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« prospective territorialisée »

Document de capitalisation mutualisé

« La Prospective territorialisée »

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Introduction

Depuis 2007, les CARIF-OREF sont financés par les contrats de projets Etat-Région (CPER) sur des missions visant l’anticipation des mutations économiques. Les pouvoirs publics ont progressivement demandé aux OREF de fournir des éléments de prospective régionale sur l’emploi et la formation.

Depuis 2009, la crise économique a renforcé le besoin d’anticipation et d’accompagnement des mutations économiques, tant du côté des pouvoirs publics que des acteurs socio-économiques.

Dans ce contexte, la circulaire de la DGEFP de juillet 2011 concernant les CARIF-OREF recentre les OREF sur leur cœur de métier et réaffirme la prospective : « Les OREF contribuent à l'observation, l'analyse et la prospective sur les évolutions de l'emploi, des compétences, des qualifications, de la formation et de la relation emploi-formation, ainsi que sur les évolutions des besoins et attentes des publics et ce, en prenant en compte les mutations économiques, démographiques et sociales. Ils doivent ainsi constituer pour les décideurs régionaux Etat et Conseil régional, un appui et une aide indispensables à l’élaboration des politiques régionales de formation professionnelle. » 

Par ailleurs, dans le prolongement des schémas régionaux des formations et en lien avec les schémas régionaux de développement économique, les Contrats de Plan Régionaux de Développement des Formations Professionnelles (CPRDFP) sont venus remplacer les PRDF en 2011. Ils sont suivis et évalués par les Comités de Coordination Régionaux de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (CCREFP). Elaborés sur la base d’un état des lieux et d’une réflexion prospective souvent partagée, les documents-cadres CPRDFP affirment les enjeux et axes prioritaires de développement de la formation professionnelle et fixent le cadre de coordination des politiques de formation professionnelle pour quatre ans. Les OREF ont contribué, sous des formes variées, à cette phase de diagnostic enrichie d’éléments prospectifs.

Les questions de l’anticipation et de la prospective sont devenues aujourd’hui incontournables. Aussi faut-il se rappeler ce que disait Bertrand de Jouvenel, créateur de « Futuribles » : « Il faut craindre moins le scepticisme que la crédulité ». « Il s'agit non de prophétiser mais d'aider des hommes libres et responsables à assumer les conséquences de leurs décisions ».

Se pose aujourd’hui la question des méthodes. Plusieurs outils sont utilisés pour mener une réflexion prospective.

Un recensement est actuellement fait au niveau national par le CEREQ pour le compte du Centre d’analyse stratégique (CAS). Il est chargé de faire un état des lieux des travaux de prospective régionale et sectorielle. Il s’agit de repérer des pratiques et de mettre en évidence les démarches, les outils, les apports en lien avec les usages que l’on peut en faire et qui en sont fait. Un guide d’appui méthodologique est en cours de réalisation.

De façon plus générale, le CNFPTLV réalise un état des lieux sur la façon dont les CARIF-OREF se sont emparés de leur mission d’anticipation et d’accompagnement des mutations économiques inscrite dans les contrats de projets Etat-Région (CPER) 2007-2013.

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Chapitre I

Quelle démarche prospectivepour les CARIF- OREF ?

I La prospective régionale s’inscrit dans les missions des CARIF OREF

1.1) La prospective comme une aide à la décisionLa prospective n’est pas une préoccupation nouvelle. Dans les années 50 déjà, Gaston Berger1, industriel et philosophe, contemporain de Bertrand de Jouvenel, promouvait la prospective stratégique pour les entreprises. Il évoquait la prospective comme une démarche de construction de scénarios du futur, menée pour réduire l’incertitude de l’avenir et faciliter les décisions du présent.

Cette conception, dès son origine, renvoie bien à l’idée d’aide à la décision pour essayer de réduire les incertitudes (voir encadré ci-dessous). C’est en cela que les OREF peuvent être concernés. La prospective, pour imaginer l’avenir, construit des scénarios du futur « pertinents, vraisemblables et cohérents » qui vont au-delà d’un prolongement de tendances. Elle imagine et intègre dans son raisonnement l’irruption de variables imprévues, des possibilités de rupture et le jeu des acteurs.

C’est pourquoi progressivement une démarche prospective va concerner les territoires, l’emploi, les secteurs d’activité professionnelle, les métiers, les compétences et les qualifications, selon des acteurs qui s’interrogent avant de prendre des décisions.

1.2) La prospective comme approche pluridisciplinaire

Hugues de Jouvenel, à la suite de Bertrand de Jouvenel, considère la prospective comme une démarche pluridisciplinaire et systémique : « La prospective nous invite à considérer les phénomènes à partir d’une étude de l’ensemble des facteurs et de leurs interrelations ».

Plus que jamais aujourd’hui, dans un contexte où la connaissance est fragmentée et les évolutions de plus en plus rapides, il devient indispensable de réfléchir collectivement pour construire et interpréter les diagnostics, pour analyser les tendances et envisager les différentes évolutions possibles.

1 Gaston Berger, 1896-1960 est le fondateur du centre universitaire international et des centres de prospective, directeur des études philosophiques

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Question posée à Hugues de Jouvenel, dirigeant du Groupe Futuribles International depuis 1970, le 19 avril 2011 par Cédric Polère

Comment définiriez-vous la prospective ? Quelle est son articulation avec l’action publique et la décision ?La prospective est avant tout pour moi un instrument d’aide à la décision au profit d’acteurs, chefs d’entreprise et gouvernants, ces derniers ayant une responsabilité toute particulière, celle de définir et de mettre en œuvre des politiques publiques normalement dictées par la conception qu’ils se forment du « Bien Commun » à moyen et à long terme. La prospective en l’espèce a deux fonctions : l’une de veille et d’exploration des futurs possibles, la prévoyance étant indispensable aux décideurs s’ils veulent réellement disposer d’un certain pouvoir, ne pas être en permanence acculés simplement à gérer les urgences (tel est l’objectif de la prospective dite exploratoire), l’autre étant d’aider les décideurs à se forger une représentation d’un futur souhaitable (un projet) et à définir les voies et moyens nécessaires pour le réaliser.

Peut-on faire l’économie d’éclairer l’avenir pour le construire ?Je ne le pense pas car, à défaut de vigilance et d’anticipation nous permettant de prendre conscience des évolutions possibles et des enjeux qui y sont liés lorsque l’on a encore le pouvoir de modifier le cours des choses, le risque est grand que l’on passe son temps exclusivement à gérer les urgences, notre pouvoir étant alors réduit à presque rien, les circonstances ayant en quelque sorte pris le pouvoir sur nous. Pour le dire autrement, notre liberté d’action dépend très largement de notre capacité d’anticipation. Mais celle-ci ne suffit pas : pour prétendre pouvoir construire l’avenir, encore faut-il que nous soyons capables d’apprécier correctement nos marges de manœuvre, de nous forger une représentation d’un futur souhaitable et réalisable, enfin que nous soyons à même de mettre en œuvre les voies et moyens indispensables pour le réaliser.

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Les CARIF-OREF, de par leur mission de mutualisation de la connaissance, peuvent jouer un rôle de repérage des travaux et des experts utile à la réflexion régionale.

1.3) La prospective comme approche partenariale

Enfin, il est tout aussi important, comme le prônait Bertrand de Jouvenel, d’analyser « les comportements passés et prévisibles des trois partenaires de tout mouvement social : l’individu, la société, l'Etat/nation ».

Là encore, les CARIF-OREF, dans leur mission d’interface entre les acteurs de l’emploi, de la formation et des partenaires sociaux, sont des lieux privilégiés pour l’animation de ce type de réflexion.

II La prospective régionale : une démarche

2.1) Un horizon de moyen terme qui permet d’anticiper

La prospective fait référence à un avenir souvent lointain. « Le temps long est le seul sur lequel peuvent réellement être engagées les actions en profondeur impliquant, par exemple, de nouvelles infrastructures, la formation des hommes, le changement des mentalités et des comportements. Pratiquement, à l’horizon de quelques mois, de trois ou cinq années, les jeux sont presque faits, les marges de manœuvre très limitées  », disait Hugues de Jouvenel.

L’horizon de long terme « permet d’éliminer les effets de périodes et d’appréhender la dynamique profonde des systèmes ». Il permet de travailler (prendre en compte et agir) sur des variables à fort taux d’inertie (écosystèmes, changements démographiques…). Cependant les OREF n’ont pas les moyens ni les compétences pour mener à bien un travail de prospective régionale au sens « Futuribles2 ». Ils sont sollicités sur un horizon de moyen terme de 5 à 10 ans ; un horizon correspondant au temps de réaction des innovations technologiques ou organisationnelles et aux changements liés à l’évolution de la carte scolaire. Par ailleurs le moyen terme est un horizon sur lequel les branches professionnelles peuvent avoir des informations. En effet, peu d’acteurs régionaux ont sur l’avenir une vision de très long terme.

