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Au service de la vérité par Georges Gros E lle éclate, elle se tait, elle se recherche, elle se traque, elle se cache, elle se masque, elle se proclame, elle se crie… La vérité est au coeur de la condition humaine… et au centre du métier de journaliste. Quelque soit son média, quelque soit sa spécialité, quelque soit son poste dans la hiérarchie de la rédaction, l’homme de presse se doit d’être à son service. Mais le journaliste n’est ni juge, ni policier. Certes, il enquête, interroge, recueille des témoignages… avec pour seul objectif : l’information. L’information honnête, la plus exacte possible. L’information qui donnera à ses lecteurs, ses auditeurs, ses téléspectateurs, les éléments leur permet- tant de forger leur opinion. Bien sûr, la tentation est forte de leur faire partager ses pro- pres convictions, de se faire avocat général. La tentation est forte de choisir son camp, de se faire le héraut de telle ou telle cause, le défenseur de telle ou telle doctrine. Le jour- naliste n’est pas un être froid, hors de la société, capable de la scruter tel un scanner. Commenter l’actualité est dans son rôle. Mais la règle est d’airain : les faits sont sacrés. Les déformer volontairement pour conforter un point de vue est un crime contre la liberté de pensée. Voilà pour l’idéal. Sur le terrain, les choses ne sont pas si simples… D’abord parce que la vérité est rarement unique. La vérité du vainqueur l’emporte sur celle du vaincu. La vérité de la victime n’est pas celle de l’agresseur supposé… et chaque témoin d’un événement l’a vu et enregistré de manière dif- férente. Au journaliste de savoir démêler l’écheveau, de reconnaître, si nécessaire, que la vérité est multiple, de met- tre sur la table tous les éléments, tous les avis recueillis. Cette fonction de médiateur suppose une rigueur profes- sionnelle de chaque instant, un effort constant dans la recherche et la vérification de l’information. Ensuite, parce que, face à lui, se dressent ceux dont l’objec- tif est d’imposer leur vérité. Parfois brutalement, dans les régimes autoritaires, qui ne supportent pas l’opposition. Souvent de manière plus feutrée ailleurs, là où les forces politiques, économiques, sociales et culturelles savent que, pour triompher, elles doivent en passer par la construction d’une opinion publique favorable. Ici, le journaliste est clai- rement menacé de prison, là, il est sollicité, cajolé, aidé… et vilipendé si, rebelle, il ne se soumet pas, si, arguant de sa liberté, il rejette le doux confort de la pensée unique. Enfin, parce que, pour atteindre le grand public, l’informa- tion doit aussi satisfaire aux règles d’acier de l’économie. La rechercher, la vérifier, la présenter coûtent cher. Prospère, l’entreprise de presse peut affronter la tourmente provoquée par la révélation d’un scandale, prendre le risque d’un procès. Désargentée, elle aura tôt fait d’être étouffée, contredite, tournée en dérision. A moins que l’adversaire ne choisisse la méthode encore plus radicale de l’action civile, qui, ici el là, a déjà tué quelques titres. Q u’ils fussent pédago- gues ou responsables de politique linguisti- que, tous pressentaient que rien ne serait jamais plus comme avant pour le français, dont le prestige avait déjà connu le lourd ressac de 1940. Mais l’ère nouvelle n’était pas à l’abandon : c’est au contraire celle où sont nés les organismes qui, plus ou moins transformés au gré des néces- sités politiques, structurent la francophonie d’aujourd’hui : CONFEMEN (1960), AUPELF-UREF (1961) deve- nue l’AUF, ACCT (1970), maintenant fondue dans l’OIF. Du côté pédagogique, dès 1959, avaient été créés au sein du CIEP, le BELC, et de l’Ecole normale de Saint- Cloud, le CREDIF : deux organismes qui allaient long- temps donner le la de la méthodologie de l’enseigne- ment du français aux étran- gers. La jeune fédération venait donc compléter le dis- positif francophone, en lui amenant ses troupes de profes- seurs volontaires et enthou- siastes. Elles n’étaient à vrai dire guère fournies au départ, puis- que 25 associations seulement étaient du baptême. Mais par un renfort plus ou moins prompt, elles se virent vingt- cinq ans plus tard. Elles sont aujourd’hui 175, dans plus de 140 pays. Elles rassemblent près de 80.000 adhérents, ce qui en fait sans aucun doute l’organisme le plus important en nombre de la francophonie. LES JOURNALISTES NI DES FLICS, NI DES JUGES JOURNALISTES REGARDEZ-VOUS ! LE TEMPS DE LA DÉRISION Page 3 Page 9 Suite page 4 N° 141 JUILLET - AOUT 2009 8 EUROS T rois candidats sont déjà en lice : le président sor- tant Laurent Gbagbo, l'ancien président Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Le Premier ministre qui prit les armes contre le chef de l'État ivoirien à la tête du mou- vement des Forces nouvelles, ne se présente pas. Il entend assumer pleinement sa mission de réconciliation et de redres- sement de l'économie ivoi- rienne. Il restera neutre durant la cam- pagne. Son heure viendra si sa mission est couronnée de suc- cès. Il le sait. Serez-vous candidat à l'élec- tion présidentielle du 29 no- vembre prochain ? Non. J'ai signé un accord qui me l'interdit. Cet accord pré- voit qu'un candidat à la prési- dence de la République doit avoir entre 40 ans minimum et 75 ans maximum. Or, vous n'avez que 37 ans… Toutefois le président Konan Bédié a plus de 75 ans, mais peut se présenter. Il y a une dérogation pour lui. Une ordonnance lui permet de se présenter parce qu'il a signé les Accords de Marcoussis. Il y a eu un consensus sur ce point. Guillaume Soro : J’ai la charge de mener à bien le processus de paix Les Ivoiriens voient le bout du tunnel. L'élection présidentielle aura lieu le 29 novembre prochain mettant fin définitivement - ils veulent l'espérer - au partage de leur pays en deux zones et à une période d'insécurité sans précédent dans leur histoire. Le Premier ministre Guillaume Soro en est convaincu : il a bien voulu répondre aux questions de Jean Jolly et Georges Gros au cours d’un entretien qu’il leur a accordé suite au déjeuner de presse organisé à Paris le 26 juin par l’Association de la presse diplomatique française. Suite page 3 Edito Suite page 13 A l’occasion du 40 ème anniversaire de la FIPF, fété à l’institut de France, il est utile de rappeler l’intervenvention du Secrétaire général de la francophonie le Président Abdou Diouf lors du XII ème congrès de cette association qui rappelait ainsi la mission de la FIPF : « Vous assumer la lourde tâche de former les générations montantes de la Francophonie, de faire du français une langue intégrale : une langue des cultures, une langue d’échanges internationaux, une langue moderne ouverte sur les technologies de l’information et de la communication, une langue utile pour les activités économiques, mais avant tout une langue que l’on choisit et que l’on aime !». La Gazette a donné la parole au professeur Jean-Pierre Cuq, Président de la FIPF. Les quarante ans de la Fédération internationale des professeurs de français Page 16 CAMEROUN 17 – 22 Novembre 2009 41 èmes ASSISES DE LA PRESSE FRANCOPHONE gazette 141 aout 26/08/09 16:18 Page 1

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La Gazette N° juillet - août 2009

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Page 1: La Gazette 141

Au service de la véritépar Georges Gros

Elle éclate, elle se tait, elle se recherche, elle se traque,elle se cache, elle se masque, elle se proclame, elle secrie… La vérité est au coeur de la condition

humaine… et au centre du métier de journaliste. Quelquesoit son média, quelque soit sa spécialité, quelque soit sonposte dans la hiérarchie de la rédaction, l’homme de pressese doit d’être à son service.

Mais le journaliste n’est ni juge, ni policier. Certes, ilenquête, interroge, recueille des témoignages… avec pourseul objectif : l’information. L’information honnête, la plusexacte possible. L’information qui donnera à ses lecteurs,ses auditeurs, ses téléspectateurs, les éléments leur permet-tant de forger leur opinion.

Bien sûr, la tentation est forte de leur faire partager ses pro-pres convictions, de se faire avocat général. La tentation estforte de choisir son camp, de se faire le héraut de telle outelle cause, le défenseur de telle ou telle doctrine. Le jour-naliste n’est pas un être froid, hors de la société, capable dela scruter tel un scanner. Commenter l’actualité est dans sonrôle. Mais la règle est d’airain : les faits sont sacrés. Lesdéformer volontairement pour conforter un point de vue estun crime contre la liberté de pensée.

Voilà pour l’idéal. Sur le terrain, les choses ne sont pas sisimples…

D’abord parce que la vérité est rarement unique. La véritédu vainqueur l’emporte sur celle du vaincu. La vérité de lavictime n’est pas celle de l’agresseur supposé… et chaquetémoin d’un événement l’a vu et enregistré de manière dif-férente. Au journaliste de savoir démêler l’écheveau, dereconnaître, si nécessaire, que la vérité est multiple, de met-tre sur la table tous les éléments, tous les avis recueillis.Cette fonction de médiateur suppose une rigueur profes-sionnelle de chaque instant, un effort constant dans larecherche et la vérification de l’information.

Ensuite, parce que, face à lui, se dressent ceux dont l’objec-tif est d’imposer leur vérité. Parfois brutalement, dans lesrégimes autoritaires, qui ne supportent pas l’opposition.Souvent de manière plus feutrée ailleurs, là où les forcespolitiques, économiques, sociales et culturelles savent que,pour triompher, elles doivent en passer par la constructiond’une opinion publique favorable. Ici, le journaliste est clai-rement menacé de prison, là, il est sollicité, cajolé, aidé…et vilipendé si, rebelle, il ne se soumet pas, si, arguant de saliberté, il rejette le doux confort de la pensée unique.

Enfin, parce que, pour atteindre le grand public, l’informa-tion doit aussi satisfaire aux règles d’acier de l’économie.La rechercher, la vérifier, la présenter coûtent cher.Prospère, l’entreprise de presse peut affronter la tourmenteprovoquée par la révélation d’un scandale, prendre le risqued’un procès. Désargentée, elle aura tôt fait d’être étouffée,contredite, tournée en dérision. A moins que l’adversaire nechoisisse la méthode encore plus radicale de l’action civile,qui, ici el là, a déjà tué quelques titres.

Qu’ils fussent pédago-gues ou responsablesde politique linguisti-

que, tous pressentaient querien ne serait jamais pluscomme avant pour le français,dont le prestige avait déjàconnu le lourd ressac de 1940.

Mais l’ère nouvelle n’étaitpas à l’abandon : c’est aucontraire celle où sont nés lesorganismes qui, plus ou moins

transformés au gré des néces-sités politiques, structurent lafrancophonie d’aujourd’hui :C O N F E M E N ( 1 9 6 0 ) ,AUPELF-UREF (1961) deve-nue l’AUF, ACCT (1970),maintenant fondue dans l’OIF.Du côté pédagogique, dès1959, avaient été créés au seindu CIEP, le BELC, et del’Ecole normale de Saint-Cloud, le CREDIF : deuxorganismes qui allaient long-

temps donner le la de laméthodologie de l’enseigne-ment du français aux étran-gers. La jeune fédérationvenait donc compléter le dis-positif francophone, en luiamenant ses troupes de profes-seurs volontaires et enthou-siastes.

Elles n’étaient à vrai direguère fournies au départ, puis-que 25 associations seulement

étaient du baptême. Mais parun renfort plus ou moinsprompt, elles se virent vingt-cinq ans plus tard. Elles sontaujourd’hui 175, dans plus de140 pays. Elles rassemblentprès de 80.000 adhérents, cequi en fait sans aucun doutel’organisme le plus importanten nombre de la francophonie.

LES JOURNALISTESNI DES FLICS, NI

DES JUGES

JOURNALISTESREGARDEZ-VOUS !

LE TEMPS DE LADÉRISION

Page 3 Page 9

Suite page 4

NN°° 114411 JJUUIILLLLEETT -- AAOOUUTT 22000099 88 EEUURROOSS

Trois candidats sont déjàen lice : le président sor-tant Laurent Gbagbo,

l'ancien président KonanBédié et l'ancien Premierministre Alassane Ouattara.

Le Premier ministre qui pritles armes contre le chef del'État ivoirien à la tête du mou-vement des Forces nouvelles,ne se présente pas. Il entendassumer pleinement sa missionde réconciliation et de redres-sement de l'économie ivoi-rienne.

Il restera neutre durant la cam-pagne. Son heure viendra si samission est couronnée de suc-cès. Il le sait.

Serez-vous candidat à l'élec-tion présidentielle du 29 no-vembre prochain ?

Non. J'ai signé un accord quime l'interdit. Cet accord pré-voit qu'un candidat à la prési-dence de la République doitavoir entre 40 ans minimum et75 ans maximum.

Or, vous n'avez que 37 ans…Toutefois le président KonanBédié a plus de 75 ans, maispeut se présenter.

Il y a une dérogation pour lui.Une ordonnance lui permet dese présenter parce qu'il a signéles Accords de Marcoussis. Il

y a eu un consensus sur cepoint.

Guillaume Soro : J’ai la charge de mener à bien le processus de paix

Les Ivoiriens voient le bout du tunnel. L'élection présidentielle aura lieu le 29 novembre prochain mettant findéfinitivement - ils veulent l'espérer - au partage de leur pays en deux zones et à une période d'insécurité sans

précédent dans leur histoire. Le Premier ministre Guillaume Soro en est convaincu : il a bien voulu répondre auxquestions de Jean Jolly et Georges Gros au cours d’un entretien qu’il leur a accordé suite au déjeuner de presse

organisé à Paris le 26 juin par l’Association de la presse diplomatique française.

Suite page 3

Edito

Suite page 13

A l’occasion du 40ème anniversaire de la FIPF, fété à l’institut de France, il est utile derappeler l’intervenvention du Secrétaire général de la francophonie le Président Abdou

Diouf lors du XIIème congrès de cette association qui rappelait ainsi la mission de la FIPF :« Vous assumer la lourde tâche de former les générations montantes de la Francophonie,

de faire du français une langue intégrale : une langue des cultures, une langue d’échangesinternationaux, une langue moderne ouverte sur les technologies de l’information et de la

communication, une langue utile pour les activités économiques, mais avant tout unelangue que l’on choisit et que l’on aime !».

La Gazette a donné la parole au professeur Jean-Pierre Cuq, Président de la FIPF.

Les quarante ans de la Fédérationinternationale des professeurs de français

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CAMEROUN 17 – 22 Novembre 200941èmes ASSISES DE LA PRESSE

FRANCOPHONE

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N'êtes-vous pas déçu d'êtreexclu de cette compétition ?

Assurément pas. J'ai la chargede mener à bien le processusde paix. C'est une tâcheimportante. Je serai l'arbitre.La cohésion nationale est à ceprix. Je pense à l'avenir.

Au vôtre ?

D'abord à celui de la Côted'Ivoire. Nous avons tousbesoin de ces élections pourrelancer l'État ivoirien. Si cesélections étaient à nouveauajournées, la situation seraitintenable…

…Plus intenable que l'andernier quand elles ont étéreportées d'un an ?

Sûrement, car les circonstan-ces ont changé. En 2008,seuls 80.000 Ivoiriens étaientinscrits sur les listes électora-les. Aujourd'hui, grâce à unesociété française qui a fait untravail remarquable, le nom-bre d'inscrits est de 6,2 mil-lions.

Or, je vous rappelle que laCôte d'Ivoire compte 20 mil-lions d'habitants dont 15 mil-lions de nationaux.

Tout est en place. Il y aura11.000 bureaux de votes quiaccueilleront en moyenne 600personnes. Depuis la clôturedes inscriptions le 30 juin, laCommission électorale con-trôle la liste des votants. Ilfaut déceler notamment lesdoubles inscriptions et lesétats civils incomplets pouréviter toute contestation aumoment du dépouillement.

Dans quel climat se déroulela campagne électorale ?

Dans un climat serein. Lesdésaccords et les violences dupassé semblent oubliés. Je mesuis personnellement renduavec le président Gbagbo danstoutes les provinces de Côted'Ivoire sans déceler la moin-dre animosité contre le prési-dent et contre moi-même. Leprésident Gbagbo s'est rendudans le nord. Ouattara a pris la

parole à Bouaké, le fief deBédié qui s'est lui-mêmerendu à Korhogo et dans lefief de Gbagbo…

Pensez-vous que ce climatperdurera au moment du dé-pouillement et des résultats?

Toutes les précautions sontprises. Les Nations unies ontreçu le mandat de certifiercette élection. Durant tout leprocessus électoral, ellesferont des évaluations. Enoutre, au moment du vote, il yaura des observateurs étran-gers. L'Union africaine,l'Union européenne, laFondation Jimmy Carter aide-ront les Nations unies dansleur mission.

Enfin, je veillerai avec les for-ces ivoiriennes de police et degendarmerie à la sécurité decette campagne.

La force française Licornesera-t-elle mise à contribu-tion ?

Ce n'est pas son rôle. Elle aété très utile en évitant uneguerre civile et le partage dela Côte d'Ivoire en deux zonesennemies. Sa missions'achève. Déjà la moitié deson effectif a été rapatrié.

Êtes-vous satisfait de cetteintervention française ?

Oui, a posteriori. Tel n'étaitpas le cas au début. Nousavons interprété comme undésaveu en septembre 2002l'interposition de la ForceLicorne qui nous empêchaitde progresser vers Abidjan.De son côté, le présidentGbagbo reprochait à la Francede ne pas avoir activé lesAccords de défense qui exi-geaient, disait-il, son inter-vention contre nous.

Je reconnais aujourd'hui quela France a été impartiale etqu'elle a évité une prolonga-tion des combats.

L'amitié franco-ivoiriennea-t-elle souffert de cette crise?

Nous avons été une coloniefrançaise et nous n'en avonspas honte. C'est la vie. Tousles peuples ont été colonisés àun moment de leur histoire etont pu en retirer un profit.

Toutefois, le monde a changé.Les relations avec la Franceperdureront mais elles évolue-ront également. C'est le vœudes deux pays. Une généra-tion nouvelle arrive au pou-voir en France et en Côted'Ivoire. C'est une réalité.

Est-ce la fin de la França-frique ?

Je ne sais pas ce que c'est.

Le président gabonais OmarBongo en était l'un des sym-boles. Les poursuites enga-

gées en France contre luiétaient-elles un signe de ce

changement ?

J'ai été choqué par ces pour-suites. Pourquoi ont-elles eulieu maintenant ? Le présidentBongo a été président pendantquarante-et-un ans. Il y a cinqans, il ne serait pas mort àBarcelone mais à Paris.

Bongo a été un père pour moi.On ne peut pas avoir honte deson père. Si j'ai été ministre en2003, c'est grâce au présidentBongo qui m'a conseillé d'ac-cepter cette fonction dans l'in-térêt de la Côte d'Ivoire.

Je suis allé à ses obsèques àLibreville et j'ai conseillé auxGabonais de rester unis, de nepas agir comme les Ivoiriensaprès la mort de FélixHouphouët-Boigny.

La meilleure garantie de sta-bilité n'est-elle pas le retourà l'expansion économique ?

J'en suis égalementconvaincu. C'est pourquoi jeme suis attelé à l'assainisse-ment des finances publiquesavec le FMI, la Banque mon-diale et le Club de Paris. Lespremiers résultats sont trèsencourageants. Nous avonsréussi à résorber une grandepartie de la dette intérieure de282 milliards de CFA grâceun appui budgétaire de la ban-que mondiale de 75 milliardsde FCA et du FMI de 60 mil-liards de FCA.

Les entreprises françaisessont-elles de retour ?

La confiance revient. Lesdégâts provoqués à Abidjanpar les violences commencentà être réparés. Les procéduressuivent leur cours pour l'in-demnisation des victimes deces émeutes.

