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LA LETTRE ÉCO N° 269 3 FEVRIER 2018 Err N°269 3 février 2018 LA LETTRE ÉCO LE COIN DES ÉPARGNANTS Le tableau économique et financier de la semaine Les marchés face aux taux Le taux de l’OAT à 10 ans au-dessus de 1 % La dernière séance de Janet Yellen Immobilier, les arbres ne montent pas toujours au ciel C’EST DEJA HIER L’emploi garde le cap aux Etats-Unis sur fond d’accélération des salaires Croissance du revenu et de la consommation en Europe La création d’entreprises, une spécialité française Le taux de chômage à 8,7 % fin 2017 en zone euro LE COIN DE LA CONJONCTURE La France manque de peu la barre des 2 % de croissance en 2017 Études, chômage, logement, le retour des « Tanguy » LE COIN DES TENDANCES Paris coule-t-il ? Les nouvelles dimensions du monde LE COIN DES GRAPHIQUES Peu d’entreprises mais des emplois en nombre dépendent de l’étranger ! LE COIN DE L’AGENDA ECONOMIQUE ET FINANCIER LE COIN DES STATISTIQUES

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LA LETTRE ÉCO N° 269 – 3 FEVRIER 2018 Erreu

N°269 – 3 février 2018

LA LETTRE ÉCO

LE COIN DES ÉPARGNANTS

• Le tableau économique et financier de la semaine

• Les marchés face aux taux

• Le taux de l’OAT à 10 ans au-dessus de 1 %

• La dernière séance de Janet Yellen

• Immobilier, les arbres ne montent pas toujours au ciel

C’EST DEJA HIER

• L’emploi garde le cap aux Etats-Unis sur fond d’accélération des salaires

• Croissance du revenu et de la consommation en Europe

• La création d’entreprises, une spécialité française

• Le taux de chômage à 8,7 % fin 2017 en zone euro

LE COIN DE LA CONJONCTURE

• La France manque de peu la barre des 2 % de croissance en 2017

• Études, chômage, logement, le retour des « Tanguy »

LE COIN DES TENDANCES

• Paris coule-t-il ?

• Les nouvelles dimensions du monde LE COIN DES GRAPHIQUES

• Peu d’entreprises mais des emplois en nombre dépendent de l’étranger !

LE COIN DE L’AGENDA ECONOMIQUE ET FINANCIER LE COIN DES STATISTIQUES

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LE COIN DES ÉPARGNANTS

Résultats

2 février 2018

Évolution

sur 5 jours

Résultats

31 déc. 2017

CAC 40 5 364,98 -2,97 % 5 312,56

Dow Jones 25 520,96 -4,12 % 24 754,06

Nasdaq 7 240,95 -3,53 % 6 959,96

Dax Allemand 12 785,16 -4,16 % 12 917,64

Footsie 7 443,43 -2,90 % 7 687,77

Euro Stoxx 50 3 523,28 -3,40 % 3 503,96

Nikkei 225 23 274,53 -1,51 % 22 764,94

Taux de l’OAT France à 10

ans (20 heures) 1,008 % +0,092 pt 0,778 %

Taux du Bund allemand à 10

ans (20 heures) 0,766 % +0,139 pt 0,426 %

Taux du Trésor US à 10 ans

(20 heures) 2,849 % +0,183 pt 2,416 %

Cours de l’euro / dollars

(20 heures) 1,2466 +0,32 % 1,1848

Cours de l’once d’or en

dollars (20 heures) 1 332,200 -1,31 % 1 304,747

Cours du baril de pétrole

Brent en dollars (20 heures) 68,883 -2,17% 66,840

Les marchés actions face aux taux Les indices « action » des grandes places financières occidentales ont enregistré un recul important cette semaine. En cinq jours, Paris a perdu près de 3 % effaçant presque ses gains du mois de janvier (+3,2%). Le Dow Jones a cédé plus de 4 %. Les marchés ont réagi à la hausse des taux des obligations. Le rendement de l’obligation du Trésor américain à 10 ans a atteint 2,85 % quand le taux français dépassait 1 %. Les bons résultats de l’emploi américain au mois de janvier et l’accélération des salaires ont conforté l’idée que la FED mettra en application rapidement son plan de hausse des taux, ce qui ne peut pénaliser les actions. Par ailleurs, la progression des cours au mois de janvier avait été excessive comme peut l’être la correction qui s’est amorcée cette semaine. La hausse des taux d’intérêt était attendue voire souhaitée mais elle peut

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générer quelques tourbillons que ce soit sur les marchés actions ou sur les marchés des changes. Le taux de l’OAT à 10 ans au-dessus de 1 % En dehors de la période d’incertitude électorale du début de l’année 2017, le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 10 ans est resté en-dessous d’1% depuis le début du mois d’août 2015. Pour retrouver durablement un taux supérieur à 1 %, il faut même remonter au mois de novembre 2014, soit plus de 3 ans en arrière. L’accélération de la croissance et le très léger frémissement de l’inflation ainsi que la fin programmée des rachats d’actifs de la banque centrale contribuent à cette légère hausse. Elle est indirectement liée au programme de relèvement des taux en cours aux États-Unis. Il est admis que, lors de la prochaine séance de mars, la FED augmentera ses taux directeurs de 0,25 point. Les taux américains des obligations de l’État fédéral à 10 ans ont gagné 0,4 point au cours du mois de janvier confirmant leur tendance haussière.

Évolution du taux de l’OAT à 10 ans

Le changement de cap des taux entraînera un surcroît de dépenses pour l’État, devrait avoir quelques incidences sur la production de prêts à l’habitat (voir ci-dessous), et améliorer à terme la rémunération des épargnants. En ce qui concerne les finances de l’État, La Cour des comptes avait souligné que la diminution des taux était responsable de 40 % de la réduction des déficits entre 2011 et 2016. Le service de la dette, c’est à dire le paiement des intérêts, a diminué de plus de 11 milliards en quatre ans quand, dans le même temps, le poids de la dette au sein du PIB a gagné plus de 5 points. La remontée des taux s’accompagnera d’une augmentation du coût de la dette. L’Agence France Trésor a ainsi calculé qu’un relèvement du taux de 1 % entraîne un surcroît de dépenses au titre des intérêts de 2,1 milliards d’euros la première année et de 6,9 milliards au bout de trois ans. Pour atténuer ce choc, le Gouvernement espèrera compter sur une reprise de l’inflation et de la croissance qui améliorera les recettes.

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La dernière séance de Janet Yellen Contrairement à la tradition, Janet Yellen, la Présidente de la Banque centrale américaine (FED) n’a pas été reconduite et a clos son mandat ce samedi 3 février 2018. Elle est remplacée par Jerome Powell, un ancien banquier et avocat d'affaires de 64 ans, qui siégeait depuis cinq ans au directoire de la FED. A l’occasion de la dernière séance du comité de politique monétaire présidé par Janet Yellen, aucune décision de relèvement des taux directeurs n’a été prise. La FED a indiqué qu'elle anticipait un renchérissement de l'inflation en 2018, ce qui présage d’une augmentation des taux en mars. En 2017, la banque centrale a augmenté à trois reprises ses taux. La fourchette du taux d'intervention (taux des Fed funds) est maintenue à 1,25 % - 1,50 %, une décision prise à l'unanimité, après avoir été relevée d'un quart de point en décembre 2017. Soulignant des améliorations notables en matière d'emploi, de dépenses des ménages et des investissements, la banque centrale des États-Unis a ajouté s'attendre à une croissance modérée de l'économie du pays. Immobilier, les arbres ne montent pas toujours au ciel En 2017, les commandes de logements neufs ont connu une forte progression. 418 900 logements ont été ainsi mis en chantier l’année dernière, soit une augmentation de 15,7 % par rapport à l’année 2016 (cf. lettre N°268). Malgré ou à cause de ce bon résultat, les professionnels du secteur anticipent une décrue pour l’année en cours. Ainsi, selon une étude de l’INSEE, les promoteurs sont moins nombreux, en janvier qu'en octobre dernier, à estimer que la demande de logements neufs est forte. Le solde d'opinion correspondant diminue pour le deuxième trimestre consécutif et passe au-dessous de sa moyenne de longue période pour la première fois depuis deux ans. Par ailleurs, les perspectives de mises en chantier se réduisent de nouveau. En janvier, les perspectives de mises en chantier pour les trois prochains mois sont jugées moins favorables qu'en octobre dernier. Le solde correspondant diminue de nouveau et passe au-dessous de sa moyenne de longue période. Dans le même temps, les promoteurs ne sont pas plus nombreux qu'en octobre à signaler une hausse de leur stock de logements invendus. Le solde correspondant est quasi stable et se situe légèrement au-dessus de sa moyenne de long terme. Néanmoins, les promoteurs ne considèrent pas que le marché se retourne dans les prochains mois. Ils déclarent que les prix sont encore orientés, en ce début d’année, à la hausse. Les promoteurs sont ainsi plus nombreux qu'en octobre dernier à signaler une hausse du prix moyen des logements neufs mis en vente. Malgré la hausse des taux des dettes publiques, le taux d'intérêt fixe moyen des crédits à l'habitat à long terme a continué à baisser au mois de décembre. Il s’est établi à 1,61 %, contre après 1,64 % en novembre et atteint son niveau le plus bas depuis 6 mois. Sur l'ensemble de l'année 2017, ce taux moyen a néanmoins légèrement augmenté, soit 10 points de base environ (1,5 % en décembre 2016). Selon la Banque de France, les ménages français sont endettés à hauteur de 1 16 milliards d’euros dont 955 au titre des emprunts immobiliers. Au mois de décembre, la variation mensuelle d'encours du crédit à l'habitat a progressé de 5,4 milliards d'euros après 4,2 milliards en novembre et atteint son plus haut niveau depuis six mois. Sur un an, les crédits à l'habitat progressent de 6,2 %. Sur l'année 2017, la production de

