la fin du monde antique et le premier moyen age

7/26/2019 La Fin Du Monde Antique Et Le Premier Moyen Age

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1. LA FIN DU MONDE ANTIQUE ET LE PREMIER MOYEN AGE

Quentendons-nous par Moen A!e"

On appelle Moyen Age une priode intermdiaire entre l'Antiquit et la Renaissance. C'est

cela que renvoie la signification de l'adjectif "moyen". uant au terme "!ge" il implique une certaine

unit de culture par e#emple pour ce qui est de l'outillage tec$nique comme lorsqu'on dit "!ge du

%ron&e" ou !ge de la pierre(. Mais la priode que nous allons tudier ne se caractrise pas par l'emploi

d'un matriel ou d'une certaine tec$nologie. )'unit du Moyen Age n'est pas facile trouver car c$aque

fois que nous ta%lissons un crit*re les limites temporelles vers lesquelles nous entra+ne l,emploi de ce

crit*re vont soit au-del soit en-de de ce qu'on entend couramment par priode mdivale.

On veut souvent dans la tradition mar#iste identifier le Moyen Age avec un type de relations

sociales qui serait le fodalisme. Cependant le fodalisme ne se met progressivement en place qu'au

cours des /e /0e et /00e si*cles et les relations de droit fodal continuent jusqu'en 1234. )es

t$oriciens de la Rvolution en sont pleinement conscients et dnoncent le scandale des institutions

fodales au si*cle des )umi*res. 5ar consquent le droit fodal caractris par les relations d'$omme

$omme et par le rgime de possession des terres commence en 6urope tard apr*s la fin de l'Antiquit

et dure longtemps apr*s le d%ut de l'poque moderne. 7'autre part des relations qui formellement

peuvent 8tre caractrises comme fodales ont e#ist aussi en C$ine et au 9apon. :i pourtant nous

essayons d'e#trapoler l'ide d'une unit du Moyen Age l'c$elle du glo%e nous nous $eurterons degraves difficults de logique.

)e Moyen Age est une poque pendant laquelle toutes les conomies europennes sont

dpendantes de la production agricole qui constitue l'essentiel du produit national. Mais cela est vrai

de l'Antiquit aussi. :ans parler du fait que encore la fin de la premi*re ;uerre mondiale la majorit

de la population dans tous les pays occidentau# tait forme de paysans. A noter aussi que l'industrie

l'emploi des mac$ines dans la production et m8me une certaine automatisation ne sont pas trangers

la priode mdivale. :ans conna+tre la t$orie de la rsistance des matriau# les ma+tres maons

savent soulever d'immenses poids et la construction des cat$drales ainsi que l'arc$itecture militaire

donnent une $aute ide de leur ingniosit.

)a mani*re de se nourrir est au Moyen Age asse& fruste dans l'ensem%le a#e sur les viandes

le gi%ier et le poisson c$e& les ric$es fonde sur le pain et les lgumes c$e& les pauvres mais on

conna+t dj vers le /?e si*cle de grands raffinements qui nous sont conservs par e#emple dans le

recueil de recettes de :alins. )e mo%ilier a peu de gr!ce plastique c$erc$ant la ro%ustesse et la


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dura%ilit. )es quelques meu%les qui nous restent d,une poque suffisamment ancienne sont nettement

incommodes. M8me l,poque de la Renaissance et dans le cas des critoires sur lesquels on

travaillait une %onne partie de la journe nous pouvons constater que le confort ergonomique est

totalement ignor. @ous pouvons galement dire que l,poque se caractrise par une forte polarisation

entre la vie quotidienne des ric$es et celle des pauvres sans ou%lier que ce contraste tait encore plus

marqu dans l,Antiquit. Ce qui donne au Moyen Age occidental une p$ysionomie spcifique de cepoint de vue est la naissance avec le /00e si*cle d,une forte classe %ourgeoise et galement les

progr*s rapides qui ont lieu dans tous les domaines un ryt$me que l,$umanit n,avait pas encore

connu jusqu,alors.

)'argent manque typiquement et il y a de grands dsordres dans la leve des impts. Cela veut

dire qu,on paie souvent en nature. )e travail est rude mais en Brance on conna+t la %onne c$*re dans

presque toutes les couc$es de la population et aussi la disette au temps des mauvaises rcoltes. )a

main d,oeuvre est %on marc$ et les gens de service s,a%andonnent enti*rement au# mains de leursma+tres la notion d,un salaire rgulier n,est pas prise tr*s srieusement et l,employ se nourrit de ce

que son ma+tre lui donne il s,$a%ille de ce que son ma+tre lui ac$*te. On juge les seigneurs d,apr*s

l,$a%illement et l,em%onpoint de leurs serviteurs. )'esprance de vie est en moyenne asse& courte

cependant on conna+t des gens de la classe aise qui ont vcu plus de D4 ans. )a mor%idit


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assister l,entre du comte ou du roi. =andis que la ville largit sa circonfrence en se dotant c$aque

fois de murailles plus longues les difices importants sont renouvels sur le m8me terrainF une

nouvelle cat$drale se %!tit autour de l,ancienne plus petite qui demeure enclose l,intrieur et qui

sera dmolie une fois le nouvel difice ac$ev. Au mur de la cat$drale s,agglutine une foule de

constructions parasites logis des ecclsiastiques %!timents administratifs %outiques et autres

%icoques. )e trac des rues principales malgr leur troitesse demeure le m8me pendant de longssi*clesF ainsi =oulouse l,actuelle rue du =aur tr*s ancienne est cense relier la place du =aur oE saint

:ernin le premier v8que de la ville a su%i le martyre en GHG la %asilique :aint-:ernin

leve sur son tom%eau.

)e Moyen Age n'est pas une poque de monarc$ie a%solue. 7ire qu'il se caractrise par le

syst*me monarc$ique serait mconna+tre le spcifique des monarc$ies antiques et modernes. =andis

que les mrovingiens pratiquent le partage du royaume entre leurs fils c$e& les carolingiens l,ide d,un

territoire unique est %eaucoup plus forte l,e#emple de l,empire romain. )e dclin de la dynastiecarolingienne est marqu par un si*cle de morcellement de l,autorit oE il y aura parfois deu# rois en

m8me temps. )es rois captiens de Brance comme tous ceu# de l'Occident s'efforceront de centraliser

l'Itat s'loignant le plus possi%le du souvenir de l'anarc$ie qui rgnait au /e si*cle. 5ourtant une

vrita%le centralisation ne sera pas possi%le avant le /?00e si*cle. )e pouvoir des rois repose sur

l,importance sym%olique de leur descendance royale sur leur onction au cadre d'une crmonie

religieuse sur le consensus des fodau# et dans une certaine mesure sur les qualits personnelles des

dtenteurs du titre qui demeurent toujours des guerriers et des administrateurs. 0ls ne peuvent pas

dc$oir de leur qualit m8me si d'autres personnes parviennent gouverner effectivement leur place.

C$arles ?0 tait atteint de crises priodiques de folie furieuse mais il a continu pendant

toute sa vie d'8tre le c$ef de l'Itat.

Ln autre crit*re asse& spcifique de priodisation de l,$istoire europenne est le dveloppement

de la religion. )e Moyen Age est une poque d'ad$sion souvent tr*s ent$ousiaste au c$ristianisme en

6urope et en m8me temps une poque de domination autoritaire de l'6glise de Rome dans les

diffrents Itats occidentau#. 6#aminons la puissance de discrimination de ce crit*re.

)e c$ristianisme se distingue en tant que religion en se diffrenciant du judasme dans les

diasporas juives dans les villes grecques d'Asie Mineure en ;r*ce et en 6gypte et aussi en 0talie

partir de la seconde moiti du 0er si*cle de notre *re. )es Ivangiles sont crits vers les annes 24-34.

Mais cette nouvelle religion sera perscute par les empereurs romains car elle refusait de respecter la

pluralit des cultes qui caractrisait l'Itat romain et notamment rejetait le culte de l'empereur seule

o%ligation religieuse officielle. )a perscution cesse en J1J lorsque l'empereur Constantin suivant le


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conseil de sa m*re Nl*ne reconna+t la li%ert des Iglises c$rtiennes. Ce ne sera que vers la fin du

si*cle sous =$odose que le c$ristianisme deviendra religion unique dans l'6mpire et que les adeptes

attards du polyt$isme feront l'o%jet de poursuites. Mais dj l'6mpire est sur son dclin et =$odose

le partage entre ses deu# fils dsormais on aura en 6urope un Orient et un Occident.

Au si*cle suivant l'6mpire d'Occident s'effondre sous les pousses %ar%ares et le dernier

empereur


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et en un ensem%le d,e#priences intrieures mais il comporte aussi une

e#plication systmatique du monde et de la pense qui au Moyen Age doit encore 8tre considre

comme p$ilosop$ique voire scientifique. Ce caract*re t$orique atteint son apoge dans la

scolastique mouvement qui a lieu dans les universits et qui fonde la pense moderne quitte se faire

rejeter plus tard par celle-ci. 0l faut dire que le c$ristianisme du point de vue p$ilosop$ique est

redeva%le 5laton et Aristote. C'est l'$ritage de 5laton par l'intermdiaire du noplatonisantanonyme connu sous l,appellatif de 5seudo-7enys l'Aropagite qui s'impose

d'a%ord en pr8tant son le#ique la solution de certains pro%l*mes de t$ologie. Mais d*s la fin du /00e

si*cle et en grande mesure gr!ce au# acquis de la falsafaGara%e Aristote devient un personnage de

premier plan dans la pense des t$ologiens occidentau#. )'$istoire de la scolastique commence par la

simple redcouverte avec Anselme de Cantor%ry de la logique de la dialectique et de la pense

rfle#ive. 6lle s'panouit dans l'aristotlisme mdival. )orsque le pape )on /000 a voulu dfinir

l,identit de la pense c$rtienne dans l,encycliqueterni Patrisde 1D23 il a c$oisi saint d'Aquin

un grand aristotlisant du /000e si*cle comme e#posant de la plus pure religion cat$olique. uoique

=$omas d,Aquin ait t traduit en grec au /0?e si*cle l,ensem%le de la scolastique a toujours t

peru avec mfiance par l,6glise de Py&ance.

)e pouvoir temporel de l,Iglise a souvent t ressenti comme une incongruit par rapport au#

enseignements de 9sus. 5endant tout le Moyen Age l'Iglise est conteste surtout dans ses prtentions

de souverainet mondaine. )e temps vient oE sa t$ologie m8me est mise en question. )a contestation

radicale des formes e#trieures du c$ristianisme telles qu'on les pratiquait jusqu'alors donne naissance

la Rforme qui n'est pas une forme d'at$isme ou d'incroyance mais une nouvelle mani*re de lire les

Ivangiles se prtendant plus proc$e de la foi antique. )e signal international de ce mouvement est la

pu%lication en 1H12 des 3H t$*ses de )ut$er cloues sur la porte de la c$apelle de Qitten%erg en

Allemagne. Martin )ut$er est un moine allemand %rillant docteur en t$ologie. 0l ressent le %esoin de

dnoncer ouvertement l,immoralit qu,il y avait vendre des indulgences pour les pc$sF en effet

press par des %esoins financiers le pape )on / c$erc$ait dans cette pratique l,argent ncessaire pour

financer ses immenses dpenses ainsi que les grands ouvrages d,art commands Mic$el-Ange

Rap$al et )onard de ?inci. )es t$*ses de )ut$er furent connues dans toute la c$rtient en l,espace

d,un mois et de nom%reu# intellectuels ragirent avec ent$ousiasme ces ides qui mettaient un terme

la domination a%solue de l,Iglise de Rome.

