—Jenevaispasporterplaintecontretoi,Natalie.Onadéjàeucettefoutueconversation.Cen’estpasdel’argentquej’attendsdetoi.

—Ahouais?Ehbienmetraitercommeunobjetquetusorsuniquementpourt’amuserlanuit,çanemesuffitplus. Jeveuxplusqueça. Jene t’ai jamaisblessé. Jen’ai jamais rien faitpourêtretraitéeavecuntelmanquederespect.Jeméritemieux.

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—Jenet’aijamaismanquéderespect.Je…Ils’interrompitavantdepoursuivre:—Jen’aijamaisrespectépersonneautantquejeterespectetoi.Etc’estlapurevérité.—Tuasunemanièrebienmerdiquedelemontrer,Marco.—Qu’est-cequetuattendsdemoi?—Unpeud’estimeàmonégardneseraitpasdésagréable.—Del’estime.—Ouais,del’estime.Tusais,pouravoiruneraisondevivreiciavectoi?Avoiraumoinsla

modestepossibilité de te considérer commemonpetit ami.Être capabledegarder la têtehaute enpublic,demeregarderdanslemiroirsansavoirhonte.Êtreunpeuplusqueladomestiqueavecquitucouches.

—Tun’espasladomestique.—Non?Jenettoietonappartement.Jecuisinetesrepas.Jefaisteslessives.Cesontdeschoses

quefaitunedomestiqueouunepetiteamie.Ou,oserais-jeledire,uneépouse?Maisonn’enestpaslà.Lemariagen’estpasquelquechosedontjerêve.Loindelà.Jenesuispascomplètementstupide.Toutcequejeveux,c’estpouvoirsauverlafaceendisantqu’onestuncouple.Jenesaispasoùmemettre quand on sort en public. J’ai toujours peur de tomber sur quelqu’un que tu connais, parcequ’onferaitquoi?Tumeprésenteraisentantquequoi?Lafemmedeménagequetuinvitesàdîner?Tacall-girlpersonnelleàdomicile?»

Nataliefenditl’airdureversdelamainpuisseretourna.«J’aiterminé.Jen’airiend’autreàajouter.—Natalie, jenesaispasquoidire. Jene tevoispasdu toutdecettemanièredévalorisante.

Je…»Elleseretournapourluifairefaceavecunregardaccusateur.«Jedétestequetuaieslepouvoirdemefairedumal.D’ailleurs,commentest-cequ’onenest

arrivélà?Commentest-cequejesuispasséedefaireleménagecheztoipouréviterunprocèsà lasituation actuelle ? D’ailleurs, je ne sais même ce que ce c’est que cette situation. Tu te la jouesautoritaireet tuveuxque toutsepassecommetu ledésires.Etmoi jesuisquoi?Jesuissupposéem’exécuter?Jesuissupposéeêtreunegentillepetiteputequi…»

Enunéclair,Marcofutàcôtéd’elle.IlsaisitfermementNatalieetlasecouabrièvement,justesuffisammentpourinterrompresadiatribequitournaitauvitriol.

«Ferme-la.Parpitié,ferme-la.»Une de ses mains lâcha le bras de Natalie et glissa dans ses cheveux pour fermement

empoignersachevelure.«Tuveuxêtremafoutuepetiteamie?C’estcequetuveux?Trèsbien.Tuesmapetiteamie.

Onestuncouple.»Ilserrafortementlesdents.«Est-cequetutesensmieuxcommeça?»Ellesecoualatête.«Jeneveuxpasqueçasepassedecettemanière.Jeneveuxpasteforceràunerelationdont

tu n’as pas envie. Je peux simplement partir. Justin te remboursera bientôt, et moi je pourrais lerembourserplustard.

—Tun’irasnullepart.Mets-toibiençadanslatête.—Tunepeuxpasmereteniricienm’intimidant.C’esttoiquidoistemettreçadanslatête.Si

jereste,ondoitêtreuncouple.Sionestuncouple,tudoisbiencomprendrequec’estparcequ’onenatouslesdeuxenvie.Situmemenaces,quetuessaiesdem’intimider,cen’estmêmepaslapeine,çanemarchera pas. Le truc, c’est que je sais que tu neme feras jamais demal. J’en suis totalement

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persuadée.Alorscecinémanefonctionnerapassurmoi.Etsiçafonctionnait?Situmefaisaispeur?Ehbienjepartiraisd’icienunriendetemps.»

Sesparolesavaientétéfermes,solides,etsesyeuxétaientrestésrivésàceuxdeMarcotandisqu’elleparlait.

Ill’avaitécoutéeattentivementetNatalieétaitcertainequ’ilavaitassimiléabsolumenttoutcequ’elleavaitdit.Lamainquiagrippaitsescheveuxserelâchapresqueimperceptiblement.

«Jevaisarrêterd’essayerdet’intimider…si tumeprometsquenoussommesuncouple,»dit-il.

DelasurprisecombinéeàunfrissondeplaisirfrappaNatalieàl’estomaclorsqu’elleserenditcompte qu’il tentait fiévreusement de transiger. Maintenant, il voulait qu’elle lui promette qu’ilsétaientencouple?Était-celàsafaçonàluidepratiquementlasupplierderester?Parcequ’elleavaitlaissééclater sacolère, il étaitmaintenantprêt à revendiquerune relation?Avait-ildes sentimentsplusprofondsquelui-mêmelepensait?Etexistait-illamoindrechancequecelafonctionne?

Quoiquel’avenirleurréserve,ellen’allaitpaslaisserfilercettechancedeconsoliderlelienquilesunissait,aussiminimesoit-il.

«…Jetelepromets,»dit-elledoucement.LesmainsdeMarcoseserrèrentetunairdesoulagementpassasursonvisage.«Tunepeuxpasrevenirlà-dessus.»Natalieposa sesdoigts sur labouchedeMarcopour l’empêcherdedirequelque chosequi

pourraientgâcherlafragiletrêveàlaquelleilsétaientparvenus.«Jeneleferaipas,tantquetut’entiendrasàtapartdumarché.»Ilsaisitsamain, lamaintintcontresaboucheet l’embrassa,faisantcourirses lèvressurses

doigtsetsapaume.«Tupeuxappeleruneentreprisedenettoyage,situveux,dit-il.—Moi?—C’esttamaison.Onestuncouple,non?C’esttonaffairemaintenant.»Elleluilançaunsourirenarquois.«C’estleboulotd’unefemme,hein?—Est-cequetuessaiesdem’avoir?Tuesentraind’essayerdecomplètementmechanger?

Tu as réussi àme faire arrêter de t’intimider etmaintenant tu t’attends aussi à ce que je deviennepolitiquementcorrect?

—Non.Tuenassuffisammentfait.C’estjustequetum’aspriseparsurprise.Jen’aipasenvienibesoindefaireappelàuneentreprisedenettoyage;maisj’espèrequeçanetedérangepas?

—Pasdeproblème.Commejetel’aidéjàdit,jen’aimepasavoirdesétrangerschezmoidetoutefaçon.Maistuferasappelàeuxsilestâchesménagèresdeviennenttropdifficilesàgérer?

—Oui.—Alors…onenaterminéavecça?—Oui.»SondoigtglissasurlalèvreinférieuredeNatalie.«J’adorecemotsurteslèvres.»Unéclairsensuelpassaentreeux.«Oui,murmura-t-elle.—Ouiàtout?»Ellepourléchaseslèvres.«C’estunedetesrègles,hein?—Ettunevoudraispasenfreindremesrègles,n’est-cepas?»Ellesecouadoucementlatête.

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«Jamais.»

Lelendemainmatin,MarcofaisaitsonnœuddecravatedevantlemiroirtoutenregardantlerefletdeNatalie qui était allongée sur le lit. Elle étira son corps souple et jeune, et il fut une fois de plussubmergéparcettemêmeobsessioninébranlabledelagarderprèsdelui.

Ellepivotadanslelit,posasespiedsausoletregardaautourd’elle;elleétaitàlarecherchedelachemisedenuitqueMarcoluiavaitretiréelaveilleavantdel’autoriseràentrerdanslelit.Sesyeux tombèrent dessus, elle la récupéra et l’enfila rapidement.Elle commença à se diriger vers lasalledebainslorsqueMarcolastoppaenprononçantsonprénom:«Natalie.»

Elles’arrêtaetleregarda;elleavaitlescheveuxcomplètementemmêlésetébourifféslàoùles doigts deMarco étaient passés la veille, puis encore une fois tout juste une heure plus tôt. Cesouvenirlepercutacommeunevaguescélérateetdurcitànouveausonmembreinstantanément.

Elleneparlapas,maisattenditqu’ilpoursuive.«JedoisalleràNewYorkcedimanche.»Illuidonnauninstantpourdigérercetteinformationetenprofitapourjaugersaréaction;sa

prochainephraseseprésenteraitsouslaformed’unesuggestionalorsqu’ils’agiraitenréalitédetoutlecontraire.

«J’aimeraisquetuviennesavecmoi.»LecorpsdeNataliesefigeatotalementetsesyeuxs’écarquillèrent.«JenesuisjamaisalléeàNewYork.»Savoixnetrahissaitaucuneexcitation,elleexprimaitsimplementunfaitsuruntondétaché.«Ehbien,tudevraisvenir,dit-ilens’efforçantdeparaîtreneutre.—Jenesaispas,jen’aipaslesbonsvêtements.—Çan’estpasunproblème…Tuastroisjourspourfairedushoppingavantdepartir.—Jen’aipasassezd’ar…»Illuicoupalaparole.«Nedispasça.Non.Neledispas.»Elleprituneinspiration.«Onresteralà-baspendantcombiendetemps?—Unesemaine.—C’estpourletravail?—Oui,notresiègeestàNewYorketjem’ydéplacefréquemment.»NataliesavaitquesabanqueétaitbaséeàNewYork;c’étaitunebonnechosequ’illuidonne

maintenantlui-mêmecetteinformation.Maiscelanevoulaitpasdirequ’elleavaitenvied’yalleraveclui.

«Peut-êtrequejedevraisjustet’attendreici?»Ils’approchaetvintseplacerjustedevantelle.«Tupourrais,oui,maispourquoiferais-tuça?»Natalieressentitl’effetquelecorpsdeMarcoavaitsurelleavantmêmequ’iln’aittraverséla

pièce.Etmaintenantqu’ilétaitàquelquescentimètresd’elleetquesongrandcorpslasurplombait,latête lui tournait. Elle n’était pas loin du gouffre.Vraiment, vraiment pas loin. Elle avait besoin demettredeladistanceentreeux.

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«J’imaginequecevoyaged’affairesneserapasunepartiedeplaisirpourmoi,remarqua-t-elle.

—Tusaisquejeteprotégerai,n’est-cepas?»MarcolevalementondeNatalieetleursregardsserencontrèrent.«Tusaisquejenetelaisseraijamaissouffrir?insista-t-il.—Je…jesais.—Tuenessûre,Natalie?Tusaisquejeteprotégeraitoujours?Contreabsolumenttout?»Elle releva les yeux vers lui et prit une brusque bouffée d’oxygène alors qu’un silence

assourdissants’infiltraitdanslachambreautourd’eux.IlsortitsonportefeuilleetentiraunefoisdepluscettesatanéeAmericanExpressnoire.Celle

quisignifiaitqueNatalieallaitencoredevoirfairedushopping.Ellen’étaitpasunefemmenormale.C’étaitimpossible.Parlepassé,elles’étaitpersuadéqu’elledétestaitfairelesboutiquesparcequ’ellen’avaitpasl’argentpour,maismaintenant,ellesavaitquec’étaitfaux.Elledétestaitbeletbienl’actionmêmedefairelesboutiques.

MarcodéposalacartedanssamainetNatalierefermasesdoigtsavecréticence.«Faistesachats.Dépensecinqfoislasommedonttupensesavoirbesoinpourtesvêtements,

ettuenaurasalorspeut-êtresuffisamment.Onpartiradimancheaprès-midi.»Seslèvresembrassèrentsonfrontpuisilsortitdelachambre.

Marco était appuyé contre la paroi de l’ascenseur, attendant d’arriver en bas. Il laissa échapper unprofondsoupirtoutenbaissantlatêtecontresontorseavantdelareleveretdelatapercontrelaparoidel’ascenseur.Cen’étaitpaspasséloin.Iln’aimaitpaspenseràladisputequiauraitpuavoirlieusiellenes’étaitpaspliéeàsesdésirs;laconfrontationauraitétéinévitableparcequ’ilétaitabsolumenthorsdequestionqu’ilpartesanselle.Ilinspiraprofondément,puisexpiralentementencoreunefois.Non, iln’avaitmêmepasenvied’imagineràquelpoint ladisputeauraitétévivesiellen’avaitpasconsentiàvenir.Etilnes’autoriseraitmêmepasàimagineràquelpointcelaauraitétédifficiles’ilavaitdûessayerdedormirsansellependantseptnuits.

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CHAPITRE8

Natalieavaitsuffisammentprisl’avionlorsqu’elleétaitplusjeunepournepass’êtresentieindisposéeparlevol.Etencedimanchesoir, ilssirotaienttouslesdeuxduchampagnedansleursuited’hôteltoutencontemplantleslumièresdelaville.C’étaitabsolumentmagnifique,maisaprèstout,lecentre-villedeHoustonl’étaitaussi.

Cela faisait quand même quelque chose d’être dans la plus grande ville des États-Unisd’Amérique.LastatuedelaLiberté,l’EmpireStateBuilding…etWallStreet,lacapitalemondialedel’investissement,raisondelaprésencedeMarcoicicettesemaine.

Natalie se tenaitprèsde la fenêtreavecMarcoderrièreelle.Lenezde la jeune femmeétaitpratiquementcolléàlafenêtrealorsqu’elleadmiraitlavue.Elleressentitcommeunbourdonnementdanssatête;cettesensationétaitàlafoisdueauchampagneetaubrasqueMarcoenroulaitautourdesataillepourlatirercontresontorse.Ilapprochasabouchedesonoreille.

«Moiaussi,jesuisalléfairedushoppingcettesemaine,murmura-t-ilavantdeluimordillerlelobe.»

Elletremblacontrelui.«Ahoui?—Hmm,acquiesça-t-ildoucement.»IlfitpivoterNataliepourqu’ellesoitfaceàluietellevitalorsqu’iltenaitdanssesmainsun

grandécrindeveloursrectangulaire.Ellelevalesyeuxversluiavecunregardinterrogateur,etelleespéra qu’elle dissimulait suffisamment bien le bouleversement émotionnel qui se propageaitvivementdanssesveines.

