au-delà des frontières

52
Au-delà des frontières L’action internationale de la FGTB

Upload: fgtb

Post on 29-Mar-2016

231 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

L'action syndicale internationale est d'une importance cruciale pour des conditions de travail décentes et pour la justice sociale. La FGTB prône cette vision au sein de la CES, de la CSI et de l'OIT...

TRANSCRIPT

Page 1: Au-delà des frontières

1

Pour plus d’info :

FGTBRue Haute 42 | 1000 Bruxelles

Tél. +32 2 506 82 11 | Fax +32 2 550 14 [email protected] | www.fgtb.be

Toute reprise ou reproduction totale ou partielle du texte de cette brochure n’est autorisée que

moyennant mention explicite des sources.© Novembre 2010

Cover design by www.fgtb.be

Editeur responsable : Rudy De Leeuw

D/2010/1262/7

Au-delà des frontièresL’action internationale de la FGTB

Page 2: Au-delà des frontières

2

Introduction: la FGTB, un acteur mondial

1. Un peu d’histoire…

2. Syndicalisme international sur le terrain

3. Au nom de la solidarité: collaboration avec la société civile

4. Syndicat = liberté d’association. Une évidence qui ne coule pas toujours de source

5. Les droits syndicaux bafoués ou violés dans le monde entier

6. Notre activité centrale: le travail décent

7. La mondialisation demande plus de solidarité

8. ‘New Social Deal’ et ‘Global Jobs Pact’: des réponses concrètes à la crise

9. Œuvrer pour le développement durable

10. Faites l’amour, pas la guerre: paix et sécurité

11. Lutte internationale contre les inégalités hommes et femmes

12. SIDA: une maladie stigmatisante

13. Quelques organisations internationales importantes où la FGTB a son mot à dire

0305

06

08

10

12

16

2328

30

37

4043

44

Table des matières

L’équipe du département international:

➊ Stephan Galon➋ Cécile Drion➌ Thierry Aerts➍ Chris Vancoppenolle➎ Els Dirix➏ Sophie Grenade➐ Dativa Nyirahirwe ➑ Christophe Zaragoza

Rue Haute 42, 1000 BruxellesTél: 02/289 08 53, 02/289 08 57Fax: 02/550 14 09

➐➏

➑➊

➎➍

Page 3: Au-delà des frontières

3

Introduction: la FGTB, un acteur mondial

“L’action syndicale internationale est devenue un travail syndical normal dans lequel nous devrons investir.”(1) Les actions syndicales nationales et internationales sont de plus en plus liées étant donné l’européanisation et la mondialisation. Les évolutions mondiales ont un impact de plus en plus grand sur les travailleurs des pays nationaux. Nous sommes confrontés au fait que les décisions cruciales en matière d’investissements, de processus de production, de fermetures d’entreprise ne sont plus prises par les entreprises nationales. C’est pourquoi l’influence syndicale locale et nationale doit être complétée par une action syndicale internationale énergique pour combattre les conséquences de la crise économique mondiale dans les secteurs touchés (entre autres automobile, dans le textile, l’informatique,…). Un contre-pouvoir doit aussi être capable de faire face aux fusions d’entreprises multinationales et à la délocalisation d’activités vers les pays à bas salaires. C’est la raison pour laquelle la FGTB veut passer à la vitesse supérieure et investir encore davantage dans l’action syndicale internationale.

En effet, l’action syndicale internationale est d’une importance cruciale dans la lutte pour des conditions de travail décentes pour tous et pour la justice sociale, partout dans le monde. La FGTB prône cette vision depuis longtemps, au sein de la Confédération européenne des syndicats (CES), de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle agit aussi concrètement via sa coopération avec des partenaires (syndicaux) étrangers.

La FGTB aide, par exemple, les travailleurs des pays en voie de développement à créer ou renforcer leurs propres organisations syndicales. Elle soutient aussi leurs actions pour l’amélioration de leurs conditions de travail, l’augmentation de leur pouvoir d’achat, le développement d’une législation sociale, des soins de santé plus efficaces, … Autant d’actions qui visent à combattre les excès de la

(1) H. Van der Kolk, président de la FNV Bondgenoten, 2005

“ Lorsqu’un homme assiste sans broncher à une injustice, les étoiles déraillent ” Bertolt Brecht.

Page 4: Au-delà des frontières

4

mondialisation. Ce travail se fait dans le respect des valeurs de base telles que la démocratie et la paix. La paix étant, pour la FGTB, une conjugaison équilibrée de droits, de libertés démocratiques, de développement durable et de solidarité internationale.

L’action de la FGTB s’inscrit également dans la campagne internationale «Travail décent» (Decent Work = Decent Life). Partout dans le monde, même dans les pays (les plus) pauvres, les travailleurs ont droit à un lieu de travail sûr et à un revenu qui leur permet de vivre décemment et d’envoyer leurs enfants à l’école au lieu de les laisser travailler à l’usine.

Aux multinationales qui tentent de diviser les travailleurs des différents pays et continents, nous opposons une solidarité internationale concrète des syndicats et de leurs membres, un contre-pouvoir syndical qui œuvre, notamment, à la mise en place d’une réglementation sociale sur le plan international.

L’action internationale syndicale prend de l’ampleur. Le Département international de la FGTB et le Service coopération avec le Sud ne sont plus un phénomène marginal.

Dans cette brochure, nous expliquons dans quels domaines le Département international mène son action (analyses politiques, travail préparatoire, travail de représentation, lobbying, actions, manifestations,…). La brochure “Notre regard, leur regard” du Service Coopération syndicale avec le Sud (qui axe son action sur des projets concrets financés par la DGCD, la Direction générale de la coopération au développement), vient compléter les actions internationales de la FGTB.

On dit parfois “loin des yeux, loin du cœur”. Par cette brochure, nous entendons sensibiliser nos délégués et nos militants à l’action syndicale internationale. Vu les évolutions sociales et économiques, une prise de conscience et un engagement international sont plus que jamais nécessaires.

Anne DEMELENNE Rudy DE LEEUW Secrétaire générale Président

Page 5: Au-delà des frontières

5 (2) Chiffres CSI, 2010

1. Un peu d’histoire… Les syndicats ont toujours visé l’action et la solidarité internationales. Pour preuve: la fondation de la première Internationale socialiste à Londres en 1864 et d’un véritable Secrétariat syndical international à Dublin en 1901. La Première guerre mondiale mettra cependant prématurément un terme aux bonnes intentions de collaboration.

Après l’armistice, le slogan dominant est: “Plus jamais la guerre”. Le processus de paix et de reconstruction économique entraîne une nouvelle internationalisation du mouvement ouvrier. En 1919, sous la pression des ouvriers de différents pays (dont la Belgique), l’Organisation internationale du travail (OIT) voit le jour. A ce moment déjà, la nécessité de limiter, au niveau international, les pires excès du capitalisme ressort clairement.

Toute l’histoire syndicale est basée sur la collaboration internationale. Le grand point de repère est la création de la Confédération européenne des syndicats (CES) en 1973. Mais l’idée de collaborer au niveau européen faisait déjà son chemin dans les années 50.

A cette époque, le mouvement syndical ressent le besoin d’avoir un organe représentatif dans le contexte du Plan Schuman et de la création de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Par la suite, le processus d’intégration européenne permettra à la CES de s’ancrer. La FGTB était alors partie prenante avec Georges Debunne, qui a joué un rôle moteur (et qui fut, par ailleurs, président de la CES, plus tard, de 1982 à 1985).

Le 1er novembre 2006 est une autre date cruciale, avec la fondation de la Confédération syndicale internationale (CSI) née de la fusion de deux grandes coupoles syndicales, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) créée en 1949, dont l’un des fondateurs était la FGTB et la Confédération mondiale du travail, dont la CSC était membre.

La CSI représente actuellement 176 millions de travailleurs, avec 312 syndicats affiliés dans 156 pays(2) et territoires. Pas mal pour un groupe de pression qui parle maintenant d’une seule voix aux plus hauts niveaux de pouvoir.

Les employeurs, eux, étaient organisés au niveau international depuis longtemps. Ils ont donc eu un impact énorme sur des institutions comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). Il est donc essentiel d’avoir un contrepouvoir syndical pour obtenir de meilleures conditions de vie et de travail, des salaires décents et une réglementation internationale.

Le développement et le renforcement d’un contrepouvoir syndical (syndicalisme de réseau) se fait également par le biais des syndicats professionnels, auxquels les différentes centrales sont affiliées: les Global Unions. Quelques exemples d’actions couronnées de succès:

• la fédération internationale des ouvriers du transport conclut, depuis plus de 50 ans déjà, des Conventions collectives de travail internationales pour les marins qui naviguent sous pavillon de complaisance;

• en 2000, l’Internationale des syndicats de l’enseignement a lancé une campagne mondiale de lutte contre l’analphabétisme.

Les négociations pour une meilleure réglementation internationale, surtout en termes de conditions de travail et de droits syndicaux, passent toujours par l’Organisation internationale du travail.

Page 6: Au-delà des frontières

6

2. Syndicalisme international sur le terrainC’est par des contacts et projets internationaux (surtout dans les pays en voie de développement, mais aussi dans quelques pays de l’ancien bloc de l’Est) que le syndicalisme international se développe. Il est notamment question de:

• soutien politique: pour faire pression sur les gouvernements et hommes politiques peu respectueux de la liberté d’association ou d’autres droits des travailleurs. Pensons par exemple au cahier de revendications de la CSI (avec l’apport notable de la FGTB) pour lutter contre la crise économique mondiale, à la suite de la réunion du G20 (les 20 grandes puissances économiques et l’Union européenne) à Londres (début avril 2009);

• soutien financier: pour permettre le développement (ultérieur) des syndicats;

• soutien technique: formation de représentants syndicaux dans des matières essentielles pour la défense des intérêts des travailleurs (cf. conventions de l’OIT sur le travail et la concertation sociale, systèmes de sécurité sociale, négociations de CCT, concepts économiques de base, … mais aussi, par exemple, des aspects tels que la sécurité sur les lieux de travail et les soins de santé).

Page 7: Au-delà des frontières

7

Quelques exemples de projets mis sur pied par la FGTB ou l’une de ses centrales, avec un partenaire syndical local:

• en Afrique du Sud: lutte contre le SIDA sur les lieux de travail dans les secteurs de la construction, des services et du textile;

• au Malawi: accent sur l’émancipation des femmes et syndicalisme dans le secteur de l’alimentation;

• au Pérou: projets pour accroître la sécurité dans le secteur de la construction;

• en Colombie: accent sur les droits de l’homme et syndicaux et démocratie sociale (ce qui n’est pas une sinécure dans ce pays, cf. les rapports annuels de la CSI sur la violation des droits syndicaux);

• en Palestine: mise sur pied et développement d’une structure syndicale, avec la fédération syndicale palestinienne PGFTU.

Pour plus d’informations, nous vous renvoyons à la brochure “Notre regard, leur regard” du service Coopération syndicale avec le Sud de la FGTB, ainsi qu’aux publications des centrales FGTB concernées.

