la dictée négociée en cm1-cm2, un exercice au service de l

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Diplôme Universitaire MEEF « Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation » Mention premier degré La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l’apprentissage de l’orthographe ? Des adaptations pédagogiques possibles pour que la dictée négociée devienne un exercice efficace pour l’apprentissage de l’orthographe. Ecrit réflexif présenté en vue de l’obtention du diplôme universitaire soutenu par Mélanie Boré le en présence de la commission de soutenance composée de : Florence Lacroix, directrice de mémoire Delphine Masson, membre de la commission

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Page 1: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

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Diplôme Universitaire MEEF

« Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation »

Mention premier degré

La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service

de l’apprentissage de l’orthographe ?

Des adaptations pédagogiques possibles pour que la dictée négociée

devienne un exercice efficace pour l’apprentissage de l’orthographe.

Ecrit réflexif présenté en vue de l’obtention du diplôme universitaire

soutenu par Mélanie Boré

le

en présence de la commission de soutenance composée de :

Florence Lacroix, directrice de mémoire

Delphine Masson, membre de la commission

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2

Sommaire de l’écrit réflexif

Introduction 4

1. La dictée 6

1.1. Définition et importance de la dictée 6

1.2. Historique de la dictée 7

1.3. La dictée, un exercice sujet à controverses 8

2. La dictée, un outil d’apprentissage de l’orthographe 12

2.1. La complexité de l’orthographe française 12

2.2. Le statut de l’erreur 13

2.3. Liens entre l’orthographe et la dictée 14

2.4. Les différents types de dictées 15

2.4.1. Les dictées à but orthographique 15

2.4.1.1. L’orthographe lexicale 15

2.4.1.2. L’orthographe grammaticale 18

2.4.2. Les dictées qui mènent à la discussion 18

3. Problématique 21

4. La mise en œuvre 23

4.1. En période 1 23

4.2. En période 2 23

4.3. En période 3 24

5. Analyse des résultats 26

5.1. Analyse des erreurs avec la grille de N. Catach 26

5.1.1. 1ère

dictée négociée 26

5.1.1.1. Analyse individuelle 26

5.1.1.2. Analyse par groupe 28

Page 3: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

3

5.1.2. 6ème

dictée négociée 29

5.1.2.1. Analyse individuelle 29

5.1.2.2. Analyse par groupe 31

5.1.3. 7ème

dictée 32

5.2. Analyse des enregistrements audio 33

5.2.1. Posture réflexive des élèves 33

5.2.1.1. Dictée négociée n°1 33

5.2.1.2. Dictée négociée n°6 35

5.2.2. Concernant les groupes hétérogènes et homogènes 37

6. Discussion 39

Bibliographie 42

Annexe 1 : Les textes des dictées négociées de la période 44

Annexe 2 : Dictée négociée n°1 46

Annexe 3 : Dictée négociée n°6 47

Annexe 4 : Dictée bilan individuelle n°7 48

4ème

de couverture 52

Page 4: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

4

Introduction

Présente dans la vie de la classe pour l’enseignant et les élèves, la dictée

apparaît comme un rituel très attendu par les parents. Bien qu’elle soit controversée

par certains chercheurs, elle occupe une place importante dans les activités

hebdomadaires de la classe.

En 2004, François Fillon, ministre de l’Éducation, annonçait une circulaire

visant « à remettre fortement au goût du jour les exercices traditionnels qui ont fait la

preuve de leur efficacité », à savoir : « La lecture, la dictée, la récitation, la rédaction,

tous les exercices qui demandent un effort personnel »1.

En outre, Jean-Michel Blanquer le ministre de l’Education Nationale évoquait

dans le Bulletin Officiel du 26 avril 2018, l’importante de la dictée quotidienne qui

selon lui « offre aux élèves l’occasion de se concentrer exclusivement sur la réflexion

logique et la vigilance orthographique que nécessite la transcription d’un texte qui

leur est lu »2.

Avec ma binôme nous avons longuement discuté de la mise en place d’un

système quotidien de dictées dans notre classe de CM1-CM2. Nous avons opté pour

celui-ci : dictée de mots – dictée de groupes nominaux – dictée de phrases – dictée

bilan avec la liberté d’utiliser les modalités de travail et les formes de dictées que l’on

voulait. Nous donnions à nos élèves en amont une liste de mots à apprendre, qui a

été adaptée pour trois d’entre eux, en lien avec notre projet d’année « Voyage autour

du monde ».

De plus, lors des visites de mes tuteurs, ces derniers m’ont fait remarquer qu’il

fallait que je prenne davantage le temps d’observer mes élèves, par conséquent j’ai

décidé en période 3 de modifier ma dictée bilan traditionnelle en dictée négociée.

Cette pratique a laissé plus de place aux interactions entre élèves, a rendu les

élèves acteurs de leurs apprentissages et m’a permis d’être en retrait pour observer

les discussions au sein des différents groupes. Durant les deux premières périodes,

beaucoup d’éléments relat ifs à cet exercice qu’est la d ictée ont été installés

1 Libération, mardi 31 aout 2004 cité par Cogis, D., Fisher, C. et Nadeau, M. (2015, p. 69) 2 BO SPE MEN 3-26-4 du 19 septembre 2018, http://cache.media.education.gouv.fr/file/SPE_MEN_3-26-

4-2018/19/9/BO_SPE_MEN_3_939199.pdf

Page 5: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

5

comme notamment la technique de dictée et la correction argumentée.

Suite aux remarques de mes tuteurs et à ma réflexion sur la dictée, j’ai décidé

de répondre à la question de recherche suivante : « En quoi une dictée négociée

avec mes élèves de CM1-CM2 constitue-t-elle un exercice efficace de

l’apprentissage de l’orthographe ? ». Pour cela, j’ai mené des expérimentations et

rapporté les observations et les résultats obtenus.

Dans un premier temps, je définirai à l’aide d’ouvrages le concept de dictée,

ferai un bref historique et montrerai que cet exercice a fait l’objet de controverses.

Dans un deuxième temps, j’aborderai la complexité de l’orthographe française, le

statut de l’erreur et dans quelles mesures la dictée est un exercice au service de

l’apprentissage de l’orthographe en évoquant les différentes formes de dictées. Dans

un troisième temps, j’expliciterai l e cho ix de ma prob lémat ique et les

activités mises en œuvre au sein de la classe pour que la dictée devienne un

exercice efficace pour l’apprentissage de l’orthographe. Enfin, je terminerai par un

bilan des observations sur cette problématique avant de conclure.

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6

1. La dictée

1.1. Définition et importance de la dictée

La dictée est définie par le dictionnaire Larousse comme étant un « exercice scolaire

ayant pur but l’enseignement et le contrôle de l’orthographe ». Le dictionnaire Le

Robert, quant à lui, donne la définition suivante de ce concept : « exercice

consistant en un texte lu à haute voix qui doit être transcrit selon les règles de

l’orthographe ». Ces deux définitions sont regroupées en une seule formulée par

l’Académie en 1986 qui stipule que la dictée est un « exercice scolaire au cours

duquel le maître dicte un texte à ses élèves en vue de leur enseigner l’orthographe

ou de contrôler la connaissance qu’ils en ont ».

La dictée est un exercice compliqué car au cours de celle-ci, « un élève doit

transformer un matériau phonique en un matériau graphique, c’est-à-dire faire

correspondre des sons et des lettres » (Académie de Grenoble, s.d., diapositive 7).

Lors de ce travail, l’élève doit mettre en œuvre diverses compétences comme

l’écoute, la réflexion, la mémorisation, l’attention et la correspondance graphie-

phonie pour développer ses habiletés orthographiques.

De plus, c’est un exercice qui est important pour les élèves mais aussi pour les

enseignants car il permet de révéler et de vérifier de nombreuses informations. Il faut

voir la dictée comme une activité de recherche, de réflexion mais aussi comme un

exercice d’entraînement plutôt que comme une évaluation pour que les élèves

acquièrent l’orthographe de mots nouveaux.

Du côté des élèves, la dictée permet de revoir des compétences, des connaissances,

des règles apprises mais aussi de confronter des points de vue, de réfléchir sur la

manière d’écrire un mot en fonction du contexte et en essayant d’expliciter son

orthographe. Cet exercice permet également d’augmenter le nombre de mots

mémorisés orthographiquement, d’émettre des hypothèses sur l’écriture possible de

certains mots en faisant des rapprochements analogiques pour « trouver

l’orthographe de mots inconnus » (Académie de Toulouse, s.d., p. 2).

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7

Pour l’enseignant, la dictée lui permettra de vérifier dans un premier temps, si l’élève

connait les mots qu’il avait à apprendre mais aussi l’application des règles de

grammaire, de conjugaison et d’orthographe étudiées en classe. Cela sera aussi

l’occasion « d’amener les enfants à réfléchir sur l’orthographe des mots en les

mettant en relation les uns avec les autres, dans un certain contexte » (Académie de

Toulouse, s.d., p.3). L’enseignant pourra également observer les confusions

possibles chez quelques élèves et ainsi proposer des exercices de remédiation pour

combler leurs lacunes. Lors de la relecture et de la correction, le maître se doit

d’amener les élèves à se questionner, à s’interroger et donc à utiliser des outils pour

vérifier l’orthographe de certains mots.

Après avoir défini le concept de dictée, nous allons faire un bref historique sur

l’exercice qu’est la dictée car celui-ci a bien évolué au cours du temps.

1.2. Historique de la dictée

La première forme de dictée datant du début du XIXème siècle est la cacographie où

les élèves doivent corriger les erreurs présentes dans un texte. Elle est par la suite

abandonnée car les élèves risquent d’apprendre des formes fautives.