Les grandes entreprises fran-çaises sont toujours présentes.Bouygues est impliqué dansl'énergie ivoirienne. Bollorégère le domaine portuaire etaéroportuaire.

La concurrence étrangèreest-elle plus forte aujourd'hui?

C'est une évidence. Noussommes à l'ère de la mondia-lisation. Les Américainscontrôlent la filière cacao. LesChinois sont très offensifs.Depuis les années 70, ils sontprésents avec un programmerizicole et ils étendent leursactivités commerciales à d'au-tres secteurs.

Peut-on craindre à termeune menace sur la languefrançaise ?

Il n'y a pas de raison. C'est lalangue nationale en Côted'Ivoire.

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

ENTRETIEN 3

Suite de la page 1 « Guillaume Soro » Un homme d'État de 37 ansà la vie déjà bien remplie

Le 29 juin 2007, Guillaume Soro échappait par miracle à unetentative d'assassinat. Son avion était pris pour cible par ungroupe d'individus toujours non identifiés lors d'un attentatperpétré au moment de l'atterrissage à Bouaké, le fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles dont il était le chef. L'attentatfera quatre morts et plusieurs blessés graves.

Catholique, pensionnaire dans sa jeunesse au petit séminairede Katiola, avant de se lancer dans l'action syndicale, ilconnaîtra plusieurs fois la prison sous la présidence d'HenriKonan Bédié. C'est l'époque où on le surnomme le « Che » àAbidjan.

Dirigeant des étudiants, il s'impose rapidement sur la scènepolitique puis prend la tête politique de la rébellion arméeissue du coup d'État raté du 19 septembre 2002 qui allait cou-per la Côte d'Ivoire en deux.

Toutefois, dès février 2003, il participe au gouvernement deréconciliation nationale comme ministre d'État chargé de laCommunication. Puis, à compter de décembre 2004, commeministre de la Reconstruction et de la Réinsertion dans legouvernement de Charles Konan Banny. Ce dernier, anciengouverneur de la Banque centrale des États d'Afrique del'Ouest, croit gouverner le pays en tandem avec le présidentLaurent Gbagbo. En fait, le tandem ira dans le mur car lechef de l'État - qui s'accroche au pouvoir depuis que sonmandat a expiré en octobre 2005 - y voit un concurrent àécarter.

Avec l'accord de Ouagadougou conclu le 4 mars 2007 sous lahoulette du président burkinabé Blaise Campaoré, Soroaccède au poste de Premier ministre avec pour tâche priori-taire de réunifier le pays et d'y organiser des élections libres.

A 37 ans, il a déjà bien rempli sa vie : séminariste, étudiantà Paris VII et Paris VIII en anglais et Sciences politiques,dirigeant étudiant embastillé en Côte d'Ivoire, puis chef d'unerébellion armée et enfin Premier ministre. Avant de deveniraprès-demain - qui sait ? - président...

Soro est un Sénoufo, c'est-à-dire un homme du Nord qui saitparfaitement où il va.

Si l’on veut défendre les liber-tés publiques, comme a tentéde le faire Martine Aubry dansun Zénith à moitié vide, il nefaut pas regarder uniquementdu côté de Sarkozy ; il fautregarder d’abord du côté del’information. Sans une presselibre et une information hon-nête, ce sont toutes les libertésqui peuvent être bafouées etréduites à néant. Or les chan-ces d’une information équili-brée, soucieuse de vérité, sontbattues en brèche par lesconditions mêmes dans les-quelles se déroule désormaisla mêlée médiatique. Il n’y vapas seulement de l’avenir denotre profession, à nous autresjournalistes ; il y va d’abord denotre responsabilité.

Trois événements de naturediverse, que je tire de l’actua-lité récente, nous invitent à y

réfléchir.

Le comité Balladur Un rapport qui proposait uneréforme d’ensemble des liber-tés locales a été littéralementsaboté dans l’opinion par lacourse au scoop, qui a pour loila concurrence entre lesmédias et pour norme la divul-gation d’un événement avantmême qu’il ait eu lieu. Unpoint qui n’avait fait l’objetd’aucun débat tant il paraissaitaller de soi – faciliter leregroupement volontaire derégions qui le désireraient – estdevenu, par la grâce de faussesindiscrétions, l’objet principalde la controverse, au méprisdes autres mesures préconi-sées. Et plus grave encore, aumépris de la vérité. Avantmême la publication du rap-port, des cartes d’une Franceremodelée selon les prétendus

principes du Comité ont vu lejour dans divers journaux. Etpour faire encore plus gros, ona zoomé sur une région mar-tyre : la Picardie ! Aux armes,citoyens, on veut vous priverde la Picardie ! Tout cela étaittotalement imaginaire. Maissous le double empire du soup-çon et de la rumeur, l’informa-tion est devenue manipulationet mensonge. Etonnez-vous,après cela, du scepticismecroissant des citoyens.

La mort deBashung

C’était un grand chanteur, unimmense chanteur aux yeux decertains, et je ne veux nulle-ment mettre en question laplace considérable que lesmédias lui ont faite. Je remar-que seulement que cette placeparaît avoir été surtout dictéepar l’émotion suscitée par son

combat contre la maladie etpar son apparition, émouvanteen effet, aux Victoires de laMusique quelques jours avantsa mort.

En mai 2007, on a appris par lefaire-part nécrologique du« Monde » le décès du physi-cien Gilles de Gennes, quel’Académie Nobel, en le cou-ronnant, avait qualifié« d’Isaac Newton de notretemps ». L’extrême discrétionqui a entouré sa fin de vie etson inhumation a eu pourconséquence une place ténue,indigente, dans la presse del’époque. Il ne s’agit pas decomparer deux personnalitésmais deux situations médiati-ques. C’est l’empire de l’émo-

tion qui a décidé du traitementjournalistique des deux nou-velles, non la valeur intrinsè-que de celles-ci. Désormais, laplace faite à une informationest dictée non par son impor-tance mais par son retentisse-ment attendu dans l’opinion.Et que dire du délire qui s’em-para des médias à l’échellemondiale lors de la mort de laprincesse Diana ?

Le voyage du papeen Afrique

J’ai dit, en des termes d’uneextrême sévérité, les senti-ments que m’inspirait le com-portement de Benoît XVI àpropos de la levée de l’excom-munication de l’évêque néga-tionniste Williamson, et, àl’inverse, de celle qui a frappéla mère et les médecins de lafillette brésilienne violée parson beau-père et enceinte àl’âge de 9 ans. Derechef, jepense que c’est une bêtise etune inexactitude de sa part qued’avoir affirmé dans l’avionqui le conduisait en Afriqueque le préservatif pouvaitmême aggraver la situation

créée par le sida. Sous-entendu: en inspirant à l’usager unsentiment de fausse sécurité.

A partir de là, la plupart desmédias de toutes origines et detoutes orientations ont prati-quement renoncé à informersur le voyage du pape. Il réu-nissait des foules énormes etenthousiastes ? – Le préserva-tif ! Il condamnait la corrup-tion, la violence, la guerre ? –Le préservatif ! Il dénonçait lestatut diminué de la femmeafricaine ? - Le préservatif ! Lapresse regrettait benoîtement –si l’on ose dire – que cettesatanée capote ait oblitéré tousles autres aspects du voyage.Mais la faute à qui, chersconfrères ? Quand les médias,d’informateurs qu’ils sont parvocation, se transforment enjusticiers et appliquent à leurcible un véritable lynchage, ily a perversion de leur mission.Oui, la liberté de l’informationest aujourd’hui menacée à tra-vers le monde. Mais les infor-mateurs, nous-mêmes, doiventcommencer par balayer devantleur porte.

Jacques Julliard« Le Nouvel Observateur »

Journalistes, regardez-vous !La liberté de l’information est menacée à travers le monde ?

Commençons par balayer devant notre porte !

Jacq

ues

Jull

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L’un des objectifs de ses fonda-teurs, susciter et rassembler desassociations de professeurs defrançais dans le plus grand nom-bre de pays possible, est doncaujourd’hui largement atteint.Mais la Fédération ne se consi-dère pas, tant s’en faut, à sonmaximum : d’autres associa-tions, probablement, ne tarderontpas à la rejoindre dans les moisou les années à venir : duKoweït, du Yemen, d’Irak, peut-être d’Algérie …

Etre ensemble,faire ensemble

Il ne s’agissait pas seulement derassembler les professeurs, il fal-lait aussi leur proposer desobjectifs et des actions com-muns. Favoriser les échangespersonnels, mutualiser lesconnaissances et les savoir-faireétaient et restent le fondement dela vie associative. Dès l’origine,les moyens associatifs classiquesont été mis en œuvre : publica-tion de revues (Dialogues etCultures, grâce au financementde la communauté de Wallonie-Bruxelles), organisation de jour-nées pédagogiques, de colloquesthématiques, de congrès interna-tionaux. Ils sont aujourd’huicomplétés par des sites internet(www.fipf.org ; www.franc-par-ler.org en collaboration avec leCIEP et financé par l’OIF, etwww.fdlm.org, le site de larevue Le français dans le monde,dont la gestion a été confiée à laFIPF lors du congrès de Paris en2000.

La FIPF organise des concoursde classes sur des supportsmodernes (comme le concourseuropéen e-twinning dans lequelelle a su assurer une présencefrancophone remarquée). Par sonprogramme « français à domi-cile » (FADOM), elle favorise laréception par des professeursétrangers de jeunes stagiairesfrancophones. Avec le ministèredes Affaires étrangères et euro-péennes de France, elle anime unfonds d’innovation pédagogique,qui permet aux associations lesplus actives de financer des pro-jets novateurs et mutualisables,et organise des sessions de for-mation de cadres associatifs. Partoutes ces actions, elle remplit

ses autres objectifs statutaires depromotion linguistique et cultu-relle et de production pédagogi-que qui donne de la langue uneimage vivante et attractive.

Tous ces efforts ont été récom-pensés en 2006 par l’obtentiondu prix de la fondation Louis D.,gérée par l’Institut de France.Cette généreuse donation étaitdestinée à l’achat d’un local àParis. Sise au 9 rue Jean deBeauvais, dans le Quartier latin,L’escale du français dans lemonde accueille aujourd’hui desstages, des formations, et com-prend un petit centre de docu-mentation où les professeurs defrançais de passage peuvent semettre au courant des nouveau-tés pédagogiques mises à leurdisposition par les éditeurs spé-cialisés. Ils pourront bientôt yconsulter leur messagerie élec-tronique.

Un organisme fragile

On comprend bien que les coti-sations des associations mem-bres (au demeurant modiques)sont bien loin de suffire à finan-cer toutes ces actions. Les minis-tères français concernés par l’ac-tion linguistique avaient favoriséet soutenu la création de laFédération, et aussi les ministè-res des Affaires culturelles duQuébec et de Belgique. Il fautbien dire que les deux derniersne contribuent aujourd’hui quede façon très marginale au finan-cement direct de la FIPF.L’essentiel des projets est sou-tenu par le Ministère français desAffaires étrangères, qui a, à derares périodes près, toujours vudans la fédération un prolonge-ment naturel de son action depromotion de la langue. Grâce auprésident Abdou Diouf, l’OIF estdevenu le second partenaire etcontributeur de la fédération, quientretient aussi des liens étroitsavec l’AUF et TV5Monde. Ilétait donc naturel qu’en 2008 laFIPF signe avec le MAEE etl’OIF des conventions de parte-nariat privilégié. Mais c’est l’en-semble des pays francophonesqui devrait se sentir concerné parune ONG qui se met, par le sou-tien qu’elle apporte à leurs ensei-

gnants de français, tout au ser-vice de la langue et de la culturedont ils ont la responsabilitécommune.

Les moyens humains atteignenteux aussi leurs limites. Le minis-tère de l’Education nationale deFrance l’avait bien compris dès1986, en mettant à disposition dela FIPF un poste de secrétairegénéral. Il ne devenait plus pos-sible dès cette époque d’assurerl’animation d’un tel réseau sur laseule base du bénévolat. Unquart de siècle après, c’est lemême constat qu’on peut fairepour les cadres dirigeants d’une

fédération qui a entretemps plusque doublé de volume et d’acti-vités. Là encore, des moyensnouveaux de gouvernance res-tent à trouver pour que la FIPFconforte son rôle de partenaireefficace des organismes et desgouvernements concernés.

Des projets pourl’avenir

Consciente de ces difficultés, laFIPF est bien entendu à larecherche de moyens propres. Lenouveau bureau, élu en juillet2008 à Québec, s’attèle mainte-nant à diversifier les partenariatset constitue un dossier dedemande de reconnaissanced’utilité publique, statut qui,entre autres, facilitera ses rela-tions avec les organismes privéset la collecte de fonds.

Le deuxième projet majeur est lamise en service dès 2010 d’uneplateforme collaborative qui seraun véritable outil de gestionmoderne et d’animation du

réseau. Ce projet est mené avecl’aide technique du ministère del’Education nationale duLuxembourg. La plateformecomprendra une partie publique,où toutes les associations pour-ront faire héberger leur site etune partie sécurisée par laquelletransitera toute la communica-tion interne de la fédération, quis’en verra ainsi simplifiée. Tousles membres affiliés pourrontdisposer d’une adresse électroni-que gratuite. Elle comprendraaussi les sites actuels de la FIPF,qui seront rénovés à cette occa-sion. Enfin, une partie pédagogi-

que offrira aux membres desassociations des logiciels de tra-vail, une base de données de tex-tes littéraires (proposée par leministère de l’Education natio-nale du Québec) et, à terme, desformations en ligne.

Le dernier projet d’importanceest la rénovation en cours de larevue Le français dans le monde,qui, sous forme d’un bi-média,verra dès janvier 2010 samaquette rénovée et ses conte-nus revus et rajeunis pour laconquête d’un lectorat qu’onespère encore plus large.

A quarante ans, la FIPF est doncpleine de vigueur et d’opti-misme. Ses dirigeants espèrentque leur travail de rénovationactuel lui permettra de soufflerencore, et avec autant devigueur, bien des bougiesd’anniversaire.

Jean-Pierre CuqProfesseur à l’Université

Nice Sophia-AntipolisPrésident de la FIPF

LANGUE FRANÇAISE4

MAI / JUIN 2009 N° 140

Suite de la page 1 « les quarante ans de la FIPF »

LITUANIELa commissaire européenne au Budget DaliaGrybauskaite, 53 ans, a été élue présidente de laRépublique, pays observateur de l’OIF. Opposée àsix candidats dans un contexte de grave crise éco-nomique, Mme Grybauskaite devient la premièrefemme présidente de Lituanie. Polyglotte, elleparle anglais, russe, polonais et français. Écono-miste de formation, elle avait occupé des postes deresponsabilité dans son pays avant d'être déléguéeà la Commission européenne.

NOUVEAUX GOUVERNEMENTS :

ALGÉRIEPremier ministre : Ahmed Ouyahia ; ministre desAffaires étrangères : Mourad Medelci ; ministre dela Justice : Tayeb Belaïz ; ministre de la Culture :Khalida Toumi ; ministre de la Jeunesse et desSports : Hachemi Djiar ; secrétaire d’Etat chargéde la Communication : Azzedine Mihoubi.

ANDORREChef du gouvernement : Jaume Bartumeu Cassany; ministre des Affaires étrangères : M.Xavier EspotMiro ; ministre de la Justice : M.Victor NaudiZamora ; ministre de l’Education, de la Culture etde la Jeunesse: Mme Susanna Vela Palomares.

BURUNDIMinistre des Relations extérieures et de laCoopération internationale : Augustin Nsanze ;ministre de la Justice : Jean Bosco Ndikumana ;ministre de l’Information et de la Communication:Vénérant Bakevyumusaya ; ministre de laJeunesse, des Sports et de la Culture : Jean-Jacques Nyenimigabo.

CAMEROUNDepuis le 30 juin. Premier ministre : YangPhilémon ; ministre de la Communication : IssaTchiroma Bakari ; ministre des Sports : ZouaMichel.

COMORESFormé le 24 juin. Ministre des relations extérieu-res et de la Coopération, chargé de la Diaspora, dela Francophonie et du Monde arabe : Ahmed BenSaïd Jaffar ; ministre de la Justice : Miftah AliBamba ; ministre de l’Intérieur et del’Information: Bourhane Hamidou ; ministre del’Education nationale, de la Recherche, de laCulture et des Arts : Kamaliddine Affraitane ;ministre de Postes et Télécommunications chargéde la Communication et des Nouvelles technolo-gies de l’information : Ahmed Abdou Simba.

GABONMinistre des Affaires étrangères, de laCoopération, de la Francophonie et del’Intégration régionale : Paul Toungui ; ministre dela Justice : Martin Mabala ; ministre de laCommunication, de la Poste, desTélécommunications et des Nouvelles technolo-gies de l’information : Laure Olga Gondjou.

NIGERMinistre des Affaires étrangères et de laCoopération : Mme Aïchatou Mindaoudou ;ministre de la Communication : Mohamed BenOmar ; ministre de la Culture, des Arts et Loisirs :Oumarou Hadary ; ministre de la Justice : GarbaLompo.

SÉNÉGALFormé par le Président Abdoulaye Wade et lePremier ministre Souleymane NDéné Ndiaye :Ministre des Affaires étrangères : Cheikh TidianeGadio ; ministre de la Justice : Madické Niang ;ministre de la Coopération internationale : KarimWade ; ministre des Télécommunications :Abdourahim Agne ; ministre de l’Enseignementsupérieur, des Universités et des Centres universi-taires régionaux : Moustapha Sourang ; ministrede la Culture, de la Francophonie et des Languesnationales : Serigne Mamadou Bousso Leye ;ministre de la Communication : MoustaphaGuirassy ; ministre de la Jeunesse, des Sports etdes Loisirs : Mamadou Lamine Keita.

DIPLOMATIE

« Quand on veut parler du bon-heur d’être français, il faut avanttout parler de notre langue. La

langue française est le plus beausymptôme de la France.Contrairement à l’allemand ou àl’américain, elle est spécialiséedans l’abstraction. C’est unelangue incroyablement précisepour les choses qui ne le sontpas. Les concepts philosophi-ques, romantiques, amoureux…Nous sommes les gardiens mon-diaux de ces abstractions ! »

Philippe Starck, designer« Le Figaro Magazine »

Dans Le Point, le linguisteClaude Hagège se révoltecontre la toute-puissance

de l’anglais

Si on accepte l'existence d'unelangue de communication mon-diale, à laquelle on prête naïve-ment un rôle purement utilitaire,on accepte à terme qu'une langueexerce son hégémonie. L'anglaisest un danger mortel pour ladiversité des langues. Bien sûr,les langues vivent d'emprunts.Seulement, au-delà d'un certainseuil, il ne s'agit plus d'emprunts,mais d'invasion, en particulierquand la langue pourvoyeuse estcelle d'une grande puissance.L'américanisation du français estridicule. Mais l'exemple duQuébec montre qu'on peut résis-ter. En 1975, quand le Parti qué-bécois de René Lévesque a faitvoter la loi 101 qui fait du fran-çais la seule langue officielle dela Belle Province, tout le monde

s'en est gaussé. Mais ce fut unsuccès. Lacordaire disait, commeon sait : « Entre le fort et le fai-ble, c'est la liberté qui opprime etla loi qui affranchit. » Le recoursà la loi est indispensable. Sinon,dans deux siècles, nous parleronstous anglais.

Propos recueillis parElisabeth Lévy

Philippe Bilger répond à unequestion de Roman Bernard(criticus le blog) sur l’effondre-ment du niveau de langage enFrance

« C’est une catastrophe, àl’oral comme à l’écrit.L’enseignement en est responsa-ble. Mais pas seulement lui.L’exemple de nos élites politi-ques et médiatiques est déplora-ble. C’est tout le pays qui perdsa langue parce que personnen’a montré au plus haut niveauque dans le langage civilisé il yavait tout : la puissance d’un

pays, la qualité de ses gouver-nants, le respect d’autrui, ladouceur d’un monde et le bon-heur d’une communicationn’écorchant pas plus les oreillesque l’esprit ».

