façades marseillaise - lexique par image

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Lexique par l'image Façades marseillaises Cette plaquette a été réalisée à partir d'une sélection d'édifices protégés au titre des Monuments historiques ou du PLU de Marseille, intégrés dans le périmètre d'une ZPPAUP, labellisés ou distingués dans des ouvrages d'architecture. Ces exemples montrent des spécificités locales et privilégient le caractère méditerranéen de l'architecture marseillaise ("architecture solaire", "moderne-balnéaire"...). ZPPAUP PLU Statut juridique destiné à protéger un édifice de grande valeur historique, artistique ou architecturale Plan de gestion géré par les collectivités conjointement avec l'État Principal document de planification de l'urbanisme qui peut protéger des éléments bâtis et des formes urbaines Label de sensibilisation du public décerné par le Ministère de la culture et de la communication.

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A l'occasion des journées européennes du patrimoine 2015, l'Agam sort une plaquette sur les façades marseillaises. Réalisée à partir d'une sélection d'édifices protégés au titre des Monuments historiques ou du PLU de Marseille, intégrés dans le périmètre d'une ZPPAUP, labellisés ou distingués dans des ouvrages d'architecture. Les exemples montrent des spécificités locales et privilégient, notamment, le caractère méditerranéen de l'architecture marseillaise ("architecture solaire", "modernebalnéaire"...).

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Page 1: Façades marseillaise - Lexique par image

Lexique par l'image

Façades marseillaises

Cette plaquette a été réalisée à partir d'une sélection d'édifices protégés au titre des Monuments

historiques ou du PLU de Marseille, intégrés dans le périmètre d'une ZPPAUP, labellisés ou distingués

dans des ouvrages d'architecture. Ces exemples montrent des spécificités locales et privilégient

le caractère méditerranéen de l'architecture marseillaise ("architecture solaire", "moderne-balnéaire"...).

ZPPAUP PLUStatut juridique destiné à protéger un édifice de grande valeur historique, artistique ou architecturale

Plan de gestion géré par les collectivités conjointement avec l'État

Principal document de planification de l'urbanisme qui peut protéger des éléments bâtis et des formes urbaines

Label de sensibilisation du public décerné par le Ministère de la culture et de la communication.

Page 2: Façades marseillaise - Lexique par image

CHAÎNE D'ANGLE MASCARON PILASTRE CORNIER

L’architecture classique française est issue de l’admiration et de l’inspiration de l’Antiquité : les canons grecs et romains sont reconnus comme des références idéales. Elle emprunte aussi des éléments à la Renais-sance. Elle représente un idéal d’ordre et de raison et se caractérise par une étude rationnelle des proportions et la recherche de compositions symétriques. Les lignes nobles et simples sont recherchées ainsi que l’équilibre et la sobriété du décor, le but étant que les détails répondent à l’ensemble. La façade respecte une ordon-nance harmonieuse : un soubassement, deux niveaux dont un étage noble au premier, un couronnement, une façade centrée sur une entrée. Elle est divisée par des pilastres à chapiteaux ioniques ou corinthiens. L’avant-corps en faible saillie est couronné d'un fronton triangu-laire. L'étage noble est orné d'un balcon en ferronnerie.

Hôtel Daviel dit "Pavillon Daviel" (Frères Gérard, 1747)

XVIIe et XVIIIe siècles Style classique

Panneau en fer forgé dit "à la marguerite"

Cours Belsunce (1er) Rue Pavillon (1er) Rue Saint-Ferréol (1er)

Travées marquées par des pilastres à refends

Éléments de la façade rampant de fronton orné de denticules entablement segmentaire tableau sculpté pilastre balcon en encorbelle-ment encadrement de porte à crossettes

Page 3: Façades marseillaise - Lexique par image

CARTOUCHE ATLANTE ENGAINÉ FRONTON PAR ENROULEMENT INTERROMPU

Le style du Second Empire s'inspire de nombreux styles mais son éclectisme s’inspire seulement des diffé-rentes phases du classicisme, de la Renaissance au néo-classicisme. La façade de l’immeuble de rapport reprend la régularité, l'équilibre et la symétrie de celle de l’hôtel particulier des XVIIe et XVIIIe siècle. La hiérarchisation des étages est manifestée par le décor. Les ornementations sont souvent en relief, très éla-borées et abondantes. Les plus fréquentes sont les bossages, les rinceaux, la frise denticulée, les pilastres plats ou cannelés, parfois festonnés, le cadre de baie mouluré "vitruvien" (à quatre crossettes) et les consoles à volutes rentrantes.