Il souleva le couvercle et révéla un magnifique collier étincelant ainsi que des bouclesd’oreillesassorties,letoutsertidepierresd’unecouleurqueNatalien’avaitjamaisvueauparavant.Ellelevalamainetglissasesdoigtssurlesbijoux.

«Qu’est-cequec’est?dit-elleàvoixbasse.—Desdiamantsmarronentourésdediamantsblancs.J’espèrequeçateplaît.J’aieudumalà

choisir entre l’or blanc et l’or rose,mais l’or rose semblait faire trop chargé. Je pense que cettecouleurmettraencoreplustabeautéenvaleur.

—C’estmagnifique.—Tuesmagnifique,dit-ilpromptement.—Marco…—Est-cequeçateplaît?—Je…j’adore,maisjenepeuxpaslesaccepter.»

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Ilfitcommesiellen’avaitrienditetsoulevalecollierdesoncoussindevelours.Illeplaçaautour du cou de Natalie puis tripota suffisamment longtemps le fermoir pour laisser entendre àNataliequecen’étaitpas làquelquechosequ’il avait l’habitudede faire.CeladéclenchamêmeunpetitfrissondeplaisirdanslecœurdeNatalie.

Illuipritlamainetlaguidaàl’écartdesfenêtres,versunetablesurplombéed’unimmensemiroir.Illafitensuitepivoterafinqu’ellesoitfaceaumiroir,puisseplaçaàcôtéd’elleetluitenditlesbouclesd’oreilles,demandantsilencieusementàcequ’ellelesmette.

Avec des mains tremblantes, elle les attacha à ses oreilles. Elles étaient magnifiques,absolumentmagnifiques,etellen’avaitjamaisrienpossédéd’aussijolidetoutesavie.Maisledoutecommençaàs’emparerd’elle.Ellenepouvaittoutdemêmepaslesgarder…Si?

LesmainsdeMarcotombèrentsurlesépaulesdeNatalieetilembrassasanuque;sesdoigtsglissèrent sur le collier ainsi que sur sa chair nue dans le but de clamer sa propriété. Puissant etimmédiat,ledésirlasubmergeaetinondasesveines.

Setenanttoujoursderrièrelajeunefemme,Marcopritsesseinsdanslespaumesdesesmainsetsespoucescaressèrentsesmamelonsàtraverslacouchedevêtements.Lerefletdesesyeuxardentsladévisageaitdepuislemiroir.

LescilsdeNataliecommencèrentàbattrelentementetrégulièrementetlesnarinesdeMarcosedilatèrent.Lorsqu’elleeutlesyeuxcomplètementfermés,ilôtasachemiseenlafaisantglisserpar-dessus sa tête, puis il reposa ses mains sur ses seins désormais simplement couverts d’une finedentelle.

La respiration de Marco s’intensifia lorsqu’il descendit le soutien-gorge et que ses mainssaisirentNatalieavecuneforceimplacableavantdecaressersesmamelons.

«Cesjolispetitsnichonssontsiparfaitsquetun’aspasbesoindesoutien-gorge,murmura-t-ild’unevoixrauqueàsonoreille.Cen’estqu’unobstaclepourmoi.»

Ilpinçaettirasesmamelons,etuntorrentdechaleurhumidedescenditimmédiatementdanslecorpsdeNataliepourterminersacourseàlajonctiondesescuisses.SeshanchesrepoussèrentMarcoalorsqu’elleessayaitdegarderlecontrôledesespensées.

«Mais…onpeutvoirmestétonsàtraversmesvêtementssijen’enportepasun.»Sesmainss’immobilisèrentl’espaced’uninstant,sespaumesrecouvranttotalementsespetits

seins.« Ça, c’est inenvisageable, dit-il d’une voix forte. Je vais donc devoir faire preuve de

patience.»Surce,ildégrafasonsoutien-gorgeets’endébarrassapourdebon.LesyeuxdeNatalies’écarquillèrentenvoyantlasombrerougeurdespommettesdeMarco;il

luidonnaundernierregardrapideavantdesouleversajupejusqu’àsatailleetretiralaculottedeseshanchesenunmouvementfermeetdéterminé,offrantainsiàsonregarddesfessestotalementnues.

Ungrognementsefitentendreaufonddesagorge,iladaptasapropretenueàlasituation,etNatalie sentit tout à coup la large têtede sonpénis.Le canal intérieurde la jeune femme s’inondad’unechaleurhumide,sepréparantainsiàaccueillirlemembre.Elleeutsoudainl’impressiondenepluspouvoirrespirernimêmeparleralorsquesesyeuxàluicaptivaientsonregard.

Il entra en elle de quelques centimètres seulement, juste assez pour qu’elle sente ses paroiss’étirerd’unemanièreglorieuseetmenaçante,puisils’arrêtaetserralesdentstoutenlaregardantfixement.

« Tu gardes les bijoux. Je ne veux pas entendre le moindre foutu mot à ce sujet, tum’entends?»

Loind’êtrecapabledeparler,ellerestamuetteetattendit lavenuede l’atroceplaisirqu’ellesavaitimminent.

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Il ajusta sa posture, enroula sonbrasmusculeux autour de sonbassin et la souleva juste cequ’il faut. Il plongea alors en elle enun coupde reins fermeet rapidequi empalaNatalie et la fithaleterdedouleuretd’intenseplaisir.

Illuiaccordadeuxsecondespours’adapter,etavecunéclatd’ardeureffrénéedanssesyeuxsombres,ilsemitàfaired’intensesmouvementsininterrompus.Seshanchesclaquaientetcognaientcontre la croupe de sa partenaire, et la respiration de cette dernière s’intensifiait au rythme de lasienne.LecorpsdeNataliehoulaitenunedansed’excitation,etellesavaitquel’étreintepossessivequ’il exerçait sur elle et qu’elle pouvait voir dans le miroir allait la propulser vers le bord duprécipiceenunriendetemps.

Elleétait sous soncontrôle, incapablede résisterà soncharmeetà sadominationsexuelle.Sonpouls tambourinait dans sesoreilles, lesyeux et le corpsdeMarco rivaientNatalie surplace,maisellen’avaitdetoutemanièrepasenviedes’échapper.Ellen’avaitjamaisenviedes’échapper.

Lesmouvements devinrent plus puissants et plus profonds encore, etNatalie sut alors qu’ilétaitentraindeperdrelecontrôle.LesdoigtsdeMarcoglissèrentjusqu’àsonclitorisetilcommençaàmassercedernieraurythmedesescoupsdereins.Ilattrapasonlobed’oreilleentresesdentsavantdefeulercesmots:

«C’estcequejepréfère.Tesfringuesàmoitiéretirées,ettachattequidéchargepourmoi.»Ilpompaitintensémentenelle.«Justepourmoi,Natalie.Souviens-toibiendeça, toujours. Je tebaise.Quandetcomme je

veux.Maispersonned’autrenetetouche,jamais.»Ses paroles enflammées la submergeaient.Elle était ensorcelée par ses exigences.Et c’était

toujours ainsi : de l’attitude d’homme d’affaires suave et nonchalante qu’il adoptait lorsqu’ils setrouvaientencompagnied’autrespersonnes,ilpassaitàcelled’hommedescavernesdominateurdontlevocabulairegrossiernecessaitde lachoquer,dumoins jusqu’aumomentoùcesmêmesparolescommençaientàl’exciter.

Toujoursenveloppéepar lecorpsmassifdeMarco,Natalie fermasespaupières lorsqu’ellesentitque sonutéruscommençait à secontracterdans l’anticipationd’unorgasme.Marco se raiditderrièreelle,s’enfonçantenelleavecuneforceetuneprofondeurquinecessaitdel’abasourdir,etilsefigeaenellealorsquesonpropreorgasmeprenaitledessus.

Il serra fermement sonclitoris entre sonpouceet son index, etNatalie criadeplaisir et desatiété.Ellechevauchaàfondcettevaguequidéferlaitavantdes’effondrercontreMarco;ellesentitalors la tête de ce dernier tomber contre sa nuque, puis ses bras qui s’enroulaient délicieusementautourd’elle,commes’iln’allaitplusjamaislalâcher.

Uneheureplustard,Nataliesortaitdeladoucheavecuneservietteenrouléeautourdesoncorpsetuneautredanssesmainspoursesécherlescheveux.Elles’arrêtanetàlavuedeMarco;celui-ciétaitnégligemmentappuyécontrelemurdelachambre,dansuneposturequimontraitqu’ill’attendait.Illaregardafixementetlevaunemainpoursefrotternerveusementlanuque.

«Quelquechosenevapas?demanda-t-elle.—Toutvabien.»Ilseredressaets’approchad’elle,suffisammentprèspourqu’ellesoitàportéedesamain.«J’aioubliédetedonnerça.»

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IlluitenditunpetitécrinpouvantcontenirunebagueetNataliesentitsagorgeseserreretdespapillonsenvahirsonestomac.MaisMarcopassaàcôtéd’elleetjetal’écrinsurlacommodeavantdese retourner pour lui faire face, le tout en unmouvement qui paraissait extrêmement désinvolte…presquetropdésinvolte.

«Lesbijouxquejet’aioffertsformentuneparure.Celui-làenfaitégalementpartie.»Illaregardaencoreunefoisalorsqu’ellesetenaitcomplètementimmobileetqu’elleessayait

defairefonctionnersoncerveauainsiquesavoix.Avantqu’ellenepuisseyparvenir, il sortitde lachambreaussisilencieusementqu’ilyétait

entré,puisilrefermalaportederrièrelui.Nataliefixalaportefermée;laserviettequ’elletenaitdanssamaintombaausol,etelleserra

immédiatement celle qui était enroulée autour de son corps de sorte à ce qu’elle ne glisse paségalement.Elleinspiraetexpiraprofondémentpendantquelquessecondesavantquesonregardneseposesurlepetitécrin,commesicedernierpouvaitêtredangereux.

Lentement,ellesedirigeaversl’écrinetlepritdanssesmainspourleretirerdesonperchoirqu’était la commode. Elle ferma les yeux, s’humecta les lèvres, puis ouvrit la petite boîte en unmouvementnetetrapide.

Son cœur cessadebattre et son souffle se coupa ; elle tituba à reculons jusqu’à ceque sesfessesn’atterrissentsurlelitsituéderrièreelle.

L’écrincontenaitunebaguequi faisaitpeut-être,maisprobablementpas,partiede laparurequ’illuiavaitofferte.Ils’agissaitlàd’unbijoumagnifique,c’étaitindéniable.Etilétaitimposant.Lapierrecentraleétait égalementundiamantmarron. Il était énormeet rond,peut-être troiscarats, etentouréparunhalodediamantsblancs.

C’étaitincontestablementunepièceunique,etsilasituations’yétaitprêtée,cequin’étaitpaslecas,ilauraitpus’agird’unebaguedefiançailles.Soncœurmartelaitbruyammentsapoitrinealorsqu’elle glissait la pulpe de son doigt sur le diamant rehaussé, se demandant quelles étaient lesintentionsdeMarco.Elleselevaetsedirigeaverslacommodeoùelleavaitrangélesautresbijouxavantdeprendresonbain.Ellevitalorsimmédiatementquelesécrinsétaientdecouleursdifférentes.Aprèsunexamenplusapprofondi, elle remarquaaussique lenomde joaillierquiétait impriméàl’intérieurn’étaitpaslemêmepourlabague.Bienquelespiècesseressemblent,ellesnefaisaientdetouteévidencepaspartiedelamêmeparure.

Elleserassit, l’écrindelabaguedanssamain,sonespritcavalantàtouteallure.Ilavaitagiavec une telle nonchalance quelques instants plus tôt que cela en était presque trompeur.Mais elleavaiteul’impressionqueMarcoétaitinquietdesaréaction,etellenepouvaitpassesortirceladelatête.Illuiavaitditquelesbijouxfaisaienttouspartied’unensemble,cequin’étaitclairementpaslecas.Son sang circulait doncvivement dans ses veines alors qu’elle essayait d’assembler toutes lespiècesdupuzzleetdecomprendresesintentions.

Laconclusionà laquelleelleparvintétaitdangereuseparcequ’ellenesavaitpassielleétaitsurlabonnevoie.Marcoveutquej’aieunebague.Ellelasortitdel’écrinetlapritentresesdoigtspourl’examiner.

L’objet était extrêmement raffiné et elle voulait désespérément le glisser sur son annulairegauche, non pas parce qu’elle était assez naïve pour croire qu’ils étaientmaintenant fiancés,maisparce qu’il s’agissait d’un cadeau intimede sa part.Elle déglutit profondément et décida plutôt demettrelabagueàsamaindroite;elletorditensuitecettemêmemaindanstouslessens,observantlamanièredontlapierreabsorbaitlalumièreetchatoyaitavecéclat.Ilétaitindéniablequelebijouétaitparfaitementajustéàsonannulaire;leseulchoixquis’offraitdoncàelleétaitdesavoirsurquellemainlaporter.

Ellenevoulaitabsolumentpasêtreprésomptueuseetlaporteràlamaingauche,maisunpetit

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murmureinsidieuxdanssoncerveauluidisaitqueMarcovoulaitqu’ellelaporteàsamaingauche.Siellelamettaitàsamaindroite,ilsepourraitbienqu’ilnedisejamaisrien,etellenepourraitpluslachangerd’endroit.

Si elle la mettait sur la gauche, elle ferait peut-être plaisir à Marco, et la pire chose quipourraitarriverseraitunehumiliationtotales’illuidemandaitdelachangerdemain.Ellesavaitentoutcasunechose:elledevaityallerdoucementaveclui.

D’indécision,ellesemorditlalèvre;puiselleglissalabaguesursonannulairegauche.Ellehaleta bruyamment en constatant à quel point le bijou était agréable à porter, et combien il laréconfortait.

Siseulementcequ’elleavaitimaginés’avéraitjusteetqu’ellepouvaitgarderlabagueàcettemain…

MarcoregardaNataliesortirdelachambrepuisentrerdanslesalondelasuite.Ilsn’avaientaucunplan définitif pour le dîner,mais elle avait revêtu un pantalon de tailleur des plus aguicheurs quidéfinissait parfaitement ce qu’était l’élégance décontractée : le vêtement était suffisammentconfortablepourêtreportéàlamaison,maisilferaitaussisonpetiteffetenpublic.Lecollierqu’illuiavaitoffertétaitautourdesoncou,etilpouvaitvoirlesbouclesd’oreillesscintilleràtraverslesmèchesdesescheveux.

Il jetaunrapidecoupd’œilsursamainpourvoirsielleavaitégalementmis labague.Unesatisfaction intense et piquante se répandit dans son sang lorsqu’il vit le diamant à son annulairegauche. La bague était suffisamment grande et visible pour qu’il soit certain d’être débarrassé dugenred’attentionqueNatalieavaitattirésurellecesdernièressemaines.Ildétestaitlesregardsqu’elleavait provoqués. Elle était radieuse et pleine de vie ; où qu’ils soient, son visage rayonnait d’unebeautéinnocenteetfascinantequinemanquaitjamaisd’attirerl’attention.