G Falsafaest un mot ara(e !ui vient du grec philosophia. *n faylasuf"philosophe#est une thologien musulman !ui s'efforce de penser sa religion ) l'aide des concepts de la

philosophie grec!ue, !ui tait ) l'po!ue l'instrument de pense le plus puissant. Ce

courant +moderniste+ a t condamn par la plupart des thologiens de l'slam et a d tre

a(andonn d/s le 0o%en 1ge, non sans avoir profit des contri(utions capitales d'1vicenne

"(n Sinna# et d21verro3s "(n 4oshd#.


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Mais 1H12 c'est dj la Renaissance. Aurions-nous atteint notre o%jectif et les limites

c$ronologiques du Moyen Age se laisseraient-elles fi#er entre J1J date de l'dit de Milan par lequel

Constantin donne la li%ert au c$ristianisme et 1H12 date des t$*ses de Qitten%ergS

@on car la Renaissance commence en 0talie au /?e si*cle et m8me la fin du si*cle

prcdent selon certains auteurs. )a Renaissance est elle aussi une poque qui a une certaine unit et

il est sTr qu'elle est termine au moment ou s'ouvre un grand et long concile en 1HKH dont l'o%jectif

est de ragir devant la Rforme et de discipliner certains a%us au sein du cat$olicisme . )onard meurt en 1H13 Rap$al en 1HG4 Mic$el-Ange mourra en 1HK. 6n fait

la Renaissance est pour l,essentiel une poque cat$olique au cours de laquelle le %esoin de

renouvellement de la pense emprunte des manifestations qui m*neront la Rforme. Ce n,est pas sans

raison qu,un $istorien comme Ro%ert Muc$em%led voit dans le Moyen Age une poque unitaire qui

atteint sa fin en 1HK incorporant ainsi la Renaissance entre ses limites. Mais cette faon de voir

laisse sans raison d,8tre l,emploi du terme m8me de Moyen Age cet !ge n,est moyen que si l,on pensequ,il s,intercale entre l,Antiquit et la Renaissance. Ce sont d,ailleurs les $umanistes italiens qui ont

dnonc la %ar%arie got$ique( du Moyen Age et l,ont ainsi identifi comme une priode distincte.

),autorit inconteste de l'6glise cat$olique qui en Occident dure de J3 1H12 n'est pas un

crit*re qui nous permette de circonscrire le Moyen Uge tant que nous le concevons comme moyen(.

Certes quand on parle d,autorit inconteste( on risque d,ou%lier les nom%reuses $rsies qui

secouent sans interruption le grand organisme c$rtienF il y a aussi les sc$ismes les dou%les lections

des papes la priode oE il y a un pape Rome et un autre en Avignon . ),$istoire de l,6glise au Moyen Age est celle d,un com%at perptuel. Ce

com%at vise d,a%ord civiliser une socit %ar%are et cruelleF ensuite maintenir son pouvoir sur des

6tats nationau# am%itieu#F enfin garder l,emprise sur les consciences individuelles dsireuses

d,e#priences religieuses plus aut$entiques.

Mais s,il s,agit de se former une ide gnrale du Moyen Age nous sommes maintenant

%eaucoup plus pr*s du %ut car nous disposons de rep*res supplmentaires.

5ourquoi ne pas interroger prsent les reprsentations communesS

)'image que l'on a ordinairement du Moyen Age figure des c$evaliers arms de fer de pied en

cap qui com%attent dans les tournois pour l'amour de leur %elle laquelle ils font des srnades apr*s

le couc$er du soleil. Cette conception est faite de toutes pi*ces. )a c$evalerie est une institution qui

appara+t apr*s le 0/e si*cle et qui sous certaines formes e#iste encore aujourd'$ui. )'armure de fer

compl*te est plutt un lment de parade et on l'emploie surtout au /0?e


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si*cle dans la masse des c$evaliers. On porte %eaucoup le casque et la cuirasse F ce sont l les pi*ces les plus indispensa%les et ceci depuis C$arlemagne et

jusqu, )ouis /0?F mais tous les no%les n'ont pas les moyens de s,offrir une armure compl*teF quant

au# gens de pied ils s'arment de ce qu'ils peuvent. Au# /0e-/00e si*cles une pi*ce essentielle de

l,quipement de guerre est le $au%ert une sorte de anoraV en mailles d,acier avec capuc$on et

c$aussettes qui couvre la t8te et le corps jusqu,au# pieds.

)es tournois sont officiellement interdits depuis le /000e si*cle et l'Iglise a toujours rcrimin

contre cette coutume %ar%are. Celle-ci n'en persiste pas moins l,poque mdivale le plus souvent

pour des raisons %assement matrialistes car le vainqueur a le droit de prendre l'armure et le c$eval du

vaincu mais aussi parce que c,est un divertissement

considr comme tr*s $onora%le dans les cours fodales jusqu,au /?0e si*cle.

)a posie des trou%adours appara+t la fin du /0e et dispara+t au /0?e si*cle tandis que celle

des trouv*res s'teint pour l'essentiel au /0?e. )'image standard

du Moyen Age que nous trouvons dans le savoir diffus par les mdias puise dans la littrature de

fiction du /00e si*cle l'poque la plus romanesque des Croisades et des po*tes-c$evaliers. Cependant

un si*cle ne suffit pas faire un !ge et les aventures racontes dans les romans ne sont pas des ralits

$istoriques.

On voit que l'emploi des crit*res est mieu# appropri la dfinition des concepts

p$ilosop$iques qu, la description des priodes $istoriques. Celles-ci reprsentent des morceau#( de

ralit qui sont essentiellement presque aussi comple#es que notre ralit actuelleF la population de

l,6urope tait moins nom%reuse certes mais de grands contrastes su%sistaient entre les faons de vivre

et de penser des $ommes appartenant diffrents groupes sociau# diffrentes rgions ou pays.

Contentons-nous des ides gnrales que nous venons d,acqurir et passons une dmarc$e plus

adquateF savoir une %r*ve esquisse de ce qui s,est pass au cours du Moyen Age afin de reconna+tre

les vnements dcisifs de cette priode.

Es#u$sse %&rono'o!$#ue de 'a p(r$ode

Bin de l,Antiquit

:i certains c$erc$ent le d%ut de la priode que nous tudions l'poque de l'dit de Milan de

J1J plus nom%reu# sont ceu# qui s'accordent pour le situer au ?e si*cle. Au ?e si*cle saint 9rme

vient de terminer la traduction de la Pi%le en latin dite la Vulgate qui est la version officielle de


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l,6glise et dont on se sert aujourd'$ui encore. A cette poque le c$ristianisme est agit par diffrentes

$rsies notamment celle des donatistes


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de pillages et c$aque fois %attus par les Romains les Brancs russissent pn*trer en ;aule de deu#

faons d,a%ord comme agriculteurs installs par les autorits de l,6mpire dans le @ord puis gr!ce au#

victoires de Clovis sur les Romains de :yagrius . Clovis

triomp$e aussi sur les Purgondes les Qisigot$s et les Almans. )a dynastie ainsi fonde sera nomme

mrovingienne d'apr*s le nom de Mrove prdcesseur de C$ildric p*re de Clovis. Clovis se fait

%aptiser en K3 selon la foi romaine. :on royaume c$ange de nom on l'appellera dsormais Brance dunom du peuple qui le gouverne maintenant. 7ans les documents du temps le mot Francussignifie tout

d,a%ord $omme li%re(. )'ancienne aristocratie snatoriale garde des fonctions importantesF

notamment elle conserve et conservera le contrle de l'Iglise la plupart des v8ques sont des ;allo-

Romains. :eulement ils commencent de s'appeler Qillelmus et Rodgerius et Bulradus en prenant des

noms tudesques qui riment avec le pouvoir politique %ien qu'ils continuent de parler latin. =andis que

l,aristocratie militaire parle francique le latin sera la langue du peuple et du clerg en Brance pendant

toute la dure de la dynastie mrovingienne.

6ntre la mort de saint 9rme traducteur de la Pi%le en KG4 la mort de saint Augustin

fondateur de la spiritualit occidentale en KJ4 la c$ute de Rome en K2 et le %apt8me de Clovis en

K3 voil le ?e si*cle avec les titres qui lui permettent de prtendre 8tre appel le %erceau du Moyen

Age. Bondation des royaumes %ar%ares de la Brance en particulier identit religieuse naissante de

l,Occident triomp$e de la foi romaine avec la diffusion plus accentue du latin comme langue de

culture c$e& les populations germaniques c$ute de Rome ide politique de la restauration d,un

6mpire voil les %ourgeons des volutions ultrieures.

5our l,instant les grands $ommes sont moins les rois que les saints. :aint Martin ancien

officier romain qui est devenu au 0?e si*cle v8que de =ours et qui a vanglis les rgions rurales de

la ;aule fait l'o%jet d'un culte tr*s important dans sa ville et dans toute la Brance. 7e nom%reu#

miracles ont lieu sur son tom%eau au-dessus duquel on a dress une %asilique. ),un des successeurs de

Martin sur le si*ge piscopal de =ours au# temps mrovingiens saint ;rgoire crira une ample

$istoire de cette priode dans laquelle on voit que les v8ques se m8laient amplement de la politique.

:aint )ger v8que d,Autun soutiendra la dposition du roi =$ierry 00 de @eustrie et

l,av*nement de C$ildric 00F lorsque =$ierry sera rta%li sur le trne le maire du palais 6%ron fera

crever les yeu# )ger le fera dposer par une concile puis assassiner dans la for8t de :areing pr*s

d,Arras. 0l y a aussi des saints la vie douce et e#emplaire saint ;ermain v8que de 5aris encore

illustre dans sa villeF ou sainte Pat$ilde reine de @eustrie qui a fini sa vie en odeur de saintet dans le

monast*re de C$elles.


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)es vies des princes mrovingiens rappellent le t$!tre de %oulevard par l'a%ondance des crimes

et la cruaut des vengeances. )'assassinat politique est l'$onneur et on se massacre volontiers en

famille car c'est l qu'on a le plus d'ennemis. )a reine Brdgonde femme ou concu%ine de C$ilpric

0er est dlaisse par celui-ci en faveur d,un mariage avec ;alsWint$e fille du roi got$ At$anagild

d,6spagne. Cette trang*re a une soeur Prune$aut qui a pous le fr*re de C$ilpric :ige%ert.

Brdgonde fait trangler ;alsWint$e puis comme Prune$aut et :ige%ert rclament vengeance ellefait assassiner :ige%ert par deu# jeunes gens qu,elle avait ensorcels(. 6lle tente plusieurs fois sans

succ*s de se d%arrasser de Prune$autF elle poursuit de sa vengeance le second mari de celle-ci

Mrove fils de C$ilpric avec une certaine Audov*re. =ous les fils d,Audov*re ainsi que leur m*re

meurent assassins. Brdgonde finira par faire tuer dit-on son propre mari le roi C$ilpric lorsque

celui-ci voulut e#iler l,un des amants de sa femme.