Seconde moitié du XIXe siècle (1850-1895) Néo-classicisme ou "haussmannisme marseillais"

Pan coupé d'un immeuble de rapport, place de La Joliette (1866)

Rue Edmond Rostand (6e) La Canebière (1er) Rue Paradis (8e)

Bossages à angletset cadre de baie

à crossettes

Fronton curviligne à volutes rentrantes

Terme ou console figurée (présentant une tête)

Éléments de la façade fronton-pignon segmentaire pilastre cannelé agrafe

ZPPAUP

Page 4: Façades marseillaise - Lexique par image

BOSSAGE VERMICULÉ FRONTON DENTICULÉ EXAGÉRÉ CORBEILLE / BALCON EN CORBEILLE

Charnière des XIXe et XXe siècles (1895-1914) Style "Belle Époque"

Ancien hôtel Régina, place Sadi Carnot (arch. J. Séguéla, 1907)

Console à volute rentrante

Console à enveloppe continue ou en baignoire

Rue Paradis (8e) La Canebière (1er) Rue Paradis (8e)

L'architecture éclectique Belle Époque s'épanouit de 1850 à 1925. Les architectes fabriquent un décor qui fait appel à des placages de reliefs en stuc, des colonnades et de grandes consoles démonstratives. Les commanditaires veulent s'affranchir du modèle haussmannien devenu trop pesant (architecture qui se répète à l’infini) et se singulariser. L’originalité revient à l’honneur et les façades mêlent les références, les styles ou les époques. Les architectes visent la monumentalité (grand développé de façade, éléments de décor néo-classiques) mais aussi l'exubérance. L'exagération et la surcharge sont assumées. Les courbes deviennent plus nombreuses : angles en rotonde, façades ondulantes, rambardes en fer forgé galbées.

Éléments de la façade toit en brisis recouvert d'ardoise toit à l'impériale lucarne cintrée ouvragée accostée d'ailerons oriel

ZPPAUP

Page 5: Façades marseillaise - Lexique par image

L'Art Nouveau "marseillais" accentue les principes du style Belle Époque mais il reste néanmoins très mesuré à Marseille. La façade de l’habitation est conçue dans sa globalité mais l’accent est moins mis sur la libération des plans, l’articulation des travées, l'asymétrie des ouver-tures et le jeu dynamique des baies que sur la fluidité de la ligne souple, notamment en ''coup de fouet'', de la courbe, de l’ondulation et de l’arabesque (il n’y a pas d’angles vifs). La façade s’assouplit (arrondis, loggias, bow-windows, corniches en mouvement, balcons plus larges et arrondis) et les motifs ornementaux ondoyants sont inspirés de la nature (feuillages, fleurs). Plusieurs matériaux peuvent être employés sur une même façade (pierre, bois, fer, céramique, brique, stuc).

GARDE-CORPS EN PIERRE AJOURÉ BAIES LATÉRALES EN DEMI-LUNE CORNE D'ABONDANCE

Ancienne banque des Comores et de Madagascar, Le Prado (1905)

Cours Lieutaud (6e) Boulevard Chave (5e) Boulevard Périer (8e)

Éléments de la façade amortissement angle en rotonde

Charnière des XIXe et XXe siècles (1895-1914) Influences Art Nouveau

Lignes et ressauts "en coup de fouet"

Dais surmonté d'une urne festonnée

Lucarnes ondoyantes

PLU

Page 6: Façades marseillaise - Lexique par image

BALCON À PANS COUPÉS CANNELURE ET RAINURE ORIEL À TROIS FACES

Immeuble "cubiste" - 432, rue Paradis (vers 1935)

La démarche du Mouvement moderne repose sur trois notions principales : le fonctionnalisme, le ratio-nalisme et la puissance d’une forme nouvelle qui se dégage du passé. L’ornementation est proscrite car elle est considérée comme une scorie du passé, donc inutile. Le Mouvement aboutit à un style minimaliste considéré par ses théoriciens comme plus authentique, plus libre, plus jeune.