Etildétestaitcela.Ayantrenoncéàtoutletempslaconfineràl’intérieur, ildésespéraitdetrouverunputainde

moyen d’éviter que tous ces regards ne se posent sur elle. Mais maintenant au moins, si on laregardait,sabagueseraitbienenévidencesursamain,etelleseraitmarquéecommeluiappartenant.

Si seulement il pouvait lui faire accepter de se faire tatouer ses initiales sur le renflementsupérieurdesesseins,ilseraitunhommeheureux.Cettepenséeérotiqueavaitd’abordtraversésonesprit sous la formed’une simpleplaisanterie,mais cette dernière s’agrippait fermementdans soncerveauetilsemblaitincapabledes’endébarrasser.

Cetteimagenevoulaitplussortirdesatête,etilsavaitpertinemmentquesielleétaitunjourd’accordpourfaireunechosepareille,ilsauteraitsurl’occasion.

CeséjouràNewYorkavaitétéexceptionnel.Lasemaineavaitétéexceptionnelleetcetteexpérienceavaitamélioréetfaitgrandirleurrelation.

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Nataliesedélectaitdecettepenséealorsqu’ilsétaient tous lesdeuxdans l’ascenseurqui lesramenaitdansl’appartementdeHouston.CelanefaisaitaucundoutequeMarcoavaitétéheureuxdevoirlabagueàsondoigt;et ilavaitétéplusheureuxencorelelendemain,lorsqu’elleavaitmislabaguesansaucunautrebijoupoursortirvisiterlavilleaveclui.

Cela avait établi un précédent qu’elle appréciait grandement. Elle portait tout le temps labague,même lanuit, etunplaisir féroceavait traversé l’ensemblede sonêtre lorsque, àplusieursreprises,ilavaitprissesdoigtsentrelessienspourembrasserledosdesamain,caressantégalementla bague avec ses lèvres. Marco était un homme peu bavard, mais ses agissements procuraient àNatalieduréconfortainsiquedel’espoir.

Les portes de l’ascenseur coulissèrent pour s’ouvrir, et Natalie pénétra dans le luxueuxappartement,ivredeplaisir.Elleregardaautourd’ellepuiss’arrêtasoudain,cequifitqueMarcoseheurtaàelle;ilenveloppaalorssonbrasautourdesataillepourlastabiliser.

Alors qu’elle analysait l’intérieur de l’appartement, elle sentit qu’elle perdait le contrôle deson rythmecardiaqueet elle essayadésespérémentde reprendre son souffle.Dans sondos,Marcopritlaparole.

«Oh,allons.Moiaussi,jedécouvre.»Illapropulsadanslapièce,retiralebrasquiétaitautourdesataillepoursaisirsamain,puisil

laguidaàtraversl’appartement,unepièceaprèsl’autre.Natalierestaitabasourdietantelleappréciaitcequ’ellevoyait.Elleétaitcomplètementbouche

béealorsqueMarcopassaitd’unepièceàl’autre,faisantquelquescommentairestoutenlatirantparlamain.Elleessayaitdetoutessesforcesdeluirépondre,maiselleavaitbienpeurquesesparolesnesoientriend’autrequedessonsinintelligiblesd’approbationetdeplaisir.Dumoins,elleespéraitquecelasonnaitainsi.

Il avait fait redécorer l’intégralité de l’appartement durant leur absence. Tous les élémentsd’avantavaientétébalayés,c’étaitcommes’ilsn’avaientjamaisexisté;ettoutlelogementavaitétérepensé:nouveauxmeubles,accessoires,peinturesetsols.

Celaluirappelaitladécorationdurestaurantqu’elleavaittantaimé,etelleadoraitcela.Elleaimaitabsolument toutdecettenouvelledécoration,descouleurschaudesauxaccentsdepierreenpassantpartoutlereste.

Maiselleétaitd’abord totalement stupéfaitequ’il ait fait fairecela.C’estpourmoi?Quelleautreraisonpeut-ilbienyavoiràcela? IlguidaNatalieversuncanapésomptueuxet confortableaccompagnéd’unegrandetablebassedestyleottoman.Illatiraverslebaspourqu’elles’assoiesurlescoussinsetlesteste.

«Qu’est-cequetuenpenses?demanda-t-il.—Je…je…»MaisNatalieétaitencorecomplètementsansvoix,presqueeffrayéederéagir.Ilgrimaçacommes’ilavaitmalquelquepart.«Siçaneteplaîtpas,cen’estpasunproblème.Jevaisdemanderaudécorateurdereveniret

de tout refaire comme tu le veux. Etmerde. Je suis désolé. J’aurais dû commencer par te laisserchoisir.»

Elleposasamainsursonbraspourlefairetaire.«Marco,arrête.»ElledétournamomentanémentsonregarddeceluideMarco,puiselleleramenasurlui.«C’estparfait…parfait.Jen’auraispaspufairemieux.J’adore.—Putain,Dieumerci.Illeurafallulasemainecomplètepourfaireça.Onauraitdûpartirune

semainesupplémentaire.»Elleagrippasonbrasetregardaautourd’elle.

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«Tuasfaittoutçapourmoi?—Jenel’aipasfaitpourmoi,tupensesbien.»Sesyeuxétaientcommedesrasoirsalorsqu’ilattendaitimpatiemmentlaréactiondeNatalie.«Mais…pourquoi?—Tusaispourquoi,Natalie.Tudétestaisladécoration.Etjeneveuxpasquetudétestesnotre

chez-nous,sinonturisqueraisdepartir.—Jeneseraispaspartiejusteàcausedeladécoration,déclara-t-ellesimplement.—Jenevoulaispasprendrelerisque,vois-tu?»Sesparolesétaient fermesetNataliecompritpar le tonde savoixque laconversationétait

terminée.«Jevois,»murmura-t-elle

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CHAPITRE9

Unesemaineplustard,Nataliesortaitdel’appartementavecsesdeuxtéléphonesportablesdanssonsacàmain,lescartesSIMpermutées.

L’idéequeMarcosurveillesesmoindresfaitsetgestesladérangeaitetoccupaituneplacebientropimportantedanssonesprit.Cettesituationnepouvaitplusdurer.Toutsepassaitbienentreeux.Leurrelationévoluaitlentementmaissûrement.Ellenes’inquiétaitplusàcestade.Etbienqu’ilsnesoientquesimplementencouple,elleportaitunebaguequ’illuiavaitofferte,etcelaluisuffisait.

Lamaisonavaitétéredécoréepourelle,cequilarendaitheureuseauplushautpoint.LesoiroùilsétaientrentrésdeNewYork,aprèsledîner,Natalieétaitrestéedanslacuisineetavaittoutretirédesplacardspourlesréorganiseràsaguise,commes’ils’agissaitdesaproprecuisine.

Marcol’avaitregardéefaire,etsonseulproblèmevis-à-visdecetteinitiativeavaitétéletempsqu’elle y avait consacré.Lamouede sa bouche avait laissé entendre àNatalie qu’elle aurait dû semettreaulitavecluibienplustôtquecela.

Donc,maintenantqu’elleavaitfixéleslimitesdeleurentente,organisélacuisinepourenfairesondomaine,passélabagueàsondoigtetobtenuledroitdepouvoirseconsidérercommeétantlapetiteamiedeMarco,leseulproblèmequeNatalieavaitencoreavecsarelationétaitlefaitquelquepeuagaçantquesonpartenaireneluifassepasconfiance.

Etceladevaits’arrêter.Aujourd’huimême.Elleavaitsoigneusementsélectionnélelieudeconfrontation.Uneruesuffisammentéloignée

de l’appartement pour queMarco laisse tomber tout ce qu’il était en train de faire pour aller lachercher – à moins qu’il ne lui fasse assez confiance pour simplement lui passer un coup detéléphone,maiselleendoutaitfortement;elleespéraitqu’illefasse,maiselleendoutait.Larueétaitassezprochepourqu’elles’yrendeentramway,etsuffisammentéloignéeducentrepournepasêtrecomplètemententouréepardegrandsimmeubles,desorteàcequ’ilpuissefacilementlalocaliser.

Oui,ellevoulaitqu’illalocalisefacilement.NatalieentradansleStarbucksqu’elleavaitchoisiaupréalable,commandauncafépuisalla

aux toilettes. Elle versa le café dans le lavabo, puis rinça et sécha le gobelet avant de glisser lesmartphoneàl’intérieur.EllesortitsurlaterrasseduStarbucksetcachalegobeletdanslepotd’unegrandeplantesituéeàcôtéd’unepoubelle.Elledescenditensuitelarueversunkiosqueàjournauxetellefitsemblantd’êtreplongéedanssesachats.

Elle discuta avec le vendeur, acheta un paquet de chewing-gum et continua à regarder lesmagazinestoutenguettantlaruedevantleStarbucks.

Trenteminutesavaientpassédepuisqu’elleavaitquittél’appartement,ellesedoutaitdoncque

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quelquechoseallaitbientôtseproduire–c’étaitdumoinscequ’ellepensait.S’ilavaitvoulul’appeler,ill’auraitdéjàfait.Àcettepensée,lavoituredeMarcoarrivadevantleStarbucks.Uneprofondecolères’empara

deNatalie ; elle remercia le vendeur du kiosque et semit àmarcher rapidement dans la directionopposée à lavoiture tout en sortant son téléphonepoury composer lenumérodeMarco.Celui-cidécrochadèsladeuxièmesonnerie,maiselleneluilaissapasuneseulesecondepourparler.

«Est-cequetumecherches,Marco?—Oui.»Iln’essayamêmepasdelenier.«Situveuxlerécupérer,sachequetontéléphoneespionestdansungobeletàcafévidedans

lepotdecepalmier,àcôtédelapoubelle.Encequimeconcerne,jen’enveuxpas.C’enestfinidema captivité. Si tu veuxm’appeler, tu asmonnuméro.Enfin, si ça t’intéresse d’avoir une relationnormale.»

Elle raccrocha, tourna à gauche, coupa à travers les locauxd’unebanquepuis descendit unescalieravantdeplongerdansleréseaudegaleriesquis’étalaitsouslaville.

Ellerestaensuiteassisedansunfast-foodpendantenvironuneheure,àsiroterunCocalight;sa colère et sa douleur ne cessèrent de croître parce queMarco ne la rappelait pas… jusqu’à cequ’elle réalise que son téléphone portable ne captait pas sous terre. Elle s’autoflagella : quelleimbécile!Puis,elleselevadesachaiseetremontaàlalumièredusoleil.

Immédiatement,sontéléphonesemitàcarillonner,annonçantdemultiplesSMSmanquésainsiquedenombreuxmessagesvocauxd’unMarcofurieuxexigeantdesavoiroùelleétait.

Elledécidadelelaissermarinerpendantunpetitmomentetnelerappeladoncpas,puisellemarchaàsonrythmepourretourneràl’appartement.

Lorsquelesportesdel’ascenseurs’ouvrirent,ilétaitentraindel’attendre.«Tuétaisoù,bordel?»Sa rage était palpable,maisNatalie était également en colère et prête à en découdre.Ayant

décidédenepasdéménageravantdevoircommentcelaaller sepasser,elleavait laissé toutes sesaffairesdansl’appartement.

«Danslesgaleriessouterraines,répondit-ellesimplement,—Lesgaleriessouterraines?Lesgaleriessouterrainessontdangereuses,Natalie,feula-t-il.—Dangereuses?Jenepensepas,Marco.J’étaistranquillementassisedansunfast-food.—Non,tunecomprendspas.Tupensesçaparcequec’estlapremièrefoisquetuyvas…—Donctupensesquec’estlapremièrefoisquej’yvais?Çafaitdessemainesquej’explore

laville.»Le regardqu’il lui lançaalorsétaitglacial, impénétrable.Puis sesyeuxsevidèrentde toute

expressionetlestraitsdesonvisagesedurcirent.«Tum’asmenti?—Moi, tementir?pouffa-t-elle.Jenepensepas,non.J’aisimplementpris lacarteSIMdu

téléphonequetum’asdonnépourlamettredansmonancientéléphonequejepréfère.Enquoiest-cequejet’aimenti?

—Çafaitcombiendetemps?»Ilessayaitdecontrôlersacolère.Nataliepouvaitbien levoir, toutcommeellepouvaitvoir

l’incontrôlableticnerveuxquianimaitsajoue.«Depuislejouroùjemesuisperdueetquetuesvenumerécupérer.Tusaiscequiestleplus

douloureux,Marco?»Ilcroisalesbrasetlevaunsourcilélégant.Ellepoursuivit:

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«C’estlefaitquetumecroistellementstupide.Jet’aimêmetesté,tusais?Lejouroùjesuisalléeà labibliothèqueetque tu t’esmisencolère.Tupensaisque j’avaisoubliémontéléphone.Jesaisbienque jenesuispasgrand-chose, jen’aipas faitd’étudessupérieures, jen’aipasbeaucoupd’argent.MaistoutcommejesaisquelaTerretournesurunaxeincliné,jesuisabsolumentsûrequemonQIestplusélevéqueletien.

—Jenetecroispasstupide,Natalie…—Épargne-moitonnuméro,Marco.Tupensesquejesuispetiteetfrêleetsansdéfense–ça,

onlesavaitdéjà.Maispourquoin’admets-tupasenplusquetumecroisstupide?Pourquoinepasajoutercemotàtaliste?»

Ilserralesdentsetpassanerveusementsesdoigtsdanssescheveux.«Jenetecroispasstupide.Jesuisdésolésijet’aisous-estimée…—Ouais,biensûrquetuesdésolé.Maintenant,tunepeuxplussurveillermesmoindresfaits

etgestesvingt-quatreheuressurvingt-quatre.Etçat’embête,hein?—Ouais,çam’embête,eut-illeculotderépondre.— Comment oses-tu ? Comment oses-tu surveiller mes déplacements ? Comment as-tu pu

faireunechosepareille?Quelétaittonbutenfaisantça?»Sonregardserenfrogna.«J’essayaisdeteprotéger.»Decolère,frustrée,ellefenditl’airdureversdesamain.«Nemeprendspaspouruneconne,Marco.Tuessayaisdeprotégertoninvestissementàvingt

milledollars…»LesmusclesdeMarcosecontractèrentetilfitunpasverselle.«N’importequoi. Jen’enai jamais rieneuà foutrede l’argent.Tu le saisdepuis le temps.

