La

lettre

de

Noé

Numéro 20

Janvier 2013 BULLETIN D’INFORMATION ADHÉRENTS

Le mot du président

A.M.

Le massif du Madres à nouveau libre d’accès*

Face à l'ampleur de la mobilisation promise pour la marche du 29 septembre dernier, et ce malgré un temps pluvieux qui nous a contraint au dernier moment à renoncer à rejoindre notre sommet depuis Nohèdes, les administrateurs de Groupama ont décidé dans la nuit du 28 septembre de faire marche arrière !

Bonne nouvelle, pour tous les montagnard(e)s du massif du Madres.Plus besoin désormais de l’autorisation de l’assureur mutualiste pour circuler librement dans la montagne.

Une nouvelle preuve que la mobilisation n'est pas vaine. En cette nouvelle année, cela rappelle comme aimait Pau Casals à le faire entendre dans le cant dels ocells, que même les voix les plus discrètes participent au chant du monde, et offrent en plus, quand elles s'accordent, la plus belle des mélodies.

Bonne année 2013

Philippe Assens

* L’été dernier, de nombreux amis de la montagne s’étaient insurgés contre la brutale interdiction par Groupama de fréquenter, même à pied et au mépris des usages ancestraux, sa propriété de 2000 ha située sur la commune de Mosset.

Scène automnale - Photo A.M.

Sortir…

LE SAVIEZ-VOUS ?

A.M.

Les pièges photographiques sont

devenus des outils importants dans notre mission de veille écologique... Si cette technologie permet d’informer sur la présence de certaines espèces, elle dévoile parfois des scènes cocasses, des instants de vie intimes volés, rarement observés par ailleurs.Un piège photographique semble séduire un écureuil qui, presque chaque jour, escalade l'arbre support : il effectue des pas de danse, salut le piquet olfactif, le serre entre ses pattes et pose régulièrement devant l’objectif, fier et imperturbable avec un cône de pin en bouche.Sur la sente, véritable boulevard desanimaux, un chat forestier file furtivement

De balise en balise

Avec 15 millions d’adeptes, la randonnée

pédestre est l’activité sportive la plus pratiquée en France : pas étonnant que de nombreux marcheurs visitent notre vallée ! Il y a quelques années, pour éviter leur dispersion sur le territoire et pour limiter la perturbation des troupeaux et de la faune sauvage, nous avons sélectionné quelques sentiers de la commune. Ce réseau a été validé par le conseil municipal et c’est celui qui est décrit dans le topoguide auto-édité par notre association. Depuis, nous avons entretenu et balisé certains des itinéraires décrits : il ne leur manquait plus que la signalétique normalisée de la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP).Et bien, ça y est, panneaux directifs et poteaux de localisation sont récemment venus compléter le dispositif ! Cette opé-ration a été confiée au prestataire La Découverte. Pour pérenniser l’entretien de ces sentiers, la commune a déposé un dossier au Conseil général afin de les inscrire au Plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées (PDIPR).

Le ciel de la plaine du Roussillon vu du refuge de la Perdrix… Photo A.M.

Bois énergie et sécurité. Photo A.M.

Clichés dans les bois... tant que le photographe n'y est pas

Une loi du Moyen Âge qui s’applique toujours !

Les comtes de Barcelone ont fait preuve d’une grande sagesse : en 1068, ils ont rédigé un recueil des usages qui avaient force de droit dans toute la Catalogne. Son article 72, dit Loi Stratae, fait obligation aux puissants de ne jamais aliéner les chemins, sources et forêts, afin qu’ils restent à l’usage de leurs peuples, sans contradiction ni obstacle et sans aucun service constitué.Au fil de l’histoire, ces usages ont bien entendu étécontestés, mais jamais cette loi n’a été abrogée. En réponse à une question parlementaire, un Garde des sceaux a incidemment confirmé que la Loi Strataeest toujours applicable au droit français (Journal officiel du 15 juin 2004).C’est pourquoi la décision de Groupama d’interdire tout accès public à sa propriété de Mosset semble non seulement abusive mais illégale ! Il suffit de consulter le cadastre de la commune de Nohèdes pour voir figurer un chemin vicinal ordinaire n°4 de Nohèdes àCounozols, qui comme son nom l’indique, permettait aux colporteurs et autres voyageurs de relier Nohèdes à cette commune de l’Aude. Les clôtures et barrières àdigicode instaurées par Groupama en périmètre de sa propriété rendait impossible toute connexion directe entre les deux villages : un usage séculaire manifestement bafoué !