La façade épurée et géométrisée La façade est caractérisée par un dépouillement géo-métrique, une composition symétrique, une beauté structurelle et un élargissement des baies, mais aussi par les ressauts (saillies, avancées, redents) et des ruptures qui créent un rythme, des jeux d’ombre et de lumière. Un élément est prépondérant : l'oriel à pans coupés. Les grandes fenêtres sont souvent carrées et à guillotine. L’ossature de béton se développe. Les décors sont styli-sés, géométriques (cannelures, plaquages, garde-corps à créneaux doublés) et cantonnés à un endroit précis de la façade (colonnes, panneaux de grosses cannelures arrondies, vasques de fleurs en soutien de balcons ou au fronton des fenêtres). La ferronnerie de la porte, des soupiraux et des garde-corps est très élaborée (cor-beilles, fleurs et fruits géométrisés, volutes, ondes…).

Baie à arcs angulaires tronqués

Avenue du Prado (8e) Rue Père Vallence-Ruby (8e) Rue Rodocanachi (8e)

Première moitié du XXe siècle (1910-1939) Mouvement moderne : Art Déco et architecture cubiste

Éléments de la façade triplet de baies encorbellement arqué (oriel) saillie triangulaire : balcon en éperon bandeau

PLU

Page 7: Façades marseillaise - Lexique par image

Le fonctionnalisme adouci À Marseille, l’architecture de l’après-guerre (Reconstruc-tion, logements sociaux) s’inscrit d'abord dans la lignée de la monumentalité froide des années 1930. Elle per-pétue la recherche du fonctionnalisme : la forme suit la fonction et la taille du bâtiment, sa masse, sa grammaire spatiale doivent dériver uniquement de sa fonction. La paroi est lisse et nue, la symétrie est respectée. La modénature de la façade se limite souvent à de simples moulures carrées qui encadrent les fenêtres et soulignent les principales lignes horizontales de l’éléva-tion (soubassement, garde-corps du balcon, sommet de la façade). Les architectes apportent toutefois des élé-ments nouveaux : la loggia profonde qui remplace l’oriel, ouverte en arcade ou protégée par une claustra en terre cuite ou une grille de bois ; le balcon arrondi ; la baie horizontale ou ''baie bandeau'' ; l’auvent ; le portique de pierre ; le parement de béton lavé. Le décor (bas-relief, terre cuite vernissée) est toujours utilisé - c'est une spé-cificité marseillaise car normalement il est banni par le Mouvement moderne - mais il est bien circonscrit.

BALCON ARRONDI FENÊTRE BANDEAU CLAUSTRA

Après-guerre (1946-1960) Entre Art Déco et Mouvement moderne

"Tour du Vieux-Port", rue Caisserie (R.-H. Expert et G. Castel, 1952)

Rue Rodocanachi (8e) Place Victor Gélu (2e) Rue Jean Mermoz (8e)

Loggia à claire-voie

Clef décorative

Éléments de la façade opanneau sculpté ornant l'attique baie horizontale subdivisée par un trumeau en brique balcons centrés composés en peigne cadre de baie saillant en pierre Balcon arrondi

PLU

Page 8: Façades marseillaise - Lexique par image

SOFFITE (DESSOUS DE DALLE) ALVÉOLÉ STRUCTURE RÉTICULÉE

La caractéristique principale du Mouvement moderne est de construire des bâtiments en rupture totale avec les traditions du passé. Il prône le plan libre le découpage de l'espace est indépendant de la structure et la façade libre les poteaux sont en retrait et les planchers en porte-à-faux, la corniche est supprimée, les baies sont placées indépendamment de la structure, il n'y a plus la contrainte des linteaux. La façade montre un dénudement formel standardisé et des lignes horizontales induites par le plan libre. C'est la forme des fenêtres et la façon dont celles-ci sont dispo-sées qui constituent l'ornementation. La façade réticulée La façade montre un jeu de grilles orthogonales. Les appuis, les allèges et les retombées sont traités par une suite de lames horizontales comme des rayures qui forment une résille. Chaque appartement possède son balcon. L’ossature est en béton armé et le remplissage réalisé en parpaings isothermes et en contre-cloisons. Dans certains cas, la façade lisse et nue forme un volume

