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La Promotion violette Bulletin n° 72 - Décembre 2017 Section de l’Isère ISERE GRENOBLE VOIRON VIENNE LA TOUR-DU-PIN BOURGOIN-JALLIEU DAUPHINE

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La Promotion violetteBulletin n° 72 - Décembre 2017

Section de l’Isère

ISERE

GRENOBLEVOIRON

VIENNE

LA TOUR-DU-PIN

BOURGOIN-JALLIEU

DAUPHINE

Page 2 La Promotion Violette

SommaireLe Bureau de la section de l’Isère

——O——

Présidente d’honneur : Madame Viviane HENRY, Inspectrice d’Académie, Directrice académique des Services de l’Education nationale de l’Isère Président : Monsieur Jean-Cyr MEURANT, Chef d’établissement du Second degré (H) 70, boulevard Franklin-Roosevelt – 38500 VOIRON Tél. 04 76 91 14 17 / Portable 06 82 91 72 36 [email protected] Secrétaire : Madame Gisèle BOUZON-DURAND Chef d’établissement du Second degré (H) La Valsereine – 1300 La Rossetière 38960 SAINT-AUPRE - Tél. 04 76 06 04 95 [email protected] Trésorier : Monsieur Jacques PRASSE, Professeur agrégé des Lettres (H) 220, chemin du Rozat – 38330 SAINT-ISMIER Tél. 04 76 52 07 78 – [email protected] Membres : Monsieur Gérard LUCIANI, Professeur émérite de l’Université Stendhal (H) Madame Dominique ABRY-DEFFAYET, Maître de conférences de l’Université Stendhal (H) Madame Nicole LAVERDURE, Professeure agrégée de mathématiques (H) Madame Josiane POURREAU, Ingénieur d’études (H) Madame Danièle ROUMIGNAC, Professeure de lycée professionnel (H) Membres associés : Madame Mireille VINOT, Professeure de lycée professionnel (H) Monsieur Gilbert COTTIN, Technicien des métiers de l’imprimerie (H) Missions particulières : Webmestre : Jacques PRASSE ; Comité des activités culturelles (sorties, voyages, musées) : Nicole LAVERDURE Josiane POURREAU Jacques PRASSE Danièle ROUMIGNAC Liaison Université Grenoble-Alpes : Dominique ABRY-DEFFAYET Bulletin : Gilbert COTTIN

Président-fondateurMaître Jean EYNARD † (1912-2009)

Président de la section de 1963 à 1993

Présidents d’honneurMme Marie-Thérèse MASSARD,

Inspecteur d’Académie (H),Présidente de la section de 1993 à 2012

M. André CLAUSSE, Inspecteur d’Académie (H)

Vice-président d’honneurM. Louis FORLIN,

Professeur de lycée professionnel (H)

Le Bureau de la sectionLe carnet de la sectionEditorialLa promotion du 14 juillet 2017Contribution au rayonnement et au crédit de l’Ordre des Palmes académiques : - La cérémonie de remise des diplômes de l’année 2016 à la préfecture (21 juin 2017) ;- La soirée d’accueil des nouveaux nommés et promus avec les membres de la section.Sur les pas de Jean-Jacques Rousseau à Saint- Martin-le-VinouxLa journée de la nouvelle Régionale AURHAContribution au développement d’actions éducatives en faveur de la jeunesse : Cérémonie de remise des prix des concours 2016-2017 de langue française à la Cité scolaire Stendhal (14 juin 2017)Cérémonie de remise des prix du concours Jeunes Talents de la Musique à Voiron (28 juin 2017)Les concours 2017-2018Les activités culturelles : quelques comptes rendus :Exposition Fantin-Latour « A Fleur de peau »Visite de ChambéryVisite de la Rotonde SNCF à ChambéryIn memoriam : Professeur Gérald RannaudVisite du Vieux-Genève sur les pas de Jean-Jacques RousseauLe voyage dans les PouillesVisite de l’exposition « Si on chantait la-la-la » au musée DauphinoisAudience de Mme Henry, nouvelle IA-DASENQuelles Palmes ?In memoriam : Aline GAMEAlterEgaux

Le carnet de la section

Ceux qui nous ont quittés M. Jean LEYDER, retraité

M. Maurice BUYLE-BODIN, professeur d’université hono-raire, commandeur de la promotion de juillet 1980

Mme Mauricette HUGONIN, maître de conférences honoraire, chevalier de la promotion de juillet 1994

M. Gérard BASSI, chevalier de la promotion de janvier 1982, ingénieur retraité

Nous renouvelons ici aux familles éprouvées l’assurance de notre sympathie attristée.

Les nouveaux adhérents et sympathisants

AdhérentsM. Jean-Luc ROMPION, fonctionnaire, chevalier de la promotion de janvier 2013Mme Marie-Agnès DURAND, SAENES cl. sup., chevalier de la promotion de juillet 2015Mme Sophie MAHTEU, professeur de lycée, chevalier de la promotion de juillet 2016M. Denis MERMET, professeur d’EPS, chevalier de la promotion de juillet 2016M. Gérard GARNIER, chef d’entreprise-formateur BTS, chevalier de la promotion de janvier 2017M. François VILLEBRUN, conseiller pédagogique, chevalier de la promotion de janvier 2017Mme Renée VIGROUX, chevalierMme Valérie RAINAUD, Secrétaire générale d’Académie, officierSympathisants

Mme Jeannine SURÉE, Mme Anne-Marie BARBAN

Chers amis adhérents et sympathisants de notre section AMOPA® de l’Isère,

Au moment où je vous écris, je l’avoue, je suis quelque peu perplexe, comme un homme qui viendrait de perdre sa montre, sa règle de mesure, son diapason et serait donc plongé dans une éthernité de doutes, à l’image d’un certain docteur pataphysicien… je m’explique : devais-je m’adresser à vous comme je le fais (le masculin l’emportant, comme on m’a appris quand j’étais petit), ou bien écrire « Chères

amies adhérentes et sympathisantes, chers amis adhérents et sympathisants » (par un souci accru de courtoisie) ou « Cher(e)s ami(e)s adhérent(e)s et sympathisant(e)s » (ce n’est pas très esthétique, ce n’est pas un « mail » que je vous envoie) ou encore, selon ce que je n’ose qualifier de dernière mode, « Cher.e.s ami.e.s adhérent.e.s et sympathisant.e.s » (mon clavier n’a pas le « point-médian ») ? Voilà que mon chétif esprit balance entre le respect de la tradition, comme on dit, et la crainte d’être considéré comme un vil contempteur d’un juste féminisme. Dans ce grand désarroi, je choisis, peut-être non sans témérité, de m’abriter derrière « l’usage » -pour ce qu’il est encore- souhaitant avant tout ne froisser personne.

Mais laissons là le tumulte (« péril mortel », pour nos Immortels) qui agite à nouveau notre vieille « gran-maire » et parlons d’autre chose. Des choses principales.

Notre concours « Défense et illustration de la langue française » : vous verrez dans le compte rendu de la cérémonie de remise des prix 2017 que ce n’est pas, comme on peut toujours le craindre, un combat d’arrière-garde (tant pis pour l’appellation) et que la jeunesse nous suit. Mais vous avez peut-être déjà vous en convaincre en lisant le florilège que nous avons publié, cette fois-ci intégralement, dans notre bulletin de juin.

Autre manifestation (également digne des « temps anciens », diront certains), la cérémonie de remise des diplômes des Palmes académiques en préfecture : vous verrez que c’est l’avenir qui y est plus que jamais célébré (et que le soleil de l’AMOPA n’est pas près de se coucher). La soirée qui s’ensuivit méritait un petit compte rendu.

Nos initiatives de l’année passée : le nouveau concours « Jeunes Talents et jeunes Talents en herbe de la musique » : ce fut, vous le verrez aussi, quelque chose de très gratifiant.

Vous trouverez dans ce bulletin, comme d’habitude, le programme de nos concours 2018, avec les sujets. Le « grand voyage de printemps » dans les Pouilles, la journée à Chambéry, la visite de l’exposition Fantin-

Latour avaient recueilli un grand succès, mais leurs comptes rendus n’avaient pu trouver place dans le bulletin de juin : c’est maintenant chose faite.

L’été est venu ensuite, non sans que l’AMOPA®-Isère ne participât, répondant à l’appel qui lui était adressé, au lancement de la campagne 2017 « Jeunes citoyens exprimez-vous » de l’association maintenant partenaire AlterÉgaux de l’Isère, ayant accepté de faire partie de son comité de pilotage, aux côtés, entre autres et notamment, des Autorités académiques.

Nous avons répondu également à l’appel lancé par le président du comité européen Jean-Jacques Rousseau, vous verrez le détail de tout cela.

Avec la fin de l’été est arrivée notre traditionnelle soirée Berlioz à la Côte Saint-André, au château Louis XI : ce fut un merveilleux moment, que l’on soit « berliozien » ou pas -à se « damner » avec Faust, tant la musique et l’orchestre de Sir John Elliot Gardiner, les chœurs aussi, emplissaient fabuleusement l’espace, les esprits, les cœurs.

Ensuite vint la « rentrée », marquée par notre journée à Genève sur les pas de J.J. Rousseau, avec Rémy Hildebrand, suivie par une incursion dans le monde de la chanson en France, au musée Dauphinois.

Nous ne restons pas enfermés dans notre terrier : c’est nous qui avons organisé (cf le bulletin précédent) la première réunion de la nouvelle Régionale Auvergne-Rhône-Alpes à Saint-Romain-en-Gal, rassemblant les délégués des douze départements, en présence du président national.

Quant à ce qui a suivi, vous en trouverez les échos dans notre prochain bulletin : le voyage de la Toussaint dans le Périgord, la visite du site Electropole de Schneider Electric à Eybens, en attendant le reste (la visite de l’exposition Deleuze et les deux conférences de la « Journée Saint-Nicolas », avec le professeur Jean-Jacques Delannoy qui nous emmènera à nouveau à la Caverne du Pont-d’Arc et M. Stéphane Gal, maître de conférences à l’UGA, qui nous fera entrer dans l’année Lesdiguières).

N’oublions pas de mentionner la série des six conférences sur l’histoire de l’Art avec Madame Corinne Pinchon, aussi passionnante que les cycles précédents.

Chères amies, chers amis (hem -tant pis pour les « point.illeux.ses »), je souhaite, comme toujours, que ce bulletin, fait pour vous, vous trouve dans la meilleure santé possible et, dans l’attente de vous retrouver peut-être lors de notre réunion traditionnelle de début d’année, je vous assure, au nom de notre Bureau, de toute notre amitié, en vous adressant nos messages les plus chaleureux pour les fêtes de fin d’année et le Nouvel An 2018.

Votre dévoué président, Jean-Cyr MEURANT

Page 4 La Promotion Violette

Grade de CommandeurM. GRAPIN Jean-François Personnel de direction (Proviseur)M. MERCIER Pascal IEN (Inspecteur de l’Ed. nationale)

Grade d’OfficierMme ACKERMANN Frédérique Professeure d’Histoire-géographieMme ALBERGO Christine ADJAENES (Adjointe administrative)Mme AUBERT Joëlle Maître de conférences - UGAMme BAIS Lysiane Technicienne - UGAMme BALLAGE Nathalie Personnel de direction (Principale)M. BIETRIX Gilles Personnel de direction (Proviseur)M. BODET Luc Personnel de direction (Proviseur)Mme DE MURCIA Annie ADJAENES (Adjointe administrative)M. DOURTHE Thierry IEN (Inspecteur de l’Ed. nationale)M. FARAONE Gilo Personnel de direction (Proviseur)Mme FAURE Martine Personnel de direction (Principale)M. FAUTRELLE Yves Professeur des univ. Grenoble-INPMme GELLENS Claudine Chargée de mission - DSDENM. KOTOWSKI Daniel Personnel de direction (Principal)M. LAVIS Jean-Paul Personnel de direction (Principal)Mme LEGLISE Christine AAENES (Attachée d’adm.) - UGAM. PESCHIER Pierre Personnel de direction (Proviseur)M. PETITGIRARD Jean-Yves Maître de conférences - UGAM. PLAIGE Jean-Romain Directeur diocésainM. PUGLIESI Philippe SAENES (Secrétaire administrative)Mme ROCA Sandrine ProfesseureMme ROYER Monique SAENES (Secrétaire administrative)Mme SOUWEINE Carole Maître de conférences - UGAMme TRINH Jacqueline SAENES (Secrétaire administrative)Mme VILLIAUMEY Monique Professeure de mathématiquesM. WEIL Georges Professeur des universités UGA- médecin hospitalier

Grade de ChevalierMme ABOU HAIDAR Laura Maître de conférences - UGAM. ALPAN Gülgün Maître de conf. h.c. Grenoble-INPM. AMOZIGH Stéphane Personnel de direction (Principal)Mme ANDRÉ Gaétane Professeure des écolesM. ARONICA Frédéric Chef de division - DSDENM. BARTHELEMY Mathieu Maître de conférences - UGAMme BEDOUI Danielle ADJAENES (Adjointe administrative)M. BENARAB Hamid ProfesseurMme BIGA Nathalie Professeure des écolesMme BOIS Emeline Conseillère pédagogiqueMme BONNEFOI Joëlle IGE (Ingénieure d’études) 1c. - UGAMme BONNET Nathalie Personnel de direction (Principale)Mme BOUVIER Frédérique Conseillère pédagogiqueMme BRUNO Carine InfirmièreMme BURLAT Laurence ADJAENES (Adjointe administrative)Mme CARDOT-HUT Fabienne Personnel de direction (Principale)Mme CAVALLI Véronique Professeure des écolesMme CECILLON Pascale Directrice d’écoleM. CHARPIN Jean-Marc SAENES (Secrét. adm.)-GestionnaireMme CHASSIGNOL Murielle Professeure des écolesM. CLOPEZ Thomas Conseiller pédagogiqueM. COLOMBANI Pierre Directeur d’écoleM. COUVREUR Emmanuel Directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques

Mme DAGNEAUX Marianne EnseignanteMme DAUTREY Séverine Professeure d’anglaisMme DELARCHE Patricia Directrice d’écoleMme DELAS Isabelle SAENES (Secrétaire administrative)Mme DELCARMINE Nadine Conservateur gén. de bibliot. univ.Mme DO Christelle Professeure des écolesM. DOUAUD Mathieu Directeur d’écoleMme DROUET Hélène Médecin de l’Education nationaleMme DUPUIS Martine ProfesseureM. ESCALA Gilles Assistant-ingénieur - UGAM. EUSTACHE Patrick Ingénieur de recherche 1c. - UGAMme FAURE Sylvie DJAENES (Adjointe administrative)M. FAURE-BRAC David EnseignantMme FEDELE Laurence ADJAENES (Adjointe administrative)Mme FIODOROV Martine Ingénieure de recherche 1c. - UGA Mme FONLUPT Florence Personnel de direction (Principale)M. GAHAM Mohamed Professeur des écolesM. GALINDO Stéphane Professeur des écolesMme GANNEVALLE-NICOLLET Evelyne SAENES (Secrétaire administrative)M. GENTIL Antoine Professeur des écoles spécialiséMme GIROFLET Virginie EnseignanteM. GOJON Eric Personnel de direction (Principal)Mme GOUBET Elisabeth Professeure des écolesM. GRANGEAT Philippe Professeur d’EPSM. GRENIER Damien Professeur d’Histoire-géographieMme HAMARD Fabienne Conseillère principale d’éducationM. HANSART Philippe Professeur de technologieM. INGRASSIA Thierry Personnel de direction (Principal)Mme JABOULIN Frédérique Adjointe territorialeMme JAVELAS Stéphanie ProfesseureMme KADA Carole ADMENESR Administrateur EN et ESMme LE MOAL Françoise EnseignanteMme LIGOUT Françoise SAENES (Secrétaire administrative)M. LORCA Alphonse EnseignantM. MAIGRE Jean-Michel Personnel de direction (Proviseur)M. MANGENOT François Professeur des universités - UGAMme MARTIN JUCHAT Fabienne Professeur des universités 1c. - UGAM. MATHES Grégory Ingénieur de recherche h.c . - UGAMme MOCATA Gisèle Personnel de direction (Principale)Mme MONGELLI Marie-Josée Conseillère principale d’éducationMme MOREL Françoise Assistante socialeMme NOGUER Sabine Professeure des écoles / coord. ULISM. PANSU Hubert AAENES (Attaché d’administration)Mme PICARD-DESTELAN Astrid Personnel de direction (Principale)M. PIROUD Cyprien Personnel de direction (Principal)Mme PIVANO Corinne Professeure d’EPSMme REMY Madeleine ADJAENES (Adjointe administrative) Mme REYMOND Alexandra SAENES (Secrétaire administrative)Mme SANTORO Nancy ADJAENES (Adjointe administrative)Mme SAUNIER Aurélie Professeure des écolesMme SHARMA Véronique Directrice d’écoleMme SIBILLE Laurence APAENES (Attachée princ. d’adm.)Mme TALBOT Corinne ADJAENES (Adjointe administrative)Mme THIBOUD Séverine Professeure cert. Lettres modernesMme THOCQUENNE-MANNA Anne Conseillère principale d’éducationMme VERNET-ABAIBOU Emmanuelle Personnel de direction (Princ.-Adj.)M. VIGIER Claude Professeur agrégé

Nominations et promotions dans l'Ordre des Palmes académiquesPromotion du 14 juillet 2017

******Département de l'Isère

Décembre 2017 Page 5

Mercredi 21 juin 2017 restera bien sûr dans la mémoire des heureux récipiendaires, mais aussi dans les Annales de l’AMOPA de l’Isère.