La difficulté consiste à éclairer des décisions avant qu’elles ne deviennent inévitables. Comme disait Talleyrand: « Quand il est urgent, c’est déjà trop tard ».

2.2) Un éclairage pour une aide à la décision concertée avec une finalité déterminée

Les OREF sont des « assembleurs de données », ils mutualisent les études régionales sur l’emploi et la formation et produisent des « pré diagnostics » ou des diagnostics, construits et partagés avec les acteurs. Au-delà des états des lieux, ces diagnostics dynamiques peuvent servir à dégager les tendances à l’œuvre et à repérer les variables de rupture.Ce travail est généralement mené avec une finalité précise : aménager la carte des formations par exemple dans le cadre du CPRDFP. A partir des tendances dégagées par les diagnostics et les aléas envisagés, des hypothèses peuvent être dégagées pour aider à l’élaboration éventuelle de scénarios.

2.3) Une démarche participative

2 Invitation à la prospective, Hugues de Jouvenel, Futuribles Perspectives

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Afin d’apporter aux acteurs un maximum d’éléments pour construire une vision de l’avenir possible, les CARIF-OREF organisent l’expression de différents points de vue d’acteurs et formalisent les enjeux, les perspectives, les aléas... En effet, cette démarche prospective pour accompagner un processus de décision s’appuie sur la capacité des OREF à réunir les acteurs en assurant un rôle d’interface, d’animation. La démarche prospective se déroule selon les régions à différents niveaux de territoires (Région, SCOT…), en réunissant des groupes d’acteurs différents selon l’objet de la réflexion (pôles de compétitivité, CPRDFP, CCREFP, COT, EDEC…)Le résultat est bien en premier lieu la création d’une réflexion collective sur un territoire. Et c’est la structuration de cette réflexion collective qui est susceptible non seulement d’éclairer l’avenir mais qui est garante du partage des enjeux et ensuite de l’adhésion des acteurs aux décisions qui seront prises. L’animation est une des missions importante des CARIF-OREF. En tant qu'outil, elle vient organiser le système de participation.

2.4) Une démarche qui prévoit des outils de suivi

Au-delà d’une aide à l’anticipation et à la décision, il est demandé aux OREF d’apporter un appui au suivi des décisions prises. C’est notamment le cas du CPRDFP, où est même attendue, dans certaines régions, une aide à la construction des indicateurs d’évaluation.

Comme le dit Michel Godet « La prospective est une démarche continue, car pour être efficace, elle doit être itérative et se fonder sur des successions d'ajustements et de corrections (en boucles rétroactives) dans le temps, notamment parce que la prise en compte de la prospective par les décideurs et différents acteurs de la société modifie elle-même sans cesse le futur ».

III La prospective régionale : une expertise qui s’appuie sur des outils

Les OREF sont des organismes pluridisciplinaires. Y travaillent des économistes, des sociologues, des géographes, des statisticiens. Les domaines d’intervention sont l’emploi, la formation initiale et continue, le marché du travail, l’évolution des secteurs économiques, auxquels s’ajoute l’observation des parcours de formation, des évolutions des actifs (hommes et femmes)… De par la mission d’information des CARIF, les OREF sont au cœur des préoccupations des acteurs mais aussi des familles. De même ils rencontrent régulièrement des professionnels de la formation et de l’orientation, les partenaires sociaux et les branches professionnelles.

Ces compétences – tant d’analyse que statistiques – et cet environnement de travail font des CARIF-OREF des référents experts.

Les outils utilisés vont du diagnostic (chapitre 2) aux projections d’emplois (chapitre 3) pour élaborer in fine des enjeux, parfois des scénarios ou des pistes d’orientation.

IV En guise de conclusion

En ce sens, la façon qu’ont les OREF d’apporter des éléments pour une réflexion prospective se rapproche de la conception de Michel Godet3. Il ne s’agit pas de prévoir l'avenir, bien entendu, mais d’élaborer des

3Michel Godet est économiste et professeur au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire de prospective stratégique et auteur d'ouvrages économiques sur le travail ou l'évolution démographique.

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scénarios possibles sur la base de l'analyse des données disponibles (états des lieux, tendances lourdes, phénomènes d'émergences), de la compréhension et de la prise en compte des processus à l’œuvre : « Si l'histoire ne se répète pas, les comportements humains se reproduisent ». La prospective doit donc aussi s'appuyer sur des analyses rétrospectives et la mémoire du passé humain et écologique. Elle acquiert ainsi une double fonction de réduction des incertitudes face à l'avenir et de priorisation ou légitimation des actions.

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Chapitre II

Les diagnostics dynamiques, outils d’une démarche prospective

I Les diagnostics dynamiques : des outils pour anticiper 

Faire de la prospective emploi/formation pour un OREF, c’est mettre en place des outils d’observation et d’échanges, construire une méthodologie adéquate pour tirer le meilleur parti des informations connues et faire qu’elles puissent être appropriées et partagées collectivement sur le territoire par les acteurs concernés. En ce sens, les diagnostics dynamiques, territoriaux et /ou portant sur une filière ou un domaine professionnel constituent à la fois une étape mais aussi des outils au service de la prospective.

Si les méthodologies et processus mis en œuvre dans un travail de diagnostic varient selon les acteurs, les problématiques investiguées, le territoire, les moyens, l’environnement etc…, ces démarches partagent dans leur ensemble des objectifs communs et des étapes et éléments structurants essentiels à leur réussite et faisant de ces travaux des composantes d’une réflexion prospective.

1.1) Les objectifs du diagnostic

Par leur mission et par leur rôle d’interface au cœur du système d’information public local et régional, les OREF s’appuient sur des diagnostics pour fournir des éléments de connaissance et d’analyse utiles à la compréhension et l’appréciation des phénomènes socio-économiques locaux. Les diagnostics ainsi réalisés s’attachent à saisir une réalité, à identifier les caractéristiques du territoire et à souligner les évolutions majeures observées ces dernières années.

Dans leur dimension dynamique, les diagnostics s’attachent également à prolonger un état des lieux par l’identification des grandes tendances auxquelles seront confrontés les territoires. Au-delà des spécificités sectorielles et territoriales et des problématiques emploi/formation, ces diagnostics tentent de déceler les perspectives et potentialités de développement, les stratégies des acteurs économiques et leurs impacts prévisibles sur les ressources humaines, tant en termes de métiers, de volume d’emplois, de compétences, de qualifications, de forme d’emploi, d’organisation du travail… De ces diagnostics se dégagent également les atouts du territoire en matière de ressources humaines et d’activités économiques, ses opportunités, ses points de vigilances, ses enjeux, ainsi que les pistes d’évolution.

Ces travaux visent ainsi à rendre les acteurs institutionnels, économiques et les partenaires sociaux, conscients des enjeux du présent et de l’avenir. Ils permettent également de déterminer les leviers d’actions que ces mêmes acteurs pourront mobiliser et maîtriser pour atteindre les objectifs définis au regard des problématiques et évolutions possibles mises en lumière.

En participant à la compréhension du présent et en éclairant les conséquences des stratégies d'actions envisageables, ces diagnostics réalisés par les OREF constituent des dispositifs de connaissance orientés vers l’action et sont, en d’autres termes, des instruments au service des projets ou des questionnements relatifs aux politiques d’emploi et de formation. Ils outillent la réflexion et aident à la prise de décisions dans le présent afin de faire tendre le futur vers les préférences et aux objectifs partagés et visés par les acteurs et décideurs. En cela, ces diagnostics constituent des éléments à part entière d’une démarche prospective.

1.2) Les étapes et points clés

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Malgré la diversité des méthodologies mises en œuvre au sein des OREF, il existe des constantes dans les outils et les étapes structurant les travaux qui viennent favoriser la réussite d’un diagnostic, d’une réflexion puis d’une action collective sur le territoire.

1.2.1) Le comment :

Plusieurs étapes sont à suivre afin de sérier au mieux les problématiques posées et de les faire partager. Elles permettent aussi l’appropriation des principaux résultats et vont tracer et caractériser la démarche tout au long de sa mise en œuvre.