Le Vélasquez, 1, rue Daumier (A. Laville et Mario Fabre, 1967)

Avenue Île de France (8e) Boulevard Michelet (8e) Avenue Jules Cantini (6e)

Seconde moitié du XXe siècle (années 1950-1980) Mouvement moderne : plan libre et brutalisme

Éléments de la façade toit-terrasse lignes horizon-tales traitées par de larges bandeaux de béton de ciment blanc

MASSIF PERCÉ DE FENÊTRES IDENTIQUES

Coursive vitrée ("Trieste et Venise", C. Gros, 1960)

Pierre blanche agrafée

Page 9: Façades marseillaise - Lexique par image

PANNEAU PRÉFABRIQUÉ ET PILOTIS BISEAUTÉBÉTON BRUT DE DÉCOFFRAGE VOILE EN SAILLIE SURDIMENSIONNÉE

Escalier de secours qui se développe sur deux noyaux parallèles

Boulevard Michelet (8e) Boulevard Charles Livon (7e) Boulevard de Lattre de Tassigny (9e)

MASSIF PERCÉ DE FENÊTRES IDENTIQUES

massif seulement scandé par des rangées de fenêtres identiques sans modénature. Le cadre des baies est préfabriqué et les menuiseries sont inscrites dans les maçonneries.

La façade "brutaliste" Le brutalisme désigne un style d'origine anglo-saxonne issu du modernisme qui connut une grande considéra-tion entre les années 1950 et 1970 avant de condenser sur lui une grande impopularité en devenant synonyme de construction dure et "laide". Les premiers exemples de cette architecture sont inspirés des travaux de Le Corbusier qui prône les vertus du béton naturel, primitif, sans transformation. L’architecture exploite les audaces techniques, volumé-triques et plastiques qu'autorise le béton (voiles, escalier de secours sculptural...). Le béton est dit ''brut de décof-frage'' car il est coulé et moulé sur place, contrairement à la pratique déjà courante de préfabrication. La forme du béton est marquée par les planches de bois qui ont servi au moulage. La façade rigoureusement dessinée montre une suc-cession de vides et de pleins, dans la tradition méditer-ranéenne (alvéole, loggia, brise-soleil, façade plissée, bétons texturés ou perforés) ou tropicale (influence de l'architecture brésilienne).

Le Brasilia (F. Boukobza, 1967)

Éléments de la façade pan de béton : ossature apparente de béton en poteaux et dalles avec remplissage de matériaux légers escalier hélicoïdal en double révolution

PLU

Page 10: Façades marseillaise - Lexique par image

Les architectes mettent en valeur les volumes par des surfaces extérieures lisses et sans ornementation. Ils souhaitent appliquer le principe de régularité et utilisent pour cela toutes les possibilités offertes par le béton, l'acier et le verre. Les éléments sont suspendus à la dalle du dessus ou à l'élément horizontal supérieur, et la structure est non porteuse. Cette structure est habillée mais la pureté de la forme prime sur l'habillage. La "double peau" La résille est souvent constituée de brise-soleil verticaux orientables (lames et stores sur ossature légère) avec des châssis basculants. Les "ventelles" permettent des jeux d’ombre et de lumière et des contrastes (le dedans s’oppose au dehors).

La paroi vitrée Les façades peuvent aussi donner l'impression d'être construites en verre. La vitre est scellée (menuiseries en aluminium). Les parois entièrement vitrées sont dépour-vues de châssis ouvrants, ce qui rend nécessaire les systèmes d'air conditionné. De grandes surfaces vitrées sont parfois traitées en saillie (bow window). Le béton est dissimulé : l'ossature est en béton armé, la façade est souvent réalisée en pierre pelliculaire à joints apparents doublée d'une contre-cloison.