L’anglais est un danger mortel pour ladiversité des langues, dit Claude Hagège

le professeur Jean-Pierre Cuq, Président de la FIPF

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M.Valdis Dombrovskis a été nommé Premierministre de Lettonie. Ministre des Affaires étran-gères : Maris Riekstins ; ministre de la Culture :Ints Dalderis ; ministre de la Justice : MareksSeglins.

ROUMANIEEmil Boc a été nommé Premier ministre deRoumanie par le chef de l’Etat Traian Basescu.

FRANCEM.Zaïr Kedadouche est nommé consul général deFrance à Liège ; M.Philippe Lallio à New York ;M.Marc Fonbaustier à Hong Kong ; MmeElisabeth Laurin en Corée.

THAÏLANDEAbhisit Vejjajiva, chef de l’opposition, a été dési-gné officiellement Premier ministre de Thaïlande.

AMBASSADEURMaïmouna Sourang Ndir a été nommée ambassa-deur du Sénégal à Paris.

Louis de Broissia a été nommé au poste nouvelle-ment créé d’ambassadeur chargé de l’audiovisuelextérieur. Une nomination sur proposition duministre des Affaires étrangères et européennesBernard Kouchner.

Ancien député et professeur de droit, ChristianPhilip a été nommé Recteur d’Académie àMontpellier. Il abandonne de ce fait son poste dereprésentant personnel du président de laRépublique pour la Francophonie, qu’il occupaitdepuis juin 2007.

Allocution urbi et orbi, àla ville (de Rome) etau monde, le jour de

Noël 2008. Le pape BenoîtXVI, dont la langue mater-nelle est l’allemand, donne sabénédiction en soixante-qua-tre langues : étant l’évêquede Rome, il commence forcé-ment par l’italien, mais la lan-gue qui suit est le français.Jeux Olympiques de Pékin,août 2008 : les informationsofficielles des commentateurssont données en français avantde l’être en anglais, comme leveut la tradition depuis lebaron de Coubertin. Siège del’Onu à New York : derrièreles personnalités internationa-les qui font des déclarationsau Conseil de sécurité, onpeut voir un panneau bleu etblanc avec le logo de l’Onu etl’expression « Conseil desécurité » écrite en seulementdeux langues : l’anglais et lefrançais. Sièges des institu-tions européennes à Bruxelles: le français est l’une des deuxvraies langues de travail, utili-sées constamment. Dans lemonde du XXI° siècle, la lan-gue française est respectée etappréciée partout, mais ellen’est jamais imposée. On peutespérer que les Français se

rendront compte d’une chose: la défense de la langue (quin’est pas seulement la leur) nepeut pas s’accompagner d’at-titudes arrogantes de leur part.

Le vrai danger pour la languefrançaise n’est pas l’orthogra-phe approximative des enfantsen train de l’acquérir, ou desfrancophones qui essaient des’en servir tant bien que mal,mais bien des ayatollahs dupurisme linguistique, pourlesquels l’orthographe et lapureté grammaticale sontpresque une religion.Immuable.

Et pourtant le français réel,parlé par des personnes réel-les, et en évolution continue,comme toutes les languesvivantes. A l’époque des com-puters, pardon, des ordina-teurs, et d’Internet, nos lan-gues, qui ont toujours changé,évoluent très vite, et de façondifficile à prédire. Plus ellessont vivantes et plus elleschangent. On verra ce qu’il ensera d’ici dix ou vingt ans.

La condition pour restervivantes sera probablementqu’elles se transformentcomme jamais auparavant surune période si courte. Maisune chose est certaine :

l’image de la langue françaisedans le monde n’est absolu-ment pas mauvaise, même si,depuis les années 1880 (celafait donc bien longtemps !), ily a en France des personnes etdes journaux qui dénoncentavec ardeur « la crise du fran-çais ». La liste des personna-lités internationales qui par-lent français en ce début duXXI° siècle – de la reineElisabeth II au présidentisraélien Shimon Peres, deTony Blair aux leaders de lamajorité et de l’oppositionespagnols, grecs, italiens, por-tugais et en partie, allemands– est presque égale à cellesqui parlent anglais.

Le succès planétaire de lachaîne de télévision franco-phone TV5 est la preuve quo-tidienne de l’intérêt pour lefrançais. De l’Allemagne auxEtats-Unis, d’Israël àl’Afrique, de l’Argentine à laRussie, des millions de famil-les souscrivent des abonne-ments à des bouquets satelli-tes qui incluent TV5. Souventelles le font pour aider lesenfants à apprendre le fran-çais. La préférence de cesfamilles va à une chaînecontrôlée de façon conjointe

par des institutions publiquesfrancophones – en particulierde Belgique, de France, duQuébec et de Suisse – plutôtque par l’Etat français en tantque tel. On aime la languefrançaise pour ce qu’elle estplutôt que comme vecteur del’influence politique de Parisou comme livre sacré des aya-tollahs de la pureté linguisti-que chère à l’Académie fran-çaise.

Vu de la coupole del’Académie, l’avenir de lalangue française se joue dansune compétition mondialeavec l’anglais, et tout doit êtrefait pour gagner ce duel. Cettemanière de concevoir le pro-blème des langues est terrible-ment politique, et encore plusterriblement irritante : unjeune Européen, Africain,Américain ou Asiatique peutdécider d’apprendre le fran-çais pour s’ouvrir de nou-veaux horizons et davantaged’opportunités de travail,mais certainement pas pour sesoumettre aux interprétationsrigides des puristes del’Académie française. Si ladiffusion du français estconçue surtout en termes decompétition avec l’anglais,

c’est unmatch qui intéressebien peu de monde hors deslieux du pouvoir parisien. Detoute façon, le match serait

alors perdu d’avance.

Heureusement,les jeunes dumonde entier,qui s’intéressentà l’apprentissagedu français et quiregardent avecplaisir les chaînesde télévision fran-cophones, ont uneautre opinion. Poureux, apprendre lefrançais, « c’estcool ». Et c’est trèsbien comme ça, parcequ’au XXI° siècle, lalangue française, par-lée dans les cinq conti-nents, est plus utile quejamais.

« Critique amoureuse desFrançais »

de Alberto Toscano( Hachette, 280 pages,

17 euros)

LANGUE FRANÇAISE

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

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DIPLOMATIE

La confrérie desCompagnons deGutenberg vient de fêter à

Genève son 30ème anniversairedans le cadre d’un chapitresolennel qui réunissait impri-meurs, journalistes, écrivains etde nombreux responsables desociétés de la chaîne graphique.

Trente ans : le bel âge ! Celuioù l’expérience conduit aumûrissement ; celui où l’oncommence à prendre consciencequ’il n’y a plus de temps à per-dre ; mais celui de la jeunesseaussi, car la jeunesse n’a pasd’âge.

Le 28 septembre 1979, vingt etun passionnés de l’Ecrit et del’Imprimé, conduits par le grandécrivain Robert Sabatier, consti-tuaient « l’Ordre Européen desChevaliers de Gutenberg ».

Depuis cette date, nous avonsessaimé en Romandie, en Italie,en Allemagne, au Benelux, enPologne, au Canada, au Brésil,nous enrichissant ainsi de nou-velles cultures tout en défendantla nôtre. Nous pouvons nousenorgueillir de quelque neufcents membres à travers lemonde.

Le succès de notre Confrérietient du miracle quand on vérifie,avec incrédulité, le nombreinfime de ceux qui veillent aumaintien de la flamme. Il est lefruit du dévouement inépuisabledes membres de l’AssociationGutenberg.

Au fil de ces trente années, nom-breux sont celles et ceux qui ontété intronisés écuyers, cheva-liers, officiers, grands officiers,sans oublier les Dames desRites.

Quelques-uns ont été perdus de

vue, sans doute parce que nousles avons déçus.

Ou parce que nous n’avons passu répondre à leur légitime ques-tion : « A quoi ça sert,Gutenberg ? ».

La réponse est dans la promesseque chacun d’entre nous a pro-noncée ; elle est dans notredevise, celle de Joachim duBellay : « Défense et illustra-tion de la langue française ».

A l’heure du e.paper, des blogset autres podcast, porter haut etfort le drapeau de Gutenberg estune ardente obligation.

Avec le big-bang d’Internet,notre univers vit une prodigieuserévolution. Je suis convaincu quele grand Voltaire, l’hôte deFerney non loin d’ici, écriraitaujourd’hui avec la mêmeconviction : « Tout ce que jevois jette les semences d’unerévolution qui arrivera imman-quablement … Les jeunes sontbien heureux : ils verront de bel-les choses ».

L’Ecrit n’avait, jusqu’à la fin duXXème siècle, connu qu’uneseule révolution, celle deGutenberg. Depuis peu, l’évolu-tion technologique débouche surune révolution encore plusgigantesque. La fusion numéri-

que du texte, du son et del’image, la capacité de

transporter en tous lieux,en temps réel, la quasi-tota-

lité des connaissances humai-nes, a désormais sur notrecivilisation un impact encoreplus extraordinaire que l’in-vention de notre vénéréGutenberg ; et cette fois-ci, à

l’échelle planétaire.

Non ! Latechnologien’a jamaisdésenchantéle monde etchaque nou-

veau Média nefait pas disparaîtrele précédent. Non !Gutenberg n’est pasmort !

Certes, on peutdire que le

papier a perdusa valeura b s o l u e .I n t e r n e t

dépouille enquelque sorte chaque

Média de ce qu’il possédait

d’unique, ôtant au papier lemonopole de l’Ecrit, comme àl’audiovisuel le synchronisme del’écoute.

Mais de prétendus visionnaires -tels Mc. Luhan annonçant en1962, à Toronto, la fin de la civi-lisation du Livre, jetant unregard méprisant sur « lagalaxie Gutenberg » - prophéti-sent la mort de l’imprimé au pro-fit de l’édition virtuelle. Commesi l’on pouvait imaginer unmonde sans papier, sans rotati-ves, sans librairies, sans kios-ques à journaux !

Ce n’est pas Internet qui menacenos journaux : c’est la Pressequi a besoin d’Internet pour sedévelopper. Ce ne sont certaine-ment ni le Président du GroupeRingier, dont le développementest exemplaire, M. Martin WER-FELI, ni Pierre-Jean BOZO, lePrince - au sens étymologique -des quotidiens gratuits, qui medémentiront ! Et si le e.bookprésente quelque avantage aumoment de faire ses valises pouremporter de la lecture de vacan-ces, rien ne remplacera le plaisirde feuilleter, de revenir enarrière, de corner les pages …

Notre Association Gutenberg nesaurait se limiter à quelquesgrands Chapitres, aussi solennelsfûssent-ils. Nous devons nousrendre utile, apporter notre aidenotamment aux jeunes, aux paysen voie de développement.

En réalité, ce trop long proposaurait pu se limiter à monantienne : « L’Ecrit aura tou-jours le dernier mot, parce quel’écran sauvera l’Ecrit ».

Jean MIOT

XXXème anniversaire de GUTENBERGL’écrit est le conservatoire de notre langue et de notre culture.

La langue française plus utile que jamaisLa vision de notre ami Alberto Toscano dans son livre « critique amoureuse des françaises »

Les Mots d'Or, remis chaque année dans le cadre desJournées annuelles du français des affaires, veulent être "dessignes de reconnaissance francophones pour saluer la volontéde créer, d'entreprendre et de communiquer fondée sur legoût des mots, en français et dans chaque langue maternelle",selon l'association Action pour le français des affaires(APFA).

Au cours des 21e Journées du français des affaires, le Motd'Or 2008-2009 de la découverte a été remis à Mme ByeonJeong-won et M. Georges Ziegelmeyer pour leur traductiondu coréen de vingt-deux volumes de la fresque historique deJo Jong-nae, Arirang et La chaîne des Monts Taebaek(L'Harmattan).

Retrouvez laRetrouvez laGazette de l”UPFGazette de l”UPF

sur le net :sur le net :http://wwwhttp://www.presse-.presse-

francophone.orgfrancophone.org

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Page 6: La Gazette 141

FRANCOPHONIE6

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

Les députés togolais ont aboli la peinede mort. Amnesty International asalué une décision qui « conforte la

tendance abolitionniste en Afrique ».

Les députés togolais ont adopté à l'unani-mité la loi portant abolition de la peine demort au Togo. Cette loi de cinq articlesexplique les conditions de conversion descondamnations à mort en peine de réclusionà perpétuité. Dans tous les textes en vigueur,elle prévoit le remplacement de la référenceà la peine de mort par une référence à laréclusion à perpétuité.

Changer une loi dépassée

Le projet de loi d’abolition avait été adoptéle 10 décembre 2008 en conseil des minis-tres. Le ministre de la Justice Kokou Tozounavait alors déclaré : « Le choix qu’a opéré lepays d’établir une justice saine qui limite leserreurs judiciaires, corrige, éduque et garan-tit les droits inhérents à la personne humainen’est plus compatible avec une législationpénale qui conserve encore la peine de mortet reconnaît ainsi aux juridictions un pou-voir absolu dont les conséquences sont irré-médiables ».

Dans une déclaration publique datée du 23juin, Amnesty International a salué la déci-sion du Togo, qui, indique-t-elle, « avaitcessé d’appliquer la peine de mort depuisplus de trois décennies ».

L’organisation internationale des droits del’Homme estime que le vote des députéstogolais conforte la tendance abolitionnisteen Afrique. En effet, en avril 2009, leBurundi a adopté un nouveau code pénal quisupprime la peine de mort de sa législationet plusieurs autres pays, notamment le Mali,sont en train d’étudier la possibilité de sup-primer le recours à la peine de mort dans lecadre d’une révision de leur législation.

22001100 sseerraa ddee ll’’AAffrriiqquueeeenn FFrraannccee

La France souhaite célébrer l'Afriquetout au long de l’année 2010, qui coïn-cidera avec le cinquantième anniver-saire de l'accession à l'indépendance dequatorze pays d'Afrique francophone.Nicolas Sarkozy a confié une missionsur cette question à l'ancien ministre dela Culture et de la FrancophonieJacques Toubon.

Le dénombrement desfrancophones dans lemonde répond-il à une

obsession française ?Emportés par le fantasme dela supériorité de la languefrançaise, certains ont autre-fois célébré les « 500 millionsde francophones », tandis qued’autres, inspirés par l’an-goisse du déclin, se désolentencore souvent de la petitecentaine de millions de locu-teurs promise à l’extinction…Plus sérieusement, l’Obser-vatoire de la langue françaisede l’OIF évalue à 200 millionsles personnes capables des’exprimer en français, dont75 millions de façon ponc-tuelle et aléatoire. Mais quelest l’intérêt de cette informa-tion ?

Dans le vaste mouvementd’intensification de la circula-tion des produits, des images,des sons et des idées, la ten-dance à la simplification,voire à l’unification des objetséchangés a fait naître unerésistance au risque d’unifor-misation. Dans ce contexte,plusieurs forces convergentesont trouvé naturellement às’exprimer et à s’épauler ausein de l’OIF, le seul espace –avec le Commonwealth – a lafois constitué sur une basegéolinguistique et présent surles cinq continents.

Les créateurs et les artistesont les premiers perçu le ris-que d’étouffement des diver-sités culturelles que faisaitcourir le déferlement d’ima-ges et de sons en provenanced’une source unique, anglo-saxonne. Chercheurs, univer-

sitaires et enseignants subis-sent eux aussi depuis long-temps le rétrécissement deleurs possibilités d’exprimerleur pensée dans la langue deleur choix. Les gens d’affai-res, les inventeurs et les indus-triels ont fini par mesurer éga-lement les avantages induits,pour les anglophones, de ladomination exclusive d’unanglais international. Demême, les représentants élus,les fonctionnaires ou lesdiplomates appelés à défendreles intérêts des citoyens dansles instantces internationalesse sont inquiétés des déséqui-libres démocratiques provo-qués par la domination d’uneseule langue.

En fait, ce sont tous lesacteurs de nos sociétés qui ontconfirmé l’alarme, sonnéed’abord par les créateurs, durisque d’appauvrissement dela diversité culturelle et lin-guistique que nous fait courirl’apparente progression de lacommunication sur la planète.Ceux qui sont porteurs de plu-sieurs origines culturelles,ceux qui sont capables decomprendre et de parler plu-sieurs langues savent lesconditions nécessaires à l’in-dispensable « dialogue descultures » et qui voient l’illu-sion de la « langue univer-selle».

La Francophonie, née sous lesceau de la coexistence deslangues et des cultures, s’esttrouvée en situation d’expri-mer de façon crédible et col-lective sa volonté de préserverla diversité du monde. Grâce àcette langue commune que se

sont choisi librement les 53États-membres, les pays asso-ciés et les observateurs del’OIF, elle a été à l’avant-garde du combat qui a permisl’adoption, par l’Unesco, de laConvention sur la protectionet la promotion de la diversitédes expressions culturelles,entrée en vigueur en mars2007. Et c’est à l’appui de sadémonstration en faveur de ladiversité linguistique, notam-ment, que la Francophonie abesoin de connaître la situa-tion réelle de la langue fran-çaise dans le monde.

Non seulement pour mieuxidentifier les besoins dessociétés qui la composent, etdonc mieux adapter ses priori-tés d’intervention, mais aussipour être le porte-parole de ladiversité linguistique mon-diale en assurant une place àla langue française là ou lemonolinguisme menace : dansles organisations internationa-les et régionales, dans la pro-duction de créations culturel-

les, dans la recherche scienti-fique, dans la circulation del’information et des donnéessur les ondes et les réseauxnumériques, sur les lieux detravail des salariés… Elle lefait d’ailleurs avec d’autres :hispanophones, arabophones,lusophones… Cette impor-tance stratégique que revêtl’observation de la languefrançaise dans le monde a étéaffirmée avec force dans l’unedes résolutions adoptée lorsdu dernier Sommet de laFrancophonie, en octobre2008 à Québec (Canada), quiencourage « la Francophonieà poursuivre et à perfectionnerl’observation de l’usage de lalangue française ». Car de laqualité de l’observationdépend son intérêt.

Les premières tentatives d’es-timation du nombre de locu-teurs du français dans lemonde ont vu le jour dans lesannées 1980, grâce aux effortsdu tout nouveau Haut-Conseilde la Francophonie créé en

France par FrançoisMitterrand. Approximativesau début, les estimationss’améliorent progressive-ment. Dans les années1990, elles continuent dereposer essentiellement surun recoupement de donnéesofficielles (effectifs scolari-sés, inscription dans les

centres culturels et lesAlliances françaises, statut dufrançais dans les pays étu-diés…), dont une majoritéprovient du réseau diplomati-que français. Au début desannées 2000, outre l’implica-tion plus étroite des autoritésnationales des pays membresde l’OIF, la contribution dechercheurs en linguistique etsociolinguistique permettentaux estimations de gagner enrigueur, mais ne les affran-chissent pas suffisamment descontraintes administratives etdiplomatiques et, surtout,négligent d’associer toutes lesdisciplines scientifiques sus-ceptibles de renforcer leur fia-bilité, comme la statistique, ladémographie, voire la géogra-phie, la psychologie, la socio-logie…

Chargé de refonder cette pra-tique, l’Observatoire de lalangue française a organisé enjuin 2008, conjointement avecl’Agence universitaire de laFrancophonie et son réseau« Dynamique des langues enFrancophonie », un séminaireinternational de réflexion surla méthodologie d’observa-tion du français. Réunissantl’ensemble des disciplinesconcernées, ce séminaire estarrivé à des conclusions quiseront mises en œuvre pour lapréparation du prochain rap-port sur la langue françaisedans le monde.

