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« Comment, si souvent   malheureux, pouvions-nous   aussi être tellement heureux ? » Gabrielle Roy LA DéTRESSE ET L’ENCHANTEMENT autobiographie

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7 La Détresse et l’Enchantement est le dernier livre de Gabrielle Roy et peut-être, au dire de plusieurs, son chef-d’œuvre. Publié en 1984 à titre posthume, il n’a cessé depuis de conquérir des milliers de lecteurs.

Dans les dernières années de sa vie, la romancière entreprend de relater l’ensemble de son existence : les lieux, les événements, les êtres qui ont façonné sa per-sonnalité de femme et d’artiste.

Œuvre de mémoire et de (re)création, La Détresse et l’Enchantement est un des ouvrages les plus originaux et les plus attachants de la littérature québécoise et canadienne moderne.

Cette édition de La Détresse et l’Enchantement estaccompagnée d’une chronologie de Gabrielle Roy et d’une bibliographie de la critique.

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es Gabrielle Roy (1909-1983) est née à Saint-Boniface (Mani-toba) où elle a vécu jusqu’en 1937. Après deux séjours en Europe, elle s’installe définitivement au Québec. Son œuvre, qui comprend une douzaine de romans, des essais et des contes pour enfants, est reconnue comme l’une des plus importantes de la littérature canadienne du xxe siècle.

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« Comment, si souvent  malheureux, pouvions-nous  aussi être tellement heureux ? »

Gabrielle Royla détresse et l’enchantementautobiographie

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Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) h2j 2l2

www.editionsboreal.qc.ca

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La Détresse et l’Enchantement

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Le texte de la présente édition de La Détresse et l’Enchantement est conforme à celui de l’Édition du centenaire des Œuvres complètes de Gabrielle Roy préparée par François Ricard, Isabelle Daunais, Jane Everett, Dominique Fortier et Sophie Marcotte.

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Gabrielle Roy

La Détresse et l’Enchantement

autobiographie

texte définitif

Boréal

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© Fonds Gabrielle Roy 2014 pour la présente édition© Fonds Gabrielle Roy 2013 pour l’édition en grand formatDépôt légal: 3e trimestre 1996

Bibliothèque nationale du Québec

Diffusion au Canada: DimediaDiffusion et distribution en Europe: Volumen

Données de catalogage avant publication (Canada)

Roy, Gabrielle, 1909-1983

La Détresse et l’Enchantement: autobiographie

3e éd.

(Boréal compact; 7)

Éd. originale: 1984.

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 978-2-89052-768-3

1. Roy, Gabrielle, 1909-1983. – Biographie. 2. Écrivains canadiens-français. – 20e siècle. – Bio-graphies. I. Titre.

ps8535.095z53 1996 c843’.54 c96-940324-0

ps9535.095z53 1996

pq3919.r74z466 1996

isbn papier 978-2-89052-768-3

isbn pdf 978-2-7646-1295-8

isbn epub 978-2-7646-1296-5

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le bal chez le gouverneur

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PREmièRE PaRtiE

Le bal chez le gouverneur

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Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j’étais, dans mon pays, d’une espèce destinée à être traitée en inférieure? Ce ne fut peut-être pas, malgré tout, au cours du trajet que nous avons tant de fois accompli, maman et moi, alors que nous nous engagions sur le pont Provencher au-dessus de la Rouge, laissant derrière nous notre petite ville française pour entrer dans Winnipeg, la capitale, qui jamais ne nous reçut tout à fait autrement qu’en étrangères. Cette sensation de dépayse-ment, de pénétrer, à deux pas seulement de chez nous, dans le lointain, m’était plutôt agréable, quand j’étais enfant. Je crois qu’elle m’ouvrait les yeux, stimulait mon imagination, m’en-traînait à observer.