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nouveaux crédits à l'habitat s'établit à 272 milliards d'euros après 252 milliards d'euros en 2016. Cette hausse est tirée par les flux hors rachats et renégociations (160 milliards d'euros en 2017, après 137 milliards en 2016). En revanche, les flux de rachats et renégociations, toujours très élevés, sont en légère diminution (112 milliards d'euros en 2017 après 115 milliards en 2016). C’EST DÉJÀ HIER L’emploi garde le cap aux Etats-Unis sur fond d’accélération des salaires Au mois de janvier, le taux de chômage est resté stable à 4,1 % soit toujours son plus bas niveau depuis 17 ans. Selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi, l'économie des Etats-Unis a créé 200 000 emplois nets en janvier (en données corrigées des variations saisonnières), dépassant les attentes des analystes qui étaient de 180 000. Les salaires ont progressé de 0,3 % sur un mois amenant la hausse annuelle à 2,9 %, le rythme le plus rapide depuis la récession en juin 2009, il y a presque neuf ans. En janvier, le secteur des services est toujours de loin le premier créateur d'emplois (239 000) avec un rythme soutenu des embauches dans les cafés et restaurants notamment et les services de santé. Le secteur du bâtiment reste très actif malgré l'hiver et l'industrie manufacturière demeure dans le vert avec 15 000 embauches contre 21 000 en décembre Pour l'ensemble de l'année 2017, selon les données révisées du ministère publiées vendredi, les créations d'emplois ont totalisé 2,173 millions, un rythme un peu ralenti par rapport à 2016 (2,344 millions). Le taux de participation au marché du travail reste toujours au plus bas depuis quarante ans à 62,7 %. Il est particulièrement mauvais pour les femmes à 57,2 %. Croissance du revenu et de la consommation en Europe Dans la zone euro, en termes réels, le revenu des ménages par habitant a augmenté de 0,4 % au troisième trimestre 2017, après une hausse de 0,6 % au trimestre précédent. La consommation réelle des ménages par habitant a progressé de 0,4 % au troisième trimestre 2017, après une hausse de 0,5 % au deuxième trimestre 2017. Dans l’UE28, le revenu réel des ménages par habitant a augmenté de 0,7 % au troisième trimestre 2017, après une hausse de 0,7 % au trimestre précédent. La consommation réelle des ménages par habitant a progressé de 0,7 % au troisième trimestre 2017, après une hausse de 0,4 % au deuxième trimestre 2017 La création d’entreprises, une spécialité française La France, en Europe, est le pays où la création d’entreprises rapportée au nombre d’habitants est la plus élevée. Les résultats de 2017 confirment ce dynamisme qui repose en partie mais pas exclusivement sur l’auto-entrepreneuriat.

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En 2017, dans l’ensemble de l’économie marchande hors secteur agricole, 591 000 entreprises ont ainsi été créées, soit 37 000 de plus qu’en 2016. Le nombre total de créations d’entreprises augmente ainsi de 7 % et atteint son niveau le plus haut depuis 2010.

Source : INSEE En 2017, le succès des sociétés par actions simplifiées (SAS) se poursuit pour des raisons juridiques et sociales. Les SAS représentent désormais 60 % des créations de sociétés en 2017, après 56 % en 2016 et 39 % en 2014. Au sein de cette catégorie juridique, la hausse est surtout due aux SAS à associé unique ou unipersonnelles (37 % des sociétés créées en 2017, après 33 % en 2016 et 27 % en 2015). Elles atteignent ainsi leur plus haut niveau depuis dix ans (72 500 créations en 2017). À l’opposé, la part des sociétés à responsabilité limitée (SARL) ne cesse de diminuer : encore majoritaires en 2014 (57 %), elles ne représentent plus que 36 % des sociétés créées en 2017, après 40 % en 2016 et 48 % en 2015.

Source : INSEE Les immatriculations sous le régime du micro-entrepreneur ont augmenté de 9 % en 2017, après une légère baisse en 2016 (– 0,3 %) et un fort recul en 2015 (– 21 %).

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Évolution du nombre de créations d'entreprises(en milliers)

Sociétés Entreprises individuelles hors micro-entrepreneurs Micro-entrepreneurs

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Le nombre de créations d’entreprises classiques atteint 34 000 en 2017, soit le plus haut niveau depuis que l’INSEE mesure et publie les créations d’entreprises (1987). Il dépasse notamment son niveau de 2008, pour la première fois depuis la mise en place du régime de l’auto-entrepreneur en 2009. En effet, les créations d’entreprises individuelles classiques s’accroissent de 6 % (152 000 en 2017 contre 142 000 en 2016) et celles des sociétés de 5 % (198 000 contre 189 000). Malgré tout, le statut de micro-entrepreneurs demeure attractif. Après plusieurs années de recul du fait de changements réglementaires, le poids des créations augmente légèrement (41 % après 40 % en 2016) et celui des sociétés diminue faiblement (33 % après 34 %). La part des entreprises individuelles classiques reste stable à 26 %. Des créateurs plus jeunes En 2017, l’âge moyen des créateurs d’entreprises individuelles est de 36 ans, contre 37 ans en 2016 et 38 ans en 2015. La part des moins de 30 ans parmi les créateurs d’entreprises individuelles augmente : elle est de 37 % en 2017, contre 35 % en 2016. Elle atteint 50 % dans les activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion. Elle est plus élevée chez les micro-entrepreneurs (51 %) que chez les créateurs d’entreprises individuelles classiques (23 %). Le développement des plateformes collaboratives et la multiplication des emplois de service exercés en indépendants conduisent un nombre croissant de jeunes à se tourner vers la création d’entreprise. Depuis une dizaine d’années, les comportements évoluent assez rapidement. Les difficultés économiques et d’insertion expliquent cette évolution qui est également liée à une volonté plus affirmée d’indépendance économique de la part des jeunes générations nées dans les années 90. Tous types d’entreprises confondus, le secteur des transports et de l’entreposage reste celui où les créateurs sont les plus jeunes (28 ans en moyenne). Cela est évidemment lié au succès des voitures avec chauffeurs (Uber, Chauffeurs Privés, etc.). Dans l’information et la communication, les créateurs sont également assez jeunes (32 ans en moyenne). La formule de l’auto-entrepreneuriat entre en concurrence avec la formule des intermittents du spectacle. À l’inverse, ils sont généralement plus âgés dans l’industrie, les activités immobilières, la construction et les activités administratives et de soutien (39 ans en moyenne). La nécessité de disposer de capitaux et de compétences plus élevés explique cette différence.

