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BULLETIN COLLÉGIAL DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS SOMMAIRE clic.ntic.org < > LA CLASSE NUMéRIQUE EN SCIENCES HUMAINES... VERS UNE CLASSE SANS PAPIER ? À l’automne 2011, la Vitrine technologie- éducation (VTÉ) a lancé, à titre expérimental, un premier projet de recherche-action dans le cadre de son nouveau Labo VTÉ. La Vitrine proposait alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines 4 , une classe « sans papier », en composant collectivement un cartable numérique. Les participants – membres du comité de pilotage – étaient alors conviés à des rencontres Web régulières qui permettaient de définir les composantes d’un tel cartable. Dans les paragraphes qui suivent, nous vous proposons d’explorer avec nous les pistes empruntées lors de ce premier laboratoire en définissant d’abord le cadre d’un Labo VTÉ, puis en abordant les quatre thèmes qui ont été l’objet de discussions et d’échanges entre les participants : 1. Le passage du papier au numérique 2. Guider les étudiants dans l’univers numérique 3. Choisir : portables, tablettes ou BYOD  ? 4. L’évaluation sans papier et ni crayon (suite à la page 3) Par Andrée Beaudin-Lecours, conseillère pédagogique, Vitrine technologie-éducation Le Centre d’appui virtuel à l’apprentissage pancanadien des établissements d’enseignement collégial francophones Une habileté du Profil TIC des étudiants du collégial recherchée par les professionnels du tourisme La genèse du nouveau site Internet du CCDMD Une manière originale de s’instruire en enseignant Les applications pédagogiques de Twitter Les conclusions du projet Osmose – environnement social d’apprentissage Une intégration pédagogique d’Antidote : pourquoi les étudiants en auraient-ils besoin ? 9 11 13 Avril 2012 79 Nos sincères remerciements aux membres du comité de pilotage 1 et à nos invités spéciaux 2 Figure 1 : La classe numérique... vers une classe sans papier 3 ? 16 18 24 26

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Page 1: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

BULLETIN COLLÉGIAL DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

SOMMAIRE

clic.ntic.org < >

La cLasse numériqueen sciences humaines... vers une classe sans papier ?

À l’automne 2011, la Vitrine technologie-

éducation (VTÉ) a lancé, à titre expérimental, un

premier projet de recherche-action dans le cadre

de son nouveau Labo VTÉ. La Vitrine proposait

alors de relever le défi de la classe numérique en

Sciences humaines4, une classe « sans papier »,

en composant collectivement un cartable

numérique. Les participants – membres du

comité de pilotage – étaient alors conviés à

des rencontres Web régulières qui permettaient

de définir les composantes d’un tel cartable.

Dans les paragraphes qui suivent, nous vous

proposons d’explorer avec nous les pistes

empruntées lors de ce premier laboratoire en

définissant d’abord le cadre d’un Labo VTÉ,

puis en abordant les quatre thèmes qui ont été

l’objet de discussions et d’échanges entre les

participants :

1. Le passage du papier au numérique

2. Guider les étudiants dans l’univers numérique

3. Choisir : portables, tablettes ou BYOD ?

4. L’évaluation sans papier et ni crayon

(suite à la page 3)

Par Andrée Beaudin-Lecours, conseillère pédagogique, Vitrine technologie-éducation

Le Centre d’appui virtuel à l’apprentissage pancanadien des établissements d’enseignement collégial francophones

Une habileté du Profil TIC des étudiants du collégial recherchée par les professionnels du tourisme

La genèse du nouveau site Internet du CCDMD

Une manière originale de s’instruire en enseignant

Les applications pédagogiques de Twitter

Les conclusions du projet Osmose – environnement social d’apprentissage

Une intégration pédagogique d’Antidote : pourquoi les étudiants en auraient-ils besoin ?

9

11

13

Avril 2012 Nº 79

Nos sincères remerciements aux membres du comité de pilotage

1

et à nos invités spéciaux2

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1 :

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Page 2: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

(suite de la page 1)

DES PROJETS DE RECHERCHE-ACTION AU LABO VTÉLa mise sur pied d’un laboratoire de

recherche-action, axé sur l’observation

(recherche) et la mise en œuvre (action)

de projets concrets sur le terrain, s’inscrit

parmi les activités de veille technologique

de la VTÉ en plus de la collecte et de l’analyse

d’informations scientifiques, techniques et

technologiques.