La promotion de janvier 2016, pour le département de l’Isère (sans tenir

compte des personnes appartenant à l’Université), comportait 1 officier et 6 chevaliers. La promotion de juillet, la plus importante, comportait 2 com-mandeurs, 31 officiers et 91 chevaliers, soit 124 nouveaux décorés. Ce sont donc 131 personnes qui ont été distinguées au titre de l’année 2016, proposées par le recteur ou l’Inspec-teur d’Académie-DASEN de l’Isère.Cet effectif n’est pas inhabituel ; ce qui l’est, c’est l’extrême attention qui nous a été portée par M. le Préfet Lionel BEFFRE, qui a touché au cœur les membres de notre Bureau.Selon le protocole habituel, la première allocution a été prononcée par le pré-sident de la section. On en connaît la trame -on peut essayer de renouveler la forme chaque année, le fond, lui, ne peut vraiment changer : les Palmes académiques « les Palmes », comme on dit-, une vieille histoire ; mais une

histoire passionnante à maints égards (c’est bien sûr à nos Autorités qu’il revient de parler de cette institution, de cet Ordre prestigieux). Quels regards sont aujourd’hui portés sur elles -et sur nous ? La légende tenace : « Les Palmes, ah oui, c’est ce qu’on donne à tous les enseignants quand ils partent en retraite » - Et si l’on comparait le nombre d’éligibles dans le monde de l’éducation et de la culture et le nombre de nominations et promotions permis par les contingents annuels ? - « Ah oui, alors, finalement ce n’est pas ce qu’on croit... ». L’immense considération pour les Palmes académiques dans les divers pays du monde. Ce que nous faisons en Isère pour contribuer au rayonnement et au prestige de l’Ordre et de l’Association.Notre fierté pour les récipiendaires – l’honneur et le bonheur pour nous, représentants de l’AMOPA de l’Isère, de nous trouver, de manière privilégiée, aux côtés de nos Autorités. Notre iden-tité, nos buts, notre ambition : notre contribution à l’œuvre éducative ; notre dette à l’égard des Services de l’Education nationale de toute l’aide qui nous est apportée pour faire vivre cette ambition. Nos valeurs, notre

foi en l’Education, en la Culture, en la valeur du partage, selon notre devise, dans un esprit de tolérance, de solida-rité, de fraternité, de désintéressement. Notre admiration pour les mérites des nommés et promus, nos félicitations les plus chaleureuses. Notre appel à nous rejoindre. Mme Valérie RAYNAUD, secrétaire générale de l’Académie, représentant Mme le Recteur, a ensuite brillamment démontré dans son allocution l’excel-lence des parcours et des mérites des récipiendaires, nous remerciant au pas-sage de la reconnaissance que nous manifestons pour l’aide des Autorités académiques dans la promotion de nos diverses actions à finalité éducative et enfin M. le Préfet Lionel BEFFRE, après avoir mis en relief le prestige des Palmes académiques et celui de notre Ordre, a avec beaucoup d’insistance valorisé ces parcours et ces mérites éminemment républicains et appelé l’ensemble des nouveaux décorés à rejoindre notre section de l’AMOPA de l’Isère, nous gratifiant d’éloges émouvants à l’égard de ces actions d’utilité publique que nous essayons de mener au mieux dans notre département.

Cérémonie de remise des diplômes des Palmes Académiques à la préfecture

Notre dîner traditionnel après la cérémonie en préfecture

Cette année, nous avons fêté les nominations et les promotions

au restaurant « La Queue de cochon » au Fontanil où, après la cérémonie de remise des diplômes en préfecture, vingt-sept d’entre nous ont eu le plaisir de retrouver neuf nouveaux décorés et leurs proches, dont deux font déjà partie des quinze personnes qui ont adhéré à notre association depuis leur nomination (quinze, en ne comptant pas les trois adhérents qui ont reçu une promotion comme officiers).A l’intention des personnes n’ayant pas assisté à la cérémonie, le président de la section J.C. Meurant présente les résul-tats des deux promotions de janvier et de juillet 2016 pour le département de l’Isère (regrettant au passage que malgré ses exhortations les personnels relevant de l’Enseignement supérieur n’y soient toujours pas associés).Pour l’édification des accompagnants des récipiendaires qui ont répondu à notre invitation, il précise ce que les chiffres ne disent pas : que les nomina-

tions et promotions sont sévèrement contingentées -en juillet dernier la ministre alors en fonction a fixé précisé-ment les chiffes à ne pas dépasser dans chaque académie- ce qui montre bien l’excellence de leurs mérites.Quelles « retombées » pour notre sec-tion AMOPA®-Isère ? Si l’on tient compte des adresses personnelles (un certain nombre de personnes en fonction en Isère choisissent d’adhérer à la section du département où elles résident ou à l’inverse, résidant en Isère, choisissent d’adhérer à la section du département où elles sont affectées), on constate que nous avons eu un taux d’adhésions de 12 %. Nous sommes donc revenus à un taux à peu près habituel, après quelques années difficiles où nous ne pouvions plus contacter les récipien-daires -et nous en remercions le Recteur Filâtre et la DASEN de l’Isère, madame LESKO puis madame FIS, qui ont suivi notre analyse de la situation. Pour nous, comme on dit aujourd’hui, les indica-teurs sont au vert (et nous avons plein de raisons de nous réjouir, comme on l’a montré à notre dernière assemblée générale en février à l’Ancien Palais du Parlement du Dauphiné, et comme on

a peut-être pu le ressentir dans l’allocu-tion qu’il a prononcée à la préfecture).Ayant présenté aux membres de notre section les nouveaux nommés et promus -dont particulièrement nos deux nouveaux adhérents-, il émet le vœu qu’après cette cérémonie -et ce repas amical- nous puissions accueil-lir de nombreux autres nommés et promus. Il se réjouit de préciser que l’un de nos convives a déjà participé à notre concours Défense et Illustration de la langue française, deux de ses élèves à l’école de Sinard ayant été particulière-ment distingués lors de notre cérémo-nie de remise des prix, puisque nous leur avons remis un Premier Prix et un Second Prix, sur un total de 131 partici-pants de CM1-CM2.

Il conclut en disant que les vingt-sept membres présents ont de multiples occasions de se rencontrer en-dehors du repas traditionnel et que si elles sont là ce soir, c’est pour les nouveaux récipiendaires, les assurant qu’ils trou-veront en eux, adhérents ou sympa-thisants, des collègues partageant leur idéal, celui qu’il a évoqué tout-à-l’heure devant nos Autorités.

Page 6 La Promotion Violette

Voilà de nombreux mois que nos nouveaux amis Gabrielle de Conti et

Rémy Hildebrand (1) nous ont proposé de nous joindre à eux pour un projet qui leur tient à cœur : l’implantation sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux d’un marquage témoignant du passage de Jean-Jacques Rousseau pendant son séjour à Grenoble en 1768. De quoi s’agit-il ? Fin juillet-début août de cette année 1768, Jean-Jacques effectue une pro-menade qui le mène au Mont Jalla, au-dessus de la Bastille ; nous le savons par le Journal de l’avocat Gaspard Bovier (cf notre bulletin de juin 2011). L’itiné-raire suivi passe par la commune de Saint-Martin-le-Vinoux, « au-dessus des vignes », sans qu’on ait beaucoup d’autres précisions à partir de cette indi-cation. Jusqu’à la célébration du Tri-centenaire en 2012, personne ne s’est vraiment soucié d’en savoir davan-tage. C’est là que commence notre histoire : Gabrielle de Conti, éminente rousseauiste, découvre à ce moment le Journal de Bovier et apparaissent alors les fils qui se sont croisés dans son propre destin. Il y a, pensons-nous, ce premier fil « Gabrielle fervente rous-seauiste » ; il y a le fil « Gabrielle enfant du pays » ; il y a enfin le fil « Gabrielle butant sur sa propre histoire du fait de la commémoration ». Pour le premier, rien d’étonnant à ce qu’une admiratrice du philosophe, qui a suivi tout son chemi-nement, y compris les errances qui l’ont amené dans notre département, s’inté-resse de près à chaque nouvelle décou-

verte et la lecture du fameux Journal ne pouvait que l’enchanter ; le deuxième fil croise le premier lorsqu’elle découvre alors que Rousseau, pendant son séjour à Grenoble lors de l’été 1768, est passé un jour juste au-dessus de la maison de ses grands-parents : une telle préci-sion avait également de quoi la ravir ; oui, mais… l’évocation de son propre passé ne pouvait s’affranchir d’affreux souvenirs, réveillant en elle tout ce qu’elle avait voulu oublier, ressuscitant les fantômes combattus au long de sa vie. C’est elle-même qui va tisser le troisième fil de la trame, après avoir lu le récit de Bovier : elle n’avait jamais « osé s’aventurer en haut du Mont Jalla », jamais réussi à sur-monter sa peur de se retrouver dans le lieu de « cette terrible histoire » ; guidée par le souvenir de Jean-Jacques Rousseau, voulant mettre ses pas dans les siens, elle va maintenant rencontrer de plein fouet son passé (2). Mais cela lui a permis de faire son deuil, selon ses propres mots, le deuil de deux petites filles, ses sœurs, atrocement tuées en août 1944 (3).Gabrielle va chercher par où Rousseau et Bovier sont exactement passés. Elle estime « bien devoir à Jean-Jacques de marquer son passage dans son village lors de l’été 1768 », lui qui l’a « guidée », l’a « ramenée au cœur de [son] histoire ». Quel lieu choisir ? Ce sera le Mas Caché, car il est le plus accessible (4).Nous rencontrons le 10 décembre 2015 plusieurs personnalités, à des titres divers, de la Municipalité de Saint-Mar-

tin-le-Vinoux, à qui Rémy expose ses idées concernant une cérémonie en l’honneur de Jean-Jacques Rousseau. L’affaire suit son cours (nous appre-nons que la Métro doit être engagée dans le projet, car ce qui est envisagé est en-dehors des limites de la com-mune, entre autres considérations). Rémy prend soin d’envoyer à nos inter-locuteurs ses derniers ouvrages, qui le remercient (janvier 2016)… mais nous n’en savons pas plus et je ne sais que lui répondre quand il me demande ce qu’on doit penser de cette réponse, certes agréable... Les (nombreux) mois passent, enfin nous sommes conviés à une rencontre où va être exposé le schéma organisationnel, mercredi 2 août 2017.Là les choses avancent : nous avons des précisions concernant la répartition des compétences et des tâches -et des finan-cements…- entre les collectivités, nous allons visiter le lieu envisagé pour la céré-monie (5), nous évoquons la nature du marquage (6), les modalités de l’accueil des invités et du public (7), échangeons sur l’opportunité de la date envisagée approximativement à ce jour (8)Il reste encore des points à régler, nous avons du temps jusqu’à la date envisa-gée... mais il faudra quand même avertir à temps, justement, les personnes sus-ceptibles de participer à la cérémonie (9).Voilà donc résumée à l’intention de nos Amopaliens isérois l’histoire de cet événement qui va nous associer à son organisation et à son déroulement. J.C. Meurant

Sur les pas de Jean-Jacques ROUSSEAU à Saint-Martin-le-Vinoux

(1) Rémy HILDEBRAND est ancien Chargé d’enseignement à l’Université de Genève, Président du Comité européen Jean-Jacques Rousseau, Président de l’Académie rhodanienne des Lettres, chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques. Il est notamment l’auteur de Il était une fois Jean-Jacques Rous-seau (éditions de l’Archipel, Paris mai 2012), Portraits et pos-tures rousseauistes (Editions transversales, Genève, décembre 2008, collection Chemin faisant avec J.J. Rousseau) et de divers travaux dans les domaines littéraire, biographique et patrimonial. Il est également membre du Comité directeur de l’Association AMOPA-Suisse. Rémy a guidé le groupe de nos Amopaliens isérois en visite dans le Vieux-Genève le 11 septembre 2017 (voir l’article de Gisèle Bouzon-Durand et Christine Mure-Ravaud dans le présent bulletin). Gabrielle DE CONTI : tout le contenu de cet article est fondé sur mes échanges avec Gabrielle et notamment sur l’extrait d’un Essai en cours d’écriture en août 2017 (La Fille de Rousseau, chapitre Le Mont Jalla) qu’elle a eu la gentillesse de me confier alors.

(2) « Le sentier de rétrécit encore… Vais-je avoir le courage ?… (…). Mon cœur bat si fort que j’en ai mal à la tête. Est-ce là ?

C’est là. L’arbre déraciné par l’explosion de la mine a ouvert une brèche qui persiste depuis le 11 août 1944. Jean-Jacques, pourquoi m’as-tu guidée jusqu’ici ? ».

(3) « A la fin de la guerre, ma mère et mes demi-sœurs foulèrent ce chemin où une mine anti-personnel était dissimulée. Ma mère heurta un fil avec sa cheville, et là, dans un feu d’artifice meurtrier, leur chair a volé en éclats. Ma mère, Jeanne Gotti, en est revenue ; mais frappée en pleine jeunesse elle y a perdu un bras, un œil, un sein. Des éclats de mine parsèment encore tout son corps. Geneviève et Georgette Piccolo, âgées de 11 et 6 ans, ne sont pas redescendues vivantes. On les a retrouvées en contrebas, l’une, Geneviève ou Georgette ? Le pied arraché, elle avait gémi toute la nuit, mais exsangue, n’a pas résisté jusqu’au matin. L’autre, Geneviève ou Georgette ? A été mise en morceaux par l’explosion de la mine. Petites filles précoce-ment arrachées à la vie… Quel désastre ! Leurs restes gisent au cimetière de Saint-Martin- le Vinoux (…), pauvres fillettes qui n’ont pu jouir du soleil ! Deux vierges sacrifiées pour le néant ! Les yeux me brûlent ».

(suite page 7)

Décembre 2017 Page 7

Le Bureau de notre section, comme on le sait (1), s’est vu investi de la

mission d’organiser la réunion de notre « Régionale » 2017. En fait, c’était donc une grande Première, puisque pour la première fois depuis la réorganisation administrative des régions, nous allions réunir les Bureaux et représentants des douze départements constituant la nouvelle région AURHA. Nicole Laver-dure a, avec la gentillesse et le dévoue-ment qu’on lui connaît, accepté de prendre en charge l’opération.

Celle-ci était organisée complètement depuis plusieurs mois ; au tout der-nier moment, survient une complica-tion aussi brutale qu’inattendue, nous enfermant dans une situation quasi-ment sans issue : nous apprenons que le musée de Saint-Romain-en-Gal et le site archéologique seront fermés lors de notre venue. Or ces deux visites avaient été prévues tout particulièrement à l’in-tention de nos nouveaux amis auver-gnats, d’une part, et d’autre part consti-tuaient un volet essentiel -et mûrement réfléchi- de notre programme, ce der-nier étant entièrement pensé pour se dérouler in situ. L’amputation de cette partie n’était pas sans remettre en cause l’ensemble et pour d’évidentes raisons, la proposition alternative de l’office du tourisme de Vienne ne pou-vait nous convenir. Nicole, Jacques, Gisèle ont eu beau phosphorer, les efforts d’imagination déployés tous azi-muts ne trouvaient pas d’écho et rien ne semblait réalisable, à quelques jours de la réunion. Dans ce qui pouvait tour-

ner à un grand désarroi, M. CORNUT, proviseur du lycée Ella-Fitzgerald, où nous devons nous retrouver pour l’ac-cueil de la Régionale et les travaux de la matinée, nous propose son aide ; grâce à son intervention, nous pouvons être assurés de ne pas être « délocalisés », avec tout ce que cela impliquait : l’office du tourisme mettra à notre disposi-tion une guide-conférencière de très haut niveau l’après-midi et nos hôtes pourront donc d’abord effectuer une visite (extérieure) du site archéologique puis bénéficier avec elle, docteure en archéologie, attachée de conservation du Patrimoine et chercheuse spécia-liste, d’une conférence inhabituelle, non standard , au lycée.