Nous partions habituellement de bonne heure, maman et moi, et à pied quand c’était l’été. Ce n’était pas seulement pour économiser mais parce que nous étions tous naturellement marcheurs chez nous, aimant nous en aller au pas, le regard ici et là, l’esprit où il voulait, la pensée libre, et tels nous sommes encore, ceux d’entre nous qui restent en ce monde.

Nous partions presque toujours animées par un espoir et d’humeur gaie. Maman avait lu dans le journal, ou appris d’une voisine, qu’il y avait solde, chez Eaton, de dentelle de rideaux, d’indienne propre à confectionner tabliers et robes d’intérieur, ou encore de chaussures d’enfants. Toujours, au-devant de

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nous, luisait, au départ de ces courses dans les magasins, l’espoir si doux au cœur des pauvres gens d’acquérir à bon marché quelque chose de tentant. Il me revient maintenant que nous ne nous sommes guère aventurées dans la riche ville voisine que pour acheter. C’était là qu’aboutissait une bonne part de notre argent si péniblement gagné — et c’était le chiche argent de gens comme nous qui faisait de la grande ville une arrogante nous intimidant. Plus tard, je fréquentai Winnipeg pour bien d’autres raisons, mais dans mon enfance il me semble que ce fut presque exclusivement pour courir les aubaines.

En partant, maman était le plus souvent rieuse, portée à l’optimisme et même au rêve, comme si de laisser derrière elle la maison, notre ville, le réseau habituel de ses contraintes et obli-gations, la libérait, et dès lors elle atteignait l’aptitude au bon-heur qui échoit à l’âme voyageuse. Au fond, maman n’eut jamais qu’à mettre le pied hors de la routine familière pour être aussitôt en voyage, disponible au monde entier.

En cours de route, elle m’entretenait des achats auxquels elle se déciderait peut-être si les rabais étaient considérables. Mais toujours elle se laissait aller à imaginer beaucoup plus que ne le permettaient nos moyens. Elle pensait à un tapis pour le salon, à un nouveau service de vaisselle. N’ayant pas encore entamé la petite somme dont elle disposait pour aujourd’hui, celle-ci paraissait devoir suffire à combler des désirs qui attendaient depuis longtemps, d’autres qui poussaient à l’instant même. Maman était de ces pauvres qui rêvent, en sorte qu’elle eut la possession du beau bien plus que des gens qui l’ont à demeure et ne le voient guère. C’était donc en riches, toutes les possibili- tés d’achat intactes encore dans nos têtes, que nous traversions le pont.

Mais aussitôt après s’opérait en nous je ne sais quelle trans-formation qui nous faisait nous rapprocher l’une de l’autre comme pour mieux affronter ensemble une sorte d’ombre jetée sur nous. Ce n’était pas seulement parce que nous venions de

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mettre le pied dans le quartier sans doute le plus affligeant de Winnipeg, cette sinistre rue Water voisinant la cour de triage des chemins de fer, toute pleine d’ivrognes, de pleurs d’enfants et d’échappements de vapeur, cet aspect hideux d’elle-même que l’orgueilleuse ville ne pouvait dissimuler à deux pas de ses larges avenues aérées. Le malaise nous venait aussi de nous-mêmes. Tout à coup, nous étions moins sûres de nos moyens, notre argent avait diminué, nos désirs prenaient peur. Nous attei-gnions l’avenue Portage, si démesurément déployée qu’elle ava-lait des milliers de personnes sans que cela y parût. Nous conti-nuions à parler français, bien entendu, mais peut-être à voix moins haute déjà, surtout après que deux ou trois passants se furent retournés sur nous avec une expression de curiosité. Cette humiliation de voir quelqu’un se retourner sur moi qui parlais français dans une rue de Winnipeg, je l’ai tant de fois éprouvée au cours de mon enfance que je ne savais plus que c’était de l’humiliation. Au reste, je m’étais moi-même retour-née fréquemment sur quelque immigrant au doux parler slave ou à l’accent nordique. Si bien que j’avais fini par trouver natu-rel, je suppose, que tous, plus ou moins, nous nous sentions étrangers les uns chez les autres, avant d’en venir à me dire que, si tous nous l’étions, personne ne l’était donc plus.