Désireuse de soutenir l’innovation péda-

gogique favorisant une utilisation respon-

sable du numérique, la VTÉ souhaite contri-

buer à une recherche qui soit instigatrice de

changements, inspirée par les principes de la

recherche-action où les chercheurs s’allient

aux praticiens. La méthode de recherche-

action a un double objectif : « […] transformer

la réalité et produire les connaissances rela-

tives à ces transformations […] » Source :

Hugon et Seibel, 1988, dans Wikipedia5

Cet espace d’exploration et d’expérimentation

est nommé Labo VTÉ. Sur le nouveau site de

la Vitrine technologie-éducation6, le labora-

toire occupe une zone privilégiée à la page

d’accueil. Il se présente comme le journal de

bord, le portfolio des expérimentateurs. La

participation active et volontaire des per-

sonnes est préconisée.

La Vitrine technologie-éducation assure

quant à elle l’animation et propose des activi-

tés permettant de réaliser les projets retenus.

Dans le cadre du premier labo, l’accent a été

mis sur le partage d’expériences à l’occasion

de rencontres Web. Lors des prochains labos

s’ajouteront d’autres outils collaboratifs,

comme ceux de la suite Google, des blogues

ou des wikis. Chacun des laboratoires s’inscrit

dans une durée de six à huit semaines et

débute à tous les semestres.

LE PASSAGE DU PAPIERAU NUMÉRIQUEAu cours du laboratoire sur la classe numéri-

que en Sciences humaines, nous avons suivi

le récit de Bill Celis8, un associé à l’école de

communication et de journalisme Annenberg

de la University of Southern California (USC),

qui, en collaboration avec le service des tech-

nologies Web de son institution, a tenté à

l’automne 2010 l’expérience d’une classe « sans

papier9 » pour l’enseignant et les apprentis

journalistes. Son expérience nous a servi de

cas concret pour orienter les travaux du labo.

Cas concret. Pour Bill Celis, demander à

ses étudiants de produire leurs travaux sous

une forme numérique présentait son lot de

défis. Toutefois, ces défis n’étaient pas les

moindres pour cet enseignant qui souhaitait

rendre disponibles en version numérique

l’ensemble des documents requis pour

son cours.

Ce fut un pas particulièrement difficile à

franchir, car certains ouvrages signifiants

pour lui, comme There Are No Children Here : 

The Story of Two Boys Growing Up in The Other 

America, d’Alex Kotlowitz, n’étaient tout

simplement pas disponibles sous cette

forme! Comment enseigner sans ce livre ?

LES DOCUMENTS LIBRES ET GRATUITS

En explorant l’offre en matière de manuels

et de livres numériques, il nous est apparu

que parmi les sources les plus convoitées se

trouvaient les documents libres et gratuits10

,

dont l’accès est facilité par des moteurs de

recherche comme Google Livres11

. L’initiative

de Jean-Marie Tremblay, fondateur du site Les 

classiques des sciences sociales12

, semble une voie

d’avenir en matière de classe numérique. Le

site de cet enseignant de sociologie présente

l’ensemble des contenus utilisés pendant

ses cours13

. Ces ressources éducatives en

libre accès rappellent l’initiative du MIT

OpenCourseWare14

.

Fait intéressant dans ce dernier cas, l’accès

aux documents numériques payants offerts

par Amazon se fait directement à partir des

bibliographies et plans de cours se trouvant

sur le site et il s’accompagne d’une réduction

à l’achat (jusqu’à 10 %15

). Pourrait-on envisa-

ger de regrouper les plans de cours des éta-

blissements d’enseignement collégial dans

un espace numérique commun, accessible

au grand public?

Mot du coordonnateur Vitrine Technologie-Éducation

Avril 2012 Nº 79 < 3 >

Figure 2 : Le passage du papier au numérique7

Cégep@distanceCégep@distance

Page 3: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

Un cartable numérique pourrait précisément

contenir une variété de documents libres et

gratuits, téléchargés du Web, qu’ils soient

de format EPUB, PDF, AZW ou autres. Pour

faciliter le choix du format, l’on peut se

demander lequel permet les meilleures

annotations ainsi que le partage et la

conservation de ces notes16

.