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Répartition des créateurs par âge

Source INSEE

40 % des créateurs sont des créatrices En 2017, les femmes ont créé quatre entreprises individuelles sur dix. Cette proportion est stable depuis 2015. En 2000, ce taux était de 33 %. Comme les années précédentes, la part des hommes est la plus élevée dans la construction (98 %), les transports et l’entreposage (94 %) ainsi que l’information et la communication (77 %). À l’opposé, les femmes sont majoritaires dans la santé humaine et l’action sociale (73 %) et les autres services aux ménages (69 %). Les créations d’entreprises augmentent dans tous les autres secteurs d’activité sauf dans la construction. Les transports restent un secteur dynamique pour la création même si s’ils sont en léger repli dans le domaine des voitures avec chauffeur. Le secteur des activités immobilières, avec la hausse des prix, est également une source de créations d’entreprises (+ 3 400 créations par rapport à 2016). Cette hausse est la plus forte dans ce secteur depuis 2008. Plus de 2 000 agences immobilières indépendantes ou en franchise ont été créées en 2017. Les sociétés de location de terrain sont également en plein essor. À l’opposé, la construction est le seul secteur d’activité dans lequel le nombre de créations d’entreprises décroît en 2017, avec 600 créations de moins qu’en 2016 (-1 %). Cette baisse résulte de la chute des immatriculations de micro-entrepreneurs (-22 %, soit -3 600) ; celle-ci n’est pas entièrement compensée par la hausse des créations d’entreprises individuelles classiques (+ 1 700) et de celles de sociétés (+ 1 300).

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Moins de 20 ans

De 20 à 29 ans

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De 60 à 65 ans

65 ans ou plus

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Micro-entrepreneurs

Autres entrepreneurs individuels

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Source : INSEE Une augmentation des créations dans presque toutes les régions En 2017, le nombre de créations d’entreprises s’accroît dans toutes les régions sauf en Martinique et en Guyane. L’Île-de-France contribue pour près de la moitié à l’augmentation globale. Dans cette région, la hausse est due principalement à l’essor des créations dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+ 7 300), essentiellement dans les activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (+ 6 200 créations, dont + 5 600 de micro-entrepreneurs). Les créations d’entreprises sont également en nette progression à Mayotte (+ 16 %), en Nouvelle-Aquitaine et en Auvergne-Rhône-Alpes (+ 8 %). Le taux de chômage à 8,7 % fin 2017 en zone euro Dans la zone euro, le taux de chômage corrigé s’est établi à 8,7 % au mois de décembre. Il est resté stable par rapport au mois de novembre. Sur un an, la baisse a été d’un point. Le taux de la fin de l’année dernière est le plus faible enregistré dans la zone euro depuis janvier 2009. Pour l’Union européenne, le taux de chômage s’est établi à 7,3 % en décembre également stable par rapport à novembre et en baisse par rapport au taux de 8,2 % de décembre. Cela demeure le taux le plus faible enregistré dans l'Union depuis octobre 2008. Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles en décembre 2017 ont été enregistrés en République tchèque (2,3 %), à Malte ainsi qu'en Allemagne (3,6 % chacun). Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (20,7 % en octobre 2017) et en Espagne (16,4 %). La France avec un taux de 9,2 % se situe toujours au-dessus de la moyenne européenne.

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Évolution de la création d'entreprises par secteur d'activité

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Sur un an, le taux de chômage a baissé dans tous les États membres dont les données sont comparables dans le temps, sauf en Finlande où il est resté stable. Les baisses les plus marquées ont été observées en Grèce (de 23,3 % à 20,7 % entre octobre 2016 et octobre 2017), en Croatie (de 12,5 % à 10,0 %), au Portugal (de 10,2 % à 7,8 %) et en Espagne (de 18,5 % à 16,4 %). En France, la décrue est plus lente avec un gain de 0,7 point en un an. Pour mémoire, en décembre, le taux de chômage aux États-Unis était de 4,1 %, stable par rapport à novembre 2017 et en baisse de 0,6 point en un an En décembre dernier, le taux de chômage des jeunes s’élevait à 16,1 % dans l’Union européenne et à 17,9 % au sein de la zone euro contre respectivement 18,0 % et 20,3 % en décembre 2016. Les taux les plus faibles en décembre 2017 ont été observés en République tchèque (4,9 %) et en Allemagne (6,6 %), tandis que les plus élevés ont été enregistrés en Grèce (40,8 % en octobre 2017), en Espagne (36,8 %) et en Italie (32,2 %). En France, le taux était de 22,3 % en décembre en baisse de 1,1 point en un an.

Source Eurostat LE COIN DE LA CONJONCTURE La France manque de peu la barre des 2 % de croissance en 2017 La France a-t-elle tourné le dos à la plus longue phase de stagnation depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est trop tôt pour l’affirmer. D’autant que, au vu du retard accumulé ces dernières années, le taux de croissance de 1,9 % en 2017 n’est pas en soi extraordinaire. Certes, ce taux de croissance est le meilleur que notre pays ait enregistré depuis 2011. Mais la France demeure toujours à la traîne de l’activité européenne. En outre, plusieurs indicateurs soulignent que les stigmates de la crise sont loin d’être totalement effacés. Le chômage n’a pas diminué à son niveau d’avant crise tout comme le niveau de vie par unité de consommation. La situation des finances publiques et du commerce extérieur reste préoccupante.

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Source : INSEE Un bon dernier trimestre Comme attendu, la croissance française a conservé le rythme qui est le sien depuis le début de l’année 2017 avec une progression de 0,6 % au quatrième trimestre. Le produit intérieur brut  en volume a augmenté de +0,6 %, après +0,5 % au troisième trimestre. Depuis le dernier trimestre 2016, la croissance trimestrielle a toujours été égale ou supérieure à 0,5 %.

Source : INSEE

Le retour en force de l’investissement Au 4e trimestre, la croissance a été tirée par l’investissement avec un gain de 1,1 % après +0,9 % au 3e trimestre. L’investissement en construction lié au logement a enregistré une hausse de +0,4 % après +0,5 %. L’investissement dans l’industrie manufacturière est en net progrès, +1,9 % après +1,3 %. L’investissement en services marchands demeure également soutenu (+1,5 % après +1,0 %), notamment en information-communication

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(édition de logiciels). Au total, l’investissement des entreprises non financières accélère ce trimestre (+1,5 % après +1,1 %), tandis que celui des ménages ralentit un peu (+0,7 % après +1,0 %). Sur l’ensemble de l’année 2017, l’ensemble de l’investissement enregistre un gain de 3,7 % après +2,7 % en 2016. Cette reprise est une bonne nouvelle pour la croissance des prochaines années. En effet, le sous-investissement a nui à la compétitivité de l’économie française. L’investissement a un effet multiplicateur pour la croissance. Le léger réveil du commerce extérieur en fin d’année Bonne nouvelle, le solde extérieur a joué positivement au 4e trimestre avec un gain de 0,6 point contre  -0,5 point au trimestre précédent, les exportations ont cru plus rapidement que les importations, +2,6 % +0,7 %.  Sur l’année 2017, les exportations progressent +3,5 % (après +1,9 % en 2016) quand, dans l’intervalle, les importations croissent quasiment au même rythme qu'en 2016 (+4,3 % après +4,2 %). Au bilan, le solde extérieur a pesé négativement sur la croissance de 0,4 point en 2017 quand il était de -0,8 point en 2016. Néanmoins, le solde de la balance commerciale s’est dégradé en 2017. Sur l’année, les importations ont progressé du fait de l’augmentation de la consommation. L’effet des variations de stock La contribution des variations de stocks à l'activité est négative (−0,5 point après +0,3 point) sur le dernier trimestre 2017. Néanmoins, sur l'année, elle s'établit en moyenne à +0,4 point (après -0,1 point). La production industrielle a retrouvé quelques couleurs Au quatrième trimestre 2017, la production totale accélère légèrement (+0,8 % après +0,7 %), du fait notamment de l’industrie manufacturière (+1,5 % après +0,8 %). En revanche, la production d’énergie se replie un peu. Dans les services, la production augmente globalement de nouveau (+0,7 % après +0,6 %). En moyenne sur l’année, la production totale accélère (+2,3 % après +0,9 %), notamment dans l’industrie manufacturière (+2,0 % après +0,8 %) et la construction. La production agricole se redresse également (+2,3 % après −5,6 %), après une année 2016 marquée par des conditions climatiques défavorables. Petite décélération de la consommation La consommation des ménages a légèrement décéléré +0,3 % après +0,6 %. La demande intérieure finale (hors stocks) a contribué à la croissance du PIB pour +0,5 point au quatrième trimestre 2017 (après +0,6 point). Les dépenses de consommation ont été moins vives en fin d’année du fait d’une érosion du pouvoir d’achat avec une très légère reprise de l’inflation. Par ailleurs, le taux d’épargne est resté élevé, les ménages maintenant un fort volant d’épargne de précaution. Ce ralentissement de fin d’année se ressent également sur le résultat annuel. Après avoir progressé de 2,1 % en 2016, la consommation enregistre une hausse plus mesurée, de 1,3 % en 2017.

