la france trébuche, l’allemagne faiblit, les américains...
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La France trébuche, l’Allemagne faiblit, les Américains vacillent, le Brésil joue sa balle de match et
J. Bullard nous promet des hausses de taux d’ici mars… l’été s’annonce chaud !
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27 juin 2014
L’agenda des fusions et acquisitions sera-t-il suffisamment rempli pour
continuer à alimenter la confiance des investisseurs ? La partie s’annonce
en tout cas serrée à en juger par la tournure des développements
économiques et les couacs de communication des banquiers centraux.
Revenons sur les éléments les plus perturbants de la semaine écoulée.
Zone euro : locomotive allemande contre boulet français Voilà plusieurs mois maintenant que les signaux d’un essoufflement de la
reprise se multiplient en zone euro avec pour conséquences :
1-d’entraver la croissance des exportations de l’Allemagne dont le réveil
du second semestre 2013 ne trouvait son origine que dans l’amélioration
des débouchés intra-zone euro
2- de plomber l’inflation allemande dans le sillage des autres pays, plutôt
que de jouer le rôle inverse généralement escompté pour aider à la
convergence, à terme, des économies de l’union monétaire.
Le repli de plus en plus marqué de l’indice IFO en témoigne, la
dynamique se grippe de l’autre côté du Rhin. En l’absence d’impulsion en
provenance du reste du monde, les déceptions à l’exportation auront tôt
fait d’enrayer le début d’embellie sur le front de la consommation. Après
un premier trimestre dopé par un hiver clément et une contribution de
sept dixièmes des stocks des entreprises à la croissance de 0,8 %, le
deuxième trimestre pourrait ressortir à zéro, voire carrément négatif si
l’accumulation des stocks venait à se normaliser. Difficile dès lors
d’envisager que l’Allemagne satisfasse les prévisions d’une croissance de
2 % envisagée par le consensus pour cette année. Cette dernière pourrait
bien, en effet, ne pas excéder 1,5 %, notamment si la France replonge,
comme semblent nous le signaler un nombre croissant d’indicateurs.
Les statistiques françaises sont préoccupantes, en effet. Malgré la bonne
nouvelle du rebond de la consommation au mois de mai, qui viendra sans
doute sauver la croissance du PIB du troisième trimestre, les mauvaises
nouvelles ont été sur tous les fronts cette semaine : chômage, immobilier, et
surtout moral des entreprises. Ainsi, pour la première fois depuis mai 2013,
l’indice de retournement conjoncturel publié par l’INSEE pour l’industrie a
basculé en territoire fortement négatif ce mois-ci, à - 0,87, un plus bas depuis
la fin 2012 et un niveau proche de la limite basse de l’indicateur construit
pour évoluer dans la fourchette de +1 à -1.
L’Humeur Du Vendredi
V. Riches-Flores
L’Humeur du Vendredi, 27 juin 2014 2
Conforme aux résultats des enquêtes PMI, ces derniers éléments ne sont guère
rassurants pour les mois à venir ; la France malade, les perspectives de l’ensemble
de la zone euro sont fragilisées s’éloignant de plus en plus des attentes du
consensus, en matière de croissance ou d’inflation.
La croissance américaine ne dépassera pas 1,5 %, dans le meilleur des cas,
cette année
On pourrait sans doute envisager les perspectives de la zone euro sous un angle
différent si, comme promis, l’économie américaine rebondissait. Mais malgré
l’assurance de bon nombre d’observateurs, telle n’est assurément pas ce qui se
profile.
Là encore, les déceptions sont bon train, en particulier sur le front de la
consommation qui a accusé en avril et mai deux mois consécutifs de contraction.
Les évolutions ne sont pas beaucoup plus engageantes du côté des entreprises où
malgré -enfin- une légère amélioration du climat de confiance dans les PME depuis
deux mois, les perspectives d’investissement ne décollent pas. Au-delà de leur
instabilité, les commandes de biens durables sont, avant tout, très faibles,
n’offrant à ce stade aucune garantie d’amélioration. On voit mal, dès lors
comment la croissance du deuxième trimestre permettra d’estomper la perte,
dorénavant très conséquente, -2,9 %, du premier trimestre. Or, sans ce rattrapage,
les prévisions officielles, même après les révisions apportées par le FOMC du 18
juin, ne seront guère accessibles. L’espoir perdu d’obtenir une croissance voisine
de 4 % en rythme annuel au deuxième trimestre, c’est, en effet, sur une base de
1,5 % maximum qu’il faudra tabler pour la croissance de cette année…
Balle de match brésilienne
Enfin, la situation des pays émergents tarde à s’améliorer. Que les indicateurs
chinois cessent de se détériorer est loin d’être suffisant pour assurer de l’embellie
nécessaire pour évacuer les risques de rechute de l’activité qui menacent bon
nombre de pays en développement, en premier lieu le Brésil, sans parler de la
Russie et des ramifications de la crise présente sur les pays de l’est de l’Europe.
En avril, l’indicateur mensuel du PIB brésilien n’était pas plus élevé qu’en juin 2013
traduisant une période prolongée de stagnation économique. Malgré le soutien
procuré par la préparation de la Coupe du Monde de football 2014, la plupart des
indicateurs d’activité sont en berne, le climat social est très détérioré et l’inflation
trop élevée pour écarter le risque d’une nouvelle hausse des taux directeurs,
comme déjà annoncé par la Banque Centrale.
L’Humeur du Vendredi, 27 juin 2014 3
Les lendemains de la Coupe du monde pourraient dans de telles conditions se
révéler bien compliqués, tant sur le front de l’activité que sur celui de la devise
dont le taux de change, toujours largement surévalué, est exposé à un risque
évident de défiance renforcée.
En dépit de la faible influence de l’économie brésilienne sur la scène
internationale, un regain de tensions dans ce pays pourrait être le catalyseur de
remontée généralisée de l’instabilité du monde émergent dont la situation est de
jour en jour plus précarisée par la faible croissance et la multiplication des
crispations géopolitiques de tous ordres.
Gare à l’impatience de certains banquiers centraux
Face à une telle fragilité les couacs de communication de certains responsables
monétaires sont une source d’instabilité grandissante. Qu’il s’agisse de M. Carney
au Royaume-Uni ou de James Bullard aux États-Unis, les imprudences pourraient
se payer très cher. L’asymétrie des risques entre le fait d’être éventuellement en
retard sur la courbe d’inflation ou celui d’être en avance est considérable dans le
contexte présent, de sorte que toute précipitation pourrait bel et bien se révéler
très coûteuse pour les marchés financiers, comme pour la croissance future.
Les responsables de politique économique marchent sur des œufs. Espérons que
le message délivré par Mme Yellen le 18 juin sera bien celui retranscrit dans les
minutes du FOMC du même jour dont la publication devrait avoir lieu le 9 juillet
et que M. Draghi saura être plus convaincant dès sa prochaine conférence de
presse de juillet !
Véronique Riches-Flores
L’Humeur du Vendredi, 27 juin 2014 4
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