Page 8: Au-delà des frontières

8

3. Au nom de la solidarité: collaboration avec la société civileLes campagnes de solidarité avec les personnes ou organisations poursuivies en raison de leur travail syndical, ou les campagnes pour faire respecter les droits de l’homme ou du travail, font partie de l’action quotidienne de la FGTB. Quand des actions sont menées, la FGTB est souvent en première ligne.

Ces dernières années, un nombre croissant de campagnes internationales ont été menées à l’initiative ou avec la collaboration active d’organisations extérieures au mouvement syndical. Associations de lutte pour la défense des droits de l’homme, organisations actives dans la coopération au développement, organisations de consommateurs et environnementales et autres mouvements de la société civile sensibilisent et mobilisent de plus en plus l’opinion publique aux thèmes qui, traditionnellement, font partie du travail syndical au sens large du terme.

Même si l’impact du travail sur le terrain effectué par les syndicats à l’étranger n’est pas à négliger, il est un fait que les syndicats ne possèdent pas le monopole de la solidarité. Une collaboration solide avec des mouvements et organisations qui partagent nos valeurs essentielles s’impose donc. Dans plusieurs domaines, on lutte pour un monde meilleur, et socialement plus équitable. Nous devons donc unir nos forces. Parce qu’ ensemble, on est plus forts! A ce sujet, par principe, la FGTB respecte la spécificité des différents mouvement sociaux.

Page 9: Au-delà des frontières

9

Il existe d’ailleurs des alliances avec les ONG, des mouvements tels que Attac et des organisations coupoles comme le CNCD (Centre national pour la coopération au développement) et son pendant néerlandophone, 11.11.11. Pensons par exemple à l’intérêt de la participation – à côté de la participation des syndicats – des ONG et d’autres organisations aux forums sociaux (au niveau national, mais aussi au niveau européen et mondial, comme fin janvier 2009, dans la ville brésilienne de Belém). Pensons aussi aux actions et manifestations, comme celles autour de la crise, début avril 2009 à Londres (en marge du G20). Ces associations visent également la mondialisation socio-économique et jouent un rôle crucial dans la défense des droits de l’homme, des groupes de citoyens vulnérables, des consommateurs ou de l’environnement. Ce sont nos partenaires naturels.

Les campagnes Vêtements propres, la Marche globale contre le travail des enfants, Un monde à retravailler, Pour l’annulation de la dette du Tiers-monde, Nous ne sommes pas des marchandises, Play Fair (sur les droits des travailleurs et les conditions de travail dans la production du matériel de sport en Chine, dans le cadre des Jeux olympiques de 2008) ou encore la campagne Travail décent (2009) sont d’excellents exemples de collaboration entre syndicats et ONG. Grâce à ces campagnes, de solides alliances ont pu se tisser entre le mouvement syndical et la société civile. Pour la FGTB, elles sont autant d’opportunités de continuer à remplir ses missions. C’est également le cas quand la FGTB participe à la lutte contre le racisme et la discrimination dans la société (un bon exemple est l’implication de notre organisation en faveur de la régularisation des sans-papiers).

En outre, la FGTB collabore de façon permanente avec les ONG comme SolSoc (Solidarité socialiste) et FOS (Fonds voor ontwikkelingssamenwerking).

Page 10: Au-delà des frontières

10

4. Syndicat = liberté d’association. Une évidence qui ne coule pas toujours de sourcePartout dans le monde, des hommes et des femmes sont assassinés, brutalisés, incarcérés, licenciés ou victimes de harcèlement uniquement parce qu’ils veulent concrétiser leurs idéaux de solidarité, de paix, de démocratie, de travail humain et de répartition équitable de la richesse par le biais d’un syndicat.

En s’organisant, les travailleurs prennent conscience de leurs droits, ils peuvent faire connaître leurs problèmes et mettre les pouvoirs publics et les employeurs sous pression. Là où les travailleurs peuvent s’unir, ils peuvent clairement faire comprendre qu’ils ne sont pas des outils.

La liberté d’association et d’affiliation à un syndicat sans l’autorisation de tiers est l’un des fondements d’une société libre et démocratique. C’est là que le bât blesse. Dans notre pays, le droit d’association est garanti par la Constitution depuis 1830 déjà(3), tout comme la liberté d’expression et la liberté personnelle. Mais dans d’autres pays, la situation est tout autre.

Au niveau mondial, la convention 87 de l’OIT (datant de 1948 déjà) est très importante. Cette convention fixe plusieurs garanties pour le fonctionnement libre des syndicats sans immixtion des pouvoirs publics ou des employeurs. Malheureusement, les normes de l’OIT ne sont pas contraignantes. Des pays comme la Chine, l’Inde le Brésil et les USA n’ont toujours pas ratifié la convention sur la liberté d’association de l’OIT. Par conséquent, plus de la moitié des travailleurs du monde ne peuvent toujours pas s’associer. Il y a donc encore du pain sur la planche pour le syndicalisme international. La reconnaissance et, surtout, le respect des droits des travailleurs constituent le pilier central du travail syndical international aux yeux de la FGTB.

4. Syndicat = liberté d’association. Une évidence qui ne coule pas toujours de source

(3) Art. 20 Constitution «Les Belges ont le droit de s’associer; ce droit ne peut être soumis à aucune mesure préventive». Il faudra cependant attendre 1921 pour que cette disposition soit concrétisée et garantie par le législateur.

Page 11: Au-delà des frontières

11

L’Employee Free Choice Act (USA)

Aussi étonnant que cela puisse paraître, même aux Etats-Unis, le pays super démocratique par excellence, le respect des droits fondamentaux des travailleurs (le droit de créer des syndicats, de négocier avec l’employeur sans crainte ni intimidations) n’est pas toujours garanti. Les employeurs restent totalement opposés à toute réforme qui donnerait plus de possibilités aux travailleurs de s’organiser, voire de décider eux-mêmes s’ils souhaitent une représentation syndicale. Sous l’impulsion de la CSI et des Global Unions, en 2009, une action de solidarité avec les syndicats américains a été organisée dans le monde entier. L’on a également appelé à ratifier au Parlement le Employee Free Choice Act’ (EFCA), que le président Obama soutient ouvertement. [■]

USA: Employee free choice act

Page 12: Au-delà des frontières

12

5. Les droits syndicaux bafoués ou violés dans le monde entierAvec le droit aux négociations collectives et le droit de grève, la liberté d’association fait partie des droits syndicaux fondamentaux. Elle recouvre la liberté de s’affilier à un syndicat qui doit avoir le droit de défendre, en tant que groupe, les intérêts communs des travailleurs affiliés. Sans ce droit collectif, un syndicat ne peut s’organiser de façon indépendante.

Bien que les normes fondamentales du travail et d’organisation de l’OIT soient universelles, les violations de la liberté d’association et du droit aux négociations collectives restent monnaie courante. Le rapport annuel de la Confédération syndicale internationale dit clairement qu’en 2008, des droits syndicaux ont été bafoués par des lois limitant ces droits, par des actes d’intimidation et de violence. En 2007, 91 syndicalistes ont perdu la vie, contre 76 en 2008. Le pays le plus dangereux pour les syndicalistes est la Colombie. En 2008, 49 militants ont été assassinés, soit un quart de plus qu’en 2007. La Guinée et le Guatemala ont rejoint en 2007 le Top trois des pays anti-syndicalistes. En 2009, des syndicalistes ont été assassinés aux Philippines, au Népal, au Nigéria et au Zimbabwe.

Attentats, disparitions, menaces de mort, impunité des auteurs,… Dans de nombreux pays, la lutte pour la protection sociale des travailleurs reste un enfer. Mais les droits syndicaux ne sont pas menacés que dans ces pays. La crise financière et économique mondiale pèse dans le monde entier sur les droits syndicaux. Ainsi, en 2008, 8.000 travailleurs ont été licenciés en raison de leurs activités syndicales. Avec quelque 2.000 licenciements, la Turquie remporte la palme.

La FGTB insiste auprès des pouvoirs publics et des entreprises pour qu’ils respectent les normes du travail reconnues au niveau international. En 2009, ceci a plus ou moins été fait vis-à-vis des

Page 13: Au-delà des frontières

13

autorités en Israël, en Iran (à plusieurs reprises même), en Colombie et au Honduras. La FGTB se mobilise aussi pour que les auteurs d’actes de violence à l’encontre des militants syndicaux soient poursuivis, ce qui est loin d’être la cas partout.

Mais le travail de lobbying contre les violations des normes du travail donne des résultats. Ainsi, sur l’insistance de la CSI, il y a désormais un représentant permanent de l’OIT en Colombie. Cette personne suit la situation dans le pays de près. Pour la FGTB, la Colombie reste une des zones d’action syndicales prioritaires.

Tant que les droits syndicaux de base continueront à être violés, les travailleurs continueront à être malmenés. Les travailleurs sont mis en concurrence les uns avec les autres et sont considérés par de nombreux employeurs (pas par tous, fort heureusement) comme des outils. Avec comme conséquence une pression constante au niveau mondial sur les salaires, les acquis sociaux, l’informalisation du travail, une flexibilité croissante imposée etc. De plus, certains employeurs se servent de la situation économique (utilisant le prétexte de la nécessité apparue à la suite de la crise mondiale ) pour tenter de rogner davantage encore le travail syndical.

Rappel à l’ordre de l’Organisation internationale du travail

Bien que les médias soient très discrets sur le sujet, le travail réalisé par l’OIT est très important. L’OIT est bien plus qu’un organe consultatif. En effet, aux conférences annuelles, les syndicats négocient des conventions contraignantes pour les pays affiliés. Parallèlement, des Recommandations sont formulées. Il s’agit de lignes directrices, non-contraignantes, elles, qui complètent généralement les Conventions.

En outre, les gouvernements des pays membres de l’OIT doivent faire un rapport régulier sur la mise en œuvre des traités, en concertation avec les syndicats et les employeurs. A cet égard, aucune véritable sanction pour violation n’est prévue, on applique plutôt le principe du naming and shaming. Les pays n’apprécient pas d’être publiquement mis sur la sellette. Mais cela se fait. A la conférence de l’OIT de juin 2009, ce fut le cas pour la Turquie (violences à l’encontre des syndicats, incarcération de militants syndicaux), la Colombie (nombreux assassinats impunis de syndicalistes), la Russie (travail des enfants) et Israël (droits des travailleurs palestiniens). La Belgique aussi fut rappelée à l’ordre. En effet, l’attitude des employeurs qui tentent de plus en plus d’entraver l’exercice du droit de grève – si nécessaire avec l’aide des juges et huissiers – a été pointée du doigt. Les événements qui se sont produits dans les filiales de Carrefour ont marqué les esprits .

Le rapport annuel de la CSI sur la violation des droits syndicaux dans le monde peut être consulté sur le site de la CSI (www.ituc-csi.org). [■]Sensibilisation sur le travail des enfants dans les

plantations de cacao (Horval)

Page 14: Au-delà des frontières

14

Colombie: STOP aux assassinats de syndicalistes

Iran: action pour la libération du syndicaliste Mansour Osanloo

Page 15: Au-delà des frontières

15

La mondialisation de l’économie met la pression sur le marché du travail et sur les droits des travailleurs. La crise économique et financière entraîne une augmentation des restructurations et délocalisations, mais aussi la sous-traitance des activités, tout en favorisant le phénomène des faux-indépendants.