La dictée est connue depuis le XVIIème siècle, mais prend son essor à partir des

années 1830. A partir de cette période tous les cours, les règles et les textes à

traduire sont dictés mais lettre par lettre car sinon les enfants seraient incapables de

tout transcrire.

En 1837, la dictée d’orthographe fait son apparition dans les écoles normales et

devient quotidienne à partir de 1851.

Cet exercice subit plusieurs transformations au cours du temps. Comme l’indique

Brissaud et Cogis (2011, p.113), « La première forme de dictée repose sur

l’orthographe passive » : le maître dicte, un bon élève copie sur le tableau noir en

épelant chaque mot et les autres copient ce qu’il épèle ou recopient ce qui est écrit

au tableau. Ensuite, la deuxième forme de dictée correspond à la dictée de règles où

un corpus de phrases est constitué autour d’une règle grammaticale. Puis, vient une

troisième forme de dictée : un texte plus ou moins cohérent qui propose un grand

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nombre de difficultés au sein d’une phrase comme dans l’exemple suivant : « une

petite rivière dont ils n’ont pas pu trouver le gué, ce qui n’était pas gai, car les

ennemis faisaient le guet » d’après Brissaud et Cogis (2011, p.113). Enfin, la qualité

des textes doit être prise en compte, c’est pourquoi des textes littéraires sont dictés.

L’autodictée fait également son apparition alors que la dictée préparée s’est

développée au XXème siècle. A cette époque, la dictée a pris une place

prépondérante et tous les autres cours faits dans la semaine devaient contribuer à

préparer la dictée de contrôle hebdomadaire.

Avec la loi de Jules Ferry de 1882, la dictée prend tout son sens. Le certificat

d’études primaires est instauré et si l’élève commet plus de 5 fautes il est éliminé

même s’il est bon dans les autres disciplines. Ce n’est qu’en 1989, que cela change :

le certificat d’études primaires est supprimé et remplacé par le Brevet des collèges

où la dictée reste tout de même présente.

La dictée a pris son essor il y a environ deux siècles, elle a subi des transformations

au cours du temps et occupait un place prépondérante en classe car tous les cours

devaient servir la réussite de celle-ci.

1.3. La dictée, un exercice sujet à des controverses

Dicter des phrases dénuées de sens pour contenir le maximum de difficultés de la

langue française est fortement critiqué. Lunel (s.d., cité par Chervel, 2006) parle

même de « lambeaux de phrases toujours sans intérêt ». Les dictées quotidiennes

décousues, sans lien avec la précédente et ne s’inscrivant pas dans une progression

en lien avec l’étude de la grammaire et de la conjugaison donnent également lieu à

des reproches virulents.

Pour réagir face à ces critiques, la réforme de l’instruction primaire de 1880

préconise la codification de l’exercice de dictée avec la présence de cohérence entre

les textes dictés et de textes issus de la littérature classique.

Avec les réformes et une meilleure formation des enseignants sur le sujet, le niveau

général en orthographe des élèves a augmenté. De plus, d’après Léon Bérard (1923,

p.327), « […] on leur donnera des dictées. Mais ces dictées seront des dictées

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préparées : on n’obligera pas les enfants à inventer ou à deviner l’orthographe de

mots inconnus, on la leur fera connaître d’avance ». En outre, Charles Defodon (s.d.,

cité par Buisson, 1887, p.703-704) stipule que « C’est l’orthographe de tout le

monde, et celle là seulement, qu’il faut enseigner à l’école primaire. Ce serait grand

dommage, à nos yeux, que de retenir de longues heures un futur ouvrier ou un

pauvre enfant de la campagne sur la question de savoir s’il devra écrire à comptes

en deux mots ou bien acomptes en un seul mot, comme le veut aujourd’hui

l’académie (...). Nous ne voudrions pas non plus le voir se préoccuper outre mesure

de la présence ou de l’absence d’un s quand il s’agit d’écrire de la confiture de

groseilles ou de la marmelade d’abricot...».

A cette controverse sont venues s’ajouter deux questions : la notation de la dictée et

l’acquisition de connaissances orthographiques à travers l’exercice de dictée.

Concernant la première question portant sur la notation, il est vrai qu’elle est souvent

sanctionnée par la négative : on met en exergue les fautes sans valoriser ce qui est

bon. Aujourd’hui, en dictée, on ne parle plus de fautes mais d’erreurs d’orthographe

dans le but de valoriser les productions des élèves. Lors de cet exercice, il est

également important de donner en amont aux élèves les objectifs lexicaux et/ou

grammaticaux sur lesquels ils seront interrogés. De plus, lors de la correction de

celle-ci, les enseignants peuvent utiliser la grille de Nina Catach qui recense et

classe les erreurs d’orthographe. A travers cette grille, les professeurs des écoles

peuvent observer les types d’erreurs commises par les élèves et leur récurrence pour

par la suite y remédier à travers des explications et des exercices d’entraînements.

Nina Catach distingue deux grands types d’erreurs (cf. grille page suivante) :

- Les erreurs extragraphiques regroupant les erreurs calligraphiques, les erreurs de

coupure de mots et les erreurs de confusions (de sons, de voyelles, de

consonnes). Dans ce cas de figure, l’écrit est erroné parce que l’oral l’est

également.

- Les erreurs graphiques constituées des erreurs à dominante phonogrammique,

des erreurs à dominante morphogrammique, des erreurs à dominante

logogrammique et des erreurs à dominante idéogrammique. Ici, l’oral est juste

mais l’écrit est erroné à cause de règles fondamentales de transcription de

position non acquises, de confusion entre les homophones, d’omission d’accords

et de défaut de lexique notamment.

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La dictée est un exercice scolaire consistant en un texte lu à haute qui permet

l’enseignement et le contrôle de l’orthographe. Cette activité existe depuis longtemps

mais a été amenée à évoluer au fil du temps car elle a fait l’objet de nombreuses

controverses.

Dans la partie suivante, nous évoquerons la complexité de l’orthographe, le statut de

l’erreur mais aussi les liens entre la dictée et l’orthographe. De plus, nous verrons les

différentes formes de dictées et le type d’orthographe qu’elles permettent de

travailler.

La seconde question interroge sur la portée de la dictée en matière de

connaissances et de compétences orthographiques. Avant les 1970, l’orthographe

faisait partie de l’apprentissage de l’écriture. A partir des années 1970-1980, un

changement de regard apparaît et l’apprentissage de l’orthographe est mis en

parallèle avec celui de la lecture, il faut faire du lien entre le signifiant et le signifié et

repérer les éléments porteurs de sens dans la graphie d’un mot.

Au fur et à mesure des années, la dictée « traditionnelle » où le texte est lu par

l’enseignant, puis transcrit par les élèves et enfin corrigé sur chaque cahier par le

maître tend à disparaître pour laisser place à d’autres formes de dictées.

En 2015, le terme de dictée est de nouveau présent dans les programmes et cet

exercice est recommandé s’il mène à des discussions orthographiques et/ou

grammaticales vis-à-vis des problèmes rencontrés par les élèves. Dans les

programmes de 2020, on met de nouveau un point d’honneur sur la dictée. En effet,

la dictée quotidienne ou régulière sous diverses formes est préconisée car « elle

permet de se concentrer exclusivement sur la réflexion logique et la vigilance

orthographique et aussi de travailler des compétences précises identifiées et

annoncées par le professeur » (Ministère de l’Education Nationale, 2020, p.21).

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2. La dictée, un outil d’apprentissage de l’orthographe

2.1. La complexité de l’orthographe française

L’orthographe française est compliquée car nous pouvons rencontrer des problèmes

liés aux accords, aux homophones et à des mots qui contiennent des lettres muettes.

On distingue alors l’orthographe grammaticale et l’orthographe lexicale. Cette

dernière correspond au lexique et est compliquée car elle ne repose pas sur des

règles précises comme l’orthographe grammaticale. L’élève est capable de l’écrire

correctement s’il a rencontré le mot plusieurs fois ou s’il a des connaissances sur sa

racine. D’après Brissaud et Cogis (2011, p. 80), « plus l’usage d’un mot est fréquent

et plus il a de chances d’être maitrisé, et ce, quelle que soit sa complexité

orthographique ». L’orthographe grammaticale quant à elle, correspond à la structure

de la langue. Elle est difficile quand il s’agit de choisir entre deux homophones s’il n’y

a pas de support phonographique présent et quand il faut réaliser des accords car

les enfants ne savent pas forcément faire la distinction entre les différentes natures

de mot. Il faut donc être capable de réaliser mentalement des opérations

spécifiques : S’agit-il d’un adjectif ou d’un verbe ? Est-il en relation avec d’autres

mots ? Va-t-il s’accorder en genre et en nombre ?

Des critères de complexité orthographique ont donc été répertoriés. Le premier

critère concerne la relation entre phonème et graphème, en effet, « plus une loi

orthographique est générale et plus elle facilite la transcription graphique » (Brissaud

et Cogis, 2011, p. 81). Le nombre d’homophones présents dans la langue française

constitue un autre critère. Comme l’indique Brissaud et Cogis (2011, p.82), « plus les

homophones sont nombreux, plus l’effort orthographique est important » car à l’oral il

se prononce de la même façon mais à l’écrit il faut choisir la bonne forme.

De plus, d’après Van Den Avenne (2009, p.9), « L’orthographe du français est

particulièrement complexe parce qu’elle n’est pas totalement univoque d’un point de

vue phonétique : un son n’est pas transcrit par une seule graphie et une seule

graphie ne transcrit pas un seul son ».