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Les résultats du dernier trimestre 2018 sont de bon augure pour la croissance de 2018 qui part avec un capital appréciable. Les trois énigmes pour l’activité de cette année proviendront de la baisse du chômage, de l’évolution de la demande extérieure adressée à la France et de celle de l’investissement des entreprises. Deux facteurs devront être également pris en compte : les prix du pétrole qui sont en cours d’affermissement ; l’euro dont l’appréciation pourrait handicaper certains exportateurs français. Études, Chômage, Logement, le retour des « Tanguy » Selon une récente enquête de l’INSEE, en 2013, en moyenne, près d’un jeune de moins de 30 ans vivait au moins un mois chez ses parents (46,1 %). Certains peuvent résider en permanence chez leurs parents quand d’autres peuvent également résider dans un autre logement ou dans un foyer d’étudiants ou de travailleurs. Néanmoins, 85,5 % des 18-24 ans et 92,8 % des 25-29 ans qui habitent chez leurs parents y vivent toute l’année ou presque. La part des jeunes adultes vivant chez leurs parents décroît de façon continue avec l’âge, à mesure de leur insertion sur le marché du travail. Si deux jeunes adultes sur trois cohabitent entre 18 et 24 ans, un sur cinq est dans ce cas entre 25 et 29 ans. Dans les DOM (hors Mayotte), le taux de cohabitation est plus élevé (63,3 %) qu’en métropole. Dans ces départements, habiter chez ses parents est plus fréquent quel que soit l’âge des enfants (77,3 % des 18 à 24 ans et 39,7 % des 25 à 29 ans), en partie du fait de taux d’emploi plus faibles. Des raisons culturelles et sociales peuvent également l’expliquer. Ainsi, en Guyane, les cohabitations entre parents et enfants sont fréquemment plus durables et dépourvues de ruptures significatives au cours de la vie

Source : INSEE L’économie, le social et les études, les grands facteurs de la cohabitation Le taux de cohabitation avec les parents a augmenté jusque dans les années 90 avec l’augmentation du nombre de jeunes accomplissant des études supérieures. Le nombre d’étudiants est passé de 851 000 à 2,4 millions de 1970 à 2013. D’autres facteurs ont conduit également à la progression du nombre de jeunes cohabitants. La crise du

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Ensemble Entre 18 et24 ans

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Part des personnes de 18 à 29 ans vivant chez leurs parents

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logement, l’augmentation des loyers, les difficultés croissantes d’insertion dans la vie professionnelle expliquent cette tendance. Par ailleurs, la réduction des conflits entre générations facilite la présence au sein du domicile familiale de jeunes majeurs. Dans les années 60 et 70, l’émancipation passait par la possession d’un logement. Aujourd’hui, cette règle demeure mais de manière moins intangible. Une autre explication de l’augmentation des cohabitations provient du recul de l’âge de l’installation des jeunes en couples. Mais cette installation conduit à un changement de domicile. Seuls 1,5 % des 18-24 ans et 5,2 % des 25-29 ans vivent en couple chez les parents de l’un des deux membres. La stabilisation des relations sentimentales intervient de plus en plus tard. Si, autrefois, le mariage était l’évènement qui marquait la séparation avec ses parents, son recul a modifié les comportements. Ces proportions étaient un peu plus élevées il y a 40 ans, mais la part des jeunes adultes vivant en couple était alors plus importante. Par ailleurs, leur plus grande mobilité, tant au niveau des études qu’au niveau professionnel, conduit les jeunes à conserver des attaches avec leur domicile familial. La baisse du nombre de cohabitants dans les années 90 est liée au développement des aides personnelles au logement qui ont permis aux jeunes de prendre leur indépendance vis-à-vis de leurs parents. La remontée du nombre de jeunes habitants chez leurs parents depuis 2006 est imputable à la dégradation de la situation économique. Le fort taux de chômage, proche de 25 % depuis 2012, en constitue l’une des principales explications. L’indépendance résidentielle intervient en effet au moment de l’accès à l’emploi. Par ailleurs, durant les périodes de faible croissance, les jeunes sont incités à allonger leurs études tant pour retarder l’arrivée sur le marché du travail que pour améliorer leur niveau de formation. L’augmentation des prix de l’immobilier, très rapide depuis une dizaine d’années, freine l’accès au logement des jeunes qu’ils soient étudiants ou actifs.

Source : INSEE

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Taux de cohabitation des jeunes de 18 à 29 ans en %

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Les parents contribuent au financement du logement de leurs enfants Les jeunes adultes qui ont quitté le domicile parental reçoivent une aide financière de leurs parents soit sous forme d’une aide directe et régulière, soit sous forme d’une pension alimentaire ou du paiement du loyer. Le soutien financier des parents diminue avec l’âge. 68,6 % des 18-19 ans vivant en logement indépendant reçoivent une aide régulière, contre 9,7 % des 24-25 ans et 3,4 % des 28-29 ans. Parmi les plus jeunes, ce sont surtout les étudiants qui bénéficient de cette aide. Chez les 25-29 ans, ce sont surtout les chômeurs. Les « Tanguy » Au-delà de 30 ans, à peine 2 % de personnes cohabitent encore avec leurs parents. Ils sont alors plus souvent (12 %) les occupants en titre du logement que les moins de 30 ans (moins de 5 %). 85 % des personnes qui logent chez leurs parents ne sont jamais parties vivre ailleurs. 15 % effectuent des allers-retours du fait d’une perte d’un emploi, d’un divorce ou d’une séparation. La nécessité de venir en aide à un parent en situation de maladie ou de dépendance explique également le retour au sein du domicile parental. Les cas de retour chez les parents ne constituent pas uniquement des situations transitoires. Pour près de 80 % des plus de 30 ans concernés, ce retour dure au moins un an. Cohabitation volontaire et cohabitation subie Neuf personnes sur dix qui ont toujours habité chez leurs parents n’envisagent pas de s’installer dans un logement indépendant au cours des 6 mois à venir. La plupart, notamment les plus jeunes, ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour cela, même en bénéficiant d’une aide familiale. Même s’ils avaient les moyens financiers pour partir, près des trois cinquièmes resteraient chez leurs parents. La situation de ceux qui sont revenus vivre chez leurs parents pour d’autres raisons que pour y passer les vacances est différente. Au sein des moins de 30 ans, 40 % envisagent de partir à court terme, la moitié n’en ayant cependant pas les moyens financiers. La majorité de ceux qui n’envisagent pas de partir manquent des moyens financiers nécessaires. S’ils disposaient de ces moyens, une large part d’entre eux quitterait le logement parental (74 % avant 30 ans, 58 % à partir de 30 ans).

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LE COIN DES TENDANCES Paris coule-t-il ? La Seine, fleuve à débit lent mais à vaste réseau fluvial de surface et souterrain, connaît des périodes de crue qui, à défaut d’être régulières, ne sont pas rares. L'Île-de-France recouvre à peine 2 % de la superficie de la France métropolitaine, mais concentre un cinquième de sa population et produit près du tiers du PIB. Elle est dépendante du cours du fleuve qui la traverse de part en part. A plusieurs reprises, l’OCDE a attiré l’attention des autorités françaises pour prendre des mesures. En 2014, l’organisme international avait mis en garde les autorités sur le manque d’investissement. Il vient de réitérer en soulignant qu’une inondation pourrait mettre en danger la tenue des Jeux Olympiques de 2024. Néanmoins, la probabilité d’être confronté à une crue au plein milieu de l’été est plus faible qu’en hiver. La crue de la Seine au cours du premier mois de janvier 2018 est la deuxième en moins de deux ans, la précédente datant de mai/juin 2016. Ces deux évènements ne sont-ils que des épiphénomènes ou traduisent-ils un changement de tendance lié au climat et de topographie des sites ? L’urbanisation avec l’artificialisation des sols favoriserait les crues. Les périodes de pluie, plus espacées mais plus intenses, conduisent à une multiplication des inondations. Dans le passé, la Seine a connu de nombreuses crues (1658, 1876,1910, 1955 et 2016). Une des plus importantes fut celle de 1658 où, selon plusieurs études, le niveau de la Seine aurait été supérieur de 30 à 50 centimètres à celui de 1910. Face à ces caprices de la nature, les pouvoirs publics ont depuis des siècles tentés de contenir le cours du fleuve. Ainsi, après la crue de 1876, les quais furent relevés à Paris mais de manière insuffisante pour contenir les inondations de 1910. Le lit de la Seine est assez étroit surtout à Paris. Il y a plusieurs centaines d’années, le fleuve a perdu un de ses bras qui, au nord du cours actuel, longeait les bords de la colline de Belleville et rejoignait l’autre bras à proximité de la colline de Chaillot, Le comblement de ce bras pourrait être la conséquence de captage ou de modification du débit d’affluents. Ce changement de lit s’est traduit par un passage plus court du fleuve dans Paris mais aussi plus pentu. La Seine a été voie de circulation, d’activités économiques et lieu de vie. Elle a souffert de pollution du fait que les déchets de Lutèce puis de Paris y étaient jetés. Mal entretenue, les crues étaient fréquentes durant tout le Moyen Âge et la Renaissance. Au XVIIe siècle, la construction de ponts, l’installation de pompes ont favorisé les débordements du fleuve. À partir du 1er Empire, des mesures sont prises afin de prévenir les risques d’inondation. Ainsi, sont construits des quais de hauteur homogène. Ces quais en améliorant la vitesse moyenne du courant, accroissent le débit et conduisent à une baisse de plus de 10 centimètres du plan d’eau. Il a été également décidé de supprimer des pompes dont celle de la Samaritaine. La construction de nouveaux ponts est soumise à des règles plus strictes. Les arches doivent être beaucoup plus larges qu'antérieurement.