"Double peau", 75, rue Jean Mermoz (A. Devin et Y. Bentz, 1965)

BRISE-SOLEIL EN LAMES D'ALUMINIUM VENTELLES PAROI VITRÉE FORMANT DES BOW WINDOWS

Boulevard Périer (8e) Boulevard Jean Moulin (4e) Place Castellane (6e)

Seconde moitié du XXe siècle (1950-1980) Mouvement moderne : mur-rideau

Façade maillée

Éléments de la façade toit-terrasse fenêtre en bandeau avec un brise-soleil vertical

PLU

Page 11: Façades marseillaise - Lexique par image

"GÉOMÉTRIE COMBINATOIRE" ÉLÉMENT PRÉFABRIQUÉ GÉOMÉTRIE "PARE-SOLEIL"

Certains architectes optent dans les années 1970 pour un retour à un certain brutalisme. Ils utilisent la géométrie un peu comme leurs devanciers des années 1920-1930. Les structures de leurs réalisations composent des formes anguleuses ou arrondies qui frappent par leur répétition. La paroi est percée de nombreuses ouvertures et animée de ressauts. Elle peut être compartimentée, pliée en facettes ou géométrisée avec des panneaux de béton préfabriqués qui produisent une esthétique dite "en nid d'abeille". Elle atteint alors une dimension sculpturale à partir de sa découpe complexe. Quand des motifs apparaissent sur plusieurs étages, on parle d’une ''géométrie combinatoire''. La répétition est utilisée comme un système plastique (reproduction du même module de fenêtre). La façade devient une figure totémique. Par ces modénatures, la façade crée des effets optiques qui peuvent être rappro-chés des formes du Bauhaus, des effets de l’art cinétique ou des œuvres de Vasarely (contrastes, moirages...). Elle est conçue comme un "art total".

Tour du Méditerranée, Atelier 9 (1970-1972)

Rue Sainte-Baume (10e) Avenue du Prado (8e) Rue Jean Mermoz (8e)

Seconde moitié du XXe siècle (années 1970-1980) Mouvement moderne : paroi plastique

Façade pliée en facettesPanneaux en forme de vague

Éléments de la façade module préfabriqué en béton blanc poli auto-nettoyant grâce à sa forme qui évacue le ruissellement

PLU

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Corniche J.-F. Kennedy (8e) Résidence de la Cadenelle (8e) Promenade Georges Pompidou (8e)

BALCON EN PORTE-À-FAUX / "EN TIROIR" BAIE PANORAMIQUE FAÇADE RAMPANTE

Le style "moderne-balnéaire" Le style international recherche le dépouillement dans la décoration. Influencés par l'architecture des villes bal-néaires des années 1930 et des stations de sport d'hiver des années 1960, les architectes qui l'adoptent dans les années 1970 souhaitent utiliser toutes les possibilités offertes par le béton, l'acier et le verre. La façade se sin-gularise par l'audace et l'harmonie des formes.

La façade "tout en balcons" La priorité est donnée à l’horizontale, à la ligne sinueuse, aux volumes ascendants liés entre eux, au soubassement traité comme un mur et à la terrasse en belvédère. Elle prend en compte le climat et la lumière (patio, couleur blanche du béton, toit-terrasse, petites ouvertures, modénatures protectrices du soleil, dispositifs pour évacuer les eaux de pluie). Les dalles de béton en porte-à-faux lui donnent un caractère dynamique. Les allèges identiques créent une homogénéité visuelle parfaite sur toute la façade. La façade est souvent incurvée. Elle est aussi animée par des garde-corps en verre, des pare-vues et des ventelles.

Seconde moitié du XXe siècle (1970-1980) : Style moderne-balnéairere et "architecture méditerranéenne"

Éléments de la façade façade étagée balcon profond filant sur toute la longueur

"Jardins de Thalassa" (arch. B. Laville et M. Fabre, 1973)

Façade incurvée

PLU

Page 13: Façades marseillaise - Lexique par image

La surface évidée Dans les années 1970, influencés par les réalisations de Claude Ferret à Royan (années 1950) et de Jean Balladur à La Grande Motte (1960), quelques architectes marseillais mettent en valeur le volume de la façade par une surface extérieure lisse et sans ornementation. La lumière et l’ombre jouent une partition rythmée et sans cesse renouvelée dans la profondeur de la façade évidée où se dessinent des formes variées : ondulations de vagues, effets de virgules, rectangles arrondis. La gamme est riche mais la logique de l’économie de la préfabrication limite le nombre de motifs par immeuble. Des panneaux alvéolés font office de brise-soleil et pro-duisent un rythme régulier.