En effet, la langue française est transcrite en une écriture alphabétique dont chaque

lettre ne correspond pas à un seul son, elle offre de nombreuses surprises

orthographiques comme par exemple pour les phonèmes « o » qui peuvent s’écrire

de nombreuses manières : « eau » dans bateau, « au » dans tuyau, « o » dans moto,

Page 13: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

13

« aut » dans défaut, « ô » dans bientôt. Ces différentes écritures ne sont pas

facilement explicables par une règle simple ni même par leur étymologie. D’après

Merakchi et Tolba (2018, p.27), « Autrement dit, il n’est pas possible d’écrire

exactement un mot tel que nous le prononçons ou que nous l’entendons ».

Comme nous pouvons le constater la langue française écrite est complexe, elle est

donc source d’erreur mais l’erreur est-elle source d’apprentissage ?

2.2. Le statut de l’erreur

L’orthographe revêt un aspect important à l’écrit car les erreurs d’orthographe au sein

d’un texte sont celles que l’on remarque le plus. Cependant, ces erreurs montrent les

difficultés d’un élève et permettent de déterminer les procédures non acquises ou de

comprendre les stratégies employées.

De plus, comme l’indique Cuq et Gruca (2005, p.349), « Tout apprentissage est

source potentielle d’erreur. Il n’y a pas d’apprentissage sans erreurs, parce que cela

voudrait dire que celui qui apprend sait déjà ». Selon ces deux auteurs, à partir des

erreurs commises par les élèves, l’enseignant peut d’une part identifier les obstacles

rencontrés pour par la suite faire évoluer les conceptions initiales de ses élèves. Elle

est source de découverte des démarches d’apprentissage employées par les élèves,

d’identification de leurs besoins, de différenciation et d’évaluation. D’autre part, ces

erreurs permettent aux élèves de décoder les règles implicites en contexte en les

observant, les analysant et en justifiant leurs propos grâce aux règles d’orthographe

déjà abordées, ce qui leur permet d’accroître leurs compétences en matière

d’orthographe.

L’erreur est donc source d’apprentissage et non sanctionnable car elle est normale et

peut améliorer le niveau d’orthographe des élèves si elle leur est expliquée. L’erreur

constitue donc un élément essentiel du processus d’apprentissage en dictée mais

également dans les autres disciplines. Voyons maintenant les éléments

indispensables pour que la dictée soit un exercice efficace pour l’apprentissage de

l’orthographe.

Page 14: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

14

2.3. Liens entre l’orthographe et la dictée

La dictée est un exercice qui permet de travailler l’orthographe et peut s’adapter aux

apprentissages souhaités par l’enseignant. Cependant, l’apprentissage de

l’orthographe n’est possible que si les erreurs commises lors de la dictée sont

corrigées et justifiées. Par la justification de l’orthographe d’un mot et donc par la

réflexion sur la langue, l’enseignant pourra vérifier et contrôler si les règles

orthographiques étudiées en amont sont acquises.

La régularité et la fréquence de l’exercice de la dictée sont donc indispensables pour

que l’apprentissage de l’orthographe et le réinvestissement de règles

orthographiques soient efficaces. En effet, lorsque l’élève est en dictée, il se

concentre sur l’usage de l’orthographe et non sur la dictée en elle-même.

D’après Sophie Ngô-Maï et Nathalie Leblanc (2018, p.46), les dictées servent :

A observer le fonctionner de l’écrit en s’entraînant.

Justifier l’orthographe de mots pour comprendre.

A ritualiser l’utilisation de procédures dans le but de valoriser les élèves.

A mémoriser des mots et des structures syntaxiques pour progresser.

En effet, d’après Cogis, Fisher et Nadeau (2015, p.72), « les dictées innovantes sont

des réponses à la nécessité de prendre en compte les conceptions des élèves pour

les faire évoluer, puisque ces activités visent à clarifier le fonctionnement de

l’orthographe grammaticale, tout en entrainant les élèves à analyser ce qu’ils écrivent,

et donc, à terme, à contrôler leurs graphies ».

De plus, Cogis, Fisher et Nadeau (2015, p. 79) stipulent que la place laissée à la

réflexion des élèves est un facteur clé de réussite car cet exercice leur permet

d’évoluer dans leur représentation des fonctionnements linguistiques.

L’apprentissage de l’orthographe en dictée ne peut se faire que si cet exercice est

régulier et fréquent, nous allons donc voir les différentes formes de dictées qui

s’offrent à nous pour entreprendre ce travail.

Page 15: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

15

2.4. Les différents types de dictées

Il existe différents types de dictées qui permettent à l’enseignant de répondre à

diverses démarches d’enseignement et de varier les formes de dictées au cours de

l’année scolaire. Selon la dictée choisie par l’enseignant, différences compétences

ou connaissances peuvent être sollicitées : connaissances phonologiques et/ou

étymologiques, règles orthographiques, procédure visuelle de mémorisation,

stratégies grammaticales. La pratique quotidienne de la dictée va permettre de

ritualiser l’apprentissage de l’orthographe chez l’élève mais aussi de le placer au

cœur des apprentissages en le rendant actif. Nous pouvons pour la plupart des

dictées découper le processus en phases : une phase d’explication du texte qui sera

dicté, une phase de dictée et une phase de correction-discussion dans le but de faire

ressortir les erreurs qui ont été faites et y remédier.

Nous pouvons également classer les dictées en deux catégories selon les objectifs

poursuivis : les dictées à but orthographique qui visent l’acquisition de compétences

orthographique et les dictées qui mènent à la discussion orthographique et

grammaticale. Pour définir les différents types de dictées, je me suis surtout appuyée

sur le document Eduscol (2018) nommé « Différentes formes de dictées » et sur le

mémoire d’Anne-Claire Jeanjean (2019).

2.4.1. Les dictées à but orthographique

Toutes les dictées permettent de développer les compétences et connaissances

orthographiques chez les élèves. Cependant, certaines sont davantage axées sur

l’orthographe lexicale alors que d’autres se basent davantage sur le travail de

l’orthographe grammaticale.

2.4.1.1. L’orthographe lexicale

Parlons dans un premier temps des dictées qui permettent de travailler l’orthographe

lexicale :

La dictée de mots. Dans un premier temps, une liste de mots à apprendre est

donnée aux élèves. Au cours de la séance ou de la semaine suivante, l’enseignant

dicte les différents mots aux élèves qui doivent les retranscrire. Cette forme de dictée

permet de vérifier si l’orthographe des mots à apprendre est bien assimilée et donc

Page 16: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

16

de se focaliser seulement sur un objectif lexical ici.

La dictée à choix multiples. Elle permet aux élèves d’associer l’écriture aux sons

entendus et de pouvoir davantage travailler sur des graphies plus complexes. Cette

forme de dictée met l’accent sur le choix d’une réponse mais aussi sur le

raisonnement vis-à-vis des différentes graphies. Les enfants lors de cet exercice

disposent d’un texte rédigé dans lequel l’élève doit faire un choix entre plusieurs

graphies pour certains mots. Le texte est lu par l’enseignant et les élèves doivent

entourer la graphie qui leur semble correcte.

La dictée à trous. Ce type d’exercice permet de focaliser son attention sur un

problème ciblé. Ce type de dictée peut être donné à toute la classe ou bien

seulement servir de différenciation pour les élèves rencontrant des difficultés en

orthographe. L’enseignant distribue donc un texte à trous aux élèves et le lit. Les

élèves, au fur et à mesure de la lecture, doivent compléter les trous volontairement

laissés par l’enseignant.

La dictée sans erreurs. Elle a été élaborée dans le cadre des Modules

d’Approfondissement des Compétences en Lecture et en Ecriture (MACLÉ) pensés

par André Ouzoulias (2005) dans le but de « consolider et de développer les

connaissances orthographiques des élèves, plus particulièrement dans le domaine

de l’orthographe lexicale » (Ministère de l’Education, 2018, p.3). Lors d’une séance

précédente, la dictée est préparée, c’est- à-dire que les élèves ont repéré les

principales difficultés et ont trouvé des moyens pour mémoriser l’orthographe des

mots posant problème : mots de la même famille, astuces mnémotechnique, règles

de dérivation, analogies morphologiques, analyse étymologique. Le texte est dicté

lors de la séance suivante. Au verso de la feuille sur laquelle écrivent les élèves, se

trouve le texte de la dictée sans erreurs. Ils peuvent retourner leur feuille pour vérifier

l’orthographe d’un mot, ils soulignent le mot regardé. Ensuite vient la correction puis

l’évaluation où les élèves doivent compter le nombre d’erreurs lexicales et

grammaticales et le nombre de mots soulignés.

Le but pour les élèves étant de diminuer le nombre d’erreurs lexicales et/ou

grammaticales mais aussi le nombre de mots soulignés dans le texte. « L’intérêt

réside dans la phase de préparation de la dictée, le questionnement orthographique,

la mémorisation à laquelle oblige le retournement de la feuille une fois le mot

observé, la catégorisation des erreurs, le gain d’assurance pour les élèves et la prise

Page 17: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

17

en compte de leurs progrès » (Ministère de l’Education, 2018, p.3).

La dictée enregistrée. Ce type de dictée correspond à la dictée traditionnelle sauf

que le texte a été préalablement enregistré par l’enseignant. Lors de temps de plan

de travail, l’élève peut donc choisir le moment où il va réaliser la dictée.

L’autodictée. Il s’agit tout d’abord pour l’enseignant de donner aux élèves un texte

plus ou moins long selon leur niveau. Tout le monde prend le temps de le lire puis il

est analysé en classe et ses difficultés sont évoquées. Puis les élèves l’apprennent

par cœur avant de le restituer. Lors de la restitution, les élèves se dictent le texte à

eux-mêmes et transcrivent donc les mots connus à leur rythme. Cependant,

l’apprentissage du texte par cœur peut être questionné.