Honorés de la présence du Président national Michel BERTHET, nous avons pu accueillir dans de bonnes conditions les délégués des divers départements. Avec eux, nous avons pu traiter, dans un premier temps, des attentes des sections à l’égard de l’entité régionale, telles qu’elles nous avaient été trans-mises, selon notre demande : mises en commun d’activités ou d’actions (cultu-relles ou autres) et modalités de mise en œuvre, opportunité de désigner un Délégué régional chargé de repré-senter les douze sections auprès de la collectivité régionale, échange de pra-tiques pour trouver des financements dans une conjoncture peu favorable, formation des responsables de sec-tion, nouveau document comptable, notamment, dans un deuxième temps réfléchir aux propositions de thèmes

d’intérêt régional fédérateurs, comme par exemple l’organisation d’élections permettant le vote de tous les adhé-rents, la présentation de l’AFDET régio-nale pour promouvoir efficacement le concours Imagin’Action, et enfin, dans un troisième temps, étudier diverses suggestions relatives à notre rapport avec le siège, dont la nouvelle base de données informatiques, le nouveau statut des sympathisants suite à la réso-lution votée par l’assemblée générale au congrès 2017 à Bordeaux, les coti-sations, l’affaire récurrente de la com-munication aléatoire des adresses des nouveaux nommés et promus, pour l’es-sentiel. Chaque section a pu être enten-due, qu’elle soit ou non à l’origine de la demande ou de la proposition -la nôtre aussi!- dans une ambiance attentive et respectueuse des prises de position.

A la demande du président national, le directeur régional d’ATHENA (orga-nisme avec lequel nous avons un par-tenariat national) nous a présenté son association, faisant valoir l’intérêt que nous pouvons avoir de nous tourner vers elle pour organiser nos voyages culturels. Après quoi nous nous sommes acheminés vers la Table de César, toute proche, en attendant la découverte (ou redécouverte, pour nous Isérois) du site archéologique et, à défaut donc de visite de musée, la conférence propo-sée in fine, effectivement hors norme.

J.C. Meurant

(1) Cf bulletin précédent

Régionale AMOPA® Auvergne-Rhône-Alpes

NDLR : Ajoutons -mais ceci est une autre histoire, enfin un autre pan de l’histoire- que ce moment va déclencher chez Gabrielle une prise de conscience de la nature profonde, enfouie de sa personnalité, l’éclairant sur ce qu’elle nomme « la racine de son mal » (« Ainsi le voile se lève »), sur l’origine de sa colère, de la violence qui est en elle, sur son rapport à la mort, sur le choix qu’elle a fait d’un métier de « casse-cou » (je n’ai pas osé lui demander lequel ; Rémy me confiera qu’elle était cascadeuse, doublure affrontant tous les dangers au cinéma).

(4) « Par où sont-ils passés exactement ? De la Bastille jusqu’au Mas Caché, il n’y a qu’un seul sentier possible et qui se trouve à flanc de montagne. Rousseau est obligatoirement passé par ce chemin étroit (…). De mémoire d’homme, ce Chemin de la Corniche ou Chemin du Plomb a toujours existé ».

(5) La photo du site a été communiquée aux participants au voyage à Genève, le 8 septembre, avec Rémy Hildebrand ; il n’est guère envisageable de la publier ici, car elle n’est pas franchement « parlante ».

(6) Un « totem »

(7) Lieu précis : « Le Mas Caché ». Accès : un parking sera amé-nagé en contrebas, à proximité immédiate du lieu d’implan-tation du totem.

(8) Avant la fin de l’année scolaire.(9) L’AMOPA-Isère va participer à la sensibilisation des écoles de

la commune (en parallèle avec la Mairie) et, spécifiquement, sensibiliser le collège ; proposer aux « puissances invitantes » les noms de personnalités avec lesquelles elle est en contact et… participer bien sûr.

Les Amopaliens et sympathisants isérois « rousseauistes » -et les autres !- sont donc invités à assister à la cérémonie. Comme il est nécessaire, vu particulièrement la configuration de lieux, de connaître au moins approximativement à l’avance le nombre des participants, chacun(e) est invité(e) à manifester son intention par courriel à [email protected] (ou par courrier). Dès que la date sera définitivement arrêtée (en principe fin juin), je pourrai ainsi la communiquer aux intéressé(e)s.

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Cérémonie de remise des prix des concours 2016-2017

Un vibrant hommage à nos professeurs isérois

Le 14 juin 2017 a eu lieu à la cité sco-laire Stendhal notre traditionnelle

cérémonie de remise des prix, en pré-sence d’une centaine de personnes.Le calendrier des opérations électo-rales pour les législatives (la période de réserve fixée par le ministère de l’Intérieur courant jusqu’au 18 juin) n’a pas permis à Mme FIS, Inspectrice d’Académie-DASEN de l’Isère ni à MM. Les Inspecteurs d’Académie-Adjoints d’y participer. Malheureusement la date était fixée depuis longtemps et il était impossible de la modifier. Mme FIS quitte notre département pour une affectation dans la région parisienne : nous lui souhaitons une pleine réussite dans son nouveau poste, ayant pu apprécier au fil des ans passés en Isère la grande attention qu’elle nous a portée.Il nous faut remercier doublement M. le Proviseur Aymeric MEISS : d’abord parce qu’il a accepté de nous accueillir un peu en urgence, du fait de travaux de restructuration immobilière ina-chevés à la DSDEN de l’Isère ; ensuite parce que la date que nous pouvions lui proposer n’était pas sans présenter des difficultés, du fait de la préparation le même jour de la salle pour la session d’examens le lendemain.Les récompenses (prix et accessits) ont pu en grande partie être achetées grâce à une subvention du Département : nous remercions donc les élus de leur aide précieuse, sans laquelle nous ne pourrions faire face aux dépenses, car nous finançons par ailleurs de manière importante les projets des étudiants de l’UGA et de Grenoble INP.Voici ce qu’on pouvait lire dans l’éditorial de notre présidente Marie-Thérèse Mas-sard dans le bulletin de décembre 1996, quatre ans après sa prise de fonctions comme Inspecteur d’Académie de l’Isère :« Si la cérémonie de remise des diplômes de chevalier, officier et com-mandeur de l’Ordre des Palmes acadé-miques s’est tenue pour la 4ème année [NDLR : l’AMOPA de l’Isère a été créée en 1963, donc 33 ans auparavant… : chacun voit bien ce que nous devons à Marie-Thérèse Massard], la remise des prix de l’AMOPA aux jeunes lauréats était « une première ». Si tous les adultes présents sont honorés pour avoir rempli de façon exemplaire leurs fonctions d’enseignant et d’éducateur, il paraît

normal d’y associer les élèves qui en ont bénéficié, les encourager à bien parler et bien écrire la langue française ». Il fallut cependant attendre 2002 avant que notre bulletin, timidement (les moyens techniques n’étaient pas les mêmes), s’engage dans la publication, non seulement du palmarès, mais aussi celle, partielle, de compositions pri-mées (souvenir d’autant plus vif pour le président actuel que le premier lau-réat national était un élève de son éta-blissement, qui avait écrit une lettre au ministre). Pourquoi cette « timidité », qui perdure jusqu’en 2007, selon ce que l’on constate en feuilletant les bulletins suc-cessifs ? Bulletin de mai 2006 : « Cette année, nous avons été destinataires de 14 copies (nombre bien supérieur à celui des années précédentes, lit-on)». Le président donnera dans quelques instants le détail des participations de cette année. Mais, au fait, pourquoi est-ce qu’il nous entraîne dans cet his-torique, pas forcément intéressant ? Simplement parce qu’on entend dire -y compris au sein de notre association, dont c’est pourtant un but essentiel- que « les concours Défense et illustra-tion de la langue française, c’est désuet, anachronique, ça ne peut pas intéresser aujourd’hui les jeunes -ni les profes-seurs ». Eh bien, en dix ans, depuis donc 2007, cette participation, telle qu’on le constate cette année, a été multipliée au moins par six ; le nombre d’ensei-gnants a triplé depuis quatre ans. Jamais nous n’avions enregistré une telle par-ticipation (« participation » totale : 524 élèves). Qui dira encore que l’intérêt, l’inclination, l’affection pour la langue française, pour l’écrit (Expression écrite, Jeune Poésie, Jeune Nouvelle -un genre très exigeant contrairement à une apparente facilité), c’est suranné ? Oh bien sûr notre progression s’est faite avec des cahots, bien sûr on ne sait ce qui se passera dans l’avenir, bien sûr il ne faut pas mélanger les choses (le taux de participation et le taux de présélec-tion) mais de toute façon on peut être assuré que cette évolution (que nous avions remarquée l’an dernier en ayant un 1er prix et 2 accessits nationaux, chose jamais vue en Isère), n’est pas le simple reflet d’une évolution au plan national.Alors, comment ne pas se dire que nous avons raison de croire que le combat de

Joachim du Bellay pour la « Défense et l’illustration de la langue française » engagé dix ans après l’édit de Villers-Cotterêts, la fameuse ordonnance de François 1er qui faisait du « françois » notre langue, voici bientôt cinq siècles, est toujours d’actualité, même si les « ennemis » ne sont plus les mêmes ? Comment ne pas se réjouir de voir que nos écoliers, collégiens, lycéens, conti-nuent de manifester leur intérêt pour notre langue, assurément l’une des plus belles du monde, cela dit dans le respect sincère de la beauté des autres ? Com-ment ne pas voir que si cela est possible, c’est grâce à leurs professeurs ? Nos remerciements vont à tous ceux qui permettent que se poursuive notre belle aventure : le secrétariat du cabinet de la directrice académique (et bien sûr l’Inspectrice d’Académie elle-même, Madame Dominique FIS et ses Adjoints) et le Département de l’Isère, déjà cités, mais aussi aux IEN des circonscrip-tions primaires et aux directeurs des écoles, aux chefs d’établissement, à tous les enseignants, professeurs des écoles et professeurs de Lettres des lycées et collèges », aux élèves, enfin, de notre département isérois, qui nous montrent comme nous avons raison de leur faire confiance. Et sans oublier les membres de nos jurys.La lecture des « palmarès » et l’appel des « lauréats » sont l’occasion de faire remarquer que dans chacun de ces deux mots, nous sommes là. Chacun reçoit son diplôme, sa récompense (sous la forme d’une carte-cadeau, d’un montant variable selon le niveau dans le cursus scolaire et le rang de la dis-tinction) et un livret lui présentant les Palmes académiques et notre associa-tion. Après quoi le Bureau de l’AMOPA-Isère invite à se retrouver autour de la table préparée par ses membres, en veillant à ne pas s’attarder, car les agents du lycée vont devoir réorganiser la salle pour les épreuves d’examen le lendemain, et nous sommes suffisam-ment redevables à l’extrême gentillesse de M. le Proviseur Aymeric Meiss pour ne pas en abuser. NB : on manque de temps pour donner lecture de quelques œuvres : grâce à Jacques Prasse, notre trésorier et web-master, on peut les retrouver publiées dans notre bulletin et mises en ligne sur notre site amopa38.

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La cérémonie récompensant les élèves les plus méritants du conser-

vatoire de Voiron a eu lieu, comme prévu, mercredi 28 juin en fin d’après-midi, dans le grand salon d’honneur de l’Hôtel de Ville. Les élèves et leurs familles, leurs professeurs et le direc-teur M. Michel BORDENET, nous-mêmes (c’est-à-dire les membres de notre jury-membres du Bureau aux-quels s’étaient joints de manière fort sympathique deux de nos adhérents et amis à la grande compétence, M. Robert NÉ et M. Alain PAOLUCCI) avons été accueillis par Mme Dolorès ZAMBON, maire-adjointe à la Culture, représentant le Maire et Vice-Pré-sident du Département de l’Isère M. Julien POLAT, empêché.Il convenait, après avoir remercié M. le Maire pour avoir accepté d’accueil-lir notre manifestation, de mettre en exergue le soutien financier du Dépar-tement, sans lequel rien n’aurait été possible. Ensuite, brièvement, à l’in-tention des parents, il était nécessaire de dire quelques mots du projet.Cette opération est une initiative récente. De quoi s’agit-il ? Nous, l’AMOPA, Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques, sommes non seulement une associa-tion qu’on appelle « d’intérêt général », regroupant des personnes décorées, mais aussi une association reconnue d’utilité publique ; pour honorer ce label, octroyé par le Conseil d’État, nous nous faisons un devoir d’agir auprès de la jeunesse : pourquoi ce choix ? Parce que la décoration qui nous a été remise l’a été au regard de notre engagement auprès d’elle, quelles qu’aient été -ou que soient encore- nos fonctions. En Isère, nous organisons ou relayons des concours divers auprès des écoliers, collé-giens, lycéens et étudiants, dans pas loin d’une dizaine de domaines, en lien avec l’Education nationale. Nous sommes particulièrement sensibles à l’importance de l’éducation artistique (par exemple nous avons lancé un concours d’arts visuels qui a pu avoir un très grand succès). D’autres que

nous et que l’Institution partagent cette vision, en soutenant les diverses initiatives : on pense bien sûr aux col-lectivités territoriales et locales -et à leurs élus ! Pourquoi ne pas participer à la valorisation de la musique ? Nous avons parmi nous des musiciens et des mélomanes…M. Michel BORDENET, directeur du conservatoire, a bien voulu recevoir le président de notre section en février dernier pour écouter ses propositions et ce dernier a eu le plaisir de constater que nous partagions la même vision des choses. Il restait à affiner l’avant-projet, recueillir l’accord des profes-seurs du conservatoire, prévoir un jury, finaliser le projet, établir une conven-tion de partenariat entre la municipa-lité de Voiron et nous-mêmes et… à trouver des sous pour récompenser nos lauréats, puisque nous ne pouvons financer toutes nos actions tout seuls.Nos remerciements vont à tous les acteurs et soutiens : M. BORDENET bien sûr et ses professeurs, Mme Dolorès ZAMBON, maire-adjointe en charge de la Culture, qui a bien voulu agréer notre projet de convention, Mme Anne GERIN et M. Julien POLAT, en leur qualité de conseillers dépar-tementaux grâce à qui nous avons pu obtenir la subvention indispensable, M. le Président du Département bien sûr aussi, sans oublier les membres de

notre association de l’AMOPA-Isère qui ont répondu (fidèlement comme tou-jours !) à l’appel, membres de notre Bureau départemental et de notre section (le président J.C. Meurant présente les excuses de Mme ABRY, Mme LAVERDURE, M. PRASSE et du Pr LUCIANI, qui devaient être là avec nous) et adresse également tous ses remerciements aux personnes qui ont répondu à notre invitation en étant là ce soir.

Donc au cours de cette cérémonie, nous avons entendu les élèves qui ont été jugés dignes par le conservatoire d’être proposés pour l’attribution des prix de l’AMOPA de l’Isère, à un ou plu-sieurs titres, dignes de concourir pour ces distinctions ; chacune, chacun a interprété sur son instrument, devant nous, un morceau de son choix. Puis ces lauréats appartenant à trois catégories (Jeunes Talents en herbe, Jeunes Talents en cours de forma-tion, Jeunes Talents ayant achevé leur cursus) se sont vu décerner par les membres de notre jury un prix récom-pensant leurs mérites respectifs ; leur prix proprement dit consistant en une carte-cadeau d’un montant de 40 à 150€, leur diplôme et un livret-souvenir, avant que tout le monde se retrouve autour du buffet préparé par nos nouveaux amis du conservatoire.

Cérémonie de remise des prix du nouveau concours *****

Jeunes Talents de la Musique

à l’Hôtel de Ville de Voiron, mercredi 28 juin

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I. Les concours nationaux(les affiches présentant les divers concours sont en ligne sur notre site amopa38)

1. Défense et Illustration de la langue française

a) Expression écrite - CM1-CM2 : « Si tu pouvais habiter la maison de tes rêves, à quoi ressemblerait-elle ? »- Classes de 6ème-5ème : « Que pensez-vous de ces marins qui embarquent pour de longues semaines en solitaire ? Que cherchent-ils ? Imaginez ce qu’ils peuvent ressentir. Seriez-vous tenté par ce type d’aventure ? »- Classes de 4ème-3ème : « Le chemin de l’école est-il pour vous un itinéraire banal ou une occasion d’observations, de rencontres, de rêves ? - Classes des lycées : « Vous avez été témoin d’une scène d’injus-tice. Qu’avez-vous ressenti ? Comment avez-vous réagi ? »

N.B. : pour chacun des niveaux, le sujet peut être laissé au libre choix du professeur (mais tous les travaux seront réalisés en classe). Les formes poétiques ne sont pas acceptées.

b) Jeune Poésie Classes de collège et de lycéeLes thèmes sont laissés au libre choix des élèves ou de leur professeur. Les poèmes -forme fixe ou libre- seront présentés sur une seule page).

c) Prix Maupassant de la Jeune Nouvelle Collégiens de 4ème et de 3ème et lycéensEcrire une nouvelle de 6 pages au maximum. Les registres fantastique, réaliste, policier seront acceptés. La présentation « traitement de texte » est demandée. 2. Histoire

(classes de 2de, 1ère, Terminale, classes préparatoires, étu-diants des universités en Histoire)Premier Prix : 1250 € – Deuxième Prix : 750€)

Le candidat, seul ou aidé de son professeur ira à la rencontre d’une personne à la vie remarquable :- Une personne de métier- Une personne engagée (humanitaire, syndicalisme, vie asso-ciative, vie politique...)- Un artiste- Un intellectuel...A la suite de cette rencontre, il reconstituera un récit de vie en le replaçant dans le temps des événements (une histoire dans l’Histoire) et il montrera que cette existence est exemplaire et que son message est toujours d’actualité pour la jeunesse.