C’était à notre arrivée chez Eaton seulement que se décidait si nous allions oui ou non passer à la lutte ouverte. Tout dépen-dait de l’humeur de maman. Quelquefois elle réclamait un commis parlant notre langue pour nous servir. Dans nos moments patriotiques, à Saint-Boniface, on prétendait que c’était notre droit, et même de notre devoir de le faire valoir, qu’à cette condition nous obligerions l’industrie et les grands maga-sins à embaucher de nos gens.

Si maman était dans ses bonnes journées, le moral haut, la parole affilée, elle passait à l’attaque. Elle exigeait une de nos compatriotes pour nous venir en aide. Autant maman était énergique, autant, je l’avais déjà remarqué, le chef de rayon

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était obligeant. Il envoyait vite quérir une dame ou une demoi-selle Unetelle, qui se trouvait souvent être de nos connaissances, parfois même une voisine. Alors s’engageait, en plein milieu des allées et venues d’inconnus, la plus aimable et paisible des conversations.

— Ah! madame Phaneuf! s’écriait maman. Comment allez-vous? Et votre père? Vit-il toujours à la campagne?

— Madame Roy! s’exclamait la vendeuse. Vous allez bien? Qu’est-ce que je peux pour vous? J’aime toujours vous rendre service.

Nous avions le don, il me semble, pauvres gens, lorsque ren-dus les uns aux autres, de retrouver le ton du village, de je ne sais quelle société amène d’autrefois.

Ces jours-là, nous achetions peut-être plus que nous aurions dû, si réconfortées d’acheter dans notre langue que l’ar-gent nous filait des mains encore plus vite que d’habitude.

Mais il arrivait à maman de se sentir vaincue d’avance, lasse de cette lutte toujours à reprendre, jamais gagnée une fois pour toutes, et de trouver plus simple, moins fatigant de «sortir», comme elle disait, son anglais.

Nous allions de comptoir en comptoir. Maman ne se débrouillait pas trop mal, gestes et mimiques aidant. Parfois sur-venait une vraie difficulté, comme ce jour où elle demanda «a yard or two of Chinese skin to put under the coat…», maman ayant en tête d’acheter une mesure de peau de chamois pour en faire une doublure de manteau.

Quand un commis ne la comprenait pas, il en appelait un autre à son aide, et celui-là un autre encore, parfois. Des «cus-tomers» s’arrêtaient pour aider aussi, car cette ville, qui nous traitait en étrangers, était des plus promptes à voler à notre secours dès que nous nous étions reconnus dans le pétrin. Ces conciliabules autour de nous pour nous tirer d’affaire nous mettaient à la torture. Il nous est arrivé de nous esquiver. Le fou rire nous gagnait ensuite à la pensée de ces gens de bonne

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volonté qui allaient continuer à chercher à nous secourir alors que déjà nous serions loin.

Une fois, plus énervée encore que de coutume par cette aide surgie de partout, maman, en fuyant, ouvrit son parapluie au milieu du magasin que nous avons parcouru au trot, comme sous la pluie, les épaules secouées de rire. À la sortie seulement, puisqu’il faisait grand soleil, maman s’avisa de fermer son para-pluie, ce qui donna à l’innocente aventure une allure de provo-cation. Ces fous rires qu’elle me communiquait malgré moi, aujourd’hui je sais qu’ils étaient un bienfait, nous repêchant de la tristesse, mais alors j’en avais un peu honte.

Après le coup du parapluie, un bon moment plus tard, voici que je me suis fâchée contre maman, et lui ai dit qu’elle nous faisait mal voir à la fin, et que, si toutes deux riions, nous faisions aussi rire de nous.