La dictée bouchons. Cette dictée est inspirée en partie du système de dictées de

Maria Montessori. Avant de débuter la dictée, un certains nombre de bouchons sont

attribués aux élèves en fonction de leur niveau. Le texte est par la suite dicté. La

correction de ce texte est en plusieurs exemplaires dans le couloir. Après un temps

de relecture, les élèves sont autorisés à aller observer la correction dans le couloir

mais pour cela ils doivent donner un bouchon à chaque fois qu’ils passent la porte de

la classe pour aller dans le couloir. Ils peuvent faire autant d’allers-retours qu’ils ont

de bouchons. Cependant, ils ne peuvent pas emporter de crayon ni de cahier dans le

couloir, seule leur mémoire compte. A la fin de l’exercice, ils notent le nombre de

bouchons qu’ils ont utilisés. Les élèves recopient le texte au propre et le rendent à

leur enseignant quand ils pensent qu’il ne reste plus d’erreurs. Le professeur des

écoles corrige les copies et prévoit un temps de correction collective pour cette

dictée. L’avantage de cet exercice est qu’il permet de décomplexer l’erreur et de

favoriser la mémorisation des mots.

Page 18: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

18

2.4.1.2. L’orthographe grammaticale

Abordons dans un deuxième temps les dictées qui permettent de travailler

l’orthographe grammaticale.

La dictée traditionnelle. Il s’agit de l’emblème du Certificat d’études. Le texte est lu

par l’enseignant et les difficultés grammaticales et orthographiques sont abordées en

classe. Le texte est donc dicté aux élèves qui essaient de le transcrire sans erreurs.

L’enseignant corrige par la suite les dictées des élèves en veillant à ce que sa

correction permette aux élèves de progresser.

La dictée à trous. C’est le même exercice que celui présenté plus haut mais en

s’axant sur des questions grammaticales et non lexicales.

La dictée dialoguée. Il s’agit de deux ou trois phrases portant sur une ou deux

notions orthographiques choisies par l’enseignant. Il lit d’abord l’ensemble du texte

puis la première phrase, une seule fois. Cette phrase est répétée par plusieurs

élèves puis les élèves l’écrivent. Ils posent ensuite leur stylo et se relisent. Ils

peuvent maintenant poser toutes les questions à la classe et à l’enseignant. En

fonction des réponses données, ils reprennent leur stylo et se corrigent sans gommer

ni effacer leur premier jet. Puis le déroulement est identique pour les phrases

suivantes. L’évaluation de cette dictée est positive : chaque mot correct rapporte des

points. « L’intérêt est de provoquer un questionnement chez les élèves, de favoriser

l’interaction des raisonnements propres à la classe, de les inciter à utiliser le

métalangage leur permettant d’énoncer les règles » (Ministère de l’Education, 2018,

p. 3).

2.4.2. Les dictées qui mènent à la discussion

Evoquons dans un dernier temps les dictées qui mènent à la discussion

orthographique et grammaticale. Ces échanges permettent de trouver des solutions

ensemble et de pratiquer la différenciation. L’atelier de négociation graphique, la

dictée négociée, la phrase dictée ou donné du jour sont propices à l’apprentissage

de l’orthographe lexicale mais aussi grammaticale.

Page 19: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

19

La phrase donnée du jour. L’enseignant écrit ou vidéo-projette une phrase

correctement orthographiée et rencontrée en lecture. Le travail des élèves consiste à

justifier l’orthographe d’une phrase et de faire percevoir les relations

morphosyntaxiques, individuellement au brouillon dans un premier temps. Dans un

second temps, une mise en commun est faite où les explications sont données par

les élèves puis écrites au tableau, commentées et enrichies.

La phrase dictée du jour. Elle a été développée par Cogis. Son objectif est de faire

émerger les représentations des élèves en confrontant différents points de vue et de

les faire évoluer. L’enseignant dicte une phrase à toute la classe puis les élèves se

relisent en soulignant par exemple les chaînes d’accords. L’enseignant recopie au

tableau la phrase d’un élève et c’est alors que les échanges peuvent débuter.

L’enseignant recense au tableau toutes les graphies d’un même mot et les dispose

en colonnes pour bien montrer les différences. Les élèves doivent donc argumenter

sur les différentes graphies et dire celle qui est acceptée et celles qui sont refusées

seront effacées. « Le rôle de l’enseignant est d’animer la discussion en demeurant

neutre et en favorisant la réflexion des élèves par des questions qui font préciser le

doute et les justifications (par ex. « pourquoi penses-tu que cela devrait s’écrire ainsi

? » ; « qu’est-ce qui te fait dire que ce mot est un verbe ? ») » (Cogis, Fisher,

Nadeau, 2015, p.71). La séance se termine par un bilan de ce que les élèves ont

appris et quelques jours plus tard, cette phrase pourra être de nouveau dictée.

L’intérêt de cette forme de dictée est qu’elle incite les élèves à argumenter leurs

réponses en expliquant leur raisonnement et en tenant compte des propos de leurs

camarades.

L’atelier de négociation graphique. Il a été crée par Ghislaine Haas (2004) et son

groupe de chercheurs. Cet exercice se pratique par groupe homogène de cinq ou six

élèves travaillant avec l’enseignant pendant que les autres élèves sont en

autonomie. Un texte court est dicté aux élèves qui le transcrivent sur des affiches

individuellement. Après une relecture, les différentes productions sont affichées au

tableau et cela entraîne une discussion ou une confrontation des différentes

graphies au sein du petit groupe. Les élèves sont amenés à expliciter leurs choix. Le

professeur des écoles valide les bonnes réponses, fait l’inventaire des questions

résolues et de celles qui restent en suspens. Une fois que les différents groupes de

la classe ont fait ce même travail, une confrontation générale est organisée : accords,

Page 20: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

20

Suite à mes différentes lectures, j’ai vu que l’enseignant a à disposition une multitude

de dictées mais que s’il veut qu’elle soit efficace au niveau de l’apprentissage de

l’orthographe, il faut lors de la correction de celle-ci que les erreurs soient justifiées

pour ne plus qu’elles soient reproduites à l’avenir.

Dans la partie suivante, je vais vous présenter ma problématique.

désaccords, doutes. Par la suite le texte correctement orthographié est affiché et les

élèves rappellent les questions que le texte a posées dans les différents groupes, et

les accords auxquels ils sont parvenus.

La dictée négociée. Son objectif est le même que pour la phrase dictée du jour :

faire émerger les représentations des élèves par la confrontation et les faire évoluer.

Cette activité comporte trois phases identiques à l’atelier de négociation graphique

mais se réalise en classe entière. Pour la deuxième phase, l’enseignant constitue

des groupes de trois ou quatre élèves qui vont devoir confronter leurs écrits

individuels et se mettre d’accord pour rendre un écrit commun sans accès à aucune

ressource dans un premier temps. Dans un deuxième temps, on peut autoriser le

cahier outils ou le dictionnaire. A la fin du temps imparti, un élève de chaque groupe

vient afficher leur production au tableau. La troisième phase consiste à échanger

collectivement en pointant les différences pour par la suite en débattre. L’enseignant

valide les bonnes réponses et note sur le tableau les règles trouvées par les élèves.

A la fin de l’activité, l’enseignant fait un rapide bilan sur les savoirs construits et sur

ceux restants à acquérir.

Page 21: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

21

3. Problématique

En 2015, le terme de dictée est de nouveau présent dans les programmes et cet

exercice est recommandé s’il mène à des discussions orthographiques et/ou

grammaticales vis-à-vis des problèmes rencontrés par les élèves. Dans les

programmes de 2020, on met de nouveau un point d’honneur sur la dictée car « elle

permet de se concentrer exclusivement sur la réflexion logique et la vigilance

orthographique et aussi de travailler des compétences précises identifiées et

annoncées par le professeur » (Ministère de l’Education Nationale, 2020, p.21). En

effet, la dictée permet de revoir des compétences, des connaissances, des règles

apprises mais aussi de confronter des points de vue, de réfléchir sur la manière

d’écrire un mot en fonction du contexte et en essayant d’expliciter son orthographe.

De plus, d’après Cuq et Gruca (2005, p.349), « Tout apprentissage est source

potentielle d’erreur. Il n’y a pas d’apprentissage sans erreurs, parce que cela voudrait

dire que celui qui apprend sait déjà ». Ces erreurs permettent aux élèves de

décoder les règles implicites en contexte en les observant, les analysant et en

justifiant leurs propos grâce aux règles d’orthographe déjà abordées, ce qui leur

permet d’accroître leurs compétences en matière d’orthographe.

Cependant, l’apprentissage de l’orthographe n’est possible que si les erreurs

commises lors de la dictée sont corrigées et justifiées. Par la justification de

l’orthographe d’un mot et donc par la réflexion sur la langue, l’enseignant pourra

vérifier et contrôler si les règles orthographiques étudiées en amont sont acquises.

En outre, d’après Cogis, Fisher et Nadeau (2015, p.72), « les dictées innovantes

sont des réponses à la nécessité de prendre en compte les conceptions des élèves

pour les faire évoluer, puisque ces activités visent à clarifier le fonctionnement de

l’orthographe grammaticale, tout en entrainant les élèves à analyser ce qu’ils

écrivent, et donc, à terme, à contrôler leurs graphies ». Ils stipulent également que la

place laissée à la réflexion des élèves est un facteur clé de réussite car cet exercice

leur permet d’évoluer dans leur représentation des fonctionnements linguistiques.

Page 22: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

22

Toutes ces lectures sur la dictée et l’orthographe ainsi que ma pratique de classe qui

vous sera présentée dans la partie suivante m’ont donné envie de travailler sur la

dictée négociée avec ma classe de CM1-CM2. Ce dispositif de dictée négociée arrive

après un certain cheminement en dictées en périodes 1 et 2. Je chercherai donc à

répondre à la problématique suivante : « En quoi une dictée négociée avec mes

élèves de CM1-CM2 constitue-t-elle un exercice efficace de l’apprentissage de

l’orthographe ? »

Dans la partie suivante, je vais vous présenter l’activité que j’ai mise en place en

classe pour tenter de répondre à ma problématique.