LES CATALOGUES EN BIBLIOTHèQUE

En plus de l’offre des libraires en ligne, les

catalogues disponibles en bibliothèque

comme Cairn et Érudit sont également des

sources privilégiées en sciences humaines.

Dans les deux cas, de nombreux articles

sont offerts dans leur intégralité. Renvoyer

à des articles numériques traitant de

monographies qui elles ne se trouvent pas

en format numérique, est une manière de

résoudre le problème soulevé précédemment.

Cairn.info17

publie et diffuse sur Internet

des revues de sciences humaines et sociales

issues de quatre maisons d’édition euro-

péennes (Belin18

, De Boeck19

, La Découverte20

et Erès21

). La plateforme Érudit22

est, quant

à elle,

« un consortium interuniversitaire (Université  

de Montréal, Université Laval, Université du  

Québec à Montréal) et un organisme sans but 

lucratif qui donne accès à plus de 80 revues 

savantes, 27 revues culturelles, une cinquan-

taine de livres et actes, 30 000 mémoires 

et thèses, et près de 3 000 documents et 

données provenant de centres de recherche 

subventionnés par le Fonds québécois de 

recherche sur la société et la culture23

(FQRSC) ». 

Source : erudit.org

Pour en savoir plus sur la gestion des

périodiques et monographies numériques

en bibliothèque, nous vous proposons

d’écouter une entrevue avec Marthe

Francœur24

, bibliothécaire au Collège de Bois-

de-Boulogne. À surveiller : pretnumerique.

ca25

! Assurément, un cartable numérique

pourrait fournir des accès aux catalogues des

bibliothèques de même qu’à des ressources

permettant l’autoformation à la recherche

documentaire, telles celles qui sont actuel-

lement produites dans le cadre du projet

Diapason26

.

GUIDER LES ÉTUDIANTS DANS L’UNIVERS NUMÉRIQUE

Cas concret. Dans la classe de Bill Celis, les

étudiants devaient produire avec un iPad28

des reportages multimédias diffusés sur le

Web dans un magazine numérique nommé

Watt Way29

. Accompagnée d’une caméra de

qualité, cette tablette pouvait remplacer les

outils traditionnels d’enquête sur le terrain,

et elle pouvait se substituer au papier et à la

pellicule grâce à Internet dans les nuages et

quelques applications30

.

Fait intéressant, l’enseignant présenta à ses

étudiants une marche à suivre très précise,

un workflow31

. « Était-ce trop contraignant ? »,

lui demanda-t-on lors de la présentation de

ce projet au Campus Technology 2011. « Bien

au contraire », a-t-il répondu. Les étudiants

avaient besoin de consignes précises,

selon lui.

APPRIVOISER LES TECHNOLOGIES

Grâce à la générosité de Jules Massé et

Aude Guiraud, enseignants à l’Institut de

tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ),

nous avons pu visiter une classe où les

activités pédagogiques étaient résolument

numériques : production d’articles pour une

publication numérique de format EPUB dans

un laboratoire informatique, le tout soutenu

par un blogue de cours. Comme le signalait

Jules Massé, cet enseignant de philosophie

également répondant TIC32

à l’ITHQ, les

étudiants, contrairement aux attentes, ne

maîtrisent pas d’emblée les technologies et

les différents logiciels qu’on leur propose,

qu’ils soient natifs du numérique ou non.

Par ailleurs, les étudiants ne sont pas toujours

au fait des dessous du Web. L’enseignant se

retrouve donc avec une double responsa-

bilité : celle d’initier les étudiants aux divers

outils et aussi, celle d’être garant d’une

utilisation responsable du numérique,

incidemment celle d’encadrer le dévelop-

pement de l’identité numérique de l’étudiant.

< 4 > Avril 2012 Nº 79

Figure 3 : Processus de travail (workflow)27

Vitrine Technologie-Éducation

Page 4: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

Avril 2012 Nº 79 < 5 >

Un projet comme InukTIC33

, en plus d’être un

outil d’autodiagnostic et d’autoformation,

présente aux étudiants et aux enseignants

une collection de ressources en lien avec le

profil TIC34

des étudiants, c’est-à-dire le profil

des habiletés que l’on souhaite voir se

développer chez les étudiants au cours de

leur cheminement scolaire postsecondaire.