Nous ne pouvons assister les bras croisés à cette évolution. Davantage de travail syndical, au niveau international, mais aussi chez nous, est nécessaire. En Asie, en Afrique et dans certains pays d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud surtout, un important travail syndical de mobilisation et d’organisation s’impose. Un taux de syndicalisation le plus élevé possible, au Nord et au Sud, constitue, plus que jamais, une absolue nécessité.

Cela semble peu, mais…

Ecrire au ministre belge des Affaires étrangères, à un chef d’Etat ou un ambassadeur, mener une action de protestation devant une ambassade ou un consulat pour dénoncer l’incarcération de militants syndicaux… Toutes ces initiatives sont peut-être des démarches insignifiantes aux yeux de certains. Pourtant, des hommes et femmes ont pu garder leur liberté et ont parfois vu leur vie sauvée grâce à ces initiatives. Pour la FGTB, la défense des droits syndicaux n’est pas une affaire abstraite. Les militants de Colombie, du Congo et d’Iran peuvent en témoigner. [■]

Page 16: Au-delà des frontières

16

6. Notre activité centrale: le travail décent Malgré une augmentation sans précédent des richesses à l’échelle mondiale, 40 % des travailleurs dans le monde vivent avec moins de 1 dollar par jour. Une part sans cesse croissante des profits des entreprises est absorbée par les actionnaires au détriment des salaires des travailleurs. C’est pour répondre à cette injustice que l’Organisation internationale du travail (OIT) a défini en 1999 le concept du «travail décent».

Le concept de travail décent repose sur quatre piliers:

1. garantir un revenu qui permet de satisfaire les besoins essentiels;

2. respecter les libertés syndicales;

3. assurer un système de protection sociale;

4. construire le dialogue social.

Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il implique la possibilité d’accéder à un travail productif et justement rémunéré, il implique aussi la sécurité sur le lieu de travail et une protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’intégration sociale, la liberté d’exprimer ses revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent sa vie. Il vise aussi l’égalité des chances et de traitement pour tous, femmes et hommes.

Selon l’OIT, la promotion du travail décent pour tous dans le monde contribue à une mondialisation équitable, associant performance économique et justice sociale. Plus encore, travail et salaire décents sont des conditions indispensables pour réaliser les Objectifs du Millénaire de façon durable. En effet, là où le travail décent fait défaut, le niveau et la qualité de vie des femmes et des hommes sont nettement moins bons (pauvreté, maladies, inégalités, exploitation, …). Le travail décent est un important levier dans la lutte contre la pauvreté. Sans un socle de droits du travail d’application à tous, partout dans le monde, il ne sera pas possible de réduire (d’ici 2015) de moitié la pauvreté (ce qui constitue un des huit objectifs du Millénaire).

Travail décent: la définition de l’OIT

D’après l’OIT, le travail décent résume «les aspirations des êtres humains au travail, leurs aspirations à accéder à un emploi et à une juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d’expression et de reconnaissance, à bénéficier d’une stabilité familiale et d’un développement personnel, de justice et d’égalité entre les sexes». [■]

Page 17: Au-delà des frontières

17

Pas étonnant donc que l’OIT et la CSI aient proposé de reprendre le travail décent comme neuvième objectif du Millénaire (voir cadre), mais cette proposition n’était pas réalisable. Les deux organisations ont continué à insister sur la nécessité du travail décent, ce qui a abouti à un compromis honorable en 2008: chaque objectif du Millénaire doit obligatoirement intégrer les aspects liés au travail et au revenu. En d’autres termes, les objectifs poursuivis par le travail décent sont aujourd’hui une condition fondamentale à la réalisation des huit objectifs du Millénaire des Nations Unies.

6.1. Travail décent = revenu décent = vie décente, mais …Le travail est universellement reconnu comme très important dans la vie d’un citoyen. Un emploi est synonyme de revenu, de contact social, de sécurité. De plus, le travail joue un rôle non négligeable dans l’épanouissement de la personne. Pourtant, l’emploi manque et notre société ne réussit pas à garantir l’(égalité d’) accès à un travail décent à tous.

Selon l’OIT, pendant la période de 1997 à 2007, le nombre de personnes actives (de 15 à 64 ans) a augmenté à 3 milliards. Pendant cette même période, le nombre de demandeurs d’emploi (enregistrés) a augmenté à 200 millions. Suite à la crise économique, ce nombre a encore augmenté de plusieurs millions et de nombreuses personnes, privées de tout revenu, n’ont eu d’autre choix que d’essayer de survivre en étant, dans certains cas, réduites à la mendicité.

Les objectifs du Millénaire

En septembre 2000, les 191 Etats Membres de l’ONU ont ratifié la Déclaration du Millénaire et se sont engagés à s’attaquer aux problèmes les plus importants (pauvreté, maladies, inégalité, problèmes environnementaux) et à atteindre, d’ici à 2015, les huit objectifs suivants : réduire de moitié la pauvreté, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes, réduire la mortalité des enfants, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies mortelles, assurer un environnement durable à davantage de personnes, mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

En 2008, le travail décent a été reconnu comme un levier indispensable dans la lutte contre la pauvreté et a donc été intégré dans chacun des objectifs du Millénaire. [■]

Page 18: Au-delà des frontières

18

Par ailleurs, un emploi n’est pas toujours synonyme de revenu décent. Environ 500 millions de travailleurs ne disposent même pas de un dollar par jour par membre de la famille. Près de 1,3 milliards de travailleurs dans le monde sont dans l’incapacité de gagner suffisamment pour être au-dessus du seuil de pauvreté de deux dollars par jour. La plupart de ces travailleurs ne trouvent pas d’emploi dans l’économie formelle, bien structurée. Ces personnes encourent le risque d’exploitation et de situations sociales intolérables dont les enfants, les femmes et les minorités ethniques sont les principales victimes.

Dans l’économie formelle, tout n’est pas rose non plus : chaque année, des centaines de milliers de travailleurs sont victimes d’un accident du travail, souvent avec issue fatale. En Chine, dans l’industrie minière, le bilan humain est sinistre.

Des millions de travailleurs sont sous-payés, des travailleuses sont discriminées, les syndicats libres sont toujours interdits dans nombre de pays et de secteurs. En Belgique aussi, le nombre d’emplois précaires est en augmentation. De plus en plus de travailleurs ont un contrat temporaire, sous-payé et sans sécurité d’emploi.

Les mutations économiques engendrées par la mondialisation ont donc un impact direct sur le monde du travail. La course effrénée à la rentabilité et la productivité au moindre coût s’est faite aux dépens des travailleurs qui subissent les menaces de délocalisations, les pressions diverses sur les conditions de travail et une précarisation des salaires souvent peu adaptés aux réalités socio-économiques actuelles.

Saviez vous que …

6.000 personnes meurent chaque jour des suites de maladies ou d’accidents liés au travail.

1,8 milliard de personnes travaillent sans contrat ni protection sociale. Dans des pays où il n’existe aucune protection sociale, perdre son emploi est dramatique : un travailleur âgé, malade ou une travailleuse enceinte se retrouvent souvent sans revenu.

12 millions de personnes subissent un travail forcé .

A cause de la crise économique, le nombre de travailleurs pauvres risque de s’accroître de 200 millions.

115 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire, ne sont pas scolarisés.

Source: folder Oxfam “les travailleurs ne sont pas des outils“, 2009. [■]

Travail décent et réponses à la crise,

9 octobre 2009: rassemblement des militants, Tour & Taxi.

Page 19: Au-delà des frontières

19

6.2. Une campagne mondiale L’idée d’une campagne mondiale sur le travail décent a été avancée en 2007 par la CSI au Forum social mondial à Nairobi. La FGTB a réagi positivement à cet appel, elle participe à la campagne (qui a débuté en mai 2009) avec les autres syndicats belges, avec FOS/SolSoc, WSM (Wereldsolidariteit/Solidarité mondiale) et le CNCD – 11.11.11 (la coupole d’ONG). Les slogans de cette campagne sont “Les travailleurs ne sont pas des outils” et “Les travailleurs ne sont pas des outils, enfonçons le clou”. Entre-temps, le 7 octobre a été déclaré Journée internationale du travail décent .

Il est clair que le contexte de cette problématique est international. Si les États s’engageaient à coopérer pour garantir les normes favorisant l’émergence de conditions de travail décentes, les travailleurs ne seraient plus considérés comme de simples outils censés créer de la croissance économique mais comme des citoyens ayant le droit de vivre décemment de leur travail, tant au Nord qu’au Sud. Hélas, la réalité est souvent bien différente.

Le rapport annuel de la CSI contient des exemples assez éloquents, parmi lesquels la situation des travailleurs dans les ateliers installés dans les zones franches en Amérique centrale. Les entreprises installées dans ces zones bénéficient d’une exonération totale d’impôt. La production principale est constituée par la confection textile, destinée à l’exportation. Non seulement les travailleurs ne bénéficient d’aucune protection sociale mais toute initiative syndicale est étouffée dans l’œuf. Ces zones franches

(zones de non droit) existent également ailleurs dans le monde, avec toutes les conséquences sociales néfastes qui s’ensuivent.

La situation du personnel domestique (pr incipalement des travail leuses asiatiques émigrées vers les Etats du Golfe) qui se retrouve, le plus souvent, sans protection sociale, suscite également des inquiétudes. En Afrique et dans le Sud-est asiatique, la situation de ces personnes est également alarmante.

Page 20: Au-delà des frontières

20

6.3. Core business de la FGTBLe thème du travail décent englobe la quasi-totalité des aspects liés à la politique syndicale et des points d’attention des syndicats (emploi, droits syndicaux, libertés syndicales, protection sociale, solidarité internationale, …). Ce thème fait donc partie des priorités de la FGTB qui, avec la CSC, la CGSLB, FOS et WSM, a déjà mené des actions dans les entreprises sous le slogan “Ensemble, les travailleurs ne seront plus des outils” (mai 2009). Le meeting syndical “Travail décent contre la crise – les travailleurs ont déjà payé” organisé par la FGTB et la CSC à Bruxelles (le 9 octobre 2009) avait pour but de sensibiliser les travailleurs, les employeurs et aussi les pouvoirs publics, tout en situant la problématique dans son contexte international.

Des actions de sensibilisation sont importantes, tout comme une attention constante, des efforts permanents en faveur du travail décent, le tout en fonction des quatre objectifs à poursuivre:

• créer des emplois, booster les entreprises;

• assurer une bonne protection sociale;

• promouvoir une bonne gouvernance et le dialogue social;

• respecter les droits fondamentaux des travailleurs et des normes de travail.

