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Le XVIII e siècle : Lumières et Révolution Dossier pédagogique réalisé par le Service éducatif des Archives de la Marne, 2017 archives.marne.fr La Marseillaise : nouvelles paroles d’un auteur marnais

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Le XVIIIe siècle : Lumières et Révolution

Dossier pédagogique réalisé par le Service éducatif des Archives de la Marne, 2017

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La Marseillaise :

nouvelles paroles d’un auteur marnais

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Le XVIIIe siècle : Lumières et Révolution 2

Dossier pédagogique réalisé par le Service éducatif des Archives de la Marne, 2017

archives.marne.fr

Ce titre peut surprendre et pourtant, les

recherches effectuées au sein des fonds conservés

aux Archives départementales de la Marne ont

permis d’exhumer deux fascicules édités locale-

ment sur la question de La Marseillaise.

Le premier livret est un recueil de poésies intitulé

Guerre à la Prusse. Écrit par J-L Gonzalle1 et impri-

mé chez le libraire Matot-Braine de Reims, il com-

prend deux chants, dont l’un est intitulé Le chant

du peuple ou la Marseillaise de 1870 2. Nous dis-

posons d’une « nouvelle édition » sans pouvoir

déterminer s’il s’agit d’une première ou d’une

seconde réédition. Le fascicule est non daté mais

son contenu semble indiquer que la première édi-

tion était contemporaine des événements relatés,

soit la guerre franco-prussienne de 1870. J-L Gon-

zalle semble avoir été un auteur prolifique entre

1844 et 18723. La bibliothèque des Archives dé-

partementales de la Marne compte 18 ouvrages

écrits par cet auteur. Les thèmes sont assez éclec-

tiques4. Il en ressort néanmoins que ce dernier

devait être un partisan de Napoléon III, à qui il

consacre quelques écrits dont l’un est intitulé

« ASM Napoléon III. La polonaise ».

Le texte de J-L Gonzalle est intéressant

non par la qualité de sa prose mais parce qu’il

réalise une sorte de syncrétisme en associant des

références pouvant sembler incompatibles. Cette

Marseillaise de 1870 est incontestablement une

ode à l’Empire, voire même au bonapartisme,

mais en même temps, elle intègre des notions

républicaines. L’auteur évoque ainsi dans le qua-

trième couplet « l’Aigle de Napoléon qui va

nous conduire à la victoire » ; aigle de Napoléon

qu’il associe dans le même chant aux « soldats et

citoyens », qui, eux, sont une référence républi-

caine5. Cette « alliance » de Napoléon et de la

République n’est pas une première. Depuis la

Monarchie de juillet, les images d’Épinal asso-

cient elles aussi ces deux éléments6, contribuant

ainsi à la mise en place d’un mythe national que

reprendront à leur compte les gouvernements de

la Troisième République7.

1 D’après l’introduction du recueil de poésies intitulé Les coups de fouet et à bas les masques publié par J-L Gonzalle sous le

Second Empire, ce dernier serait un cordonnier et poète rémois primé par deux fois par l’Académie Impériale de Reims.

2 Archives de la Marne, Hp 6381.

3 Ces deux dates correspondent aux publications (datées) la plus ancienne et la plus récente de J-L Gonzalle conservées aux

Archives de la Marne.

4 L’auteur écrit des poèmes et des satires. Il publie également sur l’histoire de Reims, sur le vin de Champagne, sur l’état sani-

taire des armées ou encore sur « le nombre trois ».

5 La notion de citoyen-soldat puise son origine dans la levée en masse proclamée par la Convention en février 1793. Il s’agis-

sait de tirer au sort dans les départements français 300 000 hommes afin qu’ils intègrent les armées de la République et rem-

placent les morts des campagnes précédentes. Cette mesure exceptionnelle prend un cadre légal définitif avec la loi Jourdan-

Delbrel de 1798 qui fixe le principe de la conscription. Sur cette base, la notion de citoyen devient donc indissociable de la

notion de défenseur de la patrie, c’est-à-dire de soldat.

6 L’imagerie Pellerin nous offre ainsi une splendide gravure évoquant le passage du pont de Lodi, gravure dans laquelle ce

n’est pas le général Bonaparte mais bien l’Empereur Napoléon Ier qui mène les troupes (posture équestre traditionnelle avec

redingote et bicorne).