Connaître : par des entretiens à conduire avec des personnes ressources et des professionnels repérés et par une étude documentaire

Décrire et analyser : par l’analyse des données quantitatives disponibles ou produites (ex : enquêtes) pour établir un portrait dynamique statistique

Observer : par la réalisation d’entretiens individuels avec les acteurs (institutionnels, responsables de branches professionnelles, OPCA, entreprises …)

Confronter les résultats : par des réunions collectives avec les partenaires institutionnels Produire : par l’élaboration d'un rapport d'étape Echanger : par la présentation des résultats et de scénarios permettant de dégager des

préconisations Restituer : par la communication de l’étude et de ses résultats dans les instances en charge des

politiques (ex : CCREFP) mais aussi auprès des acteurs de l’AIO dans une logique d’information pour les publics divers (jeunes, demandeurs d’emploi, salariés …)

1.2.2) Le quoi :

Il existe un ensemble de points clés qui doivent être pris en compte tout au long de la démarche.

L’état des lieux : il s’agit ici de réunir les données quantitatives et qualitatives les plus opérationnelles pour élaborer un panorama dynamique des activités (nature, dimension, évolution, lieu...), des emplois (nature, nombre, évolution...), de la formation (initiale et continue..), de la ressource compétence et du vivier de main d’œuvre (demandeurs d’emploi) …

Les facteurs d’évolution et leurs impacts : un diagnostic prospectif est une démarche systémique qui vise à mieux comprendre les dynamiques des systèmes locaux dans leur environnement et leur globalité. De nombreux facteurs d’évolution vont en effet impacter le territoire et l’emploi et doivent donc être pris en compte. Ces facteurs peuvent être d’ordre démographique (pyramides des âges, départs à la retraite …), économique (évolution des attitudes de consommation, stratégies des entreprises, contexte concurrentiel...), technologique (nouveaux matériaux), réglementaire, organisationnel (flexibilité, management …), géographique (déplacement des marchés, division géographique du travail …), culturel… Il s’agit ici d’identifier ces facteurs et d’appréhender leurs conséquences sur l’emploi tant d’un point de vue quantitatif (diminution ou augmentation des besoins en emploi sur des secteurs, des territoires ou des métiers) que qualitatif (évolution des compétences, des qualifications, des parcours de formation ...).

Les tendances et scénarios :

Ils et elles sont de différent(e)s approches :

- prévisionnel pour dessiner des images de l'avenir qui soient cohérentes et plausibles ;

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- tendanciel ou projectif en se construisant sur la base d’évolutions tendancielles et de l'introduction d'éléments nouveaux identifiés ;

- normatif en s’appuyant sur ce qui s'impose au secteur, au territoire, aux métiers ;  - anticipatif en intégrant les décisions des acteurs et l'impact de ses décisions sur l'évolution ;- pédagogique en caractérisant des situations pour éclairer les décisions en mettant en relation des jeux

d'hypothèses, d'impacts et de solution.

Cette étape des travaux peut s’appuyer sur la méthode des scénarios qui consiste à dégager des images prévisionnelles cohérentes et plausibles. La construction de scénarios se fait à partir des tendances lourdes et des facteurs d’incertitudes qu’il est utile de « mettre en tension ». Les hypothèses ne doivent pas être considérées comme concurrentes entre elles avec la sélection du plus « probable » ou du plus « souhaitable ». Un scénario résulte en réalité d’une combinaison cohérente de réponses apportées aux questions que soulèvent les facteurs d’incertitudes, et chaque scénario est volontairement contrasté afin de faire ressortir les convergences et les divergences de chacun d'eux.

Les actions pour répondre aux enjeux : la démarche doit enfin se concrétiser par des propositions de pistes et par l’identification de leviers d’action.

Pour conclure sur cette partie, s’il est un élément dont dépendront pour une grande partie la bonne avancée et l’aboutissement de la démarche, c’est l’implication des différents acteurs et la place qui sera laissée au collectif. Les résultats des travaux ne seront que peu utiles si les acteurs et décideurs en charge des questions d’emploi et de formation ne se les approprient pas. En tant qu’assembleur, interface, animateur et lieu de partenariat, le rôle des OREF est ici déterminant. Souscrivant de plus aux deux principes généraux que sont l’objectivité et la neutralité, les OREF favorisent la bonne marche et la réussite des travaux.

Notons que ces travaux peuvent être complétés ou venir compléter des exercices de projections quantitatives d’emploi que certains OREF ont d’ailleurs engagé. Mais avant de présenter ces outils d’un autre genre (cf. Chapitre III), nous présentons quelques exemples d’études et diagnostics dynamiques et prospectifs mis en œuvre par des OREF.

II Exemples de démarches engagées au sein des OREF

L’idée de cette partie n’est pas de présenter de manière exhaustive les études et diagnostics à portée prospective mis en œuvre par les OREF, mais de montrer la diversité des travaux et des méthodologies retenus.

2.1) Des études prospectives de filières en Picardie

En Picardie, le parti pris a été d’inclure l’analyse prospective des besoins de formation dans une approche élargie, permettant aux pouvoirs publics régionaux d’établir des stratégies globales sur les filières d’activité, et devant donner lieu à des pistes d’action à destination des acteurs du développement économique, du soutien à l’innovation ou d’autres acteurs. Par pistes d’actions, on entend ici la formulation de propositions partagées, qui peuvent porter sur l’organisation d’une filière, la mise en réseau des acteurs, l’identification d’enjeux technologiques prioritaires, l’offre de soutien apportée aux entreprises, l’offre de formation tout au long de la vie …

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2.1.1) Les objectifs :

Les diagnostics engagés sur les filières (chimie verte, écotechnologies...) visent à :

Comprendre le système dans lequel évoluent ces filières (logiques économiques, technologiques, spatiales, réglementaires, sociales …) ;

Comprendre la place de la région dans ce système en analysant le système productif régional (entreprises présentes, emplois et qualifications, capacités de R&D, offre de formation), en repérant les stratégies des autres régions et les outils qu’elles mettent en place (benchmarking), et en identifiant les marges de manœuvre régionales.

2.1.2) La méthode :

La méthode retenue s’appuie sur trois étapes.

Etape 1 : Problématisation. Cette étape vise à l’identification des enjeux stratégiques, sur la base de premiers éléments de diagnostics (analyses statistiques et/ou bibliographiques, complétées si besoin par des entretiens d’expert).

Etape 2 : Approfondissement du diagnostic sur la base d’enquêtes de terrain auprès des entreprises, des acteurs de l’innovation et de la R&D, des acteurs de la formation …

Etape 3 : Analyse des résultats obtenus, formulation de conclusions et de propositions de pistes d’action, soumises à des discussions avec les membres du comité de pilotage.

Le caractère prospectif de ces travaux réside dans la volonté :

de comprendre des logiques « systémiques » complexes, sur la base de réunions d’acteurs variés (interrogés durant l’étude ou associés au comité de pilotage) ;

d’essayer d’orienter les politiques de filière, sur la base d’éléments de diagnostics partagés.

2.1.3) L’utilisation :

La vocation de ces études est d’être un appui à la mise en œuvre des politiques régionales, dont celles portant sur les dispositifs d’emploi et de formation. Dans cette perspective, le CPRDFP offre un cadre intéressant pour intégrer les apports des études prospectives. Le diagnostic préalable du CPRDFP a ainsi intégré des éléments qualitatifs sur les « enjeux de métiers » issus de ces travaux.

Par ailleurs, le cadre élargi des comités de pilotage de ces études permet de faire discuter des acteurs d’horizons différents, et conduit à un enrichissement qualitatif et mutuel de la compréhension des enjeux emploi/formation au regard des phénomènes économiques.

Les résultats obtenus peuvent également être portés à la connaissance des acteurs de l’AIO dans une logique d’information sur les enjeux de filière et servir d’appui à la professionnalisation des observatoires des Maisons de l’emploi et de la formation

Enfin, ces études permettent également d’alimenter des dispositifs qui ne relèvent pas directement des politiques d’emploi ou de formation (exemple des contrats de filière qui portent sur l’accompagnement des branches par les institutions régionales sur une logique plus « économique »).

2.1.4) Des limites :

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Ces études peuvent toutefois rencontrer des limites, qui sont le plus souvent d’ordre temporel. En effet, le CPRDFP porte sur la période 2011-2015, alors que les mutations étudiées s’inscrivent dans un horizon de temps plus lointain. Ainsi, les discussions entre Etat, Région et branches professionnelles s’engagent pour partie sur des logiques de plus court terme (difficultés de recrutement, objectifs quantitatifs sur l’apprentissage…) et sur des champs professionnels plus restreints (périmètres de délimitation des branches professionnelles).