À quoi maman, un peu piquée, rétorqua que ce n’était pas à moi, qui avais toutes les chances de m’instruire, de lui faire la leçon à elle qui avait tout juste pu terminer sa sixième année dans la petite école de rang à Saint-Alphonse-Rodriguez, où la maîtresse elle-même n’en savait guère plus que les enfants, et comment l’aurait-elle pu, cette pauvre fille qui touchait comme salaire quatre cents dollars par année. Ce serait à moi, l’esprit agile, la tête pas encore toute cassée par de constants calculs, de me mettre à apprendre l’anglais, afin de nous venger tous. (Plus tard, quand je viendrais à Montréal et constaterais que les choses ne se passaient guère autrement dans les grands magasins de l’ouest de la ville, j’en aurais les bras fauchés, et le sentiment que le malheur d’être Canadien français était irrémédiable.)

Jamais maman ne m’en avait dit si long sur ce chapitre. J’en étais surprise. Je crois avoir entrevu pour la première fois qu’elle avait cruellement souffert de sa condition et ne s’était conso- lée qu’en imaginant ses enfants parvenus là où elle aurait voulu se hausser.

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De nos expéditions à Winnipeg, nous revenions éreintées et, au fond, presque toujours attristées. Ou bien nous avions été sages, prudentes, n’ayant acheté que l’essentiel, et qui donc a jamais tiré du bonheur de se limiter au strict nécessaire! Ou bien nous avions commis quelque folie, par exemple acheté le chapeau qui m’allait si bien, mais à un prix fou, et nous en avions du remords, il faudrait se rattraper ailleurs, disait maman, et ne pas avouer le prix au père, me laissait-elle entendre à demi-mot. Ainsi notre gêne d’argent nous jetait- elle tôt ou tard dans l’extravagance qui nous ramenait à une gêne plus sévère encore.

De toute façon, le pont que nous avions traversé en riches, la tête pleine de projets, nous ne l’avons jamais retraversé qu’en pauvres, les trois quarts de notre argent envolés, et bien souvent sans que l’on puisse dire où.

— Comme ça part, l’argent! disait maman. Évidemment c’est fait pour partir, mais ton père dira encore que j’ai l’art de le faire partir plus vite que personne.

Bientôt, au-delà du pont, nous devenaient visibles les clo-chers de la cathédrale, puis le dôme du collège des Jésuites, puis des flèches, d’autres clochers. Inscrite sur l’ardent ciel mani- tobain, la ligne familière de notre petite ville, bien plus adon- née à la prière et à l’éducation qu’aux affaires, nous consolait. Elle nous rappelait que nous étions faits pour l’éternité et que nous serions consolés d’avoir eu tant de misère à joindre les deux bouts.

Quelques pas encore, et nous étions chez nous. Nous n’étions pas nombreux dans la petite ville pieuse et studieuse, mais du moins avions-nous alors le sentiment d’y être d’un même cœur. Déjà maman et moi parlions dans notre langue le

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plus naturellement du monde, ni plus bas ni trop haut, comme à Winnipeg où nous étions commandées par la gêne ou la honte de la gêne. D’autres voix s’élevaient en français autour de nous, nous accompagnant. Dans notre soulagement de retrouver notre milieu naturel, nous nous prenions à saluer presque tous ceux que nous croisions, mais il est vrai, entre nous, dans la ville, nous nous connaissions à peu près tous, au moins de nom. Plus nous allions et plus maman se reconnaissait de gens amis et saluait et prenait des nouvelles des uns et des autres.

De retour dans notre ville, il lui arrivait de lever le regard sur le haut ciel clair pour le contempler avec une sorte de ravisse-ment. Et souvent, la fatigue disparue de son visage comme par enchantement, elle me prenait à témoin: «On est bien chez nous.»

Nous arrivions à notre maison, rue Deschambault. La retrouver intacte, gardienne de notre vie à la française au sein du pêle-mêle et du disparate de l’Ouest canadien, devait nous apparaître chaque fois une sorte de miracle, car à la dernière minute, nous nous hâtions vers elle. C’était comme si nous avions toujours eu un peu peur qu’elle nous fût un jour ravie. Elle était avenante et simple, avec ses lucarnes au grenier, de grandes et nombreuses fenêtres à l’étage et, entourant la façade et le côté sud, une large galerie à enfilade de colonnes blanches.