7 Sur ce point se référer à Suzanne Citron, Le mythe national, l’histoire de France revisitée, Ed. de l’atelier, Ed. Ouvrière, 2008

(réédition de l’ouvrage de 1987).

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AIR DE la Marseillaise

Du plomb, de la poudre, des

armes,

Et sonnons l’heure des combats.

Debout Français… aux jours

d’alarmes

Soyons un peuple de soldats ! (bis)

Vive ce jour des représailles,

Jour de vengeance tant promis,

Et qu’il soit pour nos ennemis

Jour de sanglantes funérailles !

Soldats et citoyens, armons nos

bras vengeurs,

Français,

Français,

Vaincre ou mourir, c’est le cri de

nos cœurs.

En plats valets, en vils esclaves,

On voudrait nous voir à genoux…

Aux armes ! et peuple de braves

Comme nos pères levons-nous.

(bis)

Nos vaillants cœurs sont pleins

d’audace,

Ennemi… quel que soit ton nom,

Par la grande voix du canon

On sait répondre à ta menace.

Soldats et citoyens, etc.

Sonnez, clairons, et vous trom-

pettes,

Tambours… la charge, battez

fort,

Et que nos sabres baïonnettes

Sèment l’épouvante et la mort.

(bis)

Dans un cœur sensible à l’ou-

trage

Que la pitié n’ait point d’écho :

Rappelons-nous de Waterloo…

Jour de vengeance et de carnage.

Soldats et citoyens, etc.

La guerre est un horrible crime

Quand elle est faite pour des

rois,

Mais elle est sainte et légitime

Quand un peuple défend ses

droits. (bis)

Avec la honte et l’infamie

L’honneur ne peut point transi-

ger.

Aux armes ! car il faut venger

Le vieil honneur de la patrie.

Soldats et citoyens, etc.

Entendez-vous ? le canon gronde,

Et notre France, avec fierté,

Va rajeunir notre vieux monde

Au cri sacré de Liberté. (bis)

O Liberté… dieu de nos pères,

Viens combattre avec tes enfants,

Et sous nos drapeaux triomphants

Fais éclore des jours prospères !

Soldats et citoyens, etc.

Aux armes… et sous la mitraille

Bravons sans crainte le danger ;

Courons à ce champ de bataille

Où nous appelle l’étranger. (bis)

Comme aux grands jours de notre

histoire

Sourions au bruit du canon,

Car l’Aigle de Napoléon

Va nous conduire à la victoire !

Soldats et citoyens, armons nos

bras vengeurs,

Français,

Français,

Vaincre ou mourir, c’est le cri de

nos cœurs.

Le chant du peuple ou Marseillaise de 1870

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Questionnaire

La Marseillaise de 1870

Fiche de travail élève

I ) Relevez les mots et les expressions qui relèvent du

champ lexical de la guerre dans cette version de La Mar-

seillaise.

(Compétence « lire un document »)

IV) Quel régime politique est défendu par La Marseil-

laise créée par Rouget de Lisle en 1792 ? Est-ce le

même régime politique qui est défendu dans La Mar-

seillaise créée par J-L Gonzalle en 1870 ? Si non, quel

est le régime politique défendu par J-L Gonzalle

(vous justifierez votre réponse à partir d’éléments

tirés du texte de La Marseillaise de 1870)?

(Compétence « analyser un document » c’est-à-dire s’appuyer sur des connaissances précises pour expli-quer le texte)

II ) D’après le vocabulaire relevé pensez-vous que La

Marseillaise de 1870 est moins belliqueuse que celle

créée par Rouget de Lisle en 1792 ?

(Compétence « lire un document » au sens de confron-ter deux documents)

V ) Quelle défaite française antérieure à 1870 est évoquée dans le texte ? Qui a subi cette défaite et à quelle date ? Quel lien pouvez-vous faire entre cette défaite et le gouvernement de la France en 1870 ? (Compétence « analyser un document » c’est-à-dire s’appuyer sur des connaissances précises pour expli-quer le texte).

III ) En vous appuyant sur les contextes historiques de 1792 et 1870, vous expliquerez pourquoi les deux Mar-seillaises sont tout aussi « agressive et violente verbale-ment » l’une que l’autre.

(Compétence « analyser un document » c’est-à-dire s’appuyer sur des connaissances précises pour expliquer le texte).

VI ) Rédiger la première strophe et le refrain de votre Marseillaise en y intégrant les éléments qui caractéri-sent la France dans laquelle vous vivez.

Primaire

Collège

Lycée