La problématique du travail décent n’est pas seulement internationale et mondialisée, c’est aussi, et surtout, l’affaire des politiciens locaux et nationaux qui promulguent et appliquent les lois (entre autres celles relatives aux droits sociaux). Tant au Nord qu’au Sud, les politiciens doivent veiller au respect de la législation et, si nécessaire, rendre la réglementation contraignante. Fait positif:

Manifestation du syndicat turc

Haïti: ”Le 1er mai est le jour de la bataille des ouvriers contre les patrons”

Page 21: Au-delà des frontières

21

en juillet 2009, le parlement belge a adopté une Résolution demandant au gouvernement fédéral d’accorder, une place centrale aux normes sociales et au travail décent, en particulier, dans la politique étrangère de la Belgique. Cette Résolution demande aussi au gouvernement d’être attentif au travail décent dans sa politique de coopération au développement.

Il va de soi que le mouvement syndical a un rôle à jouer pour stimuler ce type d’initiatives et en surveiller le respect. Ceci explique une fois de plus la raison pour laquelle la FGTB accorde tant d’attention au concept du travail décent.

6.4. La campagne Vêtements propresL’industrie du textile et de la chaussure (principalement des articles de sport) sont des exemples classiques de la mondialisation. En effet, aujourd’hui, les vêtements sont de vrais produits mondiaux : fabriqués et confectionnés dans une partie du monde, vendus et portés dans l’autre. La concurrence énorme a cependant un impact sur les conditions de travail : petits salaires, longues journées de travail, ateliers mal éclairés et mal aérés, travail des enfants, peu (voire pas) de protection sociale, mesures de répression du travail syndical, …. Les femmes (85% des travailleurs actifs dans ces secteurs, soit 40 millions de femmes) sont touchées plus durement encore et leur salaire est inférieur à celui de leurs collègues masculins.

Pas étonnant donc que les syndicats, les ONG, et les autres associations s’unissent sur le plan international pour améliorer les conditions de

La brochure «Nous voulons des vêtements propres»

La brochure Nous voulons des vêtements propres (novembre 2008) de la Campagne Vêtements propres nous propose de porter un autre regard sur les marques et les enseignes de sport et de mode, au départ d’une enquête menée auprès de 33 entreprises présentes sur le marché belge. Pas de liste noire, mais des profils nuancés. On pouvait s’y attendre, les enseignes présentes chez nous s’approvisionnent massivement en Chine. Par contre, plus surprenante est l’adoption quasi générale par ces entreprises d’un code de conduite. Quant à mettre en application ces beaux principes, c’est une autre histoire, les entreprises font preuve de peu de dynamisme. Elles ne se distinguent pas non plus par la force de leurs engagements en faveur des droits des travailleurs ou de l’information (et de transparence) à l’égard des consommateurs. Autre point faible : la participation des travailleurs à la politique de l’entreprise. Il est clair que les entreprises de l’habillement ont besoin d’incitants supplémentaires pour faire évoluer positivement les droits de leurs travailleurs. Plus d’info sur: www.vetementspropres.be. [■]

Page 22: Au-delà des frontières

22

travail et de vie au travail dans l’industrie du textile et de la chaussure. Il s’agit de favoriser «l’empowerment» de ces travailleurs (autonomisation, émancipation), par des actions positives ou encore via le boycott d’une marque ou d’une chaîne de distribution ou de magasins. Toutes ces actions visent à obliger les entreprises à reconnaître leur responsabilité sociale et à l’assumer.

6.5. Vêtements propres au travail Dans nombre d’entreprises (secteur privé et public) l’employeur fournit des vêtements de travail à ses ouvriers (salopettes, vêtements de sécurité, tabliers, t-shirt, etc.). Lors de l’achat, il est tenu compte de la qualité, du prix, du facteur de protection, du modèle, des instructions de lavage mais rarement, voire pas du tout, des conditions de travail .

Dans la plupart des zones franches ou d’exportation, celles-ci sont mauvaises. La campagne Vêtements propres au travail vise à sensibiliser les militants FGTB, en associant information et actions. Ainsi, la FGTB encourage ses délégués à demander, via le Conseil d’entreprise ou le Comité pour la prévention et la protection au travail, des informations sur l’origine et les conditions de fabrication de leurs vêtements de travail. La FGTB souhaite que les employeurs demandent à leurs fournisseurs de signer une déclaration garantissant que les fabricants de ces vêtements respectent les normes de l’OIT et de faire contrôler ceci par un organisme de contrôle indépendant des entreprises dans le secteur de l’habillement, comme la ‘Fair Wear Foundation’.

Ce que nous ne voulons pas …

“ Si l’exploitation du personnel était une discipline olympique, les grandes marques de vêtements de sport engrangeraient sans peine une moisson de médailles”. Telle était la conclusion assez cynique d’un rapport commun (Play Fair at the Olympics, ou ‘jouez le jeu pour les JO, avril 2005) des syndicats et ONG sur le non respect des droits des travailleurs de l’industrie des vêtements et chaussures de sport. Les exemples de ces violations ne manquent pas : en Chine, les ouvriers d’une usine de fabrication de casquettes Umbro sont forcés de travailler 70 heures par semaine. A Bangkok, les usines qui fabriquent des articles des marques Fila et Nike tournent nuit et jour. En Bulgarie, les ouvriers des usines de vêtements Puma qui refusent de prester des heures supplémentaires sont punis d’une amende ou se font tout simplement licencier. Et il y a bien d’autres exemples.

En 2009, la situation ne s’est guère améliorée. Bien au contraire, l’augmentation de la concurrence a déclenché une sous-enchère des prix, les entreprises s’efforçant de gagner des parts de marché en se livrant une guerre des prix sans merci : dans des pays comme le Bangladesh, l’Inde et le Sri Lanka les salaires ont encore baissé. Un piqueuse gagne à peine 5 centimes d’euro par T-shirt. Et des semaines de travail de 70 heures sont normales. Bref, tout ce que nous ne voulons pas … [■]

Page 23: Au-delà des frontières

23

La mondialisation, ça ne me concerne pas?

Notre aéroport national est australien et le port d’Anvers est en partie Singapourien. Notre électricité et notre eau viennent en partie de France, notre gaz d’Italie. L’acier et le diamant viennent d’Inde, l’assemblage des voitures se fait en Amérique, en Allemagne, au Canada ou en Autriche Et notre plus grande banque est désormais française. [■]

7. La mondialisation demande plus de solidaritéLes activités sociales et économiques dépassent les frontières nationales depuis bien longtemps. Par le biais de la Confédération européenne des syndicats, la FGTB aide à placer la barre plus haut dans le contexte de la nouvelle Europe, ce qui est loin d’être toujours évident dans certains anciens pays de l’Est. Mais c’est une lutte indispensable et la FGTB internationale s’y investit pleinement !

La mondialisation est une réalité économique aux conséquences sociales, souvent néfastes, considérables. Alors que la mondialisation a engendré de nouveaux riches et une plus grande classe moyenne à l’échelle mondiale, le pouvoir d’achat de l’immense majorité des travailleurs n’a pas augmenté.

“Zone Franche” rassemblement des militants 09/10/2009 - Tour & Taxi

Page 24: Au-delà des frontières

24

Les produits et les services s’internationalisent rapidement.

La plupart des pays du Sud ne progressent pas, au contraire : l’écart entre la tête et la queue du peloton économique ne cesse de se creuser, notamment suite à la crise qui sévit depuis 2008. En outre, la concurrence impitoyable remet en cause nos propres acquis sociaux.

L’économie mondiale n’est pas au service de l’intérêt général, elle vise une maximisation des bénéfices favorisée par les règles de l’économie de marché. Toutefois, on a tendance à oublier que ces règles ne sont pas des lois naturelles, mais des normes pensées et dictées par une vision libérale de l’économie et du travail.

Il y a quelques années, le journaliste Dirk Barrez a donné une description parfaite de la problématique. Selon lui, le manager veut saisir les chances qui se présentent sur le marché mondial de plus en plus libre. Il cherche évidemment de bonnes infrastructures, des travailleurs bien formés, dévoués et productifs, une sécurité juridique et pas trop de corruption. En même temps, il cherche les matières premières les moins chères, la main d’œuvre la moins coûteuse, les impôts et les cotisations de sécurité sociale les moins élevés, un capital bon marché et, de préférence, des bénéfices exempts d’impôts. Ensuite, les managers regardent surtout les coûts, en ne considérant plus les travailleurs comme du capital humain mais comme un coût dans lequel il faut sabrer. Ils sont donc à l’affut de lieux peu coûteux où ils peuvent employer des travailleurs moins chers et qui jouissent de moins de droits .

Les activités économiques se déplacent de plus en plus rapidement à travers le monde, à la recherche de lieux de production moins chers. C’est la délocalisation. Elle frappe des millions de travailleurs, des pays riches comme des pays pauvres. De grandes entreprises (multinationales) font de plus en plus appel à la sous-traitance. Elles répartissent la chaîne de la production en plusieurs maillons, ce qui permet de transférer assez facilement des entités plus petites vers d’autres entreprises ou régions. La délocalisation

(4) Dirk Barrez, Delokalisatie. Mens en samenleving als speelbal van de economie (Palabrief 23, 2005)

Page 25: Au-delà des frontières

25

Un exemple frappant de délocalisation chez nous: Philips

Fin 2002, Philips Hasselt a fermé ses portes: 1400 travailleurs se sont retrouvés sur le carreau. Dans un premier temps, l’usine a été délocalisée en Hongrie. Ensuite, elle a été transférée en Roumanie et en Ukraine (où les salaires et les coûts de production étaient encore plus bas). Finalement, Philips a décidé d’installer la production en grande partie à Shanghai. Les travailleurs y prestent plus de 40 heures par semaine pour quelque 70 euros nets par mois. En outre, la sécurité sociale et la participation syndicale y sont presque inexistantes. Une autre usine du groupe Philips établie à Turnhout (fabrication d’ampoules) a également délocalisé une grande partie de sa production en Pologne et en Chine. [■]

permet aux entreprises d’économiser sur les coûts et sur les cotisations sociales et de se soustraire plus facilement à leurs responsabilités pour les pratiques immorales (de mauvaises conditions de travail, travail sous-payé, travail des enfants…).

Un autre phénomène de la mondialisation est l’outsourcing ou l’externalisation. Des entreprises occidentales sous-traitent à grande échelle des missions et des emplois, notamment dans le secteur IT, à des pays asiatiques, particulièrement en Inde et en Chine. C’est également le cas de certaines grandes entreprises belges telles que Bekaert, Colruyt, Belgacom et Axa. Elles affirment que, même en temps de crise, il est difficile de trouver suffisamment d’informaticiens qualifiés. Ce que l’on sait avec certitude en tout cas, c’est que, dans ces pays-là, la prestation de services coûte beaucoup moins cher que chez nous et les employeurs ont bien moins de règles à respecter….

Dans ces circonstances, bon nombre de travailleurs ont du mal à ne pas considérer leurs collègues d’autres pays comme des concurrents. Mais la FGTB s’oppose à cette tendance des entreprises à monter les travailleurs des différents pays les uns contre les autres, en proposant une solidarité internationale concrète, ce qui nous ramène à la clé de voute de l’action du département international de la FGTB: le travail décent.