3. Géographie

(classes de 2de, 1ère, Terminale, classes préparatoires, étu-diants des universités en géographie)Premier Prix : 2 500 €. En fonction des décisions du jury, d’autres prix pourront être décernés.

Sujets proposés :- Soit une étude sur le tourisme : géographie d’une région, d’un site ou d’un espace transfrontalier. On analysera les facteurs d’attraction, l’origine des touristes, les impacts des activités sur le paysage.- Soit l’élaboration d’un projet, virtuel ou réalisé, d’aménage-ment du territoire à l’échelle locale(par exemple : communauté de communes), régionale ou transfrontalière- Soit une étude de volcanologie prenant en compte les espaces humanisés et les risques.Le jury prendra en compte la dimension humaine et cultu-relle et appréciera les supports cartographiques et iconogra-phiques étayant l’argumentation.

4. Nous l’Europe

Il s’agit de réaliser, soit individuellement, soit par groupe de 3 élèves au plus, une étude sur l’Europe :- Sur un sujet libre proposé à la classe par un ou plusieurs pro-fesseurs dans le cadre des programmes en vigueur- Ou sur les sujets suivants :1. Classes de 4ème et 3ème : « A l’occasion de l’année euro-péenne du patrimoine 2018, proposez un billet commémo-ratif de 50 € et une pièce de 2 €. Choisissez les nouveaux éléments appartenant au patrimoine européen qui y figure-ront. Argumentez vos choix ». 2. Classes de lycée et classes post-baccalauréat : « Par rapport à votre expérience personnelle, écrivez à l’une des grandes figures (vivante ou disparue) de la construction euro-péenne ».

II. Nos concours départementaux spécifiques

1. Arts visuels

Chaque année depuis la célébration du Bicentenaire des Palmes en 2008, la section de l’AMOPA® de l’Isère, avec le bienveillant soutien des Autorités académiques, organisait un concours d’arts visuels à destination des élèves de l’ancien cycle 3 de l’école primaire, dont le thème, au fil des années, s’est trouvé relié au sujet du concours national d’expression écrite pour les élèves du cycle moyen des écoles élémentaires (ce qui permet, pensons-nous, la classe travaillant sur un même thème, de mettre en valeur les diverses aptitudes des élèves, littéraires ou artistiques. Il était particulièrement inté-ressant de constater la participation des élèves de l’Enseigne-ment spécialisé). Du fait de la diminution de nos ressources et compte tenu du coût important de ce concours au sein de tous les autres, notre Bureau s’est vu dans l’obligation, à son grand regret, de le suspendre en attendant de retrouver un équilibre financier. Nous souhaitons vivement relancer ce concours (d’ailleurs qualifié d’« action remarquable » au niveau national de l’AMOPA®), dont la disparition n’a pas été sans chagriner plusieurs personnes. A cette fin nous avons solli-cité du Département de l’Isère une aide accrue, permettant de récompenser à notre niveau les lauréats de nos concours de langue française, d’éloquence, de musique et donc d’arts

Les sujets des concours 2017-2018

Décembre 2017 Page 11

visuels. Nous n’aurons la réponse que dans plusieurs mois (le présent document a été rédigé en septembre 2017) et il fallait prendre le risque pour l’année à venir… Rappelons que nous finançons sur nos propres deniers -nos petites économies, pour le dire clairement- des bourses universitaires départe-mentales pour un montant total annuel de plus de 2000 €. Le concours continuera à concerner les mêmes élèves, soit main-tenant ceux de 2ème année du cycle 2 (le cycle des apprentis-sages fondamentaux) -le CE2- et ceux de 1ère et 2ème années du cycle 3 (le cycle de consolidation) -le CM1 et le CM2-. Le sujet s’inspirera toujours étroitement de celui du concours national d’expression écrite.

2. Eloquence (« Le talent de la parole »)

Ce concours, institué dans notre section de l’Isère depuis maintenant quatre ans, très peu répandu au sein de l’AMOPA®, s‘adresse aux lycéens des classes de première et terminale (toutes séries). Il a pour objectif de valoriser les aptitudes orales, de mettre en valeur des qualités qui vont servir aux jeunes d’aujourd’hui dans la poursuite de leur projet personnel, tout en montrant au jury qu’ils sont sensibles à notre ambition de Défendre et Illustrer le langage et la culture. Nous sommes donc attentifs:- A la qualité de « l’invention » : la capacité du candidat à trou-ver des idées étayant son propos de manière pertinente, à puiser dans sa culture générale pour l’illustrer, à faire preuve de créativité, voire d’originalité ;- A la qualité de la « disposition » : le souci de rigueur qu’il aura mis à organiser ses idées en construisant son discours, en les développant dans une argumentation logique, claire, convaincante ;- Bien sûr, à ce qu’on appelle aujourd’hui « la maîtrise de la langue » (jadis, « l’élocution ») : non seulement la correction (convenance du niveau de langue, clarté et pureté du lan-gage), mais aussi l’élégance, l’agrément, voire l’éclat, l’art qu’aura mis le candidat à faire valoir sa pensée par le choix

des mots et leur arrangement, par l’emploi de figures judi-cieuses et opportunes - en un mot le style ;- A la maîtrise du langage corporel (la combinaison aisée et harmonieuse des effets de voix, de physionomie et de gestes) ;- A la « mémoire » : un candidat le nez plongé dans ses notes ne peut espérer être évalué comme un autre qui aura toutes ses idées, son plan, ses références en tête et regardera le jury... ;- Enfin -cela va de soi mais il vaut mieux le préciser-, à la pré-sentation générale du candidat.

Si les candidats sont en nombre très restreint, la grande qua-lité de leurs prestations nous encourage à persévérer. Nous proposons un sujet si possible en rapport avec l’actualité. Pour l’année 2017-2018, nous avons choisi comme thème « Un héros peut-il être méprisable ?»

3. Jeunes Talents de la Musique

Il s’agit là d’un concours très récent (qui va fêter son premier anniversaire en 2018), concernant de « Jeunes Talents en herbe » -des écoliers- et de « Jeunes Talents de la Musique » -collégiens et lycéens engagés dans un cursus de formation musicale en conservatoire ou venant de terminer cette for-mation, ces derniers s’étant par ailleurs particulièrement dis-tingués par leurs qualités en-dehors du strict champ de leurs compétences instrumentales-. Du fait de l’origine de la sub-vention permettant de récompenser les lauréats, ce concours est territorialisé et s’adresse aux élèves du conservatoire de Voiron, avec lequel a été signée une convention de partena-riat. L’année à venir devrait voir son développement, dans le cadre d’une organisation élargie.Pour tous ces concours, un compte rendu des cérémonies de remise des prix est publié dans notre bulletin (et mis en ligne à la fois sur notre site départemental amopa38 et sur le site national de l’AMOPA®.

Les activités culturelles : quelques comptes rendus...

Josiane Pourreau

FANTIN-LATOUR « A Fleur de peau »

Après le musée du Luxembourg à Paris, l’exposition Fantin-Latour « A

Fleur de peau » est présentée au musée de Grenoble au printemps 2017, aug-mentée d’une évocation de son atelier et d’une sélection de photographies. Bien que plusieurs expositions lui aient déjà été consacrées à Grenoble : en 1936 pour le centenaire de sa nais-sance, puis en 1977, enfin en 2004 exposition consacrée à ses dessins et lithographies, cette rétrospective-hom-mage permet de remettre en lumière ce peintre d’origine grenobloise, à la

personnalité complexe, fluctuant entre classicisme et modernité, inclassable donc laissé en marge.

Cette rétrospective est présentée selon la chronologie de la vie artistique du peintre :les œuvres de jeunesse, puis les por-traits de groupes et les tableaux de fleurs, les séries de natures mortes et de portraits et enfin les œuvres dites d’imagination.Henri Fantin-Latour est né à Grenoble le 14 janvier 1836 .Son père, Jean-Théodore Fantin-Latour, est lui-même peintre, comme l’était aussi son propre père. Ses por-traits lui ont donné une certaine noto-riété (quelques-uns de ses tableaux se trouvent dans les collections perma-nentes du musée de Grenoble). Mais en 1841, la famille Fantin-Latour quitte Grenoble pour s’établir à Paris.

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Henri n’aura donc passé à Grenoble que les cinq premières années de sa vie mais il gardera toujours un certain attachement pour sa ville natale. En témoignent la collection de photogra-phies, les manuscrits, dessins, lithogra-phies et objets personnels légués par sa veuve au musée de Grenoble, la plu-part à sa demande.Dès l’âge de dix ans il est initié au dessin par son père puis intègre dès 1850 l’ate-lier d’Horace Lecoq de Boisbaudran. Il exerce une activité de copiste au musée du Louvre, ce qui lui permet de passer de longues heures à observer et étudier les techniques des grands maîtres clas-siques (en particulier Véronèse).Les œuvres de jeunesse : les autoportraits A partir de 1854 après une première œuvre d’imagination « Le songe » restée sans suite, il réalise des séries d’ autoportraits peints dans son atelier ainsi que des portraits intimistes de ses proches, en particulier ses deux sœurs.« Troublant » est le mot qui vient à l’es-prit en observant le tableau « Autopor-trait, la tête légèrement baissée » au regard sombre, presque inquiétant, qui semble être le miroir de ses tensions intérieures.1855 : année de l’exposition univer-selle : il visite le pavillon du réalisme de Gustave Courbet, et fréquente les peintres parisiens Degas, Manet, Whist-ler. Il tente de se lancer dans « une car-rière officielle » en envoyant trois toiles au salon de 1859, elles sont refusées, Déçu, il décide de rejoindre Whistler en Angleterre où il se lie d’amitié avec la marchand d’art Edwin Edwards. Ce séjour anglais est bénéfique, son « pauvre esprit tout nerveux » ainsi qu’il l’écrit à Edwards, y trouve un certain repos et ses amis anglais l’encouragent à peindre des natures mortes, genre très prisé en Grande-Bretagne. Il s’inspirera dans un premier temps des grands clas-siques hollandais qu’il a observés et copiés au musée du Louvre. Ces toiles connaissent très vite un grand succès dû sans doute à son sens de la compo-sition et à la délicatesse de son toucher pictural. « Fleurs d’été et fruits en est un bel exemple. Outre l’aspect lucratif, elles lui permettent de conjuguer son amour de la nature et de la peinture .Malgré le succès il rentre à Paris, ville qu’il ne quittera que pour deux séjours en Angleterre où il sera exposé à la Royal Academy of Arts de Londres , un voyage à Bayreuth à la rencontre de « l’art total » cher à Wagner, et bien sûr les séjours d’été dans la maison de Buré.

En 1861, sa participation au Salon est enfin acceptée. A ce même Salon, où en 1864 il présentera « Hommage à Delacroix » qui le fera reconnaître comme peintre de portraits de groupes.Il côtoie les peintres du mouvement impressionniste, en particulier Renoir, Monet, Bazille mais il en refuse les principes picturaux (dont le plein air). Il admire Courbet dans l’atelier duquel il passera quelques mois.C’est pendant ces années 1864-1872 qu’il réalise ses tableaux les plus célèbres : il renouvelle le genre des portraits de groupe, en particulier « Un atelier aux Batignolles » , hommage à Manet, ou bien « Le coin de table » qui doit sa célébrité à la présence de Ver-laine et Rimbaud.

Il possède en effet une manière peu conventionnelle de représenter non pas une scène de genre mais un groupe de portraits individuels où chacun suit sa pensée ou regarde le spectateur sans chercher à communiquer avec ses voisins .Le changement intervient aussi dans sa vie privée. Il rencontre en 1866, au Louvre, Victoria Dubourg, elle-même peintre de natures mortes et copiste à ses heures (certaines de ses œuvres se trouvent au musée de Grenoble). Les fiançailles auront lieu en mai 1869 ; il lui offrira en cadeau la célèbre nature morte dite « de fiançailles », petite mer-veille d’équilibre pictural et de subtilité.(Petite parenthèse : il ne l’épousera que sept ans plus tard, en 1876 !)C’est aussi la période des portraits de groupe plus intimes des membres de la famille Dubourg, et particulièrement Victoria et sa sœur Charlotte. En obser-vant ces toiles on constate que Victoria est représentée de manière très sobre, presque austère, les traits un peu fades, alors que sa sœur Charlotte est pim-

pante, le regard direct et portant des vêtements colorés, suscitant l’intérêt voire le désir chez le spectateur (et peut être aussi secrètement chez le peintre).La dernière période de sa vie sera celle des compositions d’imagination .Après une première tentative en 1854, à 18 ans, avec la toile intitulée « Le Songe » représentant un jeune homme nu rêvant à des beautés tout aussi dénudées, il met en sommeil ses fan-tasmes pendant plusieurs décennies puis, comme délivré de la prison dorée des fleurs et des portraits, il met sur la toile les fantasmes de son imagi-nation ; ce sont souvent des héroïnes nues dans une nature édénique et un climat vaporeux, par exemple « La Nuit » ou « Ariane abandonnée ».Le pudique Fantin-Latour peignant en atelier aurait été mal à l’aise devant des modèles nues venant poser pour lui alors il va peindre d’après photo, et pour cela acheter des milliers de cli-chés de femmes nues qui lui serviront de modèles . Mais on peut aussi penser que cet homme introverti vivait ses désirs en mode imaginaire.Ces 1400 photos font partie des œuvres données au Musée de Grenoble par la veuve du peintre et selon ses volontés. Leur analyse a permis de découvrir que certaines d’entre elles étaient les œuvres de célèbres photographes de l’époque (Bodmer, Marconi, Rejlander) ; une cin-quantaine de ces photos sont exposées dans la Tour de l’Isle.Le peintre décède le 25 août 1904 à Buré, village dans lequel son épouse avait hérité d’une propriété où ils pas-saient tous leurs étés. Il repose à Paris au cimetière de Montparnasse.La fin de la visite permet l’observation émouvante d’une reconstitution de l’atelier de l’artiste contenant des objets personnels.Victoria Fantin-Latour, sous l’amicale pression du conservateur André Farcy, fera une donation d’un grand nombre de documents et d’œuvres au musée de Grenoble qui possède ainsi une dou-zaine de tableaux du peintre.Au fait pourquoi « A Fleur de peau » me direz-vous ?Ce titre résume la complexité, presque la bipolarité du personnage qui a tou-jours vécu sur une ligne fluctuante entre classicisme et modernité, à la fois sensuel et pudique, ardent et glacé, qui avait deux passions : la vérité dans la peinture et l’amour de la nature et que l’on a voulu mettre en valeur dans cet hommage.

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Michèle Corjon et Dominique Abry

Visite de la ville ancienneArchitecture et patrimoine sont au pro-gramme de notre visite chambérienne.

Après une présentation de la ville à l’hôtel Cordon, transformé en

office du tourisme, une guide fort sym-pathique nous conduit à la fontaine des éléphants plus connue sous le nom de fontaine des « Quatre Sans Q », écriture phonétique car ce site n’accepte pas le mot précis considéré comme grossier. Erigée à la mémoire du général Benoît de Boigne (1751-1830) né Benoist Le Borgne, pour ses exploits militaires en Inde où il fit fortune par le sculpteur grenoblois, Victor Sappey, la fontaine aux éléphants reste le monument le plus célèbre de Chambéry. Elle vient d’être restaurée.Puis la cathédrale Saint-François-de-Sales, classée au titre des monuments historiques, nous offre pour un moment un peu de fraîcheur. Située dans le centre historique de Chambéry, elle fut édifiée au XVe siècle par les moines fran-ciscains et devint cathédrale métropole en 1779 lors de la création de l’archidio-cèse de Chambéry, Maurienne et Taren-taise d’où son qualificatif de métropole. Sa façade modeste contraste avec le style gothique flamboyant de l’inté-rieur dont la caractéristique principale est un superbe ensemble de peintures en trompe-l’œil.

Ensuite par d’étroits passages jalonnés d’hôtels particuliers et d’immeubles anciens dont certains nous rappellent quelques habitations de la rue Che-noise à Grenoble, nous nous dirigeons vers le château des Ducs de Savoie. Château fort, emblème de leur pouvoir, cette ancienne résidence des Ducs de Savoie regroupe un ensemble de bâti-ments édifiés du XIIIe siècle à nos jours. Depuis 1860, année du rattachement de la Savoie à la France, il est le siège de la Préfecture et du Département de Savoie.Dans la cour d’honneur du château, se dresse la façade baroque de la Sainte-Chapelle construite au début du XVe siècle. L’intérieur frappe par son élé-vation (22m). Très endommagé par un incendie en 1532, la restauration débu-tée dès le milieu du XVIe se poursuivra jusqu’à nos jours. On est impressionné par les voûtes ornées de peintures en trompe l’œil. En 1453, le Duc Louis fait l’acquisition d’une relique, considérée par certains comme le linceul ayant servi à envelopper le Christ.La chapelle ducale prend officiellement le titre de Sainte-Chapelle du Saint-Suaire, le 11 juin 1502, au moment de l’installation officielle de la relique. Le suaire sera ensuite déplacé à Turin où il est conservé depuis lors.

