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1 Girond-Thuillier Jérémie L3 MASS La Rafle. de Roselyne Bosch Dossier de Mémoire & Histoire Faculté des sciences de Luminy Avril 2012 à l'attention de Mme Chalvet Année 2011 / 2012

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Girond-Thuillier

Jérémie

L3 MASS

La Rafle. de Roselyne Bosch

Dossier de Mémoire & Histoire

Faculté des sciences de Luminy

Avril 2012

à l'attention de Mme Chalvet

Année 2011 / 2012

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Sommaire

Introduction

1 Le contexte de la collaboration française à travers « La Rafle ». 1.1 Présentation du film La Rafle

1.2 Contexte Historique du film

1.3 Parallèle entre la réalité historique et celle de l'oeuvre

2 Contexte et histoire de la création d'un film réaliste : La Rafle. 2.1 Roselyne Bosch

2.2 Génèse du projet

2.3 Transmettre la Mémoire par l'émotion

2.4 Un gros travail de réalisme

2.5 Des avis partagés

3 Analyse d'extraits 3.1 Trois extraits pour deux point de vue et un parti pris

3.2 Premier extrait : La collaboration

3.3 Deuxième extrait : Le courage et la compassion

3.4 Troisième extrait : La triste réalité

Annexes

Bibliographie

Conclusion

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Introduction

Réalisé par Rose Bosch, « La Rafle » est un film français traitant de la collaboration à

travers un des fait marquant de l'histoire de la déportation : La rafle du Vélodrome d'Hiver.

Nous sommes donc en 1942,dans une France occupé par les Nazis, le film débute un peu

avant le 16 juillet date où la police française a arrêté à leur domicile treize mille personnes fichées

comme juives, dont quatre mille cinquante et un enfants. Il relate également la détention dans des

conditions épouvantables de ces familles juives au Vélodrome d'Hiver avant leur déportation

quelques jours plus tard vers le camp de Beaune-la-Rolande (dans le Loiret). Détention que

provisoir puisque l'Histoire nous dit que ce périple s'achève dans le camp d'extermination

d'Auschwitz-Birkenau.

Nombreux sont les films traitant de la Shoah, mais rares sont ceux qui appui sur la

collaboration (mis à part le film assez récent de Gilles Paquet-Brenner : 'Elle s'apellait Sarah').

Plutôt que de relater une nouvelle fois l'horreur Nazi commise par les Nazis eux-même. Ici Rose

Bosch décide de remettre en question l'autorité de son propre pays. En effet, chacun sait que le

régime de Vichy orchestré par le maréchal Pétain a collaboré, et cela de façon très engagé puisque

la police française a participé a la déportation de milliers de Juifs pour le compte des Nazis.

Cette œuvre est intéressante de part l'émotion qu'elle veut donner en se préoccupant

particulièrement du sort des 4000 enfants juifs raflé cet été 1942, mais aussi parce qu’elle traite de

faits réels, mettant en scène des personnages qui ont réellement existé.

A travers cette œuvre, une mémoire se transmet par l'émotion. La réalisatrice va jusqu'à

dire : « Je me méfie de toute personne qui ne pleure pas en voyant le film. Il lui manque un gène :

celui de la compassion. (…) ». Il s'agit donc à travers notre réflexion de comprendre comment ce

film peut diffuser une mémoire, tant « anti-collaboration » que « résistante » et humaine.

Nous nous intéresserons tout d'abord à l’œuvre en elle-même ainsi qu'à la période historique

à laquelle elle se réfère et donc de son rapport à la réalité qu'elle dévoile.

Puis nous nous pencherons sur le contexte de la création de ce film, ainsi que les objectif de l'auteur

et nous verrons quel impact celui-ci a eu sur public.

Enfin, nous analyserons plus précisément un extrait.