),une des attitudes traditionnelles des c$erc$eurs devant cette priode a t de comparer les

tats de c$oses des 0?e-?000e si*cles ceu# de l,Antiquit classique notamment de l,6mpire Romaindans sa p$ase d,panouissement. Ainsi les royaumes %ar%ares sont valus d,apr*s l,emploi des titres

et des structures de pouvoir de la romanit la langue des documents est tudie dans sa corruption

progressive etc. Lne autre attitude consiste c$erc$er les racines traditionnelles des peuples %ar%ares

travers les tmoignages de l,poque. On va retrouver les coutumes germaniques dans les codes latins

rdigs l,poque mrovingienne les lgendes qui peuvent remonter une priode antrieure la

romanisation etc.

Aujourd,$ui il sem%le plus intressant de c$erc$er voir quels sont les fondements del,quili%re social cette poque quels sont les syst*mes d,c$anges et de rciprocits comment

fonctionne la vie sociale dans la socit mrovingienne. Apparaissent comme importantes les structures

de parent l,attitude envers les enfants les structures de la religion avec le culte des saints et le

monac$isme l,asile dans les sanctuaires l,administration de la justice les testaments etc.

),poque carolingienne et les d%uts du syst*me fodal

Au ?000e si*cle l'autorit des mrovingiens n'est dj plus qu'un souvenir. Lne nouvelle

famille qui vient toujours du @ord cette fois des Ardennes a pris le pouvoir au palais avec 5pin

d'Nerstal. )e fils de celui-ci 5pin le Pref se fera proclamer roi en dposant le dernier des "rois

fainants" C$ildric 00 en 2H1. C'est le fils de 5pin le Pref C$arles dit "le ;rand" qui %!tira un immense empire en illustrant la dynastie des carolingiens. C$arlemagne

commence par unifier la Brance qui avait t divise en petits royaumes par la politique d'$ritages des


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mrovingiens.


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le C$auve. 9udit$ voulut une couronne pour son filsF on alla d,intrigue en intrigue jusqu' dposer

)ouis le 5ieu#. )e GK juin DJJ sur le c$amp de %ataille le fils de C$arlemagne se rveilla pour

constater que pendant la nuit tous ses vassau# l,avaient a%andonnF l,endroit situ entre P!le et

Colmar s,appelle depuis )Zgenfeld la 5laine des Mensonges en souvenir du parjure des %arons. Mais

comme ses fils ne s,accordaient pas entre eu# )ouis le 5ieu# fut recouronn comme empereur trois

reprises. Binalement le vieillard s,teignit et ses trois fils continu*rent leurs guerres.

C'est au cours de ces conflits que les deu# pu+ns )ouis et C$arles jur*rent de se coaliser

contre )ot$aire. )eurs serments furent consigns te#tuellement dans sa c$ronique par @it$ard un

no%le instruit qui tait leur cousin ce sont les :erments de

:tras%ourg de DKG les plus anciens documents en langue franaise et respectivement allemande. )ouis

le ;ermanique souverain des territoires d'outre-R$in pronona son serment en franais afin de se

faire comprendre des soldats de son fr*re C$arles le C$auve qui venaient des territoires actuels de la

Brance. A son tour C$arles le C$auve rcita un te#te en teotisca lingua pour s'engager solennellementdevant les soldats de )ouis venus de l'Allemagne actuelle. A ce souci de compr$ension nous devons

la premi*re attestation d'un langage rcent


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)es successeurs de )ouis le 5ieu# ne sont pas de taille maintenir allum le flam%eau de la

renaissance carolingienne. ui plus est d*s la seconde moiti du 0/e si*cle la Brance est attaque par

des pirates trangers qui russissent pntrer profondment l'intrieur des terres. Ce sont venus du

@ord les ?iVings et du :ud les Maures.

)es ?iVings ne sont pas un peuple. )eur nom vient de v$k port de mer "les gens des ports". Ce

sont des 7anois des @orvgiens des :udois des 0slandais des $a%itants des +les de l'Atlantique

@ord. On les appelle l'poque @ormands %ordh!enn "$ommes du @ord". 0ls parlent une langue

germanique en cours de diffrenciation le norrois dont nous conservons de %eau# te#tes en idiome

islandais. Ce qui les pousse c'est la rec$erc$e de la gloire et aussi celle du gain matriel. Ce sont des

guerriers par vocation mais aussi des paysans qui aiment cultiver leurs terres. :'ils se mettent en route

quittant leurs villages au %ord des longs navires c'est parce que pour se marier il faut apporter en

prsent au futur %eau-p*re quantit de %iens prcieu# tissus lgants vases d'or et d'argent armes. )a

marie doit 8tre ac$ete. Or dans les ric$es villes du :ud celles qui ont jadis fait partie de l'6mpireRomain on trouve en quantit ces o%jets de pri# que l,on ne sait pas fa%riquer en :candinavie. 5our

les ?iVings leurs e#pditions s'appellent "faire du commerce". C'est vrai qu'ils font parfois aussi du

commerce lorsqu'ils savent qu,ils ne sont pas les plus forts. Certains d,entre eu# c$oisissent de devenir

des guerriers professionnels parfois des mercenaires Py&anceF l-%as ils constituent la garde de corps

des empereurs qui n,ont pas confiance en leurs ;recs. Certains autres au lieu de revenir dans leurs

villages du @ord redeviennent paysans sur les terres conquises.

)a tactique des ?iVings c'est de remonter les fleuves aussi loin que faire se peut et de piller lesvilles. 5aris attaqu d*s DDH se prot*ge l,aide d,une grosse c$a+ne au travers du cours de la :eine

qui est tendue partir de deu# c$!teau#-forts. Cela n'emp8c$e que le roi C$arles le :imple ne se voie

imposer la convention de :aint-Clair-sur-6pte la suite de laquelle le c$ef normand Rollon

o%tient le duc$ de @ormandie sur la :eine infrieure. )es ?iVings prennent femme dans la population

romane et leurs enfants parleront franais. Rollon sera fid*le au roi C$arles le :imple qui lui a donn

en mariage sa fille ;iscla ou ;is*le. ;uillaume le P!tard le conqurant de l,Angleterre sera le

si#i*me duc de @ormandie. Avec le temps la fodalit de type franais triomp$era des traditions

galitaires des anciens ?iVings.

Au :ud la situation est tr*s diffrente. 0l s'agit toujours de paens mais cette fois ce sont des

musulmans. )e prop$*te Mo$amed mort en JK avait fond une grande religion. )a conversion

amorce l'e#pansion militaire des peuples qui la reoivent. Ce n'est donc pas tant gr!ce au# succ*s

guerriers des Ara%es eu#-m8mes mais aussi par l'initiative des populations locales converties

l'islamisme que le drapeau du prop$*te s,avance tr*s rapidement dans des territoires nouveau#. 6n


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211 les Per%*res islamiss passent en 6spagne . 0ls

pn*trent jusqu, @ar%onne et s,installent dans le MidiF ils attaquent l,Aquitaine d*s 2G1 et se font

%attre sous =oulouse par le duc d,Aquitaine 6udes en 2GH. 6n 2JG comme l,mir A%d er-Ra$man avait

dfait 6udes et %rTl Pordeau# C$arles Martel un %!tard du maire du palais mrovingien arr8te

l,invasion pr*s de 5oitiers au coeur de la Brance et la refoule vers les 5yrnes.

6n Orient les musulmans conqui*rent la :yrie l'0raV l'AnatolieF sous le calife MoaWyia 0er

qui avait t dans sa jeunesse l,un des ennemis de Mo$amed ils assi*gent Py&ance pendant sept ans

vers 2H. Certes ces grandes conqu8tes ne constituent pas un empire unitaireF les populations

islamises de faon superficielle se font la guerre les unes au# autresF au-del de l'autorit spirituelle du

calife qui rside Pagdad les 6tats se font et se dfont les dynasties se succ*dent. )es califes sont

contests par consquent les c$iites s,opposeront au# sunnites. 6n Mditerrane ce sont surtout les

pirates nord-africains %alares et majorcains qui se manifestent se taillant de petits domaines sur lesctes c$rtiennes. )e nom des montagnes des Maures sur la Cte d'A&ur perptue encore le souvenir

d'un de ces repaires de %andits.

6n Brance les dfis e#trieurs se dou%lent de l'anarc$ie fodale l'intrieur.

)e syst*me fodal est d'ailleurs en train de na+tre. )es rois mrovingiens avaient coutume de

donner des terres leurs fid*les sans aucune rservation ut ha"eatis& teneatis& et qui"us volueritis

relinquatis - "afin que vous les tenie& les possdie& et les laissie& qui vous voudre&". On appelait ce

type de donation precariu!# 5ar contraste l,essence du fodalisme consiste limiter l,usage de la

terre qui ne sera jamais la proprit du vassal. 0l s,agit ici de comprendre la distinction entre proprit

et simple possession. )e droit romain dfinit la proprit comme ius utendi a"utendique- "le droit

d'user et d'a%user". [tre le propritaire d'un esclave cela signifie qu'on peut se servir de lui le faire

travailler - usus - mais aussi le maltraiter le torturer le tuer - a"usus. )a proprit de la terre veut dire

le droit de la cultiver de jouir de ses fruits mais aussi de la dprcier par la ngligence de la vendre

de la laisser par testament qui on veut.

)e roi fodal ne donne plus il propose un contrat annuel. )a terre sera au vassal tant que celui-ci aidera son seigneur militairement politiquement et intellectuellement tant qu'il paiera une

redevance en nature et\ou en argent et le fief pourra 8tre repris si le serviteur ne veut ou ne peut

continuer servir. C$aque anne le vassal doit venir en la cour son seigneur pour ritrer son

allgeance. A sa mort le seigneur peut disposer des %iens de celui-ci c'est ce qui s'appelle

suggestivement le droit de main-morte la mainmortise. 5ar consquent l'$rdit du fief n'est pas

acquise au# enfants du vassal elle dpend surtout de leur utilit dans les plans politiques du su&erain.


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:i le seigneur dcd ne laisse pas de fils en tat de porter les armes son fief sera donn un tranger

qui se sera signal par les services rendus au su&erain. C'est ce que les vassau# ne peuvent pas

accepterF ils sou$aitent se rendre propritaires au sens plein voire compl*tement indpendants. 7'oE

une source de conflits permanents des fodau# avec le roi avec les grands seigneurs mais aussi avec

les voisins leurs gau# car c$acun a des comptes rgler depuis des gnrations. Accro+tre son

domaine est considr comme un devoirF et si l'on s'empare d,a%ord d'une terre par des voies de fait ilsera plus facile de se faire reconna+tre ensuite comme son seigneur de droit. 7'ailleurs dans l'conomie

de cette priode soumise la fai%le productivit des rcoltes et la priodicit des disettes le pillage

de printemps et d't joue un rle importantF il permet de prendre les rserves de l'autre quand on a

puis les siennes et s'emparer de ses rcoltes en prvision d'un long $iver rigoureu#.