L’une des principales conclu-sions de la rencontre soulignel’extrême difficulté à unifier ladéfinition même de « franco-phone », qui varie non seule-ment selon les communautéshumaines observées, mais,bien souvent, se subdiviseencore en plusieurs « nicheslinguistiques » qui dépendentde l’environnement culturel,socio-historique, ethno-psy-chologique, etc., des locu-teurs. Ainsi, s’il est souhaita-ble de se donner les moyensde définir un Smic, un Seuil

minimum de compétencefrancophone (une expressioninventée par le professeurRobert Chaudenson, del’Université de Provence)capable de mesurer une per-formance réelle, il faut aussiintégrer des notions commel’hybridation qui résultent du« frottement » des langues. Demême, il faut considérer laquestion des représentationsde la langue (sociales, symbo-liques, intimes…), très diffé-rentes selon les espaces del’univers francophone.

Par ailleurs, l’exploitation desdonnées démo-linguistiquesexistantes et l’intégration sys-tématique, comme le font déjàles appareils statistiques qué-bécois ou français, de ques-tions portant sur les languesdans les enquêtes liées auxrecensements permettraientsans doute de dégager des ten-dances.

Enfin, les participants ont sou-ligné la nécessité de partena-riats entre tous les acteurs del’observation afin de croiserles sources et les données :l’Observatoire de la languefrançaise de l’OIF, l’AUF etses réseaux, TV5, RFI,l’Observatoire démographi-que et statistique de l’espacefrancophone de l’UniversitéLaval, etc.

Fort de ce viatique,l’Observatoire de la languefrançaise propose, dans unpremier temps, les donnéesdisponibles et, dans un secondtemps, un rapport sur la lan-gue française dans le monde2008-2010 à l’occasion duprochain Sommet de laFrancophonie, à l’automne2010 , en espérant que ce tra-vail réponde aux exigencesd’une observation mise auservice du projet universelque porte la Francophonie.

Info Maroc News

La francophonie… combien de divisions ?

Peine de mort abolie au Togo

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L’ A s s o c i a t i o nInternationale desMaires Francophones

fêtera ses 30 ans à Paris le 2octobre avec, le matin, uneséance solennelle d’ouvertureau Petit Palais puis des réu-nions de travail l’après midi àl’Hôtel de Ville.

Le dialogue des cultures a étéretenu comme thème de cetteimportante rencontre.

Sont attendus plus de 200 éluslocaux francophones issus dumonde entier ainsi que desreprésentants de collectivitéslocales non francophones maisliés à des villes membres del’AIMF, telles San Francisco,Chicago ou l’Organisation desVilles Arabes. Parmi les invitésd’honneur, Jacques Chirac, co-fondateur de l’AIMF en 1979,et Jorge Sampaio, Haut repré-sentant de l'ONU pourl'Alliance des civilisations.

Les participants présenterontleur savoir faire en matière dedialogue interculturel et degouvernance. La XXIXème

Assemblée générale de l’AIMFse tiendra ensuite, le 3 octobre.

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7FRANCOPHONIE

L'Association pour laPromotion de laFrancophonie en Flandre

(APFF) a réagi au quart de tourau message du Secrétairegénéral de l'OIF, Abdou Diouf,appelant les francophones à semontrer audacieux et revendi-catifs.

"L'opportunité est trop bellepour ne pas la saisir!" préciseEdgar Fonck, directeur del'APFF, dans le numéro "spé-cial francophonie" des"Nouvelles de Flandre".L'APFF lance à son tour unappel à la Francophonie pourqu'elle "relaye et appuie lesprises de positions des plushautes instances internationa-les (ONU, Conseil del'Europe), ainsi que de laPresse mondiale, en faveur desFrancophones de Flandre".

Et de poursuivre: "L'Organi-sation internationale de la

Francophonie souffrirait-elled'aphonie? Les quelque300.000 Francophones deFlandre, en tout cas, n'enten-dent pas le son de sa voix,alors que leur sort, et donccelui de la culture française enFlandre, va se jouer dans lesmois qui viennent. (…)

La présence de l'importanteminorité francophone enFlandre a été reconnue par leConseil de l'Europe. Cetteminorité, la Flandre refuse dela reconnaître. La Flandred'ailleurs n'a toujours pas rati-fié la convention-cadre sur laprotection des minorités.

Les Francophones de Flandrene demandent vraiment pasgrand-chose. Ils sont pratique-ment tous bilingues.Forcément puisque tous lesrapports avec l'administrationpublique ont nécessairementlieu en flamand. Sauf dans les

communes de la périphérie deBruxelles où l'on a prévu unrégime 'à facilités' continuelle-ment contesté du côté flamand.

La Francophonie, qui repré-sente 200 millions deFrancophones dans le monde,n'aurait rien à dire s'il étaitporté atteinte aux droits démo-cratiques des Francophones enFlandre? Elle ne joindrait passa voix à celles des instanceseuropéennes ? Les atteintesaux libertés n'existent pasexclusivement dans les paysafricains ou asiatiques, où ellen'hésite pas à intervenir!L’APFF n'entend nullementremettre en cause le statut lin-guistique de la Flandre. Elleveut simplement que le fran-çais, l'une des langues officiel-les de la Belgique, ait droit decité en Flandre au même titreque toute autre langue.

L’initiative francophone pour la forma-tion à distance des maîtres, a été lan-cée au Bénin en présence du

Secrétaire général de la Francophonie,Abdou Diouf. Ce sont près de 500 institu-teurs qui vont bénéficier de ce dispositif quivise à renforcer leurs compétences en ensei-gnement du français et à faciliter leur pro-fessionnalisation.

Dans sa phase d’expérimentation, IFADEMconcerne quatre pays : le Bénin, le Burundidont le dispositif a été lancé en avril 2009,Haïti et Madagascar, soit environ 3000 ins-tituteurs exerçant dans des zones rurales ouenclavées.

Des équipes nationales composées de rédac-teurs, animateurs, tuteurs et experts encontenus internet éducatifs conçoivent lesmodules de formation selon les méthodestraditionnelles, complétées par l’utilisationdes nouvelles technologies de l’information.Les « Espaces IFADEM », installés dans deszones rurales, sont équipés d’une vingtained’ordinateurs sous logiciels libres et d’une

médiathèque spécialisée en sciences del’éducation. Les instituteurs en formationreçoivent des livrets pédagogiques, un lec-teur mp3 contenant des supports audio, unegrammaire et un dictionnaire.

IFADEM est appelée à être étendue dès2010 à l’ensemble du Bénin mais aussi àd’autres pays intéressés par le dispositif deformation qu’elle propose.

Le ministre des Affairesétrangères françaisBernard Kouchner a

annoncé une vaste réformede son ministère pour l'ou-vrir à la société civile, ainsique la création d'un label"Institut français", pourmieux vendre la culturefrançaise à l'étranger.

Il s'agit "d'une évolutionmajeure" pour que "laFrance soit plus forte, plusefficace, plus audacieuse", asouligné Bernard Kouchner.

Pour "lutter contre la disper-sion des moyens", uneagence à Paris se substitueraavec des moyens renforcés à

l'actuel opérateurd ' é v é n e m e n t sCulturesFrance.

Cette agence, qui vabénéficier de 40 mil-lions d'euros, pren-dra le nom d'"Institutfrançais", apposéaussi aux centresculturels dans lemonde, de manière àdonner un "label" à

l'exportation de la culturefrançaise à l'étranger, à l'ins-tar de ce qui existe avec lesinstituts allemands Goethe,espagnols Cervantes ouanglais British council.

Bernard Kouchner veut aussimettre de "nouveaux visa-ges" sur la diplomatie fran-çaise, avec un rajeunisse-ment des ambassadeurs, une"égalité des chances" pourl'accès des femmes et desminorités, et "l'ouverture duministère à des compétencesextérieures".

Une maison de la francophonie à Lyon

Depuis l'année dernière, Lyon bénéficiede la première maison de la franco-phonie en province. Pour Erick Roux

de Bézieux, son président, "cette installationmarque la reconnaissance pour notre agglo-mération, qui depuis près de 110 ans, estl’une des villes françaises les plus activesdans le monde francophone… sans que lesLyonnais en soient d’ailleurs conscients !"

La maison de la francophonie a pour mis-sion, sur le territoire de la région Rhône-Alpes, d’informer, de fédérer les initiativeset d’animer un véritable réseau d’idées etd’influences autour de projets francophones :animations, culture, amélioration du liensocial, développement des échanges écono-miques, partage d’expériences.

« Audacieux et revendicatifs »

Bernard Kouchner crée un label France

à l'étranger

Ouvrant la 35e sessionde l'Assemblée parle-mentaire de la

Francophonie (APF), le pré-sident de l'Assemblée natio-nale, Bernard Accoyer, ajugé que la Francophonieétait "un élément de résis-tance contre les forces duchaos".

"Le monde, c'est une banalitéde le dire, est devenu multi-polaire, donc volatile etinstable, sans puissance uni-que capable d'exercer sasuprématie comme les Etats-Unis au XXe siècle", adéclaré M. Accoyer. "LaFrancophonie est un élémentmajeur en faveur de la solida-rité et de l'intégration, un élé-

ment de résistance contre lesforces du chaos".

Il a fait valoir l'attachementde la France à laFrancophonie, en soulignantque depuis un an elle était"inscrite dans la Constitutionfrançaise" et demeurait "plusque jamais une des prioritésde la politique de la France".

"Plus que jamais, a-t-il dit,les valeurs qui sont les sien-nes et au premier rang ladéfense de la diversité descultures et du dialogue inter-culturel sont appelées à jouerun rôle majeur dans unmonde où l'intégration deséconomies va trop souvent depair avec l'exacerbation desidentités et des rivalités".

Pour lui, la Francophonie"permet de dépasser le cadrenational et les actions bilaté-rales traditionnelles pourmettre en oeuvre une dyna-

mique qui accorde toute saplace à un travail en réseaufondé sur le partenariat entreune multitude d'acteursdiversifiés".

Le directeur duBureau régio-nal Asie-

Pacifique de l'OIF,Patrice Burel, s’estrendu à Bangkok pourrencontrer des diplo-mates et des représen-tants du monde ensei-gnant. Il s’agissait dela première visite officielle enThaïlande d’un délégué del’OIF depuis l’adhésion duroyaume en tant que membreobservateur de l'organisation.

"Nous allons faire en sorted’arrimer la Thaïlande àl’OIF", a indiqué Patrice Burelà l’issue de la réunion au coursde laquelle il a passé en revuedes thèmes tels que le pro-gramme de valorisation dufrançais en Asie du Sud-Est,l’amélioration de l’offre deformation, le perfectionnementdu niveau de français desdiplomates et des magistrats,le renouvellement des ensei-gnants, ou encore le renforce-ment de la coopération univer-sitaire. L’Agence Universitairede la Francophonie (AUF)représente un réseau de 650universités dans le monde,parmi lesquelles ne figurentencore que quatre universitésthaïlandaises. "Cela crée unappel d’air formidable pour lesétudiants du secondaire, etc’est là que gît le potentiel",estime Patrice Burel qui vante

également l’efficacité des clas-ses bilingues : "Les classesbilingues marchent très bien etproduisent des francophonessolides".

Le nombre de Thaïlandaisfrancophones serait estiméentre 500.000 et 600.000, soit0,8% de la population, tandisqu’il tourne autour de 0,7% auVietnam, au Laos et auCambodge, selon PatriceBurel. "Le chiffre n’a de toutefaçon jamais été élevé dans cespays, contrairement aux idéesreçues, précise-t-il. En toutcas, on ne parle pas mieuxl’anglais que le français enAsie du Sud-Est".

L’inscription de la Thaïlande àl’OIF lui permet avant toutd’intégrer les programmes decoopération de l’organisation."Il n’y a pas de conditions par-ticulières pour adhérer à l’OIF,dit M.Burel. Il suffit qu’unpays ait un lien fort avec la lan-gue française et adhère à l’es-prit de la démocratie et du res-pect des droits de l’Homme ».

« Arrimer la Thaïlande à l’OIF »Bernard Accoyer: « la Francophonie est un élémentde résistance contre les forces du chaos »

Jeux Olympiques d’hiver

Le Secrétaire général de la FrancophonieAbdou Diouf, a nommé M.PascalCouchepin Grand témoin de la

Francophonie pour les Jeux olympiquesd’hiver de Vancouver en 2010. Actuellementconseiller fédéral suisse chargé du départe-ment fédéral de l’Intérieur, M.Couchepin a étéprésident de la Confédération Suisse en 2003et 2008.

Il succède dans son nouveau poste à l’ancienPremier ministre français Jean-Pierre Raffarin(Jeux Olympiques de Pékin en 2008), à LiseBissonnette (Jeux Olympiques de Turin en2006) et à Hervé Bourges (Jeux Olympiquesd’Athènes en 2004). La mission qui lui estconfiée trouve son fondement dans le néces-saire respect de la règle 24 de la CharteOlympique qui confère au français le statut delangue officielle des Jeux Olympiques.

30ème anniversaire de l’AIMF

IFADEM, au Bénin

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MÉDIAS8

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Deux des plus importantsgroupes de presse suisses,Edipresse (Lausanne) et

Tamedia (Zurich), ont décidé defusionner leurs activités enSuisse, d'ici 2013, en "une sociétéunique capable de répondre auxdéfis du marché". Les activitésinternationales du groupeEdipresse, présent dans 18 paysd'Europe et d'Asie, ne sont pasconcernées.

"Dans un premier temps,Tamedia acquiert 49,9% de lasociété PPSR représentant l'es-sentiel des activités d'Edipresseen Suisse. Dans un deuxièmetemps, Tamedia achètera 0,2%supplémentaires de PPSR début2011, puis les 49,9% restantsdébut 2013", selon le communi-qué.

"Une partie du prix de la dernièretranche d'acquisition sera payéeen actions, de sorte qu'Edipressedeviendra un actionnaire impor-tant de Tamedia", ont ajouté lesdeux sociétés.

"Ce n'est pas une opération finan-

cière mais la meilleure solutionpour assurer la survie à longterme de nos titres", a déclaréPierre Lamunière, président duconseil d'administration d'Edi-presse, en soulignant que lafusion offre une structure d'ac-tionnariat "suisse, stable et pro-fessionnelle".

"Ensemble, nous pourrons mieuxfaire face aux changements struc-turels dans les médias et à laconcurrence étrangère", a ren-chéri Pietro Supino, son homolo-

gue de Tamedia.

Éditeurs l'un en Suisse alémani-que, l'autre en Suisse romandefrancophone, de titres régionaux,journaux dominicaux, magazines,quotidiens gratuits ainsi que denombreux sites web, Edipresse etTamedia estiment disposer de"portefeuilles complémentaires"et pouvoir offrir aux annonceurs

"des services plus performants etdes offres plus aptes à satisfaireleurs besoins".

En Suisse romande francophone,compte tenu du potentiel du mar-ché publicitaire, les deux sociétésveulent "fusionner dès que possi-ble" leurs gratuits 20 Minutes etLe Matin Bleu en un nouveau gra-tuit tirant à 210.000 exemplaires.

"Cette fusion n'aura pas d'impactsur le personnel, en dehors desgratuits" où une vingtaine d'em-plois seront supprimés sur les 70actuels des deux titres, a assuréTibère Adler, directeur générald'Edipresse.

Avec un chiffre d'affaires estimé à1,25 milliard de francs suisses(843 millions d'euros), le nou-veau groupe se placera au4ème rang national derrièrePubligroupe, SSR SRG idéesuisse et Ringier. Il emploiera3.700 personnes dont 1.300journalistes, et éditera douzequotidiens payants, pour des tira-ges cumulés de 700.000 exem-plaires.

Rumeur etinformation,les lecteurs

ont bien du mal às’y retrouver. Leministre de laCommunication duTogo, OulégohKéyéwa, juge lasituation de lapresse togolaise« dangereuse ».

Dans un entretienaccordé à republi-coftogo.com, il explique que tout repose sur laformation des journalistes.

Republicoftogo.com : Comment parvenir à unepresse de qualité au Togo et mettre ainsi unterme à une désinformation quasi-permanente?

C’est vrai que c’est un vrai problème. Certainsjournalistes écrivent à partir de simples rumeurs.Vous savez, généralement c’est le « non dit » quiamène les gens à vouloir combler le vide. Noussommes en train justement d’envisager des réu-nions de travail avec les responsables des organesde presse afin que nous puissions arriver à jugulerce phénomène vraiment dangereux.

Il y a des gens qui écrivent juste pour avoir leurspiges, sans réel professionnalisme. C’est une vio-lation de droit qui demande que nous nousconcertions avec l’Observatoire Togolais desMédias (OTM), le Conseil du patronat, l’Uniondes journalistes indépendants du Togo pour trou-ver ensemble des solutions.

La vérité c’est que la plupart de ceux qui écriventdans nos journaux, même s’ils font des efforts,n’ont pas reçu de formation adéquate. Je penseque si nous arrivons à former les journalistes et àles rendre plus professionnels, nous parviendronsà résoudre ce problème.

En ce qui concerne cette formation, avez-vousun calendrier prévisionnel ?

Oulégoh Kéyéwa : Pas encore. Nous souhaitonsnous rapprocher de l’OIF (Organisation interna-tionale de la Francophonie) ainsi que d’autrespartenaires comme le PNUD pour rassembler lesmoyens financiers nécessaires permettant dedébuter cette formation.

La ville de Genève organi-sera du 22 au 25 avril 2010la 6ème conférence mondiale

sur le thème du journalisme d’in-vestigation, après Lillehammer(2008) et Toronto (2007). Il s’agitd’une initiative mondiale lancée àl’origine par l’association améri-caine Investigative Reporters andEditors (IRE), dont le principe estle travail en commun de réseauxde journalistes sur des thèmestransnationaux. Un comité d’or-ganisation s’est constitué autourdu Club suisse de la Presse quimettra à disposition son secréta-riat jusqu’à la tenue de laConférence. Daniel Favre, prési-dent de la Section suisse, y repré-sente l’UPF. Près de 600 journa-listes suisses et étrangers sontattendus.

Entre 60 et 100 ateliers thémati-ques seront organisés en paral-lèle, orientés sur la pratique del’investigation en journalisme,

avec des thèmes majeurs : crisefinancière, corruption, crimeorganisé, investigation dans ledomaine du sport, enquêtes deconsommation, recherche etexploitation de documents, etc.

Des sessions seront consacrées àla narration, tous médias confon-dus : écriture d’une enquête lon-gue, narration en télévision,publication de livres.

Certains ateliers seront plusconcentrés sur les aspects techni-ques (journalisme assisté parordinateur, méthode des sciencesde la sociologie appliquées enjournalisme, technologies enmatière de caméra cachée…) etd’autres sur les nouveaux modesde financement du journalismed’investigation : Republica auxEtats-Unis, Bakchich ou Rue 89en France.

Cette Conférence sera l’occasionde tisser des contacts et de profi- ter d’une vraie formation conti- nue, pratique et concrète.

Fusion de Tamedia et Edipresse Le ministre de laCommunication du Togo

Oulégoh Kéyéwa : « Laformation mettra fin à

la désinformation »

Genève, capitale du journalisme d’investigation

La notion de société émergea lorsque nosancêtres vivant dans des grottes auxabords des grands lacs africains découvri-

rent ce qui allait devenir le ciment de toute viecommune : l'échange. Quelques millénaires plustard, leurs descendants inventèrent la monnaiepour fluidifier ces échanges. L'économie étaitnée. Puis au Moyen Age on inventa le crédit,c'est-à-dire l'introduction du rêve dans la logi-que de l'échange. D'ailleurs, on réaliseaujourd'hui, avec la crise, combien la substitu-tion exagérée du virtuel au réel a déstabilisé noséconomies, fautives d'avoir falsifié le méca-nisme de l'échange.