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1. Le contexte de la collaboration française à travers « La Rafle ». 1. Présentation du film La Rafle

La Rafle est un film dramatique et historique écrit et réalisé par Roselyne Bosch. Ce film est

inspiré de la tragédie de la rafle du Vél' d'Hiv' le 16 juillet 1942, date où la police française a arrêté

à leur domicile treize mille personnes fichées comme juives, dont quatre mille cinquante et un

enfants, et notamment les deux rares survivants Anna Traube et Joseph Weissman.

Synopsis :

1942. Joseph a onze ans.Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile Jaune cousue

sur sa poitrine...Il reçoit les encouragements d'un voisin brocanteur. Les railleries d'une boulangère.

Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans

un Paris occupé, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge.

Du moins le croient-ils, jusqu'à ce matin de 16 juillet 1942, ou leur fragile bonheur bascule...

Du Vélodrome d'Hiver, où 13 000 raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à

la terrasse du Berghof, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux.

De ceux qui ont orchestré.

De ceux qui ont eu confiance.

De ceux qui ont fui.

De ceux qui se sont opposés.

Tous les personnages du film ont existé.

Tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942.

Le Journal Du Dimanche écrit : « Retour fidèle sur une période qui dit le déshonneur de Vichy, mais

aussi le courage des Parisiens qui surent désobéir au régime. »

2. Contexte Historique du film

Nous sommes donc en 1942, Hitler est au pouvoir en Allemagne depuis plus de 7ans et sa

folie des grandeurs l'a entrainé jusqu'en France. Seul le Sud reste encore un territoir « libre ». C'est

donc dans un Paris occupé que les Juifs voient leurs libertés se restrindrent de jours en jours, et c'est

fasse à un antisémitisme croissant qu'ils doivent apprendre à survivre. L'étoile Jaune cousue sur

chacuns de leurs vêtements entraine les moqueries d'autrui, et les panneau « interdit aux juifs » se

multiplient sur tous les espaces publics, visant à séparer les Aryiens des Juifs.

Outre l'occupation et toutes les horreurs qu'elle véhicule, la France fait également face à la

collaboration du Gouvernement de Phillipe Pétain. En effet le régime de Vichy doit

malheureusement sa célébrité à l'aide qu'il a fournit aux Allemands nazis. Ce gouvernement se plie

aux exigences du Fuhrer et incarne aussi bien un idéal antisémite pour certain, que la honte pour

d'autres. L'administration Pétain-Laval met alors en place une propagande antisémite,qui va durer

plusieurs mois, accélérant vivement la dénonciation.

On a encore du mal à le croire, mais cela s’est passé comme ça: au petit matin du 16 juillet

1942, la police de Vichy envoie 4.500 fonctionnaires et gendarmes dans les rues de Paris, rafler la

population juive de la capitale. La propagande qui est faite depuis des mois a porté ses fruits, les

dénonciations sont allées bon train, on espère coincer les 24.000 personnes recensées dans le fichier

Tulard. Les Allemands n’en demandent pas tant, mais le zèle de l’administration Pétain-Laval

atteint des sommets. A l’arrivée, 13.000 personnes « seulement » seront arrêtées et parquées au

Vélodrome d’Hiver, dans le 15e arrondissement de Paris, avant d’être déportées au camp de transit

de Beaune-La-Rolande, puis en Pologne. 11.000 autres, heureusement, bénéficieront de la

bienveillance et de la complicité d’une population parisienne qui préférera les prévenir plutôt que de

les dénoncer.

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3. Parallèle entre la réalité historique et celle de l'oeuvre

Roselyne Bosch insite sur le fait qu'elle s'appuie sur un témoignage, elle essaye donc, dans

la mesure du possible, d'être le plus près possible de la réalité. De plus, elle rappelle dans de

nombreuses interview que tous les personnages principaux du film ont tous existés... On notera

aussi que la documentation utilisé par Bosch lui a permis de reconstituer le Camp de Beaune-la-

Rolande. Le soucis du réalisme permet de se rapprocher de la réalité et c'est avec des décors tel que

celui du camp ou du Vel' d'Hiv' que la réalisatrice attire l'attention du spectateur pour lui dire

clairement « cela a existé, c'était comme çà. ». Mais nous parlerons du réalisme un peu plus tard.