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Sous la Deuxième République et Napoléon III, de nombreux travaux sont réalisés avant tout pour rendre navigable la Seine tout le long de l’année. À partir de 1850, des dragages sont régulièrement pratiqués. Des travaux de modernisation des ponts sont entrepris tant pour faciliter la circulation tant routière que fluviale.

Source : La Lettre Eco La crue de 1910, plus de 1,4 milliard d’euros de dégâts. En atteignant la cote de 8,62 mètres, la crue de 1910 occasionna des dégâts évalués à plus de 1,6 milliard d’euros, ce qui, au regard de la situation économique de l’époque, était considérable : 20 000 immeubles inondés dans la capitale, 30 000 maisons touchées en banlieue, 150 000 sinistrés qui durent être relogés. La moitié du réseau métropolitain est paralysé. L’électricité est coupée dans de nombreux quartiers parisiens. Les ascenseurs qui fonctionnent par air comprimée sont à l’arrêt faute d’être ravitaillée. La situation resta préoccupante durant plus de deux mois, le temps que l’eau soit évacuée. Malgré tout, seul un mort fut recensé en raison des inondations. Du fait des dégâts provoqués par la crue de 1910, des grands travaux furent entrepris. En amont de Paris, 4 grands lacs artificiels permettent de réguler le débit de la Seine et de la Marne. Ils sont, depuis 1969, gérés par l’Institution Interdépartementale des Barrages Réservoirs du Bassin de la Seine. Cette institution joue un rôle majeur de régulation du bassin amont de la Seine grâce à 4 grands lacs-réservoirs. Les lacs-réservoirs limitent les inondations en retenant une partie du débit des rivières en crue. Leur action diminuerait ainsi de 70 cm la hauteur d’eau à Paris dans le cas de crue majeure. De nombreux travaux de génie civil ont été également effectués à Paris après la crue de 1910 avec la construction de parapets, le rehaussement de ponts et des quais de la Seine, le creusement du lit du fleuve et la modernisation des écluses. Depuis 2006 un dispositif pour contenir la Seine dans son lit jusqu’à la cote atteinte en 1910 est opérationnel. Des dispositifs de barrages mobiles ont été acquis afin de protéger certaines installations sensibles et éviter une paralysie de la ville en cas de crue centennale.

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Crues de la Seine, hauteur de la Seine en mètre au Pont d'Austerlitz

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Les dispositifs et plans de prévention ont été testés lors de la crue de 2016 qui a été la première d’importance depuis 1955. Les inondations de 2016 ont coûté plus d’un milliard d’euros aux assureurs. Plus de 17 000 personnes ont dû être évacuées et deux personnes sont mortes. En 2018, le coût devrait être moindre, de 100 à 300 millions d’euros. Le caractère progressif de la crue a limité l’effet de surprise et a permis une meilleure anticipation de la part des pouvoirs publics. La zone inondée est, jusqu’à maintenant, moindre qu’en 2016. Deux inondations en deux ans, c’est assez rare pour la Seine mais cela ne suffit pas pour affirmer que cela augure d’un cycle de crues plus soutenu. Certes, certains considèrent que l’urbanisation croissante de la région favorise la sortie de son lit du fleuve. Le taux d’artificialisation des sols est supérieur à 20 % en Île-de-France contre 9 % pour l’ensemble de la France. Ce taux est de 97 % à Paris et dépasse 40 % pour les communes limitrophes. Le développement des parkings, des centres commerciaux, des grands ensembles, des entrepôts ainsi que des axes de communication contribuent à la disparition des terres arables. Le lit de la Seine accueille en surface et en souterrain une part croissante des écoulements d’eau qui ne sont plus absorbés par les sols. De ce fait, en période de pluie, la montée du fleuve s’accélère et accroît les dégâts. Par ailleurs, le réchauffement climatique pourrait se traduire par une accentuation des phénomènes pluvieux qui seraient donc moins nombreux mais plus violents. En prenant en compte les évolutions urbanistiques de la région Île-de-France, l’OCDE considère qu’une crue comparable à celle de 1910 pourrait affecter jusqu’à 5 millions de citoyens et provoquer jusqu’à 30 milliards d’euros de dommages directs. Les effets sociaux et économiques d’une inondation sont accrus en raison de la densification de l’habitat et des activités à Paris et en banlieue. L’utilisation des techniques de l’information rend l’activité très vulnérable en cas de rupture des réseaux. Dans une note publiée durant la crue du mois de janvier 2018, l’OCDE souligne que si des progrès ont été accomplis depuis la réalisation de l’étude qu’elle avait menée sur le sujet en 2014, plusieurs faiblesses demeurent en particulier au niveau de la gouvernance. L’institution internationale note que l’empilement des structures freine la réalisation d’investissements et constitue une source de déperdition d’énergie surtout en période de crise. Communes, départements, Région, Métropole, établissements publics de bassin, État, sociétés concessionnaires : le nombre d’acteurs est très important. L’organisation internationale considère que les autorités devraient mieux prendre en compte les risques liées à de possibles crues majeures. Elle conseille la réalisation d’infrastructures adéquates dans le cadre des projets du Grand Paris et des Jeux Olympiques de 2024. L’OCDE préconise que la Métropole du Grand Paris se saisisse du dossier en relation avec les autres collectivités territoriales et veille à une meilleure intégration de ce risque majeur dans les politiques urbaines. Elle s’inquiète que les nouveaux quartiers de densification urbaine prévus dans le cadre du Grand Paris soient en zone inondable et demande que des mesures soient prises afin de réduire les risques. La modernisation des digues et murettes de protection le long de la Seine, ainsi que des infrastructures critiques exposées aux inondations est jugée prioritaire. L’organisation internationale considère que, depuis les années 70, les investissements en la matière sont en recul. La création d’un nouveau lac de rétention est également considérée comme nécessaire. Le