Mais si le facteur déstabilisant dans le monde dela finance a été l'importance exagérée donnée aucrédit et aux manipulations financières, dans lemonde des médias et des industries culturelles,le virus, c'est le gratuit ou plutôt le leurre du gra-tuit.

Notre télévision commerciale est née de la pri-vatisation des télévisions publiques. Elle a crubon de garder la pratique de l'accès gratuit et defonder son financement sur la publicité. Ce fai-sant, elle se mettait dans une autre logique quecelle de l'échange, elle était prisonnière dumonde de la publicité. D'où les dérives,Audimat, « pipolisation », etc. André Rousselet,lui, créa Canal+ sur la logique de l'échange. Ilfut soit moqué, soit vilipendé. Devant le succèsdu commercial, le service public lui-mêmeemboîta le pas, encouragé par les pouvoirs poli-tiques. Il s'enfonça du coup dans une logique qui

n'était pas la sienne !

Fascinés par la manne publicitaire, certains jour-naux et magazines suivirent le mouvementallant jusqu'à mettre la publicité en tête de tou-tes les recettes. Puis le monde publicitaire fit unpas de plus : croyant avoir capturé économique-ment celui de la presse, il lança la mode des« gratuits ». Souvent, il ne s'agit plus de « vraisjournaux », mais d'annonces publicitaires dontles informations ne sont que les produits d'appel.

La logique du journalisme s'est ainsi retournéeavec, bien sûr, un choc en retour sur les recettesdes journaux. Au milieu de tout cela apparurentInternet et tous les produits dérivés qu'il aaccueillis, avec une logique générale : la gra-tuité. Les journaux, toujours à l'affût de nou-veaux supports, se sont investis dans Internetavec la même logique, celle du financementassuré par la pub. Des produits culturels ont étémis sur Internet avec l'objectif d'une redevance,mais rapidement tout a été piraté, copié, multi-plié au nom de la gratuité. Les jeunes ontrépondu à cette mode par un engouemententhousiaste, déçus qu'ils étaient par le monderéel et cherchant refuge dans un virtuel préfor-

maté. Ils n'ont pas réalisé que, chemin faisant,sous couvert de modernisme, ils se mettaientdans un état d'aliénation vis-à-vis des mar-chands de tuyaux.

La publicité n'est pas une mauvaise chose en soi,contrairement à ce que voudraient affirmer lespuristes. Elle aide le consommateur à s'informeret à choisir. Mais elle a une logique propre. Ellesélectionne ses canaux en fonction d'une logiquequi n'est pas d'informer, mais de convaincre etd'orienter un choix. C'est un accélérateur del'économie. Ce n'est pas la logique à laquelle lesmédias doivent obéir. Comme l'a bien montréMaurice Godelier dans son livre « L'énigme dudon », la gratuité sans échange doit rester unmonopole de la collectivité, de l'Etat, qui l'orga-nise de manière à préserver l'équité. Si le donn'est pas un échange, il aliène celui qui reçoit etdétruit le lien social.

La crise a fait apparaître en pleine lumière tou-tes ces déviances. Les télévisions commercialessont plongées dans des difficultés qui ne ferontque croître, les journaux également. On voit leschampions de l'Internet gratuit comme le NewYork Times ou le Wall Street Journal revenir à

l'échange et songer à étudier les moyens de fairepayer le contenu de leurs sites. Ceux qui résis-tent le mieux à la crise sont ceux qui sont dansla logique de l'échange, Canal +, bien sûr, pourles télés, Le Canard enchaîné pour les journaux!

Dans ce paysage dont on ne voit que les pre-miers bouleversements, il y a des motifs desatisfaction. Le premier est la suppression de lapublicité sur les chaînes de télévision publiques.L'Etat exerce là son monopole de la gratuité etremet cette télévision dans une logique qu'ellen'aurait jamais dû quitter. On en voit déjà lespremiers effets positifs. Le deuxième concernela presse écrite. Le gouvernement a bien faitd'organiser ces états généraux et de préparer desmesures qui, comme l'a bien expliqué LaurentJoffrin, devraient rendre la presse plus indépen-dante. Enfin, dernière péripétie, la loi Hadopi.C'est la première tentative pour organiser enfincette jungle inextricable qu'est devenu Internet.Quelles que soient ses imperfections techniques,cette loi a plusieurs mérites. D'abord, d'engagerenfin la démarche de régulation d'Internet : faireentrer ce merveilleux outil dans les règles.Ensuite, de souligner que le moteur du progrès,c'est la création, qui doit être rémunérée et pro-tégée. La gratuité dans le circuit commercial estun leurre qui, à terme, est une aliénation de l'es-prit et un encouragement à la paresse intellec-tuelle.

Claude Allègre« Le Point »

Non à la commercialisation du gratuit

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Pour la septièmeannée, le jury du Prix« PRESS CLUB,

HUMOUR ET POLITI-QUE » s’est réuni sous laprésidence de Jean MIOT.

Ce Prix, qui récompenseen France l’auteur de laphrase la plus hilarante del’année, qu’il s’agisseindistinctement d’humourvolontaire ou involontaire,avait été attribué l’anpassé aux ministres Jean-Louis Borloo pour «Sarkozy, c’est le seul qui a

été obligé de passer parl’Elysée pour devenirPremier Ministre », etXavier Bertrand, PrixSpécial du Jury, pour « Leparti socialiste est un partisans leader, FrançoisBayrou est un leader sansparti ; ils sont faits pourfusionner ».

Parmi les quinze « petitesphrases » collectéesdepuis un an, le lauréat2009 a été désigné auPress Club de France, le29 juin dernier, en pré-

sence de André Santini,parrain de ce prix … qu’ila trop souvent remporté !

Le jury a finalement attri-bué le Prix au Maire deParis, Bertrand Delanoë «Le vrai changement au PS,ce serait de gagner », àl’évidence un modèled’humour politique.

Une mention spéciale a étéattribuée à GuillaumeBACHELET, SecrétaireNational à l’industrie duPS : « La présidentielle,Hollande y pense en nousrasant ».

La Fédération nationale des journalistes algé-riens, nouvellement constituée (AbdenourBoukham- kham en est le secrétaire général),s’est fixé un plan d’action précis, avec l’élabora-tion d’une convention collective, la révision ducode de l’information et la mise en place d’unemutuelle de la presse.

La journaliste marocaine Loubna Anaki, étu-diante au CELSA (Ecole des hautes études ensciences de l'information et de la communication)à Paris, a gagné la bourse "Jean Darcy 2009" deFrance Télévisions, dans la catégorie rédacteur-reporter. Cette bourse, qui permet aux lauréatsd'intégrer pendant six mois les rédactions natio-nales de France 2 et de France 3. Après des étu-des à l'Institut Supérieur de l'Information et de laCommunication (ISIC) de Rabat, la lauréate adécidé de compléter sa formation en intégrant lemaster 2 du CELSA.

Carnet

Le journaliste, écrivain et critique littéraire PolVendromme, est décédé en Belgique à l’âge de 82ans. Il fut directeur-rédacteur en chef du journalLe Rappel à Charleroi.

Décès de Dieudonné Amadou Alpha Sow,ancien journaliste et Secrétaire général du minis-tère de la Communication et des NouvellesTechnologies du Mali depuis 2002.

Pierre Jeantet, président du directoire du GroupeSud Ouest, a été élu à l’unanimité à la présidencedu Syndicat de la presse quotidienne régionale(SPQR) pour un mandat de trois ans. Il succède àJean-François Caillard.

Abdelfettah Fakihani, journaliste au bureau del'AFP à Rabat, est décédé à l’âge de 60 ans. Il tra-vaillait à l'AFP depuis 1995 mais avait commencésa carrière comme professeur de français avantd’être emprisonné durant 15 ans pour ses convic-tions politiques, sous le règne du roi Hassan II.Abdelfettah Fakihani était l'auteur de plusieursouvrages dont un recueil de poèmes et un livre-témoignage sur ses années de détention, LeCouloir.

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9MÉDIAS

MEDIATHÈQUE

Vous venez de formerun groupe chargé de ré-diger un code de déon-tologie s'appliquant àl'ensemble des journa-listes, qui sera soumis àla ratification des parte-naires sociaux pour êtreannexé à la conventioncollective des journalis-tes. Comment ce groupes'est-il constitué ?

La création de ce groupeétait une préconisation dupôle sur l'avenir desmétiers du journalisme,que je présidais au seindes états généraux.Comme je constatais unecertaine passivité sur lesujet, j'ai pris sur moi dem'auto-désigner commesélectionneur d'uneéquipe de onze person-nes, dont la désignationdoit tout à mon arbitrairepersonnel... Nous n'avonsabsolument aucuneespèce de légitimité, etc'est tant mieux !

Comment faire pour queles partenaires sociauxadhèrent à ce texte ?

Rien n'est perdu d'avance.Si nous sortons un textesimple, clair, pratique,lumineux, équilibré, ilsauront à coeur de le fairefigurer en annexe de laconvention collective. Ilfaut qu'il soit le plus court

possible, comme les DixCommandements, parexemple ! Car il n'y a pasque les partenairessociaux qui sont concer-nés par ce code. Il y ad'abord et surtout lespublics de nos journaux,télés, radios, sites Web.Ils attendent une clarifi-cation de notre part.

L'Elysée est favorable àl'adoption d'un tel code.Ne va-t-on pas vous re-procher d'être mani-pulé?

Dans cette affaire, sij'avais eu, à quelquemoment que ce soit, l'im-pression que mon indé-pendance personnelleétait en cause et quej'étais un élément du sys-tème Sarkozy, j'auraisimmédiatement mis lespouces.

La crise de confianceest-elle si grave que cela?La presse est-elle si mau-vaise ?

Une étude un peusérieuse des journauxd'aujourd'hui comparés àceux de l'entre-deux-guerres ou de l'immédiataprès-guerre tournerait àl'avantage de la pressecontemporaine. A laLibération, ils étaientplus nombreux, mais for-tement idéologisés, et

l'information y étaitnoyée dans le commen-taire. La nouveauté, c'estla pluralité des médias.Le discrédit de la presseest souvent lié à celuid'un média dominant.Vous pouvez faire tousles bons papiers que vousvoulez, si, par ailleurs,sur une chaîne de télévi-sion de grande audience,un journaliste réalise unefausse interview, celarejaillira sur l'ensemblede la profession. Jedemande que l'on ne pra-tique pas l'amalgameavec les médias.

Si le code de déontolo-gie est adopté, faudra-t-il une instance pour lefaire respecter ?

Je suis contre une policedéontologique. Quelleserait sa légitimité ? Parqui serait-elle désignée ?Par le pouvoir politique ?Par les syndicats ? Si lacharte est annexée à laconvention collective,elle entrera dans le cadredu droit du travail.

Quels thèmes doiventêtre abordés en priorité?

Le rapport à l'argent, ladifférence entre informa-tion et communication, lerapport à la publicité, lerespect de la vie privée,les dangers de la mise enscène. Redire que lesjournalistes ne sont ni des

flics ni desjuges. Et l'aspectde vérification,sous les coupsde boutoir duWeb et de l'im-m é d i a t e t é ,devient un vraisujet.

Vous quittez la prési-dence du directoire deBayard après avoir passéquinze ans dans cettemaison. Quel bilan en ti-rez-vous ?

J'aurais préféré partirdans une période plus flo-rissante pour la presse,mais on ne choisit passon âge. J'ai trois élé-ments de fierté princi-paux. Je crois avoircontribué à bien installerLa Croix dans le pano-rama de la presse quoti-dienne de qualité. C'estl'un des rares journauxdont la diffusion aug-mente depuis dix ans.C'est aussi le seul quoti-dien dirigé par unefemme, DominiqueQuinio. En tant que ges-tionnaire, j'ai consolidéBayard par le transfert dela caisse de retraite à unautre organisme et par ledéménagement àMontrouge, qui nous faitéconomiser 3 millionsd'euros chaque année surle bail.

Comment expliquez-vous

le succès de La Croix ?

Le journal a cessé deraser les murs, d'avoir unpetit scrupule d'êtrecatholique. Il a choisi lecentre de la cible en ter-mes de public. La Croixest fait par une équipepeu nombreuse, maisardente et attachée autitre et à son public. Laformule est compacte etvise à l'essentiel. La pagi-nation est restreinte ; onne s'égare pas dans l'ac-cessoire. La relation avecle public est marquée parbeaucoup de proximité.Nous nous sommesdébarrassés du suivismede l'actualité. Nous fai-sons les "unes" qu'onveut, en privilégiant nossujets, en faisant un jour-nal d'hyperchoix. Il estvrai que nous avons 92 %d'abonnés. Nous com-mençons à nous appro-cher de l'objectif que jem'étais fixé, c'est-à-direune diffusion payée de100 000 exemplaires.

Propos recueillis parXavier Ternisien

« Le Monde »

Bruno Frappat : « les journalistes ne sontni des flics ni des juges »

Bruno Frappat, ancien directeur de la rédaction du Monde (1991-1994), a quitté laprésidence du directoire du groupe catholique Bayard Presse le 30 juin, après avoir dirigé lequotidien La Croix de 1995 à 2005. Il sera remplacé par Georges Sanerot, entré à Bayard en1994. Bruno Frappat vient de former un groupe de onze professionnels chargés de rédiger un

code de déontologie pour les journalistes.

La collectioncomplète duJournal de

Genève est désormaisaccessible gratuite-ment sur Internet.Dans le cadre de son10e anniversaire, LeTemps a mis en ligneles deux millions d'ar-ticles composant lesarchives de feu lequotidien genevois.

Les internautes ont libre accès au corpus, quicompte 172 années de parution (1826-1998) et550 000 pages imprimées.

C’est la première fois en Suisse que la totalité desarchives historiques d'un quotidien francophone estnumérisée. En Suisse alémanique, seule la NeueZürcher Zeitung a fait la démarche mais ses archi-ves ne sont pas ouvertes au grand public, a préciséVirginie Fortun, directrice du projet au Temps.

Entreprise en 2006, cette opération a été réalisée encollaboration avec la Bibliothèque nationale suisseet la Bibliothèque de Genève. Les deux institutionssont dépositaires aux côtés du Temps des trois jeuxd'archives encore complets du journal.

Les deux bibliothèques ont aussi participé au finan-cement du projet aux côtés de mécènes. Le coût del'entreprise s'est monté à 600 000 francs, soit envi-ron un franc par page, a précisé Virginie Fortun. Lapublicité devrait couvrir les frais de maintenance dusite.

Journal de Genève estaccessible sur Internet

L'institut français dejournalisme rejointl'École Multimédia

L'institut français de journalisme, école de for-mation initiale au journalisme créée en 2003,a décidé de rejoindre l'Ecole Multimédia dans

le cadre d'un partenariat entre les deux institutions.La direction opérationnelle de I'IFJ est confiée àRémy Galland, directeur général de l'EcoleMultimédia, assisté de Jean Augonnet, co-fondateurde I'IFJ et ancien directeur de l'institut pratique dejournalisme (IPJ).

L'institut français de journalisme rejoint donc leslocaux de l'Ecole Multimédia, au 201 rue Saint-Martin Paris (3e) où seront assurés les cours et lestravaux pratiques dès la rentrée d'octobre 2009. Lasélection d'entrée en première et en deuxièmeannées se déroulera jeudi 17 septembre prochain.

Ce partenariat a pour objectif de renforcer la qualitépédagogique de I'IFJ en lui permettant de coller deplus près aux réalités professionnelles, tout en affir-mant sa vocation : former des journalistes de terrain,familiarisés avec le traitement de l'actualité locale,aptes à travailler sur tous les supports notammentdans le cadre de publications plurimédia.

Pionnière dans le domaine des nouvelles technolo-gies, l'Ecole Multimédia a eu dès son origine l'objec-tif de faciliter la formation des personnels d'infor-mation au travail sur les nouveaux supports. Animéepar des journalistes, graphistes et informaticiens,elle a décidé de relever avec I'IFJ le défi de la forma-tion des "nouveaux journalistes".

VIIème PRIX « PRESS CLUB,HUMOUR ET POLITIQUE »

Mmes Hélène Carrèred’Encausse et SoumiaBelaidi Malinbaum, MM.Hubert Védrine, FrancisBalle et Greg Germainont été nommés auconseil d’administrationde la société Audiovisuelextérieur de la France, enqualité de personnalitésindépendantes et ce pourune durée de cinq ans.

gazette 141 aout 26/08/09 16:18 Page 9

Page 10: La Gazette 141

Le premier numéro de LaNRF est daté du 15novembre 1908, quatre-

vingt-huit pages composées encaractères Antée. Ainsi com-mence l'épopée de La NRF ! Leplus étonnant est qu'il n'y a nullemention d'éditeur sur la couver-ture. Aujourd'hui, cent ans plustard, La NRF existe toujours.Son histoire rassemble tout cequ'il y a de plus excitant en litté-rature dans l'entre-deux-guerres,de Paul Valéry à André Malraux,de Gide à Aragon, et jusqu'àPatrick Modiano et Le Clézioaujourd'hui.

Les moments les plus stupéfiantsse situent aussi autour de l'arri-vée du professeur du Havre Jean-Paul Sartre, que Céline appelait« l'agité du bocal ». Et du jeunejournaliste Camus, venu d'Alger.Avec dans ses bagages le manus-crit de « L'étranger ». La NRF ale génie de réunir les contraireset des écrivains qui se détestentet qui reposent sur la mêmepage. S’il y a des querelles dechapelle, l'endroit ressemble plu-tôt à un Vatican, béni par le pro-testant Gide. Quel paradoxe.

Catholiques et communistes,surréalistes (Breton, Daumal) oupanthéistes (Giono) coexistentd'une colonne à l'autre. Les poè-tes (Eluard ou Henri Michaux) etles gens de théâtre (d'Artaud àMarcel Aymé) contribuent égale-ment au rayonnement de larevue.

Au quotidien, la vie de cettetribu est très « enchevêtrée », et

parfois cannibale. Les bureauxde La NRF sont d'une apparencecalme mais c'est aussi un théâtrede vaudeville, avec portes quiclaquent, dagues derrière lerideau.

Le récit d'Alban Cerisier estcoloré, piquant, ironique, docu-menté. Le plus mystérieux per-sonnage, c'est Gaston, le patron.Dans la pénombre douce de sonbureau, Gaston Gallimard, appa-remment placide, se révèle d'unehabileté et d'une perspicacitésupérieures pour manoeuvrer,contrôler, calmer, apaiser, pour-suivre. Jamais dupe, mais jamaisnon plus passif. Il confie les clésde la revue à des « politiques ».Ils sont tous de la race des émi-nences grises, notammentJacques Rivière et Jean Paulhan.Ce sont ces hommes de l'ombrequi imposent en douceur et avecdoigté. Jamais la littérature n'estperdue de vue.

Du Front populaire à la défaitede juin 40, les affrontementsdeviennent âpres entre écrivainsde gauche et de droite.

Alban Cerisier ne cache rien, aucontraire, des divisions idéologi-ques, des fractures, des querelleset aussi des grandes convulsionsde fond à partir de 1934. Tout sehérisse, les rivalités se multi-plient, ainsi que les crocs-en-jambe et les manoeuvres sour-noises. Prévost n'épargne pasGide, Arland ne supporte pasles engagements surréalistes,Claudel fulmine contre Sartre.Les prises de position de Gide, si

courageuses concernant le stali-nisme ou le colonialisme, susci-tent remarques acerbes, chanta-ges de certains auteurs, hainespersonnelles, tandis qu'à l'exté-rieur on désigne La NRF commeun repaire d'homosexuels et unemachine à démolir les valeurssacrées de famille et de patrie.