La réalité historique et celle de l'oeuvre ont, en fin de compte, pour objectif de se confondre.

Plusieurs points permettent de se rendre compte que la réalité et bien rendue. Tout d'abord, la

réalisatrice fait le choix de commencer son film par une succession d'images et vidéos d'archives en

Noir & Blanc puis le retour à la couleur nous indique que l'on passe dans la fiction. Elle montre ici

que sont film semble être la suite des images d'archive. Ensuite on retrouve très vite, dès les

premières minutes du film, le symbole de l'antisémitisme : l'Etoile Jaune. La caméra insite alors sur

l'exposition aux yeux de tous, de cette Etoile qui signifie l'appartenance à une « race » dite

« inférieure ». Le regard des gens et tanto moqueur (ex : La Boulangère) tanto amical, voire

accompagné de compassion. (ex : les mères au jardin d'enfants).

La réalité historique se repère également lorsque le cadre se tourne vers Pétain et Laval. Les

acteurs nous font redécouvrir la réalité de la propagande et des magouilles qu'il pouvait y avoir au

sein de l'administration française de l'époque. Le régime autoritaire étant symbolisé clairement par

la discipline à l'école et la classe du jeune Joseph Weismann qui chante en choeur « Maréchal nous

voilà !...etc ». Le scénario montre par la suite comment les Ordonnances étaient affichées dans les

rues au yeux de tous, mais également la pauvreté du peuples Juif dont les enfants ramassent les

mégots de cigarettes de la bourgeoisie allemande pour récupérer du tabac que les parents pourront

réutiliser.

Bien que la réalisatrice se prête au jeu de rendre son film aussi proche que possible de la

réalité, elle commet néanmoins une maladresse, ou peut être est-ce un des nombreux parti pris ? En

effet, Rose Bosch nous présente dans son film une « ghetoïsation » que nous qualifierons de

« souple ». Même si on lui accorde le fait que les familles juives devaient probablement chercher

une certaine forme de bonheur en se « satisfaisant » du peu qu'ells avaient, on en démord pas que la

gaieté des ces familles dans son film semble un peu exagérée. Certains quotidiens l'attaquent sur ce

point en disant qu'elle cherche à toucher l'émotion du spectateur afin que celui fasse preuve de

compassion, mais il semblerait que c'est ce que l'ex-journaliste cherche à faire... : faire passer

l'Histoire et la mémoire par l'émotion.

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2. Contexte et histoire de la création d'un film réaliste : La Rafle. 1. Roselyne Bosch

Rose Bosch est la fille d'un réfugié politique catalan et d'une immigrée italienne. Très tôt,

elle se passionne pour le journalisme et le cinéma.

C'est au journal Le Point qu'elle débute en tant que pigiste, puis elle devient journaliste société

avant de devenir grand reporter où elle couvre des événements importants comme le terrorisme

basque ou la répression à Cuba.

Vers la fin des années 80, elle a en tête d'écrire un scénario sur la vie de Christophe Colomb. Elle

propose l'idée à son compagnon, le producteur Alain Goldman. L'idée plait et elle se met à l'écrire.

Après avoir appris que Ridley Scott voulait faire un film sur Colomb, elle lui propose le projet. Le

réalisateur accepte. Sa carrière dans le cinéma semble alors se lancer.

"1492 – Conquest of Paradise" ("1492 – Christophe Colomb" en français) devient son premier film

en tant que scénariste.

En 2005, elle réalise son premier long-métrage « Animal », il s'agit d'un thriller sur la

génétique tourné en anglais. Bien que le film n'ait pas connu un grand succès, il est récompensé par

quelques prix au Festival du Film Fantastique de Porto.