C’estdetoiqu’ils’agitdepuisledébut,bordel.—C’est encore pire ! Si c’est demoi qu’il s’agit, alors ça veut dire que tu neme fais pas

confiance.Tucroisquejevaisfairequoi?Volertonargenterie?PrendrelafuiteavectonAmericanExpress?»

Illaissaéchapperunlongsoupir,commes’ilauraitvouluêtren’importeoùplutôtquelà,entraind’avoircetteconversation.

«Non.—Alorspourquoi?Pourl’amourdeDieu,pourquoi?»exigea-t-elledesavoir.LesépaulesdeMarcoseraidirent,sonregards’assombrit,etlorsqu’illuirépondit,Nataliesut

qu’illuidisaitcequ’ilpensait.«J’avaispeurquetu…metrompes.»LefrontdeNatalieseplissadeconfusionalorsquesonespritseremémoraitlepassérécent.«Tetromper?Jen’étaismêmepastiennequandtum’asdonnécetéléphone.»LesyeuxdeMarco coururent sur elle dehaut enbas, puis revinrent à ses yeux. Il la sonda

alorsrésolumenttoutensetenantbiencampésursesdeuxjambes.«Tuesàmoidepuislejouroùtum’asembouti,Natalie.Tunelesavaisjustepasencore.»Natalie prit une brusque inspiration et l’examina depuis son point de vue avantageux, à

quelquesmètresdelui.AlorsqueMarcolaregardaitenretour,uneflammeapparutdanssesyeuxetilneputcacherlasubtiletensiondesesmembres.

Les idées se bousculaient dans l’esprit de Natalie. De toute évidence, il avait quelquesproblèmes…desproblèmesdefidélité…desproblèmesdepartage.Ellesavaitqu’ellenevoulaitpasleperdre,maisellenepouvaitpasluirendrelatâchetropfacile.Ellenepouvaitpaslelaissers’entirercommeçaaprèscequ’ilavait fait ;pas tantqu’ilnecomprendraitunebonnefoispour toutesqu’ilnepouvaitpasrecommencer.

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FaceaumutismedeNatalieetlesnarinesdilatées,Marcodit:«Qu’est-cequetuveux?»Nataliesavaitqu’illuidemandaitcequ’ellevoulaitdeluienéchangedesonoubli,maiselle

avaitégalementunautreproblèmequidevaitêtrerésolu.«Est-cequetuastrafiquémonordinateurportable?—Biensûrquenon.»Il la regarda fixement, sans sourciller, et elle sut qu’il disait la vérité. Il attendit deux

battementsdecilsavantdepoursuivre:«Encoreunefois,qu’est-cequetuveux?insista-t-il.—Tupourraiscommencerpart’excuser…maisbon,tunet’excusesjamais,hein?»Leregardqu’illuilançaalorsfutglacial.«Jesuisdésolé.—Tuesdésolédet’êtrefaitchoper,riposta-t-ellesanstarder.—Oui,fit-ilavecaplomb.—Etmerde,Marco!Tunesaismêmepastedisputernormalement.»L’esquissed’unsouriretraversaleslèvresdeMarco,maiselledisparuttoutaussirapidement.«Jesuisdésolédenepast’avoirfaitconfiance.Jesuisdésolédet’avoirsurveillée.»Puis toute forme d’humour quitta son être alors que l’expression de son visage devenait

ferme,impitoyableetinflexible.«Prometsquetuesàmoi,Natalie;promets-lemoietmettonstoutçaderrièrenous.»Ellelaissaéchapperunsoupirtremblotant.«Jetel’aidéjàpromis.—Non.Jel’avaisexigédetoiettuavaiscédé.—Enquoiest-cequec’estdifférentdemaintenant?»questionna-t-elle.SesmusclessedécontractèrentsoussoncostumeetNataliesentitquec’étaitparcequ’ilétait

prèsdesonbut.Savoixétaitposéeetarticuléetandisqu’ilexposaitsonraisonnement:«C’estdifférentparcequemaintenantjetedemandederester.Deresterpourlaseuleetunique

raisond’êtreavecmoi.Toietmoi.Personned’autre.Jeteprometslafidélité.C’estquelquechosequejen’aijamaispromisdemavieetjeveuxquetumefasseslamêmepromesse.»

Ellen’hésitapasuneseulesecondeetn’yréfléchitpasàdeuxfois.«Jeteladonne.Maisilvafalloirquetufassesmieuxqueça,Marco.Ilfautquetumeprouves

quetumefaisconfiance.»UnplissementapparutentrelessourcilsdeMarco.«Comment?—Jenesaispas.Jelaisseàtafameusecapacitéd’analyselesoindetrouverunmoyen.»Ils’approchad’elle,soulevasonmentondanssamain,puisl’embrassasurlefrontavantdela

serrerbienfortdanssesbras.«Merci.»

Lelendemain,Marcorentradutravailsansdireunmot.IlentraàgrandesenjambéesdanslacuisineoùNatalietravaillait,pritensuitesamainetcommençaàlatirerendirectiondel’ascenseur.

«Mais,qu’est-cequetufais?demanda-t-elleenperdantpresquel’équilibre.

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— Je te prouve que je te fais confiance, répondit-il rapidement tout en la tirant dansl’ascenseuraveclui.»

Illâchasamain,croisalesbrassursontorseetlaregardaattentivementavecuneexpressionqueNatalieneputdéchiffrer.Appuyénonchalamment contre laparoi, il laissa sesyeuxcourir surelle,desescheveuxjusqu’àsespieds,puisillesarrêtabrièvementpourexaminersapoitrine.Aprèscet examen indolent, son regard se posa à nouveau sur celui de Natalie et il prit alors la parole,sarcasmeethumournoircolorantletondesavoix.

«Est-cequetuaspasséunebonnejournée,machère?»Natalie n’avait pas la moindre idée de ce qu’il avait derrière la tête ; son attitude était

différentedecellesqu’elleluiavaitconnuesjusqu’alors.Elleréponditavechésitation:«Oui.»Marcolafixaduregardtoutenrestantimpassible.«Est-cequeçatediraitdebaisertonmecdansl’ascenseur,chérie?»Uneprofondesensationdesurpriseainsiqu’unenuéeardentes’empararapidementd’elleet

ellesemitàrougir.«N…non.—Nonpourl’ascenseur,ounonpourlabaise?—Nonpourl’ascenseur.—Maistonpetitamines’estjamaisfaitbaiserdansunascenseurauparavant,machérie…»Ilpoursuivitàlatroisièmepersonne:«…etilaimeraitvraimentlefairemaintenant.»Ilpressaunboutonpourstopper ladescentedel’ascenseurprivépuis ilsaisitNataliepar la

taille.Illapoussacontrelaparoidel’ascenseur.« En quoi… en quoi est-ce que ça va prouver que tu me fais confiance ? parvint-elle à

demanderalorsquesoncœurcommençaitàs’emballeretsesjambesàtrembler.—Oh,çaneprouverarien.Lapreuve,c’estpouraprès.D’abord,c’esttoiquidoismeprouver

quelquechose.»Il pressa son torse contre elle et ajusta son pantalon afin de libérer son érection. Natalie

déglutit.LavergedeMarcoétaitdureetvigoureusecontreelle.Àmoitié stupéfaite,elle sepassa la languesur les lèvreset respiraprofondément touten le

regardantenfilerunpréservatif.«Qu’est-cequejedoisprouver?»demanda-t-elled’unevoixtremblante.Ildescenditsonshortainsiquesaculotteencotonlelongdesesjambes,puisildisposases

mainssurladoucechairdesesfesses,lessoulevantetlesécartantpourlesouvriràlui.Ellepouvaitsentirlatêtedesonpénispressercontreelle,prêteàlapénétrer.UnechaleurmoiteenvahitNatalie.Marco enfonça les doigts dans sa chair au point de lui faire presquemal, et il marqua un tempsd’arrêtfaceaugouffrequis’offraitàlui.Illuiréponditàtraversdesdentsserrées:

«Tuvaspouvoirmeprouverquetumelaisserastebaiserquandjeveux,commejeveuxetautantquejeveux.Tuvasadmettrequetuenaenvie,quetumeveuxtelquejesuis.»

Ilpénétraenelledequelquescentimètresetsavoixdevintplusrocailleuseencore.«Tuvasprouverquetupeuxm’acceptertelquejesuis,etquetun’aspaspeurdemoi.Jene

veuxpasquetuaiespeurdemoi,Natalie.Maisjenepeuxpaschangermafaçond’être.Jen’aipasenvied’êtretoujoursinquietàl’idéequetutesauvesparcequetuaspeurdemoi.Tum’appartiensettudoismeleprouvermaintenantent’offranttotalementàmoi.»

Il flottait à l’entrée de son orifice, et il attendait. Il attendait qu’elle lui réponde, et Nataliesavaitqu’ils’agissait làencored’uneautreétape,uneétapequ’ilsétaienten traindefranchir. Il lui

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ferait confiance si elle pouvait lui prouver qu’elle était bien sienne, qu’elle voulait l’être, ettotalement.Sesyeuxs’écarquillèrentlorsqu’ellesentitlachaleurhumidequ’ildéclenchaittoujoursenelle ;cettechaleurglissavers lebas, facilitantainsisonentrée.Elleétaitsuffisamment lucidepoursavoirqu’elledevaitluidonneruneréponse.Luidonnerlaseuleréponsepossible.

«Oui.»IlplongeavigoureusementenNatalieets’immobilisa;ilapprochaalorssonvisagedusienet

exigea silencieusement sa bouche. Elle la lui donna, il y plongea sa langue et commença àl’embrassercommesisavieendépendait.

NatalieglissasesmainsdanslescheveuxdeMarcoetelleluirenditsonbaiser.Leurslèvresétaientcolléesetleurslanguesvirevoltaientensemblealorsqu’ilcommençaitàluidonnerdecourtset vifs coups de reins, ses hanches cognant contre celles de la jeune femme.L’esprit deNatalie sedéconnectapourdebonlorsqueMarcocommençaàtoucherunpointbienprécisenelle;touchercepoint,c’étaitluifaireabandonnertouterésistance.Ilétaitmaintenantentraindelapilonner;elleagitasa tête pour se dégager et satisfaire son besoin d’oxygène alors que son orgasme commençait àarriver.

«Jouis,chérie.Jouissurmaqueue,exigea-t-ild’unevoixsévèreetrauque.»Natalieétait incapablede résister ;elleentenditunsonaiguetperçantet se rendit tout juste

comptequecesonvenaitdesapropregorge.Consuméparleplaisir,soncorpsseraidit.EllesentitMarcoluiinfligertroiscoupssupplémentaires,puisiljouitavecelle.

Ilposasonfrontnonloind’elleettousdeuxhaletèrentlourdementpouressayerderécupérer.Ils descendirent lentement de leurs nuages, puisMarco reposaNatalie sur ses pieds. Elle le vit sedébarrasserdupréservatifsouilléen l’enveloppantdansunmouchoirqu’ilglissadanssapoche,etelle comprit qu’il avait prévu tous les détails de cette action. Cela ne lamettait pas en colère ; ils’agissaitsimplementd’unaspectdesapersonnalitéqu’ellecommençaitàtrèsbienconnaître.Ilétaitunmaniaquedelaplanification.

Elle ajusta ses vêtements avec desmains tremblantes, puis elle s’appuya contre la paroi del’ascenseuretattenditsilencieusementlaprochainemanœuvredeMarco.

Mais il l’observait tout aussi calmement, et Natalie décida de rompre un silence qu’ellecommençaitàtrouvertroppesant.

«Alors,commentj’aiété?demanda-t-elledoucementenessayantdedonneruneimpressiondelégèretéqu’elleétaitloinderessentir.»

Une lueurqueNatalienepouvait interpréterétaitperceptibledans lesyeuxdeMarco,et sesparolessemblèrentsarcastiqueslorsqu’ilsemitàparler.

«Formidable,machérie.»Nataliecommençaàéprouverundébutdeconfusion.«Est-cequetuesencolèrecontremoi?—Pourquoiest-cequejeseraisencolère?Tun’asrienfaitdemal,si?—Pasquejesache.—Danscecas,jenepeuxpasêtreencolère,n’est-cepas?»MarcoregardaitNatalie;celle-ciagrippaitlarampequiétaitderrièreelledesesdeuxmains

etessayaitenvaindecontrôlerlelégertremblementdesesmembres.Luisavaitpertinemmentqu’ilse comportait commeun salaud,mais il ne pouvait s’en empêcher. Il l’était, en colère, et c’était àcausedeNatalie ;c’étaitdumoinscequ’ilsedisait. Ilsesentaitcommeprisaupiège.Prisdans lepiège deNatalie, et il était incapable d’en sortir. Bon sang, il n’avaitmême pas envie d’en sortir.Avantlajournéed’hier,ilétaitparfaitementheureux.IlpouvaitsurveillerlesdéplacementsdeNatalieet il savait exactementquandelle sortaitde l’appartementetoùelle se rendait.C’étaitdumoinscequ’ilpensait.

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Celanes’étaitpastoutàfaitpassédecettemanière,maisça,iln’enavaitriensupendantunmoment. Etmaintenant elle lui demandait de lui faire confiance,de lui faire confiance, bonDieu,alorsqu’iln’avaitjamaisfaitconfianceàunefemmedesavie.Ilnesavaitpascommentfaire.Maisdetouteévidence,s’ilvoulaitlagarder,etc’estcequ’ilvoulait,ilallaitdevoirapprendre,etrapidement.Alorsoui,ilétaitunpeuénervé.IlenvoulaitàNatalied’avoirsesexigences,etils’envoulaitdenepasrenoncer.Denepassimplementlalaisserfiler.Ilsavaitquepourn’importequelleautrefemelle,c’estcequ’ilauraitfait.Ils’enseraitdébarrassé.Elleauraitdisparudesavieenunclind’œil.Aussirapidementquecela.

MaispasNatalie.Ilétaitaccro.Totalementaccro.Etillesavait.D’autantque,bonsang,Natalielesavaitprobablementaussi.

Ilsavaitdoncqu’ilétaitsexuellementaccroàelle;iln’yavaitpasd’autreexplication.Ilétaitaccro à son odeur, enchanté par les doux sons qu’elle faisait lorsqu’il se glissait en elle. Il étaitcomplètement enivré par son goût. Sa peau était si délicate, si soyeuse que c’en était presqueinsupportablepourlui.Ilavaitterriblementenviedelalécher;parfois,ilvoulaitmêmemordredanssachair.Maisilnepouvaitpasfaireunechosepareille,entoutcaspasau-delàd’uncertainpoint.Ilaimaitque lescuissesdeNatalie l’enserrentdedésir ;celadéclenchaitchez luiunefaimdévorantequ’ilnepensaitpaspouvoirétancherunjour.