Et c’est à 16 heures 30 précisément que tous, rassemblés au pied de la tour qui flanque le chevet de la Sainte-Chapelle,

nous pouvons profiter d’un concert du grand carillon de Chambéry, œuvre de la Fonderie de cloches Paccard près d’Annecy, entreprise créée en 1795. Avec ses 70 cloches, la richesse sonore unique de son timbre nous emporte dans un extrême ravissement qui clôt une merveilleuse journée amopa-lienne.

Nicole Gauthier

La Rotonde Ferroviaire

Construite entre 1906 et 1910, la Rotonde Ferroviaire de Chambéry

est le seul et le plus grand exemplaire conservé en France, toujours en exploi-tation.Elle mesure 108m de diamètre intérieur, s’étend sur 9500m², sa hauteur totale est de 34,20m. Avec 26 voies rayon-nantes, elle permet le remisage de 72 locomotives.Elle présente deux caractéristiques :- une architecture métallique de type Eiffel qui pèse 800 tonnes.- un bâtiment fermé.A l’époque, il était impossible de construire dans le centre de Chambéry et la Compagnie de PLM pensa alors

aux anciens marais de La Cas-sinaz. On s’inspira donc des palais vénitiens et cet énorme édifice ainsi que l’atelier annexe reposèrent sur 3118 pieux de mélèze de 5,50 à 8 mètres et des épaisseurs de béton.Les fondations doivent sou-tenir 18 points d’appui des piliers porteurs du mur polygonal. Pour répartir les charges, on édifie un système de voûtes de 5,60 m. On arrive à une profondeur des fondations de 17m sous la coupole. La charpente métallique est constituée d’une partie annulaire de 27m de large et d’une coupole centrale de 55m de diamètre reposant sur les 18 piliers dont chacun s’articule sur une rotule. Toutes les pièces sont été rivetées à 950°.

Cavour, futur homme d’Etat italien, suit des études au Royaume-Uni où il découvre le chemin de fer et, dès 1853, une première ligne internationale passe par Chambéry en direction du Piémont.En 1860, le PLM (Paris-Lyon-Marseille) rachète les lignes en France. Une com-pagnie privée est créée et les trains prennent alors des couleurs différentes.Fin 19ème siècle, les machines sont tou-

Une belle journée de juin à Chambéry

La fontaine des éléphants

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jours à vapeur : il faut mettre en chauffe et le démarrage est long. Il faut aussi approvisionner la locomotive en eau et en charbon, d’où l’idée de la Rotonde pour abriter et stocker ces deux éner-gies dans les remises de chaque côté.La Rotonde est mise en exploitation début 1911.Au cours de la 1ère guerre mondiale, les restrictions de charbon freinent le développement du train à vapeur. De plus, en 1917, a eu lieu un très grave accident ferroviaire : sur une pente importante en Italie, le train s’est emballé et les voitures en bois en se fracassant les unes contre les autres ont pris feu et l’on a retrouvé seulement 150 corps calcinés sur plus de 250 pas-sagers. Ces évènements ont incité les ingénieurs à développer une nouvelle énergie : la traction électrique. La ligne Chambéry–Modane est choisie comme banc d’essai.Le 26 Juillet 1929, la locomotive élec-trique 262 AE² est livrée au dépôt de Chambéry ; c’est la plus puissante au monde à l’époque.1er Janvier 1938, création de la SNCF.2ème guerre mondiale : Le 26 mai 1944, afin d’empêcher les troupes alle-mandes de se replier sur l’Italie, des bombardiers américains larguent 162 tonnes de bombes qui font 300 morts,

2000 blessés et 2 000 sinistrés à Cham-béry. La Rotonde n’est pas trop endom-magée. Des travaux de remise en état débutent et le 18 mars 1954, la recons-truction est achevée.Progressivement la Rotonde est aban-donnée et la SNCF, devant le coût de la rénovation, pense la démolir en 1982. Mais des manifestations de che-minots aboutissent à l’inscription de la Rotonde à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.Ce patrimoine industriel a été res-tauré par la SNCF durant 15 ans de travaux pour un coût total de 5 millions d’Euros. Il a été ouvert au public en 2012.La Rotonde n’est pas un musée , elle fonctionne : c’est un garage rapide pour la maintenance et la réparation du matériel ferroviaire, où des surveillants de dépôts réceptionnent et expédient une trentaine de locomotives.Le pont tournant central de 24 mètres ne supporte pas les TGV qui ne peuvent pas être vérifiés à cet endroit.Nous avons eu la chance de voir circuler différentes locomotives ; c’est-à-dire, rouler sur les rails, pénétrer sur le pont qui tourne de façon à changer de voie et à se diriger vers le lieu de révision prévu.

Nous avons pu admirer quelques loco-motives prestigieuses :- la 2CC2 – 3402 : 159 tonnes – la plus puissante au monde (2500 watts) fonc-tionnait entre Chambéry et Modane – le 3ème rail 1500 volts continus (comme le métro) a été supprimé en 1974 et a sonné l’arrêt de cette machine ;- la « Grand-Mère » 2001 avec un moteur Berliet de 20 000 volts a parcouru 4500 000 km entre la Roche/Foron et Anne-masse ;

- la CC 7102, record du monde de vitesse.

En conclusion, la Rotonde n’est pas un musée, elle abrite un technicentre SNCF qui emploie environ 200 agents qui interviennent sur Chambéry et sur l’ensemble de la région.

In memoriam Professeur Gérald RANNAUD

Nous avons appris avec peine la disparition du professeur Gérald Rannaud, président honoraire de l’Association Stendhal.Les membres de notre section de l’Isère n’ont pas oublié la gentillesse avec laquelle il avait répondu à notre sollicitation

lorsque nous lui avons demandé de venir nous présenter, en préalable à notre assemblée générale annuelle de janvier 2014, une conférence prolongeant -et clôturant- l’année Stendhal.

Le professeur Rannaud nous a accordé alors le privilège de préparer à notre intention particulière un sujet un peu inattendu : Stendhal, premier écrivain de la guerre moderne, inspiré, m’avait-il dit, par la commémoration naissante de la Grande guerre.

Pendant une heure, nous avons été replongés dans La Chartreuse de Parme et entraînés, à la suite de Fabrice Del Dongo, sur le champ de bataille de Waterloo, « bataille » à laquelle notre héros se demandait s’il y avait « réellement assisté » : en effet, l’heure n’érait plus au face-à-face des fantassins rangés soigneusement en ordre de bataille dans un pré, mais au pilonnage préventif de l’artillerie et au déferlement des cavaliers, au milieu des boulets qui font voler la terre de toutes parts en avant des feux de peloton des conscrits, dans un espace distendu. A partir de cette description et des écrits auto-biographiques de celui qui n’était pas encore Stendhal, mais le commissaire des guerres Henri Beyle, le professeur Rannaud a analysé pour nous tous les changements survenus dans la conduite et le concept de la guerre, phénomène collectif mais aussi réflexion et prise de conscience individuelles et nous a invités à mesurer l’importance de cette mutation dans les faits et dans les esprits.

Notre AMOPA® iséroise venait de fêter ses 50 ans. Pour remercier notre conférencier d’avoir bien voulu partager avec nous cette agréable soirée du 21 janvier, nous lui avons bien entendu remis la médaille de notre cinquantenaire, portant notre devise « Servir et partager ».

Trois années ne se sont pas encore écoulées que nous apprenons le décès soudain de celui que le président de l’Association Stendhal, Patrick Le Bihan, dépeint comme « l’âme » de l’association, « un passeur », « un pédagogue », « un personnage » habité du « feu sacré », aux « vues profondes et originales », mais aussi un homme pudique et discret.

Nos amies Dominique Abry et Josiane Pourreau, représentant l’AMOPA® de l’Isère et son président, ont accompagné le professeur Gérald Rannaud pour son dernier voyage.

J.C. Meurant

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Gisèle BOUZON-DURAND, Christiane MURE-RAVAUD

Sur les pas de Jean-Jacques ROUSSEAUGENÈVE - 08 septembre 2017

Monsieur Rémy HILDEBRAND, Président du Comité européen

Jean-Jacques ROUSSEAU, Président de l’Académie rhodanienne des Lettres, chevalier dans l’Ordre des Palmes aca-démiques et membre du comité direc-teur de l’association AMOPA-Suisse nous accueille devant la gare de Genève pour nous faire partager sa passion pour l’écrivain et nous guider pour une visite exceptionnelle du centre histo-rique de Genève.Même si ROUSSEAU a passé la plus grande partie de sa vie en exil, loin de Genève, sa ville natale, de nombreux lieux lui restent associés.Nous découvrons entre autres : - la rue de Coutance où il vécut et où se dresse une fresque de Hans ERNI « La fête à Saint-Gervais » ;

- la place Simon Goulart/rue Vallin où figure une sculpture de Paul BIANCHI : « Les outils d’Isaac ROUSSEAU », le père de Jean-Jacques, horloger ;- la rue Cornavin où se trouve un por-trait de Jean-Jacques ROUSSEAU ;- la rue Jean-Jacques ROUSSEAU [anciennement rue Chevelu] où est apposée une plaque épigraphique en souvenir de 1793 ;- la rue Grenus avec un trompe l’œil représentant la Botanique et Jean-Jacques ROUSSEAU ;- la rue des Etuves/la rue de Grenus où il fut apprenti, témoin cette plaque épigraphique sur laquelle est inscrit : « atelier d’Abel Ducommun, maître d’ap-prentissage de l’apprenti graveur Jean-Jacques ROUSSEAU » ;- l’île ROUSSEAU avec la sculpture de Jean-Jacques ROUSSEAU, œuvre de James PRADIER pour honorer « le citoyen de Genève ».

Rémy HILDEBRAND au pied de la statue

Sa maison natale au 40, Grand-Rue où est apposée une plaque épigraphique à la Maison de ROUSSEAU et de la Lit-térature.

Maison natale de J.-J. ROUSSEAU

Nous terminons notre balade enso-leillée, le cœur léger mais le corps un peu endolori pour certains, par la Pro-menade de la Treille qui offre une vue panoramique sur les parcs et monu-ments entourant la vieille ville.Tout au long de cet après-midi culturel, Rémy HILDEBRAND, passionné par son sujet, a su nous retracer le destin hors norme de l’un des esprits les plus nova-teurs de son temps.

Mais qui est Jean-Jacques ROUSSEAU ?

- Un père qui abandonna ses cinq enfants de 1746 à 1751 placés aux

Enfants trouvés et le pionnier de l’édu-cation moderne, le libérateur de l’en-fance.- Un solitaire, heureux loin des hommes et se suffisant à lui-même, mais aussi un républicain épris de vie communau-taire qui trouve sa joie à imaginer de belles fêtes réunissant toute une collec-tivité fraternelle.- Un adversaire du théâtre et des romans d’amour, qui fait représenter des œuvres lyriques et dramatiques et qui compose le plus célèbre roman de son siècle.- L’homme de la nature et de la pau-vreté humble et fière qui, en appelant les touristes en Suisse, contribuera à modifier son économie et à introduire le luxe au bord des lacs et sur des hau-teurs où il n’était guère connu.- Protégé de MALESHERBES, défenseur de Louis XVI, ROUSSEAU n’est-il pas le maître à penser de ceux qui voteront d’abord la mort du roi, puis celle du défenseur ?Autour de lui, à propos de lui, on n’a pas fini de se battre. Depuis que cet homme de contradictions a pris la plume, on lui fait son procès. Et comme l’a dit Jean GUEHENNO, un de ses meilleurs bio-graphes, ce Genevois, qui nous offre un extraordinaire résumé de la condition humaine dans les temps modernes, ne peut mourir : il est de toutes nos batailles.Mais pour discerner sa véritable stature, il faut regarder la vérité en face, même lorsqu’elle nous gêne. On ne peut écrire une vie de ROUSSEAU « à l’eau de rose ».

« C’est la force et la liberté qui font les excellents hommes :

La faiblesse et l’esclavage n’ont fait que des méchants ».

Les Rêveries du promeneur solitaire

Page 16 La Promotion Violette

Jack Loseille

LES POUILLES

« Alors, Jack, ce compte-rendu pour le bulletin ? » me souffle le Président. Le ton est bienveillant, mais l’injonction morale forte. Comme on dit, il faut « s’y coller ».

Lundi 15 mai

Pour une fois, pas de départ à l’aube, mais à une heure décente. Nous

décollons à 13h. Les voies aériennes sont toujours aussi surprenantes, puisque pour arriver à Bari, nous devons passer par Munich. Arrivée en fin d’après-midi. Un chauffeur, tou-jours tiré à quatre épingles (qui le res-tera tout au long du parcours) et une accompagnatrice (peu causante pour une Italienne) nous attendent et nous prennent en charge, lourde charge de quarante participants.Traditionnellement le lecteur trouve à cette place une brève présentation géographique et historique. Nous le renvoyons à l’excellent article de pré-sentation de Gérard Luciani, publié dans le n°69 (juin 2016) de notre revue, p. 18-20. Sinon il se contentera de ce rapide résumé. Situées à l’extrême sud-est de la pénin-sule, les Pouilles constituent donc le « talon » de la « botte » italienne. Une région plate ou, tout au plus, vallonnée, mais dominée par un massif qui sur-plombe à pic la mer, le mont Gargano ; une plaine fertile dans le Tavoliere au nord, aride dans les Murges au centre, ouverte vers l’Orient dans le Salento au sud.Premiers conquérants attestés par l’histoire, les Spartiates, fondateurs de Tarente, venaient de la mer. Ils abor-dèrent une terre habitée depuis des temps immémoriaux, où, d’après des légendes, confirmées par les décou-vertes archéologiques, les avaient pré-cédés des populations qui leur étaient apparentées : peut-être crétoises, peut-être troyennes, certainement mycé-niennes ; populations à côté desquelles continuaient à vivre des indigènes, les Iapyges, qui conservaient jalouse-ment les caractères propres de leur civilisation, bien que les migrations les eussent mis en rapports continus avec les cultures de l’Égée et de la Méditer-ranée orientale. Les choses ne chan-gèrent guère, même après que Tarente, fondée au VIIIe siècle avant J.-C., eut commencé son expansion qui devait la

conduire à assumer le rôle de capitale de la Grande-Grèce.L’unification de ses terres à laquelle les Grecs ne purent parvenir fut le fait de la conquête romaine. Deux voies consu-laires la traversent, l’Apienne et la Tra-jane qui se rejoignent à Brindisi, port d’embarquement des légions romaines partant à la conquête de l’Orient. Ces deux voies déterminèrent le nouveau rôle de ces contrées jusqu’à la fin du Moyen Âge. Des ports de la côte par-taient les Romains qui se rendaient dans les provinces d’Orient tandis qu’y abordaient marchandises et voyageurs d’Orient se dirigeant vers Rome. Le rôle de cette région fut prépondé-rant au cours des premiers siècles chré-tiens du fait qu’elle était un passage obligé entre Rome et la Terre sainte, et un but de pèlerinage pour les fidèles d’Orient et d’Occident qui se rendaient au sanctuaire de Saint-Michel archange apparu sur le Gargano.Les routes n’apportent pas seulement la prospérité et aux côtes n’arrivent pas que les pèlerins et des marchands. Du VIème siècle au XIème, pillards et destructeurs de toutes sortes les par-courent. Le renouveau est probable-ment dû à l’arrivée des bénédictins qui peu après l’an 1000 fondèrent leurs pre-miers couvents sur le mont Gargano à Bari et à Brindisi.Vers le milieu du XIème siècle les Nor-mands se présentèrent en pèlerins puis en conquérants. La population attendait des Normands une aide pour secouer le joug politique et adminis-tratif de Constantinople. Ces nouveaux maîtres furent des êtres tolérants sous la domination desquels pouvaient refleurir les activités traditionnelles, le commerce, la navigation, l’agricul-ture désormais libérés de la fiscalité byzantine. Pendant un siècle et même plus les libertés communales réappa-rurent ; les cathédrales romanes en

sont l’expression éclatante.Aux cathédrales s’ajoutent au XIIème et au XIIIème siècle les églises et les hôpitaux élevés par les ordres religieux militaires de Terre sainte pour recevoir pèlerins et croisés ; puis les châteaux et les palais de Frédérique et en premier lieu Castel del Monte.A cette floraison artistique devaient succéder les pires misères. La chute des Souabes, l’accession des Angevins au trône de Naples signifiaient pour les Pouilles la perte de de toute autonomie économique et administrative, la fin de la prospérité et le début d’une longue période d’obscurité. En 500 ans la politique des rois de Naples, angevins, aragonais, bourbons ne varie guère à l’égard de cette région exclue des grandes voies de communi-cation désormais tournées vers l’Occi-dent après la chute de Constantinople et la découverte de l’Amérique. Le présent est marqué par la renais-sance économique et sociale de la région peut-être la plus avancée, sûre-ment la plus active du Mezzogiorno en pleine transformation industrielle. Les pôles de développement sont actuellement constitués par Bari pour le commerce et pour l’industrie par Tarente. Les Pouilles conservent un rôle important dans l’agriculture italienne. L’économie semble miser aussi sur les particularités de son territoire dans le cadre touristique, grâce au nouvel inté-rêt que suscitent les caractéristiques culturelles associées aux beautés de ses paysages et de ses stations balnéaires (dont nous n’aurons pas le temps de profiter).