Elle s'atèle ensuite à un projet sur la Rafle du Vel d'Hiv qui a eu lieu à Paris en 1942. Le casting du

film : Jean Reno, Gad El Maleh et Mélanie Laurent permet une affiche attrayante, de plus La Rafle

est accompagné d'une forte promotion. Il sort en France en 2009.

Le talent de cette ex-journaliste en tant que réalisatrice est dévoilé, et La Rafle connait un

grand succès. À ce jour le film totalise 2 851 122 entrées et se hisse à la 7e place des films français

sur l’année 2010. Le DVD du film, sorti le 7 septembre 2010, a été numéro 1 des ventes pendant

trois semaines consécutives.

2. Génèse du projet

L'idée de faire un film sur la rafle du Vel' d'Hiv' vient à l'origine du producteur Ilan

Goldman. Rose Bosch explique pourquoi elle s'est lancée sur ce projet en ces termes : " Le fait qu'il

n'y ait aucune image - juste une photo des bus vides devant le Vel' d'Hiv' - me bouleversait. Je ne

suis pas juive, mais nous avons beaucoup en commun, et surtout... des enfants ! Des enfants bi-

culturels qui auraient pu être persécutés. Je crois que leur existence est ce qui m'a fait considérer la

Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste d'un point de vue radicalement différent... Ce qui fait de

la Seconde Guerre mondiale une guerre complètement à part, c'est l'Holocauste. Mais à l'intérieur

de cette exception atroce, c'est la première fois que des adultes s'attaquent spécifiquement à des

enfants. Avec pour objectif de les anéantir. C'est unique dans l'Histoire du monde, dans ces

proportions. 1,5 millions d'entre eux ont ainsi péri. En fait, c'est une des raisons qui m'ont poussée

à faire le film – et à le faire du point de vue des enfants. Mais j'ai longtemps pensé qu'un tel film

serait impossible. "

La réalisatrice nous dévoile également que La Rafle s'est d'abord intitulé Vel' d'Hiv' , mais

après réflexion, ce long métrage a pris le nom qu'on lui connait maintenant. Serait-ce un parti pris

pour souligner l'action de collaboration de la police française ?

3. Transmettre la Mémoire par l'émotion

La shoah représente un terreau idéal à la compassion.

Comment ne pas finir la larme à l’œil devant un film relatant une période si sombre d’une France

pas si vieille que cela ? Ce film pose deux questions des plus intéressantes: d’une part, comment le

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régime de Vichy a t’il pu se donner tant de mal à une tâche tout ce qu’il y’a plus de plus inhumaine,

mais surtout, quel est le rôle du cinéma quant il s’attelle au docu-fiction ? « Cette larme qui ronge le

coin de l'oeil serait-elle absente ou moins tenace devant un témoignage, un documentaire ou encore

des images d’archives relatants des mêmes faits ? Que doit apporter en plus le cinéma ? »

S'intérroge Adrien Bourguignon, journaliste à Médiapart.

C'est à ces questions que répond Rose Bosch en signant ce long-métrage qui se penche sur la

reconstitution de cette période de la collaboration. « Je me méfie de toute personne qui ne pleure

pas en voyant le film. Il lui manque un gène : celui de la compassion. (…) On pleure pendant La

Rafle parce que… on ne peut que pleurer. » déclare la réalisatrice. Elle met ainsi en avant le fait

qu'elle veut toucher le spectateur, elle veut utiliser ses sentiments et sa capacité à éprouver de la

compassion pour ce que tout un peuple a vécu. Bosch dit que si on apprend à avoir de la

compassion pour une chose, c'est qu'on apprend à en détester une autre. Transmettre la Mémoire par

l'émotion éviterait une redondances dans les erreurs humaines, ou du moins la résistance serait plus

tenace face aux risques de l'éclosion d'une nouvelle politique raciale.

Et selon Bosch cette émotion se dessine à travers le rendu réaliste du film, et c'est pour cela

qu'elle insiste fortement sur le fait que tous les personnages principaux (Anette Monod, Joseph

Weismann...etc) de son film et tous les détails sont véridiques : suicides, concierges en cheville avec

leurs locataires juifs, pompiers secourables... Nul n'en doute et l'on rend hommage au travail

documentaire qui se dégage du film.