Alorsqu’elleleregardaitmaintenantavecméfiance,Marcosentitqu’ilétaitunpeuentraindesecalmer.Elle avait étévraimentparfaite, elle lui avaitdonnéexactement cequ’il voulait.Et il nedevraitpasdéchargersacolèresurelle.

«Vienslà.»NatalieécarquillalesyeuxetMarcoréalisaqu’elleétaitperturbéeparsarequête.Pensait-elle

qu’ilallaitànouveauluiarrachersonpantalon?Ilenavait foutrementenvie.Maispasmaintenant.Maintenant,ilavaitquelquechoseàluiprouver.

Ilespéraitseulementquecelaferaitl’affaire.Natalie le regardait du coin d’un œil méfiant alors qu’il lui tendait la main, demandant

silencieusementàcequ’ellelaprenne.Enfin,ellefitlesquelquespasnécessairesversluietposasesdoigtsdanssapaume.MarcoagrippaalorssolidementNatalieetilmêlasapoigneàlasienneavantdepresserleboutonpourterminerladescente.

Lesportes s’ouvrirent etNatalie se rendit comptequ’ils étaient tout enbas,dans leparkingsouterrain.Illatirahorsdel’ascenseur,laguidaverssonproprevéhiculeetfitungestedudoigt.

«Qu’est-cequetuenpenses?»demanda-t-il.Ellefronçalessourcils.«Detavoiture?—Non,delatienne,annonça-t-il.—Lamienne?—Tavoiture.»Natalieneressentitriend’autrequedelaconfusionenregardantautourd’elleàlarecherche

delapetitecompactevertequesoncousinluiavaitprécédemmentprêtée.«Oùest-elle?—Àcôtédelamienne.LaLexusgrise.»Nataliefaillits’étouffer.«Laquoi?»Illaguidaversunesuperbevoitureflambantneuveauxlignesgrisesépurées.«LaLexus.Celle-ci.»Il sortit une clé de sa poche et appuya dessus. Natalie entendit le double-clic sourd des

portièressedéverrouillantautomatiquement.

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Ellesecoualatêteetbafouilla:«Jenecomprendspas.—Qu’est-cequetunecomprendspas?»LavoixdeNatalieseraffermit.«Enquoiest-cequeçavameprouverquetumefaisconfiance?Tut’esachetéunevoiture

supplémentaire, tu l’as équipée d’un autre localisateur GPS, et donc tu vas m’autoriser à laconduire?»

CettequestioncinglanteetironiqueeutàpeineletempsdequitterseslèvresqueMarcoavaitdéjàparcourulesquelquescentimètresquilesséparaient.Ilsetenaitdoncdevantelle,laregardantdetoutesahauteuretd’unairmenaçant.

« C’est ton unique laissez-passer. Je n’apprécie vraiment pas que le sarcasme sorte de cesjolieslèvress’ilestdirigéversmoi,tucomprends?»

Ellel’examinaattentivementtoutensetenantbiendroite.«C’estl’undecesmoments,heinMarco?Undecesmomentsoùtuestoi-mêmeetoùjene

suispascenséeavoirpeuroumesentirintimidée,c’estça?»MarcoposasesmainssurlesbrasdeNatalieetsespoucess’enfoncèrentdanssachair.« C’est ça, ma chérie. Je ne veux pas que tu aies peur, mais tu vas faire ce que je dis.

Capisce?»LeslèvresdeNatalieseraidirent.«Situneveuxpasquejesoissarcastiqueavectoi,j’attendslamêmechoseenretour.»Ilagrippasesbras.«Est-cequecettefoutuevoitureteplaîtoupas?—Elleesttrèsjolie,sic’estcequetumedemandes.—J’espèrequ’elleteplaît,parcequ’ellen’estpasàmoi.Elleestàtoi.Jel’aimiseàtonnom.

Jevaistedonnerlespapiers.Etiln’yaaucunputaindelocalisateurdanscettevoiture.»Ellefutàlafoissurpriseetravieparsesparoles.Ellesentaitqu’illuidisaitlavérité.«Àmoi?Tul’asachetéepourmoi?Vraiment?—Oui.—Etjepeuxvraimentlaconduire?—C’estquoi,cettequestiontordue?hurla-t-ilpresque.—Unequestionhonnête.—Oui,tupeuxlaconduire.Maistudoisd’abordmepromettreuncertainnombredechoses.»NatalielâchaleregarddeMarcopourregarderlavoitureunefoisdeplus;désormais,elle

mourraitd’enviedemonterdedansetdelaconduire.«Quoi?—Tuporterastoujourstaceinturedesécuritéetturespecterasleslimitationsdevitesse.—Oui,bienévidemment,accepta-t-ellesimplement.—Tun’enverraspasdeSMSenconduisant.Tuneprendraspaslevolantaprèsavoirbu.»Elleseretournaversluietlefoudroyaduregard.«Jenesuispasidiote.»Ilignorasaremarque.«Turentrerasàlamaisontouslessoirs.»Dans sa voix, Natalie perçut une légère trace de vulnérabilité qu’il n’était pas parvenu à

dissimuler derrière ses menaces. Elle ne fit pas attention à son ton subtilement menaçant, à sesconsignesrigides,ouencoreà lapointedecolèreque lasituationsemblaitsusciterchez lui.Touteson attention était attirée par cette vulnérabilité qui la transperçait et déclenchait chez elle uneirrésistible envie de le toucher et de le rassurer. Elle leva sa main vers la barbe naissante qui

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embellissaitsonvisagetouslessoirslorsqu’ilrentraitdutravail.«Jeseraiprudente…»Illuicoupalaparoleetlasaisitvivementpourlarapprocherdelui;elleseheurtaalorsàson

torse.«Tuasintérêtàêtrefoutrementprudente.Net’imaginepasquej’aioubliénotrerencontre.Je

ne dis pas que tu es stupide, mais tu n’as clairement pas l’habitude de conduire en ville. C’estsacrémentdifficilepourmoi,Natalie.Çametue.»

Ellecaressa sa joueencomprenantcequ’il ressentait ; elle réalisaaussique le faitqu’il seforceàluifaireconfiancereprésentaitungigantesquepasenavant.

«Jesais.Net’inquiètepas.Jeseraiprudente.Jen’iraipasloin.»MarcoposasonfrontcontreceluideNatalieetellesentitquelatensionquittaitpeuàpeuson

corps.Elletenditleslèvrespourl’embrassersurlajoueavantdemurmureràsonoreille:«Jeseraiprudente.Jeprendraisoindetavoiture.»LesdoigtsdeMarcosaisirentlementondeNatalieetforcèrentsonregardàrencontrerlesien.

Uneintensechaleursexuellebouillonnaentreeuxlorsqu’ilrétorquad’unevoixrauque:«J’enairienàfoutredelavoiture.Prendssoindetoi.»

Unmoiss’étaitécouléenunclind’œil.Natalieétaitplusquecomblée.Elles’habituaitdoucementàlavoiture,nelaconduisantquepourserendreausupermarchéafindes’occuperd’unecorvéequ’ellenevoyaitpasdu toutcommeunecorvée.Ellecommençait àadorer faire lacuisine, et ellevoulaitdoncexplorerlesrayonspourtrouverdenouvellesidéesetvoircequiétaitdisponible.

Elle allait également à la bibliothèque pour emprunter des livres ; bien queMarco ait dotéNatalie d’une carte de crédit à son propre nom, une carte de crédit illimité, elle ne voulait pasdépenserplusd’argentquenécessaire.Etleslivresdelabibliothèqueétaientgratuits.

Elle n’achetait des vêtements que lorsqueMarco demandait qu’elle porte quelque chose enparticulier,cequi,jusqu’àprésent,nes’étaitpasproduittrèsfréquemment.

Elleétaitdonccomblée.Ellerefusaitdeseconsidérercommesamaîtresse.Elleétaitsapetiteamie.Ilshabitaientensemble.Voilàtout.Voilàcommentleschosessepassaient.

Soncousinétaitderetouretelleavaitrepriscontactaveclui.Samèreluimanquait,maiselleluiparlaitsouventautéléphone.Natalieavaitl’impressionquesagénitricerevenaitenfinàlaraison,lentement mais sûrement. Elle pouvait entendre la désillusion dans sa voix. C’était douloureux àentendre,maisellenepouvaitrienyfaire.Toutesdeuxavaientenviedeserevoir.Natalieavaitbesoindesentirl’étreintedesamère,etellesavaitquesamèreavaitencoreplusbesoindesonétreinteàelle.MaislamamandeNatalietravaillaitàplein-temps,etellesavaientdumalàtrouverunweek-endquileurconviendraitàtouteslesdeux.Cen’étaitquepartieremise;ellesselanguissaienttropl’unedel’autrepourresterlongtempsencoresanssevoir.

Natalieadoraitlanouvelledécorationdel’appartementetelleavaitcommencéàyajoutersatouchepersonnelle.Elleavaitachetéquelquespetiteschosesicietlà,déplacédeuxoutroisobjets,etplusgénéralement,elles’étaitmiseàtransformercethabitatcommesic’étaitlesien.Celaaidait,maispasentièrement.

Ce qui aidait le plus, c’était de voir la réaction deMarco face à ces petits changements. Ilregardaitengénéralautourdeluietserendaitcomptequequelquechoseétaitdifférent.Ilnedisait

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jamaisrien,maissonvisagefinissaitpararborerlamêmeexpression.Uneexpressiondesatisfaction.Dans ces moments-là, il avait envie d’elle. Elle le savait. Natalie se sentait submergée de

plaisirchaquefoisqu’ellevoyaitcetair sur levisagedeMarco.À telpointqu’ellesesurprenaitàfaire les boutiques dans le seul but de revoir la même chose sur le visage de Marco. Elle étaitsoulagéeetréconfortéeàl’idéequ’ilaitdeprofondssentimentsàsonégard.

Elle était amoureuse de lui, cela ne faisait aucun doute. Chaque jour, elle découvrait unenouvellenuancedesapersonnalité.Elleavaitapprisàinterprétersonvisage,àliredanssonlangagecorporeletsesmanies.Ellecommençaitàsavoircomment ilallait réagiretàquoi ilpensaitavantmêmequ’ilneréagisse.

Les sentiments de Marco pour elle grandissaient également, et elle espérait bien que celacontinueainsi.Maisiln’évoquaitjamaisl’aveniretilnepartageaitabsolumentjamaissessentimentsavec elle. Du moins, pas verbalement. Elle ne récoltait que des bribes et des indices dans leursinteractions.

Elle trouvait cela amusantqu’il ait un jourdit nepas avoir besoinde fairedes choses sansintérêt, comme regarder un film ensemble. Elle se rendait désormais bien compte que l’un de sespasse-tempsfavorispoursedétendreétaitdes’évaderdevantlesfilmsqu’ilslouaient.Dumoins,s’ilavaitNataliesoussonbras,ets’ilsétaientallongéscôteàcôtesurlecanapé.

Un frisson de bonheur parcourutNatalie. Elle était aux anges en pensant à la façon dont iltenaitsonvisageentresesmains lorsqu’ils faisaient l’amour ; ilverrouillaitalorssesyeuxsur lessiens, refusant de laisser Natalie briser le lien qu’il y avait entre eux, le tout en effectuant desmouvementsréguliersquilestransportaienttousdeuxversl’orgasme.

Mais il ne lui faisait pas immédiatement l’amour de cettemanière, il ne le faisait qu’après.Aprèsêtrerentrédutravailetaprèsl’avoirpriselàoùellesetrouvait.Celasepassaithabituellementàl’instantmêmeoùilfranchissaitlaporte.IltrouvaitNataliedansl’appartement,laplaquaitcontrelemurleplusprocheousurlatableattenante…puisillabaisaitsansretenue.Ellen’essayaitjamaisdel’en empêcher, elle n’en avait pas envie ; et lui semblait toujours investi d’unemission, il n’avaitqu’uneidéeentête:retirersaculotte.Danscesmoments-là,lerestedesesvêtementsn’avaitaucuned’importance. Parfois il les retirait, parfois non.Mais à chaque fois, dès qu’il avait fait glisser saculotte le longdeses jambesetqu’il l’avaitouverteà lui, sesnarinessedilataientetuneprofondesatisfactionquin’étaitpasuniquementsexuelletraversaitlestraitsdurcisdesonvisage.

Il la faisait toujours jouir.Ces instantsétaientbrefset torrides,mais ilveillait toujoursàcequ’elleaitsonorgasmeavantouenmêmetempsquelui.

Oui,celanefaisaitplusaucundoute:Natalieétaitplusquesatisfaitedeleurrelation.Elleavaitvingt-quatreansetellevoulaitunjoursemarieretfonderunefamille.Etaufondd’elle,ellesavaitqu’elle voulait faire ces choses-là avec lui. Mais pour l’instant, elle se satisfaisait des preuvesd’amourqueMarcoluidonnait;etquecespreuvessoienttangiblesouintangibles,ellesmontraientqueleurrelationévoluaitdanslabonnedirection.

Ilétaitpresquemidietl’estomacdeMarcocommençaitàsemanifester.C’étaitmardi,etlesmardis,Joy se rendait à l’épicerie fine pour rapporter quelque chose àmanger au bureau. Il y avait bienlongtempsqu’elleavaitarrêtédeluidemandercequ’ilvoulaitparcequecelaluiétaitcomplètementégal. Il ne lui répondait que par des grognements. Il le savait parce que Joy s’en était plainte à

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plusieursreprises.Il entendit quelqu’un frapper délicatement contre saporte et il posa son stylo. Joyouvrit la

porteetMarconereconnutpasl’expressionsursonvisage.«Natalieestici.»Son annonce était hésitante, presque embarrassée, et il comprit alors qu’elle avait peur que

celane le fouteen rogne.Elle savaitqu’ildétestaitprofondémentquedes femmes s’arrêtent à sonbureaupourvenirlevoir.

Maiscen’étaitpasdelacolèrequ’ilressentaitdanssestripesmaintenant.«Pourquoilafais-tuattendre?»JoyrestabouchebéeetouvritlaporteengrandpourlaisserentrerNatalie.MarcoposasesyeuxsurlafemmequiétaitsiennealorsqueNataliesetournaitversJoypour

laremerciergentiment.«Pasdeproblème.C’estunplaisirdepouvoirenfinvousrencontrer,réponditJoyàNatalie

avantquesonregardnesereportesurMarco.Tuasquandmêmebesoindudéjeunerhabituel?»MarcoregardaNataliequisetenaitimmobileàlaportedesonbureau.«Jenesaispas.Est-cequej’enaibesoin,Natalie?—Jenevaispasresterbienlongtemps,sic’estcequetumedemandes.—Danscecas,jesupposequejevaisenavoirbesoin,oui.— Je serai de retour dans une vingtaine de minutes, »dit Joy avant de refermer la porte

derrièreelle,préservantainsileurintimité.Marcos’adossaconfortablementdanssonsiègedebureauetobservaNatalieensilence.Elle

gigotaitdanstouslessens,sebalançaitd’unpiedsurl’autre,etellen’arrivaitpasàsoutenirleregarddeMarco.Elleétaitnerveuse.