Mardi 16 mai

Pour placer notre circuit sous les meil-leurs auspices, nous le commen-

cerons par un pèlerinage au MONTE SANT’ ANGELO dans le Gargano pour une visite du sanctuaire de San Michele.

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Une route pittoresque nous y conduit à travers le parc national du Gargano.Le culte de l’archange saint Michel se répandit et se développa dans les régions méditerranéennes, en particu-lier en Italie, où il est arrivé avec l’expan-sion du christianisme. Au Vème siècle, sur le promontoire du Gargano fut érigé le sanctuaire de Saint-Michel, à Monte Sant’Angelo, le plus ancien et le plus célèbre lieu de culte de l’archange. Très vite, ce sanctuaire devint un lieu important pour la diffusion du culte de saint Michel en Europe et en Italie et il représenta le modèle idéal pour tous les sanctuaires ultérieurs qui ont été érigés sur le modèle de celui sur le Gargano. En France, en 708 ou 709, sur un autre promontoire de la côte Nor-mande, fut consacré à l’archange, un sanctuaire dit du « Mont Saint-Michel au péril de la mer » à cause du phéno-mène des hautes et basses marées, qui rendait ce lieu dangereux. L’emplace-ment de la « Sacra di San Michele » (que nous avons visitée à l’automne 2015) dans le Val de Suse, sur un terrain élevé rappelle immédiatement les deux éta-blissements de l’archange Michel du Gargano et de Normandie. Elle est au centre d’un itinéraire de pèlerinage de plus de deux milles kilomètres qui relie presque toute l’Europe occidentale du Mont-Saint-Michel à Monte Sant’An-gelo.

La fondation du sanctuaire est liée à une belle légende. Un riche habitant de Siponte avait ses troupeaux sur les flancs du Mont-Gargano. Un jour, un taureau disparut. Après bien des recherches, on le retrouva enfin sur la cime la plus escarpée de la montagne, à l’entrée d’une grotte, et les cornes embarrassées dans de fortes lianes. Furieux contre les obstacles qui le rete-naient sur place, l’animal se débattait si violemment que personne ne put l’approcher. Alors on lança vers lui une flèche. Mais, chose étrange, cette flèche se retourna à mi-chemin de sa course, et alla frapper celui qui l’avait tirée. Ce fait extraordinaire remplit d’une telle crainte les bouviers, qu’ils s’éloignèrent immédiatement de la grotte. Cet évè-nement émut la ville de Siponte, et l’évêque ordonna des prières publiques. Trois jours après (le 8 mai 492), saint Michel apparut au prélat et lui dit : « Je suis l’archange Michel, un de ceux qui se tiennent sans cesse devant le Seigneur. J’ai choisi ce lieu pour être vénéré sur la terre ; j’en serai le protecteur à

jamais. » L’évêque et les habitants se rendirent processionnellement jusqu’à la grotte du mont Gargano, et prièrent en l’honneur de l’archange. A quelque temps de là, Siponte vit ses ennemis dévaster ses campagnes et menacer la ville. La bataille s’engagea, et Siponte paraissait vaincue, quand, tout à coup, une formidable secousse ébranla le mont Gargano ; de son sommet, cou-vert d’une noire vapeur, jaillirent des éclairs et des foudres qui portèrent la

terreur et la mort dans le camp ennemi. Triomphante par le secours miraculeux de saint Michel, la ville de Siponte se montra reconnaissante à son puissant protecteur. Elle exécuta aussitôt des travaux gigantesques (avec l’interces-sion de l’archange, bien entendu), afin de pouvoir accéder plus facilement sur le Mont-Gargano, et sur la grotte natu-relle qu’elle fit revêtir intérieurement de marbres précieux, elle bâtit une belle église dont la dédicace solennelle eut lieu le 29 septembre 522, fête des Saints Archanges. Cette église est depuis le rendez-vous de nombreux pèlerinages. Au retour, nous visitons BARLETTA, jadis un important port d’embarquement, pour les pèlerins et croisés se rendant en Terre sainte, aujourd’hui une ville commerçante dynamique. La construction sa cathédrale, Santa Maria Maggiore, fut entreprise entre 1147 et 1153 lors de la période de domi-nation des Normands sur la ville. L’église n’apparaît pas comme un ensemble organisé et unitaire. Deux parties nette-ment distinctes, l’une romane, à l’avant, et l’autre gothique, au second plan, montrent les marques d’une longue série de constructions discontinue. De

récentes fouilles archéologiques ont mis au jour les structures de deux précé-dents édifices consacrés au culte : une basilique paléochrétienne datée du VIème siècle et un bâtiment du Haut Moyen Âge ; enfin, un hypogée pré-romain avec de nombreuses tombes datables du début du IIIème siècle av. J.C. Pendant les Croisades, le château fut utilisé comme refuge par les chevaliers en partance et au retour de Terre sainte. Les Aragonais intervinrent entre 1458 et 1481, renforçant l’enceinte de rem-parts et ensuite, sur ordre de Charles Quint, le château prit la configuration d’un appareil symétrique avec quatre bastions d’angle. Autre curiosité : le colosse impropre-ment dit « Eraclio » ; c’est une grande statue de bronze (5 m de haut), repê-chée au début du XIIIe siècle après le naufrage d’un bateau vénitien qui la rapportait de Constantinople. Elle représente un empereur romain de l’Antiquité tardive, dont l’identification a suscité de nombreuses hypothèses. Valentinien Ier ou Honorius sont celles qui ont le plus de faveur. Afin de fabri-quer des cloches, des dominicains en ont fait fondre les bras et jambes. Elle fut restaurée au XVe siècle avec l’ajout d’une croix dans la main droite et dans la main gauche tendue, un globe ter-restre et sur l’avant-bras, une cape. Le temps des croisades et l’ouverture sur l’Orient font de TRANI, du Xlème au XIllème siècle, le plus important port de la mer Adriatique. La cathé-drale «assise sur les eaux» élève ses hautes murailles claires au bord de la mer. C’est, avec celle de Bari, une des plus belles églises apuliennes. Elle fut commencée dans les dernières années du XIème siècle, achevée au milieu du XIIIème siècle, tandis que le campanile date de la fin du XIVème siècle. Elle est dédiée à saint Nicolas le Pèlerin : c’était un berger originaire du monastère de Saint-Luc près de Delphes, arrivé on ne sait trop comment jusqu’à Trani et qui ne savait guère que psalmodier «Kyrie Eleison»... Tombé d’inanition sur les marches d’une église, il mourut dix jours après, entouré de la vénération des habitants de la ville. Sans doute Trani voulut avoir elle aussi, à l’instar de sa rivale Bari, un saint qui ne fût qu’à elle ; ce fut un autre saint Nicolas : celui de Bari était le « Thaumaturge », le protecteur des petits enfants, celui de Trani fut dit le « Pèlerin ». Comme à

Archange Michel

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Bari, on entreprit aussitôt la construc-tion d’une cathédrale qui s’éleva sur l’emplacement même de l’ancienne église de Sainte-Marie qui avait été le terme de la marche du Pèlerin ; de ce fait, le niveau de la nouvelle église se trouva plus haut que celui du sol envi-ronnant et on dut construire un escalier à double rampe qui a toute la largeur de la façade. La partie la plus belle de l’église est l’ensemble que forment un portail d’une richesse exubérante et la fameuse porte de Barisano da Trani. Elle est composée de trente-deux pan-neaux réalisés sur le modèle d’ivoires byzantins, exposés aujourd’hui à l’inté-rieur de la cathédrale. Elle soutient la comparaison avec les portes du Baptis-tère de Florence.

Mercredi 17 mai

BARI est une grande ville côtière de 700 000 habitants, la capitale des

Pouilles. En 1808, Murat en a fait le chef-lieu de la province au détriment de Trani et en 1813, il décidait la créa-tion de la Ville Neuve (Città Nuova), une ville moderne avec son espace organisé en damier. En avant de celle-ci, la vieille ville « Bari Vecchia », encerclée par une imposante muraille et traversée par des petites ruelles qui conduisent vers la découverte de son riche patrimoine culturel. On passe entre les façades des maisons médiévales et on débouche sur le parvis de la basilique normande, où reposent les reliques de saint Nico-las. Comment sont-elles arrivées à Bari ? Nicolas est né en Lycie, sur la côte méri-dionale de l’Anatolie. Vers 290-300, il est devenu évêque de Myre. Le jour de sa mort, le 6 décembre, le défunt évêque est enterré dans son église, précédé d’une réputation qui lui vaut bientôt la sainteté. Les pèlerins, qui viennent le vénérer, font couler de l’huile à l’intérieur de son tom¬beau et la recueillent, sanctifiée par le contact avec les ossements. L’ensemble donne lieu à la multiplication des pèlerinages avec leurs aspects rémunérateurs pour la petite cité lycienne...La popularité de saint Nicolas s’étend bientôt en Occident grâce aux moines orientaux qui fuient les persécutions iconoclastes. Cer¬tains se réfugient à Bari, avant-poste de l’empire byzantin en terre italienne. Quand le Normand Robert Guiscard met un terme à la domi-nation de l’Empire d’Orient en Apulie, il tient à doter Bari d’un saint patron réputé. Quelque trois siècles aupara-vant, les Vénitiens n’ont pas hésité à

braver les autorités musulmanes pour ramener d’Alexandrie la dépouille de saint Marc. De la même façon, les marins de Bari mettent le cap sur Myre et, sans façon, s’emparent des ossements du saint. Arrivés le 7 mai au large de Bari, les marins doivent attendre la marée haute du lendemain pour accoster. De là, les os sont conduits dons une châsse portée par la foule jusqu’à une église qui, très vite, apparaît bien modeste pour une sainteté si grande. Pour abri-ter les reliques, on construit, à partir de 1089, une vaste basilique dédiée au nouveau patron de Bari. Elle est consi-dérée comme le prototype du roman apulien. La façade sobre et lumineuse, flanquée par deux tours de forme et de hauteur différentes, présente trois por-tails qui donnent accès aux nefs inté-rieures, d’une rigueur toute romane. Dans la crypte, les précieux ossements reposent, et font toujours l’objet d’un des plus fervents pèlerinages de la Chrétienté. Les célébrations religieuses culminent dons les premiers jours de mai. Le 7, un cortège historique par-court les rues de la cité. Le lendemain, les portes de la basilique s’ouvrent dès 4h 30 du matin, heure présumée de l’ac-costage. Les pèlerins participent alors à des processions. Le 9, le prieur de la basilique prélève la manne ou myron, liquide aromatique exsudant des osse-ments, qui est ensuite offert aux fidèles.

Deux dames, devant leur échoppe, fabriquent des « orecchiette » des pâtes alimentaires en forme de petites oreilles, spécialité des Pouilles. Elles remportent un vif succès auprès des Amopaliens qui s’interrogent sur les

secrets de fabrication, avant de les découvrir dans leur assiette au déjeu-ner.Situé près de la ville de Bari, le CASTEL DEL MONTE, puissant château solitaire à l’allure compacte et sévère, se dresse au sommet d’une colline dominant la plaine environnante. Élevé vers 1240 par l’empereur du Saint-Empire, Fré-déric II de Hohenstaufen, ce château est auréolé de légendes et de mystères relatifs à son histoire, sa construction et sa fonction. Il incarne la fusion har-monieuse d’éléments culturels prove-nant de l’Antiquité classique, de l’Orient musulman et du gothique cistercien d’Europe du Nord.

Fils d’Henri VI de Hohenstaufen et de Constance de Sicile, Frédéric hérita du royaume de Sicile, en 1197, à l’âge de 3 ans. Au cours de son règne, jusqu’en 1250, il fut un souverain habile qui res-taura l’ordre économique et social dans son royaume de Sicile, alors plongé dans l’anarchie. Figure brillante, il inaugura une période d’intense acti-vité culturelle connue sous le nom de «Renaissance méridionale» et fut considéré dès son époque comme un personnage extraordinaire, précur-seur des premiers princes humanistes de la Renaissance. L’empereur s’inté-ressait en effet à tous les domaines de la connaissance et était familier des mathématiques, de l’astronomie et des sciences naturelles. Protecteur des arts, il parlait plusieurs langues et on connaît de lui quelques poésies en italien, des lettres en latin et un traité de vénerie. Dans sa résidence favorite de Palerme, il avait réuni une cour d’un faste tout

Bari vieille ville

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oriental où se retrouvaient des savants chrétiens, juifs et arabes. Ses multiples talents lui valurent le titre de stupor mundi, «la merveille du monde».Par son plan, le Castel del Monte fait exception dans une série de quelques deux cents châteaux en forme de qua-drilatère que le souverain fit construire en Italie à son retour de croisade à des fins défensives dans ses terres des Pouilles, de Calabre et de Sicile. On ne connaît pas le nom de l’architecte qui l’a conçu même si la plupart des histo-riens pensent qu’il est l’œuvre de Fré-déric II en personne. Bâti en pierre calcaire incrustée de quartz brillant, cet ouvrage présente un plan octogonal entourant une cour, il est flanqué de huit tours d’angle, elles-mêmes octogonales, de 24 mètres de haut. La corniche autour de l’enceinte correspond à la division entre les deux étages intérieurs. Chacun de ces étages comporte huit salles trapézoïdales de taille identique correspondant aux huit côtés de l’édifice. Chef-d’œuvre de per-fection formelle, le monument dispose également d’un système hydraulique d’origine orientale extrêmement raf-finé.La fonction de ce château demeure mystérieuse, le lieu ne présentant pas les caractéristiques que l’on retrouve habituellement dans les édifices mili-taires de cette époque : un bastion extérieur, un pont-levis, des douves, des entrepôts, une chapelle. Dans ses tourelles les escaliers en colima-çon montent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et sont éclairés de meurtrières trop étroites d’où l’on ne peut tirer aucune flèche, on peut donc douter que Castel del Monte ait jamais eu un rôle défensif.Le monument, résultat d’une synthèse rigoureuse de connaissances poussées en mathématiques est un lieu com-plexe imprégné de symboles, qui a passionné de nombreux chercheurs. Ces derniers ont émis l’hypothèse que le Castel del Monte puisse avoir été un observatoire astronomique, un temple du savoir dédié à l’étude des sciences ou un lieu de culte, de retraite et de réflexion.L’octogone, forme géométrique forte-ment symbolique, suggère le passage entre le carré, symbole de la terre, et le cercle, qui représenterait l’infinité du ciel. La forme de ce plan pourrait éga-lement provenir du Dôme du rocher à Jérusalem que l’empereur avait pu

visiter au cours de la sixième croisade ou de la chapelle Palatine à Aix-la-Chapelle. Chargé de mystère, le Castel del Monte reste, à ce jour, une énigme non résolue, la fascinante forteresse ayant nourri l’imaginaire de nombreux cinéastes et écrivains, tel Umberto Eco qui s’en est fortement inspiré pour écrire son roman Le Nom de la Rose.A l’aller et au retour, nous passons tout près de CORATO. C’est de Corato que depuis 1920 et jusque vers la fin des années 1950, des habitants ont quitté leur pays pour venir s’installer à Gre-noble. Nous suggérons à notre chauf-feur d’y passer, mais, dit-il « il n’y a rien à voir à Corato ». Circulez.

