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VILLEURBANNE 11 février 22 mai Institut d’art contemporain LA PHOTOGRAPHIE ÀL ÉPREUVE LA PHOTOGRAPHIE DU XIX E SIÈCLE À NOS JOURS guide villeurbanne 3/02/05 18:00 Page 1

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VILLEURBANNE

11 février22 maiInstitut d’artcontemporain

LA PHOTOGRAPHIEÀ L’É P R E U V ELA PHOTOGRAPHIE DU XIXE SIÈCLE À NOS JOURS

guide villeurbanne 3/02/05 18:00 Page 1

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Institutd’art contemporainde Villeurbanne

Cette exposition invite à une traversée de l’histoire de la photo-graphie et, s’écartant de toute lecture chronologique, elle s’appuiesur des confrontations et des parentés entre des pratiques histo-riques et des pratiques contemporaines. Reprenant les problé-matiques de l’exposition Une autre objectivité de Jean-FrançoisChevrier et James Lingwood, elle prend le parti de mettre enperspective la photographie en tant que médium autonome et demontrer que le clivage entre la photographie « des photographes »et la photographie « plasticienne » n’est pas pertinente du pointde vue de la nature même de l’image.

La représentation du corpstient dans la Collection IAC –Frac Rhône-Alpes une placedéterminante puisque c’est lethème choisi Jean-FrançoisChevrier pour le fonds dephotographies qu’il a ras-semblé de 1985 à 1988. Le nude Nadar s’apparente à cer-taines photographies de sculp-tures antiques d’E.-D. Balduset, du Gaulois mourant de R. MacPherson à l’ange duPuits de Moïse de la Char-treuse de Champmol d’A. Gi-raudon, la multiplicité desœuvres démontre que, au XIXe

siècle, on visait autant à laconstitution d’un musée ima-ginaire qu’à la préservationd’un patrimoine fragile àmieux étudier et diffuser.Blanc et Demilly, Croquenot, 1924-1935 © DR

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Les images de Pompéï sont emblématiques de la quête formi-dable d’un retour sur l’histoire qui a traversé tout ce XIXe siècle etque la photographie a accompagné. Le «monde», proche ou loin-tain, reste aussi à explorer : du Thèbes de F. Beato au Mont Blancdes frères Bisson. Réinterprétant les catégories académiques del’art, August Sander et Cas Oorthuys les transposent, dans lesannées 1940, en développant un regard photographique propre :le paysage de Sander ne repose plus sur le pictorialisme et leHongerwinter (L’Hiver de la faim) d’Oorthuys emprunte aux pié-tas l’expressivité et l’affect tout en ouvrant sur la perspectivecontemporaine du terrible dernier hiver de la Seconde Guerremondiale. Quant au Croquenot de Blanc et Demilly (1930), natu-re morte et allégorie, il témoigne d’une misère sociale et existen-tielle qui ne cesse jamais.

R. Graham avec Rome Ruins et B. Burkhard avec Der Fuss revisi-tent l’histoire de l’art : le premier avec le sténopé (héritier de lacamera obscura) pour interroger le procédé primitif de la photo-graphie en réinterprétant des lieux chargés d’histoire romainedésormais dédiés au tourisme ; le second, en réévaluant les po-tentialités de la représentation du corps avec la reconfigurationd’un croquis de Michel-Ange.

L’attitude post-moderne a renoué avec la tradition académiqueentre autres en questionnant ses genres. Les portraits des des-cendants des grandes familles florentines et romaines de P. Fai-genbaum s’inscrivent dans unefiliation avec le portrait antique etle portrait généalogique. A l’oppo-sé, ceux de G. Cuallado et de M. Luskacova sont marqués par ledrame quotidien et sa stylisation, etsont à rapprocher de la peinturedite « de genre ». Le concours debeauté, plus léger, de F. Patellanifait le saut dans la forme populaireet médiatique du portrait.