)es paysans et les petits propritaires se retrouvent ce compte souvent ruins.

:'ils n'ont plus de ressources il ne leur reste qu' mourir de faim. 7ans ce cas ils peuvent toujours se

dclarer les vassau# d'un seigneur au cours d'une crmonie pendant laquelle ils mettent avec un gestee#pressif leurs mains jointes entre les mains de celui-ci. )e seigneur les nourrira les fera travailler ou

se %attre pour lui et finira par leur donner un petit fief. :ouvent le seigneur lui-m8me est o%lig de se

dclarer pour surmonter un danger de mort le vassal de quelqu'un d'autre. 7e la sorte le pays entier se

couvre d'un rseau enc$ev8tr d'allgeances de fidlits qui se font et se dfont tandis que le droit de

proprit su%siste quand m8me parall*lement au droit fodal.

On dit que le syst*me fodal se caractrise par le lien d'$omme $omme. 6n effet tout dpend

de la faon dont les $ommes tiennent parole et demeurent fid*les leurs serments. )a qualit quiconsiste rester au# cts du seigneur pour le meilleur et pour le pire s'appelle loyaut. Ln %on vassal

estfeal fid*le un mauvais vassal estparjur il ne tient pas ses serments. )e vassal doit son ma+tre

consiliu! et au'iliu!. Cela veut dire qu'il doit le conseiller sinc*rement selon sa prvoyance et sa

sagesse et s'engager l'aider quel que soit le conseil que le seigneur accepte finalement. )e seigneur

doit au vassal protection et respect. 6tant lis par contrat temporaire ils se doivent politesses et

prvenances faute de quoi leur lien ne saurait durer.

7ans le syst*me fodal la fcondit des femmes est l'$onneur car il est utile d'avoir unefamille nom%reuse. Comme une fonction de la famille est entre autres la solidarit militaire les

gnrations demeurent ensem%le et se pr8tent main-forte. =ous ceu# qui vivent dans le c$!teau ou la

cour du seigneur sont tendanciellement compris dans sa famille c'est ce qu'on appelle sa !aisnie sa

maisonne. )es ant$ropologues emploient le terme de "famille largie" pour indiquer que la parent

inclut plusieurs gnrations et m8me les collatrau# fr*res cousins vivent ensem%le. Claude )vi-

:trauss a propos pour ce type d'organisation le nom de "socit maisons" car la parent %iologique


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tout en jouant un rle de premier plan n'est pas le seul crit*re de dfinition de la maisonne tous les

"nourris" du seigneur les vassau# qui $a%itent avec lui sont mem%res de la famille on les adopte ou

on fait sem%lant d,ou%lier qu'ils ne sont pas du m8me sang.

Cependant dans la famille elle-m8me toutes les positions ne se valent pas. )e fief est constitu

essentiellement du domaine visi%le le patrimoine immo%ilier c'est--dire les terres les ar%res et les

%!timents. )e syst*me fodal se propose de conserver intact ce patrimoine en prfrant un seul $ritier

tous les autres enfants du couple contrairement au syst*me galitaire des ;ermains. :i le ma+tre a

deu# enfants selon la r*gle germanique sa mort le domaine devrait se diviser en deu# parties gales.

:i c$acun des fils a deu# enfants il se divisera la gnration suivante en quatre et ainsi de suite. Ce

morcellement par $ritage qui advient dans le syst*me germanique doit 8tre %loquF telle est la

mission de la r*gle fodale de succession dite "le droit d'a+nesse". 7ans le syst*me fodal seul le fr*re

a+n $rite de l'ensem%le du domaineF les autres doivent c$erc$er leur fortune au service d'un autre

seigneur ou %ien entrer dans les ordres religieu#. Comme en fait l,important c,est l'e#clusion desfr*res sauf un seul la r*gle pourrait aussi %ien faire rservation au profit du cadet c'est la juveignerie

qui est connue dans quelques rgions. Mais l'a+nesse est de loin l'option la plus courante.

A la terre est attac$ le titre comt duc$ marquisat. )es titres et les privil*ges constituent le

domaine invisi%le. 0l n'y a pas de relation $irarc$ique au premier Moyen Age entre ces titres ni de

correspondance entre la taille des domaines et la grandeur du titre. :'il y a des duc$s de plusieurs

di&aines de milliers de Vilom*tres carrs il y en a d'autres minuscules. On peut 8tre prince d'un village.

Cependant on ne peut pas avoir le titre sans avoir de terre car le titre est cr par le roi pour la terrenon pour l,$omme. )orsque ;odefroi de Pouillon a vendu son duc$ l'v8que c'est l'v8que qui est

devenu duc de Pouillon et le guerrier n'a gard que le nom qu'il illustrera d'ailleurs en 5alestine.

7'autre part si on poss*de une terre sans titre spcial on s'intitule sire de cette terre. 6nguerrand de

Coucy seigneur tr*s puissant mais qui n'avait pas d'autre titre disait fi*rement 9e ne suis ni roi ni

duc ni marquis mais je suis sire de Coucy.

=ous les seigneurs devaient sinon pratiquer le pillage du moins le tolrer c$e& leurs $ommes

d,armes. C$aque vassal devait une esp*ce de service militaire qui tait souvent de quarante joursF maisle su&erain ne pouvait retenir grand monde dans ses troupes s'il ne leur donnait l'occasion d'e#ercer

leurs talents militaires. 7ans le Midi on allait volontiers ra&&ier les paens d'6spagneF on faisait cause

commune avec la no%lesse de Catalogne des Asturies du )on et on poussait de longues e#pditions

jusqu'au coeur des possessions des Maures. :ouvent c'taient des conflits entre c$rtiens qui agitaient

les provinces. 6n cas de meurtre le droit romain encore respect dans le Midi laissait la responsa%ilit

de la veangeance la familleF l'6tat qui s'intressait %eaucoup au droit civil e#cluait du droit pnal le


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meurtre. 7ans le droit germanique celui qui tuait un $omme devait payer un certain pri# le (ergeld

qui variait en fonction du statut de li%ert ou de servage du se#e de l'!ge de l'tat de sant de la

victime etc. 6ncore fallait-il dployer de la force pour o%tenir que ce paiement soit effectu. :i le pri#

du sang n'tait pas pay on ne pouvait garder intact l'$onneur de la famille que par un meurtre en

revanc$e selon la loi du talion. Alors commenaient de longues sries de vengeances sanglantes entre

les familles qui s'appelaient en ancien franaisfaides.

=ant que l'autorit souveraine du roi n'est pas capa%le d'imposer le respect de la loi quelle

qu'elle soit la socit est plonge dans l'anarc$ie fodale. Cet tat de c$oses a domin pendant le /e

si*cle la faveur entre autres des attaques permanentes au#quelles tait soumis le territoire de la part

des ?iVings des pirates venus de l'Afrique du @ord voire des Nongrois qui sont arrivs en 5annonie

en D3K sous leur c$ef Arp]d et qui poussent plusieurs attaques jusqu,en Brance.

7*s DD2 la dynastie carolingienne perd le soutien inconditionnel des grands fodau# qui

lisent 6udes comte de 5aris comme roi peut-8tre en qualit de tuteur du roi carolingien C$arles dit

le :imple. C$arles le :imple n,avait que H ans la mort de son oncle Carloman mais 1K ans il est

proclam roi et com%at vigoureusement tous ses ennemis pendant un r*gne asse& long quoique plein

d,incertitudes. 0l tuera de sa main :oissons Ro%ert 0er fr*re et successeur d,6udes la royaut.

Ro%ert et 6udes sont les fils d,un grand fodal !issus do!inicusde C$arles le C$auve connu sous le

nom de Ro%ert le Bort. )eur famille acquiert une tr*s grande prpondrance dans les affaires du

royaume gr!ce d,une part au rle actif que ses reprsentants jouent dans le com%at contre les

@ormands et d,autre part la position stratgique de leurs fiefs par rapport au#centres du pouvoir. )e fils du roi Ro%ert Nugues le ;rand sera un ar%itre des affaires de la royaut. )e

fils d,Nugues le ;rand Nugues Capet K finira par 8tre couronn @oyon en 3D2. )e processus de

remplacement de la dynastie carolingienne par les Captiens aura pris e#actement un si*cle.

),tude $istorique de la priode carolingienne et des d%uts du fodalisme s,est d,a%ord

concentr sur les rapports politiques. )es grands faits $istoriques eu#-m8mes n,taient pas au d%ut

%ien dgags car il fallait passer par une valuation critique des sources. On a relativement %ien tudi

la renaissance carolingienne dans ses rapports l,Antiquit et au# sources de la pense c$rtienne.),art carolingien a t inventori et les o%jets restants sont asse& %ien connus aujourd,$ui. )es

institutions du premier fodalisme sont connus travers un grand nom%re d,tudes parmi lesquelles se

dgageLa )ocit fodalede Marc Ploc$ qui a trac des voies la rec$erc$e ultrieure.

4Le surnom d27ugues Capet "7ues Chappe8# vient de la chape d2a(( de Saint-0artin de $ours

!u2il portait volontiers, sans doute pour se donner un air plus modeste.


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)a naissance du franais a t %ien tudie mais ce sont mal$eureusement surtout des

$ypot$*ses qui guident la pense en ce moment. Lne correlation entre les p$nom*nes sociau# et les

p$nom*nes linguistiques se laisse encore attendre. ),$istoire du fodalisme a encore %eaucoup

gagner d,une approc$e rgionale qui est en cours. ),$istoire de la littrature attend encore une

synt$*se consacre cette priode. ),$istoire de l,art a %eaucoup gagn gr!ce au concept de prroman

propos par 9. Nu%ert.

Apr*s l,An mille

)es premiers captiens avant que de faire ou%lier leur origine gardent un profil %as ce qui

n'est pas de nature renforcer la position de la royaut. Cependant le /0e si*cle qui ne conna+t plus les

attaques des pirates paens est le tmoin d,un vrita%le %ond en avant de la socit franaise. Ln

dveloppement conomique dmograp$ique ur%ain permet au# $ommes de prendre conscience du

milieu oE ils vivent d'essayer de le contrler d'e#primer leurs penses leur faon de voir le monde. )a

Brance se couvre d'glises %lanc$es dont les %!tisseurs rivalisent de talent et d'ingniosit c'est la

naissance du style dit roman caractris par la reprise en pierre des principau# lments constructifs

que l'arc$itecture romaine ralisait souvent en %riques l'arc en plein cintre la voTte en %erceau la

voTte croise la coupole au#quels se m8lent des lments dcoratifs dont l,origine peut 8tre

germanique.