« L’accès est gratuit et ouvert à tous, tout

internaute quel qu’il soit peut donc en

profiter35

. » Ajouté à cela, le projet Futurs

profs36

propose aussi des capsules d’auto-

formation qui pourraient prendre place au

cœur d’un cartable numérique en Sciences

humaines.

DES APPLICATIONS ET RESSOURCES UTILES

Le cartable numérique, comme il avait été

envisagé initialement dans le cadre du Labo

VTÉ, était celui de l’étudiant. Toutefois, lors

des rencontres Web, il est apparu qu’un

volet « enseignant » complémentaire ne

serait pas de refus. Il n’est pas rare de voir

un manuel scolaire accompagné d’un guide

pour le formateur. Cela dit, il nous semblait

que, parmi les divers outils de design

pédagogique, ceux permettant de définir

des cartes heuristiques37

étaient à la fois

pratiques pour l’enseignant et pour l’étudiant.

Ce sont des outils utiles non seulement

pour définir l’articulation des activités

d’apprentissage dans le cadre d’un cours,

mais aussi pour présenter des situations

d’apprentissage authentiques se rapprochant

de celles qui sont vécues sur le marché du

travail – par exemple, la publication d’articles

journalistiques sur le Web.

Dans un cartable numérique, aux outils de

schématisation s’ajoutent également ceux

qui permettent l’amélioration du français,

comme les ressources du Centre collégial

de développement de matériel didactique

(CCDMD)38

et le logiciel Antidote39

. À propos

de ce dernier, une version pour iPad est

nouvellement disponible : Antidote Ardoise40

.

CHOISIR : PORTABLES, TABLETTES OU BYOD ?

Cas concret. Dans le cas du projet pilote de

Bill Celis, l’équipement était carrément four-

ni aux étudiants, sans frais supplémentaires.

« Vivement les classes avec iPad! », ont clamé

les étudiants. « Mieux que le portable ? », s’est

demandé Bill Celis à la fin de sa présentation

au Campus Technology 2011.

Le iPad en lui-même représente un inves-

tissement important. Comme l’accès à

Internet était un élément crucial du projet,

chacun des iPad 1 Wi-Fi et 3G était muni d’un

forfait de données. Parmi les six applica-

tions retenues, peu étaient gratuites, bien

qu’abordables (jusqu’à 9,99 $ l’unité, pour un

total n’excédant pas 60 $).

PARTAGER OU

« UN APPAREIL POUR CHACUN » ?

Plusieurs étudiants ne sont pas en mesure

de se procurer un tel équipement et de payer

les frais afférents. Alors, comment agir dans

un contexte où chacun n’a pas le même

accès aux technologies ? Comment pallier

la fracture numérique ? Pour qu’un projet de

classe numérique puisse être viable, tous

les étudiants sont tenus d’avoir accès à

l’équipement requis, voire de le posséder.

Peut-on exiger l’achat, par exemple, d’une

tablette numérique à la rentrée scolaire et

d’un abonnement à un forfait de données ?

Que doit-on privilégier : un équipement fourni

par l’établissement ou la formule « apportez

votre appareil personnel » (BYOD ou Bring Your 

Own Device, en anglais) ?

Au Cégep de La Pocatière42

, une flotte de iPad

a été rendue disponible pour les étudiants

du programme Techniques de comptabilité

et de gestion (TCG), sous forme de prêt, afin

qu’ils aient accès à une gamme élargie de

ressources. Ainsi, en plus de leurs propres

appareils portables, ils accèdent aux

applications spécifiques43

au iPad. Le prêt de

tablette tactile serait-il une façon de pallier la

fracture numérique?

CRITèRES DE SÉLECTION

POUR LE CHOIX DE L’APPAREIL

Ordinateurs de table et portables peuvent

satisfaire les exigences d’un cartable numé-

rique composé de documents numérisés ou

d’origine numérique, en plus des logiciels

courants. Les liseuses, quant à elles (Kindle,

par exemple), ont un vocation unique : être

le support de livres numériques au sens strict

(en excluant les « livres-applications »). Les

tablettes tactiles peuvent-elles servir de

support électronique au cartable numérique ?

