LA PERSPECTIVE

La perspective, c'est l'ensemble des règles géométriques qui permettent de représenter par le dessin (sur un plan, donc en 2D) un objet ou un édifice tel qu'il apparaît perçu d'un point de vue déterminé, avec l’illusion de la profondeur (en 3D).

Il existe un certain nombre de règles de bases pour donner l'illusion d'une perspective solide, sans sortir l'équerre ni le compas.

I/ Principes de base.

La perspective se voit surtout sur les paysages vastes et les volumes bien géométriques, comme une ville avec ses immeubles, par exemple. En réalité, elle est présente partout. Même un personnage doit suivre une certaine perspective.

La perspective se base sur deux éléments-clé : la ligne d'horizon et le point de fuite.

La ligne d'horizon, c'est l'horizon. Elle se situe à la hauteur des yeux.Le point de fuite, c’est le point où deux lignes parallèles entres elles, si l'on s'amuse à les prolonger, rejoignent sur la ligne d'horizon.

Les lignes de fuite sont des lignes convergeant vers le point de fuite. Elles se rapprochent donc au fur et à mesure qu'elles sont près de l'horizon. Les éléments de décor se placent entre ces lignes, et se rapetissent donc en s'approchant de l'horizon, eux aussi !

Attention aux horizontales et aux verticales.

Les lignes de fuites n'emportent pas toutes les lignes. Dans le cas d'une perspective à un ou deux point de fuite, les lignes verticales restent verticales.

Perspectives à plusieurs points de fuite

Il peut y avoir plus qu'un seul point de fuite. Dans les cas généraux, on peut facilement avoir deux points de fuite. On peut aller jusqu'à trois, mais cela est quasiment uniquement utilisé pour des vues aériennes. Dans quelques cas très complexes avec des géométries compliquées, on peut même en avoir beaucoup plus.

L'horizon à hauteur des yeux

La ligne d'horizon est, comme on l’a vu, à la hauteur de vos yeux. Or, si elle est à la hauteur des vôtres, elle est aussi à la hauteur des yeux des personnages qui font la même taille que vous. D'où cette règle d'or :Les yeux des personnages sont à la hauteur de la ligne d'horizon.

Cela ne vaut - évidemment - que pour les personnages qui font la même taille, qui ne sont pas

surélevés, qui sont vus "de face"...

Plongée et contre-plongée

La plongée et la contre-plongée, sont des vues que l'on a quand on est en-dessous ou au-dessus d'un élément. Dans ce cas, le point de fuite se situe au sol ou en hauteur et tout y converge. Elles servent notamment à écraser un personnage (plongée) ou le mettre en valeur (contre-plongée). Exemples très rapides ci-dessous. Les buildings suivent parfaitement les lignes de fuite.

II/ LA PERSPECTIVE CONIQUE

Définitions et principes.

Deux cas de la perspective conique : la perspective conique oblique et la perspective conique centrale.

1/ Principe de la perspective conique :

La perspective conique d'un objet est la projection conique de cet objet sur un plan de projection (le « tableau »).Avec une projection conique, l'ensemble des projetantes convergent vers un même point O appelé centre de projection. Les projetantes forment un cône, d'où l'appellation « projection conique ».(D'après G. CALVAT, Perspectives coniques et isométriques pas à pas, pp. 5 et 11)

On distingue la perspective conique oblique de la perspective conique centrale. C'est la position de l'objet par rapport au tableau qui détermine la nature de la

perspective.

2/ La perspective conique oblique

La perspective conique oblique est construite à partir de deux points de fuite.Dans la perspective conique oblique, les verticales restent verticales. Les horizontales convergent vers les points de fuite.

Représentation d'un volume (plein) selon un point de vue externe :

Variations de la forme d'un volume selon l'emplacement du point de vue. D'après F. D. K. CHING, Drawing, a creative process (p. 112)

Représentation d'un espace (« creux ») selon un point de vue interne.

Représentation d'un espace interne.

Mise en place des points de fuite en fonction de la situation du point de vue par rapport à l'espace à représenter :

La ligne d'horizon correspond à la hauteur du point de vue.

Études de cas :

1. Dessiner un escalier à une volée.

Faire le croquis d'un escalier en perspective conique oblique à partir de vues en géométral.

1. Après avoir choisi l'angle sous lequel on souhaite montrer l'escalier, mettre en place la ligne d'horizon (hauteur du point de vue), deux points de fuite et une arête verticale sur laquelle viendra « s'accrocher » le dessin.

2. Dessiner le volume qui « contient » la volée d'escalier à représenter.

3. Diviser la hauteur de la volée d'escalier en autant de hauteur qu'indiqué sur l'élévation en géométral.4. Dessiner la première hauteur

5. Dessiner les deux lignes obliques qui relient le premier nez-de-marche au palier d'arrivée.6. Dessiner le limon de l'escalier à partir des hauteurs en les menant jusqu'à l'oblique, puis descendre une verticale jusqu'au giron du dessous.

7. Tracer les nez-de-marche jusqu'à l'autre oblique, puis les arêtes latérales des girons lorsqu'ils sont vus et les arêtes verticales des contremarches sur l'autre limon.2. Dessiner un demi-cylindre.

Un volume inscrit dans un demi-cylindre : l'escalier de la Villa Savoye de Le Corbusier.

3/ La perspective conique centrale

Dans la perspective conique centrale, la face principale de l'objet représenté est parallèle au tableau et perpendiculaire au rayon central de la projection.