Le spectateur se prend d'affection tout au long de l'histoire pour ces personnage et cela

demarre dans un jardin public où jouent des enfants "comme les autres" que distingue une étoile

cousue à leur vêtements. « Puis l’émotion va crescendo, sans ostentation ni dérapages, avec une

forme de sobriété. Presque trop. Comme si elle avait craint de se laisser déborder par l’émotion

implicite du sujet, se rassurant avec un cinéma qui se fait dès lors plus illustratif qu’inventif : le

sujet d’abord. Personne ne songera à le lui reprocher. Gad Elmaleh et Jean Reno font oublier qui ils

sont, en endossant sans artifice des rôles d’hommes éparpillés. Mais la lumière qui irradie ce film,

ce sont les femmes et les enfants. Mélanie Laurent, en infirmière ange gardien, ou la Raphaëlle

Agogué par sa pureté. » selon Carlos Gomez, critique de cinéma.

Néanmoins, Roselyne Bosch et son film La Rafle seront sujets à polémique pour un « trop

plein » d'émotion, ce qui n'empêchera pas 2.470.000 entrées en 4 semaines.

4. Un gros travail de réalisme

Pour se documenter sur la rafle du Vel' d'Hiv', la réalisatrice Roselyne Bosch s'est adressée à

Serge Klarsfeld qui n'a eu de cesse, depuis 25 ans, de recenser les victimes.

« Il est capable de vous dire : « Voilà qui est parti, par quel convoi, avec qui, à quelle date... »,

confie la cinéaste. Mais il s'était occupé des morts. Et Rose Bosch cherchait quant à elle des

survivants. Serge Klarsfeld a été en revanche un conseiller historique pour la cinéaste lorsqu'elle a

abordé dit-elle « l'extrême complexité des relations entre Vichy et les autorités allemandes. » Serge

Klarsfeld va jusqu'à parler de « marchandage » humain. « C'était " tant " par tête de juif transporté

jusqu'à la frontière allemande. » déclare-t-il.

La réalisatrice, outre la littérature, s'est aussi inspiré de tous les documentaire qu'elle a pu

trouver. C'est ainsi quel e film a pu se baser sur le témoignage de Joseph Weismann. La réalisatrice

Roselyne Bosch raconte comment elle a trouvé « son » enfant principal, Jo Weismann, ce survivant

dont elle voulait faire l'un des héros de son film : « Dans un documentaire qui datait de 15 ans.

J'étais découragée. Je me suis forcée à voir ce xième document. Puis, soudain, j'entends un homme,

Joseph Weismann, dire : « On vivait à Montmartre ... On était rue des Abbesses, on est venu nous

chercher... Trois ou quatre jours plus tard, on nous a emmenés à la gare d'Austerlitz... Et puis, on est

arrivés dans le camp de Beaune-La-Rolande. J'ai trouvé un copain qui s'appelait Joseph Kogan et on

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a décidé de s'évader, on est passés sous 5 mètres de barbelés ». Submergée par l'émotion, je

l'entends dire : « Si quelqu'un, un jour, fait un film sur ce qui nous est arrivé... » , et puis il se

reprend : « Non, je pense que personne n'osera, on est hors de l'humain ». C'était lui ! Bien sûr, tout

de suite, j'appelle Klarsfeld qui me dit qu'il n'en a jamais entendu parler. »

La réalisatrice prend alors le pari et même le risque de faire ce film, dit « irréalisable », selon le

témoignage de M. Weismann.