Figure 4 : La tablette tactile comme support au cartable41

Vitrine Technologie-Éducation Cégep@distance

Page 5: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

Alors que l’administration Obama encourage

l’utilisation de manuels scolaires numériques

sur tablette tactile , nous avons exploré

les expérimentations locales. Au Cégep de

Victoriaville45

, les responsables du program-

me Techniques d’éducation spécialisée ont

choisi de demander l’achat d’un iPad plutôt

que d’un portable pour leurs étudiants, en

fonction des critères suivants :

• la disponibilité d’applications pertinentes

pour ce domaine, et dont la qualité est

assurée par un certain mécanisme de

filtrage par l’entremise d’iTunes;

• l’autonomie de l’appareil, avec sa pile

longue durée;

• la portabilité, car les étudiants peuvent

utiliser leur tablette sur le terrain;

• le fait qu’il fonctionne en système fermé

le rend à la fois plus sécuritaire et moins

demandant pour le service de soutien

informatique.

Les stratégies pédagogiques adoptées font en

sorte que les étudiants peuvent utiliser leur

iPad en stage, sans abonnement à un forfait

de données.

Lors du labo, nous avons pu constater la

polyvalence de cette tablette, alors que Guy

Germain46

, conseiller pédagogique au Collège

de Bois-de-Boulogne, a permis à une collègue

de participer à la visite de la classe de Jules

et Aude, par l’intermédiaire de Skype et de la

caméra Web de son iPad2. Il a aussi usé d’un

stratagème similaire, cette fois avec le micro

de sa tablette, lors d’une rencontre Web avec

un invité que nous n’arrivions pas à entendre

autrement à cause de problèmes techniques.

L’ÉVALUATION SANS PAPIERNI CRAYON

Cas concret. Une classe « sans papier » impli-

que nécessairement une évaluation « sans

papier ». Comment évaluer sans papier ni

crayon, tant sur le plan formatif que som-

matif ? L’évaluation sans papier ouvre-t-elle

la porte au plagiat électronique ?

Selon le témoignage de Bill Celis, cet ensei-

gnant en journalisme dont l’expérience a

inspiré ce laboratoire, le papier et le crayon

deviennent superflus avec un logiciel comme

iAnnotate48

, qui permet d’annoter les docu-

ments numériques avec un clavier ou un

stylet, en plus d’offrir un surligneur et autres

fonctions connexes.

ÉVALUER POUR L’APPRENTISSAGE

Lorsqu’il est question d’examens assistés

par ordinateur, d’évaluation en ligne

ou à distance plane l’ombre du plagiat

électronique. Comment s’assurer que les

personnes qui répondent sont bien celles

qu’elles prétendent être ? Car sur Internet, on

le sait, nobody knows you’re a dog49

. La question

de l’identification et de l’authentification

demeure cruciale. Incidemment, les

examens en présence sont encore ceux qui

sont privilégiés dans les salles de classes

numériques.

Dans son billet « Outils d’évaluation en

ligne : objectif connaissances50

», François

Guité évoque le fait que la création de

questionnaires en ligne pourrait servir

davantage l’apprentissage des étudiants

que le simple fait d’y répondre. Cette piste

apparaît intéressante. Néanmoins, sans que

les étudiants contribuent à leur élaboration,

ces questionnaires demeurent d’une grande

utilité dans un contexte d’évaluation

formative et diagnostique51

. Pour contrer

le plagiat dans l’univers numérique, les

stratégies évaluant tant la démarche que les

résultats sont susceptibles d’être efficaces. En

plus des questionnaires, il y a plusieurs façons

d’évaluer sans papier.

Le rapport du Réseau d’enseignement

francophone à distance du Canada (REFAD)

intitulé Les pratiques et défis de l’évaluation en 

ligne52

, est éloquent à ce sujet. Le deuxième

chapitre de ce rapport, Des pratiques et modèles 

d’évaluation, explore diverses façons d’évaluer

à distance : les questionnaires automatisés,

les simulations, les forums et autres échanges

en ligne, les cyberportfolios et autres activités

sur le Web. Le numérique peut aussi mieux

soutenir l’évaluation53

par l’amélioration

de la rétroaction, le suivi des traces ainsi

que l’analyse et la correction de textes. C’est

ici que s’inscrit un outil comme iAnnotate,

utilisé par l’enseignant Bill Celis. Jules Massé

a quant à lui concocté sa propre base de

données avec le logiciel FileMaker54

afin

d’offrir une rétroaction enrichie, de simplifier

la correction (particulièrement pour les

travaux d’équipe avec résultats individuels)

et d’automatiser la gestion des notes et la

transmission des résultats par courriel.