Les jeux compliqués d'unPaulhan pour sauver La NRF dusuicide fasciste dans les terriblesannées 1941 et 1942 sont éton-nants à suivre. Un vrai romanpolicier. Manipulateur, tireur deficelles et maître du double jeuentre résistants et collabos, JeanPaulhan, personnage clé dans lesmoments délicats, un peu Javertet un peu Talleyrand, utilise tou-

tes les ruses possibles pour sau-ver les beaux meubles de larevue. On comprend, avec celivre, les calculs audacieux deGaston Gallimard, soucieux dedonner des gages à Vichy et àl'occupant en laissant NRF deve-nir une vitrine pronazie pourmieux préserver la maison d'édi-tion et surtout éviter la fermeturepure et simple.

Le travail d'Alban Cerisier estextraordinairement riche enanecdotes, choses vues, oureconstituées. Il y a un vrai «suivi » sismographique desvacillations idéologiques desécrivains NRF entre juin etdécembre 1940. Beaucoup deprécisions très neuves et inéditessur les débuts de la revue. Aussi,nombre de révélations et de cor-rections par rapport à la légendedorée. Enfin, comme La NRFpoursuit son travail chaqueannée, elle offre ce mois-ci uninédit de Jonathan Littell,l'auteur sulfureux des«Bienveillantes». Cet Américain(naturalisé français) hors normeréfléchit sur la lecture et l'écri-ture en reprenant des textes d'undes critiques littéraires de LaNRF, Maurice Blanchot, qui, lui-même, commença à rédiger sesarticles dans des revues d'ex-trême droite... Avec les écrivains,tout, toujours, se complique...Sans oublier le rôle de RamonFernandez, ayant basculé de LaNRF au PPF de Doriot, qui esttout à fait dans l'actualité grâceau travail d'archiviste de son filsDominique.

Jacques-Pierre Amette« Le Point »

« Une histoire de La NRF »,d'Alban Cerisier,

éditions Gallimard,612 pages, 25 euros

IDÉES10

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.A consommer avec modération.

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Les dessous noirs et roses de « la NRF »Fondée en 1908 par André Gide, La Nouvelle Revue française est racontée,

vue des coulisses, par un archiviste impertinent.

Cioran enamoureux de la

France

Ce portrait inédit de la France fut écrit en1941, au coeur des années sombres, parEmile Cioran, philosophe roumain qui

adopta la langue française par la suite pour rédigerses nombreux ouvrages. Cet amoureux de laFrance, né en 1911 en Roumanie, mort à Paris en1995, dissèque à sa façon les grandeurs et petites-ses d'une nation qui le fascine.

« La vie - quand elle n'est pas souffrance - est jeu.Nous devons être reconnaissants à la France del'avoir cultivé avec maestria et inspiration. C'estd'elle que j'ai appris à ne me prendre au sérieuxque dans l'obscurité et, en public, à me moquer detout. Son école est celle d'une insouciance sautil-lante et parfumée. La bêtise voit partout desobjectifs ; l'intelligence, des prétextes. Son grandart est dans la distinction et la grâce de la superfi-cialité. Mettre du talent dans les choses de rien -c’est-à-dire dans l'existence et dans les enseigne-ments du monde - est une initiation aux doutesfrançais.

[...]

Tant que la France parvenait à transformer lesconcepts en mythes, sa substance vive n'était pascompromise. La force de donner un contenu sen-timental aux idées, de projeter dans l'âme la logi-que et de déverser la vitalité dans des fictions-telest le sens de cette transformation, ainsi que lesecret d'une culture florissante. Engendrer desmythes et y adhérer, lutter, souffrir et mourir poureux, voilà qui révèle la fécondité d'un peuple. Les"idées" de la France ont été des idées vitales, pourla validité desquelles on s'est battu corps et âme.Si elle conserve un rôle décisif dans l'histoire spi-rituelle de l'Europe, c'est parce qu'elle a animéplusieurs idées, qu'elle les a tirées du néant abs-trait de la pure neutralité. Croire signifie animer.

[...]

L'arrachement aux valeurs et le nihilisme instinc-tif contraignent l'individu au culte de la sensation.Quand on ne croit à rien, les sens deviennent reli-gion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de ladécadence est inséparable de la gastronomie. Uncertain Romain, Gabius Apicius, qui parcouraitles côtes de l'Afrique à la recherche des plus bel-les langoustes et qui, ne les trouvant nulle part àson goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit,est le symbole des folies culinaires qui s'instaurenten l'absence de croyances. Depuis que la France arenié sa vocation, la manducation s'est élevée aurang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas lefait de manger, mais de méditer, de spéculer, des'entretenir pendant des heures à ce sujet. Laconscience de cette nécessité, le remplacement dubesoin par la culture - comme en amour - est unsigne d'affaiblissement de l'instinct et de l'attache-ment aux valeurs. Tout le monde a pu faire cetteexpérience : quand on traverse une crise de doutedans la vie, quand tout nous dégoûte, le déjeunerdevient une fête. Les aliments remplacent lesidées. Les Français savent depuis plus d'un sièclequ'ils mangent. Du dernier paysan à l'intellectuelle plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quo-tidienne du vide spirituel. La transformation d'unbesoin immédiat en phénomène de civilisation estun pas dangereux et un grave symptôme. Le ven-tre a été le tombeau de l'Empire romain, il serainéluctablement celui de l'Intelligence française.[...]

« De la France » de Cioran, L'Herne,96 pages, 9,50 euros

Un master trinational d’études européennesLe président de l’Organisation internationale de la francophonie, Abdou Diouf, aannoncé la création d’un master trinational d’études européennes. Essentiellement des-tiné aux personnels des institutions européennes, il sera délivré par les trois universitésdes trois capitales européennes, Luxembourg, Bruxelles et Strasbourg : « Notre orga-nisation forme chaque année 12 000 personnes à la langue française : fonctionnaires,diplomates, juristes, journalistes… Il s’agit donc d’une action cohérente », préciseAbdou Diouf.

Roland Ries, maire de Strasbourg, a insisté sur la nécessité de soutenir l’usage de lalangue française dans les institutions, tout en respectant la diversité linguistique et cul-turelle. Les trois capitales européennes figurent toutes sur des frontières linguistiqueset peuvent partager leurs expériences du bilinguisme et de la connaissance de la languedu voisin, pour une meilleure compréhension et un respect mutuel.

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Page 11: La Gazette 141

Pauvre BB. Elle a fait un voyage« éprouvant » pour venir dire auCanada que tuer les phoques,

c’est barbare. Comme si BrigitteBardot ne mangeait jamais de cuissesde poulet ni de fesses de beaux petitsporcelets !

Que BB accuse et se serve de soncharme pour déformer la vérité sur lachasse aux phoques, cela se conçoit etje peux vous l'expliquer. Que certainsjournaux versent dans le mélodrameet que l’Union Européenne embarquedans ce bateau, cela me dépasse !

Fils de pêcheur, gars de la côte et dularge devenu journaliste il y a près de30 ans, de toute évidence, comme leschasseurs de phoques, je n'ai pas laforce médiatique de Madame Bardot.Mais nous avons autrement plus deconnaissance qu'elle sur le sujet.

De quelles informations privilégiéesMadame Bardot dispose-t-elle pouraffirmer que les phoques ne « man-gent pas de morue » ni de saumon ?A-t-elle déjà parlé à de vieuxpêcheurs ?

Pourtant, je me souviens encore despêcheurs se plaignant des ravages desphoques contre leur gagne-pain, notrenourriture.

C'était du temps où la pêche étaitcôtière. Les gros chalutiers, qui fai-saient tout juste leur apparition,étaient comparés aux phoques parcequ'ils se montraient un peu tropfriands du poisson de fonds.

C’était du temps où les autorités gou-vernementales donnaient quelquesdollars à ceux qui pouvaient démon-trer qu'ils avaient tué un phoque man-geur de poisson.

C’était du temps où les parents pou-vaient offrir simplement et généreuse-ment de la morue, du flétan (turbot),du saumon, du maquereau ou duhomard toujours fraîchement pêchés.

C’était du temps où les pêcheursétaient les artisans d'une industrie quin'avait pour but que de nourrir leshumains. Avant l'apparition de ges-tionnaires fonctionnaires qui nesavent de la mer que ce que leur ontraconté le cinéma et les belles histoi-res sorties de l'imaginaire plutôt quede la réalité.

Peut-être BB serait-elle intéressée parla genèse de la campagne qui l'aséduite il y a déjà une trentaine d'an-nées.

Un certain Brian Davis, qui vivait à lafin des années 60 dans l'est duCanada, avait alors découvert la force

de l'image d'un bébé phoque avec samaman. D'un bébé phoque qu'unchasseur s'apprêtait à abattre avec ungourdin pour en exploiter la peau et lafourrure. Comme avec les autres ani-maux que l'homme abat pour se nour-rir ou pour se procurer des moyens desurvivance. La nature ayant privé lephoque de pieds et de jambes maisl'ayant comblé d'une paire d'yeux etd'un pleur encore plus touchants queles plus grandes stars de cinéma, letout dans un décor d’une blancheurimmaculée, Brian Davis découvrel’image parfaite pour émouvoir lemonde entier.

Il tourne un film en couleur d'unequinzaine de minutes sur un geste quisemble jusque-là des plus anodinspour les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine et de Terre-Neuve, à quil'industrie de la fourrure offre de nou-veaux horizons, tout en débarrassantla mer des prédateurs de nos pois-sons.

La suite démontre qu'il aura viséjuste. Il a fait des dollars commeaucun des financiers de Wall Streetn’aurait pu l'imaginer.

Mais dans les abattoirs, si les yeuxétaient aussi touchants, si les camérasavaient le droit d'entrer, serait-ce sidifférent ? Nos pauvres petitscochons, nos jeunes veaux affec-tueux, nos poussins de Pâques, etc.BB est-elle allée les voir ?

Si Mme Bardot voyait comment unphoque peut s'amuser à déguster enun clin d'oeil une morue, un saumon,un flétan ou un maquereau, elle aurait

raison de supplier le Premier ministredu Canada de tout faire pour arrêtercette « boucherie écoeurante ». Carc'est là que ça se passe, la boucherie,Madame. Ils en détruisent du poisson,les loups-marins, les gentils bébésphoques du printemps. Le pire, c'estqu'il s'agit du même poisson qu'on neretrouve plus dans nos assiettescomme on en retrouvait il n'y a pastrès longtemps, quand la chasse auphoque constituait un des facteursimportants de l'équilibre des fondsmarins.

Et voilà que le Parlement européenvient de voter une loi pour interdirel’importation de produits canadiensdérivés des phoques. Sauf pour lesproduits provenant de la chasse tradi-tionnelle des autochtones. Comme simourir sous le gourdin d’un autoch-tone n’était pas mourir ! Comme si lebœuf dont proviennent les filetsmignons de l’Élysée et du Palais deBuckingham n’était pas mort sous lescoups d’un tueur !

J'espère que la France et la Belgique,deux alliées dans notre Francophonie- puisque la majorité des communau-tés touchées par cette décision duParlement Européen en font partie -auront assez de jugement pour ne pasverser dans la même ignorance queBrigitte Bardot.

Benoît DugayAncien vice-président International de

l’UPF, Auteur de « Vers le Pôle Nordmagnétique, d’après le journal de

Marc Fafard ».Éditions Carte Blanche, Montréal

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IDÉES 11

On nous annonce que la cul-ture générale devrait êtreévincée des concours admi-

nistratifs. Désormais, les candidatsseraient appelés à plancher sur desépreuves purement techniques, cor-respondant aux besoins de leurfuture profession. Cette décision dephilistin va à l’encontre de toutesles évidences contemporaines.Nous savons que le XXe siècle aproduit de la barbarie de masse etque le mieux pour répondre audésir de “plus jamais ça” serait deciviliser sans relâche. Les techni-ques ne civilisent pas. Elles fabri-quent des spécialistes, bien à l’aisedans une compétence restreinte etignorants de tout le reste. C’est enlisant les grands textes, en écoutantla grande musique, que nous avonsaccès à la beauté et au bien, qui nepassent pas seulement par l’éduca-tion de l’enfance ni ne s’apprennentpar des discours républicains.

Il faut avoir lu Antigone pour com-prendre que la loi positive n’est pastoujours juste. Et le bien-vivre sedonne à voir par les oeuvres deceux qui nous précèdent davantageque par les actes de nos contempo-rains.

Mais l’argument donné ici est terri-fiant : la culture générale est discri-minante, parce que tous ne peuventavoir accès aux grandes oeuvres.Mieux vaut donc la supprimer pourtout le monde. Ou, plutôt, la laisseraux seuls happy few capables d’en-trer dans quelques grandes écoles.À quoi sert qu’un pompierconnaisse l’histoire des rois deFrance? En effet. Faisons de lui unrobot apte seulement à manier salance à incendie. Ayons des fonc-tionnaires de guichet inaptes àcomprendre le désarroi de l’usageret des gardiens de la paix ignorantce que peut bien signifier le motpaix.

Nous aurons ensuite une société oùdes juges connaîtront leur code à lalettre mais traiteront leurs accuséscomme des débris, ou des géronto-logues doués pour combattrel’Alzheimer mais sans aucunecompassion pour les vieillards.Ainsi sera combattu l’ennemi prin-cipal de la République: la discrimi-nation. Surgira de notre obsessionun monde utopique où chaquecitoyen, armé d’un unique savoir,s’attellera à sa tâche sans savoirpourquoi le monde va comme il va.Le cerveau de ces zombis livrés àn’importe quel ordre s’emplâtrera.Pendant que la compréhension dusens sera réservée à ces quelques-

uns qui gouverneront les zombis.La France a cette spécialité: telle-ment soucieuse d’égalité, elle acoutume d’évincer tout ce qui peuthiérarchiser. Pourquoi depuis silongtemps porte-t-on aux nues lesétudes scientifiques au détrimentdes études littéraires? Parce qu’unenfant de famille modeste aura plusde mal à réussir dans les lettres(privé des encyclopédies, des livreset des conversations à la maison)que dans les sciences (où il s’agitde maîtriser les manuels). Si bienque nombre d’entre nous, passion-nés de littérature ou de scienceshumaines, ont terminé dans les éco-les scientifiques juste parce qu’ilsétaient “bons”. CQFD: plus on veutégaliser, plus on doit techniciser.L’excellence suppose le déploie-ment de l’esprit. L’égalité, quisous-entend nivellement et donccalcul, suppose d’une manière oud’une autre une matérialisation.

D’ailleurs, Tocqueville, toujoursprophétique, avait déjà vu que lespeuples démocratiques, assoiffésd’égalité, pourraient bien devenirtrès matérialistes. Il faut compterpour pouvoir mettre à la toise, et lesbiens immatériels ne se comptentni ne se mesurent. Ceux à qui l’onaura fait ignorer la Princesse deClèves ne s’intéresseront plus qu’àleur écran plat et deviendront lesséides obéissants de n’importe quelpouvoir. Ce que nous voulons pré-cisément éviter. Il est bien curieuxque cette société, qui ne cesse dedéplorer le matérialisme ambiant etdemeure hantée par l’obéissancedes cloportes qui ont nourri lestyrans, se donne tant de peine poursusciter ce qu’elle déteste.

La grandeur d’une République, ceserait au contraire de nourrir lesesprits au maximum autant que despécialiser des bras. D’ouvrir lesportes de la culture au plus grandnombre possible. De parier que laplupart peuvent comprendre laplainte d’Antigone. Et, finalement,de permettre aux cerveaux de pen-ser par eux-mêmes. Même si tousn’y parviennent pas au mêmedegré. La grandeur d’une sociétéconsiste à entraîner chacun au som-met de ses capacités. Passer tousles individus au crible pour tenterd’oublier les différences, c’est sim-plement légitimer la poursuite, pardéfaut de conscience, des mentali-tés totalitaires.

Chantal Delsol,de l’Institut

Grandeur de la culture générale

Les conséquences aberrantes de l'obsession de la discrimination

BB et la chasse aux phoques

Frédéric Mitterrand ministre de la culture et de la communication

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gazette 141 aout 26/08/09 16:18 Page 11

Page 12: La Gazette 141

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

LIVRES12

Le fait qu’un Espagnol, par-fait francophone, ait choisi des’intéresser dans le cadre deses études en droit internatio-nal à la question de l’in-fluence du droit français estdéjà, en soi, un signe de lapertinence du sujet ! Le droitfrançais peut s’envisager vis-à-vis du droit international etde ses organes. L’auteur nemanque pas d’explorer cesdiverses pistes dans unouvrage utile, bien conçu etbien informé sans être pédant(préface du professeur YvesDaudet)

« L’influenceinternationale du droit

français » de JacoboRios Rodriguez, éditions

Connaissances etSavoirs, 144 pages,

17,50 euros

Le curieux duo des frères Jeanet Jérôme Tharaud appartientà cette littérature voyageuse etcoloniale, qui va de Loti àPaul Morand. Nourri desconfidences recueillies par lesdeux frères vers 1925 à Fezainsi que de leurs propresexpériences marocaines, cetopus plein de charme recons-titue l’atmosphère intime dela ville de Fez. Un témoi-gnage littéraire sur un mondedisparu.

« La nuit de Fez » desfrères Tharaud, éditions

La Croisée des chemins,110 pages, 10 euros

Dans la même collection«Bibliothèque arabo-ber-bère», dirigée par J-P

Péroncel-Hugoz), les « Récitsberbères du XXI° siècle » deJean-Jacques Ille (202 pages,15 euros) sont bien loin desnouvelles images d’Epinalmarocaines, ryads décorés ouclubs de vacances. C’est unregard neuf, une plongée enpleine berbérité actuelle, unevision originale des rapportsentre Marocains et européens.

Caricaturiste algérien au quo-tidien Liberté et pourTV5Monde, Ali Dilem, bril-lant et irrévérencieux, scrutel’actualité et la commentedans des dessins qui frappenten plein cœur. Rien n’esttabou pour lui, même si sacausticité laisse apparaîtreune profonde humanité.

« Dessine-moi le monde» de Dilem, éditions de

l’Aube, 206 pages, 17euros

Grand Reporter et photogra-phe, Patrick Galan parcourt lemonde depuis plus de qua-rante ans. En 1994, il crée sapropre société de presse etd’édition, et lance le maga-zine «L’Esprit du Voyage», unbimensuel destiné aux profes-sionnels du tourisme deFrance, Suisse, Italie etBénélux. Après ses best-sel-lers sur le Kenya et l’Égypte,Patrick Galan nous fait décou-vrir les charmes d’uneMalaisie envoûtante qui vit unterrible drame écologique. Lanature exubérante de Bornéoet la vie des Iban, ces descen-dants des célèbres coupeursde têtes Dayak qui vivent àquelques encablures des villesfuturistes du troisième millé-naire, nous entraînent dansune aventure passionnante.

« Règlement decomptes » à Bornéo, dePatrick Galan,Traveling

Press Editions

La nouvelle collection« Auteurs » des éditionsCulturesfrance présente desfigures majeures de la penséeet de la littérature françaisescontemporaine : PatrickModiano, Marie NDiaye,Alain Robbe-Grillet, LeClézio, Pierre Michon, Jean-Luc Nancy. Avec cette parti-cularité que chaque titre, quise compose d’un essai surl’œuvre et l’auteur, comporteégalement un CD audio d’ar-chives de l’INA.

Editions Culturesfrance,19 euros

L’ancien ministre socialistedes Affaires étrangèresHubert Védrine réfléchit dansce petit livre, à la demande deNicolas Sarkozy, sur la posi-tion de la France par rapport àla mondialisation. Quelle estexactement sa politique étran-gère, sa politique de défense,d’influence ? Quels sont lesavantages et les inconvénients

du maintien ou de la modifi-cation de ces positions ? Lesmêmes questions sont poséespour l’Union européenne.