Etbordeldemerde,sanervositélerendaitégalementnerveux.Pourquoiétait-ellevenueici?Pourquoiétait-ellenerveuse?Ilnepouvaitpasnierlachaleur

etleplaisirinaltéréquiavaientglissélelongdesacolonnevertébraleenvoyantNataliesurleseuildesaporte.Maiscemomentétaitpassé.Désormais,ilressentaitquelquechosedetoutàfaitdifférent.Lachaleurfutsoudainremplacéeparunesueurfroide.CeciétaittellementdifférentdelaroutinedeNataliequeMarcodutbienadmettrecequ’ilressentaitencemomentmême.Delapanique.

Il se débarrassa de la solide boule qui obstruait désormais sa gorge, puis il se ressaisit etplissalesyeux.

«Quoideneuf?»demanda-t-ilaussinormalementqu’illeput.Ellepassasalanguesurseslèvresetfinitparleregarderfranchement.«Rien.Jevoulaisjusteteparleretpuisjemesuisrenducomptequejen’avaisencorejamais

vutabanque.Doncmevoilà.—Oui,tevoilà.—Alors…»ElleinspiraprofondémentetsedétournadeMarcopourobserverlesalentours.«Dequoivoulais-tumeparler?»Elleprituneprofondeinspirationpourcalmersesnerfs.«Jevoulaisjustetedirequejerentreraitardcesoir.—Pourquoi?»Cemotquittaseslèvresenungrognement–etcebienqu’ilsoit intérieurementintensément

soulagéqu’ellerentrelesoirmême.L’informationqu’elleluidonnaalorsneréponditpasimmédiatementàsaquestion.«J’aimisunpot-au-feuàcuire.Ilseraprêtquandturentreras.Net’occupepasdelacuisine.

Jenettoieraienrentrant.

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—Oùvas-tu?—Jevaisvoirmamère…»LesmusclesdeMarcosecontractèrent.«Làoùhabitelepédophile?—Jesuisuneadulte,Marco.Etiln’estpaspédophile–dumoinsjenepensepas.—Ça ne va pas être possible, bébé. Tu n’iras pas dans un endroit où tu risques d’être en

danger.—Tuasraison,ceseraitdangereux.C’estpourçaquejen’yvaispas.Jeseraibienloinde

Vidor.MamanaprisunjourdevacancesetondoitseretrouveràBeaumont,dansunrestauranttrèsgrandettrèsfréquenté.

—Ilneserapaslà?—Non,sinonjen’iraispas.J’aiditàmamèrequejevoulaisunejournéeentrefilles, juste

touteslesdeux.Onvadéjeunerensembleetfairedushopping.Jenel’aipasvuedepuisquejesuispartiedechezmoi.Çafaitpresquedeuxmois.»

Ilpritsonstyloenmainettapotanerveusementsonbureauavec.«Jen’aimepasça.—Oui,jesaisqueçaneteplaîtpas.C’estpourçaquejesuisici.Pourteledireenpersonne.

Parcequec’estprécisémentundecesmoments,Marco…»LeslèvresdeMarcosepincèrentetillevaunsourcilinterrogateur.Ellepoursuivit:«Undecesmomentsoùtudoismefaireconfiance.»Ilserralesdentsaupointd’enavoirmal.«Oui,manifestement.»LesépaulesdeNataliecommençaientàpeineàsedétendrelorsqueMarcoselevadesonsiège

pourtraverserlapièce.Ilverrouillalaportepuisattrapaimmédiatementlajeunefemme.Elleinspirabrusquementetlevalesyeuxverslui.

«Avantdetelaisserpartir,j’aibesoind’êtreunpeurassuré.»SesmainsseserrèrentsurNatalieetilajouta:«Est-cequetuasuneidéedecequipourraitm’aideràmesentirmieux?»Complètement abasourdie, Natalie était maintenant entre les mains de Marco. Les paroles

sombresetdiaboliquesdecedernierserépandaientdanssesterminaisonsnerveuses.Ilaenviedemoimaintenant?Ici?Dansleslocauxdelabanque?Cetteseulepenséefitcourirunfrissondechaleursauvageetdévergondéelelongdesacolonnevertébrale.Inconsciemment,elles’approchaplusprèsdeluiencore.

Ilsaisitalorsseshanchesetlatiracontrelui.«Bonneidée,chérie.C’estexactementcedontj’avaisbesoin.»Il baissa la tête et l’embrassa vigoureusement, sauvagement, sa langue virevoltant dans les

recoins de sa bouche ; cela suffit à immobiliser totalement Natalie. Elle sentit son cerveau sedésolidariserdesoncorps,etelleluidonnacequ’ilvoulait,soncorpssedétendantsoussesmains.

LabouchedeMarcosepressasurlasienne;ilmordillaseslèvresavantdeplongervivementsalangueunenouvellefois,dansunmouvementquimimaitcequ’ilvoulaitfaireavecsoncorps.

Elle s’accrocha à ses épaules lorsqu’il la souleva et commençaà sedéplacer.Les fessesdeNatalie atterrirent sur son imposant bureau en acajou et il se fraya un chemin entre ses cuissesécartées.

Il ne perdit pas une seule seconde et souleva sa jupe à fleurs jusqu’à sa taille. Il descenditprestementsaculotte le longdeses jambeset lamaintintcaptivependantqu’ilouvraitsabraguetteafindelapénétrer;ilsombraensuiteprofondémentenelled’unlongetcaptivantcoupderein.

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Natalie fut alors frappéepardeuxchosesà la fois.Par l’intenseet indéniableplaisir, etparl’idéequeMarcovenait d’entrer en elle sanspréservatif.C’était la première fois qu’il le faisait etNatalieétaitpratiquementcertainequ’ilnes’enétaitpasencorerenducompte.Elledevaitl’arrêter,lelui dire, mais elle éprouvait des difficultés à reprendre son souffle. Formuler des mots étaitdésormais presque du domaine de l’impossible ; cette situation était à des années-lumière de cequ’elleavaitimaginéenquittantl’appartement,ilyavaitmoinsd’uneheuredecela.

Illapilonnaitardemment.Elledevaitlestopper.Elleneputalorsprononcerqu’unseulmot.«Arrête.»Ilcontinua.«Marco,arrête.»IlrelevalatêteetNatalieputalorsvoirl’effortqu’ilfaisait,neserait-cequepourralentir.De

latranspirationcoulaitsurlecôtédesonvisageetcedernierfaitdegranitduretimplacable.«Pourquoi?»Encoreunefois,elleneparvintàlâcherqu’unseuletuniquemot.«Préservatif.»Ilinterrompitsesmouvementsavantdereprendredeplusbelle.«Jenepeuxpasarrêter.»Cet aveuet cemanquede retenuepropulsèrentNatalie aubordduprécipiceet elle explosa.

EllepoussaunincontrôlablegémissementetenroulasesbrasautourducoudeMarcoalorsqu’ellejouissaitdanssesbras.

Il lasuivitbientôt,etàsentir lefluidechaudquiserépandaitenelle,Natalieseconvulsadeplaisir.

Ellerespiraprofondément,essayantdestabiliserlacadenceendiabléedusangdanssesveines.Marcos’écroulaetNatalieleserracontreelle.

Leurscœursbattirentà l’unisson,puis lentement,Marcoseredressaavantde laregarderdetoute sa hauteur.Natalie le fixa à son tour tout en se demandant quelles étaient les paroles qu’elleattendaitdelui.Peut-êtredesexcuses,peut-êtredessortesd’instructionspourgérercequ’ilsvenaientdelaisserseproduire.Maiscequ’ilditétaitàmillelieuesdeceàquoielles’attendait.

«Putaindemerde,quec’étaitbon.Incroyablementputaindebon.Jeveuxquecesoittoujourscommeça.»

Elledéglutitdifficilement.«Tropdangereux,dit-elle.—Commentça?Onsefaitconfiance.—Jepourraistomberenceinte,Marco.»Elle essayadedire cela sansdonner l’impressiond’expliquerquelque chose àun enfant de

quatreans.«Prendslapilule.—Tucroisqueçamarchecommeça?—Ouais,çamarchecommeça.—C’estdéjàtroptard,Marco…—Pourquoi?—Parceque…parcequemaintenant, ilsepourraitbienquejesoisenceinte.Etilvafalloir

attendremaprochainemenstruationpoursavoir.Àmoinsque tuneveuillesque jeprennequelquechosemaintenant,quejepasseauplanB?

—LeplanB?—Lapiluledulendemain.Uneombrepassasursonvisage.

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—Çan’estpasunpeulamêmechosequ’unavortement,ça?—Pastoutàfait.Enfinpeut-être…jenesaispas.»L’expressiondeMarcos’assombritd’avantage.«Cetteidéenemeplaîtpastrop,Natalie.»Ellelibéralesoufflequ’elleavaitretenudanssespoumons.«Àmoinonplus.—Danscecas,onvaattendredevoir.Quandtuauraseutesrègles,tuirasvoirundocteuret

tucommencerasàprendreuncontraceptif?»Nataliel’observaalorsqu’ilseretiraitavecprécautionavantd’ajustersesvêtements.Ellene

put s’empêcher de noter qu’il n’avait jamais prononcé les mots enceinte ou bébé. Il avaitsoigneusementévitécesdeuxmotsetNataliesentitsonestomacseserrerlégèrement.Maiselleétaittoutdemêmed’accordavecluisurlaquestionducontraceptif.

«Entendu.»Il lui tendit unemainpuis il la guida jusqu’à ses toilettes privatives où elle put se nettoyer.

Lorsqu’elleensortit,elleleretrouvaassisàsonbureau.«Ehbien,jetedisàplustard.—Jet’accompagnejusqu’enbas.—Ok.»Son sac àmain était toujours sur le sol, là où il était tombé quand elle avait été soulevée.

Lorsqu’ellel’eutramassé,Marcolapritparlamainetl’accompagnadansl’ascenseur;ilsparvinrentau rez-de-chaussée et s’engagèrent dans l’espace public de la banque. Elle remarqua que quelquesguichetièreslesregardaientducoindel’œiltoutencontinuantàtravailler.

MarcoétaitsurlepointdesepencherpourdonnerunbaiseràNatalielorsqu’ilfutinterrompuparunhommequeni luiniellen’étaientheureuxdevoir.MathewKennedysortaitnonchalammentd’unbureauets’adressaitàeuxsuruntonjovialquiétaitextrêmementdésagréable.

Cetypenecomprenaittoutsimplementpas.IlnecomprenaitpasqueMarcoledétestait.C’étaitentoutcaslimpidepourNatalie.

«Oùétiez-vouscachéstouslesdeux?»LaquestionétaitadresséeàMarco,maisilposasesyeuxsurNatalieetelleeutlasensationque

desinsectesrampaientsursapeau.«Onnesecachaitpas,Kennedy.»Tout en prononçant cesmots,Marco s’intercala entre l’intrus etNatalie et continua à tenir

fermementlamaindelajeunefemmederrièresondos.Cemouvementsemblaitsuffisammentparlantpoursepasserd’explication,maisKennedyn’étaittoutsimplementpasassezintelligentpourpouvoirl’interpréter.

«Ahnon?Ehbien, quandvous commencerez àvous ennuyer à lamaison, n’hésitezpas ànousdonnerunsignedevie.Tuasmanquédesacréessoirées,monvieux.»

NataliesentitqueMarcoretenaitsonsouffleetquesesépaulesseraidissaientdetensionetderage.Deboutderrièrelui,elleputvoirlescheveuxsehérisserlittéralementderrièresatête,etellesutquedeuxchoixs’offraientàelle.Soitellelelaissaitfairequelquechosedevraimentstupidedanssaproprebanque,commesejetersurl’autre;soitelleintervenaitpourquel’attentiondeMarcoseportesurelleplutôtquesurlaverminequisetenaitenfaced’eux.

Elle n’hésita pas une seule seconde. Elle passa la tête sur le côté deMarco et s’efforça deparaîtreagréable.

« C’est un plaisir de vous voir, monsieur Kennedy, mais Marco m’a promis de meraccompagnerjusqu’àmavoiture;hein,chéri?»

EllejetaunœilsurMarco,puiselleaffichaunairexaltéetseretournaversl’autrehomme.

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Ellesavaitbienqu’elledonnaitl’impressiond’êtrevaniteuseetgâtée,maisellen’enavaitabsolumentrienàcarrer.Cemecétaitunabruti,etellen’appréciaitpasdutoutqu’illaregardedecettefaçon;elleappréciaitcelaencoremoinsqueMarco.Enfin,peut-êtrepas.

«Marcoaimes’occuperdemoi,voussavez.»ElleregardaMarcoavecdesyeuxpétillantsd’adorationetajouta:«Ilaimemeprotégerde…tout,oui,detout.Raviedevousavoirrevu.»Surce,Nataliecommençaàs’éloigner,serrantlamaindeMarcocontreelle.L’espaced’une

seconde,elledoutaquecetabsurdeplannefonctionne;maisMarcolançaàKennedyunregardnoirquisignifiaitquecen’étaitnilemomentnilelieu,puisilsuivitNatalieàl’extérieur.

Lorsqu’ilseurentatteintlavoiture,ellevitMathewKennedysortirdelabanqueetsedirigerdansladirectionopposée.Ellepoussaunsoupirdesoulagementetpressaleboutonsurlaclépourdéverrouillersavoiture.Marcoattrapaaussitôtlapoignéedesaportièreetlaluiouvrit.Elleseglissaàl’intérieuravantdeleverlesyeuxverslui.Ilsetenaitlà,unbrasposésurlaportièreetunautresurletoitdelavoiture,formantunesortedecageautourdeNatalie;illaregardaitcommes’illavoyaitpourlapremièrefois.

Elleluirenditsonregardetattendit.Lesyeuxplissés,Marcodétaillasoncorpsavantdereveniràsonvisage.«Chéri?»Il avait prononcé ce simplemotd’unevoix si traînante et sur un ton si taquinque les deux

syllabesavaientétécommetriplées.LesyeuxdeNataliebrillèrentetelleluisourit.«Çaafonctionné,non?»Ilpouffaderireetsecoualatête.«Soisprudente.Tuaspristonsatanétéléphonecettefois?—Oui.—Tuenessûre?—Oui,chéri,»dit-elled’untonmalicieux.Illevalesyeuxaucieletrefermaprudemmentlaportière.