Page 26: Au-delà des frontières

26

7.1. La FGTB dit non au nationalisme, au protectionnisme et au dumping social Un autre danger nous menace. Les tentations nationalistes et populistes sont grandes et, en périodes de crise, les positions simplistes ont beaucoup de succès. Les démons des années 30 nous guettent. Hélas, nous ne savons que trop bien à quoi mènent ces positions.

La FGTB continuera à s’opposer, avec tous les moyens dont elle dispose, à tous ceux qui prétextent la crise pour monter les travailleurs les uns contre les autres et semer la division. Les travailleurs souffrent déjà assez des conséquences de la mondialisation néolibérale. La situation chez Opel ou chez Arcelor est, à cet égard, éloquente. La lutte contre le dumping social est un combat fondamental : nous réclamons partout un salaire égal pour un travail égal.

En outre, la FGTB restera vigilante par rapport au danger de réactions politiques extrémistes en lien avec le chômage massif et l’exclusion sociale. Le racisme, les discriminations des migrants ou des minorités ethniques, la poursuite des militants syndicaux ou toutes mesures protectionnistes ne feraient qu’aggraver la crise. La mondialisation doit absolument revêtir des dimensions sociale et écologique plus importantes. Ce qu’il faut globaliser, c’est la

Le plus petit commun dénominateur

La concurrence entre les économies nationales générée par la mondialisation et la libéralisation du commerce est lourde de conséquences pour tous nos acquis sociaux. Au nom de la compétitivité et de la course au profit, la concurrence internationale pèse directement sur la formation des salaires et les conditions de travail. Les groupes patronaux exercent une pression constante sur les gouvernements pour qu’ils diminuent la fiscalité et la parafiscalité (les cotisations sociales) des entreprises. Le libre commerce et la libre circulation des capitaux provoquent une compétition entre les régimes fiscaux nationaux, ce qui engendre une diminution des recettes des pouvoirs publics et de leurs possibilités d’intervenir dans les programmes sociaux ou dans le financement de services publics efficaces. [■]

Page 27: Au-delà des frontières

27

solidarité, partant de l’obligation universelle des pays de respecter les libertés et les droits fondamentaux de l’Homme.

Cette vision se situe dans la lignée de celle de l’OIT. Pour la FGTB, le meilleur moyen de combattre la crise est une coopération syndicale solide à l’échelle européenne et internationale. A commencer par la reconstruction du système financier international. Tout comme, juste après la seconde guerre mondiale, la nécessité était apparue de créer un cadre économique et financier plus strict sur le plan international qui tire les leçons de la débâcle du capitalisme et du libéralisme sauvages. A cet égard, l’OIT a un rôle important à jouer en vue d’intégrer davantage la dimension sociale de la mondialisation.

Il ne sera pas facile de faire changer les choses. En effet, nous constatons que si la crise a renforcé l’appel à une plus grande régulation, peu de choses ont changé en pratique, a fortiori pour ce qui concerne la protection des travailleurs. Si la Banque mondiale et le FMI ont promis d’adapter leurs politiques, ces deux institutions continuent à mettre les pays sous pression pour qu’ils démantèlent les protections sociales. La FGTB exige par conséquent que tous les engagements existants, que toutes les déclarations d’intention soient traduits en règles et en lois contraignantes pour les pouvoirs publics et les entreprises.

La réputation douteuse des zones franches et du travail forcé

En 2008, on comptait déjà 3500 zones franches dans plus de 100 pays (la majorité dans les pays en voie de développement) et leur nombre ne cesse de croître. Elles ont été créées pour attirer les investisseurs étrangers en vantant les avantages fiscaux, les réglementations sociales (trop) souples et l’absence d’action syndicale. Avec la crise, elles commencent désormais à se concurrencer, au détriment des travailleurs, déjà fort mal lotis. Bien entendu, il s’agit d’une situation inacceptable pour l’OIT et la CSI. [■]

Haïti: distribution de tracts syndicaux à l’entrée de la zone franche

Page 28: Au-delà des frontières

28

8. New Social Deal et Global Jobs Pact: des réponses concrètes à la criseLa lutte contre la crise mondiale doit être la priorité des priorités. Et pour sortir du marasme, il faut privilégier l’emploi. Sinon, le redressement économique et la croissance se feront attendre. Le protectionnisme, la pression à la baisse sur les salaires, la détérioration des conditions de travail doivent être évités à tout prix. En réalité, le fait qu’en période de crise, l’emploi soit mis pression, est absurde. Au sein de l’OIT, de la CSI et de la CES, la FGTB participe activement à l’élaboration d’une politique européenne et internationale commune en matière d’emploi afin d’éviter des drames encore plus grands. Entre-temps, des projets se sont déjà concrétisés, tant au niveau européen (le New Social Deal) qu’au niveau mondial (le Global Jobs Pact).

8.1. Combattre la crise – Priorité aux citoyens: le New Social DealEn mai 2009, près de 400.000 travailleurs manifestent en Europe (à Bruxelles, la manifestation a eu lieu le 15 mai) sous le slogan : Combattre la crise – Priorité aux citoyens. Leur crainte est que le chômage ne touche à court terme plus de 25 millions de travailleurs dans les différents Etats membres de l’UE. Si les grandes banques et compagnies d’assurances ont été aidées par les gouvernements des Etats membres, les travailleurs, eux, ont été abandonnés à leur sort.

C’est pourquoi la CES propose un nouveau contrat social, le New Social Deal, une réponse sociale durable à la crise. Fin mai 2009, une initiative syndicale européenne cohérente voit le jour : la Déclaration de Paris. Les syndicats exigent que l’Europe vienne en aide à ses habitants en garantissant leur emploi et leur pouvoir d’achat. La Déclaration précise que les syndicats sont prêts à collaborer au sein de l’Union européenne à un nouvel ordre financier et social qui mette fin à l’enrichissement personnel au sein des entreprises et qui prône la redistribution des richesses créées. Quand les banques auront retrouvé un fonctionnement normal, il faudra éviter qu’elles ne refassent les erreurs du passé.

La déclaration finale de la CES avance trois revendications centrales portées aussi par la FGTB:

• la création d’emplois nouveaux et de meilleure qualité. Dans les années à venir, un pour cent du PIB de l’UE doit être investi dans la création d’emplois nouveaux et de meilleure qualité ;

• l’établissement d’un protocole social mettant les droi ts syndicaux au même niveau que les libertés économiques au sein de l’UE ;

• la fin du capitalisme casino. Il faut instaurer une surveillance européenne coordonnée des marchés et des organismes financiers.

Page 29: Au-delà des frontières

29

La FGTB a fourni une importante contribution à la conférence de la CES à Paris. Elle y a plaidé pour une harmonisation fiscale et une redistribution de la pression fiscale.

En outre, à l’initiative de la FGTB, la CES a décidé qu’il fallait de meilleurs accords salariaux entre les organisations syndicales afin d’éviter le dumping social. Toutefois, au sein de la CES, la discussion au sujet de l’introduction d’un salaire minimum en Europe est en veilleuse, alors que, pour la FGTB, ce point permettrait d’accélérer la construction d’une Europe sociale. En cette période de crise, le débat pourrait même être étendu à la sécurité sociale et aux revenus de remplacement. Partout, les travailleurs ont droit à la garantie d’un revenu décent lorsqu’ils perdent leur emploi.

8.2. Le Pacte global pour l’emploi (‘Global Jobs Pact’)Le Pacte global pour l’emploi, approuvé le 19 juin 2009 par l’OIT, met en avant la création d’emplois par les pouvoirs publics, une meilleure protection sociale et de meilleures conditions de travail, des salaires minimums et des services publics accessibles et de qualité. Ce pacte, signé par les représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements est en fait un plan d’actions avec des propositions et des mesures qui doivent être concrétisées et appliquées aux plans national et international. Cela concerne aussi l’OIT et le G20 ainsi que la Banque mondiale et le FMI. La base de ce travail de concrétisation est l’ Agenda du Travail décent (concept lancé par l’OIT).

Outre l’emploi, le Pacte met l’accent sur un socle social, une sécurité sociale de base qui assure une protection aux travailleurs. Beaucoup de pays ne possèdent pas de filet de sauvetage social comme c’est le cas en Belgique. Pourtant, un tel socle social est un important facteur de stabilisation.

Le Pacte souligne aussi la nécessité d’une coopération internationale. Il est intolérable de ne pas s’attaquer aux déséquilibres de l’économie internationale, aux inégalités énormes entre pays, aux inégalités entre les hommes et les femmes …. Bref, le Pacte trace la chemin du développement social par la solidarité.

Pour que le Pacte soit un succès, les pays doivent disposer de marges financières afin de pouvoir prendre les mesures politiques nécessaires. Cela implique non seulement une régulation importante du système financier international mais aussi un changement d’attitude du FMI et de la Banque mondiale. Par ailleurs, il faut veiller à ce que les budgets destinés à la coopération au développement ne soient pas réduits car

cela hypothéquerait d’emblée la politique dans les régions les plus pauvres.

La politique antisociale de la Banque mondiale et du FMI: l’exemple de la Lituanie (2009)

Une revendication importante des syndicats et du mouvement Nord-Sud est que le FMI et la Banque mondiale cessent d’imposer des mesures antisociales qui remettent en cause la protection des travailleurs. Ainsi, et malgré les coupes sombres pratiquées par le gouvernement lituanien dans les salaires minimums et les pensions, la Lituanie n’a pas reçu la deuxième tranche de l’aide promise parce que, selon le FMI, les réformes n’allaient pas (encore) assez loin! [■]

Page 30: Au-delà des frontières

30

9. Œuvrer pour le développement durableDès le début des années 90, avec le premier sommet de l’environnement à Rio de Janeiro, l’intérêt et l’engagement pour l’environnement et pour le développement durables s’est clairement fait sentir à la FGTB.. Le débat du développement durable est aussi le débat du progrès social. Et une politique efficace en matière d’environnement et de climat est d’autant plus possible que le climat social est serein.

Le défi est de parvenir à une redistribution des richesses sans toucher à l’environnement. Œuvrer à une redistribution des chances sur le plan mondial et à l’égalité d’accès pour tous aux richesses naturelles conduit automatiquement à une alliance entre le mouvement syndical international et le mouvement Nord-Sud. La FGTB s’y est pleinement engagée, que ce soit à travers la collaboration avec l’a.s.b.l. Arbeid & Milieu, via les pressions exercées sur le monde politique belge pour qu’il approuve une taxe Tobin (taxation des transactions financières) ou encore par le rôle joué avec les autres syndicats et les ONG dans le cadre d’actions du type “Un monde à retravailler”.

La FGTB participe également de manière active aux travaux du Conseil Fédéral pour le Développement Durable au sein duquel les organisations syndicales ont leur mot à dire au sujet de la politique belge en matière de développement durable.

