la qualité de vie est un concept allant au-delà des
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EN QUÊTE DE VERT N° 72- VAL’HOR 1
La qualité de vie est un concept allant
au-delà des indicateurs purement éco-
nomiques.
Eurostat identifie 8+1 dimensions de la qua-
lité de vie (la 9ème étant l’évaluation indivi-
duelle de sa satisfaction à l’égard de la vie) :
-conditions de vie matérielles
-activité productive ou principale activité (y
compris l’emploi)
-santé
-éducation
-loisirs et rapports sociaux
-sécurité physique et économique
-gouvernance et droits élémentaires
-environnement naturel et cadre de vie
-satisfaction générale à l’égard la vie
Outre la dimension « environnement naturel
et cadre de vie » pouvant être directement
influencée par la présence de végétal, 3
autres des 7 composantes en particulier peu-
vent être également influencées par la pré-
sence de végétal : la santé, les relations so-
ciales/loisirs et la sécurité.
En 2013, Eurostat a introduit un module ad-
hoc qui permet de disposer d’une apprécia-
tion subjective des individus à l’égard des
différents aspects de leur vie. Les 8 dimen-
sions de la qualité de vie sont donc présen-
tées à la fois à travers des indicateurs objec-
tifs (ex : taux d’emploi) et subjectifs (ex :
satisfaction à l’égard de son emploi).
Il y a quelques semaines, Eurostat a publié le rapport « Quality of life, Facts and
views » (Qualité de vie, faits et opinions)1. En préambule, il est rappelé l’importance pour me-
surer la qualité de vie de disposer, au-delà du PIB, d’indicateurs objectifs sur les différents
aspects de la vie et de données subjectives à partir d’évaluations faites par les individus eux-
mêmes. Outre les résultats à l’échelle européenne de ces indicateurs, le rapport présente de
nombreuses corrélations entre ces résultats sur les différents aspects de vie permettant de
montrer statistiquement leur influence sur la qualité de vie.
Certaines de ces données de référence présentent un intérêt majeur pour notre argumentaire
en faveur de la promotion du végétal dans la société en particulier en ville, en ce sens qu’elles
permettent de nous situer dans le temps et par rapport à d’autres pays. Mais surtout, elles per-
mettent de rappeler que le végétal, par ses bienfaits présentés dans la publication Cité Verte
« Les bienfaits du végétal en ville »2, peut influer sur l’évolution de ces indicateurs de qualité
de vie.
Michel Audouy, Président de la Commission des Métiers du Paysage
1 Eurostat, Quality of Life, Facts and views, Edition 2015. Les données de cette publication proviennent de différentes sources du système statistique euro-péen (SSE), en particulier: les SILC (statistiques sur le revenu et les conditions de vie), la LFS (enquête sur les forces de travail) et l’EHIS (enquête européenne sur la santé), ainsi que de sources administratives et d'autres sources, telles que l'EQVE (enquête européenne sur la qualité de vie). Source : http://ec.europa.eu/eurostat/web/gdp-and-beyond/quality-of-life/data Accéder aussi à l’infographie dynamique par pays (fr). 2 Laille Pauline, Provendier Damien, Colson François, Salanié Julien, 2013, Les bienfaits du végétal en ville : étude des travaux scientifiques et méthode d’analyse, Plante & Cité, Angers, 31 p.
EN QUÊTE DE VERT N° 72 - VAL’HOR 2
Constat :
Le rapport Eurostat révèle qu’en 2013, 67,5 %
des Français se considèrent en bonne, voire
en très bonne santé. Une proportion très
proche de la moyenne européenne (67,7 %).
24,3 % des Français estiment qu’ils ont un
niveau moyen d’état de santé et 7,3 %, un
mauvais niveau. Ces résultats sont assez
stables dans le temps (graphique 1).
Enjeu :
Une mauvaise perception de la santé est for-
tement corrélée avec un faible niveau de
satisfaction à l’égard de la vie (graphique 2).
Levier : bienfait du végétal
L’accès aux espaces verts et à la nature dans
l’espace de vie contribue directement à la
santé des habitants en réduisant le stress, en
favorisant l’activité physique, en améliorant
le cadre de vie et l’état de santé ressenti.
7,7%
22,8
%
45,5
%
22,2
%
2013
8,5% 8,2% 6,7% 7,4% 8,0% 7,5% 7,5% 7,2% 7,3%
21,4% 21,2% 18,9% 22,5% 22,4% 23,9% 23,6% 23,3% 24,3%
44,3% 44,2%45,1%
44,6% 43,6% 44,3% 45,0% 43,0% 44,5%
24,3% 25,0% 28,4% 24,5% 24,9% 22,9% 22,7% 25,4% 23,0%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Mauvais Moyen Bon Très bon
EN QUÊTE DE VERT N° 72- VAL’HOR 3
Constat :
7,7 % des Français n’ont personne sur qui
compter en cas de besoin (6,7 % en UE-28).
16 % des Français se sentent un peu et 9 %
fortement en situation d’insécurité lorsqu’ils
marchent seuls la nuit (18 % et 7 % en UE-
28).