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projet de développement d’une zone de stockage des crues – restauration des zones humides et création de bassins – à La Bassée, en amont de Paris, est évoqué depuis 20 ans. Il permettrait de retenir 55 millions de mètres cubes d’eau, pour un coût toutefois estimé à 600 millions d’euros. L’OCDE mentionne qu’une crue majeure aurait les mêmes effets sur la capitale que l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans, ou que la tempête Sandy à New York. L’organisation internationale préconise l’instauration d’une taxe inondation pour financer dans les meilleurs délais les investissements jugés les plus urgents. Les nouvelles dimensions du monde L’économie mondiale en cette fin de deuxième décennie du XXIe siècle ne ressemble en rien à celle qui prévalait en 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, la gouvernance, les rapports de force, les zones de tension restent les mêmes. Si en 1950, l’économie mondiale se résumait à une dizaine d’États, aujourd’hui 80 sont des acteurs de premier choix. La mondialisation qui s’est accélérée dans les années 90 a transformé les modes de production en éclatant les chaînes de valeurs, en multipliant les échanges commerciaux à travers toute la planète. Ainsi, un ordinateur de la marque Lenovo produit en Chine avant d’arriver à Paris prendra quatre fois l’avion en passant par la Corée, l’Azerbaïdjan et l’Allemagne. Au préalable son assemblage aura nécessité l’intégration de pièces en provenance d’une dizaine de pays. La mondialisation, le développement des techniques de l’information et de la communication rassemblent tout en divisant. La montée du populisme et la remise en cause des fondements même de la démocratie ont fini de détruire l’idée de la fin de l’histoire chère à Francis Fukuyama. Il y a 74 ans, à la conférence de Yalta, les États-Unis et la Russie se partageaient en zones d’influences une grande partie de la planète. Les lignes ont depuis changé mais les comportements et les organisations internationales beaucoup moins. Ainsi, le FMI est toujours présidé par une Européen quand la Banque mondiale l’est par un Américain ou un proche de ceux-ci. L’alliance militaire, l’OTAN, mise en place pour endiguer la montée du communisme, a survécu à la disparition de celui-ci en Russie. L’ONU reste dirigée par le Conseil de Sécurité qui compte les vainqueurs de la guerre 39/45, les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine. 73 ans plus tard, cette situation peut apparaître assez étonnante. États-Unis, l’hyperpuissance peut-elle rentrer dans le rang ? Les États-Unis ont été le centre du monde libre, de la sortie de la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 90. Première puissance économique et militaire, ils étaient les seuls à pouvoir faire face à l’URSS. Ils ont alors institué un nouveau système impérial reposant sur du donnant/donnant dont le plan Marshall en était la meilleure illustration. La diffusion de l’ « American Way of Life » était un gage de réussite tant pour les alliés que pour les États-Unis qui pouvaient en tirer des profits d’un point de vue commercial. L’anti-américanisme était bien souvent plus une façade qu’une réalité. Ainsi, la France pouvait sortir de l’OTAN tout en sachant qu’elle bénéficiait du parapluie atomique américain. La chute de l’URSS consacra la victoire des États-Unis mais c’était une victoire presque en trompe l’œil, l’adversaire ayant avant tout implosé. Première puissance mondiale mais devant faire face à de nombreuses faiblesses structurelles (déficit commercial abyssal, inégalités croissantes, stagnation voire déclin de l’espérance

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de vie), les États-Unis ont assumé pleinement leur rôle de gendarme mondial, fonction que nul ne pouvait leur contester durant les années 90 et 2000. Les attentats du 11 novembre 2001, les premiers à frapper le pays en son sein, modifièrent la ligne politique et diplomatique du pays. Il en résulta une opposition croissante au multilatéralisme et un populisme de plus en plus exacerbé qui a abouti à l’élection de Donald Trump en 2016. Après un cycle de guerres à l’extérieur, la Bosnie, l’Afghanistan et l’Irak, l’isolationnisme tend à reprendre ses droits aux États-Unis. Forts de leur avance technologique et de leur capacité à attirer les chercheurs de toute la planète, les États-Unis exercent avec les GAFA et les autres entreprises du secteur des nouvelles technologies une domination douce tant économique que culturelle. La Chine en ayant ses propres entreprises technologiques est un des rares puissances économiques à résister à la force américaine dans le secteur de l’Internet. Puissance militaire, puissance économique, puissance technologique, puissance financière, les États-Unis ont depuis plus de 70 ans joui d’un poids que peu d’Empires avaient connu dans le passé. Dans toute leur histoire, ni le Royaume-Uni, ni la France ou l’Allemagne n’ont disposé d’autant de cartes. Il faut remonter à l’Antiquité pour retrouver des situations comparables au regard des capacités technologiques de l’époque. La fin des monopoles américains peut-elle se réaliser en douceur ou est-elle source de crises économiques et de conflits militaires ? Dans le passé, les systèmes multipolaires se sont révélés instables du fait de l’absence de dispositifs de régulation. L’Europe ou comment renouer avec le sens de l’histoire ? À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe était tout à la fois divisée et en grande partie détruite. Avec le plan Marshall, l’Europe de l’Ouest se reconstruisit quand, à l’Est, l’Union soviétique institua un mode de développement planifié dans le cadre du Pacte de Varsovie. À l’Ouest, l’après-guerre fut marqué par la disparition des Empires. La construction européenne joua alors un rôle de dérivatif en particulier pour la France. La Communauté Européenne pour le Charbon et l’Acier en 1951 et la Communauté Economique Européenne de 1957 ainsi que l’Euratom contribuèrent à sceller la paix entre les anciens ennemis. La chute du mur de Berlin en 1989 et la chute de l’URSS en 1991 ont permis la réunification du continent qui, dans les faits, s’est cependant révélée assez virtuelle. Ainsi, l’Europe n’a pas été capable de s’émanciper réellement des États-Unis. L’intégration des pays d’Europe de l’Est au sein de l’Union européenne a été décidée pour ancrer ces pays dans le camp de la démocratie et pour éviter le retour de conflits nationalistes. Un quart de siècle plus tard, si la transition économique a été plutôt réussie, la constitution d’une communauté de destin est en panne. L’élargissement mené rapidement et sans être accompagné d’une réelle remise en cause des modes de fonctionnement antérieurs semble avoir anémié l’esprit européen. Aujourd’hui, la monnaie unique apparaît pour certains comme un « pont trop loin » et pour d’autres comme le symbole de la fin d’un processus. Rares sont ceux qui considèrent qu’elle n’est qu’une étape vers une unification plus poussée. Selon le politologue américain, Robert Kagan, l’Europe accaparée par sa propre construction, serait sortie de l’histoire en refusant de prendre en compte les mutations internationales. L’Asie ou le choc des titans En Extrême Orient, en 1945, le Japon accepta de reconnaître la supériorité américaine tout en obtenant le maintien de ses coutumes. En renonçant à sa puissance militaire, le pays se reconstruisit dans les années 50 et 60 en assumant le rôle d’allié des États-Unis

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avant de devenir un de ses plus durs concurrents économiques dans les années 80. En raison d’une démographique déclinante, d’une faible ouverture sur l’extérieur, le Japon connaît un étiolement relatif depuis vingt ans, étiolement assez indolore en raison de l’état de richesse acquis et de la baisse du nombre d’habitants. Le Japon, autrefois seul représentant des pays avancés en Asie, doit composer avec des nouveaux venus avec lesquels les relations ont pu, dans le passé, être conflictuelles. La Chine s’est affirmé comme la plaque tournante de la zone Asie voire de la planète. La Corée du Sud a rattrapé le Japon sur le plan technologique voire le dépasse pour certaines technologies. De nouveaux pays émergents comme le Vietnam, le Cambodge ou les Philippines modifient les équilibres de cette zone économique en plein essor. La Chine, un nouveau grand à la recherche de sa place Sortie vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, mais terriblement affaiblie et divisée, la Chine opta pour un mode de développement autocentré avec la révolution maoïste en phase avec ses tentations isolationnistes. Si dans un premier temps, elle accepta de s’associer à Moscou dans la lutte contre le capitalisme, pour des raisons géostratégiques et idéologiques, les liens avec l’URSS se distendirent à partir de 1965 au point que des incidents de frontières se produisirent en 1969. La fin de l’isolationnisme chinois n’est réellement intervenue qu’à partir de 1978 avec l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping. La Chine joua alors la carte américaine pour affaiblir son ancien allié considérant que le premier était moins dangereux que le second. Si l’ouverture commerciale de la Chine n’a pas été remise en cause depuis quarante ans, en revanche, la libéralisation politique fut bloquée nette avec les manifestations de Tian'anmen entre le 15 avril 1989 et le 5 juin 1989. En moins de deux générations, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale. Elle est le premier exportateur de la planète. Elle entend occuper de plus en plus le rang qui est le sien au niveau international en commençant à maîtriser son espace proche en Asie d’où de possibles tensions avec ses voisins japonais, russes ou coréens du Sud. Les pays émergents réalisent désormais plus de 50 % du PIB mondial. Ils sont responsables des deux tiers de l’accroissement annuel de richesses. La Chine partage avec les États-Unis l’idée d’être le centre du monde mais la traduction ou l’expression en est différente. Les Américains sont convaincus que leur système est le meilleur et que les autres ont tout intérêt à l’adopter. Les Chinois n’ont pas cette prétention mais considèrent que tout doit être fait pour assurer la pérennité de leur système et des valeurs qu’il porte. La diplomatie chinoise est encore portée par des principes assez traditionnels, la sécurisation des routes maritimes, le contrôle de routes ferroviaires, de ports d’aéroports, etc. Les États-Unis ont compris de leur côté tout l’intérêt des nouveaux moyens de communication pour diffuser leurs valeurs et vendre leur culture. Les deux Empires partagent en commun l’idée qu’il faut, coûte que coûte, défendre son marché intérieur. Ce dernier constituerait une base pour mener des combats économiques voire militaires ou pour effectuer des replis stratégiques. En n’étant pas une structure intégrée, l’Europe apparaît comme un espace plus ouvert. L’Inde, un futur grand ? Future première puissance démographique mondiale, l’Inde enregistre depuis plusieurs années une forte croissance supérieure à celle de la Chine. Ce pays est censé occuper une place de choix tant dans le concert des nations qu’au niveau économique. Les pouvoirs publics constituent une force militaire dotée de plusieurs porte-avions afin de