9.1. Informer et sensibiliserEn cette période de crise économique mondiale qui fait des millions de chômeurs, la lutte en faveur de l’environnement et du développement durable et la mobilisation des délégués et des militants sur ces thèmes ne sont pas simples . D’autant que dans un monde de plus en plus individualiste, la tendance est de privilégier ses propres intérêts. La FGTB veut sensibiliser ses militants au fait que la défense des intérêts des travailleurs passe nécessairement par un cadre global basé sur la solidarité internationale.

En effet, la généralisation du mode de vie occidental à l’ensemble des continents aura des conséquences néfastes pour la terre. Les richesses naturelles s’épuisent et les dommages

Page 31: Au-delà des frontières

31

causés à l’environnement sont irréparables. Un changement de mentalité est indispensable si nous voulons vraiment prendre en compte le sort des millions d’ouvriers, de sans-terre, de petits paysans exploités et du groupe croissant de pauvres dans les villes du Sud.

C’est pourquoi, la FGTB est présente, dans le cadre de ses missions d’information et de sensibilisation, aux différents Forums sociaux européens (Malmö – Suède en 2008) et internationaux (Belém – Brésil en 2009) où les thèmes de l’environnement et du développement durable occupent une place de choix.

Danser pour réveiller le monde politique

La FGTB est membre de la Coalition Climat, qui regroupe quelque 80 organisations et qui a lancé des activités originales telles que The Big Ask et The Big Ask Again sous l’impulsion du cinéaste flamand Nic Balthazar. C’est par la danse (et le clip vidéo réalisé) que le dimanche 30 août 2009, 10.000 personnes ont exprimé au monde et à ses dirigeants leur inquiétude face aux conséquences du réchauffement de la planète [■]

Page 32: Au-delà des frontières

32

9.2. Un nouveau défi: le changement climatiqueLe changement climatique est sans doute le plus grand problème environnemental auquel l’humanité est confrontée. Les émissions de gaz à effet de serre, émises au rythme actuel, aggraveront le réchauffement de la terre et provoqueront un changement fondamental du climat au cours du 21e siècle. Il ne fait pas de doute que ces changements seront beaucoup plus “incisifs” que ceux que nous avons constatés au cours du 20e siècle. Le changement climatique est à l’origine de phénomènes naturels et météorologiques de plus en plus extrêmes comme la sécheresse, les inondations, les vagues de chaleur et de froid, … aux conséquences dramatiques : désertification, érosion des terres fertiles, dégâts irréparables causés aux écosystèmes et à la biodiversité. Dans les années à venir, les conséquences seront importantes : manque de nourriture et d’eau potable, propagation de maladies. Notre mode de production et de consommation, de même que l’emploi, en seront affectés.

Quelques conséquences régionales attendues

On prévoit d’ici 2020 une pénurie d’eau pour 75 à 250 millions d’Afr icains, des inondations dans les zones côtières du Sud-est asiatique, d’ici 2030, une diminution de l’agriculture et de la sylviculture dans de vastes régions d’ Australie et de Nouvelle-Zélande, des températures élevées et la sécheresse en Europe méridionale avec des problèmes pour l’approvisionnement en eau et pour l’agriculture, des inondations régulières en Europe, etc. [■]

Page 33: Au-delà des frontières

33

Les conséquences prévues ne sont pas seulement des catastrophes écologiques mais aussi de véritables catastrophes humaines. Et même si les conséquences du changement climatique toucheront le monde entier, les plus démunis dans les pays en développement en seront les principales victimes.

La CSI (dont la FGTB est membre) ne souhaite pas assister passivement à la disparition de régions habitables entières du globe terrestre. Le monde politique international a également pris conscience du problème. Pour preuve, les réunions climatiques des Nations Unies (la première en 1997 à Kyoto, puis en 2007 à Bali, en décembre 2009 à Copenhague) et les Conférences des Parties (conférences annuelles des signataires du Protocole de Kyoto), réunions auxquelles la FGTB envoie systématiquement une délégation importante qui participe activement aux travaux.

Les nouveaux objectifs de réduction des émissions de GES dans les pays développés et les incitants qui visent à promouvoir la croissance économique et industrielle, tout en réduisant les émissions de GES dans les pays en développement, sont cruciaux. Les normes de Kyoto ne semblent pas suffire pour éviter une hausse de la température moyenne de 2°C sur la terre et prévenir des catastrophes naturelles. D’ici 2050, les émissions de CO2 devront être réduites de 80% au moins dans les pays industrialisés sinon les dégâts seront irréparables. Pour atteindre cet objectif, les grandes entreprises devraient réduire annuellement leurs émissions de 3,9% alors qu’elles n’atteignent que 1,9% de réduction actuellement.

9.3. Le concept de la “Juste transition”Pour la FGTB, le changement climatique, l’emploi et la politique industrielle sont étroitement liés. C’est la raison pour laquelle la FGTB a soutenu l’intégration du concept de “juste transition” dans l’accord final de la Conférence climatique de Copenhague. Ce concept doit devenir réalité et favoriser (pour l’ensemble des travailleurs dans le monde) le passage d’une société à haute consommation d’énergies fossiles à une société pauvre en carbone.

Pour les syndicats, la “juste transition” nécessite notamment un partage correct des responsabilités et un étalement équitable des coûts entre les pays selon les principes du pollueur-payeur Cela signifie que les pays industrialisés doivent supporter les charges qui leur incombent. Les syndicats réclament également des mesures en matière d’emploi (emplois verts), d’enseignement et de formation (professionnelle). Par ailleurs, les investissements dans des technologies à faible production de carbone doivent être intensifiés. L’économie et l’emploi doivent être diversifiés au profit de secteurs et de communautés vulnérables. Enfin, il va de soi que les mesures de protection sociale et les droits du travail et de l’homme doivent être respectés.

Page 34: Au-delà des frontières

34

9.4. Les emplois vertsToute la problématique du développement durable et de la lutte contre le changement climatique appelle une réorientation accélérée du système politique et économique. La transition de notre modèle actuel de production et de consommation vers une plus grande durabilité nécessitera d’importants efforts. Elle offre cependant aussi de nombreuses possibilités dans les domaines de l’innovation, de l’amélioration de la qualité de la vie et de l’emploi.

L’environnement et l’emploi ne sont pas contradictoires mais bien complémentaires, comme le montre notamment la récente Green Jobs Initiative de l’OIT et de la CES. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Green New Deal des Nations Unies (le terme New Deal renvoie au plan de réformes sociales et économiques élaboré par le président américain Roosevelt après le krach boursier de 1929 et la crise qui en a résulté). Au moyen d’investissements massifs, l’objectif est de faire d’une pierre trois coups :

1. créer des emplois (dans notre seul pays, il s’agirait de centaines de milliers d’emplois nouveaux) ;

2. protéger l’environnement (surtout lutter contre le réchauffement) ;

3. réduire la dépendance de pétrole et de gaz (qui deviendront de plus en plus rares et, donc, de plus en plus chers).

Les emplois verts peuvent contribuer à la protection et à la préservation de l’environnement : des emplois dans le secteur des énergies renouvelables, dans le secteur de l’efficacité énergétique et dans le celui de la gestion durable des forêts.

L’Allemagne et les Pays-Bas: des exemples à suivre

Dans le domaine de la création d’emplois verts, nous pouvons nous inspirer de l’ Allemagne où, en 1998 déjà, une “Alliance pour l’emploi et l’environnement” a vu le jour à l’initiative de la confédération syndicale allemande (DGB). Dans le cadre de cette alliance, les syndicats, le secteur de la construction et les pouvoirs publics unissent leurs efforts dans le but de rénover 100.000 habitations. Résultat : sur la seule période 2001-2004, 20.000 habitations ont été rénovées, la facture énergétique des propriétaires et des locataires a foncièrement diminué, les émissions de CO2 ont été réduites d’un million de tonnes et 25.000 emplois directs ont été créés. A ce chiffre, il faut ajouter quelque 120.000 emplois qui ont pu être maintenus dans d’autres secteurs. Aux Pays-Bas, le Plan vert de la FNV et de la Stichting Arbeid & Milieu concernerait 100.000 emplois. [■]

Page 35: Au-delà des frontières

35

Page 36: Au-delà des frontières

36

9.5. Une proposition de la FGTBEn février 2005, la FGTB lançait elle aussi un appel à créer une “alliance pour l’emploi et l’environnement” au niveau belge. Ce pacte, entre tous les acteurs concernés (représentants des travailleurs, des employeurs et des pouvoirs publics, experts sectoriels, représentants de l’économie sociale, …) devait constituer la base d’un vaste programme de soutien à la rénovation du parc immobilier vétuste. L’octroi de crédits à un taux préférentiel et le développement d’un système du tiers payant occupaient une place centrale dans le plan qui devait d’abord viser les ménages défavorisés. L’accent devait être mis sur les investissements dans les logements sociaux au profit des plus démunis afin de faire baisser leur facture énergétique.

La proposition FGTB a débouché en 2006 sur la création du “Fonds pour la réduction du coût global de l’énergie”, qui octroie des prêts bon marché aux personnes les plus démunies pour financer des mesures d’économies d’énergie structurelles dans leur habitation. Mais on ne peut pas encore parler d’une véritable alliance. Vu le succès rencontré par ces projets en Allemagne et aux Pays-Bas, la proposition de la FGTB mériterait une attention bien plus grande.

Page 37: Au-delà des frontières

37

10. Faites l’amour, pas la guerre: paix et sécurité«Faites l’amour, pas la guerre», tel était le slogan des hippies dans leur protestation contre la guerre au Vietnam de la moitié des années 60 au début des années 70. Si ce slogan fait partie du passé, il n’en reste pas moins actuel si l’on prend le mot amour dans le sens de solidarité, d’implication sociale, de respect, etc. Les crises politiques internationales, les guerres (civiles) et la violence interne dans certains pays (pensons à la situation en Colombie, au Népal, en Irak et en Iran) sont néfastes pour tout développement socio-économique. L’instabilité politique engendre l’instabilité économique.

Très souvent, les conflits apparaissent à cause de facteurs tels que la pauvreté, l’inégalité, la violation des droits de l’homme, le chômage et la corruption. La FGTB vise davantage de solidarité internationale et d’équité sociale et s’engage donc dans tout ce qui peut favoriser la paix et la sécurité.

D’où, notamment, le soutien immédiat de la FGTB à l’initiative de la CSI, avec l’organisation internationale «Bourgmestres pour la paix» (début août 2009) contre les armes nucléaires. D’ici 2020, toutes les armes nucléaires devraient être détruites. Les budgets libérés pourront alors être affectés de façon optimale à des objectifs sociaux et économiques. Est-ce possible ? Oui, si tous les pays membres de l’ONU signent le traité de non-prolifération (traité contre l’expansion des armes nucléaires).

Page 38: Au-delà des frontières

38

10.1. Pas seulement aujourd’huiL’implication de la FGTB a toujours été très importante au niveau international, c’est historique. Le fascisme, le racisme, le colonialisme, … toute forme d’oppression ou d’atteinte à une société a fait l’objet d’une mobilisation, pacifique, de la part de notre organisation.