Outre le fait que Rose Bosch construit son film sur la réalité, le réalisme de celui-ci s'impose

également par la technique cinématographique. Le film est une réinvention luxueuse du Paris de

l'époque, le Vélodrome d’Hiver ayant été reconstitué dans le moindre détails dans des studios

hongrois l’été dernier donne au film une dimension hors du commun. C'est la première fois que

quelqu'un s'attaque à la reconstitution d'un sujet qui a toujours été classé comme tabou. Il n'existe

aucuns clichés de cette période « non-glorieuse » pour la France.(mise à part une photo de bus garés

devant le Vélodrome) Mais Rose Bosch décide de faire la lumière sur ce sombre passé et va jusqu'à

le mettre en images. L’entreprise était ambitieuse, et visiblement elle porte ses fruits...

5. Des avis partagés

Différentes critiques :

Le Nouvel Observateur, relève, sous la plume de François Forestier, que « la réalisatrice

s’est attaquée avec courage à ce point aveugle de l’Histoire de France et que « très solidement

documenté, interprété avec ferveur(...) la qualité d’émotion du film est extraordinaire : impossible

de rester insensible au spectacle de cette honte. Pourquoi sommes-nous si lents à examiner les

zones sombres de notre Histoire ? La Rafle est un film qui fait honneur au cinéma français.»

Pour Studio Ciné Live, et son rédacteur en chef Fabrice Leclerc, « la dimension

émotionnelle du film de Rose Bosch l'emporte souvent, reléguant les critiques sur ses faiblesses

formelles au second plan ». La Rafle a donc pour lui un « caractère salutaire. (...) c'est un film qu'il

faut défendre par son sujet.»

Pour l'Express, Emmanuelle Cirodde prédise que « le caractère salutaire de ce film tient

surtout à la somme d'informations qu'il recèle (...). Ce véritable travail journalistique installe La

Rafle dans la catégorie des films dits « utiles ». (...) On n'en ressort que plus concerné. »

Pour La Croix, il s'agit d'un « récit collectif bouleversant, éprouvant sans céder à la crudité.

(...) Servi avec retenue par une pléiade d’acteurs, La Rafle fait œuvre utile. À chaque génération

son travail de mémoire.»

Le Monde souligne que le film « ne nous apporte rien de fondamental sur l'évènement » et

regrette sa « médiocrité » sur le plan esthétique : « Beaucoup de choses y sonnent désespérément

faux. [...] »

Le Soir déplore lui un film « trop illustratif ».

Suite aux critiques que Rose Bosch reçoit, elle déclare : « Je n’ai pas eu besoin d’ajouter de

la tragédie à la tragédie. (...) Je n’allais quand même pas priver le public de ces émotions fortes et

justes! On pleure pendant La Rafle parce que… on ne peut que pleurer, s'émeut la réalisatrice. Sauf

si on est un "enfant gâté" de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on

considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que

pensait Hitler: que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froids

rejoignent Hitler en esprit, non?» Et Rose Boch de conclure tout en finesse: «En tout cas, s’il y a

une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a "trop"

d’émotion dans La Rafle.»

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Déclaration qui fait évidemment polémique, à laquelle les Inrockuptibles répondront assez

séchement qu'elle prend beaucoup trop de raccourcis et qu'il ne faut pas confondre le fait « de ne

pas aimer son film » et le fait « de ne pas etre sensible au sujet ».

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4 Analyse d'extraits 4.1 Trois extraits pour deux point de vue et un parti pris

Nous allons par la suite analyser trois extraits pris non-chronologiquement dans le film. Le

choix d'analyser trois petits extraits plutôt qu'un seul un peu plus long a été fait pour respecter la

visée du film qui est de montrer deux aspects différents de la période de l'occupation. A savoir, La

collaboration et le courage de ceux qui désobéissent. La troisième analyse porte, elle, sur la volonté

de la réalisatrice de faire un film « réaliste ».

4.2 Premier extrait : La collaboration

Très vite nous sommes amenés a assister à des scènes de discussion politiques entre Pétain

et Laval, mais aussi parmi les hauts fonctionnaires de l'administration de Vichy.