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rivaliser avec les autres grandes puissances. Si les divisions sociales liées à la persistance des castes constituent une faiblesse récurrente de l’Inde, cette dernière dispose d’atouts économiques indéniables grâce à une recherche de haut niveau et à la présence d’entreprises internationalisées. Les États d’Amérique latine qui durant la Seconde guerre mondiale s’étaient propulsés parmi les grandes puissances économiques du fait de la disparition des États européens, n’ont pas confirmé leur rang. Les problèmes politiques, la corruption, la dépendance aux cours des matières premières ont pesé sur le développement de ces pays. Le Brésil figure toujours parmi les pays à fort potentiel mais qui connaît périodiquement de graves crises qui l’empêchent d’accéder au rang de grande puissance. Le Moyen-Orient, terre de conflits polyphoniques Depuis 1945, le Proche-Orient est un champ de bataille où se mêlent les enjeux religieux, territoriaux et économiques. Depuis la fixation des frontières par les accords Sykes-Picot, en 1916, la région n’en finit pas de se déchirer. La guerre froide et la cause palestinienne, durant les années 50 et 60, ont atténué les différents entre les États. L’affaiblissement progressif de l’Egypte du fait de la forte croissance démographique non accompagnée par une montée en puissance économique, l’arrivée des Ayatollahs en Iran et la succession de conflits qui ont concerné l’Irak puis la Syrie et Oman ont fini par déstabiliser le Proche Orient. Des années 50 aux années 2000, la Turquie a tenté de jouer le rapprochement avec l’Occident, avec les États-Unis et l’Europe au point de poser sa candidature à l’Union européenne. Elle est désormais tentée de renouer avec une politique plus nationaliste et plus ottomane. Or, la Turquie est devenue en un quart de siècle la deuxième puissance industrielle d’Europe. Son rapprochement avec la Russie, aussi surprenant soit-il, constitue une évolution importante dans la diplomatie turque. L’autre grand pays de la région, l’Iran, héritier de l’Empire perse, par sa taille, son poids démographique et politique ainsi que religieux joue un rôle de plus en plus déterminant au sein de la zone du Proche et du Moyen Orient. Ses relations avec l’Arabie Saoudite et Israël conditionneront l’avenir de cette région. Ce pays d’une quarantaine de millions d’habitants doit gérer une mutation délicate. Passer d’un pays de rentiers du pétrole à une puissance économique diversifiée n’est pas aisé. Par ailleurs, la réduction des recettes pétrolières contraint ce pays à réaliser des économies, ce qui n’est pas sans incidence sur le fonctionnement du régime politique. Du fait de l’indépendance énergétique retrouvée des États-Unis grâce au pétrole de schiste, ces derniers pourraient être tentés de moins être présents au Proche et Moyen Orient, considérant qu’ils n’ont pas à financer la sécurisation des approvisionnements énergétiques de l’Europe et du Japon. La Russie hantée par la grandeur passée et la menace de l’encerclement La Russie reste hantée par la menace de l’encerclement. La crainte d’être dépossédée par la Chine, les Européens, et les Américains reste vivace et sert de ciment à ce pays dont la superficie est la plus grande la planète. La Russie dont la transition vers l’économie de marché ne date que de 1991 doit gérer plusieurs défis, le vieillissement rapide de sa population, la dépendance au pétrole et au gaz, le sous équipement en infrastructures et l’absence de culture démocratique. L’affaire ukrainienne a durablement porté atteinte aux relations avec l’Occident. L’Ukraine ou plus précisément Kiev est le cœur de la Russie aux yeux de ses habitants. La cession est un acte politique individuel

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de la part Nikita Khrouchtchev. Ce dernier a opéré le transfert par simple décret, en 1954. Le don était sans conséquence et était symbolique car l'Ukraine faisait partie intégrante de l'URSS. Par ailleurs, ce « don » de Khrouchtchev était censé marquer le tricentenaire du traité de Pereïaslav, par lequel les cosaques d'Ukraine avaient proclamé leur allégeance à Moscou. La cession avait alors été présentée comme un « cadeau » de remerciement de la Russie à l'Ukraine, célébrant la fraternité entre les peuples de l'Union soviétique. Enfin, des liens sentimentaux liaient Khrouchtchev avec l'Ukraine, où il avait travaillé à la mine et avait fait son ascension politique. Selon l'arrière-petite-fille du dirigeant soviétique, Nina Khrouchtchev, la cession de la Crimée « était dans une certaine mesure un geste personnel envers sa république préférée ». La crainte d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, toujours perçue comme une alliance antirusse, a accéléré la décision des autorités de Moscou de rattacher la Crimée et de favoriser une rébellion pro-russe dans les territoires de l’Est de l’Ukraine. Cette crise a relancé une guerre semi-froide avec les occidents et mis à mal l’idée d’un grand espace européen de coopération économique. Pour desserrer l’étreinte, la Russie a rétabli des liens avec plusieurs de ses anciens alliés de feu le Pacte de Varsovie. Ainsi, les échanges avec la République tchèque, avec la Hongrie voire la Bulgarie sont en net progrès. Ces pays partagent certaines valeurs de plus en plus éloignées de celles en vigueur au cœur de l’Union européenne. L’Afrique, le continent de tous les espoirs et de tous les dangers Continent de plus de 50 États aux frontières récentes et artificielles, l’Afrique a, depuis 1945, été confronté à une série d’évènements allant de la décolonisation aux conflits entre États en passant par des guerres civiles, des famines et des épidémies. La population africaine devrait passer de 1,2 à 2,5 milliards d’habitants de 2016 à 2050. Au milieu du siècle, les Africains représenteront un quart de l’humanité. Un Africain sur deux aura alors moins de 18 ans. Plus de 100 villes compteront plus d’un million d’habitants. Une mégapole de la Côte d’Ivoire au Nigéria devrait alors accueillir des dizaines de millions de personnes. Faute d’une croissance suffisante, les migrations ne pourront que s’accroître avec les risques de conflits et de déstabilisation politique. L’Europe sera la première concernée en tant que voisin et possible terre d’accueil de ces millions de réfugiés. L’Afrique peut être tout la fois une chance d’expansion comme une véritable bombe économique, environnementale et géopolitique. Le défi climatique à la recherche d’une solution multilatérale La question climatique constitue un défi majeur des prochaines décennies. Elle est par nature supranationale et s’impose à des États qui sont de plus en plus nombreux à rejeter le multilatéralisme comme l’a prouvé la décision de Donald Trump de soustraire les États-Unis à l’accord de Paris. Faute d’instance de contrôle et de sanctions, nul n’imagine que les accords sur les émissions de CO2 puissent être respectés. De ce fait, aujourd’hui, le Monde ne se situe pas du tout sur la trajectoire permettant une stabilisation des émissions de CO2 qui permettrait de respecter les objectifs climatiques. Dans ces conditions, si les experts du GIEC ont raisons, les États devront gérer d’ici la fin du siècle de nombreux problèmes liés à la montée des eaux, à la sécheresse provoquant d’importantes migrations de population et à la baisse possible des surfaces de terres arables.