2.2) Une démarche prospective sectorielle en Rhône-Alpes et en Languedoc-Roussillon

L’exemple présenté ci-dessous s’appuie sur une expérience de démarche de prospective régionale des métiers du sanitaire et du social, conduite en Rhône-Alpes puis en Languedoc-Roussillon. Cette démarche a été conduite dans le but d’outiller la réflexion sur l’évolution de l’offre régionale de formation professionnelle dans le cadre du Contrat de Plan Régional de Développement de la Formation Professionnelle (CPRDFP).

2.2.1) Les objectifs :

Il s’agit :

d’élaborer des pistes d’évolution sur l’emploi et la formation dans un secteur d’activité à partir de données quantitatives ;

de confronter ensuite ces pistes à l’expertise des acteurs régionaux : services déconcentrés de l’Etat (Direccte, DRJSCS, ARS, Rectorat ….), la Région (les élus et les techniciens), les partenaires sociaux (COPIRE, représentants des Branches professionnelles du secteur, OPCA), les établissements de formation et les représentants des élèves - étudiants.

2.2.2) - La méthode :

La méthode s’articule en trois phases successives :

Phase 1 : assemblage de données quantitatives et qualitatives, définition des thématiques à traiter et constitution d’un pré-dossier de diagnostic.

Lors de cette phase, il faut notamment :

o définir les déterminants des besoins en personnel qualifié : nombre de professionnels en exercice, départs à la retraite, mobilités de carrière et flux géographiques, évolution des besoins en services, évolution de l’offre de services, évolution des pratiques professionnelles, politique de gestion des ressources humaines...

o définir les déterminants des ressources en personnel qualifié : places ouvertes en formation, taux d’abandon en cours de formation, flux de diplômés, développement des voies de formation (dont VAE), formation continue non diplômante, flux inter-régionaux, attractivité des métiers et des formations, capacité d’accueil des établissements de formation et des terrains de stage, politiques des différents financeurs de formation.

Phase 2 : animation d’une concertation avec les acteurs régionaux.

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Les éléments d’analyse quantitative et qualitative sont présentés et discutés avec les acteurs régionaux. Cette phase de concertation permet d’aboutir à un diagnostic emploi/formation complet sur le secteur.

Phase 3 : formalisation des pistes de travail portées par l’ensemble du groupe de travail partenarial.

Cette phase intègre la rédaction de fiches de synthèse sur les constats, les enjeux et les pistes de travail. Les fiches intègrent les préconisations du groupe de travail sur les enjeux sur l’emploi et la formation dans le secteur d’activité.

2.2.3) - L’utilisation :

Cette démarche s’inscrit comme un outillage des acteurs régionaux. Elle permet notamment d’apporter une aide à la décision relative au pilotage des CPRDFP et des cartes régionales des formations professionnelles. Ces travaux viennent alimenter les réflexions conduites dans le cadre des instances du CCREFP : commissions, sous-commissions et groupes de travail techniques.

Par ailleurs, l’appropriation de ces travaux par les élus régionaux, les services techniques de l’Etat et de la Région constitue une étape cruciale dans l’opérationnalisation de la démarche.

En complément de cette utilisation, le PRAO valorise ces travaux en animant des sessions de professionnalisation. Ces sessions peuvent d’ailleurs être co-animées avec des institutions publiques (Région, Etat …) et/ou des professionnels du secteur d’activité. Les sessions s’adressent aux professionnels de l’Accueil Information Orientation (AIO) et plus largement aux acteurs régionaux de l’emploi et de la formation. Elles permettent d’apporter un éclairage pertinent sur l’emploi et la formation dans un secteur d’activité.

2.2.4) - Les limites

Cette démarche de prospective a été mise en œuvre en Rhône-Alpes et en Languedoc-Roussillon dans le cadre de la décentralisation des formations sanitaires et sociales. Les enjeux forts, en matière d’emploi et en termes d’accompagnement des besoins sociétaux, ont justifié la mise en place de la démarche mais celle-ci est exigeante en termes de moyens humains et de ressources techniques.

2.3) Une animation territoriale par une démarche prospective en Haute-Normandie

2.3.1) Les objectifs opérationnels :

L’objectif visé dans la démarche engagée par l’OREF Haute-Normandie est de privilégier une lecture dynamique du territoire par la mise en exergue des faits marquants selon une logique opportunités / menaces / forces / faiblesses. L’outil d’anticipation retenu doit alors apporter des informations pour comprendre et « anticiper » les crises mais doit aussi aider à repérer les activités en émergence, les dynamiques économiques à l’œuvre dans les territoires. Il doit être un point d’appui à un travail localisé plus approfondi et propose de donner un éclairage sur les changements induits en matière d’emploi, de qualifications et de formation.

Pour ce faire, l’outil doit : permettre le repérage des spécificités locales et les zones d’opportunités et de vulnérabilité permettre l’identification des enjeux de moyen et de long terme sur le territoire repérer et assembler les sources

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aider à la construction d’indicateurs aider à l’interprétation

Le tout en respectant quatre principes fondamentaux que sont l’appropriation permise par le partage de l’analyse, l’objectivité, l’opérationnalité par la contribution à la prise de décision et enfin la précaution puisque la réalité est complexe et qu’il n’y a pas de réponse toute faite.

2.3.2) La méthode :

Des indicateurs sont retenus pour identifier les éléments structurants de la population, de l’économie locale, des actifs, du marché du travail, de la formation et leurs évolutions respectives. Le choix des indicateurs devant également permettre d’apporter un regard croisé sur les thématiques emploi / marché du travail / formation pour identifier les ajustements utiles afin de favoriser le lien entre les ressources disponibles et les besoins.

L’information doit ensuite été organisée de manière à : replacer le territoire dans son contexte spatio-temporel par une mesure des écarts avec le niveau

régional ; identifier les spécificités locales dans les systèmes de l’emploi, du marché du travail et de la

formation ; repérer les secteurs, les domaines professionnels et les métiers les plus porteurs d’enjeux en matière

d’opportunités ou de fragilité.

Un ciblage est réalisé sur un petit nombre d’indicateurs de suivi « conjoncturel » qui sont mis à jour annuellement. Sur la base d’un scoring, les territoires sont positionnés sur une matrice synthétique de dynamisme.

Une comitologie peut alors être la suivante comme déroulé de la démarche prospective en termes d’animation :

Janvier/Avril : pré-diagnostic à partir des données et indicateurs validés Mai/Juin : échanges avec l’échelon local institutionnel et enrichissement/préparation de l’animation

locale Septembre/Octobre : animation locale avec les acteurs locaux type SPEL Novembre/Décembre : échanges avec les branches professionnelles et enrichissement des synthèses Janvier/Février (année N+1) : animation territoriale élargie ouverte aux entreprises et aux acteurs de

l’AIO.

2.3.3) L’utilisation :

La finalité de cet outil est bien de tendre vers une démarche prospective par une animation au sein de groupes prospectifs locaux. L’outillage est utilisé en tant que point d’appui à une réflexion concertée et facilite la compréhension des mécanismes qui conduisent de la formation à l’emploi et des mécanismes constituant des freins à l’accès à l’emploi.

Dans le cadre d’un outillage du CPRDFP, l’association des branches professionnelles,  notamment en lien avec les contrats d’objectifs territoriaux par des réunions « d’animation conjoncturelles » apparait essentielle. Ces réunions s’appuient sur des matrices statistiques et des grilles de réflexion. Au cours d’une première année, des perspectives sont pointées en matière d’activité, d’emploi, de qualification et de formation et des hypothèses sont formulées. Le groupe de travail de l’année suivante a pour objectif de se

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prononcer si ces perspectives toujours pertinentes ou la possibilité qu’elles connaissent une modification. Il s’agit alors de relever le cas échéant de nouvelles perspectives issues de l’accélération, de l’atténuation ou de l’inversion des tendances repérées.

Ces temps de travail permettront de croiser sur le local une approche régionale de la branche et d’enrichir les données de l’OREF avec les données de chaque branche. Il s’agira également, dans la mesure du possible, de travailler et échanger avec d’autres acteurs (UT des Direccte, référents locaux Pôle Emploi, chargés de mission des sous-préfectures…).

2.4) Eléments des conditions de réalisation d’une GPECT infra en Limousin

Dans ce cas de figure, l’OREF a été sollicité par les Services de l’Etat pour réaliser un diagnostic emploi/formation sur un espace territorial infra-communal.

2.4.1) Les objectifs et le champ de l’étude :

L’objectif des travaux a été de dresser un état des lieux économique et social sur une zone d’emploi, préalablement à la mise en place d’une GPECT sur le territoire communal. L’état des lieux s’est attaché à identifier et analyser les activités économiques de la zone d’emploi et connaitre le profil de ses habitants. L’enjeu étant de déterminer des perspectives de développement/aménagement à moyen terme de la zone en mettant l’accent sur l’employabilité des publics fragiles.