)es Branais commencent prendre possession de leur nouvelle langue. 6lle est dj tr*s

diffrente du latin. Celui-ci avait une ric$e fle#ion synt$tique l'aide de nom%reuses dsinences

accipia!urveut dire "que nous soyons reus" et accipiendi ceu# que l,on doit recevoir(. )a ric$esse

de la fle#ion permettait de ne pr8ter presque aucune attention l'ordre des mots car les dsinences

indiquaient les rapports synta#iques. )e latin possdait des voyelles longues et des voyelles %r*ves

dont la diffrence pouvait c$anger le sens du mot populus veut dire "peuplier" poopulus signifie

"peuple". )a versification latine est fonde sur l'galit des dures des vers une sylla%e longue

comptant pour deu# %r*ves. Mais tandis que le compte conventionnel est toujours le m8me le nom%re

des sylla%es relles dans le vers varie considra%lement. )'accent latin est lui aussidifficilement prvisi%le et peut remonter jusqu' la prparo#ytone c'est--dire la troisi*me sylla%e en

comptant partir de la fin du mot.*gitur avec l'accent sur la premi*re signifie "donc par consquent".

6n revanc$e le franais a une fle#ion du ver%e qui est devenue presque compl*tement

analytiqueF ce que les )atins e#primaient par un seul mot on peut le dire l'aide de quatre cinq ou si#.

)a dclinaison garde sur les cinq cas du latin deu# seulement le cas sujet


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nominatif et du vocatif> et le cas rgime . Le chevalier a

respondu signifie "0l a rpondu au c$evalier" car le chevalier est au cas rgime en

l,occurrence le datif. 6n revanc$e pour dire )e c$evalier a rpondu( il faut employer la forme du cas

sujet li chevaliers# A part la dclinaison deu# cas qui dispara+tra d*s le d%ut du /000e si*cle

l'ancien franais compte sur l'ordre des mots pour e#primer les fonctions synta#iques ainsi que sur un

ric$e syst*me prpositionnel et conjonctionnel qui fait les dlices des grammairiens par sa su%tilit.)es voyelles longues ont disparu. )es terminaisons des mots sont devenues asse& monotones car

souvent on rencontre en fin de mot la voyelle e dite emoyen . :i un mot se termine en -e il aura l'accent sur l'avant-derni*re sylla%e. :inon il sera

accentu sur la finale. :euls quelques rares mots d'origine "cultive" gardent un accent proparo#ytone qu'ils perdront d'ailleurs %ientt. Cette rgularit relative de

l'accent qui appauvrit la typologie des fins de mot ainsi que l'galit de la dure des sylla%es permet

l'invention et la mise en place d'un nouveau syst*me de versification. 0l est fond sur le principe de la

constance du nom%re des sylla%es dans les vers et de la similitude des sylla%es de fin de vers


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trim*tre iam%ique latin . ),ale#andrin est coup en deu#

$mistic$es de sylla%es. )e vers le plus commun dans les c$ansons de geste sera le dcasylla%e .

7*s le milieu du /0e si*cle on constate une parfaite ma+trise de la prosodie dans les po*mes qui

se sont conservs et l'attention des po*tes se porte vers les contenus. )es rcits $agiograp$iques se sont

consolids sous la forme d'un vrita%le genre les c$ansons de saintF on conna+t ainsi du /0e si*cle celle

de saint )ger ou celle de sainte Boy.La Chanson de saint 2le'isest un %on e#emple du genre. 6lle

raconte la vie d'un personnage du ?e si*cle qui est connu aussi dans l'6glise d'Orient cette fois sous le

nom de Ale#is l'$omme de 7ieu(. 0l a quitt sa fiance la nuit de noces et par $umilit c$rtienne

s'en est all 6desse en Anatolie mendier dans la cat$drale. Mais apr*s quelques annes un ange de

7ieu appara+t en songe l'v8que d,6desse et lui rv*le que le pauvre qui demande l'aumne sous le

porc$e est l'$omme le plus saint de la ville. )a saintet fait d'Ale#is un personnage tr*s populaire. 0l est

donc contraint pour suivre son voeu d,$umilit et pour raliser dans sa vie l'idal de renoncement quiconstitue sa voie vers 7ieu de s'enfuir. 0l viendra demander a%ri dans la maison de ses parents et de sa

femme qui ne le reconnaissent pas. 0l meurt dans son g+te sous l'escalier et ce n'est qu'alors que par

rvlation la famille apprend qui elle a $%ergF la ville de Rome s'empare des restes de celui qui est

mort en odeur de saintet et dont les reliques op*rent de nom%reu# miracles.

)a ma+trise du vers dcasylla%e au /0e si*cle indique une tradition potique vivante dans le

peuple ct de la versification des clercs . :i l'on rassem%le les indications parses on peut conclure qu'ile#iste des po*tes plus ou moins professionnels qui colportent des lgendes $agiograp$iques ou

$roques d*s la fin de la dynastie carolingienne. )'-ulalieest un cas particulier et ne constitue pas un

produit de cette activit. 5ourtant la cl%rit au long des si*cles d'un certain Rolandpraefectus li!itis

,ritanniae c'est--dire reprsentant de C$arlemagne la fronti*re avec le royaume de Pretagne

ne s'e#pliquerait pas si l'on n'admet

dans le peuple la coutume de rcits plus tard de c$ants ayant pour $ros ce personnage. =oujours vers

le milieu du /0e si*cle dans un monast*re d'6spagne :an Mill]n de Rioja un moine note le rsum

d'une Chanson de 3olandqu'il a sans doute entendue c$anter ou raconter par un p*lerin C$arlemagne

a dou&e neveu# il demeure sans provisions au si*ge de :aragosse et dcide de revenir en Brance. :ur

le c$emin de retour ses neveu# sont massacrs dans les 5yrnes. Ce n'est que de la fin du si*cle

que date la version la plus cl*%re de la Chanson de 3oland crite en anglo-normand

et conserve la


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%i%liot$*que d'O#ford. Ce te#te est le plus ancien ouvrage d'un genre que l'on appelle c$anson de geste

et qui joue c$e& les Branais un rle compara%le celui que l'pope $omrique jouait c$e& les ;recs.

),tude des /0e-/00e si*cles est aujourd,$ui d,une e#tr8me comple#it. 6n ce qui concerne les

c$ansons de geste les tudes consacres l,oralit sem%lent promettre encore %eaucoupF mais l,tude

des institutions vues travers ces po*mes est intressante et peut 8tre importante pour leur datation.

7,autre part nous n,avons pas encore d,tude de synt$*se narratologique. 7ans le domaine de

l,$istoire de l,art l,tude de l,art roman a %eaucoup gagn gr!ce au# travau# pu%lis dans la collection

de la revue ^odiaque. Cependant une correlation entre les conceptions des narrateurs des po*tes des

sculpteurs et des arc$itectes se laisse encore attendre malgr les perces de 5anofsVy < 4othic

2rchitecture and )cholasticis!> et celles plus timides de Rau et Co$en


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faveur de la li%ert des $ommes de s,attri%uer une liaison quasi-officielle. 7e sorte que les trou%adours

ont raison de nous faire o%server que souvent les maris cocus

trompent leur femme leur tour. Cette attitude conqurante davantage que tolrante permet une forte

diffrenciation socio-culturelle de la no%lesse par rapport au# couc$es qui n,admettent pas ce genre de

jeu la paysannerie la %ourgeoisie naissante. 6lle singularise l,$omme courtois( par des privil*ges qui

donnent la vie dans la $aute socit( une saveur spciale et un attrait particulier. 7,autre part le faitque l,$omme aime d,ordinaire au-dessus de sa condition permet comme une dou%le circulation( des

femmes et amliore leur statut. 7ans toutes les socits patriarcales la r*gle veut que l,$omme se

marie dans une couc$e sociale infrieure et partant la femme c$erc$e un pou# un niveau social

suprieurF elle est promue socialement par le mariage lui pas. Or l,amour courtois fait que l,$omme

puisse aspirer idalement une promotion sociale en soupirant apr*s une femme de condition

suprieure et qu,elle puisse accepter cet $ommage. ),$omme circule ainsi dans la socit

re%rousse-poil(.

5ar le m8me mouvement comme l,a montr ;eorges 7u%y la cour du seigneur attire un grand

nom%re de jeunes et ainsi s,accro+t le potentiel militaire de celui-ci. 0ls rivalisent de vaillance pour

attirer l,attention des femmes dsira%les et ainsi les troupes du seigneur gagnent en valeur guerri*reF

elles ne sont pas composes de simples fonctionnaires militaires mais d,amoureu# e#alts. 6nfin il

faut souligner qu,une ancienne caractristique de la socit romaine qui prtendait ajouter la

supriorit militaire et politique de l,aristocratie une supriorit culturelle gr!ce une ducation

spciale revit dans le Midi de la Brance. Certes il ne s,agit plus de r$torique et de p$ilosop$ie. Mais

le seigneur occitan n,est pas uniquement un guerrier et un magistrat il est aussi un $omme raffin il

pla+t au# femmes il est ou se prtend auteur de posie. :on autorit sur les manants( sera pensait-on

d,autant plus lgitime.

Cette conception de l'amour s'e#prime pour la premi*re fois d,une faon encore grossi*re et

$sitante dans l'oeuvre de ;uillaume 0/ comte de 5oitiers et duc d'Aquitaine. ;uillaume est une

personnalit tr*s forte un mauvais sujet et un grand coureur de jupons lo plus cortes del !on e gran

trichador de do!nas dit le %iograp$e. 0l se fait e#communier quatre fois il part en croisade il a maille

partir avec toutes les autorits. :on attitude envers la posie et l'amour est elle aussi asse& dsinvolte.

Ln jour il se propose de faire un po*me sur rien en dormant c$eval. 7'autre part nous lui devons

quelques endroits une e#pression directe de ses penses comme dans un po*me qu'il a compos en

1141 pendant les prparatifs de dpart pour la 5alestine

9u5era !5en irai en eissil:


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en gran paor& en gran peril&

en guerra laissarai !o fil

e faran li !al sei ve.i#

Car je partirai en terre lointaine 2 grand danger et pril;


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villages pour cl%rer des f8tes et confrer une sorte de sacrements. )es cat$ares sont si nom%reu#

qu'en 1124 en dpit de leur doctrine qui contestait la $irarc$ie de l'6glise sculi*re ils convoquent

@ar%onne un grand concile auquel ont particip des di&aines d'v8ques $rtiques. )a papaut voit

d,un mauvais oeil cette incitation la dso%issance religieuse et insiste aupr*s du roi de Brance pour

qu,il prenne les mesures qui s'imposent savoir qu,il e#tirpe la dpravation $rtique. )a royaut n'a

pas les moyens d'intervenir elle-m8me si grande c$elle. 6lle sera donc contrainte d,appliquer uneancienne formule fodale et en 1G43 5$ilippe-Auguste garantit c$aque guerrier qui se taille un fief

en terre $rtique la reconnaissance de ce fief sous la su&erainet royale. )a tentation fut irrsisti%le et

des %andes se form*rent qui attaqu*rent d,a%ord les territoires du vicomte de P&iers et de

Carcassonne. )'arme du @ord se met sous le commandement de :imon de Montfort qui tr*s vite en

arrive possder des domaines plus vastes que ceu# du roi de Brance. Apr*s la mort de :imon de

Montfort au si*ge de =oulouse ce fut le roi lui-m8me qui prit la direction de la croisade des

Al%igeois(. Asse& vite les derniers foyers de rsistance sont teints et

l'0nquisition est ta%lie dans le Midi afin de parfaire ce que le glaive n'avait pas ac$ev. @ous

possdons le Manuel de l/inquisiteurpar Pernard ;ui un ecclsiastique c$arg d'e#tirper l'$rsie

cat$are dans la rgion de @ar%onne.