On voit notamment Pétain, qui apprend que les nazis ne voulaient, au départ, pas déporter d’enfants,

trouvant cela "fâcheux", puisque les services sociaux français risquaient d’être débordés. Et Laval

marchandant avec l’Occupant.

La scène analysés est celle ou les Gendarmes français procèdent à la rafle. Plus précisement,

deux « militaire » qui font preuve d'une barbarie et d'une vulgarité lors de cette scène dans

l'appartement de la famille Weismann. Rose Bosch montre ici, à travers cette indiscipline militaire,

à travers cette haine injustifié et cette violence d'un être humain envers un autre (et cela pour une

simple question de croyance), toute la culpabilité de la France et notamment de l'administration

Pétain-Laval. Les militaire semblent, de part leur vocabulaire et leur tenues, n'être que de simples

soldats qui abusent littéralement de l'infime pouvoir qui leur est accordé, frappant femme et enfants

ils détruisent et volent ce que bon leur semble. Bosch s'aventure sur le terrain glissant qui est celui

de dévoiler la culpabilité de la France dans cette honte qui est d'avoir collaborer à ce génocide. Elle

touche ici les sentiments du spectateur, qui doit, par ces scènes qui sont plus vraies que jamais, se

rebéller intérieurement contre cette barbarie qu'est le nazisme.

4.3 Deuxième extrait : Le courage et la compassion

La Deuxième scène ne survient qu'après la rafle et le début de la détention des Juifs au Vel'

d'Hiv'. Il s'agit de l'arrivée des Pompiers et du capitaine Pierret dans l'enceinte du Vélodrome. Les

familles qui sont là déjà depuis un certain temps vivent dans des conditions plus que précaires et les

soins que le Dr. David Sheinbaum (Jean Reno) sont inssufisant par manque de personnel et de

moyens. Le manque d'eau est la cause principale de l'affaiblissement de la population incarcérée

dans ce Vélodrome, où en plein mois de Juillet on peut imaginer la chaleur. Le Capitaine Pierret use

de son grade pour donner l'ordre d'ouvrir les vannes des lances à incendie qu'il était censé

« controler ». Les Pompiers offrent alors aux détenus le bien le plus précieux : L'eau. Ne s'arretant

pas la, ils acceptent les milliers de mots que les différentes familles leur donnent à poster. La scène

se termine sur les mots du Capitaine Pierret qui donne à ses hommes une journée de repos afin que

ces derniers puissent poster les mots qui leur ont été confiés discrètement.

A travers cette scène, la réalisatrice veut faire passer une leçon d'humanisme et montre aussi

que si l'administration a commis des actes inhumains, certains hommes se sont soucié de leur

prochain et ont courageusement désobéit par compassion et par humanité.

Désobéir c'est resister, et offrir de l'eau c'est s'entraider, c'est rétablir un soupçon d'égalité. Roselyne

Bosch tient à nous dire, nous spectateur, qu'il ne faut pas oublier ces actes de bravoure symbolisés

ici par l'action des pompiers. La lutte contre le racisme elle se fait grâce à chaque individu.

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4.4 Troisième extrait : La triste réalité

Le troisième extrait choisi ne représente que quelques minutes au début du film. Les

premières images de La Rafle sont des images d'archives caractérisées par le noir et blanc. Ces

vidéos archives vont jusqu'à nous montrer un manège qui se colorise peu à peu symbolisant le

passage du film réel à la fiction. Roselyne Bosch appuie ici son film sur des images de l'Histoire le

rendant crédible et plus encore, le qualifiant de docu-fiction.

On note également que la caméra zoom sur une jeune femme sur le manège puis se recule

pour laisser place à une mise en abîme où un allemand film cette femme à travers l'optique d'une

caméra d'époque qui renvoie au spectateur une image en noir et blanc qui semblerait être une image

d'archive. Dans tous les cas, même s'il ne s'agit pas d'archives, le retour volontaire au noir et blanc

de Bosch caractérise le fait que même lorsqu'on commence la fiction, on est toujours dans des faits

réels ou des fait qui auraient bien pu arrivé à l'époque.