Jeudi 18 mai

Le lent travail souterrain des eaux dans le plateau calcaire des Murges

a créé un ensemble remarquable de couloirs et de cavités souterraines, à CASTELLANA, qui s’étendent sur plu-sieurs km. Deux itinéraires sont proposés, un court (1 km) et un long (3 km). Que choi-sissons-nous ? Le long, bien entendu et nous voilà partis pour une longue exploration.La visite débute par la « Grave », un gouffre dont la voûte laisse passer un gigantesque cône de lumière solaire qui balaie le fond de la grotte recou-vert de mousses et de lichens. Puis le guide nous conduit à travers une succession de couloirs et de salles hérissées et drapées de magnifiques concrétions, une forêt de stalagmites et de stalactites, mises en valeur par l’éclairage. À l’extrémité du parcours souterrain, un petit portail creusé dans une imposante paroi d’albâtre introduit dans la dernière et la plus belle caverne des Grottes de Castellana : la « Grotte Blanche », et ses formations d’albâtre qui en font la « più splendente grotta del mondo ». Voici MATERA. La ville haute, la «Civita» s’enroule autour du « duomo », et à ses pieds, une falaise (la Gravina) d’où s’écoule en désordre un fouillis de mai-sons, pour beaucoup creusées dans la paroi calcaire avec laquelle elles se confondent souvent. C’est au Moyen Age que s’établissent, dans les grottes du canyon de la Gra-vina, des communautés monastiques nom¬breuses et dynamiques. Les moines, pour installer leurs églises, n’hésitent pas à creuser la roche natu-relle : cela nous vaut aujourd’hui plus de

cent trente sanctuaires rupestres autour de la ville, décorés, pour les plus beaux, de fresques primitives. Les premières communautés sont exclusivement grecques, puis des moines bénédictins latins peuplent bientôt les rochers et contribuent à faire glisser cette région dans l’orbite romaine. La population de la Civita sort alors des remparts et colo-nise le quartier monastique en s’instal-lant dans ce qu’on appelle désormais les Sassi («les cailloux»).Au fil du temps, les Sassi prospèrent et s’organisent, se couvrant de maisons et de jardins. Une forte complémentarité s’instaure entre Civita et Sassi. Mais, bientôt, on assiste au divorce progressif entre les Sassi et la Civita. Les voies de communication verti-cales, tellement vitales, sont de plus en plus interrompues par des construc-tions nouvelles. Les Sassi, occupés par une population à majorité agricole et ouvrière, sont surpeuplés. Huit ou neuf personnes -et les animaux ! - s’en-tassent parfois dans une seule pièce. L’insalubrité gagne.Au pouvoir depuis 1922, Mussolini choi-sit de faire de cette région reculée un lieu de relégation pour les opposants au régime. Parmi eux, Carlo Lévi. Juste après la seconde guerre mondiale, il publie un roman qui fera grand bruit : Le Christ s’est arrêté à Eboli. Il y raconte sa vie d’exilé, parmi les paysans frustes mais généreux, et ce pays du Sud où Dieu semble ne s’être jamais aventuré, tant il est abandonné de tous. Il com-pare son environ¬nement aux cercles infernaux de Dante. Ecoutons-le : « C’est ainsi qu’à l’école, nous nous représentions l’enfer de Dante… Le sentier, extrêmement étroit, qui descendait en serpentant passait sur les toutes des maisons, si on peut les appeler ainsi. Ce sont des grottes creusées dans la paroi d’argile durcie du ravin, chacune d’elles a une façade sur le devant, certaines sont même belles, avec de modestes ornements du XVIIIe siècle… Les portes étaient ouvertes à cause de la chaleur. Je regar-dais en passant et j’apercevais l’inté-rieur des grottes, qui ne voient le jour et ne reçoivent l’air que par la porte. Certaines n’en ont même pas, on y entre par le haut, au moyen de trappes et d’échelles ? Dans ces trous sombres, entre les murs de terre, je voyais les lits, le pauvre mobilier, les hardes éten-dues. Sur le plancher étaient allongés les chiens, les brebis, les chèvres, les

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cochons. Chaque famille n’a, en géné-ral, qu’une seule de ces grottes pour toute habitation et ils y dorment tous ensemble, hommes, femmes, enfants et bêtes. Vingt mille personnes vivent ainsi. »Le roman de Carlo Lévi provoque une prise de conscience générale. Un ministre parle même de honte natio-nale. Enfin, l’Etat italien réagit. Ce sera la loi De Gasperi, de 1952, qui planifie l’évacuation des Sassi et le relogement des familles dans des bourgs ruraux neufs. Matera devient un laboratoire des théories urbanistiques de l’époque. La réalité est pourtant moins rose : loin de retrouver l’esprit de communauté des Sassi, les populations déplacées sont logées dans des bâti-ments sans âme auxquels elles s’adaptent mal. Pour éviter leur retour dans leurs anciennes habitations on n’hésite pas à murer les portes et fenêtres des Sassi.Leur résurrection est due, en partie, au septième art. Pier Paolo Pasolini choisira la ville de Matera, pour y tourner en 1964, « L’Evangile selon Saint-Matthieu ». Quarante ans plus tard, Mel Gibson y réalisera son décrié « Passion du Christ. » L’idée qu’il faut sauver les Sassi fait son chemin. La gestation est lente, mais, bientôt, les premières décisions tombent, avec un objectif difficile mais ambitieux : réinsérer les Sassi dans la ville, sans perdre la culture particulière de leurs habitants. Le fonctionnement des Sassi, qui reposait sur la gestion intelligente des ressources naturelles, rencontre les idées sur le développe-ment durable qui deviennent à la mode en Europe. L’aboutissement de ce pro-cessus est heureux : en 1993, l’archi-tecte en chef Laureano a le bonheur de voir l’UNESCO classer les Sassi au patri-moine de l’humanité. Les gens se réins-tallent, et avec eux, la vie renaît : plus de 1 500 personnes y habitent aujourd’hui. Et comme, pour les touristes, il est du dernier chic d’y séjourner, se déve-loppent les locations Airbnb, mais aussi des hébergements de luxe, à l’image du Sextantio, un hôtel dont les chambres ont pris place dans des grottes.

Vendredi 19 mai

Sur la pente méridionale des Murges, où les collines descendent plus dou-

cement et se fondent dans la plaine du Salentino, le voyageur rencontre une forme de construction particulière aux Pouilles et non moins célèbre que ses châteaux et cathédrales. C’est ici la région des «trulli», ces extraordinaires huttes rondes aux toits pyramidaux, en dôme ou coniques en forme de quille, et dont l’origine est mal élucidée. Selon toutes les apparences, cette forme d’habitation est très ancienne. Leur nom viendrait du terme grec τροῡλλος « coupole », et désignerait une méthode de construction d’origine préhistorique qui se servait de pierres sèches, provenant des roches cal-

caires des Murges. On peut comparer ces habitations avec les capitelles, ces cabanes que l’on retrouve dans le Gard, l’Ardèche, l’Hérault et l’Aude en France.Les trulli plus anciens, ceux qu’on retrouve aujourd’hui à ALBEROBELLO, remontent à la fin du XVIe siècle. Ce petit fief alors sous le contrôle de la famille Acquaviva d’Aragon, comtes de Conversano, vit arriver des paysans. Selon la légende, les comtes permirent aux colons de construire des habita-tions en pierres sèches (sans mortier) afin de les démonter facilement en cas d’inspection royale. En effet, Ferdi-nand Ier d’Aragon, exigeait le paiement d’une taxe en cas d’édification d’habi-tations fixes. Dans les faits, les trulli ne sont absolument pas des structures précaires: ils se développent, à partir de la roche naturelle sous-jacente, sur une base circulaire par superposition d’assises de pierres et de lauses avec une lourde maçonnerie en chaux. Donc l’explication de « la démolition instan-tanée en cas d’inspection » ne tient pas.Alberobello est certainement la « Capi-tale dei Trulli ». Son centre historique, le Rione Monti compte 1030 trulli et le Rione Aia Piccola 590. La construc-tion de trulli dans la région a débuté

au milieu du XVIème siècle et a conti-nué jusqu’au début du XXème siècle. Les habitations encore sur pied datent du XVIIIème, XIXème et des premières décennies du XXème siècle. A cause du coût de la construction, plus aucun trullo n’est construit aujourd’hui. Ils sont maintenant utilisées comme magasins, restaurants et maisons d’hôtes ; beau-coup sont encore habités par la popu-lation locale.Ces nombreux trulli donnent à la ville un aspect de village de schtroumpfs que le touriste prend plaisir à parcourir. C’est ce que nous faisons en compagnie d’un guide pétulant.

Premier arrêt chez un par-ticulier qui, paraît-il, nous attendait avec des amandes récoltées le matin même. Délicate attention. Sa pro-priété comporte plusieurs trulli qui s’organisent autour d’un espace central, ici, le jardin.Ailleurs, nous pouvons regarder l’aménagement intérieur Les murs sont percés de petites fenêtres, tandis que les cheminées, les fours et les alcôves sont

encastrés dans l’épaisseur des murs. Il peut y avoir un deuxième étage consti-tué d’un plancher en bois que l’on atteint par un escalier. L’après-midi, nous nous arrêtons à MAR-TINA FRANCA : passage rapide devant le palais ducal attribué au Bernin. Les petites rues nous conduisent à une église avec une somptueuse façade baroque, prélude au déploiement baroque de Lecce.Puis route vers OSTUNI, « la ville blanche ». Toute blanche, avec ses ruelles qui serpentent, ses escaliers, ses passages sous voûtes, elle rappelle les villages grecs. Édifiée du 13è au 15e siècle, à la fois romane et gothique, la cathédrale possède une belle façade. Belle rosace au centre, illustrant le thème du passage du temps.

En fin d’après-midi nous nous arrêtons dans une masseria, vestige d’anciennes fermes fortifiées, caractéristiques du Sud de l’Italie et des Pouilles. Elles sont aujourd’hui restaurées et réuti-lisées comme exploitations agritou-ristiques. Celle qui nous accueille est entourée d’une immense oliveraie. Certains oliviers ont plus de 2500 ans. Nous y dégustons différents produits locaux, en particulier différentes huiles

Alberobello

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d’olive. C’est aussi l’occasion d’évoquer la culture de l’olivier. Les Pouilles four-nissent en effet plus du tiers de l’huile italienne. Mais cette production est aujourd’hui menacée par la bactérie xylella fastidiosa. Depuis plus de deux ans, cette bactérie tueuse fait dépérir les végétaux auxquels elle s’attaque. Aucun remède n’a encore été trouvé. Sur les 10 millions d’oliviers que compte le Salento, beaucoup sont désormais secs, leurs troncs rabougris et leurs branches sans feuille. De sombres rumeurs courent sur ce désastre écolo-gique : Mosanto y serait pour quelque chose ; on aurait introduit volontaire-ment cette bactérie afin de dégager le terrain pour faire passer un gazoduc… L’Union européenne a lancé un plan d’abattage, ciblant quelque 3.000 oli-viers dont le sacrifice devait servir de «cordon sanitaire» pour éviter l’exten-sion de la maladie. Mais, saisie par plu-sieurs oléiculteurs, la justice a suspendu les abattages. Pour l’anecdote, les oli-viers sains sont surveillés par satellite !

Samedi 20 mai

Les Pouilles devinrent province romaine dès le Illème siècle avant

notre ère. A cette époque, l’antique Lupiae — aujourd’hui LECCE — devint une ville si floris¬sante qu’elle était parfois surnommée l’ « Athènes des Pouilles »... De cette époque, sub-sistent l’amphithéâtre et la « cavea » bien conservée du théâtre romain, une colonne romaine au sommet de laquelle se dresse une statue de San Oronzo, le saint de la ville. Après la chute de l’Empire romain, après être passée aux mains des Byzantins et des Lombards, puis à nouveau des Byzantins, pillée à plusieurs reprises par les Sarrazins, Lecce fut enfin conquise, en 1069, par les Normands. A l’apogée du royaume normand d’Italie méri-dionale et de Sicile, le comté de Lecce dépendait directement du puissant Tancrède de Sicile. De nombreuses églises furent alors édifiées. Pour défendre la cité contre les incursions ottomanes, Charles Quint fit édifier, en 1540, une forteresse et des remparts dont subsiste aujourd’hui la belle « Porta Napoli ».De fait, le développement spectacu-laire de Lecce ne commença réellement que lorsque disparut la menace turque, quand l’armada de la Sainte Ligue détruisit, à la bataille de Lépante, l’es-sentiel de la flotte ottomane. Depuis le

concile de Trente, l’art baroque s’étendait en un flot irrépressible en Europe et, sous l’impulsion des autorités ecclésias-tiques prolongée par les initiatives privées de l’aris-tocratie et des riches marchands, Lecce connut à la fin du XVIème et au XVIlème siècle, une floraison baroque exceptionnelle. Après les églises, ce furent les palais, les édifices civils, les demeures parti-culières qui cédèrent à l’engouement pour cet art nouveau au point que l’ensemble de la ville offre aujourd’hui une unité de style remarquable, au point d’être appelé « La Florence du Baroque ». Dans une région où le catholicisme n’était guère menacé par la Réforme, le style baroque pouvait s’affranchir de son aspect militant pour laisser libre cours à l’imagination d’architectes ins-pirés. Bénéficiant de la présence locale de la pietra leccese, ce calcaire fin et facile à travailler qui prend une cou-leur beige rosé lorsqu’il est exposé à la lumière, ils multiplièrent les orne-mentations légères et gracieuses où rinceaux de fleurs et branchages s’en-tremêlent à des figures fantaisistes, des êtres fantastiques, donnant, malgré la profusion, une légèreté unique au baroque de Lecce. L’œuvre monumentale qui représente le mieux la grandeur du style de Lecce est la place du Duomo qui n’est pas sans évoquer un fastueux décor de théâtre : la Cathédrale, œuvre de Zimbalo, Cino et Penna, le haut clocher à cinq étages, le Palais Épiscopal et le Palazzo del Seminario s’inscrivent dans une scéno-graphie d’une remarquable unité.La fantaisie des maîtres « tailleurs de pierre » se remarque sur chaque petite partie de la magnifique façade de Santa Croce. Pas une parcelle de toute la façade avec ses balcons, ses corniches et ses pignons qui ne concoure à la somptuosité de l’ensemble.Après le déjeuner, le chauffeur nous conduit au bout du bout du talon de la botte, au point de rencontre entre l’Adriatique et la mer ionienne.OTRANTE est maintenant une petite ville à demi endormie, qui eut autrefois

un passé florissant, lorsqu’elle était tête de pont du commerce avec l’Orient et port d’embarquement pour les Croi-sades. En 1480 les Turcs l’assiégèrent pendant quinze jours. Les 800 survi-vants qui refusèrent de se convertir à l’Islam furent décapités. La chapelle des Martyrs dans la basilique abrite les reliques de ces martyrs dans des « sous-verre » étonnants. Ils furent canonisés en 2013 par le pape François. Il reste à Otrante une très belle cathé-drale, construite au Xlème siècle, modifiée au XVème et restaurée avec beaucoup d’intelligence : on a conservé le riche portail baroque, une belle rosace gothique. L’intérieur réserve une extraordinaire surprise : le pavement originel du Xème siècle est intact : il est I’œuvre d’un prêtre, Pantaléon. Des représentations d’animaux côtoient des personnages célèbres de la légende et de l’Histoire au milieu de feuillages. Les monstres se mêlent à des ânes et à des lièvres naïfs : à ce décor animal inspiré par l’Orient se juxtaposent des repré-sentations empruntées aux chansons de geste et à la Bible. Caïn, Abel et Noé voisinent avec l’empereur Alexandre et le roi Arthur au milieu d’une fantastique ménagerie. La crypte est une des plus belles parmi les cryptes apuliennes. On y trouve une extraordinaire variété de chapi-teaux grecs, romains, byzantins, arabes, romans, sur des fûts de colonnes de pierre ou de marbre précieux. Retour à Lecce. Le soir, dîner de pois-sons et visite nocturne : façades et monuments illuminés dans la douceur printanière. Un beau souvenir.

Dimanche 21 mai

GALATINA, à tout juste 20 km au sud de Lecce, a beaucoup de choses

en commun avec sa célèbre voisine, comme son centre-ville majoritaire-

Ostuni rosace

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ment baroque qui est resté intact au fil des siècles. Fondée au XIIe siècle, la ville s’appelait à l’origine « Sancti Petri in Galatina », évoquant l’escale que saint Pierre fit dans la région sur la route d’Antioche à Rome. La ville prit rapidement une certaine importance commerciale et fut transmise d’une famille noble à une autre. Au XIVème siècle, Galatina tomba aux mains de la famille Orsini, et c’est le comte Raimon-dello qui donna à la ville sa première grande église en 1390. Après son retour triomphant de Terre sainte, d’où il rap-porta une relique de sainte Catherine, Raimondello décida de construire une église en son honneur. Le résultat ? Un très bel exemple tardif d’architecture romane comportant un portail aux sculptures complexes et une rosace très détaillée. Sur les côtés se dressent deux autres portails de dimensions plus modestes. Ses trois nefs sont entièrement décorées de fresques de l’école de Sienne et Giotto et décrivent les événements de l’Eglise, de la vie du Christ et de la Vierge ainsi que les épi-sodes bibliques de l’ancien Testament de l’Apocalypse. Cette composition est comparable par son étendue et par sa beauté aux fresques du cycle de saint François à Assise, parmi les plus belles d’Italie. Galatina a connu son âge d’or aux XVIIème et XVIIIème siècle, époque à laquelle de nombreux palais aristocra-tiques et églises furent érigés. Certains éléments du style baroque de Lecce sont reconnaissables dans beaucoup de bâtiments, mais les nobles de Gala-tina semblent avoir eu une prédilection particulière pour les porches et balcons imposants et très ornés. Terminée en 1724, la Chiesa di San Paolo est renommée dans les Pouilles pour les vertus réparatrices de l’eau de son puits qui, selon la légende, avait le pouvoir de guérir ceux qui avaient été mordus par la redoutable tarentule ou lycosa tarantula, une araignée très répandue dans la région.En juin,arrivaient de tout le Salento les « tarantate » c’est-à dire des femmes mordues par les tarentules (en dia-lecte « tarante ») qui, en procession, en dansant au milieu des chants et de la musique, se rendaient à la Chapelle de saint Paul boire l’eau du puits dans le but d’obtenir la guérison. Ce rituel était censé guérir les per-sonnes, des femmes pour la plupart, qui avaient été piquées par la tarentule.