Page 23: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

23

4. La mise en œuvre

4.1. En période 1

Tout d’abord, nous avons débuté l’année scolaire par des dictées bilans préparées.

Mes 23 élèves de CM1-CM2 avaient une semaine pour apprendre la liste de mots

qui était réinvestie en dictée de mots, en dictée de GN, en dictée de phrases puis

dans la dictée bilan.

Je lisais dans un premier temps le texte de la dictée entièrement sans la ponctuation

et les enfants devaient avoir leur crayon posé pour bien écouter le texte et repérer

des éléments importants : le sujet du texte, le temps employé dans le texte, … Après

avoir répondu à ces questions, les élèves rappelaient ce à quoi il fallait faire attention

durant cet exercice : accord sujet-verbe, accord dans les groupes nominaux, les

points et majuscules, les homophones et l’orthographe des mots à apprendre.

Ensuite, je disais la première phrase en entier puis je la découpais en plusieurs

fragments. Je faisais de même pour les autres phrases puis nous terminions par la

correction collective d’une partie de la dictée.

4.2. En période 2

Lors de la période 2, ma pratique a évolué, je prononçais cette première phrase puis

la découpais en groupes de mots sémantiques. Suite à cela deux élèves répétaient

le groupe de mots prononcé, cela m’évitait de le répéter et forçait les élèves à le

mémoriser avant de l’écrire. Nous suivions le même déroulement jusqu’à la fin de la

dictée. Je relisais la dictée entièrement mais cette fois-ci avec la ponctuation et

laissais quelques minutes aux élèves pour se relire. Ce moment de relecture était

quelque peu chaotique pour certains élèves car ils ne savaient pas comment se relire

et donc ne savait par quoi commencer à vérifier. J’espère donc que la dictée

négociée proposée en période 3 a aidé les élèves en difficulté lors de cette phase de

relecture et qu’ils sont davantage armés pour se relire seuls. La phase de mise en

commun succédait à cette phase de relecture. Là aussi, j’ai expérimenté plusieurs

manières de faire pour la correction : dictée à trous projetée, correction de toute la

dictée au tableau, correction de quelques phrases au tableau comprenant des

difficultés, projection d’un cahier d’élève et correction des erreurs à partir de ce

cahier. Lors de cette phase de mise en commun, un élève épelait mots par mots une

phrase de la dictée. Les autres élèves écoutaient, levaient la main pour prendre la

parole et devaient argumenter leur propos lorsqu’ils n’étaient pas d’accord avec leur

Page 24: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

24

camarade en s’aidant des règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison déjà

abordées en classe.

4.3. En période 3

Lors de cette période, j’ai décidé de m’effacer davantage pour les observer et les

laisser interagir entre eux pour qu’ils confrontent leur point de vue, qu’ils

réinvestissent ensemble les règles étudiées en classe et qu’ils soient donc

acteurs de leurs apprentissages. J’ai donc mis en place des dictées négociées (cf.

annexe 1, p.44-45) en guise de dictées bilans. C’est une forme de dictée que j’ai déjà

testée l’année précédente mais je voulais mieux comprendre ce qu’il se joue durant

cet exercice. J’ai donc fait pendant une période tous les jeudis des dictées

négociées.

Voici le déroulement de mes séances de dictées négociées :

1- Phase individuelle de dictée : Je dictais des phrases aux élèves qu’ils notaient

sur leur cahier. Ensuite, ils relisaient ce qu’ils avaient écrit.

2- Phase de négociation : Par 3 ou 4, les élèves relisaient la dictée et l’écrivaient

sur une affiche en gros. Pour les premières dictées, en bleu, ils écrivaient les

mots sur lesquels ils étaient tous d’accord et en rouge, ils notaient les

différentes propositions pour les mots qu’ils n’avaient pas écrits de la même

manière. Pour les dictées suivantes, ils devaient seulement utiliser le crayon

bleu dans le but qu’ils débattent lorsqu’ils sont en désaccord sur une réponse

pour finalement se mettre d’accord sur une seule proposition

3- Phase de mise en commun : Les différentes productions d’élèves étaient

affichées au tableau. Je récrivais la dictée avec toutes les propositions des

différents groupes. Ensuite, chaque proposition multiple était discutée

collectivement.

J’ai enregistré mes élèves lors de la phase de négociation et de la phase de mise en

commun durant toute cette période. Avec ces bandes audio et leurs productions

prises en photo, j’ai relevé les moments clés et observé les progrès ou les non

progrès des élèves. De plus, ces différents documents me permettront d’illustrer mes

propos lors de mon analyse des résultats.

Pour analyser mes résultats, j’ai choisi quatre profils différents d’élèves :

- Elève 1 : élève moteur ayant un bon niveau en dictée

Page 25: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

25

- Elève 2 : élève ayant un bon niveau en dictée mais qui peut parfois être

monopolisateur de parole

- Elève 3 : élève ayant des difficultés en dictée mais qui essaie d’être dans une

posture réflexive

- Elève 4 : élève qui a des difficultés en dictée et qui n’est pas dans une posture

réflexive.

Les élèves 3 et 4 ont des listes de mots à apprendre qui sont adaptées. En effet,

l’apprentissage des différents mots est réparti sur la semaine en fonction de leur

apparition dans les dictées.

Pour citer les élèves dans mon analyse, j’utiliserai le code suivant : élève 1, élève 2,

élève 3 et élève 4. Pour nommer d’autres de leurs camarades de classe, je mettrai

seulement leur initiale. Des lettres entre crochets signifieront qu’elles auront été

omises par les élèves et un astérisque devant un mot concernera une erreur

d’homophones. Je me servirai d’encadrés numérotés pour retranscrire certains

passages pour illustrer mes propos.

Pour les six dictées négociées de la période 3, j’ai crée différents groupes qui ont

changé en milieu de période pour observer quel type de regroupement était le plus

révélateur de progrès :

- Dictées négociées 1 à 3 : les différents groupes étaient hétérogènes.

- Dictées négociées 4 à 6 : les groupes étaient homogènes.

Ainsi, en regardant le travail qui a été fait individuellement et collectivement, j’ai

classé les erreurs en fonction de la grille de typologie des erreurs de Nina Catach (cf.

p.10) et en écoutant les enregistrements j’ai observé la posture réflexive des élèves.

J’ai donc observé au fur et à mesure des semaines les progrès éventuels des élèves.

C’est ce que nous allons maintenant étudier.

Page 26: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

26

5. Analyse des résultats

5.1. Analyse des erreurs avec la grille de Nina Catach

Tout d’abord, voici un tableau récapitulatif du nombre d’erreurs commises par les

élèves pour la première, la sixième et la dernière dictée de la période.

Elève

Elève 1 Elève 2 Elève 3 Elève 4 Nombre d’erreurs

Dictée 1

Individuellement 1 2 10 16 Dictée 6

Individuellement 2 5 10 15 Dictée 7

Individuellement 6 8 23 40

5.1.1. 1ère dictée négociée

5.1.1.1. Analyse individuelle

Lors de cette dictée, l’élève 1 a commis une seule erreur sur son cahier, c’est une

erreur à dominante morphogrammique de type grammatical car elle n’a pas pris en

compte le genre du terme « vallée » qu’elle avait bien écrit auparavant. On voit

qu’elle a également apporté une correction au mot « situé » pendant le temps de

relecture.

L’élève 2 a fait deux erreurs dont une à dominante morphogrammique de type

grammatical et une à dominante phonogrammique sans altération de la valeur

phonique. Elle a écrit « connu » au lieu de « connue » dans la phrase « Elle est

connue pour ses belles vallées … » et a ajouté un « u » pour faire le son [ǝ] dans le

Page 27: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

27

mot « ceurisiers ».

Les élèves 3 et 4 ont commis davantage d’erreurs sur cette dictée, je vais donc les

répertorier dans un tableau.

Type d’erreurs Elève 3 Elève 4

Phonogrammique sans

altération de la valeur

phonique

« conue » « Corré »

« maniphique »

« sittuer »

« tample »

« conu »

« nonbreus »

Elève 3

Elève 4

Page 28: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

28

Phonogrammique avec

altération de la valeur

phonique

« cerisée » à la place de

« cerisier »

« valle » à la place de

« vallée »

Morphogrammique

grammaticale

« belle[s] »

« vallée[s] »

« magnifique[s] »

« temple[s] »

« sittu[er] »

« Elle[s] » « conu[..] »

« belle[s] »

« maniphique[s] »

« tample[s] »

« cerisier[s] »

Morphogrammique

lexicale

« pay[s] » « nonbreu[s] »

Idéogrammique

(majuscules)

« asie » (Asie) « sud » (La Corée du

Sud)

Logogrammique

grammaticale

La Corée du Sud *et un

pays (est)

Elle est connue pour

*c’est belles vallées

(ses)

En fonction du niveau des élèves, on observe une hétérogénéité dans leur

production.

5.1.1.2. Analyse par groupe

Les affiches des différents groupes sont regroupées en annexe 2 (cf. p.46).

Le groupe 5 dans lequel se situait l’élève 1 n’a commis aucune erreur mais sont

restés indécis pour 4 propositions. Cela concernait une indécision logogrammique

grammaticale (choisir entre et/est), deux indécisions phonogrammiques sans

altération de valeur phonique (vallées / valées ; cerisiers / serisiers) et une indécision

morphogrammique grammaticale (située / situé).