La réalisatrice nous plonge ainsi dans un schéma de réalité, notre esprit pense réel, et son

film nous raconte l'histoire qu'un enfant a vécu. (Joseph Weismann)

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Conclusion

La réalisatrice ne se contente pas seulement de plonger le spectateur dans l’intimité des

Weismann, et des autres familles juives de Montmartre, de montrer des enfants qui jouent, des

parents qui font confiance à l’Etat français, malgré l’étoile jaune cousue sur leurs vestes, des

familles humbles et travailleuses. Cette vie de tous les jours est mise en miroir avec celle des

bourreaux. On voit Hitler sur la terrasse du Berghof, sa résidence secondaire bavaroise, jouer avec

les enfants de ses invités. Hitler végétarien qui ne supporte pas le cruauté faite aux animaux. Puis,

Hitler exigeant "de la cendre" en parlant des fours crématoires qu’il était en train de faire construire

à Auschwitz. On voit Pétain et Laval marchandant avec l’Occupant. La réalisatrice semble faire de

son mieux pour nous montrer tous les aspect de l'occupation des nazis, et il apparaît que ce film est

assez complet en la matière.

Concernant la vie quotidienne, Rose Bosch se garde de tout manichéisme. Elle montre la

boulangère, trop contente d’être débarrassée de la « vermine juive », mais aussi la concierge qui

donne l’alerte quand la police arrive. Il y a le gendarme qui a « des ordres » et les exécute de peur

d’être fusillé et celui qui tabasse des femmes sans défense. Il y a les pompiers qui, malgré les

ordres, donnent à boire aux prisonniers du Vel’ d’Hiv’, et vont poster les lettres que les raflés leur

ont remises. Il y a le régime autoritaire et totalitaire de Vichy qui collabore. Il y a l'humanité des

parisiens qui aident leurs voisins, leurs amis, leurs collègues de travail, désobéissant aux lois de

Vichy.

Si La Rafle a été beaucoup critiqué, il reste néanmoins un film incontournable relatant cette

triste période de la collaboration française à ce que Hitler lui même appellait la « Solution Finale ».

Le meilleur moyen de savoir si l'émotion du docu-fiction nous gagne, c'est de le visionner.

Pour ma part, ce film ma ému et m'a fais reconsidérer l'implication de l'administration de Vichy

dans le Génocide Juif.

Si toutefois je puis me permettre une remarque : Pour ceux qui n'ont pas vu le film, il est préférable

de ne pas lire les critiques avant de le regarder pour la première fois. Elle font changer d'avis plus

d'une personne.

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Annexes

Deux autres photos de la foule entassée dans le Vélodrome d'Hiver :

Une des rares images de la

Rafle du Vel' d'Hiv' .

Les bus garé à coté du

Vélodrome

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Une dernière photographie, plus récente celle-ci

Celle du témoin, qui a raconté cette épisode de l'Histoire

Joseph Weismann :

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Bibliographie

Littérature :

Extrait et résumé de : Elle s'appelait Sarah, Tatiana de Rosnay, éditions Héloïse d'Ormesson, 2006.

Extrait et résumé de : La Grande Rafle du Vel d'Hiv : 16 juillet 1942, Claude Lévy & Paul Tillard,

Texto, mars 2010.

Extrait et résumé de : La Rafle du Vel d'hiv, Maurice Rajsfus, Que sais-je ?, Poche, octobre 2003.

Utilisation du Web :

http://www.clubic.com/

http://www.rue89.fr/ (pas très intéressant)

http://www.lesinrocks.com/

http://blogs.mediapart.fr/edition/relents-cinematographiques/article/120310/la-rafle

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rafle_%28film,_2010%29

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-129166/secrets-tournage/

http://www.allocine.fr/film/fichefilm

http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Actualite/La-rafle-du-Vel-d-Hiv

Et les différents sites des quotidiens cités dans la partie « avis partagés ».