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CHAPITRE10

HuitmoisplustardNatalies’étaitréfugiéedanslestoilettespourdamesàl’étagedumanoirdeRiverOaksetelletenaitun tubedebrillantà lèvresdanssesmains tremblantes.Elleessayaitdésespérémentdecontrôler letremblementdesesdoigtsafindepouvoirappliquerdenouveauleproduitcosmétiquesurseslèvres.

En se regardant dans le miroir, elle sut que son agitation intérieure était bien dissimuléederrière des cheveux doux et soyeux, une élégante robe de haute couture ainsi qu’un parfaitmaquillagesurlequelnedénotaitplusquelebrillantàlèvresqu’ellecherchaitàarranger.

Laportecommençaàs’ouvrirsanslemoindreavertissementetsonregardseportavivementsurlaserrurequ’elleauraitjuréavoirfermée.Sonsoufflerestabloquédanssagorgelorsqu’ellevitMarco se glisser à l’intérieur, fermer la porte qu’elle avait omis de verrouiller quelquesminutesauparavantetvenirseplacerderrièreelledanslaminusculepièce.

Ilappuyasontorsecontresondos,lapoussantdequelquescentimètresjusqu’àcequ’elleseretrouve coincée contre lemeuble de lavabo. Ses nerfs frémirent, et la collision entre leurs deuxcorpsfittomberletubedebrillantàlèvresdanslelavaboquisetrouvaitdevantelle.

Danslemiroir,leregarddeNatalies’emmêlaàceluideMarco.L’expressionqu’ellelutsursonvisageélectrifiasoncœuretcederniersemitàbattreàtoutrompredanssapoitrine.

Marcosedressaitderrièreelledetoutesahauteur,sesmuscles tendussoussoncostumesurmesure.Sesyeuxétaient furieuxet il gardait ses lèvreshermétiquement fermées surdesdentsqueNataliesavaitserréesdecolère.

Elleluttapourcontrôlerlestraitsdesonproprevisageafind’éviterdedévoilersesémotions.Elle aurait été idiote de laisserMarco voir à quel point elle souffrait intérieurement. Elle refusaitd’endosser la responsabilité de la scène qui venait juste d’avoir lieu ; elle était innocente de toutméfait.

Ellecommençaàouvrirlabouchepourleluidire.Maisavantqu’ellen’aitletempsdedirequoiquecesoit,lamaindeMarcoserpentapouraller

couvrirlabouchedeNatalieetétouffersesmotsdansuneprisesibrutalequelesnarinesdeNataliesedilatèrent,etlesyeuxdelajeunefemmes’écarquillèrentsousl’effetd’unepaniquepratiquementincontrôlable.

Ilsebaissapourapprochersabouchedesonoreille,etsansjamaislâcherleregarddeNatalie,ilfeulasacolère:

«Jet’avaisditdenepasportercetterobe.»

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Avecunbrasaussidurquel’acier,illamaintintimmobileetsilencieusetandisquesonautremainsefaufilaitpourencapsulerundesesseins.Ilcapturasonmamelonentresonpouceetsonindexetleserrafermement,àlalimitedudouloureux,danslebutdeclamersapropriétéetsonpouvoir.

Natalieprenait tantbienquemaldegrandesboufféesd’oxygènepar lenezetellefermalesyeuxpourcontrerl’imageérotiquedeMarcoetd’ellequelemiroirluirenvoyait.

«Jet’avaisditcequeKennedyferaitsituportaiscetteputainderobe.Cetenculénepeutpass’empêcherdetereluquer.»

Ilglissasamaindanssondécolletéets’infiltradanssonsoutien-gorgeendentellejusqu’àcequ’ilaituneprisepossessivesursonsein.

«Jen’arrivepasàcroirequejet’ailaisséachetercettesaloperiederobe.Dèsqu’onrentreàlamaison,jelabrûle.»

Natalie garda les yeux fermés et essayadenepas se laisser dominer par cet intime contactphysique sur sa peau nue. Il était presque impossible d’y résister. C’était ainsi depuis leur toutepremièrerencontre,etelleavaitbienpeurquecesoitcommecelajusqu’àcequ’ellenemeure.

«Ouvrelesyeux,»grogna-t-ildanssonoreille.Commeellenes’exécutaitpasassezrapidementàsongoût,ilôtalamaindesabouche,etdans

unmouvementàlamenacetoutesexuelle,illaposasurl’artèreaffoléedelagorgedeNatalie.Lesyeux de celle-ci s’ouvrirent brusquement sous l’effet de ce contact et ils rencontrèrent ceux deMarco ; celui-ci caressait son cou et son seind’unemanière fermeet prédatrice.Ellehumecta seslèvressèchesetessayadefairefonctionnersescordesvocales.

«Cen’estpaslarobe,argumenta-t-elledoucement.—Non,bienévidemmentquecen’estpaslafoutuerobe.C’esttoi.Cetenculéteveutetpense

qu’ilpeutt’avoir…—Ilmeveutseulementparcequejesuisavectoi.C’estdetoidontilestquestion,Marco.Ça

n’arienàvoiravecmoi.»Ilplissalesyeux.«C’estdesconneries,Natalie.Çafaitdixmoisqu’iltecourtaprèsetj’enaimaclaque.—Ilestjalouxdetoi.Tuesbeau,tuasplusd’argentquelui.Toutçalerenddingueetc’estla

seuleraisonpourlaquelleilm’aremarquée.»D’unmouvementadroit,illafitpivoterdanssesbras;puisillapritparlataille,latiracontre

luietlevasonvisagepourl’examiner.«Tucroisvraimentça?—Oui.Cen’estpasunhommetrèsclasse.—Iln’ajamaischerchéàsefaireTanya,etpourtantilm’asouventvuavecellecesdernières

années.»La peine transperçaNatalie et se propagea dans l’ensemble de son organisme avant d’aller

solidement s’enrouler autour de son estomac. Elle n’aimait pas repenser à Tanya, ni que cettedernière soit rappelée à sa mémoire de quelque façon que ce soit. Elle était toujours secouéelorsqu’ellesongeaitàlafemmequiavaitétéavecMarcoavantelle.Cettefemmequiétaitrestéeavecluipendantsilongtempssansjamaisréussiràl’épouser.CelalaissaitàNatalieunsentimentdevideintérieur,commesisonproprerêvedevivreunefinheureuseavecl’hommequ’elleaimaitsefiniraitendésillusionetdésespoir.

Elleessayaderepoussercettepenséepourseconcentrersurleurconversation.«Jenepeuxpasexpliquercequisepassedanssatête.Tanyaesttrèsjolie.»Ladouleurrepritdeplusbellelorsqu’elleprononçacesmots.«Tanyaestunetrèsjoliesalope.»La répliquene trahitpas lamoindreémotion ;Marcosemblablasé,et rienne laissapenser

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qu’ilavaitencoredessentimentspourl’autrefemme.«C’esttoiqu’ilveut,Natalie.»Lebrasquiétaitenrouléautourdesatailleserelâchaetillapritparlamainpourl’entraîner

horsdestoilettes.« C’est pour ça qu’on s’en va immédiatement. Je ne peux pas passer tout le dîner à faire

semblantquejenesuispasenrogne.»Elletirasursonbras.Onnepeutpaspartircommeça.—Si,onpeut.—Marco,c’estimpoli.Çavafairedutortàtesaffaires.—Sijefinisenprisonpourmeurtre,çaferaaussidutortàmesaffaires.»Natalieessayadeluitenirtête.« Ne dis pas quelque chose que tu risquerais de regretter plus tard. N’oublie pas qu’il est

marié.—Ettupensesqueçapeutl’arrêter?—Jepensequesafemmepeutl’arrêter.Jesaisqu’elleestunpeu…»NatalienetrouvaitpaslesmotspourdécrirecorrectementNoraKennedy,maiselleessaya:« …étrange. Mais je pense qu’elle demanderait le divorce s’il l’humiliait devant tout le

monde.»MarcoseretournaetregardaNatalied’unairabasourdi.NoraKennedynes’intéressaitqu’à

elle-même, elle n’en avait absolument rien à foutre des autres. L’argent ainsi que sa propresatisfaction,voilàtoutcedontellesesouciait.CommentNataliepouvaitnepasvoircela?

Ellenecessaitdelesurprendre…Ilsavaitqu’elleétaitquelqu’undebien,etcedepuislejouroùill’avaitrencontrée.Etenaucunefaçonilnevoulaitcorrompresapersonnalitéetsagentillesse.Ilnevoulaitpasquesapuretéetsabontésoientgâchéesneserait-cequeparuneexplicationàproposducoupleKennedy.Ilsavaitqu’elles’étaitdéjàposédesquestions…desquestionsauxquelles ilnevoulaitpasrépondre.

IlsavaitaussiqueNatalieavaitétécontrariéeunpeuplustôt,lorsqu’elleavaitvuNoracoincerMarcodanslesalonetfairetoutcequ’ellepouvaitpourleséduire.IlavaitpuvoirlesyeuxblessésdeNataliedepuisl’autreboutdelapièce,maisellen’avaitpasentenduledixièmedubaratindeNora.S’il avait peut-être donné l’impression de prêter attention à l’autre femme alors qu’il l’ignorait,c’étaitparcequ’il s’était figéetqu’un torrentdeglaceavaitcoulédanssesveines.Sesyeuxet sonattentions’étaient rivéssurMathewKennedy lorsquecelui-ci s’étaitdirigédroitversNatalie.Etcetypeavaitmêmetouchélajeunefemmelorsqu’ils’étaitretrouvéàcôtéd’elle.

Ill’avaittouchée.IlavaittouchéNatalie.Voilàlagoutted’eauquiavaitfaitdéborderlevase.Marco était en train de s’éloigner deNora lorsqueNatalie avait vigoureusement libéré son

brasdel’emprisedeKennedyavantdecouriràl’étage.Marcosesouvenaitd’avoirlancéunregardbouillonnantderageaumalotru,maisiln’avaitpasvouluperdresontempsavecluietavaitchoisidesuivreNatalie.Elleétaitsaprioritéetelleleseraittoujours.

Etiln’enavaitmaintenantrienàfoutredelamanièredontils’extirperaitd’ici,ilavaitjusteenviedelarameneràlamaisonetdeladéshabiller.

C’étaittoujourslamêmemusique.Chaquefoisqu’unmectentaitsachanceavecelle,ilvoulaittoujoursfairedeuxchoses:tuerletype;etdéshabillerNatalie.

Ilnepouvaitpastuertouslestypesquilaregardaient,sansquoilamoitiédelapopulationdeHoustonseraitdéjàmorte.Maisilpouvaittrèsbiensombrerenelleàchaquefois.Etc’étaitcequ’ilfaisait. Cela valait presque la peine de devoir ressentir cette rage dans ses tripes chaque fois que

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quelqu’und’autrelaregardait.Maiscesoir,quelqu’unl’avaittouchée.Quelqu’unavaiteulatéméritédelatoucher.MarcojuradevantDieuquesicelasereproduisaitjusteunefoisdeplus,siMathewKennedy

osait encore poser les mains sur la femme qui était sienne, il en subirait les conséquences. Et iltaperaitlàoùçaluiferaitleplusdemal:sesplacements,soncompteenbanque.

Marcosortitsontéléphoneportabledesapoche.«Avancezlavoiture.Nouspartonsplustôt.»Sonabrupterequêtefutimmédiatementsatisfaite,ettoutcequ’illuirestaitmaintenantàfaire

était de sortirNatalie de cettemaison et de l’éloigner de la compagnie dépravée qu’était celle desKennedy.

S’ilavaitsuaveccertitudequececoupleseraitprésentàcettesoirée,ilseseraitdésisté.Ilnesavaitpascequ’ilauraittrouvécommeexcuse,maisilétaitabsolumentcertainqu’ilenauraittrouvéune.

Ilenavaitassezdetoutça.Çalerendaitfurieux.Laseulechosequiliaitencoresavied’avantavec son travail était ces foutus Kennedy. Lorsqu’il avait commencé à se rendre à ces soiréeslibertinesavecTanya,ilnelesavaitencorejamaisrencontrés.Etiln’étaitabsolumentpasaucourantdu fait qu’ils étaient des clients.Mais le point positif, c’était qu’il pourrait leur couper les vivresquand cela lui chanterait. Ils ne disposaient pas de fonds très importants chez lui, oh non, bien aucontraire.Ilsétaientendettés.Énormémentendettés.Salementendettés.

Alors que Marco descendait les escaliers, il ne put s’empêcher de remarquer le légertremblementnerveuxquiagitaitNataliependantqu’ellemarchaitàcôtédelui.Illuipritlebras,etcefaisant,illuioffritlesoutiendontelleavaitbesointoutenobtenantuneproximitéqu’ilcommençaitàtrouvernécessaire.Cetteproximitélecalmait,etelles’avéraitd’autantplusessentiellequesacolèrerisquaitfortd’êtreattiséeparuneautrerencontreavecKennedy.

Peut-êtrepouvaient-ilss’éclipsersansavoiraffaireàl’autrecouple?Maiscenefutmalheureusementpaslecas.MathewKennedy les attendait en rôdant aussi près que possible des escaliers. Son verre de

bourbonétaitpresquevideet sa femmenesemblaitpasêtredans lesparages. Il essayasans tarderd’arrondirlesangles.

«Marco,monvieux,allonsprendreunautreverreet…»MaisMarcon’étaitpasd’humeuràécoutersonbaratinetilluicoupaimmédiatementlaparole

toutentirantNatalieverslaporte.«Non.—Iln’yapasderaisondepartirsitôt…—Ilyatouteslesraisons.Jet’aidéjàdemandédegardertesdistances.Jenetecroyaispas

stupideaupointdelatoucher.»Sarépliqueavaitétéparticulièrementsèche,etlorsqu’ilsentitNatalieseraidiràcôtédelui,sa

priseseresserrasursonbras.MathewKennedyprituneprofondeinspirationenserendantsansdoutecompteàquelpointil

énervaitsoninterlocuteur.AumomentoùsesyeuxsereportaientsurNatalie,Marcosifflaunautreavertissement:

«Nelaregardepas.»L’hommeplusâgéôtarapidementsesyeuxdelajeunefemmepouraffronterl’intenseregard

de Marco. Ce dernier ne perdit alors pas une seule seconde de plus. Il ouvrit la porte et quittal’hommesuruneultimemenace.

« Ce sera mon dernier avertissement. Je n’ai pas besoin de tes putains de placements. Laprochainefoisquetulatouches,laprochainefoisquetuessaiesdeluiparler,laprochainefoisquetu

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te risques à ne serait-ce que regarder dans sa direction, j’exige le remboursement anticipé de tesemprunts.Tupensesquetasaloperiedefemmeestdifficileàsatisfaire?Ehbienimagine-toicequeceseraitsitun’avaisplusd’argentetquetuvivaissurlapaille.»