2.4.2) La méthode :

Le diagnostic s’est composé de deux volets, un volet « économique » et un volet « social ».

Pour le volet « économique », les données ont permis une analyse des secteurs d’activités présents sur la zone, avec une mise en perspective des spécialités sectorielles par rapport à la structure économique du territoire communal. Ces éléments ont été complétés par des entretiens auprès des acteurs économiques et de l’aménagement du territoire afin d’identifier notamment les perspectives de développement d’activités.

Le recueil et l’analyse des données du marché du travail ont pour leur part permis d’identifier les besoins locaux en emploi et en compétences et d’identifier le niveau de qualification et les compétences des résidents sur ces ZUS afin de proposer une insertion vers l’emploi.

Ces éléments ont par la suite été complétés par un descriptif de l’offre de formation locale ou les possibilités d’organiser localement une offre de formation en direction de publics peu mobiles.

Pour le volet « social », le travail a consisté à réaliser un panorama de cadrage de la population présente sur l’espace géographique choisi en utilisant une base de données dont le recueil des données a été effectué par la M.O.U.S. (Maîtrise d'Œuvre Urbaine et Sociale). L’objectif dans cette partie était d’identifier les facteurs influant sur la recherche d’emploi, l’insertion et l’organisation du travail, (mobilité, garde d’enfants, travailleurs pauvres, déclassement…).

La production du diagnostic s’est organisée de la manière suivante :

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validation de la méthodologie et des premiers éléments d’analyse en comité restreint avec l’UT de la Direccte (commanditaire) ;

présentations en comité de pilotage ; repérage des établissements par NAF et SIRET pour permettre aux OPCA de repérer leurs

adhérents ; appui à la réalisation d’un questionnaire diffusé auprès des établissements de plus de 10 salariés de

la zone étudiée concernant la structure des emplois (par âge, métier, qualification…), les besoins de main d’œuvre à court et moyen terme.

2.4.3) L’utilisation :

Le diagnostic ainsi réalisé a permis de dresser un panorama social et économique de la zone et d’identifier le potentiel à moyen terme d’activités susceptibles de recruter. Ses résultats seront exploités par les acteurs (MLI, PLIE, Collectivité, organisations professionnelles, OPCA, AFPA…) pour la mise en œuvre et le déroulement du projet de GPECT.

24.4) Difficultés :

La principale difficulté rencontrée a été de transférer la méthodologie employée dans le portrait de territoire dans un découpage infra-communal, notamment pour le recueil de données statistiques. La présence variée de plusieurs zones d’activités existantes et potentielles (quelles activités existantes, en devenir, pour quels besoins en compétences ?), ainsi que le contexte géographique du diagnostic réalisé sur des Zones Uniques Sensibles et qui a nécessité une observation de données sociales renvoyant à la description de phénomènes sociaux, ont également soulevé des difficultés.

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Chapitre III

Les projections d’emplois, un outil au service du pilotage de l’offre de formation régionale

I Des outils complémentaires aux diagnostics dynamiques 

Dans un contexte de transformations permanentes des organisations, des systèmes productifs et de l’environnement économique, l’anticipation des mutations économiques devient une question prégnante pour les acteurs régionaux. Ces mutations impactent l’évolution de l’emploi, des métiers et des qualifications.

Les diagnostics dynamiques permettent de mettre en perspective les tendances à l’œuvre. L’analyse partagée permet de comprendre les mécanismes et à chacun de s’approprier l’analyse.

Les modèles utilisés par les OREF comme les diagnostics mobilisent les mêmes acteurs : les experts régionaux, les acteurs qui ont en charge la mise en place des mesures (Etat, Conseils régionaux) ou qui sont concernés sur les territoires (les branches professionnelles, les chambres consulaires, les entreprises et les partenaires sociaux).

Il s’agit d’outils synthétiques dont les résultats interrogent, car généralement l’une des projections prolonge des tendances passées. Les acteurs sont alors confrontés à des estimations qui pour être analysées obligent à revenir sur ce qui s’est passé (éléments des diagnostics dynamiques), à comprendre comment cela s’est passé (appel à des commentaires d’acteurs) et si possible pourquoi (analyse du contexte régional, national, voire international, et des jeux d’acteurs).

Les trois modèles présentés sont calés sur des travaux antérieurs. Ils s’adossent soit à des diagnostics régionaux formalisés, soit à des données observables et interprétables (diagnostics territoriaux ou travaux de prospective nationale).

1.1) Les objectifs

- Construire une démarche prospective partagée avec les professionnels de l’emploi et la formation.- Anticiper des besoins en recrutements par secteur, en déduire des besoins en formation selon des

scénarios prospectifs.

Il s’agit de dégager une vision partagée entre les acteurs sur les atouts du territoire en matière de ressources humaines, d’activités économiques, de formation, sur les opportunités, les points de vigilances, les leviers d’action, et de rendre les acteurs institutionnels, économiques et les partenaires sociaux conscients des enjeux du présent et de l’avenir.

Les outils de prospective sont non seulement des moyens d’animation, des supports de concertation, mais surtout des outils de pilotage à moyen terme de la carte des formations car ils permettent de suivre l’impact des mesures mises en œuvre au regard des objectifs attendus.

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Pour ces raisons ces outils sont conçus pour être pérennes. Ils sont mis à jour tous les ans ou tous les deux ans, selon les régions. Ils permettent d'évaluer régulièrement les situations réelles pour corriger des écarts et par conséquent aider au pilotage de la relation emploi/formation en région. 

1.2) La démarche

1.2.1 Les étapes  :

Malgré la diversité des modèles présentés, les démarches utilisées sont proches. Un certain nombre d’étapes s’avèrent incontournables à tous ces travaux de prospective réalisés par les OREF.

Observation des tendances à l’œuvre (diagnostic dynamique), Choix du modèle en fonction de la problématique, des moyens et des délais impartis, Construction du modèle et estimations sur une période de 5 ans à 10 ans, Interprétation des résultats, en lien avec « les diagnostics dynamiques » et en comparaison avec les

estimations disponibles au niveau national (CAS, DATAR, DARES) et régional (travaux des branches),

Confrontations, discussions et concertation avec les partenaires (INSEE, Chercheurs universitaires, Etat, Conseil régionaux, partenaires sociaux, branches professionnelles…),

Modifications et ré-estimations éventuelles, Construction de variantes ou de scénarios, Présentation des résultats dans le cadre de l’animation de réunions de travail sur la carte des

formations (CPRDFP), dans certaines commissions du CCREFP ou du CESER, auprès d’acteurs locaux (branches professionnelles, entreprises, professionnels de l’AIO, élus…),

Suivi et évaluation : rapprochement des statistiques officielles avec les résultats du modèle.1.2.2 Les supports   :

Tout au long de la démarche, il est nécessaire de se référer à un certain nombre de supports :

Un état des lieux précis et des diagnostics dynamiques (au sens défini dans le chapitre précédent). Les données quantitatives servent à la fois à construire le modèle et à poser le contexte dans lequel interpréter les résultats du modèle.

Des travaux d’anticipation disponibles sur le territoire (DATAR, ou travaux de GPEC en particulier).

Les travaux de prospective nationaux (CAS, DARES). Des travaux, des auditions d’experts ou des partenariats sur des thèmes proches (INSEE,

chercheurs) ou complémentaires au champ emploi/formation tels l’innovation technologique, l’innovation des organisations (ARITT, OSEO…), le développement économique régional (Agences de développement, Chambres consulaires…).

II Exemples : trois OREF, trois démarches engagées

Bien qu’étant construits avec les mêmes objectifs et la même démarche, les trois modèles présentés sont différents dans leur logique mais complémentaires.

Le modèle de l’OREF Ile-de-France permet de mesurer l’impact qu’auraient les scénarios réalisés au niveau national par le Conseil d’analyse stratégique (CAS). Il permet aux acteurs de mesurer les répercussions

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qu’auraient des décisions prises au niveau national sur le plan économique. Cette démarche est d’autant plus utile que la taille de la région est importante. En effet, les décisions nationales ont d’autant plus d’effets sur la région que celle-ci représente un poids important. Néanmoins, l’exercice peut se faire dans toutes les régions.

Le modèle de l’OREF Midi-Pyrénées est un modèle construit selon une méthode macroéconomique au niveau régional. Il intègre, comme le font les modèles de l’INSEE, des prévisions de population active, des mouvements d’embauche et de remplacement avec des hypothèses de renouvellement sur les postes de travail. Il amène donc les acteurs à s’interroger sur la dynamique économique régionale et son impact sur les besoins en formation.