« Rapport pour leprésident de la

République sur la Franceet la mondialisation »

d’Hubert Védrine, Fayard,145 pages, 10 euros

Fruit de plus de quaranteannées d’expériences franco-phones, les réflexions de l’en-seignant-chercheur PierreDumont sur une francophonieà vivre autrement partent de larécente polémique sur le dis-

cours de Dakar du présidentSarkozy. L’espace franco-phone est une réalité, il estmultilingue et multiculturel,et ses acteurs doivent êtrereconnus dans leur identité.

« La francophonieautrement - Héritage

senghorien de Pierre

Dumont, éditions deL’Harmattan, 246 pages,

23 euros

Ces carnets offrent une imagede la francophonie double-ment paradoxale. Loin d’ununivers clos et ordonné, Jean-Marie Borzeix, ancien direc-teur de France Culture, rêved’une francophonie éclatéeavec des chemins buisson-niers, un univers imprévisibleet poétique. D’autre part, il neveut pas enfermer la franco-phonie dans l’étroite enve-loppe des Etats et des nations,il la souhaite au contrairecréatrice d’universalité, fac-teur d’émancipation. La fran-cophonie au fond, pour lui,c’est le charme de l’imprévi-sible et l’appel des grandsespaces.

« Les carnetsd’un francophone » de

Jean-Marie Borzeix,éditions Bleu autour, 115

pages, 10 euros

Les communautés africainesinstallées en France regrou-pent aujourd’hui près de sixmillions de personnes, venuesdu Maghreb ou de l’Afriquesubsaharienne, immigrés oujeunes nés en France, issus del’immigration. Nous allons àleur rencontre avec l’auteur,qui nous invite à porter unregard lucide et documenté,sans tabous ni amalgames.

« Les Africainsen France » de Jean-Paul

Gourévitch, éditionsAcropole, 480 pages, 21

euros

Les femmes congolaises sontentrées dans une ère deparole, en devenant plus acti-ves professionnellement. Celivre analyse les domainesdans lesquels leur visibilitéest désormais effective.

« Femmes du Congo-Kinshasa » de Cikuru

Batumike, L’Harmattan,95 pages, 11 euros

La traite des Noirs reste unphénomène sans précédent

dans l’histoire de l’humanité.C’est encore aujourd’hui uneplaie non cicatrisée au flancde l’Afrique. Les dimensionsspécifiquement africaines del’esclavage n’avaient jamaisfait l’objet d’une étude auto-nome, c’est désormais réparé.Cette étude d’un professeuragrégé originaire du Malirévèle le rôle précis desAfricains dans le commerced’êtres humains, qui saignaleur continent pendant cinqsiècles.

« Latraite des Noirs et

ses acteurs africains »de Tidiane Diakité, Berg

International Editeurs,238 pages, 19 euros

Des années Malraux à l’ère dutout numérique, c’est l’his-toire de 50 ans de politiqueculturelle de la France queretrace Maryvonne de Saint-Pulgent, haut fonctionnaire auministère de la Culture.

« Culture etcommunication » deMaryvonne de Saint-

Pulgent, DécouvertesGallimard, 126 pages,

12,90 euros

Un dialogue passionné et par-fois contradictoire entre deuxjournalistes de génération etde culture différentes. L’unoriental et l’autre occidental,mais la même passion pourl’Orient. Leurs entretienstémoignent des grands événe-ments historiques et permetde comprendre mieux cesrégions écrasées sous le poidsdes clichés.

« Nos Orients » deJean Lacouture

Entretiens avec AhmedYoussef, 195 pages, 18

euros

Poète et romancière née àBeyrouth, Vénus Khoury-Ghata est l’auteur d’uneœuvre qui exsude le sentimentde la perte et de l’exil. Sondernier livre se passe en 1941.Trois officiers français sont

Cyrano de TillinacPlus ou moins loin des coteries - parisiennes, l’écrivain fer-raille - toujours avec panache pour ses idées et pour la litté-rature. A la fin de l’envoi, il touche.

Ça fait du bien, un bon vieux réactionnaire qui s’assume etqui s’exprime. Ça change du discours bobo habituel quienvahit tout et nous submerge de bons sentiments. Un jour, ilfaudra régler son compte à toute cette génération Mitterrandlittéraire, pleine de petites plumes qui auront passé leur viede copinage à se goinfrer de notes de frais en posant aux maî-tres de morale sous prétexte qu’ils n’aimaient pas Le Pen.

Tillinac aura son mot à dire car on sent bien qu’il ne supportepas ces marquis élitistes et méprisants qui se gavent de Duraset des vertus de l’immigration – dont ils préservent soigneu-sement leurs propres enfants inscrits dans des établissementshors-sol, garantis ethniquement 100 % gaulois. Lui, du fondde sa Corrèze, est plus généreux. Il ne se prétend certaine-ment pas citoyen du monde, il ne jure que par de Gaulle,d’Artagnan ou le rugby et il résume la France à Athènes,Rome, Cluny et Versailles mais il a un cœur en or et, s’il tientà marquer sa différence, il est accueillant. C’est vraiment lecopain chaleureux qui s’assume avec ses partis pris et sescontradictions. Dans son nouveau livre, « Rue Corneille », ilraconte ses voyages depuis une dizaine d’années, et il pré-sente une dizaine de visages différents mais tous décrits avecune verve, un style et un ton rocailleux et espiègle qui luidonnent un charme irrésistible. On le lit et on se dit, tellemadame de Sévigné quand elle feuilletait Montaigne :« Comme j’aurais aimé l’avoir pour ami. » Donc il a été édi-teur, grand commis de l’Etat chargé de la francophonie, jour-naliste, écrivain et tutti quanti.

Il ne cesse d’évoquer son Triffouillis-les-Oies corrézien maisson livre navigue de Niamey à l’Arms Park de Cardiff, del’Elysée à Hanoi. Parfois il a dû se rêver en Chateaubriandattrapant l’Histoire par le bras mais, tout compte fait, son ins-tinct paysan l’a emporté et, à l’arrivée, apparaît un Jean deFlorette pressé de se débarbouiller de sa chantilly diplomati-que. D’une page sur l’autre, on le voit rêver d’une confrériepour fonder une nouvelle politique africaine puis s’aperce-voir que le seul moyen d’imposer une vraie démocratie à cevieux continent serait de le recoloniser.

Son bonheur sous le bras et son œil toujours en patrouille, ila donc renoncé à réveiller les autres mais ne tient pas, pourautant, à s’assoupir lui-même. Un mot, une idée et il sedresse d’ailleurs sur ses ergots. Pour dénoncer, par exemple,la presse qui aurait lynché son grand ami Gaymard dont il nesent pas du tout l’indécence. Car telle est sa fidélité en ami-tié. Mais comme il est contradictoire, il est aussi infidèle etcelui qui déguste, cette fois-ci, est Chirac, son ancienneidole. Sa pusillanimité, ses lois mémorielles à répétition, soncommunautarisme sans cesse dénoncé en paroles et perpé-tuellement consacré dans les actes, toute cette bien-pensancevertueuse et creuse a fini par agacer Tillinac. Et le refus decélébrer Austerlitz au moment où on était prié de pleurer surle malheur des Arméniens a achevé de lui tourner les sangs.Du coup, il a également tourné le dos à Paris. Il a démis-sionné d’un peu partout, il est rentré chez lui où il a écrit celivre. Et tant mieux. De tels souvenirs pèsent plus qu’uncompte en banque. Surtout ces jours-ci.

Gilles Martin-Chauffier « Paris Match »

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ensevelis sous les décombresd’un temple du Djebel druze,en Syrie. Cinquante ans après,les trois corps exhumés sontceux de deux hommes etd’une femme. En quoi cesfaits concernent-ils Laura,une jeune française de 25 ansqui devra se rendre sur leslieux pour découvrir le secretde sa première vie…

« La revenante » deVénus Khoury-Ghata,éditions Ecriture, 200

pages, 17,95 euros

L’Association du NotariatFrancophone observe depuislongtemps et avec intérêt lesévolutions dans le domainesocial et économique. Un col-loque à Paris a permis de fairele point sur les processus dedéveloppement que le notariatpeut accompagner, armé deson expertise sécurisante.

Les actes du 3èmecolloque, tenu en 2007,

sont édités par l’ANF.

Cette nouvelle édition actuali-sée et augmentée s’adresse àquiconque doit être lu et com-pris. L’écriture a ses lois et sestechniques et l’écriture jour-nalistique se doit d’aller àl’essentiel en éveillant l’inté-rêt du lecteur. C’est aussi l’artde choisir le bon angle pourprésenter de façon attractiven’importe quelle information.

« Le guide de l’écriturejournalistique » de Jean-

Luc Martin-Lagardette,éditions La Découverte,

255 pages, 20 euros

Un assemblage de croquisdrôles et littéraires rapportésde ses promenades parPhilippe Meyer, piéton deParis amoureux de sa villeaux mille beautés. Il paie sadette avec reconnaissance à laVille éternelle et en mêmetemps éternellement diverse,qui lui a donné l’énergie, laliberté, la surprise des rencon-tres.

« Un Parisien à traversParis » de Philippe

Meyer, éditions RobertLaffont, 195 pages, 17

euros

Cette mine d’informations sur

la presse sort pour la dixièmeannée consécutive une présen-tation des 1000 principauxtitres de presse françaisaccompagnés d’une fichesignalétique, ainsi que des 30groupes de presse les plusimportants.

« Le Guide de la pressefrançaise »,

Développement PresseMédias, PUF, 430 pages,

39 euros

Avec plus de 2000 entrées,tous les médias sont représen-tés, presse, audiovisuel,cinéma, internet… Les mots,les notions, les théories sont

présentés de façon claire,offrant les clés qui permet-tront à tous de mieux appréhender le monde des médias.

« Lexique d’informationcommunication », sousla direction de Francis

Balle, Dalloz, 475 pages,16 euros

Cette 35ème édition propose,conformément à sa vocation,un panorama des médias fran-çais et de la presse étrangèreen France, ainsi qu’un aperçudes services de communica-tion du gouvernement et desservices publics.

« MediaSIG 2009 », LaDocumentation

française, 550 pages, 42euros

Pour fêter l’anniversaire de LaSemeuse, créée en 1890 parEugène Grasset, Larousse afait appel à 40 dessinateurs derenom qui ont choisi d’illus-trer 400 mots de la languefrançaise de façon humoristi-que, décalée, poétique. Et tou-jours, en un seul volume, 59000 noms communs, 28 000noms propres, 5000 illustra-tions, et les célèbres pagesroses de citations, proverbeset mots historiques…

« Le Petit Larousseillustré 2010, 1952 pages,

44,90 euros.

Attentif aux continuités et auxruptures de cette nouvellesociété de l’information bou-leversée par l’arrivéed’Internet, cet ouvrage éruditet complexe donne à voir riende moins que le schéma d’uneréorganisation du monde.

« Histoire de la sociétéde l’information » (3ème

édition) d’ArmandMattelart, éditions de LaDécouverte, 122 pages,

9,50 euros

Voici le récit allègre du deve-nir des mots français dans leslangues européennes. Parfoisdétournés ou déformés, nosmots de tous les jours réson-nent alors d’une tonalité exo-tique, nourris de vraies trou-vailles. Par exemple en alle-mand, salopp veut dire décon-tracté et en bulgare parashou-tiste une personne pistonnée !

« Les mots migrateurs »de Marie Treps, éditionsdu Seuil, 372 pages, 20

euros

Les destins de ces 25 grandsfarfelus français – tous genti-ment dérangés ! - laisse pan-tois. Par quelle folie ce facteurs’est-il mis en tête de bâtir unpalais avec les cailloux ramas-sés pendant sa tournée ?

Pourquoi ce notaire périgour-din a-t-il passé sa vie à deve-nir roi de Patagonie ? Ecritsavec suspense et humour, cesrécits de vie sont de véritablesgourmandises, excentriques etvéridiques.

« Les plus grandsFarfelus français »

d’Hubert Delobette, LePapillon Rouge Editeur,270 pages, 19,90 euros

Combien de plumes ont faitvalser la langue française etont secoué ses mots !Malicieuses, aventurières,hilarantes, turbulentes, PatriceDelbourg les a rassembléesdans ce florilège drolatique.Paroliers et chansonniers,poètes et romanciers, aphoris-tes et fabulistes, six sièclesd’impertinence, de FrançoisVillon à Raymond Devos, deCioran à Pierre Desproges, deCéline à Audiard…

« Les Jongleurs de Mots» de Patrice Delbourg,éditions Ecriture, 608

pages, 29,95 euros

Après avoir transformé l’es-pace économique mondial, lamondialisation est en voie detransformer l’espace culturel.La Chine, la Russie, l’Indes’affirment au même titre queles communautés linguisti-ques historiques, anglophone,hispanophone, arabophone.La Francophonie est-ellecapable de relever le défi decette bataille des langues ?Que faut-il qu’elle fasse pourmarquer de son empreinte cenouvel espace culturel mon-

dial, afin qu’elle reste unepuissance linguistique ? «C’est la Francophonie qui estdevenue le principal espoir denotre langue » répond Jean-Louis Roy, qui fut professeur,homme de presse, déléguégénéral du Québec à Paris etmaintenant chercheur àl’Université de Montréal etprésident du conseil d’admi-nistration du Centre de lafrancophonie des Amériques.

« Quel avenir pour lalangue française , » deJean-Louis Roy, HMH

éditions, 266 pages, 22euros

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

LIVRES 13

Andreï Makine rêve de Russie Son dernier roman, qui marque un retour à la terre patrie,décrit dans un style dense l'itinéraire d'un cœur pur.

Le roman français ? « Cent pages de coucheries et de dépri-mes parisiennes ». Les écrivains d’aujourd’hui : des « coqsen frac ». Les présentateurs d’émissions : des « crétins gomi-nés qui flattent l’ego des beaufs et des bobos ».

Impitoyable envers le milieu litté-raire français, le hérosd’Andreï Makine. Ce n’est pas faute, pour son créateur,d’avoir bénéficié de ses faveurs : en 1995, le Testament fran-çais décrochait les prix Goncourt et Médicis. Makine n’en acure.

Le succès l’indiffère. Les slaves francophones tom-bent aussibien sous le coup de sa vindicte : Kundera est « un boudeurprétentieux », le Nabokov de Lolita « ca-resse les bas ins-tincts des bourgeois occidentaux », et Soljenitsyne feraitmieux de s’aviser que la souf-france et les bons sentiments nesont pas, à eux seuls, « les critères de la bonne litté-rature »…

Choutov, l’antihéros de ce treizième roman, rêve d’un monde« sans castration par le politiquement correct, sans postmo-dernisme, sans sexe à tout bout de phrase ». Bref, un mondeaux antipodes de notre Occident narcissique et exténué. Onle suspecterait de ressentiment si, à cette “nanerie”, il n’op-posait les sentiments selon Tchekhov, seul écrivain quitrouve grâce à ses yeux. Tchekhov, à qui la vue d’un cerisieren fleur ou un simple « je vous aime, Nadenka », suffit pourimmortaliser « une minute d’ivresse sur un talus enneigé,dans la course d’une luge ».

Une déconvenue amoureuse per-suade Choutov (“bouffon”,en russe) de quitter Paris pour Saint-Pétersbourg, où il veutretrouver son amour de jeunesse, Iana, à laquelle il espère sedéclarer comme dans le roman de Tchekhov. Il ne retrouvequ’une femme d’affaires pressée, un téléphone cellulairesoudé à l’oreille, dans un Saint-Pétersbourg défiguré par lacourse au dollar. La ville fête son tricentenaire et vit à l’heuredu numérique et des études de marché.

Les Russes singent les Occidentaux : pendant que les nou-veaux riches offrent des diamants à leurs chiens, la foules’assourdit du bruit des feux d’artifice pour oublier le fracasdes bom-bes d’hier, dans « un gey-ser d’énergies longtempscomprimées par la démence raisonneuse de la dicta-ture ».Tous ont_tourné la page, laissant Choutov « envasé dans lestemps mau-dits ».

Tous, sauf Volski, un vieil-lard prostré dont Choutovrecueille la confession. C’est l’épicentre du roman : l’itiné-raire bouleversant d’un cœur pur, voué au chant mais pro-pulsé dans le terrible siège de Leningrad par les Allemands,avec, en guise de récompense, la paix revenue, l’horreur despurges, des camps, de l’asile psychiatrique. Un hommeinconnu que rien n’a jamais diverti de sa passion pour unefemme que la dictature stalinienne et la mort même ontéchoué à lui ravir. Le narrateur se reconnaît dans ce rescapé,seul lien avec un passé où l’on se sacrifiait pour laisser àl’être aimé une portion de pain, où l’on chantait sous lacanonnade des tanks. Hommes et femmes anonymes, happésdans le « grand cirque noir » de doctrinaires déments, maisqui aimèrent à la folie, et qu’Andreï Makine, qui est peut-êtreun de nos derniers romantiques et dont le royaume n’est pasla langue mais le ressouvenir, sauve magnifiquement de l’ou-bli, dans ce roman qui est son adieu, rédigé en français, à laRussie de ses rêves.

Un adieu déchirant de vérité : nulle pose avantageuse pourexprimer « la patiente et rugueuse prose de nos vies ». Sanseffets ni pathos – inutile de « faire son petit Cioran » –, à lajonction du cri, de la confidence pudique et du regret, il nousrappelle que l’oubli, mieux que le ridicule, seul, tue. Et c’esttrès beau.

(La Vie d’un homme inconnu,Seuil, 292 pages, 21 )

Vincent Landel « Valeurs actuelles »

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JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

Journal bimestrieldirection, rédaction, publicité

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Ont collaboré à ce numéroJean Jolly, Jean-Pierre Cuq, Jaxques Julliard, Elisabeth Lévy,Philippe Starck, Philippe Bilger, Jean Miot, Alberto Toscano,

Info Maroc News, Claude Allègre, Bruno Frappat, XavierTérnia, Jean-Pierre Amette, Benoît Dugay, Chantal Delsol,

Gilles Martin-Chauffier, Vincent Landel, Claude Imbert,Claude Dumeton, Alain Garnier, Georges de Villerville, Jules

de la Fayolle, Cécile de Songy

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ALGÉRIE : FEHAM Mohamed - CAMEROUN : DE SUMO Honoré -FRANCE : BARBICHE Jean-Paul, DE SUMO Jean-Pierre, FERREIRARémi, LARGE Anne-Lise, SACKO Abdullah, SAMBA MANIENZ Anicet,SHOHIB Mohamed, VAN DE CASTELLE Marlène - GÉORGIE : DZE-NALDZE Nana - GUADELOUPE : CONGRÉ Prosper, KAULANJANAxelle - MAROC : RAKI Hassan - RD CONGO : BAKUMANYABienvenu-Mari, BUHAKE Dina, DIOSO DI MBUNDU Olivier, EMAN-GONGO KUNGA Pierre, EYENGA SANA Louis-Paul, KABONGOEmmanuel, KONGO Véron-Clément, KANYOMBO Pamphile,KASONGA Léon Richard, KATUMBA KAYUMBI Aimé, KIMBUINIPAULO Mila, LUTETE Marcel, MANGENDA T. Gilbert Elisée, MARTINEnyimo, MATADI Lydie, MBALA BEMBA Luc-Roger, MASENGURosie, MOBATELI Angelo, MOKABATIO Déborah, MONSA IYAKAFreddy, MPEZO ZANETI Patrick, MULELA BADIBANGA Dieudonné,NDONGALA CARDOSO Ludi, TSHIAMBI Albert, YOHA WODJAMathieu.