Même si l’on se limite à l’histoire récente, les exemples à relever ne manquent pas. Ainsi, la FGTB a participé aux marches antiatomiques et aux manifestations liées à la guerre du Vietnam (avec la plus grande en mars 1968). Pendant cette période, la FGTB a même appelé à de brèves interruptions de travail dans les entreprises en guise de protestation. N’oublions pas non plus le rôle que notre organisation a joué dans le mouvement pacifiste dans les années 1980. Les différentes manifestations anti-missiles (avec de nombreux militants FGTB) de cette époque sont encore dans les l’esprits.

La FGTB a aussi, entre autres, organisé ou soutenu des actions et des interventions dans des situations de conflits, a fortiori quand des syndicalistes étaient mis en danger . En 2009 par exemple, des condamnations claires ont été formulées à l’égard d’Israël suite à son incursion dans la Bande de Gaza. L’Iran a également été condamné suite aux actes de violence commis sur des syndicalistes ainsi que le Honduras, après le coup d’Etat fomenté contre le président progressiste élu démocratiquement Zelaya.

10.2. Les crises L’implication de la FGTB pour la paix et la sécurité prend une autre dimension et trouve un autre écho avec la crise socio-économique mondiale.

Le lien entre crises politiques (guerre, terrorisme, violence, …)et crise socio-économiques peut être établi, a fortiori au niveau des conséquences. Les deux types de crises provoquent des souffrances. Avec la crise financière, des milliers de travailleurs se retrouvent sans emploi, sans moyens de subsistance. Certains travailleurs voient leur rêve d’un avenir heureux s’envoler.

Crises politiques et crises économiques

La guerre en Irak a provoqué la flambée des cours du pétrole (le cours du baril passant de 35 dollars en 2003 à 147 dollars en 2008). Cette augmentation des prix a provoqué des conséquences en cascade: elle a mis les consommateurs et les entreprises sous pression et a été l’une des principales causes de l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Les prix étant de plus en plus élevés et la pression de la récession augmentant, plusieurs propriétaires n’ont plus été à même de rembourser leur prêt hypothécaire. Le secteur bancaire américain a été touché, déclenchant la crise financière, qui s’est propagée au monde entier avec les conséquences que l’on sait en terme d’emploi. [■]

Page 39: Au-delà des frontières

39

Dans les pays où le réseau d’aide sociale est faible ou inexistant, la situation est encore plus grave. N’oublions pas non plus que la majeure partie des pays en conflit dépend fortement de l’aide étrangère. Or, dans un contexte de crise financière et économique internationale, ce soutien n’est plus aussi évident. De ce fait, la situation dans les pays en conflits se détériore.

Des mesures d’envergure et l’abandon du modèle du business as usual sont essentiels pour la FGTB, tant au niveau national qu’international. A cet égard, le Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT et une régulation efficace de l’ensemble du système financier peuvent constituer des pas en avant non négligeables.

10.3. Diplomatie préventive socialeLa diplomatie préventive désigne plusieurs programmes ciblés avec, comme objectif, la prévention de conflits, l’apaisement de tensions et la recherche de solutions pacifiques à des conflits. C’est une partie importante de la politique étrangère belge. Par le financement de projets, les ONG et les syndicats sont directement impliqués. L’accent des projets est mis sur le développement ou la reconstruction de structures démocratiques. Ils impliquent aussi un soutien à des projets en faveur du dialogue social, de la paix ou encore des droits de l’homme.

Le rôle des syndicats, et certainement de la FGTB, dans la diplomatie préventive sociale est logique. Nous visons la solidarité générale et l’équité sociale et luttons contre toute forme d’inégalité, de discrimination et d’exclusion sociale (généralement sources de conflits). De même, la lutte contre les conflits ou en faveur de la négociation de compromis font partie intégrante du travail syndical.

Ainsi, des projets ont été développés sur la paix dans les Balkans (2001-2002) et dans la région des Grands Lacs (Rwanda, 2002-2003). Dans cette même période, une initiative a été lancée pour favoriser le dialogue social dans les services publics au Congo. Des projets sont également en cours pour favoriser le dialogue social au Panama, organiser les femmes syndicalistes au Kosovo, en Bosnie et en Macédoine. Sans oublier les projets relatifs à l’emploi dans quelques pays des Balkans et en Roumanie (en collaboration avec la CSC, la CGSLB, le SPF Emploi et le Conseil de l’Europe notamment).

En 2006, le financement public des projets FGTB concernant la diplomatie préventive sociale prenait fin. Nous tentons toutefois de les relancer.

Page 40: Au-delà des frontières

40

11. Lutte internationale contre les inégalités hommes et femmes

La réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes: une valeur centrale pour la FGTB et l’OIT

Pour la FGTB, la lutte contre les inégalités hommes/femmes sur le marché du travail et dans la société a toujours été un point d’attention et d’action. Parce que parvenir à l’égalité fait partie de nos préoccupations majeures. La ‘Charte Gender mainstreaming’ (signée en septembre 2004) est venue soutenir encore davantage notre lutte contre les inégalités H/F. A la FGTB, un département responsable des questions liées au genre a été créé en vue d’améliorer la sensibilisation et l’implication sur ces questions.

Page 41: Au-delà des frontières

41

L’égalité de genre est une valeur centrale pour l’OIT et, ce, depuis sa création, en 1919. Une valeur centrale en raison de la justice sociale, mais aussi, et surtout, parce qu’elle est nécessaire pour le développement d’une économie durable et prospère. Le travail décent est une étape dans ce processus. L’égalité effective ne pourra être réalisée que si l’on tient systématiquement compte de l’approche du genre dans les quatre piliers du travail décent : emploi, protection sociale, droits sociaux et dialogue social. Tant l’OIT que les syndicats jouent un rôle fondamental à cet égard.

Si des progrès ont été réalisés ces dernières décennies, il y a malgré tout encore du pain sur la planche. Au niveau international surtout, la discrimination liée au sexe et l’exploitation dans le monde du travail restent importantes. L’analphabétisme, les formes sexuelles d’exploitation, la mortalité infantile, le travail forcé des enfants touchent essentiellement les jeunes filles. Et de nouvelles formes d’exploitation apparaissent. Pensons à la croissance du secteur informel non-régulé où de (jeunes) femmes travaillent souvent dans des conditions inhumaines et sans protection sociale (les gens de maison par exemple). C’est le cas des travailleuses au Moyen-Orient.

Globalement, les femmes souffrent généralement d’une double discrimination , liée à leur sexe et à leur origine ethnique (femmes migrantes).

Page 42: Au-delà des frontières

42

La suppression des inégalités H/F n’est pas un luxe superflu en temps de crise

La mondialisation a clairement un impact différent sur les hommes et sur les femmes. Ceci parce que les hommes et les femmes ont généralement une position différente sur le marché du travail, dans la société et dans la famille. Les femmes se trouvent plus souvent dans une position fragile et subissent donc dans une plus grande mesure les conséquences sociales négatives de la crise économique. Sans mesures internationales, le risque est réel que les progrès réalisés en matière d’égalité H/F soient anéantis et que nous retombions dans des situations d’il y a plusieurs décennies. Pour la FGTB, il faut favoriser l’égalité de genre, a fortiori en temps de crise, par une formation spécifique des femmes aux nouveaux emplois verts, en guidant les hommes vers des emplois dans le secteur des soins ou de l’enseignement, ou encore (surtout chez nous) en utilisant la réduction collective du temps de travail pour prévoir des formations supplémentaires dont bénéficieraient les femmes, offrant ainsi, par ailleurs, plus de temps aux hommes pour leur famille.

Ces points ont été largement abordés à la conférence de l’OIT de juin 2009. Dans les discussions entre syndicats, employeurs et gouvernements, les représentants FGTB ont clairement fait entendre leur voix dans le sens de plus d’égalité. Le premier pas est franchi, une prochaine conférence de l’OIT doit clôturer la démarche. Les résultats de la première conférence internationale des femmes de la CSI (Bruxelles, 9-21 septembre 2009) vont dans le sens d’un résultat final positif.

La Belgique, l’élève modèle de la classe?

Ceux qui pensent que la Belgique est le meilleur élève de la classe de l’OIT en matière de genre se trompent lourdement. Ainsi, plusieurs conventions internationales importantes (notamment la convention 156 sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales et la convention 183 sur la protection de la maternité) n’ont pas été signées par notre pays. La FGTB suivra le gouvernement de près en la matière. [■]

Page 43: Au-delà des frontières

43

12. SIDA: une maladie stigmatisante au niveau social et néfaste pour l’économie Le SIDA touche les travailleurs et leur famille mais aussi les entreprises et l’économie nationale des pays principalement touchés (surtout l’Afrique). C’est donc aussi un problème pour le monde du travail, de même qu’un défi en matière de développement. C’est pourquoi la FGTB a développé des projets en Afrique du Sud, au Malawi et au Kenya.

Pour la première fois en 20 ans, la mortalité liée au SIDA a diminué entre 2007 et 2009. De meilleures thérapies, des médicaments plus efficaces et des efforts en matière de formation et d’information y ont contribué. Cette tendance positive doit absolument se poursuivre. Il faut éviter à tout prix que la crise économique n’entraîne une crise en matière sociale et de santé. C’est la raison pour laquelle la problématique du SIDA/HIV reste un point d’attention important (discrimination et stigmatisation des travailleurs, inégalité de genre -l’épidémie touche plus durement les groupes fragiles, dont les femmes-, soins de santé, moins grande protection et moins bonne hygiène dans l’économie informelle).

A ce jour, il n’a pas été possible d’obtenir une convention spécifique au sein de l’OIT. Les positions de certains pays (par rapport à la prostitution et l’homosexualité par exemple) et des employeurs sont encore trop divergentes. La FGTB ne baisse pas les bras pour autant et poursuit le combat.

Page 44: Au-delà des frontières

44

13. Quelques organisations internationales importantes où la FGTB a son mot à dire L’importante représentativité syndicale dans notre pays et l’implication de longue date dans l’action syndicale internationale ont contribué à faire de la FGTB un acteur européen et mondial. Notre impact, notre savoir-faire et notre pouvoir de mobilisation sont estimés à leur juste valeur au sein de:

• l’Organisation internationale du Travail (OIT);

• la Confédération syndicale internationale (CSI);

• la Confédération européenne des syndicats (CES);

• la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC).

Page 45: Au-delà des frontières

45

13.1. L’Organisation internationale du travail (OIT) L’Organisation internationale du travail fut fondée en 1919, après les négociations de paix de la première guerre mondiale. A partir de 1945, l’OIT devient une agence des Nations Unies dans laquelle, à côté des gouvernements (de 179 Etats membres actuellement), sont également représentées les organisations représentatives des travailleurs et des employeurs. L’OIT est la seule institution mondiale à composition tripartite. L’organe le plus haut de l’OIT est la conférence internationale du travail qui se réunit annuellement à Genève. Les conventions et recommandations relatives au travail et à la justice sociale au sens large du terme y sont fixées à la majorité, après préparation en commissions techniques thématiques. Mais avant que les conventions et recommandations de l’OIT ne deviennent contraignantes, elles doivent être ratifiées par les Etats membres et c’est à ce niveau que le bât blesse.