Le modèle de l’ORFE du Gip Alfa Centre s’adapte à la temporalité de la construction de la carte des formations (moyen terme) et aux incertitudes qui pèsent sur l’insertion professionnelle des formés du fait des aléas conjoncturels. Au-delà d’une projection tendancielle, il s’attache à montrer les écarts importants selon des hypothèses conjoncturelles différentes. Il permet d’aider les acteurs à prendre en compte des accidents de parcours (de plus en plus fréquents) dans une stratégie de long terme afin d’adapter les choix en matière de formation.

2.1) Le modèle de l’Ile-de-France en référence au modèle du CAS

2.1.1) Les objectifs :

Le CARIF-OREF Ile-de-France réalise périodiquement des projections, à moyen-long terme, d’emploi et de postes à pourvoir par famille professionnelle.

Les résultats du dernier exercice, à horizon 2015, ont fait l’objet d’une publication en avril 2007 : « Les métiers en 2015 ». Ces résultats s’adressaient prioritairement aux décideurs et institutionnels de la formation (Conseil régional, DIRECCTE), ainsi qu’aux structures d’intermédiation (Pôle emploi, Missions locales…).

La connaissance des évolutions quantitatives et qualitatives de l’emploi devait aider à la conception et la mise en œuvre des politiques publiques emploi/formation. L’objectif était, en particulier, l’adaptation du programme régional de développement des formations, et plus globalement un meilleur pilotage de l’appareil de formation régional.

Ces projections d’emploi ont, par exemple, été mobilisées pour déterminer si les différents CAP préparés en apprentissage étaient encore adaptés aux besoins, actuels et prévisionnels, des employeurs (aussi bien d’un point de vue qualitatif que quantitatif). La prise en compte, via ces projections, de la dimension économique, par ailleurs croisée avec des critères sociaux et éducatifs, a permis d’identifier des potentialités de développement de l’apprentissage au niveau V.

Cette analyse croisée a aidé à l’adaptation de l’offre de formation en apprentissage pour les premiers niveaux de qualification (formalisée dans l’Accord Cadre d’Objectifs et de Moyens en faveur du développement de l’apprentissage signé en 2011 par l’Etat et la Région Ile-de-France).

Depuis le dernier exercice de projection, nous observons une évolution des questionnements sur les besoins en formations. Ces derniers témoignent de la volonté politique d’appréhender le développement économique, l’emploi et les besoins de compétences dans une approche davantage intégrée. Cette volonté s’est traduite, notamment, par l’adoption de la Stratégie régionale de développement économique et d’innovation (SRDEI) et du projet Grand Paris.

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Ces deux projets ont pour objectif de concrétiser l’ambition d’un développement durable des entreprises, des emplois et des territoires franciliens. C'est-à-dire permettre un développement à même de répondre aux exigences productives, écologiques et sociales qui forment les conditions nécessaires au maintien de la position de l’Ile-de-France dans la compétition entre métropoles mondiales.

Ces évolutions ont conduit le CARIF-OREF Ile-de-France à intégrer d’autres problématiques dans son approche des projections d’emploi. En effet, l’adaptation de l’offre de formation aux besoins économiques reste un enjeu majeur de cet exercice. Mais le CARIF-OREF doit également s’interroger sur le développement économique et l’impact de la conjoncture internationale en termes de créations d’emplois dans une région comme l’Ile-de-France.

Pour disposer d’outils de prévisions économiques au niveau régional, permettant de tenir compte de l’ensemble des enjeux liés à la mise en œuvre des politiques publiques, le CARIF OREF Ile-de-France a construit en 2012 une méthodologie de projection d’emploi par secteur d’activité. Cette dernière intègre les évolutions macroéconomiques et démographiques attendues d’ici 2030.

(Dans un second temps, des projections d’emploi par famille professionnelle seront construites en lien avec l’exercice de projection d’emploi par secteur d’activité).

2.1.2) La méthode :

Les projections macroéconomiques supposent d’identifier les déterminants de la croissance future. Toutefois, il n’existe pas de modèle au niveau régional. Un certain nombre de données statistiques nécessaires pour ce type de projection ne sont pas disponibles à un échelon territorial fin. De plus, certaines analyses ne sont pertinentes qu’au niveau national, par exemple l’impact du taux de change sur le commerce extérieur.

Ainsi, la méthode élaborée par le CARIF-OREF Ile-de-France retient les résultats nationaux obtenus par ces scénarios et cherche à estimer comment va évoluer la part de l’Ile-de-France à l’horizon 2030, dans chacun des 36 secteurs d’activité retenus par le CAS. Les projections régionales tendancielles d’emploi auxquelles elle aboutit sont ainsi cohérentes avec les prévisions nationales et s’articulent entièrement avec le modèle national NEMESIS développé par le CAS.

La méthode consiste à appliquer la part estimée pour chacun des secteurs par le Carif-Oref aux résultats obtenus par le modèle NEMESIS.

Pour remédier au risque de ruptures de tendance sectorielle spécifiques à la région qui entraineraient une modification brutale de la part de l’Ile-de-France dans la valeur ajoutée nationale et dans l’emploi de tel ou tel secteur d’activité, les résultats ainsi obtenus sont ensuite confrontés à d’autres types de travaux et d’expertise comme :

les études sur les perspectives d’activités réalisées par les branches professionnelles,

les statistiques sur les qualifications dans les différents secteurs qui permettent d’apprécier jusqu’à quel point la région se distingue de la moyenne nationale dans la structure de ses emplois et est susceptible, de ce fait, de connaître des évolutions très différentes des tendances prévues au niveau national.

Par ailleurs, certains effets propres aux politiques régionales de développement (mises en œuvre par la Région et par les services de l’Etat) sont intégrés dans nos simulations, comme les effets les plus immédiats

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et les plus massifs du Grand Paris (impact considérable sur l’activité et l’emploi du secteur du BTP et sur l’économie résidentielle).

Cette confrontation peut entrainer une modification de l’estimation. Une fois la part de la région validée par les partenaires, c’est elle qui sera in fine retenue pour être appliquée aux résultats du CAS. C’est ainsi qu’est obtenu un nombre de créations ou de suppressions d’emploi par secteur d’activité.

Cette même opération est répétée pour les trois scénarios produits par le CAS.

2.2) Midi-Pyrénées : un modèle « macro régional»

La démarche prospective choisit par le Carif-Oref Midi-Pyrénées est basée sur un outil de projection statistique, répondant à des enjeux majeurs :

- Conçu pour piloter à court et moyen terme les politiques en matière de mises en œuvre des actions de formation (dans le cadre du CPRDF).

- Support de concertation avec les professionnels des branches avec un travail partagé sur les hypothèses et les résultats.

- Permet de produire différents scénarii pour le moyen terme et ainsi de confronter les besoins avec les formations (utilisable comme outil pour la GPEEC).

2.2.1) Les objectifs :

L’objectif global est d’estimer à un niveau suffisamment fin (métier) les estimations d’emploi et les besoins qui en découlent en s’appuyant sur des projections d’emploi sectorielles, construites en fonction des évolutions prévisibles sur le court et moyen terme (PIB, mises en chantier, projections démographiques, libraisons Airbus…).

Trois objectifs ont pu être dégagés :

- Un outil pérenne : construit sur une période de 5 ans, il est mis à jour chaque année par simple ajout des données nécessaires

- Un outil de travail : il permet l’utilisation conjointe d’un ensemble de données (estimations d’emploi, pyramides des âges, taux de départs et d’entrées par âges, poids de chaque métier par secteur) et de confronter avec l’offre et la demande en termes de métiers.

- Un outil de concertation : base de discussion avec les professionnels des branches permettant de tester des hypothèses de travail de manière interactive et de faire fructifier le dialogue.

Enfin, il s’agit également d’informer le grand public en phase d’orientation ou d’insertion professionnelle et les établissements eux-mêmes.

2.2.2) La méthode :

Trois étapes :

• Estimer des emplois par secteur économique à court et moyen terme (7 ans)

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Le principe repose sur l’étude des relations qui existent entre l’évolution de l’emploi pour un secteur économique donné et certaines variables qui peuvent l’expliquer. Concrètement, pour chaque secteur économique, on va étudier la corrélation de l’emploi avec un ensemble de séries macro-économiques régionales, nationales, européennes ou mondiales sélectionnées en fonction de relations supposées à priori. Par exemple, on testera la relation entre l’évolution de l’emploi dans la construction régionale et l’évolution du nombre d’autorisations de mises en chantier de bâtiments dans la région. Pour chaque secteur économique, on ne conservera au final que les relations ayant un coefficient de détermination élevé.Une estimation d’emploi localisée est ensuite pratiquée, par département et par zone d’emploi. Il s’agit d’une projection du poids de chaque zone géographique en tenant compte de trois critères :

- la tendance observée sur la période 1990 à 2010 ;- l’évolution observée de court terme (dernières années) ;- le dernier poids observé (2010).