NOUVEAUX MEMBRES

Aquelques heures de la célébra-tion de la Journée mondiale dela liberté de la presse, le cor-

respondant de gabonews à Port-Gentil(capitale économique gabonaise) arencontré Jean-Pascal Ndong, prési-dent de la section gabonaise de l’UPFet vice-président international chargéde l’Afrique centrale. Celui-ci évoqueles réalisations menées à la tête de lastructure qu’il dirige depuis six ans.

Quelle signification donnez-vous auchoix de Port-Gentil pour abriter lesmanifestations entrant dans le cadrede la célébration de la 19ème Jour-née internationale de la liberté de lapresse ?

« Nous avons voulu délocaliser cettejournée parce que le Gabon ne selimite pas à Libreville. Nous avonspensé qu’il était opportun de nousdéporter à Port-Gentil afin de retrou-ver les confrères qui exercent en pro-vince. Il s’agit de réfléchir ensemblesur la thématique soumise à notreappréciation à savoir « Le potentieldes médias : dialogue, compréhensionmutuelle et réconciliation », maisaussi, partager le savoir avec nos col-lègues avec le soutien d’éminentsconférencier».

Quel bilan faites-vous de la Sec-tion gabonaise de l’UPF ?

« Je suis à la tête de la Section gabo-naise de l’UPF depuis mai 2003. J’airemplacé le premier président,Samson Ebanguili. Mon baptême dufeu fut l’organisation des 35èmes assisesde la presse francophone au Gabon ennovembre 2003. Nous avons reçu,avec l’appui du président OmarBongo, près de 250 journalistes venusdu monde entier.

Par la suite, il a fallu restructurer etredynamiser la section. Dès lors quenous formons un groupe qui doit tra-vailler avec les autorités, nous entronsdirectement sous le coup de la loirelative à la formation des associa-tions. Outre ces aspects légaux, nousavons organisé des séminaires en par-tenariat avec les associations ou leministère de la Communication.

L’UPF a fait bénéficier les journalis-tes de formations. Elle est aussi mon-tée au créneau pour dénoncer desactions, lorsque par exemple leConseil national de la communication(CNC) suspend une publication oulorsqu’un journaliste est en garde à

vue, en détention préventive ou incar-céré.

Depuis octobre 2008 et les assises deMontréal, je suis vice-président inter-national chargé de l’Afrique centrale.C’est à ce titre que je rentre des deuxCongo où j’ai effectué une mission derestructuration des sections UPF et desensibilisation des journalistes sur lesquestions liées à la responsabilité,l’éthique et la déontologie journalisti-que ».

Pouvez-vous nous faire un état deslieux de la presse au Gabon, ses for-ces et faiblesses ?

« Nous avons un problème, c’est lasolidarité! Si nous ne sommes passolidaires, nous ne pouvons pas tra-vailler ensemble. C’est une entrave àl’amélioration des conditions de vie etde travail des journalistes. Nousdevons veiller à l’octroi de la subven-tion à la presse écrite privée et enligne avec en perspective le FondNational d’Aide à la presse, FONA-PRESSE. Et la loi sur la dépénalisa-tion des délits de presse n’est toujourspas adoptée dans notre pays. Autantde paramètres qui devraient plutôtinduire la solidarité de la corporation.

Gabon: Trois questions à Jean-Pascal NDONG,président de la Section gabonaise de l’UPF

Côte d'Ivoire:Le centre de presse,

une innovation

Le président de l'UPF, AlfredDan Moussa, a conçu et misen place en Côte d’Ivoire un

centre de presse mobile doté d'ordi-nateurs, de deux imprimantes etd’un scanner. Les journalistes,après chaque reportage, peuvent yécrire leurs articles. Cela grâce àl'aide de Nestor Sadia, administra-teur technique.

«Je salue vraiment ceux qui ontpensé à la mise en place de ce cen-tre, car il a permis aux journalistesde travailler convenablement», aindiqué Tia Grahoua, du quotidienLe Mandat.

Jonas Outtara du quotidien NotreVoie a affirmé, quant à lui, que « lamise en place du centre de pressemobile a été d'une grande utilitépour les reporters-photographes,qui ont pu envoyer leurs photos entoute quiétude ».

Le président a exprimé sa gratitudeaux ministres de la Communica-tion, de l'Economie et des Financesde Côte d’Ivoire, pour leur aidedans l'exécution de ce projet.

Dan Moussa a salué les envoyésspéciaux (journalistes, photogra-phes, cadreurs) qui ont eu recoursaux services du centre, et égalementpour la bonne ambiance de travail etde collaboration...

MALI

Pilotée par Mahamane Cissé, directeur de publication du journal LeScorpion et Président de la section malienne de l’UPF, une équipe dejournalistes maliens a séjourné quelques jours à Conakry (Guinée),

dans le but de dynamiser la coopération entre les deux pays et de décou-vrir les réalités politiques et économiques du pays.

Le Mali qui a traversé une période de transition identique au début desannées 90 a acquis une certaine maturité en ce domaine. L’équipe de jour-nalistes a rencontré des membres de la société civile, le ministre del’Information et de la Culture, la presse nationale. Les journalistes gui-néens et maliens ont pu échanger des informations précieuses sur l’actua-lité, les avancées politiques et les défis qui attendent leurs deux pays.Je

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Admettons tous ces obstacles franchis. Il en reste un : la conscience dujournaliste, son sens civique, sa manière de concevoir sa place dans lasociété. La question est simple, nul n’a trouvé la réponse universelle :Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? La loi, bien sûr, interdit avecraison les atteintes à la vie privée. Encore faut-il, de plus en plus souvent,en préciser les limites… Elle réprime aussi les appels à la haine raciale, lesdiscriminations liées à la religion ou à l’origine ethnique. Et c’est tantmieux.

Mais rien n’interdit au journaliste de désigner à la vindicte populaire le nomd’un assassin présumé, qui, deux jours plus tard, innocenté, paiera de sa viecette erreur d’un juge subjugué par les médias. Rien n’interdit au journalistede publier le nombre de voitures incendiées, le soir de la Saint-Sylvestre,dans une grande ville de France. Quitte à en faire un record à battre l’annéesuivante ou dans une autre banlieue. Deux exemples. Il en existe des centai-nes. Deux vérités. Fallait-il les révéler ? Oui, au nom du droit du public àl’information. Non, en raison de leur impact sur des esprits faibles…

Tout journaliste, dans sa vie professionnelle, parfois plusieurs fois par jour,est confronté à cet épuisant parcours du combattant. Ses armes personnel-les -sa formation professionnelle, son respect de la déontologie- sont de pré-cieux atouts. Mais leur efficacité peut, au fil des ans, s’émousser. Seul, ilbaissera la garde. Entouré, il retrouvera ses marques. Trop souvent, dans lesrédactions, on ne se parle pas assez, on ne se confie pas… On travaille côteà côte, mais pas ensemble.

Pourtant, tout indique, dans l’histoire de la presse, qu’une équipe rédaction-nelle soudée peut soulever des montagnes, bousculer les adversaires de lavérité. Qui a oublié le « Washington Post » et la chute de Nixon, l’hommele plus puissant du monde ?

Georges Gros

Journaliste, anima-teur et producteur,Mohamed SalifouKeita, 48 ans, estconnu du public gui-néen pour son émis-sion télévisée ParolePlume Papier,consacrée aux livres.

Sous-directeur à la Culture, il aorganisé dans son pays la 11èmeédition du Festival itinérant de poé-sie internationale en Afrique (Fipia).C’est cet homme de culture et demédias qui a été choisi par les auto-rités de son pays pour « promouvoirl’image de marque de la Républiquede Guinée auprès des médias inter-nationaux et de mener à cet effettoute activité de lobbying ».

GUINÉE

Suite de la page 1 « Au service de la vérité »

Changement à la tête de l’AGP

M. Lin JoëlNdembet, chefdu servicepolitique duq u o t i d i e nL'Union etmembre del'Union inter-nationale de lapresse francophone (UPF), a éténommé directeur de l’Agence gabo-naise de presse (AGP).

M. Ndembet, 47ans, a débuté sa car-rière de journaliste à l'agence officielleen 1990-1991 avant de rejoindre larédaction du quotidien de Libreville.

SALLE DES PROFSDE FRANÇAIS

Quoi de neuf sur franc-parler,le portail de l’OIF pour les pro-fesseurs de français du monde?

Des dossiers et documents gra-tuits pour tous les besoins : pra-tiques de classe, autoformation,information... tapez ce liendans la fenêtre internet :www.francparler.org/dossiers.html.

(francparler.org est un projetmené à bien par le Centreinternational d’études péda-gogiques de Sèvres, (FranceCIEP), par la Fédération desprofesseurs de français(FIPF), et financé par ladirection de l’Education et dela Formation (DEF) de l’ OIF.

GABON

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JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

www.regione.vda.it www.lovevda.it

La Vallée d’Aoste représente,par son histoire,un symbole vivant du mélange

des cultures européennes.Sa position charnière entre les frontières géographiques

et culturelles de l’Italie,de la France et de la Suisse en fait une région unique.

Ses ressources agricoles et humaines en font également un pôle économique

dynamique et influent.Le tourisme et l’agriculture,qui s’ajoutent à l’industrie

de haute technologie et à la production hydroélectrique,assurent à la Vallée d’Aoste

un avenir prometteur dont chacun peut faire partie.Elle participe à la

construction d’une Europe unie et multiple qui lui ressemble.

Particularismeau cœur de l’Europe

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sta.

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gazette 141 aout 26/08/09 16:19 Page 15

Page 16: La Gazette 141

Directeur de la publication : Georges Gros - 3, Cité Bergère - 75009 Paris. Commission paritaire N° 0909 G 85883

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Sans sombrer dans lesdéfinitions mouvantesde quelques agents du

rire collectif-ironie, satire,humour (« Vouloir le définir,c'est prendre le risque d'enmanquer »)-, nous voyonsqu'en un demi-siècle la tona-lité générale du rire a changé.Le rire convivial, cordial,chaleureux, le rire d'accueils'est refroidi. Parmi toutessortes de rires, le rire d'exclu-sion, de dénonciation prendle dessus. On ne rit pasmoins, mais on ricane plus.Voyez, ces jours-ci, l'affaireGuillon. Cet amuseur matinalde France Inter jette à gran-des brassées Strauss-Kahn,Sarkozy et une flopée deministres dans son baquetd'acide. Ils gémissent, maisl'Audimat auréole Guillon.La dérision souveraine emplitde son fiel la satire politique.Ce n'est pas nouveau. Maisde nos jours la médiatisationamplifie son empire. Le rire ases bas-fonds : la dérision yrègne.

Dans son registre critique,lorsqu'il châtie les moeurs,une des fonctions du rire estde faire éclater la chape decomédie dont chacun, parconventions sociales, s'enve-loppe. Dans notre époque oùse trame la grande sape d'unordre ancien, le rire est bonsoldat de cette démolition.

Il prend pour cible les gran-des institutions, pouvoirs ethiérarchies. Mais aussi, denos jours, les sentiments,rites ou vestiges de la tradi-tion. La dérision modernes'acharne à débusquer, sous ladéfroque sociale, la chienne-rie et le « rien » de chaquehomme. La maladie et lamort elles-mêmes subissentses outrages. Bergson pensaitque le rire exigeait une «anesthésie momentanée ducoeur ». La dérision, en toutcas, ne se prive pas de passerau Kärcher des sentimentsréputés respectables.

Sur une chaîne privée, onpeut voir un pitre solennel

mettre en scène des vieillardsdéglingués et jusqu'à descadavres pour ébaubir unpublic que rien n'écoeure.L'éventail des amuseurs est,il faut dire, très large. D'uncôté, les plaisants sans bas-sesse, tel le patriarcalBouvard, les Guignols deCanal +, Canteloup ou Gerra,le charmeur Amadou, et j'enpasse... Et puis, sur l'autrebord, les comiques de fossed'aisance, les acharnés du

pilori. Ce qu'on retiendra,c'est qu'avec les seconds lecruel et l'obscène gagnent duterrain.

Notez que la dérision, dansson élan, ne se prive pas del'autodérision. On s'excuse del'incongruité d'un mot d'es-prit-espèce raréfiée-si parhasard il s'en échappe. Lapublicité elle-même renoncesouvent à marteler son mes-sage. Elle abuse du non-senscomme pour démystifier sonpropre pouvoir mystificateur.Ainsi la campagne, jadis,d'un autocollant (« Regardez,il n'y a rien à voir »)...

Il résulte de cette grande les-sive un mépris désabusé, une

frivolité pincée sur l'inconsis-tance de tout. Dans les arts,avec le dadaïsme, avec le popart, avec ces pantins fluo deJeff Koons installés dans lespastels du palais deVersailles, l'incongru fait soncinéma ! De même avec lamode antimode de la nippe etde la fripe. Dérisions de tout !

Dans la satire, l'agressivitédevient un composé obligédu spectacle. Sur les plateauxde télévision, combien decombats de coqs pour que desacteurs corrosifs se volentdans les plumes ? La moque-rie cède à la raillerie quand cen'est pas au sarcasme : il fautà tout prix « chambrer ».D'où ce tout-à-l'égout de van-nes en tout genre. L'humourde dérision va, sans surprise,de pair avec le déclin de l'ad-miration. M. de Lapalisse,grand humoriste, concluaitqu'à force de ne rien prendreau sérieux on prend ausérieux le rien... Nous y som-mes !

L'ennui, c'est que nos humo-ristes de « bonne mauvaisehumeur » s'arrogent, sanshumour, la prétention à direle bien et le mal. A la télé,l'autre jour, chez l'excellentYves Calvi, nos écorcheurs,sérieux comme des papes,

affichaient leur immunitépour répondre aux écorchésplaintifs victimes de leur« méchanceté ». Les écor-cheurs avaient le beau rôle :la méchanceté ne connaît pasde frontières. L'air du tempsles déplace à sa guise, et letemps n'est pas à la bonté.

Nos féroces bouffons sevoyaient assez bien en justi-ciers, en vertueux serviteursde la vérité. Au nom d'unhumour affranchi de toutedécence, ils manient en faitet, sans le dire, l'éditorial decombat. Il est vrai que leursvictimes, avides de notoriété,s'offrent elles-mêmes, enmannequins de foire, à leurpilonnage et associent leursrires (jaunes) au rire mécani-que voire préenregistré dupublic.

La période précédant 1789 aconnu, dans une grêle delibelles enragés, semblabledébauche d'insultes, mais elleétait réservée à des lettrés.Radio et télévision ont démo-cratisé leur pratique. Ladémocratie ne s'en trouve nigrandie ni menacée. Mais, iciet là, insidieusement avilie.

Claude Imbert« Le Point »

Le temps de la dérisionNe riez pas, le rire mérite un peu de sérieux : celui de sa signification sociale.

Parce qu'il ouvre une voie naturelle et efficace pour la formation des consensus sociaux,il devient un marqueur privilégié de l'air du temps.

Céline n'a pas inventé la lan-gue populaire, c'est plutôt lelangage populaire qui l'ainventé, lui… Cette apprécia-tion un peu laconique, quej'émettais il y a quelquessemaines, m'a valu beaucoupde questions de la part de lec-teurs qui me demandent ceque j'ai voulu dire, au juste.Voici, je résume. Il faut savoirqu'avant 1880, et jusqu'auxannées 1950, en chiffresarrondis, il existait à Paris etses faubourgs un langage dit« ouvrier », mais aussi voyouet argotique, d'une verdeur etd'une pugnacité qui n'ont rienà voir avec le langage familierque nous connaissons de nosjours. Une autre langue, vrai-ment…

L'écrivain Louis-FerdinandCéline, né Louis Destouches,naquit en 1894 dans unefamille de la petite bourgeoi-sie parisienne, fière d'une cer-taine instruction mais totale-ment désargentée. Lesparents Destouches ne par-laient certes pas l'argot !Quelle horreur ! Un cousin deLouis devint médecin, et legrand-père avait été proviseurd'un lycée… Le hic, c'est quelorsque l'âge de l'école pri-maire arriva, vers 1900, lesfinances familiales ne leurpermirent pas de mettre l'en-fant dans une gentille petiteécole privée, et payante, oùl'on ne cultivait que le fran-çais châtié. Le petit garçondut fréquenter l'école publi-que, depuis peu laïque et obli-gatoire, la « communale » ensomme, laquelle brassaitpêle-mêle la progéniture dumonde ouvrier, voire le tout-venant des chenapans ! Et là,catastrophe ! Le petit Louis,vif comme une portée de sou-ris, rentrait à la maison avecdes mots malsonnants et desinterjections à faire trembler

les vitres du passageChoiseul, où vivaient sesparents.

On fit des sacrifices, on lechangea d'école l'année sui-vante, on le tourna vers lesreligieux bien causants, maishélas, faute de pécune, il dutretourner à la fatale commu-nale, où, bref, il apprit à par-ler argot comme un ange dansla cour de récréation. Au pro-fond désespoir de samaman… C'est que l'argot,autour de 1900, n'était pasune amusette ! Pour les mèresde bonne famille, l'affreuxlangage populaire ouvrait surl'antichambre du bagne, car-rément ; il avait toutes leschances de conduire leur filsà l'échafaud - et leur fille auclaque !

C'est là le premier volet del'enracinement du futurCéline dans la langue « sale »qui le marquera pour la vie,comme marquent les bouil-lonnements de l'enfance.Bien plus tard, il retrouverapar son écriture les émotionsintimes de ses six à douzeans, indélébiles… Passonssur la jeunesse, les petits bou-lots du commerce, la guerre,brève pour lui, ses étudesd'autodidacte, et enfin lafaculté de médecine. Le jeunedocteur Destouches ne parlaitcertainement pas argot àRennes, à l'exception d'unvocabulaire un peu plus cara-bin qu'il n'était d'usage, peut-être, dans ces contrées, afinde bien marquer son apparte-nance au Paris de toutes lesgloires. Puis, après bien desvoyages, il y eut la médecineau dispensaire ; brusquement,il se retrouva parmi les pau-vres, les déclassés, les cau-sant de travers, la languepopulaire qu'il se mit à humeravec délice chez sespatients… Bien sûr, il ne

s'adressait pas à eux en argot,mais il les écoutait, il respiraitleur faconde miteuse, il jouis-sait de leurs inventions, deleur vulgarité, de leur drôleriemal embouchée - et si l'on medemande pourquoi ce méde-cin, après tout bon praticienet déjà bien fourni en rela-tions, n'a pas fait une carrièremondaine,parfaitement lucra-tive, je dirais que la langueinimitable de sa prime jeu-nesse l'attirait vers les dispen-saires comme un aimant. Jepeux me tromper, mais on nepeut expliquer autrement levirage sur l'aile d'un emploi àla Société des nations à lamodestie du toubib de base àBezons.

Ce fut dans ces conditionsqu'il écrivit Voyage au boutde la nuit, qui réalise unemerveilleuse synthèse entrele français de tout le monde etla langue populaire dure,grossière : le Voyage qui lecréa en tant qu'écrivain et fitde lui, à trente-huit ans,Céline ! Après quoi la brècheétait ouverte, la fécondationaccomplie. Ses écrits commeses fréquentations - le peintreGen Paul, argotier montmar-trois de son âge -, son lieude travail curieusementinchangé malgré le succèsfurent entièrement sous lesigne de la langue voyoute.Céline créa un style, pas unelangue. Le reste de l'œuvre,surtout les pamphlets, est leproduit de cette liqueur origi-nale que lui seul a su compo-ser - mais je raconterai celaune autre fois… En attendantsa pauvre mère avait raisonde s'émouvoir : l'argot l'aconduit au pied de l'échafaud- il s'en est failli d'un cheveu !

Claude Duneton« Le Figaro »

Le style, c'est l'homme

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