Cette grande catastrop$e su%ie par la socit du Midi n,a pas eu d,c$o important dans la

posie des trou%adours. )es professions de foi cat$olique sont asse& frquentes dans leurs vers. 0ls

voyageaient %eaucoup en 0talie en Angleterre en 6spagne mais on n,a pu prouver dans aucun cas que

les voyages d,un trou%adour aient t causs par des perscutions religieuses. 7,autre part plusieurs

des seigneurs vincs pendant la croisade ont rcupr leurs fiefs au %out d,une priode

d,e#il. )a prosprit economique revint asse& vite dans le Midi. Cependant l,originalit et surtout la

vigueur de la culture occitane s,teignirent pour ne plus revenirF ce qui lui a manqu a t la formation

d,units politiques via%les comme en 6spagne ou en 0talie la limite d,un 6tat national comme en

Brance.

),tude de la civilisation occitane a reu une impulsion par la pu%lication de Montaillou&

village occitande )eroy-)adurie . On voit dans ce livre que les ides des trou%adours n,avaient

pas pntr dans la socit paysanne. 0l e#iste aujourd,$ui une importante littrature sotrique sur les

cat$ares voire sur l,amour courtois qu,il faut prendre cu! grano salis#),tude des motifs dans les po*mes des trou%adours peut 8tre intressante et mener un c$angement de nos

ides sur le domaine. )a dimension qu,introduisent les mt$odes de la littrature compare


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a t e#plore mais peut

encore s,avrer fertile.

)a c$evalerie et ses te#tes

=andis que la socit prsente dans les c$ansons de geste demeure asse& arc$asantesimplifie grands traits dans une atmosp$*re de lgende la posie des trou%adours nous donne pour

autant que les po*tes font des allusions au# ralits du temps une image nuance plus raliste voire

critique des tats de c$oses. 6ntre autres les c$ansons en langue d,oc font allusion la c$evalerie et

au# romans de c$evalerie.

)a c$evalerie au /00e si*cle se distingue de l,tat militaire proprement dit en cela qu,elle

poss*de une dimension spirituelle.

Com%attre au Moyen Age n,est pas une occupation partage par tous les citoyens. )es serfs

n,ont pas le droit de porter des armes. 0ls doivent travailler un point c,est tout. )es %ourgeois ne

peuvent se servir que d,armes de %ois massue arc et fl*c$es %ouclier d,osier. )a lance et l,pe sont

autant que des instruments des insignes sociau# les marques de l,appartenance la classe guerri*re.

)a tonsure l,$a%it ecclsiastique un mulet comme monture indiquent l,$omme d,6glise. )e v8tement

de drap plus ou moins grossier le %!ton sont le signe du roturier( c,est--dire de celui qui n,est pas

no%le. 0l faut savoir que les mem%res du clerg sont presque toujours d,origine no%le car les roturiers

qui sou$aitent se consacrer au service de 7ieu seront employs dans les cuisines et dans les ateliers desmonast*res avec au plus le rang de fr*re convers( demi lac.

6tre no%le signifie d,a%ord 8tre n li%re ensuite appartenir une famille ayant possd quelque

terre ne fTt-ce qu,un simple alleu. Au# /0e-/00e si*cles il est encore possi%le au# paysans plus $ardis

et costauds d,accder avec un peu de c$ance la no%lesse en servant leur seigneur. :i l,on a terre si

l,on y l*ve sur une motte artificielle une petite fortification un donjon on se fera plus facilement

reconna+tre comme no%le. Cependant il faut encore un rituel une crmonie de passage qui marque de

faon solennelle l,admission la classe des guerriers soit en venant de la roture soit pour les jeunes

no%les en mergeant de l,adolescence. Ce sera l,adou%ement c$evaleresque.

)e mot c$evalier( du latin ca"allarius&indique celui qui a suffisamment de moyens pour se

permettre de com%attre c$eval et d,emmener avec lui en guerre un serviteur qui portera ses armes et

s,occupera de la %8te. Cependant les te#tes latins emploient le mot !iles militaire( terme ayant une

tradition romaine et c$rtienne qui souligne que le c$evalier a une fonction sociale et une mission. )e

militaire romain citoyen de la ?ille 6ternelle tait au service de la rpu%lique et du peupleF le


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c$evalier c$rtien est au service de l,6glise. Cette mutation des mentalits aura lieu au# 0/e-/e

si*cles pendant la priode la plus agite de l,$istoire mdivale l,poque oE na+t le fodalisme. 6n

s,efforant d,imposer un idal de pai# c$rtienne l,6glise enrlera les petits fodau# tur%ulents au

service de la tr8ve de 7ieu( en leur faisant dfendre la veuve et l,orp$elin( la justice et la pit.

=andis que le paysan ric$e des temps mrovingiens ne rencontrait aucun frein satisfaire ses apptits

sauf la force majeure le petit c$evalier de l,poque captienne dcouvre asse& vite qu,il est enserrentre les mailles d,un tissu civilisationnel qui lui a destin une place prcise.

Cela s,e#prime dans le crmonial de l,adou%ement. )e jeune $omme qui sera adou% c,est--

dire admis dans l,ordre des c$evaliers prpare sa promotion par une nuit de pri*res dans la c$apelle du

c$!teau en veillant ses armes. )e matin il se confesse et reoit la communion le pr8tre %nit ses

armes puis devant l,assem%le des vassau# le seigneur qui est son parrain( lui ceint le %audrier avec

l,pe lui met les perons l,em%rasse sur la %ouc$e et lui donne la cole( qui est parfois une %onne

%ourrade au lieu du geste fait en touc$ant les paules du candidat avec la lame de l,pe tel que nousle voyons dans les films $istoriques. )e plus frquemment on adou%e les jeunes par di&aines et par

centaines soit les jours des grandes f8tes comme la 5entecte soit sur le c$amp de %ataille en

rcompense des services apports ou afin d,e#$orter la vaillance. ),un des lments les plus

significatifs du rituel est le serment pr8t par le c$evalier dont voici un te#te tir du Pontifical de

;uillaume 7urand v8que de Mende :eigneur tr*s saint 5*re tout-puissant_ toi qui as permis sur

terre l,emploi du glaive pour rprimer la malice des mc$ants et dfendre la justiceF qui pour la

protection du peuple as voulu instituer l,ordre de la c$evalerie_ fais en disposant son coeur au %ien

que ton serviteur que voici n,use jamais de ce glaive ou d,un autre pour lser injustement personneF

mais qu,il s,en serve toujours pour dfendre le juste et le droit(. )a c$evalerie est ainsi justifie par une

projection fictive selon laquelle son rle est uniquement dfensif tandis que le mal est fait par les

autres. Mais il n,y a l,om%re d,un doute qu,une %onne partie des torts que les c$evaliers prtendent

rparer ne seraient pas advenus sans l,initiative d,autres c$evaliers.

)e genre littraire qui cl*%re l,ordre des c$evaliers est le roman. )e $ros du roman est

proccup par l,amour par sa propre valeur guerri*re qui doit 8tre entretenue au moyen d,e#ploits

retentissants et par le salut de son !me que doit assurer une certaine forme d,asc*se. 5our ce qui est de

l,amour il reprend l,idologie de lafin5a!orqui vient des trou%adours et qui s,est vite rpandue dans

toute la Brance. )e c$evalier sera ainsi tantt un adult*re endurci tel )ancelot qui aime la femme de

son seigneur la reine ;ueni*vre tantt une sorte de don 9uan au# gr!ces militaires un peu lourdes

comme ;auvainF mais la grande ide du roman est de mettre en sc*ne l,aspiration des guerriers la

puret qui les m*ne parfois s,a%stenir de tout commerce c$arnel comme ;alaad. )e c$evalier


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prsent dans les romans est proccup par sa rputation et ne peut pas se permettre de trop s,engager

dans une relation amoureuse fTt-elle entrine par le mariage. C,est pourquoi il doit errer( c,est--

dire aller par le pays en qu8te d,aventures dlivrer des pucelles prisonni*res c$!tier un c$evalier

violeur et incendiaire prendre le parti de la justice dans une guerre ou %ien se d%attre contre les

sortil*ges que lui a jets quelque magicienne dont il a mpris les appas. )a forme la plus $aute de

l,errance c$evaleresque est celle qui qualifie en vue de la vie ternelle la qu8te du ;raal vasemystique qui op*re des miracles.

),ide du ;raal appartient C$rtien de =royes qui est le premier crivain avoir entrevu

l,ampleur des possi%ilits du genre romanesque. Avant lui le terme de roman( signifiait souvent une

simple traduction du latin en ro!an.&en langue vulgaire. On traduisait toute sorte de te#tes la lgende

d,Oedipe "es> des versions tardives de l,1liade et de l,-nide

des fa%les des c$roniques royales et ducales . =andis que la posie des trou%adours est essentiellement un genre duMidi qui ne sera imit dans le @ord qu,au pri# de transformations asse& considra%les et que la

c$anson de geste est principalement un genre du @ord dont les imitations dans le Midi restent

sporadiques le roman apparu dans les cours de C$ampagne de @ormandie d,Angleterre conna+tra

vite une diffusion internationale.

Cela est dT aussi au fait que le roman est d*s son origine un genre international d,une part il est

traduit du latin en roman d,autre part il int*gre toute sorte de traditions d,origine celtique et

germanique. Ce mlange est visi%le surtout dans le roman de =ristan et 1seut&une lgende d,amourfatal qui se passe en Cornouailles et en 5etite Pretagne.

)es noms des personnages sont celtiques tout comme la lgende de leur amour. )a littrature

courtoise s,en est empare de %onne $eure et en a fait une $istoire oE un %reuvage magique e#plique

d,a%ord la passion irrpressi%le des amoureu#. Au %out de nom%reuses aventures ils mourront

ensem%le lui par une %lessure empoisonne elle de piti et de douleur.

7,autre part le roman est un genre international parce qu,il met en sc*ne une pro%lmatique

conue comme relative un sujet $umain gnral et e#emplaire. 0l s,agit certes du c$evalier mais ausside l,$omme en gnral et du c$rtien face son destin sur terre et face 7ieu. )e $ros romanesque

tire tout son intr8t moral et ducatif de cette position du pro%l*me. ),amour joue un rle si important

dans le roman mdival qu,en anglais le mot ro!ance

en est venu dsigner la fois un roman d,aventures et une liaison amoureuse. ),$rone fminine

n,est plus nglige comme dans les c$ansons de geste mais elle devient souvent l,initiatrice et le pivot


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de l,intrigue. C,est un peu gr!ce au# romans aussi que le traitement de la femme a constitu en 6urope

depuis des si*cles l,un des crit*res de distinction entre civilisation et %ar%arie des peuples.

7*s le d%ut du /000e si*cle la lgende du ;raal initie par C$rtien de =royes se dveloppe

dans une immense oeuvre ralise par des auteurs diffrents dans une tonnante concordance c,est ce

qu,on appelle la ?ulgate art$urienne(. 6lle se compose de cinq romans qui retracent l,$istoire du

monde art$urien et oE la qu8te du ;raal( devient un motif central.