Toujours nous revenions vers elle comme d’un voyage qui nous aurait secouées. Pourtant ce ne sont pas ces voyages de Saint-Boniface à Winnipeg, si éclairants fussent-ils, qui m’ou-vrirent enfin pleinement les yeux sur notre condition, à nous Canadiens français du Manitoba. Cela s’est fait en une autre occasion, beaucoup plus dure.

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J’avais été malade de sérieuses indigestions l’une sur l’autre et il me restait une sensibilité au ventre. Maman, le jour où je com-mençai à aller un peu mieux, comme c’est sans doute le cas chez bien des gens de notre genre, se décida à m’emmener voir le médecin. Après les questions et l’examen, qui consistait surtout en ce temps-là en palpations, nous attendions, maman et moi, un peu effarouchées du verdict que le médecin mettait beau-coup de temps à prononcer. Enfin il regarda maman et lui déco-cha un peu comme un reproche:

— Madame, il va falloir opérer cette enfant. Au plus tôt. Sans plus attendre.

Je tournai un peu la tête vers maman et la vis tressaillir comme sous le coup d’un blâme, en effet. Elle avait pâli, puis il m’avait semblé la voir rougir, et tout ce temps elle avait l’air de chercher des mots qui ne venaient pas. Enfin elle trouva celui-là qui nous était le plus coutumier, le plus habituel, je pense bien, et je l’entends encore, je l’e ntendrai toujours le prononcer d’une voix blanche:

— Combien? Ce sera combien, docteur?J’eus l’impression que nous étions chez l’épicier ou le bou-

cher, et que pourtant maman s’armait pour une lutte bien plus serrée qu’avec ces gens-là sur qui elle avait assez facilement le dessus.

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Le docteur déplaçait des papiers, sa plume, son buvard, et paraissait aussi mal à l’aise que maman.

— Écoutez, madame. Dans le courant ordinaire des choses, pour une opération de ce genre, c’est cent cinquante dollars.

Il saisit sans doute l’expression de consternation qui se pei-gnit sur le visage de maman, car il se hâta de lever les mains en disant:

— Mais!… mais!…L’ayant un peu calmée par son geste, il poursuivit:— Pour vous dont je connais les difficultés, ce sera cent

dollars.Je vis que cela n’aidait pas beaucoup ma mère à respirer. Elle

gémit comme pour elle-même, sans s’en plaindre à lui: «Cent dollars! Cent dollars!»

Le médecin haussa les épaules, d’impuissance. Alors je compris qu’elle allait raconter l’«histoire» de notre vie, qu’elle sortait en public lorsqu’elle n’avait vraiment plus d’autre recours, et qui me remplissait chaque fois d’une confusion et d’une détresse qui ne semblaient pouvoir se dissoudre ni en larmes ni en paroles. J’aurais voulu retenir maman, l’empêcher de parler, mais déjà il n’était plus temps. Assise au bord de sa chaise, les mains nouées sur sa jupe, le regard fixé sur le plan-cher, d’une voix monotone, sans jamais lever les yeux vers le médecin afin de n’être distraite en aucune façon de ce qu’elle devait dire, elle racontait:

— Mon mari, fonctionnaire du gouvernement fédéral, pour n’avoir pas caché sa loyauté politique, s’est trouvé en butte à une sournoise persécution et, pour finir, s’est vu mis à la porte, congédié six mois seulement avant l’âge de la retraite dont il a été frustré. Ainsi, dans notre âge avancé, disait maman, nous nous sommes trouvés démunis, monsieur le docteur, sans revenus assurés. Il nous a fallu vivre du vieux gagné vite dépensé, comme vous pouvez le penser, auquel se sont ajoutés

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l’aide de mes grands enfants et ce que j’ai pu gagner moi-même ici et là pour des travaux de couture…

L’histoire défilait, le médecin écoutait, peut-être dans l’en-nui, car ses yeux erraient parfois au plafond, venaient se poser un instant sur moi, sans sourire, repartaient. Au début seule-ment de la consultation, il m’avait adressé la parole: «Quel âge as-tu, petite? Douze ans… On ne le dirait pas… On t’en donne-rait plutôt dix.» Et il avait parlé à maman sur un ton sévère: «Vous auriez dû m’amener cette enfant il y a au moins six mois.»