Les victimes – les tarantate – étaient alors frappées d’hystérie, secouées de convulsions ou, au contraire, plongées dans une profonde léthargie. Pour se libérer de l’emprise de l’araignée qui vivait en elle, la tarantata n’avait d’autre choix que de danser jusqu’à épuise-ment sur le rythme effréné de la piz-zica exécutée par des chanteurs à la voix nasillarde et haut perchée et des joueurs de tambourins, de violons et d’accordéons. Ensuite, saint Paul, pro-tecteur des pizzicati [“piqués” en ita-lien] finissait par exorciser le mal.GALLIPOLI (« belle ville » en grec) fut fondée, selon la légende, par Idome-née, prince de la Crète antique. La ville a rapidement fait partie de la Grande Grèce jusqu’à Pyrrhus, lorsqu’elle fut vaincue par les Romains. Après avoir été saccagée par des hordes de Van-dales et de Goths, les Byzantins arri-vèrent dans la ville et la reconstruisirent sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. La vieille ville, perchée sur un promontoire rocheux, presque entièrement entourée de remparts est une île accessible par un pont. Le côté est de la ville est dominé par une robuste forteresse. Le cœur de l’île de Gallipoli abrite de nombreuses et imposantes églises baroques et des palais aristocratiques, témoignant de la richesse passée de la ville comme port de commerce.

La cathédrale Sainte-Agathe est la plus grande et la plus décorée des églises de la ville. Sa façade en pierre de Lecce, achevée en 1696, est un chef-d’œuvre d’ornementation et ses niches renfer-ment de nombreuses statues de saints. Elle a été inspirée des réalisations de l’ar-chitecte de Lecce, Giuseppe Zimbalo.

L’intérieur est très richement décoré, notamment par des artistes napolitains des XVIIème et XVIIIème siècle. On peut y admirer des toiles monumentales. En tout, l’église ne compte pas moins de douze autels baroques dont le décor sculpté est particulièrement raffiné. Enfin, les voûtes de la cathédrale sont entièrement recouvertes d’un plafond à caissons en bois doré et orné de toiles.L’église de Santa Maria della Purità, donnant sur le quai, fut édifiée entre 1662 et 1665 pour la confraternité des dockers. Le plafond de cette petite église comme ses murs sont entière-ment tapissés de toiles. Le temps est aujourd’hui maussade ; la fatigue se fait sentir ; seuls quelques braves feront le tour de la ville par le front de mer, iront voir la citadelle, la fontaine grecque à l’entrée de la ville avec de beaux bas-reliefs, malheureu-sement très érodés. Avant de regagner Lecce, sur le port, nous procédons à la photo de groupe, sous un ciel couvert. Personne ne nous croira quand nous dirons que ce fut le seul jour de temps pluvieux.

Lundi 22 mai

Il nous faut maintenant revenir à Bari. Le vol est programmé en début

d’après-midi. Seulement 170 km à par-courir sur l’autoroute. Comme d’habi-tude, la « cérémonie des adieux » à notre accompagnatrice et notre chauffeur. Embarquement, passage par Munich pour rejoindre Lyon. Enfin Grenoble, en fin d’après-midi.Et celle-ci me brûlait la langue depuis le début ; je vous la livre en guise de conclusion : « Nous revenons, des Pouilles, plein la tête. » Lamentable !

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Mireille Vinot

SI ON CHANTAIT ! La La La La...

De la chansonnette à l’hymne, de la comptine à la ballade, de la ber-

ceuse au chant révolutionnaire, la chan-son véhicule nos sentiments et exprime nos pensées et fait appel à notre mémoire. Elle nous rassemble dans l’immense répertoire de la littérature orale et fait appel à notre mémoire. Elle nous rassemble, elle nous res-semble : « Si on chantait ! La, La, La… » et nous propose d’écouter la chanson populaire dans cet univers social..L’exposition s’ouvre sur un mur de sons où l’oreille attentive reconnaît des airs qui symbolisent chacun un genre ou une époque différente. Puis, d’accords en désaccords, des voix de chanteurs, d’écrivains ou d’universitaires s’entre-mêlent pour esquisser un portrait de la chanson dans ses dimensions artis-tiques, sociales, économiques, psy-chologiques : chansons pour la guerre, pour la femme, commerciale, pour l’enfant, d’amour, de travail, autobio-graphique, érotique, humoristique…. Pirouette, Cacahuète, ça s’en va et ça revient, la Madelon, la Marseillaise, le Monde et fou, les Filles de la Rochelle, je chante pour passer le temps, Un Km à pied, si j’avais un franc cinquante ! La chanson est omniprésente, on l’écoute, la ré-écoute nos airs préférés à la maison, elle accompagne nos tâches quotidiennes (l’exposition recrée pour le visiteur l’ambiance d’une maison :

hall où l’on parle du départ, du retour (être né quelque part), dans la cuisine (on n’a pas tous les jours vingt ans, on ne voit pas le temps passer), dans la chambre d’ado contestataire (fais pas ci, fais pas çà) chambre d’adulte où l’on parle d’amour(l’hymne à l’amour, les histoires d’amour finissent mal, en général) salle de bain réser-vée à l’intimité (l’aigle noir), l’atelier (le travail c’est la santé, merci patron), le garage (ça c’est de la bagnole, chansons des Alpins) autant d’espaces baignés par la chan-son populaire qui nous rappelle le quo-tidien, le souvenir, le travail, la révolte, l’exil, la vie et bien sûr avant tout l’amour !…. Une autre partie de l’expo-sition rappelle le lien fondamental par le chant entre l’enfant et ses parents (Fais dodo, l’enfant do). L’installation sonore Le temps des berceuses pro-pose de revivre l’expérience des toutes premières relations et offre un refuge intime et sensible.La chanson est-elle un art majeur ? mais bien sûr malgré la contradiction de Gainsbourg et Nougaro puisque la musique s’apparente à une compo-sition, les paroles à de la littérature, l’interprétation à différentes voix, des arrangements pour les contemporains. Certaines chansons même démodées sont toujours chantées et restent les mêmes comme chanson à boire, étoile des neiges, la complainte de Mandrin, l’hymne à l’amour, frou-frou, les feuilles mortes, l’aigle noir, leur diffusion par disque, CD, médias( pour le côté pécu-niaire) les laissent au goût du jour. La

chanson populaire est aimée et chan-tée par tout le monde et l’on chante de plus en plus grâce aux différents groupes, aux nombreuses chorales, par les troubadours, par des chanteurs locaux connus nationalement (un jour au mauvais endroit) elle raconte nos histoires, leurs histoires, elle peut être reprise par un autre interprète qui lui donne une autre orientation et parfois elle voyage dans le monde entier grâce aux divers médias (comme d’habi-tude). On chante aussi avec ses amis, sa famille (habitants chanteurs de la Villeneuve). Les auteurs- composi-teurs de Grenoble décrivent le plaisir qu’ils ont à entendre leurs chansons reprisent parle public : d’où la chan-son populaire (Calogéro, Sinsémilia, les Barbarins fourchus…). L’exposition propose l’écoute de soixantaine-dix-huit chansons, provenant de collectes anciennes et de répertoires les plus contemporains. Archives, disques, partitions complètent ce portrait de la chanson populaire et nous invitent à rencontrer des auteurs, des compo-siteurs et des interprètes de la scène locale ou nationale.

Audience de Madame l’Inspectrice d’Académie Directrice académique des Services départementaux de l ’Education nationale de l ’Isère

Jeudi 26 octobre, le Bureau restreint de notre section de l’Isère (président, secrétaire, trésorier) a eu l’honneur et le plaisir d’être reçu par Mme Viviane HENRY, nouvelle Inspectrice d’Académie-Directrice académique.

Nous avons pu lui présenter notre section, lui faire part de nos actions à finalité éducative, qu’elles soient nationales et soit déclinées à notre niveau départemental (le concours Défense et Illustration de la langue française avec ses trois options, le concours Imagin’Action pour l’Enseignement technique et professionnel, les bourses universitaires) soit simplement relayées par notre section (les concours de citoyenneté européenne, d’Histoire et de géographie), ou spécifiquement départementales, toujours dans le cadre des ARUP (notre concours d’éloquence, notre tout nouveau concours « Jeunes Talents de la Musique, notre espoir de faire renaître notre concours d’arts visuels en direction des écoles élémentaires, si nous pouvons obtenir du Département une aide financière à cette fin). Nous avons bien sûr évoqué beaucoup d’autres sujets qui nous tiennent à cœur et Mme l’Inspectrice d’Académie nous a assurés que le soutien et le concours de la DSDEN de l’Isère nous restent acquis, que ce soit pour nos activités ARUP ou pour la communication des listes des nommés et promus. Mme HENRY s’est montrée particulièrement désireuse de voir émerger dans la participation à nos concours celle des écoles et établissements situés dans des zones difficiles ; nous ne pouvons que souscrire à ce souhait ; c’est d’ailleurs dans ce but que nous avions décidé de proposer pour notre concours d’arts visuels le même sujet que celui du concours national d’expression écrite traditionnel (1). Nous avons le plaisir d’informer les membres de notre section que Mme l’Inspectrice d’Académie a accepté d’être notre présidente d’honneur. (1) Pour plus de précisions, voir dans ce même bulletin l’article présentant les concours 2017-2018 (II.§1)

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Il ne se passe presque pas de cérémonie de remise des Palmes académiques -au

moment du buffet- sans que l’on m’inter-roge à propos de la médaille1 : « Ce sont apparemment des branches de laurier, mais il me semble bien avoir vu quelque part qu’il y avait une branche d’olivier... ? me dit-on ». Ah la bonne question ! Et (accessoirement) : « Pourquoi la couleur violette ? » (question posée souvent éga-lement lors de nos cérémonies de remises des prix de nos concours). Ah oui, que de symboles possibles, que voilà matière à développements… mais contentons-nous de regarder l’histoire de l’insigne. Celui-ci a beaucoup évolué au fil des deux siècles qui ont suivi la création des Palmes.Rappelons qu’au moment de leur création par Napoléon (décret du 17 mars 1808), elles n’étaient pas une décoration, au sens où nous l’entendons aujourd’hui : elles étaient le signe distinctif des « membres éminents » de l’Université impériale (on les appelait d’ailleurs les « Palmes univer-sitaires »), à savoir les « Titulaires » -enten-dez par là le Grand Maître, le Chancelier, le Trésorier et les « Conseillers à vie »- cela jusqu’en 1850, les Officiers de l’Université et les Officiers des Académies (qui devien-dront respectivement Officiers de l’Ins-truction publique et Officiers d’Académie en 1850 lorsqu’il n’y aura plus que deux grades à la place des trois titres honori-fiques précédents).Elles étaient donc seulement brodées sur la partie gauche de la « toge universitaire », sous la forme d’une double palme (sur une

dizaine de centimètres quand même…) : deux branches de laurier croisées repo-sant sur deux petits rameaux d’olivier en soie bleue et blanche pour les Officiers des Académies, en argent pour les Officiers de l’Université et en or pour les « Titulaires ». Sous le Second Empire, les Palmes ne sont plus tissées directement sur l’habit, mais sur un ruban de moire noire fixé à la boutonnière. La taille diminue de moitié. Selon le « grade » (Officier de l’Instruction publique ou Officier d’Académie), elles sont tissées sur ce ruban en fil d’or (ou d’argent) ou polychrome (2). La couleur violette prendra ensuite le dessus (d’où l’appellation de l’Ordre « Légion violette » et la dénomination « Décoration violette »). Donc jusque-là on a effectivement le duo laurier – olivier, dont on connaît bien les valeurs symboliques depuis l’Antiquité ; quant à la couleur violette, devenue donc la couleur emblématique des Palmes, elle véhicule comme on le sait une symbo-lique très étendue, mais on pourra y trou-ver un écho de nos aspirations (restons modestes) au Savoir, à la Sagesse, à la Spi-ritualité... Le mois de décembre 1850 apporta un grand changement : la concession des Palmes fut élargie notamment aux insti-tuteurs, mais ceux-ci, les années suivantes, ne pouvaient en porter l’insigne, même si l’on était passé d’un titre à une décora-tion, puisqu’ils ne pouvaient pas revêtir la robe universitaire… Un décret de Napo-léon III, proposé par Victor Duruy, permit à partir de 1866 d’arborer la décoration

sous la forme d’une médaille suspendue à un ruban moiré violet, en argent pour les Officiers d’Académie, en or pour les Offi-ciers de l’Instruction publique : cet insigne, constitué d’une double palme, était dissy-métrique : d’un côté, une palme de laurier, de l’autre un rameau d’olivier compor-tant des olives émaillées (la plupart du temps en rouge, parfois en vert). Ainsi les représentations symboliques (la victoire, la gloire mais aussi le caractère pacifique de la décoration, souligné par le ministre de l’Instruction publique dans sa lettre à l’Empereur) étaient-elles, peut-on penser, très explicites. Quand l’Ordre fut créé, dans les conditions que l’on connaît, en 1955, le rameau d’oli-vier et ses olives disparurent du nouvel insigne : le ferronnier d’art Raymond Subes a préféré la symétrie et l’on ne voit donc plus aujourd’hui que deux branches de laurier identiques.Voilà donc la réponse que l’on peut donner. Il faut reconnaître qu’il y a un peu de quoi se perdre dans ces changements. Pour éclairer nos jeunes lauréats, nous leur remettons un livret très pédagogique, « Raconte-moi les Palmes académiques » (Editions NANE à Paris), publié sous la direc-tion de Mme Françoise SERODES, Amopa-lienne bien connue.

J.C. Meurant(1) La future médaille, car à ce moment l’on ne remet au récipiendaire (sauf quand il s’agit de cérémonies au sein des établissements univer-sitaires, où les effectifs le permettent) que son diplôme.

De Jean Passaro

In memoriamAline GAMÉ

Agrégée de l’UniversitéInspecteur d’académie - inspecteur pédagogique régional honoraire

Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiquesAline Gamé s’est éteinte le 13 juin 2017.

Angliciste émérite, Aline Gamé a transmis à ses élèves de Roanne du lycée Jean-Puy et de Bourgoin-Jallieu du lycée l’Oiselet sa fine connaissance de la langue anglaise et son goût pour les lettres anglo-saxonnes. Ses classes conser-veront le souvenir d’un professeur passionnant, charismatique et chaleureux.

Dans le domaine de la formation professionnelle initiale et continue, Aline Gamé a guidé ses collègues de l’académie de Grenoble sur la voie du succès professionnel et de la réussite aux concours de recrutement Capes et Agréga-tion de l’Éducation nationale. Les professeurs qui ont reçu son enseignement se rappelleront son dévouement et sa générosité, son extrême rigueur intel-lectuelle et la pertinence de ses avis professionnels. Elle assura également des formations continues dans plusieurs pays de l’Union Européenne.

Aux fonctions d’inspecteur d’académie - inspecteur pédagogique régional, chargée de l’évaluation et du conseil aux professeurs, Aline Gamé a fait montre d’un professionnalisme humain et bienveillant. En toutes et tous, elle a eu à cœur de rechercher le meilleur. Les enseignants qui l’ont accueillie dans leur classe n’oublieront pas sa chaleur humaine et sa grande compétence profes-sionnelle.

Les Palmes : mais les palmes de quoi, au juste ?

Association AlterÉgaux-Isère

Le Bureau de la section a décidé de répondre favorablement à l’appel de notre adhérent et ami Michel Baffert, président-fondateur de l’association AlterÉgaux-Isère et donc de faire partie du comité de pilotage de cette généreuse association de soutien à la jeunesse, aux côtés notamment des Autorités de l’État et des Autorités académiques. Le président de la section a déjà participé à sa mise en place et au lancement d’une opération de grande envergure, « Jeunes citoyens exprimez-vous », au cours de deux réunions à Seyssins et à Grenoble, où il a pu préciser quelle pourrait être la nature de notre intervention au-delà de la simple fonction de membre du comité de pilotage.

Directeur de publication : Michel BERTHET, Président national de l’AMOPA Rédacteur en chef : Jean-Cyr MEURANT, Président de la section Isère

Maquette et mise en page : Gilbert COTTINImpression : Rectorat de Grenoble

N° ISSN : 2272-0809

(Reconnue d’utilité publique par décret du 26 Septembre 1968)