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Gabriel Cuallado, Anton y Esperanza, 1958 © DR

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J. Saudek (Premiers pas) etJan Groover s’intéressent àl’imbrication du temps et del’espace dans des gros planssur des parties du corps enaction dont les mouvementssont quasiment chorégra-phiés et sculptés. Ce sontaussi les qualités sculptu-rales de son corps que J. Coplans magnifie et met enscène jusqu’à la totémisa-tion, réinvestissant un champformellement plus proche dela sculpture que de la repré-sentation en deux dimensions. C. Milovanoff utilise quant à lui lesvaleurs du « spectacle » de la peinture pour disséquer les corpsde tableaux de Delacroix ou de Philippe de Champaigne.

Les scènes de rue du Londres du XIXe siècle de J. Thomson dres-sent le portrait du peuple commerçant et ouvrent la voie à unedes spécificités de la photographie contemporaine, la villemoderne. Dans les années 1960, le regard de T. Ray-Jones sur lasociété anglaise n’est pas sans ironie. Plus tard, alors que S. Brisley photographie les désordres d’objets abandonnés surdes trottoirs dans de fausses mises en scène, C. Killip et Y. Bresson font un autre portrait de la société anglaise desannées 1980, le premier centré sur la marginalité et la banlieue,le second sur les mutations de la sociabilité dans les boîtes denuit. Dans une enquête « anthropologique » menée en 1986-87,Schoellkopf traite le portrait de groupe sous la forme de sériestelles que Saint-Etienne, les salons, un panorama de stylesd’aménagements intérieurs soignés, ou Les Jardins ouvriers, desespaces socialement modestes qui redonnent à l’ouvrier la digni-té d’une part d’autonomie. L’œuvre de N. Muller permet de suivreà travers un vaste territoire géographique, de la Hongrie auMaroc et à l’Espagne, les parentés des « gens de peu » dans plu-sieurs cultures, des années 1930 aux années 1970.

John Coplans, Knees With Fist,(genoux avec poing), 1984© Estate of John Coplans

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Photographier la nature rappellela place de l’homme et sonempreinte au cœur même dumonde. La description d’un lieuet le relevé topographique ontnaturellement intéressé lesphotographes, et du pittoresqueromantique au pictorialismechez Margain, Joguet et Muzetdans le Dauphiné, F. Thiollierdans la Loire, jusqu’aux enre-gistrements distants chez J.-M.Bustamante au XXe, le paysage aété un objet privilégié. La figurehumaine dans ses limites cor-porelles et sa psychologie estpar ailleurs le terrain d’expérimentation par excellence de l’ob-jectif : les introspections de J. Damez ou les étirements et frag-mentations de corps déviants de M. Faust, E. Sunday, J.-C.Guillaumon, B. Hansen ou L. Van Dinther sont autant d’utilisa-tions la photographie pour explorer l’imaginaire.

Chez René-Jacques,on est interpellé parla tradition françaised’une poétisation dela ville – mais aussicelle du paysage – etdes installations desa « modernité ». Lesfoules attentives d’I.Josué immortalisentun « peuple » trèsdivers captivé par la

grande aventure théâtrale de Jean Dasté à la Comédie de Saint-Etienne dans les années 1950-1960. La nouvelle objectivité enre-gistre le réel de façon neutre et sèche : les études formelles de P. Zwart et de P. Keetman développent une fascination pour le « graphisme » de l’industrie. T. Struth transforme en composi-tions artistiques un urbanisme ordinaire de grandes villes –

Ito Josué, Jean Dasté « Public », vers 1948-1963 © DR

Gustave P. L. Margain et Victor Muzet, © DRCascade de Sarennes (Oisans), 1870-1880 C

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Rome, Duisburg, Naples ou Tokyo. Chez S. Lafont, au contraire,dramatisation et psychologie animent ses portraits empreintsd’une simplicité forgée par la dignité.