Source :http://questions.assemblee-nationale.fr/q12/12-33363QE.htm

Une signalétique aux normes - Photo A.M.

Les adhérents autour du buffet - Photo A.M.

Le pic-noir s’intéresse au piège photo ! Photos AGRNN / O.S.

échappant presque à la vigilance des capteurs...Un cerf tout en velours, trouve cet endroit propice à une sieste estivale, au frais et à l'ombre.Plus furtif mais plus inquiétant pour notre matériel, un pic-noir, magnifique avec sa calotte rouge, volette et s'intéresse de très près à l'appareil et à ses diodes... Ouf ! Cette fois-ci, il n'a fait que passer sans tambouriner notre drôle d'engin... Une découverte qui ne manquera pas de nous rendre prudent quant au maintien de cette station photographique sur ce secteur fréquenté par ce bel oiseau des vieilles forêts.

Des espaces naturels convoités - Photo A.M.

Le roi des airs est mort !

Un père qui se mouille pour sa progéniture

Amphibiens sur nos routes... Conducteurs, vigilance !

Le 10 octobre dernier au soir, un habitant de Nohèdes signale au conservateur qu’il a trouvé un grand rapace mort sur le sentier de Carbodell. Le lendemain, ce dernier accompagné de la technicienne de la réserve constatent qu’il s’agit d’un aigle royal ! Comme il n’y a que deux couples sur le massif du Madres, cette nouvelle est particulièrement attris-tante. Après en avoir obtenu l’autorisation (toute manipulation d’une espèce protégée est interdite sans obtention d’une autorisation, même pour le personnel de la réserve), le cadavre a été confié àl’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), qui procédera à une autopsie. Nous suspectons que l’oiseau a percuté la ligne électrique située à une cinquantaine de mètres du lieu où il a été découvert, mais il n’est pas impossible qu’il était auparavant affaibli par une autre cause (par exemple par un empoisonnement). Nous vous tiendrons au courant du résultat des analyses.

Avec les pluies printanières, la plupart

des amphibiens entament une longue marche afin de rejoindre leurs sites de reproduction : rivières, ruisselets, lacs, mares... accueillent ainsi les nombreux individus qui viennent s'y accoupler et pondre. Lors des pluies d’automne, ils sortent de nouveau de leurs abris, et on peut facilement les observer. Hélas ! Leur parcours est semé d'obsta-cles, dont l'un des plus destructeurs est la circulation routière.Le trafic routier de notre vallée est plutôt faible. Or, malgré cela, nous y dénombrons tous les ans des dizaines, voire des centaines, de salamandres et de crapauds communs, écrasés lors des migrations nuptiales. Cette mortalité routière pourrait à terme compromettre le maintien des populations...

BRÈVES

Pour tous renseignements :

Maison de la Réserve66500 Nohèdes

Tél : 04 68 05 22 42nohedes@espaces-naturels.fr

Directeur de la publication :Philippe Assens

Rédaction : P. Assens,A. Mangeot,

M. Martin, O. Salvador

Photos & illustrations :AGRNN, A. Mangeot, P. Gaultier, O. Salvador

Un sifflement résonne loin de l'eau...

tu' tu' tu'... Détrompez-vous, il ne s'agit point du hibou petit-duc, dont le chant est si ressemblant...

En étant attentif, on peut, non sans peine, localiser l'auteur de cette sérénade.

Petit, trapu et verruqueux, l'alyte accou-cheur est un crapaud dont le mâle prend soin des œufs qu'il enroule en chapelets autour de ses pattes arrières, en les protégeant contre les prédateurs, en les humidifiant régulièrement. Cette particula-rité a valu son nom à l'espèce !

Pouvant vivre jusqu'à 2 400 m d'altitude dans les Pyrénées, notre équipe a longtemps recherché cet amphibien dans la réserve naturelle de Nohèdes ; hélas, toujours sans succès !

Cet été, Thomas Moreau a trouvé un indi-

Cinq salamandres sorties de leurs cachettes, suite aux pluies du mois d'octobre dernier, se sont faites écraser aux alentours du village.

vidu dans son jardin. Il s’agit donc de la première donnée sur la commune de Nohèdes de cette espèce protégée.