Pullman Prado, 255, avenue du Prado (1975)

LOGGIA EN POINTE DE DIAMANT "SCULPTURE INTÉGRÉE" EFFET DE RÉPÉTITION

Éléments de la façade panneau en béton préfabriqué

Avenue du Prado (8e) Avenue du Prado (8e) Rue Jean Mermoz (8e)

Effet de virgule

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PORTE-À-FAUX ARQUÉ PILOTIS EN CROIX FAÇADE MAILLÉE

L’architecture "high-tech" Pour échapper aux principes du Modernisme qu’ils jugent pesants et trop sérieux, les architectes ''post-modernistes'' choisissent de s’exprimer avec une surabondance d'éléments et de références (antiques, traditionnelles) une logique de collage (brise-soleil, colonnes, portique...) et de mélange des couleurs et des matériaux (carreaux de céramique, métal, béton poli...). Ils juxtaposent et changent les échelles pour constituer la surprise. La façade peut être fendue, échancrée, ondu-lante, interrompue, asymétrique... Elle montre souvent le téléscopage entre un retour à un certain classicisme des formes et une mise en avant baroque d’une déco-ration surajoutée, d’éléments dépourvus de fonction technique (charpentes métalliques triangulées signalant la structure et la technique au-dehors, vêture purement ornementale...). Le post-modernisme s'engage à son tour dans un style international... peu à peu contesté !

Portique tripartite. Maison sur la Corniche Kennedy, E. Sarxian,

1980

Place des Hugolins (2e) Avenue de Saint-Just (4e) Rue des Grands Carmes (2e)

Extension du collège Edgar Quinet, rue de Crimée (A. Castanet et F. Kern, 1993)

Seconde moitié du XXe siècle (années 1980-1990) Éclectisme "post-moderniste"

Éléments de la façade aile en toiture qui prolonge la corniche colonnes monumen-tales sur quatre niveaux brise-soleil horizontaux sous-face inclinée de l'amphithéâtre laissée apparente volume coloré

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HABILLAGE EN PLAQUES DE VERRE ENCADREMENT EN AVANCÉE FAILLE ET BÉTON BRUT

L’architecture multi-référencée L'architecture actuelle s’inscrit dans la continuité du Mouvement moderne avec une tendance à recycler, mélanger et réinventer les solutions architecturales éprouvées tout au long du XXe siècle. En l'absence d'école ou de mouvement académique, les architectes se distinguent avec leurs propres références. On assiste au retour des claustras, des bows windows, des coursives, des galeries, des poteaux fuselés, des pilotis en croix, des dalles en béton en porte-à-faux (dalle en avancée ou en éperon), et des casquettes. La façade ''pure'', lisse et nue, la façade porteuse constituée d’éléments en béton préfa-briqué perforé, ou la façade opaque parfois minimaliste côtoient la façade réticulée modulable (panneaux coulissants), la façade à multiples ressauts (balcons et redents) ou la façade vêtue d’une seconde peau (résille, béton fibré ou fumé, plaque perforée, habillage en plaques de verre sur une ossature métallique). Les baies en bandeau voisinent avec des fenêtres trapézoïdales ou des meurtrières. La façade peut être très composée, régulière, constituée d’une répétition d’éléments ou bien fragmentée, asymétrique.

263, avenue du Prado (Ferran - Poissonnier, 2003)

XXIe siècle commençant (2000-2015) Continuité et diversité

Rue Vincent Leblanc (2e) Rue de Ruffi (3e) Rue Guibal (3e)

Éléments de la façade : dalle en avancée ou porte-à-faux baie en bandeau corniche intermédiaire

Angle en éperon et baie d'angle

Résille ou "mantille intégrale"Panneau coulissant filtrant la lumière

Page 16: Façades marseillaise - Lexique par image

Sources : Architectures à Marseille 1900-2013, Thierry Durousseau Marseille, MAV PACA, 2014.

Tome III du Règlement du PLU de Marseille

approuvé le 28 juin 2013.

Guides d'architecture Marseille 1945-1993, Jacques Sbriglio, Marseille, éditions

Parenthèses, 1993.

Crédits photos : Christophe Trinquier (Agam)