Maintenant il me regardait, on aurait dit, sans amitié. Cette idée de maman aussi de me faire voir par le médecin le plus cher de la ville!

Elle en était aux détails les plus affligeants, que je ne pouvais entendre sans vouloir me cacher le visage dans les mains: les raccommodages qu’elle attaquait le soir, sa journée faite, et qui étaient d’un bon rapport, dit-elle avec une curieuse insistance, comme si le docteur eût pu avoir des reprisages à lui comman-der en retour de ses services.

Je ne comprenais vraiment rien à maman, à certaines heures. La femme la plus fière, qui passait des nuits à coudre pour ses filles des robes aussi belles que celles des filles des notables les plus riches de la ville, qui trouvait Dieu sait où l’ar-gent de nos leçons de piano, la femme la plus stoïque aussi que jamais je n’ai entendue avouer une douleur physique, ni même, plus tard, le terrible mal de la solitude, dès qu’étaient mis en cause la santé, le bien-être, l’avenir de ses enfants, elle aurait pu se faire mendiante aux coins des rues.

Excédé à la fin par cette histoire qui, pour lui, ressemblait peut-être à bien d’autres entendues ici même, le docteur leva les mains pour faire taire maman.

— Madame!… madame!… Si vous ne pouvez régler mes honoraires en une fois, faites-le petit à petit, comme vous pourrez.

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Alors maman respira.Du moment qu’une dette, une obligation, aussi énorme fût-

elle, pouvait être fractionnée, réglée à petits coups, étirée, elle pensait arriver à en avoir raison, après tout elle avait fait cela depuis des années, elle y était entraînée: tant ce mois-ci pour la machine à coudre (encore que dans le découragement maman avouât parfois que la machine serait sans doute usée avant d’être à nous); tant pour le service d’argenterie (il me semble que ce n’était que cinquante cents par quinzaine, mais nous ne les avions tout de même presque jamais quand passait le représen-tant); tant pour la glacière. Maman, ayant saisi que mon opéra-tion pouvait entrer dans cette catégorie, en fut aussitôt récon-fortée et m’adressa un regard qui semblait entendre: «Tu verras, on se sortira de cela aussi.» De soulagement, elle eut même une espèce de sourire tendre qui nous enveloppa tous deux, moi et le docteur, et qui lui donna un air presque heureux, au milieu de sa peine. Elle était comme une belle, grande rivière, semée, tout au long de son cours, d’obstacles: rochers, écueils, récifs, et elle en venait à bout, soit en les contournant, en s’en éloignant par le rêve, soit en les franchissant au bond. Alors, pour un court moment, entre les mille embûches, avant qu’elle ne fût reprise dans les remous, on entendait son chant d’eau apaisée.

— Eh bien, si c’est ainsi, docteur, soyez assuré que je par-viendrai à m’acquitter envers vous…

Le docteur coupa court aux promesses de maman. Il se leva. Nous nous sommes levées aussi. Maman songea alors à s’informer:

— Ce sera pour quand, l’opération? Dans quelques semaines?

— Y pensez-vous, madame! Je téléphone à l’hôpital immé-diatement. Je tiens à ce que votre petite fille y entre ce soir même, demain au plus tard.