Le groupe 1 dans lequel se trouvaient les élèves 2 et 4 a commis une seule erreur

mais étaient indécis pour 3 autres propositions. L’erreur commise est une erreur de

type phonogrammique sans altération de la valeur phonique (ceurisiers). Ils sont

Page 29: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

29

restés hésitants sur deux erreurs de type morphogrammique grammaticale (connu /

connue ; situé / situer) une erreur idéogrammique concernant un oubli de majuscules

(sud / Sud).

Le groupe 2 dans lequel était l’élève 3 a commis 2 erreurs et sont restés hésitants

sur 3 propositions. Ils ont commis deux erreurs morphogrammiques grammaticales

(« magnifiques temples » : oubli de la marque du pluriel). Ils sont restés indécis sur

une erreur de type morphogrammique grammaticale (belle / belles), une erreur

phonogrammique sans altération de la valeur phonique (conue / connue) et une

erreur de type logogrammique grammatical (c’est / ses).

Nous constatons donc que le nombre d’erreurs entre la production individuelle et la

production par groupe, pour cette première dictée, est réduit considérablement pour

tous les groupes.

5.1.2. 6ème

dictée négociée

5.1.2.1. Analyse individuelle

Lors de la 6ème dictée, l’élève 1 a commis deux erreurs : une de type

phonogrammique sans altération de la valeur phonique et une de type

morphogrammique grammaticale.

Pour la première, elle s’est trompée dans l’orthographe de « manière » qu’elle a écrit

« magnère » et pour la deuxième, elle a omis le « s » à « Etats-Unis » qui sert

d’élément de liaison lorsque l’on prononce le nom de ce pays. Nous voyons là encore

que cette élève a corrigé quelques erreurs pendant le temps de relecture.

Page 30: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

30

L’élève 2 a quant à lui fait cinq erreurs : deux erreurs de type phonogrammique sans

altération de la valeur phonique (mèttent / menaçent), deux erreurs de type

morphogrammique grammaticale (toute[s] / Etat[s]-Unis) et une erreur de type

logogrammique grammaticale (Les Etats-Unis *est leurs alliés réfléchissent (et)).

Les élèves 3 et 4 ont également commis davantage d’erreurs sur cette dictée, je

vais donc aussi les répertorier dans un tableau.

Elève 3

Elève 4

Page 31: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

31

Type d’erreurs Elève 3 Elève 4

Phonogrammique sans

altération de la valeur

phonique

« mete » « stopér »

« allier »

« progresion »

Phonogrammique avec

altération de la valeur

phonique

« progréssion »

« reflechisse »

« reflechisse »

« manier » au lieu de

manière

Morphogrammique

grammaticale

« ils reflechisse[nt] »

« terroriste[s] »

« menace[nt] »

« alli[és] » et non

« allier »

« ils reflechisse[nt] »

« mette[nt] »

« menace[nt] »

« alli[és] » et non

« allier »

Morphogrammique

lexicale

« tou[..] »

Idéogrammique

(majuscules)

« etasunis »

Logogrammique

grammaticale

Ils réfléchissent *a (à) la

manière de stopper

*leurs (leur) progression.

Ils réfléchissent *a (à) la

manière de stopper

*leurs (leur) progression.

Erreurs extragraphiques

de reconnaissance de

mot ou coupure de mots

« maites » à la place de

« mettent »

« etasunis »

Erreurs extragraphiques

de calligraphie

Ecriture illisible du mot

« guerres »

Nous voyons que les élèves commettent au fur et à mesure des dictées toujours les

mêmes types d’erreurs.

5.1.2.2. Analyse par groupe

Les affiches des différents groupes sont regroupées en annexe 3 (cf. p.47).

Pour cette 6ème dictée négociée, les élèves n’avaient plus recours au crayon rouge et

devaient donc se positionner sur une proposition.

Le groupe 1 dans lequel se trouvait l’élève 1 a commis une erreur de copie de type

Page 32: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

32

phonogrammique avec altération de la valeur phonique : « réfléchisent » au lieu de

« réfléchissent ».

Le groupe 2 dans lequel était l’élève 2 a commis trois erreurs. Ils ont fait deux

erreurs de type logogrammique grammaticale (choix entre et/ est ; choix entre leur /

leurs) et une erreur de type morphogrammique grammaticale (Etats-Unis, oubli du

« s » à Etats).

Le groupe 6 dans lequel se situaient les élèves 3 et 4 ont commis 11 erreurs : des

erreurs de type phonogrammique avec ou sans altération de la valeur phonique

(« réféchisse », « menase » ; « téroristes »), des erreurs extragraphiques de

reconnaissance (« maites » : non reconnaissance du verbe mettre), avec confusion

de consonnes (« progrations » au lieu de « progression ») et avec confusion de

voyelles (« un » à la place de « en ») que je vois plus comme une erreur d’inattention

ici. Ils ont également fait des erreurs logogrammiques grammaticales (leur / leurs ; à /

a), une erreur morphogrammique grammaticale (« allier » à la place d’ « alliés ») et

deux erreurs idéogrammiques d’inattention je suppose avec ajout de majuscules à

des endroits où il n’y en a pas besoin.

Nous constatons donc que le nombre d’erreurs entre la production individuelle et la

production par groupe, pour cette dictée, s’est réduit pour tous les groupes sauf pour

le groupe 6 avec les élèves 3 et 4 qui ont commis davantage d’erreurs en groupe

qu’individuellement.

5.1.3. 7ème dictée

La 7ème est une dictée bilan non négociée. Elle est individuelle et me sert à savoir si

erreurs ont été évincées au fur et à mesure de la pratique des dictées négociées. En

annexe 4 (cf. p.48-51), vous retrouvez les 4 copies rendues par les élèves pour la

dictée sur le Groenland.

Nous remarquons respectivement chez les élèves 1, 2, 3 et 4 six erreurs, huit

erreurs, vingt-trois erreurs et quarante erreurs.

Nous n’allons pas les analyser en détails mais nous retrouvons pour :

- L’élève 1 : des erreurs morphogrammiques grammaticales (accords), une erreur

extragraphique de non reconnaissance du mot, une erreur logogrammique

Page 33: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

33

grammaticale et une erreur phonographique altérant la valeur phonique du mot.

- L’élève 2 : des erreurs phonogrammiques sans altération de la valeur phonique des

mots et des erreurs morphogrammiques grammaticales (accords).

- L’élève 3 : des erreurs phonogrammiques avec et sans altération de la valeur

phonique du mot, une erreur logogrammique grammaticale et des erreurs

morphogrammiques grammaticales.

- L’élève 4 : des erreurs phonogrammiques avec et sans altération de la valeur

phonique du mot, une erreur logogrammique grammaticale, des erreurs

morphogrammiques grammaticales et des erreurs extragraphiques.

Nous constatons au terme de l’analyse des différentes erreurs que les élèves en

question commettent toujours plus ou moins le même type d’erreur, il n’y a donc pas

eu de réelles évolutions de ce côté-là. Maintenant, nous allons voir ce qu’il en est du

côté de leur posture réflexive.

5.2. Analyse des enregistrements audio

5.2.1. Posture réflexive des élèves

5.2.1.1. Dictée négociée n° 1

Dans le groupe 1 constitué ici de l’élève 2, de l’élève 4 et de deux autres élèves,

nous remarquons que les justifications sont peu nombreuses. En effet, dans ce

groupe, ils se contentent d’épeler les différents mots à la suite des autres et

demandent l’accord de leurs camarades. Si leurs camarades ne sont pas d’accord, il

n’y a pas forcément de discussion et il note les différentes propositions sur la feuille

en rouge.

L’élève 4 est très effacé lors de cette première dictée négociée, il propose

l’orthographe des mots seulement lorsqu’on lui demande. Il est intervenu qu’une

seule fois pour justifier un accord, la situation est présentée dans l’encadré n°1.

Pour l’élève 2, la situation est tout autre. Elle est omniprésente, elle monopolise la

parole. Elle laisse très peu de place à ses camarades. Elle essaie de toujours avoir le

dernier mot : « on hésite sur les deux donc on les note en rouge » mais ici, nous

n’observons aucune justification pour l’une ou l’autre des réponses proposées,

« C’est faux, du coup je mets la mienne » et encore une fois ici il n’y a pas la

Page 34: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

34

justification qui va avec le « c’est faux » donc l’élève qui a donné la réponse ne

comprend pas forcément pourquoi sa réponse est fausse. Pour le mot « ceurisiers »,

il n’y a pas eu de débat, elle a imposé son idée à ses camarades. De plus, elle

propose tout le temps en première l’orthographe du mot et ensuite elle demande

l’écriture et l’avis de ses camarades. Pour cette dictée, elle propose tout de même

deux justifications : la première par un son et la deuxième pour un accord (cf.

encadré n°1). C’est une élève moteur mais qui devrait s’effacer davantage pour

laisser plus de place à ses camarades.

Encadré n°1 (avec A, un autre élève du groupe)

A : Moi je n’ai pas mis de « s » à « magnifique »

Elève 2 : Bah si parce que ça s’accorde avec « temples » …

Elève 4 : Et puis, il y a « ses » devant donc on met un « s » à « magnifiques » …

Concernant le groupe 2 qui est constitué de l’élève 3 et deux autres élèves, nous

observons davantage de justifications que dans le groupe 1 mais elles viennent

d’une seule élève de ce groupe.

L’élève 3 commence par relire entièrement les phrases de la dictée à voix haute.

Elle donne l’écriture de certains mots, valide, donne son accord et revient sur

l’orthographe de certains mots comme dans l’exemple ci-dessous :

Encadré n°2 (avec C, un autre élève du groupe)

Elève 3 : La Corée du Sud et située …

C : Ca veut dire qu’on peut dire « et puis » à la place

Elève 3 : Non, bah alors c’est « est ».