Trois paramètres incidents sur la vue produite.

1/ Situation du point focal (et du point de fuite) sur la ligne d'horizon :

2/ Hauteur de la ligne d'horizon :

3/ Distance du point focal par rapport au tableau :

4/ Méthode de construction géométrique :

Perspective conique centrale et utilisation de la représentation en coupe pour définir le raccourci perspectif :

1. Définition du tableau :

2. Contours de l'espace à mettre en perspective :

3. Mise en place de la ligne d'horizon :

4. Choix de l'emplacement du point de fuite :

5. Dessin du plan de l'espace à représenter :

6. Quadrillage du plan :

7. Dessin des deux Fuyantes latérales, depuis les points A et F :

8. Choix d'une profondeur, à l'appréciation du dessinateur :

9. Dessin des fuyantes menées depuis les points B, C, D, E au point de fuite :

10. Définition, sur le plan d'un carré dont le côté est égal à la profondeur de l'espace à représenter :

11. Mise en place du point de distance à partir de la Diagonale EG :

12. Dessin du quadrillage en perspective :

13. Dessin des fuyantes latérales hautes :

14. Dessin des arêtes verticales et horizontales qui définissent le fond de l'espace :

15. La voie abrégée permet de mettre facilement en place un quadrillage tridimensionnel dans un espace à représenter. A partir de ce quadrillage, on peut disposer les éléments qui cloisonnent l'espace dans un rapport perspectif juste.

5/ Déformation du cercle et voie abrégée.

Exercice : Dessiner un demi-cylindre

Principe de construction du dessin.

Volume de la cage d'escalier de la Villa Savoye, point de vue frontal et point de vue oblique.

Source : Grenoble.archi.fr

III/ LIGNES DIRECTRICES ET PERSPECTIVES EN PEINTURE

L’ensemble des procédés de perspective est un des moyens de composition de l’image. Il existe de nombreux types de perspectives :

Perspective des paysagistes ou perspective atmosphérique :

Une des plus simples consiste à rechercher les lignes directrices présentes dans une scène. Ces lignes directrices sont de simples lignes imaginaires que l’on perçoit, plus ou moins consciemment, en observant la scène. Par exemple, pour une image représentant une route bordée d’arbres ou de poteaux téléphonique, qui se prolongent jusqu’à la ligne d’horizon (fuyante), vous trouverez des lignes directrices qui convergent (les bords de la route, les marquages au sol, la base et le sommet des arbres…), créant une perspective intéressante, accentuée ici par la répétition de lignes parallèles verticales représentées par les arbres ou poteaux téléphoniques. Cadrer votre image en tenant compte de ces lignes directrices peut donner bien plus d’intérêt à celle-ci, la dynamiser.

Exemple de fuyantes : les lignes fortes de la scène convergent vers un même point (flèches rouges), l’effet de perspective étant renforcé par la répétition des lignes parallèles verticales

(flèches bleues).

La bonne utilisation des lignes directrices dans la composition de votre image peut par exemple vous être utile pour diriger le regard vers le sujet ou un élément intéressant de l’image, ou encore pour encadrer le sujet.

Enfin ces lignes directrices ne sont pas nécessairement des droites, elles peuvent être des courbes, en S, des spirales, des cercles ou arcs de cercles…En sachant que l’organisation des lignes en S capte davantage le regard, même sur un modèle vivant.

Exemple d’une ligne en S qui attire le regard et le dirige vers la montagne en arrière plan.

Par la dégradation de la valeur la plus foncée au premier plan vers la plus claire au dernier plan, on obtient une perspective en valeurs.

IV/ COULEUR ET PERSPECTIVE 1/ Règle des trois plans

Elle consiste à dessiner le tableau en trois plans successifs en prenant soin de placer le sujet au second plan. Ce principe a été très largement utilisé au XVIIIe siècle (Watteau, Turner, Constable) ou par les Impressionnistes.

Au premier plan on place les noirs et les blancs ; au second plan les ocres, les jaunes, les verts ; au troisième plan les bleus, les violets.

Vue de Florence par Corot, le sujet, la ville est au second plan, les couleurs les plus foncées et les plus chaudes sont au premier plan, les dégradées et les froides au troisième plan.

2/ La perspective atmosphériqueLa perspective atmosphérique est une technique principalement picturale qui consiste à marquer la profondeur de plans successifs en leur donnant progressivement (du proche au lointain) la couleur de l'atmosphère, du ciel. Elle fut redécouverte à différentes époques, les fresques de Pompéi montrent qu'elle fut utilisée dans l'antiquité.

Dans le tableau La Mer de glaces les plans prennent progressivement la teinte du ciel bleu dans leur succession du proche au lointain.

Par le placement cohérent des couleurs chaudes au premier plan et les plus froides à l’horizon on obtient l’accentuation et le sentiment atmosphérique.Les couleurs chaudes sont définies comme saillantes, les froides comme fuyantes.

Cours :

Matériel : règle, crayon, gomme, carnet de croquis ou feuilles de dessin 100g environ, pour exercices pratiques.

Télécharger cours théorique sur site ainsi que les suggestions de tableaux.

Sinon choisir sa propre image, photo ou autre. Paysage ou décor mais l’idéal serait qu’il y ait dans l’image des éléments qui permettent une mise en application des règles de la perspective.

Exercice : chambre dessinée vue de face, à mettre en perspective : escalier, porte, mezzanine, fauteuil, personnage assis ? Carrelage, etc.

Faire dessin de face.