0l e#iste une immense littrature sur les romans art$uriens et feuilleter simplement le ,ulletin

"i"liographique de la )ocit 2rthuriennepeut donner une ide du ryt$me de la production. A cela

s,ajoute la littrature sotrique consacre au ;raal. )es comparaisons entre les motifs des romans

art$uriens et la myt$ologie celtique sont traditionnelles mais il n,en est pas sorti une grande clart

mt$odologique. )es tudes narratologiques sur les romans art$uriens ont commenc sous l,impulsion

d,6ug*ne ?inaver et de 5eter Naidu. Mal$eureusement certains romans de la ?ulgate n,ont t pu%lis

que dans l,dition introuva%le d,OsVar :ommer faite pour la Carnegie 0nstitution Qas$ington en

1343-131J.

)e Moyen Age peut 8tre considr comme un paradis pour les tudes fminines < (o!en

studies> et celles-ci s,ancrent facilement sur les romans. 0l n,e#iste pas de synt$*se stylistique sur les

narrations art$uriennes.

)a littrature des villesA la diffrence de la culture courtoise ne dans les c$!teau# et qui conna+t de %onne $eure un

rayonnement international il e#iste aussi une culture %ourgeoise volontiers particulariste et qui est

lie l,essor des villes.

Lne ville des /e-/0e si*cles tait souvent un fief de l,v8que ou du seigneur qui y avait ta%li

sa juridiction. Cependant les %ourgeois n,ont jamais t des serfs . )a mentalit fodale des comtes et des v8ques entre en contradiction

avec le sens de la li%ert qui caractrise les %ourgeois. C,est pourquoi les villes se rvoltent de %onne$eure contre leurs seigneurs et c$erc$ent la protection du roi. 6lles auront alors le statut de villes

royales(. 5arfois les rois font %!tir des villes partir de rien sur des sites propices ce sont les

%astides( au plan gomtrique rectangulaire qui e#prime l,idal d,ordre du Moyen Age. )a royaut

encourage le commerce et les mtiers pour le profit qu,elle tire des ta#es et la tendance des villes

l,indpendance pour l,appui politique qu,elle y trouve les %ourgs sont presque toujours fortifis et font


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quili%re du point de vue militaire au# c$!teau# des fodau#. 5ar e#emple le triangle form par les

villes de )aon Reims et :oissons au# 0/e-/000e si*cles un rle politique et militaire tr*s important.

Au cours des /00e et /000e si*cles les corps de mtiers se dveloppent tr*s vite dans les villesF

leurs c$efs qui sont lus prtendent gouverner. )es rvoltes ur%aines prennent alors pour o%jectif

l,ta%lissement d,une commune( entit d,autogouvernement qui a sa t8te un conseil form des

c$evins reprsentants des corporations. )es communes de la Blandre dictent des r*glements internes

qui prconisent un certain communisme( avant la lettre dont l,o%jectif dclar est d,assurer des gains

gau# tous les artisans. A cet effet le ma+tre doit travailler derri*re une vitrine ou fen8tre pour que

les concitoyens puissent le voir son ta%li o%server ses outils et ses procds le nom%re de ses

compagnons et apprentis. 0l est interdit de se servir d,instruments nouveau# ou d,employer des

tec$niques innovantes car tout progr*s tec$nologique crerait des diffrences de revenu entre les

mem%res des corporations. Ces diffrences su%sistent en dpit des rglementations contraignantes

nanmoins les %ourgeois se pensent gau# et tiennent %eaucoup leur dmocratie ur%aine.

=andis que dans certaines villes tous les citoyens fussent-ils roturiers ou no%les sont mem%res

de la commune dans d,autres seuls les artisans de certaines corporations peuvent prtendre cette

forme de gouvernement. A )yon par e#emple les 1G conseillers ne sont lus que par les 1KK ma+tres

des 2G mtiers. )a fronti*re entre dmocratie et oligarc$ie est comme en 0talie asse& confuse.

)es %ourgeois prtendent tr*s vite toutes les distinctions de la culture courtoise commencer

par la posie c$ante qui faisait la gloire des cours seigneuriales du Midi. )es po*tes qui c$antent en

langue d,ol et qui s,appellent trouv>res sont parfois des no%les comme le c$!telain de Coucy mais

aussi des roturiers tels Colin Muset ou ;ace Prul. )e ton de leurs compositions est diffrent du

lyrisme des trou%adours. ),$umour y est son aise parfois l,ironie et la satire. Comme les %ourgeois

des pays d,ol ne croient pas l,a!our fine&l,image de l,amour dans leur posie glisse facilement vers

l,e#pression de la simple se#ualit souvent colore d,rotisme ou de misogynie. Cela est visi%le dans

les fa%liau# genre littraire en vers qui raconte des farces ou des anecdotes moralisantes mais dont la

moralit est volontiers fonde sur la transgression valeur morale spcifiquement %ourgeoise cette

poque-l. 5ar transgression on entend la violation des r*gles poses par la grande( culture la cultureofficielle qui est en fait dou%le courtoise et c$rtienne. A la misogynie s,ajoute donc

l,anticlricalisme comme on le voit dans le fa%liau de ;autier le )eu Le Pr?tre teint&oE un cur trop

ardent l,oeuvre de ?nus doit se cac$er dans une cuve de teinture rouge pour c$apper la fureur du

mari.

Cependant les villes sont aussi le milieu oE se dveloppe une nouvelle sensi%ilit religieuse.

)es gens simples pour qui les v8ques sont moins des pasteurs que des seigneurs et qui les ric$es


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a%%ayes apparaissent sous la forme de gros propritaires terriens plutt que comme des lieu# de

recueillement et de pri*res ont %esoin d,une religion consolante et difiante. )e culte des saints qui

vient de l,Antiquit sem%le plusieurs une solution en ce sens avec l,espoir d,un patron et celle d,une

gurison miraculeuse en cas de maladie. Mais il e#iste aussi la tendance une spiritualit plus pure.

5arcourir les c$emins de p*lerinage pour faire ses dvotions devant les reliques est un e#ercice coTteu#

et fatigant quoique pratiqu par des effectifs immenses. 7,autre part le nom%re considra%le des restesque l,on e#$i%e en vue de l,adoration diminue implicitement leur valeur F la

nature de ces fragments peut sem%ler elle aussi drisoire F enfin leur aut$enticit soul*ve juste titre les doutes m8me de

Rome qui commence au /00e si*cle une rvision des saints dclars dans les divers coins de la

c$rtient. 5ar consquent les %esoins spirituels des $ommes se dirigent d,a%ord vers le culte

particulier d,un patron et en ce sens la dvotion Marie gagne du terrain d*s le /00e si*cle sous

l,impulsion entre autres de personnalits telles que celle de saint Pernard de Clairvau#. )es

corporations de mtiers se placent sous la protection d,un saint les peintres un peu partout font partie

de la confrrie de saint )uc car l,vangliste est cens avoir peint le premier portrait de la ?ierge et de

9sus. Au si*cle suivant ce sera le culte de l,$ostie consacre qui donnera lieu d,importantes

manifestations de religiosit dtournes mal$eureusement parfois vers l,antismitisme comme

Pru#elles oE le miracle de l,$ostie prtendTment poignarde par des juifs et d,oE coulent des flots de

sang attire de nom%reuses foules. 5uis au /0?e si*cle le @ord verra l,closion d,une spiritualit

nouvelle la devotio !oderna&non sans lien avec la naissance future de la Rforme.

C,est dans ce genre de climat que na+t d*s le premier Moyen Age le t$!tre. Ce sont d,a%ord

des moments de la liturgie festive qui sont interprts en questions et rponses par les

moines ou les c$anoines @ 9ue! quaeritis in sepulchro& o ChristicolaeA @


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)a reprsentation mdivale classique( a lieu sur une place pu%liqueF les acteurs se tiennent

sur plusieurs sc*nes qui s,appellent !ansions;on ne tarde pas faire intervenir divers trucages par

e#emple dans les sc*nes oE les saints sont torturs et des mac$ines puissantes et compliques qui font

descendre les anges du ciel ou qui font ouvrir la gueule de l,enfer avec force effets pyrotec$niques.

?ers la fin du Moyen Age les pi*ces de t$!tre sont longues de 1H 444 - J4 444 vers et les

reprsentations durent plusieurs journes c$elonnes parfois sur toute la dure des f8tes de printempsdu Mardi ;ras la 5entecte.

0l e#iste aussi un t$!tre comique reprsent par les farces et les soties et qui est jou lors des

f8tes populaires.

Mais les villes sont devenues importantes dans la socit mdivale plusieurs titres et

d,a%ord pour leur savoir. )es coles piscopales qui prparaient d,a%ord les futurs pr8tres du dioc*se

et dont l,une des plus cl*%res est C$artres ne poss*dent plus le monopole de l,ducation.

Alcuin d,YorV avait sou$ait que c$aque paroisse ait une cole pour alp$a%tiser le peupleF son sou$ait

ne s,est pas ralis pendant le Moyen Age.

Mais d*s la fin du /0e si*cle dans les grandes villes se multiplient des coles oE enseignent

des clercs pays par leurs tudiants. =andis que le latin est normalement appris pendant l,enfance avec

le cur de la paroisse dans une cole on commence par l,tude de trois disciplines $umanistes( le

triviu! grammaire r$torique dialectiqueF on continue par le

quadriviu!& quatre disciplines mat$matiques arit$mtique gomtrie musique astronomie. Cet

ensem%le est connu sous le nom d,arts li%rau#F le mot li%ral( signifie ici qu,il s,agit d,une mati*re

d,enseignement pour les $ommes li%res et suffisamment ric$es pour ne pas avoir travailler afin de

gagner leur vie. )es arts li%rau# sont conus comme purement contemplatifs en ce sens qu,ils ne sont

pas appliqus une activit professionnelle ou productiveF ils sont une tude gratuite dont le %ut est

l,lvation intellectuelle et spirituelle. 7ans la pratique ils donnent une qualification au# fonctions

administratives et avec les ordinations au# rangs ecclsiastiques.

)e mod*le ancien se conserve longtemps Pologne en 0talie oE c$aque professeur signe un

contrat annuel avec ses tudiants. A 5aris les enseignants et les tudiants s,organisent de %onne $eureen une corporation et o%tiennent des lettres patentes du roi c,est l,origine de l,Lniversit. )a

dsignation une c$aire se fait par suffrage des pairs sur %ulletin de vote et on est engag pour un

cycle d,enseignement qui en t$ologie est de J ans. Au sein de l,Lniversit les coles spcialises

s,appelleront facults(. :ous l,impulsion de l,aristotlisme la

logique occupera de %onne $eure une place prpondrante parmi les mati*res d,enseignement et on peut penser que cette volution au terme d,une priode de floraison a contri%u


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l,ass*c$ement et la strilisation de la pense mdivale car il s,agissait d,e#ercices qui ne reposaient

pas suffisamment sur une interprtation de l,e#prience.