A un moment, elle se rend compte qu’elle a fait beaucoup d’erreurs donc elle se

bloque et ne cherche pas à réfléchir à l’orthographe correcte du mot ni même à

comprendre son erreur : « Ce n’est pas ce que j’ai écrit, mais ce n’est pas grave, j’ai

faux ! », « Je ne sais pas … », « Moi j’ai eu plein de fautes donc voilà … ».

C’est une élève qui écoute, qui reste présente et qui est volontaire. Elle donne son

avis quand on lui demande. Il a fallu relancer ce groupe car il y avait beaucoup

d’indécisions au sein de ce groupe, j’ai donc demandé à ce qu’ils me réduisent le

nombre de mots en rouge en entourant la réponse qu’ils pensaient juste (cf. annexe

2, groupe 2).Ce groupe a été énormément porté par les justifications de l’élève de

CM2 (C) : « On ne peut pas dire « Elle et puis connue » cela n’a pas de sens donc

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35

c’est « Elle est connue … ».

Le groupe 5 était constitué pour cette dictée par l’élève 1 et 3 autres élèves de la

classe. Au début, il y a peu de justifications dans ce groupe, nous sommes plutôt

dans : « On l’écrit comme ça », « bah logique », « vu qu’on n’est pas sûrs on les met

en rouge ». Puis au fur et à mesure, des justifications plus ou moins pertinentes

arrivent et viennent des diverses personnes du groupe.

L’élève 1 écrit la dictée sur l’affiche donc elle prend la parole de temps en temps :

« Il n’y a qu’une seule Corée pas deux donc Elle », « Elle est connue car on peut dire

elle était connue », « C’est toujours les siennes donc ses », « On peut remplacer par

et puis donc c’est et », « il y a un s à magnifiques car il y a plusieurs temples ». Ses

justifications sont très intéressantes et elle laisse les autres s’exprimer avant de dire

ce qu’elle en pense personnellement.

En conclusion, pour cette première dictée bilan négociée, pour la plupart des

groupes, nous observons très peu de justifications, beaucoup d’indécisions qui ne

mènent pas à la discussion. C’est pourquoi pour remédier à cela, j’ai supprimé

l’utilisation du crayon rouge pour les forcer à débattre et à se positionner sur une

réponse.

5.2.1.2. Dictée négociée n°6

Pour cette dictée négociée, les groupes n’étaient pas les mêmes que ceux de la

dictée négociée n°1. Ils étaient homogènes.

Pour le groupe 1 constitué de l’élève 1 et de 3 autres camarades, il y a eu

beaucoup de justifications très pertinentes au début (pour les mots suivants : toutes /

mettent / menacent / Etats / progression …) mais moins à la fin car au final il y a eu

très peu de désaccord entre eux car ils avaient quasiment tous écrit la même chose

sur leur cahier. La seule erreur qu’il ait commise est une erreur de copie car lors de

l’écoute de l’enregistrement, ils épellent correctement le mot. Il manque je pense une

petite relecture finale pour voir si tout est correct.

Le groupe 2 était constitué de l’élève 2 et de deux autres camarades. Les

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36

justifications qu’ils ont dites au début étaient plus précises que celles qui sont venues

après. Dans l’ensemble les justifications étaient intéressantes mais parfois ils

passaient trop rapidement sur certains mots qui posaient problème. Il manquait des

étapes, des justifications bien précises pour qu’il n’y ait plus de doutes dans leur tête.

Il aurait fallu qu’ils aillent donc plus loin dans certaines justifications comme pour

celle de l’encadré 3.

Dans ce groupe, l’élève 2 s’affirme un peu moins et prend davantage le temps

d’écouter ses camarades même si se remettre en question n’est pas toujours facile

pour elle (cf. encadré 3).

Encadré 3 (avec E et R, les deux autres élèves du groupe)

E : Des terroristes m-e-n-a-c-e-s

R : Non, menacent avec –ent à la fin

Elève 2 : Non, moi je dirai m-e-n-a-ç-e-s

R : Non, menacent avec –ent à la fin

E et élève 2 : Bah non, pourquoi ?

R : Parce que ce sont les terroristes qui menacent. Menacent est un verbe ici pas un

adjectif donc on met –ent.

Elève 2 : ah oui mais je mettrai un c cédille

E : Non il n’y a pas de cédille à menace, elle ne sert à rien ici …

R : Oui et puis c’est le verbe « menacer » et à menacer il n’y a pas de cédille.

Elève 2 : Bon ok je vous suis mais vous verrez que j’ai raison…

Le groupe 6 était constitué par les élèves 3 et 4 et deux autres camarades. Ils n’ont

quasiment donné aucune justification, deux élèves travaillaient sur les quatre. Les

deux autres préféraient s’amuser. Ce groupe n’est pas rentré dans l’activité, ils

comptaient les mots pour ne pas qu’un en écrive plus que l’autre. Ils n’étaient pas du

tout dans la réflexion et notaient la proposition d’un seul élève … Il faut que ses

élèves soient dans des groupes hétérogènes pour qu’ils soient dans l’activité.

L’élève 4 n’a donné aucune justification, il s’est juste contenté de noter ce qu’on lui

dictait. Il n’était pas concentré et n’est aucunement entré dans l’activité.

L’élève 3 a tenté de rester concentrée sur l’activité avec une autre de ses

camarades. Elles ont essayé de produire quelque chose sans justifier pourquoi elles

l’écrivaient comme ça ou avec des justifications qui ne tenaient pas forcément la

Page 37: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

37

route : « menace comme ça car je crois que je l’ai eu bon hier … », « leurs car il y a

plusieurs progressions » alors qu’ici il fallait voir que l’on parle de la progression du

groupe de terroristes. Cependant, elle a donné de bonnes justifications : « leurs avec

un s car il y a plusieurs alliés », « moi j’ai mis deux « ss » à progression car quand

une consonne est située entre deux voyelles on double la consonne ». Cette dernière

proposition n’a pas été entendue par les autres membres du groupe.

Nous voyons bien que dans ce groupe il n’y a aucun échange constructif entre eux.

En conclusion, une évolution est notable pour les élèves 1 et 2 car au sein de leur

groupe les justifications sont plus nombreuses que lors de la première dictée

négociée mais également aussi plus pertinentes. Cependant pour l’élève 3, nous

n’observons pas de réelle évolution et pour l’élève 4 nous constatons un manque

d’intérêt au fur et à mesure des semaines.

5.2.2. Concernant les groupes hétérogènes et homogènes

Nous allons maintenant analyser l’attitude des élèves pour cet exercice de dictée

négociée en fonction de l’appartenance à un groupe homogène ou hétérogène.

Pour l’élève 1, qu’il soit dans un groupe hétérogène ou homogène, cela n’a pas une

grande importance car il est capable d’écouter les autres, de donner son avis et

surtout de justifier ses propos. C’est un élève moteur peu importe dans le groupe

dans lequel il se trouve.

L’élève 2 quant à lui a évolué dans sa posture. En effet, lorsqu’il était dans un

groupe hétérogène, il monopolisait la parole, donnait automatiquement en premier

l’orthographe des mots et laissait peu de place à ses camarades. Lorsqu’il s’est

retrouvé dans un groupe homogène, il ne monopolisait quasiment plus la parole mais

pouvait quand même camper un bon moment sur ses positions avant de reconnaître

qu’il avait tort. Mais en même temps cela forçait ses camarades à bien justifier leur

propos pour essayer de le convaincre.

L’élève 3 était beaucoup plus dans une posture réflexive en groupe hétérogène

qu’homogène car déjà le fait de se retrouver avec des personnes d’un niveau

supérieur en orthographe et qui ont envie de travailler pousse à se donner davantage

et à avoir envie de réfléchir. Je pense que le travail en groupe hétérogène était

Page 38: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

38

bénéfique et qu’elle a pu en tirer des enseignements alors que je ne suis pas sûre

qu’en groupe homogène elle ait appris des choses mais peut-être en a-t-elle appris

aux autres car elle était plus dans une posture réflexive que ses trois autres

camarades.

L’élève 4 n’a pas vraiment évolué dans sa posture, il est resté effacé. Je pense que

le travail en groupe hétérogène a été quand même bénéfique pour lui même si cela

ne se voit pas dans ses différentes dictées. Par contre, le travail en groupe

homogène n’a été d’aucune utilité, il n’en a rien retiré ce qui est dommage …

Dans cette partie « Analyse des résultats » nous avons analysé les erreurs des

élèves individuellement et collectivement pour les dictées négociées 1 et 6 grâce à la

grille de classification des erreurs de Nina Catach. Nous avons aussi étudié la

posture réflexive des élèves dans cet exercice de dictée négociée grâce aux

enregistrements audio des séances 1 et 6.

Maintenant, nous allons conclure en tentant de répondre à notre problématique.

Page 39: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

39

6. Discussion

Nous pouvons dire que la dictée négociée est un exercice efficace pour

l’apprentissage de l’orthographe car nous avons vu que dans la majorité des

groupes, qu’ils soient homogènes ou hétérogènes, le nombre d’erreurs

orthographiques se réduisait de l’écrit individuel à l’écrit collectif. Ce résultat est

sûrement du au fait que les élèves doivent argumenter leurs propos lorsqu’ils se

trouvent en désaccord. En effet, ils doivent confronter leurs points de vue, énoncer

des règles grammaticales et orthographiques pour convaincre leurs camarades.