La réunion de ces trois critères permet ainsi d’obtenir une projection du poids de chaque zone géographique incluant les évolutions de long terme (tendance), celles de court-terme et le niveau du dernier poids observé.

• Passage de l’emploi par secteurs aux projections métiers

L’objectif de cette partie est de transformer les estimations d’emplois par secteurs économiques précédemment calculées en informations sur les métiers afin de pouvoir étudier les évolutions de l’emploi par métier en tenant compte notamment de la structure de leur pyramide d’âge.Pour effectuer ce travail, la distinction par GFE (Groupe Emploi Formation) est pondérée par la grande catégorie socioprofessionnelle du métier (en trois modalités : non-salariés, cadres et professions intermédiaires, employés et ouvriers).

Aux évolutions de l’emploi par métiers résumés en GFE - CS, s’ajoute une étape prenant en compte l’évolution de la pyramide des âges des actifs. Cette étape consiste à étudier la pyramide d’âge des actifs et à la faire évoluer dans le temps (vieillissement, départs, entrées nécessaires afin de satisfaire aux évolutions d’emplois prévus).

La méthode décrite nous permet d’obtenir les résultats suivants : Effectifs annuels pour la période 2009-2017 Départs annuels pour la période 2008-2016 Entrées annuelles selon leur type pour la période 2009-2017 :

- entrants venant directement du système de formation initiale ;- entrants venant d’une situation d’inactivité ;- entrants venant d’une autre activité.

Par différence entre les volumes d’emploi d’une année sur l’autre, on obtient alors les « créations nettes d’emploi », qui, ajoutées aux départs comme ceux en fin de carrière, constituent un ordre de grandeur du volume de postes à pourvoir pour un métier donné. Ces éléments sont ensuite à analyser au regard de l’appareil de formation et des tensions actuelles sur le marché du travail pour permettre une approche novatrice et prospective de la relation formation emploi.

• Validation de la méthode et confrontation des résultats

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Des comparaisons entre l’outil de projection du BTP (CCCA-BTP et FFB Midi-Pyrénées) et le modèle du Carif-Oref Midi-Pyrénées ont permis de valider les tendances observées et les grandes évolutions de l’emploi, communes aux deux outils. De plus, les différences de méthodologie et d’approche des deux outils les rendent complémentaires.

Il a été décidé que les acteurs partenaires tels que les branches professionnelles devaient de préférence être consultés sur les résultats des projections d’emploi et les tendances par métier ; travail qui a déjà pu être effectué en 2011 et 2012 comme développé dans le chapitre suivant.

2.2.3) L’utilisation

Le Carif-Oref Midi-Pyrénées a pu conduire des travaux et réaliser des publications en s’appuyant sur les résultats de cet outil de projection, disponibles depuis début 2011, mais aussi sur les exploitations de la démarche prospective (analyses avec les partenaires). Quelques exemples marquant :

- Dans le cadre du CPRDFP et de son suivi : les données de projection par métier font partie des indicateurs clefs du suivi du CPRDFP.

- Comme support de concertation avec les branches professionnelles : travail spécifique avec le BTP qui s’est poursuivi au cas par cas avec la FAFIH, l’AFT-IFTIM, Syntec… Ces réunions de travail ont permis d’améliorer nos modèles et analyses croisées emploi formation.

- Au cœur de la GPEEC : ce système global d’observation et d’anticipation, à vocation pérenne, permettra ainsi d’anticiper et de piloter les évolutions de l’emploi, des formations locales et des métiers spécifiques.

- Dans les outils d’aide à la décision : enrichir les tableaux statistiques et SIG.- Comme éclairage sur les enjeux emploi-formation : l’outil de projection sert de support de

commentaires des tendances régionales et de support d’animation de colloques autour des perspectives régionales.

- Au service de l’information grand public : le Carif-Oref inaugure à l’automne son nouveau site d’information sur les métiers, les formations, l’emploi en région, se basant notamment sur les éléments de tendances et perspectives, les métiers qui recrutent…

- Pour la professionnalisation des acteurs : une offre de professionnalisation a été construite pour participer à l’appropriation et la diffusion de la démarche prospective et de ses outils.

2.3) Région Centre : un modèle synthétique, s’ajustant sur le diagnostic dynamique régional

Généralement l’analyse prospective envisage l’avenir sur une longue période afin de gommer tout effet conjoncturel. L’intérêt est de pouvoir agir sur des variables dont l’inertie est forte à court terme. Cependant, la mission de l’ORFE, telle qu’elle apparaît dans le Contrat de Plan Régional de Développement de la Formation Professionnelle (CPRDFP 2010-2014), est d’apporter un appui pour l’adaptation de l’offre de formation aux besoins du système productif. Cela implique à la fois d’éclairer le long terme, et de prendre en compte des aléas de court terme auxquels la carte des formations devra s’adapter. Car si pour reprendre la métaphore de Gaston Berger dans les années 50 « Plus on roule vite, plus les phares doivent éclairer loin », avec l’accélération de la vitesse il faut également équiper le véhicule de freins puissants et d’une bonne capacité de reprise. Il n’y a donc pas d’opposition mais un besoin d’anticipation et de suivi pour assurer la meilleure adaptation possible.

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En effet, depuis plusieurs années, les périodes de conjoncture favorables et défavorables sont de plus grande intensité et se succèdent de plus en plus rapidement. La logique veut alors que l’on réfléchisse à l’impact de ces variations sur les besoins en recrutement et en formation.

Le modèle de l’ORFE mesure l’écart entre des besoins en recrutement selon que la période serait favorable ou défavorable. Il ne s’agit pas de construire des scénarios théoriques mais de donner les moyens aux acteurs d’adapter la carte des formations non seulement en fonction de choix stratégiques de long terme mais surtout d’anticiper les aléas pour adapter les formations. L’intérêt de ce modèle est bien, au-delà de l’adaptation aux tendances lourdes (la désindustrialisation par exemple) de mettre en évidence l’impact de tensions fortes qui peuvent apparaitre en cas de reprise économique et qui pourraient dans certains cas constituer un frein à la reprise.

2.3.1) Les objectifs opérationnels :

Le modèle de l’ORFE se veut être un outil d’aide à la décision permettant d’effectuer des projections d’emplois à un horizon de moyen terme (entre 5 et 10 ans).

L’objectif est d’apporter des éléments de réflexion sur l’adaptation de la carte des formations aux besoins du système productif, d’organiser une réflexion sur l’impact des variations conjoncturelles sur le trend de long terme.

L’ORFE a souhaité développer un modèle de projection se voulant simple et synthétique, facilement appropriable par tous les acteurs sans occulter la complexité des phénomènes observés. Il a ainsi écarté l’idée de construire un modèle qui mobiliserait des hypothèses macro-économiques croisant de multiples facteurs socio-économiques.

L’outil proposé permet à chacun de s’exprimer et d’apporter son analyse sur les processus observés de façon à construire une analyse collective.

Aussi, l’outil retenu permet à tous les acteurs de s’approprier les résultats des travaux de modélisation mais aussi et surtout la façon dont ils ont été obtenus. Ceci afin de faciliter la compréhension des mécanismes à l’œuvre et sur lesquels les acteurs peuvent influer par leurs décisions.

2.3.2) La méthode :

Méthode de calcul 

Trois projections

- Une estimation tendancielle, prolongation de la tendance observée sur le long terme,- Deux projections calculées sur le taux de croissance annuel moyen observé au cours des dernières

périodes de conjoncture favorable et défavorable.

Calcul des créations nettes d’emplois

Evolution de l’emploi entre la période projetée et la période de référence

Calcul des besoins en recrutements nets

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Créations nettes d’emplois + les départs en retraite estimés

Comparaison avec les sortants de formation

Les sortants de formation sont estimés par le Rectorat

Méthode d’animation

1 ère étape  : Elle repose sur l’hypothèse : « Si toutes choses restaient égales, les tendances se poursuivraient ». Dans un premier temps, l’ORFE s’appuie sur les diagnostics dynamiques pour aborder la question de l’interprétation : que s’est-il passé ? Quels ont été les processus à l’œuvre en termes de rupture ou d’adaptation du marché du travail, quels types de difficultés les secteurs ont rencontré…Après cette phase, s’engage une réflexion sur la probabilité que les choses se reproduisent : avec la même intensité ou non… Que conviendrait-il de faire alors pour assurer les ajustements souhaités à long terme ?