Le Bureau international du travail, également établi à Genève, constitue le Secrétariat permanent de l’OIT. Un bureau de liaison pour le Benelux (qui représente l’OIT dans la Région) est établi à Bruxelles et un centre de formation est installé à Turin.

Dès le début, l’action de l’OIT s’est fondée sur 3 grands principes:

1. le travail n’est pas une marchandise;

2. la liberté syndicale et la liberté d’opinion sont des conditions nécessaires pour le progrès social;

3. la pauvreté est un danger pour le bien-être de tous.

Début des années 2000, l’OIT s’est de plus en plus concentrée sur des initiatives autour du travail décent. Ceci explique pourquoi la FGTB se fonde, dans son travail international, sur cette position globale.

Pour réaliser ces principes, l’OIT met tout en œuvre pour faire reconnaître plusieurs normes fondamentales du travail dans le monde entier. Chaque pays devrait ratifier au moins la liberté d’association, le droit à la concertation sociale, l’interdiction de l’esclavage et du travail forcé, l’interdiction des pires formes de travail des enfants, et la non-discrimination sur la base du sexe, de la religion ou de l’origine.

Page 46: Au-delà des frontières

46

En 2019, l’OIT fêtera ses 100 ans. L’organisation est plus que jamais cruciale dans la lutte pour davantage de justice sociale. Mais une question majeure subsiste: y a-t-il suffisamment de volonté politique d’engager plus de moyens humains et financiers?

Ainsi, à la demande des syndicats, l’OIT a eu un plus grand rôle à jouer dans l’approche de la crise socio-économique, mais ce rôle est loin d’être proportionnel à ce que reçoit le FMI comme moyens et de ce qu’il peut exercer comme influence.

Info/contact

Bureau international du travail 4, Route des MorillonsCH – 1211 GenèveTél: 0041/22/799 61 11Mail: [email protected]: www.ilo.org (uniquement en anglais, français et espagnol)

Bureau de liaison du bureau international du travailRue Aimé Smekens 401030 BruxellesTél: 02/ 736 59 42

Page 47: Au-delà des frontières

47

13.2. La confédération syndicale internationale (CSI)Le 1er novembre 2006, le mouvement ouvrier international a écrit l’histoire à Vienne.

Les deux confédérations internationales syndicales existantes, la Confédération internationale des syndicats libres, et la Confédération mondiale du travail, d’inspiration chrétienne, ont été dissoutes, pour laisser place à une nouvelles Confédération syndicale mondiale: la confédération syndicale internationale.

La CSI, dont le siège est à Bruxelles, représente actuellement 176 millions de travailleurs/euses au travers de 312 organisations affiliées dans 156 pays et territoires.

La CSI travaille en étroite collaboration avec l’OIT. Ensemble, les deux organisations tentent d’accroître leur impact social sur les décisions des institutions économiques et financières comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou l’Organisation mondiale du commerce. L’objectif étant de constituer un contre-pouvoir, le plus fort possible, contre la mondialisation effrénée et de travailler à un nouvel internationalisme qui apporte des réponses aux nouveaux défis socio-économiques. Dans ce cadre, le travail de lobbying va de pair avec une puissante force mobilisatrice. Ce contre-pouvoir syndical est aussi soutenu depuis les fédérations professionnelles de Global Unions.

La CSI:

• défend les droits syndicaux et des travailleurs;

• envoie des délégations pour analyser la situation des syndicats dans différents pays;

• lutte pour la réalisation des objectifs de travail décent;

• organise des programmes de formation pour les syndicalistes dans le monde entier;

• encourage les jeunes travailleurs à s’organiser;

• promeut l’égalité des chances pour les femmes et pour les hommes;

• mène une politique active par rapport aux problèmes environnementaux, énergétiques et climatologiques;

• s’investit pour la paix et la sécurité, comme base pour la justice sociale.

Info/contact

Confédération syndicale internationale Boulevard du Roi Albert II 5 boîte 11210 BruxellesTél: 02/224 02 11Mail: [email protected]: www.ituc-csi.org (uniquement en français, anglais, allemand et espagnol)

Page 48: Au-delà des frontières

48

13.3. La Confédération européenne des syndicats (CES)La Confédération européenne des syndicats (CES), dont le siège est à Bruxelles, a été créée en 1973 pour constituer un contre-pouvoir syndical contre les puissances économiques et financières organisées au sein de la construction européenne. La FGTB a été un des co-fondateurs de la CES (l’un des anciens présidents de la FGTB, Georges Debunne, en a d’ailleurs été président de 1982 à 1985).

La CES regroupe 82 syndicats nationaux de 36 pays européens et compte 12 fédérations industrielles européennes (métal, textile, transport, services publics,…).

Le but de la CES est d’ancrer l’Europe sociale en Europe et de mettre à l’agenda les droits des travailleurs européens, en les consolidant.

Elle travaille sur trois pistes:

• la représentation des travailleurs européens dans le cadre d’un dialogue social européen. Ceci implique, par exemple, un soutien des délégations syndicales dans les comités d’entreprise européens (voir plus loin);

• la pression sur l’Europe politique pour orienter la législation vers une Europe plus sociale, généralement avec succès. Ainsi, en décembre 2008, le Parlement européen (notamment après la manifestation couronnée de succès des syndicats à Strasbourg) supprimait, par un vote à la majorité absolue, les exceptions à la semaine de travail maximum de 48 heures;

• la mobilisation des travailleurs pour renforcer les revendications sociales. Pensons aux manifestations, notamment dans la capitale slovène Ljubljana et à Bruxelles, pour plus de pouvoir d’achat (2008). Sans oublier les manifestations à Londres, Madrid, Prague et Bruxelles pour renforcer les revendications syndicales par rapport à l’approche de la crise (mai 2009).

CES Euromanif 29/09/2010

Page 49: Au-delà des frontières

49

Les points d’attention et actions de la CES se situent en grande partie dans la lignée de celles de la CSI (travail décent, droits syndicaux, égalité des chances,…). Mais il y a évidemment aussi des points spécifiquement européens: la libre circulation des travailleurs européens, l’égalité de traitement et la protection sociale, des normes européennes qui harmonisent la législation sociale en la tirant vers le haut.

Les Comités d’entreprise européens sont aussi organisés au sein de la CES. La directive européenne sur l’information et la consultation des travailleurs dans les entreprises transnationales a été un grand pas en avant pour le syndicalisme européen. Cette directive offre en effet des opportunités aux syndicats de mieux se structurer au sein des multinationales et de renforcer leur capacité d’action. La CES coordonne les positions syndicales et veille à ce que la directive soit transposée en réglementation dans les différents pays et à ce qu’elle soit effectivement appliquée.

Info/contact

Confédération européenne des syndicats Boulevard du Roi Albert II 51210 BruxellesTél: 02/224 04 11Mail: [email protected]: www.etuc.org (uniquement en anglais et en français)

13.4. La Commission syndicale consultative (TUAC) auprès de l’OCDELa FGTB participe également aux travaux de la Commission syndicale consultative (TUAC), établie à Paris. Il s’agit d’un organe de concertation et consultatif des syndicats auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui réunit la plupart des pays riches (le G8, le G20) et qui joue un rôle moteur dans les développements économiques dans le monde.

Initialement, du temps du Plan Marshall (le plan d’aide matérielle américain pour la reconstitution de l’Europe après la Seconde guerre mondiale), cette Commission était un organe consultatif, ensuite, son rôle a évolué, parallèlement à l’évolution du rôle joué par l’OCDE. La Commission veille maintenant à ce qu’une dimension sociale effective soit présente dans l’économie mondiale, via une concertation régulière avec le Secrétariat, les différentes commissions et les gouvernements des pays membres de l’OCDE. La Commission syndicale consultative coordonne et représente la vision des syndicats dans le monde industrialisé.

Info/contact

Commission syndicale consultative15, Rue de la PérouseF – 75016 ParisTel: 0033/ 01 55 37 37 37Mail: [email protected]: www.tuac.org (site uniquement en anglais et français)

CES/ETUC

Page 50: Au-delà des frontières

50

Structure FGTB

Fédération Générale du Travail de Belgique

Vlaamse Intergewestelijke (VLIG)

Interrégionale Wallonne (IW-FGTB)

Interrégionale de Bruxelles (IRB)

Centrale Générale (CG)

Métal (MWB)/(CMB)

Textile-Vêtement-Diamant (TKD)

Transport (UBOT)

Alimentation-Horeca-Services (HORVAL)

Employés (SETCa)

Services Publics (CGSP)

FGTBEnsemble, on est plus forts

FGTBWallonne

Bruxelles-BrusselFGTB-ABVV

HorvalABVV-FGTB

Textile-Vêtement-DiamantFGTB TKD

FGTB Centrale Générale

Page 51: Au-delà des frontières

51

pa

rte

me

nt

inte

rna

tio

na

l

Polit

ique

et a

ctio

n in

tern

atio

nale

s FG

TB -

Tra

vail

déce

ntO

bje

cti

f

Fo

rum

So

cia

l Be

lge -

Euro

peen

- M

ondia

l

• G

éogr

aphi

que/

Thé

mat

ique

• G

éogr

aphi

que/

th

émat

ique

Mul

tilat

éral

/ B

ilaté

ral

• O

IT, C

SI,

For

a, O

NG

, aut

orité

s en

Bel

giqu

e, fr

ont c

omm

un,

dive

rs, …

• M

edia

syn

dica

ux e

xist

ants

: S

-DN

W, E

cho,

Web

site

Inst

rum

ents

pro

pres

: bro

chur

es,

new

slet

ter,

Mis

sio

ns

Ren

forc

er p

rése

nce

E

t act

ion

FG

TB

à:

ch

es

Pré

par

atio

n p

osi

tio

ns/

déc

isio

ns

FG

TB

(S

ecré

taria

t, B

urea

u, C

omité

fédé

ral,

Con

grès

)

O I

TC

S I

Mis

e en

œ

uvre

ac

tio

ns

et

cam

pag

nes

Mis

e en

œ

uvre

p

roje

tsA

ssu

rer

la r

epré

sen

tati

on

, le

s m

and

ats,

le lo

bby

ing

, ...

Mo

bili

sati

on

/Inté

gra

tio

n d

es

affil

iés,

mili

tan

ts e

t d

élég

ués

• Li

gne

budg

étai

re

= r

eche

rche

de

su

bsid

es

An

alys

e / E

xper

tise

po

litiq

ue:

Thé

mat

ique

/ C

ontin

enta

le

07-2010

Page 52: Au-delà des frontières

52

Pour plus d’info :

FGTBRue Haute 42 | 1000 Bruxelles

Tél. +32 2 506 82 11 | Fax +32 2 550 14 [email protected] | www.fgtb.be

Toute reprise ou reproduction totale ou partielle du texte de cette brochure n’est autorisée que

moyennant mention explicite des sources.© Novembre 2010

Cover design by www.fgtb.be

Editeur responsable : Rudy De Leeuw

D/2010/1262/7

Au-delà des frontièresL’action internationale de la FGTB