Au Moyen Age on rec$erc$e le savoir d,a%ord parce qu,il donne acc*s au# c$arges

ecclsiastiques. A la vrit le fils pu+n d,un grand seigneur peut devenir arc$ev8que H ans sans

savoir lireF mais les v8c$s sont nom%reu# et la Brance c$rtienne a %esoin d,une direction. Certains

des no%les qui acc*dent de $autes c$arges sont des rudits et si l,acc*s de la prlature est

pratiquement interdit au# roturiers il reste de nom%reuses pr%endes et cures qui peuvent nourrir leur

$omme. )a plupart des savants du monde mdival sont d,origine no%le car l,acc*s au savoir

approfondi passe par le moniage et les moines doivent 8tre ns dans une famille no%le mais cela n,est pas ncessairement une r*gle infrangi%le. 6n fait les couvents et

les universits peuvent agir dans une certaine mesure comme des neutralisateurs de l,origine sociale.

Au couvent on entre si# ans dou&e selon la r*gle officielle soucieuse d,viter les voeu# sans

vocation. Pien des nouveau-ns sont a%andonns devant les portes des monast*res et leur originesociale n,est atteste que par la finesse de leur lingerie. A l,universit des fondations p$ilant$ropiques

comme celle de Ro%ert de :or%on veillent l,entretien des coliers pauvres. 6nfin lors de l,entre

dans une carri*re l,argent et les protecteurs puissants valent plus que les quartiers de no%lesse.

7,autre part le savoir poss*de une forte aura imaginaire. ;er%ert moine d,Aurillac n vers

3K4 fut emmen par le comte de Parcelone Porel en 6spagne oE il entra en contact avec

l,arit$mtique et la cosmograp$ie ara%es. Revenu en Brance l,empereur d,Allemagne Ot$on 00 le fit

a%% de Po%%io sur sa rputation. ;er%ert enseigna l,cole piscopale de Reims puis fut lu v8quede Met& dans des circonstance politiques trou%les qui firent qu,il finisse par se rfugier aupr*s de

l,empereur qui lui donna arc$ev8c$ de Ravenne. Apr*s la mort d,Ot$on 00 ;er%ert soutint

nergiquement la cause du fils de celui-ci Ot$on 000 et la rgence de l,impratrice =$op$ano. 6n 333

;er%ert fut lu pape sous le nom de :ylvestre 00 le premier d,origine franaise contre la tradition qui

faisait que les v8ques de Rome fussent des 0taliens ou des ;recs.

Apr*s sa mort en 144J apparut une lgende selon laquelle il aurait apport d,6spagne une t8te

de cuivre qui rpondait toutes les questions ainsi qu,un livre qui lui donnait pouvoir sur tous lesdmons et acc*s au# trsors.

Certains des professeurs sont des mystiques tels l,Allemand Nugues qui enseignait vers le

milieu du /00e si*cle l,cole parisienne sise dans l,enceinte du monast*re de :aint-?ictor. 7,autres

sont plutt des logiciens tel A%lard. On peut compter aussi des p$ilosop$es complets comme

=$omas d,Aquin un 0talien de l,ordre de saint 7ominique qui tint pendant quelques annes la c$aire la Bacult de =$ologie de l,Lniversit de 5aris. Pien que quelques-unes de ses


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propositions fussent condamnes par l,v8que de 5aris 6tienne =empier saint =$omas fut canonis en

1JGJ. Ce n,est qu,en 1D23 que le pape )on /000 le dclarera autorit supr8me en mati*re de doctrine

cat$olique. Avec l,aristotlisme de saint =$omas la direction p$ilosop$ique de la pense c$rtienne se

renforce. On assiste au triomp$e puis avec le /0?e si*cle au dclin de la scolastique. )es derniers

grands scolastiques ;uillaume d,Occam et 7uns :cot sont l,un surtout logicien l,autre surtout

mtap$ysicien.

Lne autre raison importante du dveloppement des tudes universitaires est la formation des

fonctionnaires d,6tat. )e roi ne tient pas avoir parmi ses serviteurs des mem%res de la $aute no%lesseF

le mtier des finances en particulier avec la collecte des impts et la gestion du fisc rpugne la

classe aristocratique. 5ar consquent les roturiers peuvent avancer asse& vite dans l,administration

royale surtout s,ils ont une %onne formation juridique. )es facults de droit sont les ppini*res du

service pu%licF ;uillaume de @ogaret c$ancelier de Brance sous 5$ilippe le Pel avait t professeur

de droit Montpellier et signait en 1G33 !iles et legu! professor# )es universits qui seronte#emptes d,impts et %nficieront de nom%reu# privil*ges et franc$ises ont une organisation

$irarc$ique la %ase se trouve la Bacult des Arts niveau propdeutique qui ne donne pas

proprement parler une formation suprieure puis celles de 7roit de Mdecine de =$ologie. Comme

la Bacult de =$ologie de 5aris accepte la souverainet du roi en mati*re ecclsiastique rien ne

s,oppose ce qu,elle donne son avis officiel sur toute question religieuse. ),organisation par 5$ilippe

le Pel du parlement ayant des attri%utions judiciaires de la c$am%re des comptes c$arge de

surveiller la dpense de la recette pu%lique et des conseils du roi jette enfin les %ases d,une

%ureaucratie qui produira sur le plan social la no%lesse dite de ro%e et une partie de la $aute

%ourgeoisie.

)e mod*le universitaire permettant une forte concentration des connaissances et un contrle

troit du savoir connut une diffusion rapide. :i les universits de 5aris et de Montpellier datent de la

fin du /00e si*cle le /000e en voit appara+tre =oulouse :alamanque Are&&o 5adoue Cam%ridge

?alladolid et )is%onne. Au /0?e si*cle naissent des universits aussi loin que Neidel%erg Pudapest

5cs et Cracovie. 6n m8me temps que les institutions le savoir mdival corpus d,ides qui volue

asse& vite se rpand travers l,6urope. )a classe des intellectuels prend un caract*re international.

C,est ainsi qu,apr*s Anselme de Cantor%ry le fondateur de la scolastique qui tait un 0talien

montagnard d,Aoste form l,a%%aye de Pec en @ormandie et apr*s A%lard un Branais la gloire

de la science passe un Allemand Al%ert le ;rand de Cologne puis des Anglais Ro%ert ;rosseteste

et Ale#andre de Nal*s avant la grande synt$*se de =$omas d,Aquin. )es 7anois se distinguent par la

meilleure cole de p$ilosop$ie du langage. Ln Blamand ;uillaume de Moer%eVe est celui qui traduit


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en latin Aristote. 7es juifs et des 6spagnols traduisent les immenses ouvrages des penseurs ara%es

Avicenne Averros Al$a&en Alga&el. On peut contempler la prparation de cet impressionnant

mlange de croyances et de connaissances travers l,oeuvre de 7ante Alig$ieri non seulement la

Divine Co!die&mais encore dans laMonarchie&dans la 9uestion de l5eau et de la terre dans le

Convivio#6nfin un 5olonais de =orun Copernic assied sur une %ase scientifique l,ide du syst*me

$liocentrique.

Ce savoir ne se constituait pas dans le secret des la%oratoires et en marge de l,indiffrence

pu%lique. 0l ne s,agit certes pas d,une science e#primentale mais d,un mlange de croyances et de

raisonnements qui tenaient la fois de la logique la plus stricte et d,une pense imaginaire vigoureuse.

),$omme mdival de la classe moyenne est un lecteur asse& curieu# et ses lectures sont des ouvrages

srieu# voire ennuyeu# selon les goTts modernes. Comme il n,est pas permis de lire la Pi%le qui est la

source de toute sagesse les $ommes se ra%attent sur les commentaires et sur les ouvrages de

vulgarisation. )a lecture se fait $aute voi# en pu%lic et surtout ta%le selon une coutume qui taitdj o%serve par C$arlemagne et qui s,institutionnalise dans les monast*res afin que la nourriture

spirituelle soit a%sor%e en m8me temps que la nourriture terrestre. On est conduit aujourd,$ui penser

que m8me ceu# qui lisaient seuls le faisaient $aute voi# ou en marmonnant. )e mod*le de la

compr$ension du te#te est donn par la liturgie oE la lecture de l,6vangile est accompagne d,une

e#plication le sermon. Apr*s les sermons potiques et inspirs de saint Pernard de Clairvau# au /000e

si*cle se dveloppe un vrita%le art de l,$omlie le sermon doit se construire partir de la

com%inaison d,un t$*me majeur et d,un t$*me mineur et se dvelopper selon l,arc$itecture

complique d,une forme musicale.

=out te#te littraire est donc conu l,instar de la Pi%le comme recelant un sens cac$. Baire

sortir ce sens par l,interprtation est l,o%jet de l,e#plication que l,on appelle avec des mots grecs

e'g>se


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c$ristianise. Ce travail du sens poursuivi selon des r*gles spciales s,appelle allgor*se. Ainsi

5$ilippe de =$aon voque la naissance lgendaire de la perle qui se produit lorsque le coquillage

remonte nuitamment la surface de l,ocan pour recevoir entre ses valves la rose du cielF l,$u+tre

signifie la ?ierge Marie et la perle est un sym%ole de 9sus conu par l,6sprit-:aint sans pc$ et

sans oeuvre de c$air.

Cette attente du sens profond cet espoir du salut qui peut se cac$er dans la signification d,un

te#te fondateur rayonnent sur toute la littrature. 0ls se retrouvent dans des commentaires comme la

,i"le !oralise& l,Bvide !oralis#Mais par-dessus tout ils se ralisent dans des oeuvres littraires

comme le3o!an de la 3ose#On appelle cette criture allgorique( par analogie avec une certaine

tec$nique d,interprtation de l,Ancien =estament. 6n fait il s,agit d,un style em%lmatique descriptif

et narrativisant qui prend pour o%jet des ralits morales sans rfrence particuli*re. =andis que dans

un roman on parle de la folie de =ristan dans l,criture allgorique on parle de la folie en gnral en

e#emplifiant au %esoin avec des personnages d,$istoire et de lgende tels Aristote ou Aja#. )e 3o!ande la 3ose n,est pas romanesque. 0l parle de la conqu8te du coeur d,une demoiselle mais ses

personnages n,ont pas de nom de %apt8me ils sont l,Amant Amour la Rose 7anger ou Male%ouc$e

et reprsentent c$acun respectivement l,amant l,amour la jeune fille aime les prils de la conqu8te et

la mdisance.

=andis que ;uillaume de )orris un clerc l,imagination tendre a commenc son roman selon

la fiction d,un songe au cours duquel l,Amant arrive dans le jardin cac$ du dieu Amour et tom%e

amoureu# d,un %outon de rose son continuateur 9ean Clopinel de Meung-sur-)oire qui a tudi l,universit s,y prend d,une tout autre mani*re. 0l prend sa t!c$e pour un prte#te d,e#poser toutes les

t$ories qu,il a apprisesF il crit une sorte de Pi%le de la modernit du /000e si*cle. =outes les ides de

l,avant-garde intellectuelle sont l pour c$oquer les esprits conservateurs l,institution de la royaut est

fonde sur la violence sans aucune justification de droit divinF le langage est une simple convention

entre les $ommes que l,on pourrait c$anger artificiellement comme l,on voudraitF 7ieu ne

la fin du monde antique et le premier moyen age

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