Enjeux :
Les interactions sociales ont un impact sur
la qualité de vie.
Par ailleurs, le sentiment d’insécurité peut
affecter le bien-être. Il est plus fort chez les
populations vivant en milieu urbain que ru-
ral.
Levier : bienfait du végétal
Les espaces verts, de par leur fréquentation
et les activités qui s’y déroulent, favorisent
les relations sociales entre les habitants et
contribuent ainsi à la cohésion sociale à
l’échelle locale.
Constat :
12 % des Français sont exposés à la pollution,
à la saleté et à d’autres problèmes environ-
nementaux (16 % en UE-28) (graphique 3).
En 2002, la proportion de la population ur-
baine exposée à la pollution de l’air par les
particules fines était supérieure en France
(16,5 %) à celle de l’Union Européenne (14,9
%), tandis qu’en 2012, elle est inférieure
(graphique 4). La proportion de la popula-
tion française urbaine exposée à la pollution
de l’air par les particules fines augmente
entre 2007 et 2011 puis diminue en 2012
mais sans retrouver son niveau d’avant
2008.
En matière d’environnement de vie et natu-
rel, 19,4 % des Français ont un niveau de
satisfaction bas à l’égard des zones de loisirs
et d’espaces verts (22,4 % des européens). La
note moyenne de satisfaction s’élève à 7,2
(7,1 en UE-28) (graphique 5).
18,9 19,1 18,617,6 17,7
15,9 16,3 15,6 16,0
17,115,4
16,4
14,312,9 12,9
11,7 11,3 12,0
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Zone euro (19 pays) France
19,4%
54,7%
25,9%
Bas Moyen Elevé
EN QUÊTE DE VERT N° 72- VAL’HOR 4
3 Rich Mitchell, More reasons to think green space may be equigenic – A new study of 34 Euro-pean nations, CRESH, 21 avril 2015.
Plusieurs études y compris une réalisée par
le CRESH au Royaume-Uni (Centre for
Research on environnent, society and
health) suggèrent que le contact avec la na-
ture pourrait contribuer à réduire les inéga-
lités en matière de santé.
Cependant, le CRESH considère que ces
études présentent trois limites importantes.
La première est qu’elles ne comparent pas
les quartiers avec des espaces verts avec
d’autres formes de quartiers (dont certains
peuvent avoir des boutiques ou d’autres ser-
vices). Autre limite : ces études ne portent
que sur un pays, ce qui rend difficile la géné-
ralisation des enseignements, compte tenu
des différences entre pays, telles que celles
liées à la culture. Enfin, les études existantes
portent sur les décès ou le niveau de santé
perçu, mais pas sur la santé psychologique
ou le bien-être.
C’est pour ces raisons que le CRESH a mené
une analyse à partir des résultats du rapport
Eurostat « European Quality of Life »3. Les
travaux effectués prennent en compte l’âge,
le sexe des répondants mais aussi le niveau
d’éducation, d’emploi, les maladies qui limi-
tent les activités quotidiennes et les pro-
blèmes de quartier (bruit, faible qualité de
l’air, criminalité, violence, vandalisme, dé-
chets et problèmes de circulation). L’analyse
s’intéresse essentiellement au bien-être psy-
chologique, compare plusieurs types de
quartier et observe chaque service dispo-
nible.
L’analyse révèle qu’un seul service de quar-
tier semble avoir un lien avec les inégalités
de bien-être psychologique : les zones de
loisirs et espaces verts. En effet, les inégali-
tés en matière de bien-être parmi les indivi-
dus qui ont un meilleur accès aux zones de
loisirs et espaces verts sont environ 40 %
inférieures à ceux qui ont le plus de difficul-
tés pour accéder à ces services (graphique
6).
Les chercheurs supposent que ces résultats
reflètent que les effets bénéfiques de l’usage
des zones de loisirs et espaces verts sont
ressentis plus fortement par les gens ayant
des difficultés financières et ne sont pas liés
aux différences de fréquence ou d’usage des
espaces verts entre les personnes ayant ou
pas des difficultés financières.
Ils reconnaissent toutefois que cette étude
présente aussi des limites qui ne permettent
pas de prouver directement que l’accès aux
zones de loisirs et espaces verts réduit les
inégalités de santé, mais qu’un bon accès
aux espaces verts pourrait y contribuer.
Enjeu :
En Europe, les populations vivant dans des
zones rurales sont davantage satisfaites des
zones de loisirs et espaces verts que les
autres.
De plus, les habitants ayant un faible revenu
sont davantage exposés aux problèmes envi-
ronnementaux affectant les aires urbaines.
Or, l’analyse à l’échelle européenne révèle
une corrélation inverse entre l’exposition à
la pollution et au bruit et le degré de satis-
faction à l’égard de l’environnement et les
espaces verts.
Levier : bienfait du végétal
La qualité de l’air : la photosynthèse des vé-
gétaux qui absorbe le gaz carbonique et pro-
duit de l’oxygène est essentielle à la vie sur
terre. Séquestration carbone, absorption ou
émission de polluants, la qualité de l’air ur-
bain est largement influencée par la pré-
sence de végétal en ville.