Marcoseretourna,ettoutentirantNataliederrièrelui,ilsedirigeaversleSUVAudinoirquivenaitdes’arrêterdansl’alléecirculaire;illaissaenplanunMathewKennedyaussipaniquéqu’unpoissonqu’onauraitferréetsortidel’eau.

Marconebuvaitpassouvent,maisaussitôtqu’ileutpénétrédansl’appartement,ilfonçaverslebuffetetseservitunbourbonsansglaçons.Il ledescenditd’untraitpuiss’enversaunautre.Ilsedirigeaensuiteverslecanapésurlequelilselaissatomberetd’oùilobservaNataliequiétaitrestéeenretrait.

«Jevaisbrûlercettesatanéerobe.—Non,tunelabrûleraspas,rétorqua-t-elledepuisl’endroitoùellesetenait.»Eteneffet,ilnelabrûleraitpas.Elleluiallaittropbienpourcela.Peut-êtrelalaisserait-illa

garderpourqu’ellelaportedansl’appartement,rienquepourlui.«Assieds-toi.»Ilfitungestedelamainquitenaitleverreàwhiskypourindiquerlachaisesituéeenfacede

lui;ilvoulaitpouvoirlavoirets’adresseràellesansêtretentédeladéshabillercommeill’étaitsisouvent.

Elle s’assit en tirant légèrement sur sa robepour ladéfroisser. Ilobservait lesmouvementsnerveux de ses doigts, les profondes inspirations qu’elle prenait. Tout chez elle attirait Marco. Ilressentait un besoin ardent de la garder ici, de l’avoir rien quepour lui. Il se demanda si quelquechoseexistait surcette terrequipuissecalmer l’impétuositéqui le saisissait lorsqu’il faisait faceàNatalie.

Uneseulechoseluivintàl’esprit.Etiln’étaitmêmepassûrquecelasoitsuffisant.Il introduisit le sujet en douceur. Cela faisait maintenant presque un an qu’ils habitaient

ensemble,etilsavaientenfincommencéàavoirdelonguesconversationsilyavaitquelquesmoisdecela.

«Jesaisquetuastoujoursdumalàdigérerlefaitquetonpèrevousaitabandonnées,toiettamère.»

Elle le regarda droit dans les yeux, mais Marco pouvait bien voir qu’elle n’avait pas lamoindreidéed’oùilvoulaitenvenir.

«Oui.—Tousleshommesnesontpascommeça,Natalie.Certainshommessontstablesetdignesde

confiance.»Depuisletemps,ilespéraitdufondducœurqu’elleluifaisaitconfiance.Qu’ellesavaitqu’il

faisaitpartiedesmecsbiensetqu’ilnelaferaitjamaissouffrir.«Peut-être,concéda-t-elle.—Regardelenouveaupetitamidetamère.Quandellearompuavecl’autreabruti,Bradl’a

viteaidéeàremonterlapente.Ilprendbiensoind’elleetlatraiteavecrespect.—Oui,c’estvrai.—Cequis’estpassécesoir…çanem’apasplu.»

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Il laissa àNatalie un instant pour digérer ces quelquesmots et enprofita pour prendreunepetitegorgéedesonbourbon.

« Je n’ai pas particulièrement aimé ça non plus, Marco, rétorqua-t-elle avec légèreté ensachanttrèsbienàquoiilfaisaitréférence.

—Onvadevoirs’occuperdeceproblème.»Ettoutenprononçantcettephrase,Marcol’examinafixement,essayantdesefaireunepetite

idéedeceàquoiellepensait.« Comment ? En mettant un contrat sur la tête des Kennedy ? demanda-t-elle sur un ton

railleur.—Ilnes’agitpasquedesKennedy…»Elleluicoupaimmédiatementlaparole.«Oh que si !De tous les couples auxquels tum’as présentée, ce sont les seuls à avoir été

impliquésdanslefestivaldebaiseauqueltuasparticipé.»UnegrandehonteetuneprofondesurpriseassaillirentMarco.Ellesaitquec’étaitàcepoint-

là?«Festivaldebaise?demanda-t-ilfermement.—Peuimportecommenttuappellesça.Échangisme,partouze…enfinbref.—Trèsbien.Nousappelleronsdoncçaunfestivaldebaise.»Ilcessadelaregarder,puissesyeuxrevinrentlentementsurelle.«N’allonspasplusloin.Detoutefaçon,cen’estpasdeçadontjeveuxparler.—Alorsquoi?demanda-t-ellepluscalmementmaintenant.—Jefaisaisréférenceàtouscesenfoirésquiveulentmettreleurspattessurtoi.—Personnenemetsespattessurmoi.—Maisilsenontenvie.Ilsveulenttemettredansleurfoutulit.»Marcoétaitincapabledecontenirlajalousiequiledévoraitdel’intérieur.« Et ? Tu n’as pas l’impression que toutes les femmes que tu croises veulent mettre leurs

griffessurtoi?BonDieu,Marco.Est-cequetut’esdéjàregardédansunfoutumiroir?Tuessexyàencrever,tuesplusricheque…»

Ill’interrompit.« Je ne veux personne d’autre. Toutes ces autres femmes ? Qu’elles aillent se faire baiser

ailleurs.Toutcequejeveux,c’esttoi,conclut-ilsuruntonfermeetsanséquivoque.»CetaveupassionnédeMarconeconstituaitpastoutàfaitunedéclarationd’amour,maiselle

savaitdéjàqu’iltenaitàelle,qu’iltenaitprofondémentàelle.Cequ’elleignorait,c’étaitoùilvoulaiten venir avec cela. Elle le croyait quand il lui disait qu’il ne faisait même pas attention à NoraKennedy.Etellecomprenaitmaintenant.Cequi l’avaitpousséeàaller se réfugierdans les toilettesn’était en fait qu’un malentendu. Maintenant qu’elle avait les idées claires, elle savait que toutel’attention deMarco lui était alors dédiée. Dès qu’il y avait d’autres hommes dans la pièce, et enparticulierMathewKennedy,MarcosurveillaitNatalieàlamanièred’unfaucon.

Celaneladérangeaitpas.C’étaitsafaçond’être.Maislefaitqu’ilpensequetousleshommesétaientintéressésparelleétaituntoutautreproblème.Marcoladésiraitardemment,ilavaitdoncdûen conclure que c’était le cas de tous les autres hommes. Et il ne s’agissait là que d’une desbizarreriesinduitesparsajalousie.Elleavaitapprisàvivreavec,passaitoutre.Àvraidire,etcomptetenu queMarco n’avait jamais formulé lemotamour, sa jalousie procurait àNatalie une certaineformederéconfort.

Elleluirépondit:«Ettoutcequejeveux,c’esttoi;alorss’ilteplaît,arrêtedet’inquiéterpourça.—Jen’yarrivepas.»

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Natalieaffrontasonregardperçant.«Alorsqu’est-cequetuveux?»Il écarta les jambes, se pencha en avant pour poser les coudes sur ses cuisses et joignit les

mains.«Avantquetunedisesquoiquecesoit,écoutecequej’aiàdire.»Ilprituneprofondeinspirationetcontinua:«Jepensequejeneseraispasaussistressépartoutcemerdiersinousétionsmariés.»Elleécarquilla lesyeuxetsoncœursemitàbattresiviolemmentqu’ellepouvaitsentirson

poulss’affoler.Duplaisirainsiqu’unintensesentimentdesoulagementsepropagèrenttoutàtraverssonêtrealorsqu’elleessayaitderetrouverlecontrôledesescordesvocalespourformulerdesmots.Attends,est-cequejevienstoutjustederecevoirunedemandeenmariageincluantégalementlemotmerdier?Maiscelan’avaitpasd’importance.Elle s’encontenterait.Sonesprit tourbillonnait etunfortbourdonnementretentissaitdanssoncerveau.

Elleneréponditpassuffisammentviteetilcommençadoncàselamenter.«Siseulementtuétaistombéeenceinte…»Ilpassasamaindanssescheveux,nefaisantriend’autrequelesdécoiffer.« J’espérais tellement que tu tombes enceinte, tu sais, ce jour où on a déconné dans mon

bureau.Sionavaiteuunenfant,toutcemerdierauraitététerminédepuislongtemps.Tun’auraispaspumedirenon,onauraitunbébéet jen’auraispasconstamment la trouilleque tu te tiresavecunautremec.»

Le cœur de Natalie s’arrêta totalement de battre. Quel genre d’émotion lui avait-il cachépendanttoutcetemps?Elleavaitl’impressionqu’uninterrupteurvenaitd’êtreactionnéetqu’ellenesesouciaitsoudainplusdeprémunirsoncœurdetoutesouffrance.Elleavaitjusteenviedesavoir.

«Marco…»IlserraitlesdentsetNataliepouvaitbienvoirqu’ilsepréparaitaupire.«Oui?»Natalie ferma lesyeux,prituneprofonde inspirationetposa laquestionqui, elle l’espérait,

allaitglorieusementchangersavie.«Est-cequetum’aimes?»Illaissaéchapperuneboufféed’airetpassaunemaindésormaistremblantedanssescheveux.«BonDieu,Natalie.Cœur,corpsetâme.Jet’aimeplusquetout,plusquelaviemême.»Assisdevantelle,Marcosemblaitàdeuxdoigtsseulementdelapanique;elledécidaqu’ilétait

tempsdemettreuntermeàsatorture.Elleselevadesachaiseettombaàgenouxdevantlui.Puisellelevalesyeuxversluietposasesmainssurlessiennes.

«Jet’aitoujoursaimé,Marco…etjeneveuxpasquetusoisstressé.»Ellesourittendrementetajouta:«Alorsoui,jeveuxt’épouser.»Son soupir de soulagement fut parfaitement audible, mais Natalie n’eut pas le temps de

réfléchirdavantageparcequeMarco l’embrassacommes’ilétaitdécidéàneplus jamais la laisserpartir.

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ÉPILOGUE

Septansplustard«Jepensequ’ilesttemps.»

Marcoavaitessayéd’adopterunevoixsolennelleetdéterminéeparceque,parDieuettouslessaints,ilavaitcettefoisbienl’intentiondesefaireentendre.

Nataliefitpasserlebébéd’unbrasàl’autrepuisremualasaucequiétaitsurlefeu.«Tucrois?»Marcofaisaitlescentpasdanslacuisine.«Tuasbesoind’aide,Natalie.Troisenfants,unautrequivabientôtarriver…—Enquoiai-jebesoind’aide?»Elle posa la cuillère et ramassa une baleine en peluche rose qu’elle tendit à son enfant de

quatreansquiétaitentraindejoueràsespiedsavecdesustensilesdecuisineenplastique.Leurfilledesixans,elle,jouaitcalmementsurl’ordinateurdelacuisine.

«Ehbien,pourcommencer,tunedevraispaspasserlajournéedebout.C’esttropdangereux.Pourtoietpourlebébé.Lemédecinaditquetudevaistereposer.Etjenesuisvraimentpassûrqu’onpuissedirequetutereposes.»

IllançaunregardcirculairedanslapiècequeNatalieparvenaittoujoursàgarderàpeuprèsordonnée.

«Jemesensbien,dit-elleenpassantdevantluipourallersortirlesassiettesduplacard.»Ilattrapasoncoudeetl’arrêta.«Jesais,bébé,maisonveuttouslesdeuxquetucontinuesàtesentirbien.»Son ton parut excessivement dramatique, même à lui ; mais bon sang, elle devait faire

attentionàsasanté.Passeulementpourelle-même.Maispourlebébéqu’elleportait.Pourlesenfants.Pourlui.

Ils’écrouleraitetmourraitsiquelquechosedevaitluiarriver.Natalieseretournaetaccordasonattentionàsonmari.Ilavaitl’airpeiné,etellesavaitqu’il

avaitatteintsonpointderuptureàcesujet.«Est-cel’undecesmomentsoùjesuiscenséem’exécuteretfairecequetudis?»demanda-t-

elleaveclégèreté.Samâchoiresecrispa.«Oui,dit-ilentresesdentsserrées.—Etqu’est-cequetuveuxexactement?interrogea-t-elle.

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—Qu’uneentreprisedenettoyageviennes’occuperdelamaison,etqu’onnouslivreledînertouslessoirsjusqu’àaumoinssixmoisaprèstonaccouchement.J’aimeraisaussiqu’onrecommenceàsefairelivrerlescoursespendantuntemps.Etpourfinir,jeveuxquetuposestesfesses.

—C’esttout?C’estcequetuveux?—Oui.—D’accord.—C’estaussifacile?—Jeveuxterendreheureux,Marco.C’estcequej’aitoujoursvoulu.Soulagé,ilserraNatalieetlebébécontrelui.Ilembrassaunfront,puisl’autre.—Tumerendsheureux,Natalie.Dieusaitquetumerendsheureux.Ilposasonfrontcontrelehautdesatêteetlaberçadanssesbras.—Tum’astoujoursrenduheureux,»ajouta-t-il.

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ÀPROPOSDEL'AUTEUR

LyndaChanceestunauteuràsuccèsquesesromanscommeSarahs’abandonneontplacéedanslesprestigieuxclassementsdesbest-sellersduNewYorkTimesetdeUSAToday.Neparvenantpasà trouverunmâlealphasuffisammentalphapour lacombler,elleacommencéàécrirepourpouvoirinventerlesien.Etaufildutemps,sonécritureagrandietévoluégrâceàuneintensepratiqueetuneécouteattentivedesretoursdeseslecteurs.Lyndaécritaussibiendesromansquedesnouvelles,àcadrecontemporainouhistorique,pouradultesoujeunesadultes,maistoutessesœuvresontunthèmecommun:ellesontpourhérosunmâledominantquifinittoujoursterrasséparledésiretl'amourlorsqu'ilrencontrefinalementsonhéroïne;etvouspouvezêtrecertainquedansunehistoiredeLyndaChance,lehérosneserajamaisinfidèle.LyndahabitedanslecomtédeGalveston,auTexas,avecsonmariquipartagesaviedepuisvingt-septans;tousdeuxrésidentdansunepetitemaisonauborddel’eau,etsilaplomberieestpourlemoinsrudimentaire, la vue reste imprenable. Ils ont deux enfants désormais adultes qui vivent à Dallas.HeureuseetépanouiedanssonTexasnatal,LyndapeutgénéralementêtreaperçueavecsonKindleousonordinateurportable.Lyndaadoreentendrecequeseslecteursontàdireainsiquerépondreàleursquestionsconcernantsespersonnages;ellepeutdoncêtrecontactéesursapageFacebook.