Eventuellement de nouvelles estimations peuvent être réalisées.

2 ème étape  : Comparaison de chaque estimation des besoins de recrutement avec le nombre de sortants projetés, commentaire des écarts. En fait on s’aperçoit que dans certains secteurs, les besoins de recrutement sont toujours supérieurs aux sortants de formation. Dans d’autres, ils peuvent être très supérieurs dans les périodes de reprise économique mais très inférieurs en cas de crise. La question qu’il convient de traiter alors est : « Faut-il diminuer l’offre de formation au risque d’altérer les reprises ? » ou « Comment assurer la flexibilité ? ».

Méthode de suivi des décisions prises

Depuis 2009, tous les deux ans, l’ORFE compare les données disponibles sur l’emploi avec les prévisions afin de s’assurer que le modèle fonctionne. Aujourd’hui, ce modèle, validé, peut servir d’outil de suivi, dans le cadre du CPRDFP.

2.3.3) L’utilisation :

2003 : Animation d’une réflexion dans le cadre du PRDFP. Construction de la première version du modèle (horizon 2010). Travail du Rectorat sur la carte des formations : modèle repris par la DOS pour le calcul des impacts des choix d’orientation sur les sortants.

2007 : Réactualisation et construction d’un modèle intersectoriel à horizon 2015.

Information, animation de débats pour les professionnels de l’emploi (branches professionnelles et OPCA – OPCALIA, AGEFOS, ARF BTP, UIMM, Transport…) et pour les professionnels de la formation  (conseillers d’orientation, chefs d’établissement, enseignants, parents d’élèves).

2008 : Construction du modèle pour la région Guyane et animation d’un atelier de travail à Cayenne sur la prospective territoriale, réflexion autour des enjeux majeurs en terme de formation.

2010 : Nouveau modèle à horizon 2020

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Appui au CPRDFP : animation de réunions avec les branches professionnelles, présentation dans un forum de lancement. Animation d’une réunion générale (Conseil régional, Direccte, Rectorat, branches professionnelles, Maisons de l’emploi, Pôle Emploi, organismes de formation, OPCA… ).

L’outil servira pour accompagner l’évaluation.

2011 : Transfert de la méthode à l’Agence Régionale de la Formation Tout au Long de la Vie (OREF de la région Poitou-Charentes)

Participation à une rencontre au CEDEFOP : Research paper n°18 “Conférence proceedings : Building on skills forcasts-comparing methods and applications”, “How to anticipate skills : and training needs by 2020 : a regional point of view”

2012 : Réunion de travail avec la branche du transport : présentation de la réactualisation du modèle, point sur les mesures mises en place suite aux premiers travaux dans le cadre du CPRDFP.

2.4) Conclusion

Les travaux, exemples et réflexions présentés tout au long de ce document illustrent les compétences que possèdent et développent les Carif-Oref en matière de démarches prospectives. Ils apportent ainsi des éléments de connaissance et des analyses utiles à l’anticipation des mutations économiques, question prégnante pour les décideurs et les acteurs de l’emploi et de la formation sur les territoires.

Le choix de la méthode et des outils construits par chacun des Carif-Oref dépend à la fois de son contexte régional, de la commande qui lui a été passée et de ses moyens humains. Tous les Carif-Oref ne sont pas sollicités sur les mêmes thèmes dans le même temps. Ainsi certains sont plus avancés sur l’animation de groupe dans le cadre de la GPECT quand d’autres mobilisent depuis plusieurs années des modèles de projections d’emploi. Chacun cherche à utiliser les outils et les méthodologies les mieux adaptés pour répondre aux demandes qui lui sont adressées par ses commanditaires, en fonction des problématiques qui se posent sur leurs territoires.

En matière de prospective, la réussite des travaux et la pertinence des résultats requièrent un investissement en temps et des moyens pour imaginer, tester et fiabiliser les outils et méthodologies qui seront les plus appropriés. Aujourd’hui, des diagnostics dynamiques sont utilisés pour l’animation de réflexions prospectives par un certain nombre de Carif-Oref, alors que les modèles de projections n’ont été mis en œuvre que par quelques-uns. Ces deux types d’outils mobilisent des connaissances, des méthodes d’animation, de l’analyse et pour les projections des compétences complémentaires en statistiques et en programmation.

Les rencontres régulières des Carif-Oref sur les groupes thématiques permettent d’échanger sur les pratiques et les méthodes. Elles constituent un espace de mutualisation et révèlent la volonté et la capacité des Carif-Oref à travailler ensemble.

Aussi, régulièrement, s’opèrent des échanges de pratiques, de connaissances et d’expériences. Comme sur d’autres missions, les échanges menés au sein du groupe « Prospective » ont montré qu’il est intéressant pour les Carif-Oref, voulant se lancer dans des travaux d’ordre prospectifs, de ne pas avoir à recréer des outils et de s’appuyer sur les compétences des Carif-Oref déjà engagés. Des transferts d’expériences ont déjà eu lieu. Dès 2008, dans le cadre d’un partenariat avec le Carif-Oref de Guyane, l’ORFE du Centre a utilisé le modèle de projections d’emplois avec les données de la région de Guyane pour animer une journée de réflexion prospective. Cette première expérience a permis de valider la méthode de calcul et les résultats. En

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2010, également intéressé par ce même modèle, l’ARFTLV, Carif-Oref de la région Poitou-Charentes, a souhaité l’utiliser. L’appropriation du modèle a été facilitée par l’accompagnement méthodologique et technique de l’ORFE. L’ARFTLV a par ailleurs enrichi la méthode en la complétant au préalable d’une « analyse structurelle résiduelle », méthodologie qui permet de déterminer l’impact des dynamiques globales et des dynamiques spécifiques locales sur la croissance du territoire. Dans le prolongement de ces deux expériences et afin de faciliter le transfert de ce modèle à d’autres régions, l’ORFE est en train de préparer un « kit». Celui-ci sera disponible en 2013 et prendra la forme « d’une boite de calculs » des projections d’emploi. L’ORFE continuera par ailleurs à accompagner méthodologiquement les Carif-Oref souhaitant utiliser ce modèle.

Par ailleurs, le Carif-Oref Midi-Pyrénées a organisé une journée d’échanges sur l’analyse prospective en février 2011, à la suite de laquelle un travail partagé a été initié plus particulièrement avec l’Oref Languedoc Roussillon (Atout Métiers) et plus récemment avec Aquitaine Cap Métiers. Ce partage ne concerne pas seulement la méthode, il s’agit aussi d’être en capacité, sur des métiers, formations, filières, secteurs… de mobiliser une compétence collective pour permettre des réponses plus efficaces, plus efficientes et plus rapides aux enjeux de demain en matière d’emploi et de formation. Les éléments de prospective ainsi mutualisés doivent permettre autant une approche inter-régionale globale qu’une approche filière multirégionale

Ces échanges permettent à la structure qui transfère de formaliser sa méthode et de la structurer, à celle qui utilise la méthode de gagner du temps et des moyens, surtout si elle ne bénéficie pas en interne des compétences nécessaires. Globalement, chaque exercice de transfert ajoute des éléments de connaissance et de comparaison inter-régionale. In fine, le réseau pourrait constituer un apport de connaissances inter-régionales qualitatives structurées.

En ce sens, les transferts constituent une étape de la structuration du réseau. Ils permettent de partager mais aussi de compléter et d’enrichir les outils pour s’adapter aux besoins diversifiés selon les structures, les commanditaires et les contextes régionaux.

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Participants au groupe

Noms RégionsNOUCHET ChristineMETAY CatherineHASSELBEIN RoxanneBILLION MarCHEVALIER LucFOLLEA GuillaumeBEN MEZIAN MoradPARDINI BéatriceBOUSLIMANI AzzedineSOURISSEAU EmmanuelleDULCIRE FabienGINESTOUX QuentinAZI Nadia (secrétariat)REDMANN Claude (mme)BELLOT SamuelGIRARDEAU ChristophePICON EliseBOISSEAU IsabelleBOYER AnnieFRANCOIS BorisSophie SELLIERClaude CHOUILLET

BretagneBretagneCorseFranche ComtéHaute NormandieHaute NormandieIle de FranceIle de FranceLanguedoc RoussillonLanguedoc RoussillonLimousinMidi PyrénéesNord Pas de CalaisNord Pas de CalaisPicardiePoitou CharentesPoitou CharentesProvence Alpes Côte d’AzurProvence Alpes Côte d’AzurRhône AlpesNord Pas de Calais

Centre

Le groupe était animé par :Jean Michel Gimenez, région Midi PyrénéesMarie Béatrice Rochard, région Centre

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