— Oh! demain! supplia maman.Le côté affaire réglé — ou relégué — elle pouvait enfin être

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à son souci pour moi, à son angoisse. Elle se mit à plaider pour un peu plus de temps. Il lui en fallait pour me coudre des vête-ments propres pour l’hôpital. Pour préparer mon père à l’idée de l’opération. Et, qui sait, peut-être pour voir se détourner le cours des choses, s’il lui en était accordé suffisamment.

— Nous avons déjà beaucoup trop tardé, trancha le doc-teur. Nous sommes à la merci d’une crise grave qui peut amener la rupture de l’appendice. J’opérerai votre enfant après-demain au plus tard.

Nous sommes sorties. Dans quelle petite rue ombragée d’arbres étions-nous, je n’en sais plus trop rien. Par ailleurs, je me souviendrai toujours que c’était par une des journées les plus tendres que puisse nous offrir l’été, toute pleine d’un vent doux qui caresse le visage. Cela nous a fait un drôle d’effet de nous retrouver au milieu d’une pareille journée avec nos calculs, notre peur de l’hôpital et l’angoisse de ce que papa allait dire. Il nous sembla que nous aurions plutôt dû être dans une belle cam-pagne, assises dans l’herbe, au pied d’un arbre, à manger notre pique-nique, ou à rêver face au ciel, le corps parfaitement sain.

Maman prit ma main et me demanda si je n’étais pas trop fatiguée. «Parce que, me dit-elle, si tu t’en sens la force, j’aime-rais faire un bout à pied.» (Nous étions dans de petites rues d’où pour trouver un tramway il eût fallu marcher plus loin que jusqu’à chez nous. Maman devait être bien troublée pour ne pas y avoir réfléchi.) «J’aimerais me donner le temps, dit-elle, de préparer en pensée comment je vais parler à ton père.»

Je tâchai de la retenir. Je lui dis que j’étais mieux, que je n’avais plus de mal nulle part. Et c’était vrai. L’émotion m’avait galvanisée, prêté pour l’instant des forces venues de je ne sais où. D’ailleurs ce n’était pas nouveau, chez moi, une telle réaction. Il

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la détresse et l’enchantement

suffisait qu’on m’emmène chez le dentiste pour que disparût subitement un mal de dents qui m’avait tenue éveillée toute la nuit. Maman ne prêtait donc pas attention à ce que je disais. Elle poursuivait son idée.

— Ton père, les dettes l’ont toujours terrifié, même quand il gagnait de quoi assurer notre vie. Alors, maintenant, tu peux imaginer comme elles l’effraient! Pourtant, quand on peut les répartir au mois, il me semble que les dettes, ce n’est pas la fin du monde.

Je devais ressembler à mon père sur ce point car les dettes me terrifiaient aussi.

— Je ne veux pas être opérée, ai-je décidé. On n’a pas les moyens. Et papa va être contre.

Elle s’arrêta de marcher et me secoua un peu.— Ne dis plus jamais pareille chose. Ton père ne sera pas

contre. Il s’agit seulement de l’amener à voir que cette dette n’est pas pire qu’une autre. Ne m’enlève pas le courage, me pria-t-elle, au moment où j’en ai le plus besoin pour nous sortir du trou.

— On y est pourtant toujours, dans le trou, lui fis-je remar-quer.

À ma surprise, elle se prit à rire un peu, comme de loin, à tant de prouesses accomplies.

— N’empêche qu’on en est sortis mille fois, du trou.— Ce n’était peut-être pas le même, dis-je, souriant malgré

moi, de connivence avec elle.Nous avions atteint le coin d’une petite rue tranquille et

nous en enfilions une autre également bordée d’arbres dont on entendait les feuilles bruire doucement en plein milieu de nos calculs. Il y eut ceci d’aimable dans notre vie: presque jamais la nature ne s’abstint de nous marquer une sorte de bienveillance à travers nos épreuves. Ou était-ce parce que nous cherchions sans cesse consolation en elle qu’elle nous l’accordait?