Face à ces réalités désincarnées,l’avant-garde a découvert les capaci-tés de la photographie à dynamiserle regard et à transformer lesmodèles académiques. R. Haus-mann procède par détails macrosco-piques, dans des cadrages inhabi-tuels, valorisant des surfaces parcontraste dans une véritable réin-vention des façons de représenter,une attitude que C. Horsfield réin-vestira des décennies plus tard. Leurscience de l’attention à l’autre per-met de rendre compte de réalitésordinaires ou à la marge dans touteleur épaisseur visuelle et humaine.

Le photographe peut rendre palpable lerapport de l’homme avec la ville –espaces architectoniques de banlieue deD. Auerbacher et de V. Jouve, jardins dudimanche où la bonne société se met auvert avec T. Ray-Jones. Il peut aussi tra-vailler à partir des « insignifiances » duquotidien comme H. Levitt et C. Bathoqui se réapproprient avec subtilité lapoésie dans les signes quotidiens chèreau surréalisme. Mais les menaces de lahaute technologie pèsent aussi sur lemonde, et R. Adams produit par anticipa-tion l’archive imaginaire d’une populationvivant dans l’ombre d’une base militairenucléaire aux États-Unis.

Raoul Hausmann, Portrait de Vera Broïdo, 1935

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Dès son invention, la photographie a su répondre aux attentes dela pratique du peintre ou aux fantasmes des amateurs d’érotis-me. Des mises en scènes plus ou moins académiques aux posesplus suggestives, le but est toujours d’érotiser le regard surl’autre. Les femmes dénudées de dos de J. Saudek sont-ellesune lointaine réminiscence de la thématique de la Vénus ? Lecorps peut s’imposer dans sa décrépitude ou sa différence maisil peut aussi être célébré dans la nature comme chez I. Josué.

L’époque moderne, inondée de milliers d’objets manufacturés, acultivé une autre façon de produire, sans préméditation, unemémoire d’un monde. Pour figurer les mystères du monde inani-mé, R. Hausmann, Blanc et Demilly, Wols, René-Jacques aussibien que N. Henderson, M. Laguillo, W. Eggleston, J.-L. Moulèneou P. Tosani, effectuent des arrêts sur image sur des objets oudes végétaux qui, agrandis et isolés, paraissent provenir d’uneautre réalité. Ils extraient de leur contexte banal des choses aux-quelles on ne prêterait pas attention et ils leur confèrent ainsiune dimension iconique.

Winding Towers nr. 4 de B. et H. Becher et L’Album de la familleD de C. Boltanski produisent des livres de mémoire collectivevernaculaire, avec le répertoire typologique d’une industrie quiaura bientôt totalement disparu pour les premiers, et l’histoired‘une famille semblable à des millions d’autres pour le second.Ces deux « classiques » duregard analytique rencontrentla poétique des instantanés derue dans le quartier populairede Harlem à New York d’H.Levitt. J. Lukas, influencé parla subjectivité surréaliste,s’intéresse à la beauté et à lamise en scène du corps jouis-sant.

Dominique Auerbacher,Instantané sur Lyon, 1986 © DR

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Nigel Henderson, Door, 1949 © DR

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Informations pratiquesInstitut d’art contemporain

de Villeurbanne

du 11 février au 22 mai 200511 rue Docteur Dolard - 69100 Villeurbanne

accèsbus n°1 (arrêt Cité-Nouveau Musée)

métro ligne A (arrêt République).à proximité de la gare TGV de Lyon Part-Dieu

ouverturedu mercredi au dimanche de 13h à 18h,

nocturne le jeudi jusqu’à 20h

visites guidéesle samedi et dimanche

à 15h et sur rendez-vous

tarifsentrée : 4 e, tarif réduit : 2,50 e

renseignements04 78 03 47 00

1 billet acheté sur un site = 1 réduction dans l’autre

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