Ce constat est davantage observé dans les groupes hétérogènes et dans

quelques groupes homogènes. Effectivement, lorsque nous répartissons les élèves

qui ont un bon niveau en orthographe dans les différents groupes, nous constatons

que ce sont des élèves moteurs : ils étayent les propos du groupe et ils proposent

des justifications pour l’orthographe des différents mots pour lesquels il y a un

désaccord. Ces élèves sont la plupart du temps dans une posture réflexive : ils

cherchent à comprendre, à expliquer en donnant par exemple des règles d’accords

grammaticaux. Par contre, lorsque nous regroupons des élèves ayant un faible

niveau en orthographe nous n’observons pas les mêmes résultats car ces élèves ne

sont pas rendus à se questionner sur les accords puisqu’ils se focalisent surtout sur

la retranscription des mots qu’ils entendent. Comme le stipule un diaporama réalisé

par l’Académie de Grenoble, c’est un exercice compliqué car « au cours d’une dictée,

un élève doit transformer un matériau phonique en un matériau graphique, c’est-à-

dire faire correspondre des sons et des lettres ». De plus, d’après Van Den Avenne

(2009, p.9), « L’orthographe du français est particulièrement complexe parce qu’elle

n’est pas totalement univoque d’un point de vue phonétique : un son n’est pas

transcrit par une seule graphie et une seule graphie ne transcrit pas un seul son ».

Ces élèves n’arrivent donc pas à appliquer les règles orthographiques et

grammaticales étudiées en classe car ils se concentrent énormément sur la

transcription des différents mots de la dictée, cela ne signifie pas que ces règles ne

sont pas assimilées car dans un exercice décroché en grammaire ou en orthographe

ces notions peuvent très bien être acquises. Il faut donc que ces élèves soient avec

des camarades qui ont un bon niveau en orthographe pour pouvoir au cours du

temps assimiler les manipulations syntaxiques nécessaires pour moins commettre

Page 40: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

40

d’erreurs.

En changeant mes groupes au cours de la période, j’ai observé des

différences notables. En effet, je pense maintenant qu’il est peut-être plus judicieux

de faire des groupes hétérogènes pour aider les élèves en difficulté en orthographe à

comprendre et utiliser certaines manipulations syntaxiques mais attention à ce que

ces élèves ne se reposent pas sur leurs camarades qui sont plus habiles en

orthographe. Les groupes homogènes sont également intéressants mais moins

enrichissants au niveau des justifications données, ils vont moins loin car comme ils

ont un niveau similaire en orthographe, ils ont beaucoup de mots sur lesquels ils sont

d’accord donc ils ne justifient pas systématiquement leurs réponses pour les groupes

ayant un bon niveau en orthographe. Pour les groupes homogènes davantage en

difficulté, il faudrait être avec eux pour étayer et les forcer à argumenter leurs propos

car quand nous les laissons seuls, ils ne sont pas forcément concentrés sur le travail

car la première phase de retranscription leur a déjà demandé un effort important.

Cependant, avec des groupes homogènes, nous pouvons plus facilement voir les

points qu’ils restent à travailler en fonction du niveau de chacun (accords, justification

poussée, …).

Néanmoins, d’après Nonnon (1996) cité par Brissaud et Cogis (2003, p.62),

« aucun élève ne parvient à rassembler tous les critères linguistiques à lui seul. Ce

que révèle le dispositif, c'est bien que les élèves ont besoin de la formulation d'autrui

pour produire une formulation plus adéquate et, de proche en proche, construire

collectivement un texte du savoir plus satisfaisant, intégrant d'autres points de vue

sur l'objet que ceux perçus au départ ».

Cependant, mon travail contient plusieurs limites. En effet, je n’ai qu’une

analyse partielle de mes résultats car j’ai choisi de traiter seulement 4 profils d’élèves

différents et aussi parce que je n’ai pas étudié les enregistrements que j’avais fait

lors des mises en commun. Mais en en écoutant quelques-uns, j’ai remarqué que je

n’allais pas assez loin au niveau des manipulations syntaxiques. D’après Barth

(2013) cité par Cogis, Fisher et Nadeau (2015, p. 83), l’enseignante doit inviter

« l’élève à réaliser la manipulation et à énoncer clairement le résultat, puis à en juger.

Il est important que le ton de l’enseignante reste neutre, pour éviter de donner la

bonne réponse en indice. Le recours à une manipulation syntaxique implique trois

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étapes : nommer la manipulation, l’exécuter, juger du résultat. Les manipulations

doivent servir autant à réfuter des hypothèses qu’à en valider ». Il stipule également

qu’il faut laisser l’élève s’engager dans une explication même si celle-ci est fausse

car cela constitue des contre-exemples nécessaires à la construction d’un concept.

Dans ce dispositif, le rôle de l’enseignant est très important lors de la mise en

commun car il distribue la parole à tous ses élèves mais il ne doit pas valider la

première formulation correcte et demander : « Vous avez compris ? Qui peut

répéter ? » pour passer plus vite au mot suivant. L’enseignant doit par contre

organiser un débat en reprenant en écho, en reformulant fidèlement un propos, en

demandant davantage d’explications sans les commenter. Il doit être à l’écoute et ne

pas laisser l’ordre des prises de parole au hasard pour laisser les élèves moins

habiles dans ce genre d’exercices donner leurs arguments d’après Brissaud et Cogis

(2003, p. 63).

Ainsi d’après Cogis, Fisher et Nadeau (2015, p.89), « la difficulté de ces

activités innovantes tient sans doute à l’équilibre à trouver entre guidage de

l’enseignant et initiative des élèves dans le cours des échanges ».

C’est pourquoi j’ai décidé en période 4 de faire avec mes élèves de CM1-CM2

des dictées bilans dialoguées. En effet, « L’intérêt est de provoquer un

questionnement chez les élèves, de favoriser l’interaction des raisonnements propres

à la classe, de les inciter à utiliser le métalangage leur permettant d’énoncer les

règles » d’après le Ministère de l’Education (2018, p. 3).

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42

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Chervel, A. (2006). Histoire de l’enseignement du français du XVIIème au XXème

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Page 43: La dictée négociée en CM1-CM2, un exercice au service de l

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https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Etude_de_la_langue/20/8/RA16_C3-

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Van Den Avenne, C. (2009). Savoir rédiger. France : Studyrama.

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Annexe 1 : Les textes des dictées négociées de la période 3

La Corée du Sud (le 7 janvier)

La Corée du Sud est un pays situé en Asie. Elle est connue pour ses belles vallées, ses

nombreux cerisiers et ses magnifiques temples.

La Suède (le 14 janvier)

Une grande partie du territoire suédois est couverte de vastes forêts, de nombreux lacs

et de prairies où les Suédois aiment randonner ou se baigner.

Le Japon (le 21 janvier)

Le Japon est ainsi constitué de quatre grandes iles et de plus de huit mille six cents petites

iles, souvent créées par des volcans. Le paysage est donc très divers : montagnes, plaines,

vallées.

L’Espagne (le 28 janvier)

L’Espagne, quel pays magnifique ! Quelles formidables vacances vous passerez dans des

lieux merveilleux et ensoleillés ! De plus, vous assisterez peut-être à quelques fêtes

traditionnelles.

Les Maoris (le 4 février)

Le haka leur servait, autrefois, de danse de bienvenue pour se saluer ou leur permettait de

se motiver avant de partir en guerre. Les différentes tribus choisissent, chacune, leurs

gestes et leurs paroles.

L’Irak (le 11 février)

Toutes les guerres mettent l’Irak en danger. Des terroristes menacent tout le pays. Les

Etats-Unis et leurs alliés réfléchissent à la manière de stopper leur progression.

Dictée bilan non négociée : Le Groenland (le 18 février)

Le cercle polaire Arctique passe au Groenland. A cette haute latitude, les nuits sont vraiment

très longues en hiver. Apparemment, le soleil se lève vers dix heures du matin et se couche

vers deux heures de l’après-midi. Aucune route n’existe entre les différents villages. Les

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habitants se déplacent facilement en bateau, en moto-neige, en avion ou en hélicoptère. Les

Inuits vivent différemment. Sur l’île groenlandaise de Kulusuk* se trouvent des maisons en

bois peintes de couleurs vives.

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46

Annexe 2 : Dictée négociée n°1

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e

Annexe 3 : Dictée négociée n°6

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Annexe 4 : Dictée bilan individuelle n°7

Elève 1 :

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Elève 2 :

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Elève 3 :

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Elève 4 :

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4ème

de couverture

Mots clés : dictée négociée - posture réflexive - interactions entre pairs - élèves acteurs de

leurs apprentissages.

Résumé :

Les interactions entre pairs sont nécessaires pour que les élèves soient acteurs de

leurs apprentissages et pour qu’ils s’impliquent davantage dans la tâche. Dès lors, que

mettre en place en classe pour que la dictée soit un exercice efficace pour l’apprentissage

de l’orthographe ?

J’ai choisi de proposer à mes élèves de CM1-CM2 des dictées négociées en période 3 pour

observer les erreurs qu’ils commettaient individuellement d’abord puis par groupe. Cet

exercice m’ a également permis de voir si oui ou non les élèves choisis sont entrés dans une

posture réflexive en fonction du groupe dans lequel ils se trouvaient.

J’ai constaté que le nombre d’erreurs se réduisait lorsque les élèves étaient en groupe et

qu’ils étaient pour la majorité dans une posture réflexive à la fin de la période.

Keywords : negotiated dictation - reflective posture - interactions between peers - students

involved in their learning.

Summary :

Interactions between peers are necessary for students to be active in their learning

and for them to become more involved in the task. So what can be done in the classroom to

make dictation an effective exercise in learning spelling?

I chose to offer my CM1-CM2 students negotiated dictations in period 3 to observe the errors

they made individually first and then in groups. This exercise also allowed me to see whether

or not the selected students entered a reflective posture depending on the group in which

they were found.

I noticed that the number of errors reduced when the students were in groups and that the

majority was in a reflective posture at the end of the period.