La présence de l‘alyte accoucheur nous réjouit, bien qu’il puisse s’agir d’un individu isolé introduit accidentellement. Mais qui sait, peut-être un jour le trouverons-nous dans la réserve...

Alyte accoucheur - Photo Pascal Gaultier

Avoir deux vies…

Le terme amphibien provient des termes grecs anciens αµφις [amphis] qui signifie «les deux » et βιος [bios] qui signifie « vie ». L’amphibien est donc celui qui vit dans deux éléments, terrestre et aquatique. Les amphibiens (aussi appelés batraciens) méritent leur nom à double titre : non seulement une phase larvaire totalement aquatique précède leur métamorphose en adulte terrestre, mais ce dernier continuera à fréquenter les zones humides, lors de la reproduction.

L’aigle mort est récupéré pour analyse - Photo A.M.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Salamandres tachetées - Photo A.M.

Grenouille rousse et têtards Photos A.M.

Alors amis conducteurs, soyez vigilants !

Si l’on se réfère à la moyenne des

précipitations annuelles à Nohèdes entre 1960 et 2006, soit 762 mm, l’année 2012 aura été sèche avec 445,9 mm soit un déficit de 36%. Ce bilan déficitaire vient se cumuler avec les déficits des années précédentes : il en résulte un stress hydrique pour la végétation, dont les conséquences sont déjà visibles. Dans les situations où les arbres sont en limite stationnelle, on constate le dépéris-sement de bosquets entiers, notamment de pins sylvestres. En observant le versant nord du mont Coronat, il est facile d’observer ces dépérissements, souvent aux abords des zones rocheuses. Les effets du changement climatique se feraient-ils donc déjà sentir ?

BRÈVESCette année encore, notre équipe a accueilli les étudiants en géographie de l‘université Paris 7. Ce stage s'oriente de plus en plus vers la compréhension des enjeux d'un espace tel que celui de la Réserve naturelle de Nohèdes, et ce àtravers la découverte des différents acteurs concernés par la gestion et la protection de son territoire. Ainsi, durant une semaine, les étudiants mènent leur propre enquête en interviewant scientifiques, naturalistes, gestionnaires, éleveurs, chasseurs, pêcheurs, propriétaires et élus... mais aussi en passant du temps avec eux. Car quoi de plus pertinent pour connaître et comprendre son interlocuteur que de partager son quotidien ? Par exemple, cette année, suite à leur rencontre avec le président de l'AICA Nohèdes-Ria, deux étudiantes ont été

Découvrir le terrain - Photo AGRNN / A.M.

Des étudiants en immersion totale...

Climat : un déficit hydrique important en 2012 !

Comparaison du cumul de précipitations de sept 2011 à août 2012 avec le cumul des précipitations mensuelles moyennes

Précipitations à Nohèdes en 2012 : seuls les mois de mars et d’octobre ont été excédentaires

invitées à participer à une battue au sanglier sur la commune de Ria. Une découverte très enrichissante pour ces « enquêtrices », en immersion totale auprès de ces incontournables acteurs du territoire...

Une nouvelle espèce envahissante

menace-t-elle la réserve ?

L’Ailante (Ailanthusaltissima) est un arbre originaire de Chine introduit en Europe au XVIIIe siècle comme plante d’ornementation. Sa croissance est rapide, et il a une capacité de reproduction énorme. Coupé, il drageonne rapidement. Son bois n’a aucune valeur, sa sève est allergisante et le miel issu de ses fleurs sent l’urine de chat !

Très compétitif sur les terrains perturbés, ses racines diffusent des substances qui entravent la croissance des plantes indigènes (phénomène d’allélopathie). Sur la commune de Conat, notam-ment le long de la route, son expansion est impression-nante. Sa présence àNohèdes nous avait échappé, mais récemment un pied adulte a été repérédans un jardin, situé à la confluence de la Ribera de Torrelles. Cette situation en bord de rivière peut être critique : en cas de crue lorsque l’arbre est en fruit, ce sont des centaines de mètres de rive qui peuvent être envahies brutalement par cette espèce ! Alerté, le propriétaire du jardin a donné son autorisation pour éliminer le dangereux végétal. Un grand merci àlui…

L’ailante, nouvelle peste végétale à Nohèdes?

- Photo http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/arbres/ailante.htm

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Cumul des précipitations mensuelles moyennes739,1

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Les précipitations annuelles déficitaires se succèdent à Nohèdes – Données AGRNN

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