Soudain, cependant, maman m’étonna beaucoup en s’avouant abattue. Elle disait comme pour elle-même:

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le bal chez le gouverneur

— C’est vrai que le malheur nous poursuit depuis long-temps. Il faudrait sans doute remonter bien loin pour en connaître la cause. C’est une longue histoire.

Tellement les histoires m’étaient alors amies, même au plus creux de la désolation, je la priai:

— Raconte.Elle me fit un sourire navré qui sous-entendait: C’est bien le

temps, va!Malgré tout, cependant, commencèrent à lui échapper des

bribes d’un récit de malheurs anciens que la scène chez le méde-cin avait sans doute réveillés — du moins c’est ce que j’ai cru comprendre.

Car, soudain, nous étions rejointes dans la rue paisible par une quantité de nos gens aux peines depuis longtemps mortes et qui pourtant revivaient en nous. En écoutant maman, j’eus la curieuse impression que notre détresse avait rappelé à nous des centaines d’êtres et qu’à présent, dans la rue déserte, nous allions ensemble, eux peut-être consolés de nous trouver attentives encore à leurs vies écoulées, et nous, de ne pas nous retrouver toutes seules.

— Tout vient, disait maman, de ce vol de nos terres, là-bas, dans notre premier pays, quand nous en avions un, que les Anglais nous ont pris lorsqu’ils l’ont découvert si avantageux. Au pays d’Évangéline. Pour avoir ces terres riches, ils nous ont rassemblés, trompés, embarqués sur de mauvais navires et débarqués au loin sur des rivages étrangers.

— Nous étions des Acadiens?Peut-être maman me l’avait-elle déjà dit et je n’en avais pas

gardé la mémoire. Ou bien je n’avais pas eu avant ce jour le cœur prêt à accueillir cette tragédie, et n’en avais pas fait grand cas.

— Ainsi a commencé notre infortune, il y a bien long-temps, dit maman. Je ne sais pas tout de l’histoire. Des bouts seulement, transmis de génération en génération.

— Où ont-ils été laissés, maman?

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table des matières

table des matières

la détresse et l’enchantement 7

PREMIèRE PARTIE

Le bal chez le gouverneur 9

DEUXIèME PARTIE

Un oiseau tombé sur le seuil 259

Chronologie 551

Écrits de Gabrielle Roy 561

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la détresse et l’enchantement

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crédits et remerciements

Les Éditions du Boréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour leurs activités d’édition et remercient le Conseil des arts du Canada pour son soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

En couverture: Jean Paul Lemieux, Portrait de Gabrielle Roy.

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mise en pages et typographie: les éditions du boréal

ce huitième tirage a été achevé d’imprimer en novembre 2014sur les presses de marquis imprimeur

à montmagny (québec).

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7 La Détresse et l’Enchantement est le dernier livre de Gabrielle Roy et peut-être, au dire de plusieurs, son chef-d’œuvre. Publié en 1984 à titre posthume, il n’a cessé depuis de conquérir des milliers de lecteurs.

Dans les dernières années de sa vie, la romancière entreprend de relater l’ensemble de son existence : les lieux, les événements, les êtres qui ont façonné sa per-sonnalité de femme et d’artiste.

Œuvre de mémoire et de (re)création, La Détresse et l’Enchantement est un des ouvrages les plus originaux et les plus attachants de la littérature québécoise et canadienne moderne.

Cette édition révisée et corrigée offre le texte définitif de La Détresse et l’Enchantement, suivi d’une chrono-logie.

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es Gabrielle Roy (1909-1983) est née à Saint-Boniface (Mani-toba) où elle a vécu jusqu’en 1937. Après deux séjours en Europe, elle s’installe définitivement au Québec. Son œuvre, qui comprend une douzaine de romans, des essais et des contes pour enfants, est reconnue comme l’une des plus importantes de la littérature canadienne du xxe siècle.

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« Comment, si souvent  malheureux, pouvions-nous  aussi être tellement heureux ? »

Gabrielle Royla détresse et l’enchantementautobiographie