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À la recherche d’une nouvelle croissance Outre ces changements géostratégiques et climatiques, il convient également de prendre en compte les mutations technologiques. La révolution en cours avec le déploiement des robots, de l’intelligence artificielle, même si le terme est usurpé, constitue un défi majeur. Est-elle destructrice d’emplois ou contribuent-elles plutôt à la modification de la structure des emplois, avec la bipolarisation des marchés du travail ? Les classes moyennes qui depuis le milieu du XXe siècle sont devenues les moteurs de l’économie mondiale sont-elles amenées à disparaître avec la diminution du nombre des emplois intermédiaires ? Cette révolution économique comme les précédentes créera-t-elle, dans le cadre du processus schumpetérien de destruction créatrice, de nouveaux emplois ou la polarisation des emplois débouchera sur de nouveaux conflits sociaux ? La productivité qui depuis une vingtaine d’années s’étiole, connaîtra-t-elle un rebond et mettre un terme au débat sur la « stagnation séculaire » ? L’énigme du futur de la démocratie Jamais autant d’États n’ont pu être considérés comme des démocraties. Pour autant, une analyse fine débouche sur un état des lieux moins favorables. Si les élections des dirigeants se généralisent, elles s’accompagnent d’une montée du populisme et de l’avènement de gouvernements autocratiques. En Europe même, des États membres de l’Union européenne remettent en causes certaines valeurs démocratiques comme la séparation des pouvoirs et la liberté de la presse. Le culte de la personnalité devient la règle, aidé en cela par l’extra-médiatisation et les moyens qu’offrent les nouvelles techniques de la communication. Dans tous les grands pays, les pratiques institutionnelles héritées du passé sont remises en cause. Les partis politiques, les organisations syndicales connaissent une crise de légitimité qui se traduit par la baisse de l’engagement militant. Les anciens corps intermédiaires éprouvent des difficultés à maintenir leurs structures face à l’avènement de communautés structurées en ayant recours aux réseaux. La laïcisation, la désidéologisation et la désintermédiation de la société conduisent les individus à être, sur le plan des idées, plus mobiles, plus sensibles ou vulnérables aux modes. Aux États-Unis, en France, en Italie, en Espagne et même en Allemagne avec la progression de l’extrême droite lors des dernières élections législative, les partis politiques traditionnels, disposant pourtant de larges réseaux, sont à la peine, voire disparaissent. Une nouvelle forme de démocratie, fonctionnant toujours plus dans l’instantané, se met en place. Entre l’exigence de transparence, l’émotionnel et la manipulation, les frontières sont fines et perméables.

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LE COIN DES GRAPHIQUES Peu d’entreprises mais des emplois en nombre dépendent de l’étranger ! En 2015, 28 100 entreprises au sens unités légales et entreprises profilées sont sous le contrôle de firmes multinationales étrangères en France. Ces entreprises représentent moins de 1 % des entreprises en France, dans les secteurs marchands non agricoles et non financier. Elles emploient 1,8 million de personnes (salariés et non-salariés), soit 11 % des effectifs de fin d’année des entreprises présentes sur le sol français. Parmi les 118 pays étrangers contrôlant des entreprises en France, 16 représentent 95 % de l’emploi en France sous contrôle étranger. Les pays européens en concentrent 70 % : au premier rang, l’Allemagne avec 312 000 emplois, suivie par la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Belgique. Hors Union européenne, ce sont surtout les multinationales des États-Unis qui emploient le plus en France (312 600 emplois), puis vient la Suisse et plus loin le Japon et le Canada.

Source : INSEE

1,6

28,9

48,3

40,1

38,3

39,9

97,4

59,9

39,0

43,4

44,1

38,8

Nombre d'entreprises

Nombre de personnes employées

Investissement

Valeur ajoutée

Coûts de personnel

Chiffre d'affaires

Contribution des différents types d'entreprises en France en % (2015)

Firmes multinationales étrangères Firmes multinationales françaises Autres entreprises françaises

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Source : INSEE Les emplois dans le secteur industriel sont surreprésentés dans les entreprises contrôlées par des firmes multinationales étrangères. L’industrie manufacturière concentre 37 % de l'emploi sous contrôle étranger en France, contre 25 % pour les multinationales françaises et 13 % pour les autres entreprises françaises. Le commerce est le deuxième secteur le plus important (30 % des emplois sous contrôle étranger), en particulier grâce au commerce de gros. Ce dernier regroupe 16 % des emplois dépendant de multinationales étrangères, contre 6 % pour les multinationales françaises. À l’inverse, seuls 2 % des emplois sur le sol français des entreprises sous contrôle étranger sont dans le secteur de la construction.

02468

1012141618

Part en % de l'emploi français contrôlé par des entreprises de différents pays en 2015

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LE COIN DE L’AGENDA ECONOMIQUE DE LA SEMAINE Lundi 5 février L’indice PMI des services sera publié pour la Chine, le Japon, l’Espagne, l’Italie, la France, l’Allemagne, l’ensemble de l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. L’indice PMI « composite » sera rendu public pour la France, l’Allemagne, l’Union européenne et les États-Unis. L’indice PMI « manufacturier » sera communiqué pour la France. Sera rendu public les projections pour l’investissement dans l’industrie du 1er trimestre. En Espagne, il faudra suivre le taux de chômage du mois de décembre. Pour l’Union européenne, l’indice sur la confiance des consommateurs de février sera connu. Sera également publié le résultat des ventes au détail du mois de décembre. Mardi 6 février Au Royaume-Uni, sera rendu public l’indice des ventes au détail de janvier. En Allemagne, il faudra regarder les commandes d’usine du mois de décembre. En France, sera publié le résultat de l’exécution budgétaire du mois de décembre. BNP PARIBAS communiquera ses résultats annuels 2017. Aux États-Unis, seront communiqués les résultats de la balance commerciale du mois de décembre. Au mois de novembre, le déficit avait atteint 50 milliards de dollars. Sera également communiqué l’indice d’optimisme économique IBD/TIPP de février. Les stocks hebdomadaires de pétrole brut seront rendus publics. Mercredi 7 février Au Japon, il faudra suivre les indices économiques avancés et l’indice « coïncident » de décembre. En Allemagne, il faudra regarder la production industrielle de décembre. En France, sera attendu le résultat de la balance commerciale de décembre. Vinci et Sanofi rendront publics leurs résultats annuels 2017. La BCE se réunit mais la politique monétaire n’est pas à l’ordre du jour. Au Royaume-Uni, seront publiés les indices sur le prix des maisons pour le mois de janvier. En Italie, seront communiqués les résultats sur les ventes au détail de décembre.

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Aux États-Unis, sera rendue publique la variation du crédit à la consommation du mois de décembre. Au Japon, les résultats de la balance commerciale du mois de décembre seront communiqués. Jeudi 8 février En Chine, sera publié le résultat de la balance commerciale du mois de janvier. Au Japon, il faudra regarder les enquêtes « Economy Watchers » (prévisions et conditions actuelles) du mois de janvier. En Allemagne, seront attendus les résultats de la balance commerciale du mois de décembre. Au Royaume-Uni, sera connu le taux de chômage du mois de novembre. Seront suivies les annonces de la Banque centrale sur les taux et la politique monétaire. Le rapport trimestriel sur l’inflation sera rendu public. En France, les entreprises Total, Legrand, Société générale, Publicis, pernod Ricard, Lagardère, Hermès et l’Oréal publieront leurs résultats 2017. Vendredi 9 février En Chine, l’indice des prix à la consommation sera communiqué. En France, il faudra suivre le résultat de la production industrielle de décembre. Les sociétés Amundi et Euler-Hermes rendront publics leurs résultats 2017. Le résultat de la production industrielle de décembre sera également communiqué pour le Royaume-Uni et l’Italie. Pour le Royaume-Uni, le résultat de la balance commerciale de décembre sera rendu public. Une première estimation sur la croissance du 1er trimestre sera publiée. Aux États-Unis, seront communiqués les stocks de gros de décembre et le décompte des forages pétroliers US Baker-Hughes.

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LE COIN DES STATISTIQUES

France Allemagne Italie Espagne Zone euro

Royaume Uni

PIB Mds d’euros 2017

2 229 3 144 1 681 1 119 10 789 2 393

Croissance du PIB en % 2017

1,9 2,2 1,8 3,1 2,5 1,8

Inflation en % - dec.2017

1,2 1,6 1,0 1,2 1,4 3,0*

Taux de chômage en % - déc. 2017

9,2 3,6 10,8 16,4 8,7 4,3

Dépenses publiques en % du PIB 2016

56,5 44,3 49,6 42,4 47,8 42,1

Solde public en % du PIB

-2,8 +0,8 -2,5 -4,5 -1,6 -2,9

Dette publique en % du PIB 3e T 3 - 2017

98,1 65,1 134,1 98,7 88,1 86,5

Balance des paiements courants en % du PIB sept. 2017

-1,0 7,8 2,7 1,8 3,2 -5,1

Échanges de biens en % du PIB –sept. 2017

-2,7 7,5 2,7 -2,1 2,2 -7,3

Parts de marché à l’exportation en % 2017 variation depuis 1999 en %

3,1

-47,5

8,4

-16,5

2,9

-35,8

1,9

-10,5

26,8

-22,4

2,6

-48,5

Sources : Eurostat – Insee

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