Il est à noter également qu’il existe des

logiciels de détection de plagiat, comme

Compilatio55

. Ce dernier permet de comparer

les documents des étudiants avec les

< 6 > Avril 2012 Nº 79

Vitrine Technologie-Éducation

Figure 5 : Lorsque vient le temps de l’évaluation47

Page 6: La cLasse numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines4, une classe « sans papier », en composant

Avril 2012 Nº 79 < 7 >

Vitrine Technologie-Éducation Cégep@distance

productions sur le Web, mais aussi avec les

travaux des autres étudiants se trouvant dans

une base de données commune. Comme en

témoigne Jean-Marie Tremblay, le fait d’exiger

des étudiants l’utilisation de textes bien

connus de l’enseignant et disponibles à tous

sur le Web (par exemple, Les classiques…) rend

le plagiat plus ardu. Le partage des données

favoriserait alors une certaine transparence.

Dans cette perspective, un cartable numé-

rique pourrait être complété de quelques

outils de sensibilisation au plagiat. Aussi,

considérant la variété des modèles d’évalu-

ation, nous pouvons minimalement nommer

les navigateurs Web et les boîtes de courriel

comme des incontournables pour le cartable.

ÉVALUATION ET ENVIRONNEMENT

NUMÉRIQUE D’APPRENTISSAGE (ENA)

Les environnements numériques d’appren-

tissage (ENA) comme Moodle56

, lequel est

utilisé dans la plupart des établissements

d’enseignement supérieur, sont-ils des

incontournables lorsque vient le temps

d’évaluer les apprentissages, de pondérer et

de compiler les notes? Selon Nicholas Walker,

enseignant de langue au Collège Ahuntsic, « la

rétroaction que l’on peut offrir dans l’écriture

de textes en anglais serait plus efficace, plus

rapide et plus simple avec Moodle qu’avec les

méthodes jusque-là employées (correction

manuscrite – explicite ou codée, ou usage du

correcteur de MS Word)57

».

Les Éditions du renouveau pédagogique Inc.

(ERPI) offrent avec certains de leurs manuels

scolaires numériques, tel À vos marques, 

prêts, santé!58

, la possibilité d’utiliser des

questionnaires en ligne sur Moodle pour

évaluer les apprentissages. Il est pratique

pour les cours d’éducation physique59

, par

exemple, de ne pas avoir de papier sous la

main… surtout pour les cours de natation!

D’ailleurs, la Société de gestion de la BTLF

(Banque de titres de langue française)60

, avec

l’aide de Gaspard, son système d’information

sur les ventes de livres, nous a permis de

déterminer le grand vendeur de janvier 2012

en matière de livres numériques en sciences

sociales : L’univers de la psychologie61

(ERPI)

arrivait bon premier. En fait, ce manuel était

le seul dans la course pour ce domaine et

cette période.

Il semble donc que le cartable numérique

doive aussi permettre l’accès aux environ-

nements numériques d’apprentissage (ENA)

des établissements d’enseignement.

SANS PAPIER, DU PLAN DE COURS À L’ÉVALUATIONEn conclusion, une classe de Sciences

humaines peut-elle être à 100 % numérique,

sans papier, du plan de cours jusqu’à

l’évaluation en passant par les activités

d’apprentissage ? Est-ce possible ? Est-ce

souhaitable ? De l’avis de M. Massé, il semble

que oui! L’enseignant de philosophie peut

constituer une telle classe. Mais les étudiants

imprimeront-ils moins ? Au Collège de

Rosemont, une initiative a été lancée pour

inciter les étudiants à réduire l’impression

des documents fournis par l’enseignant :

l’utilisation du feuilleteur numérique

(voir encadré). Un geste « vert » à la fois… vers

un cégep sans papier!

Voilà quelques-unes des conclusions tirées au

cours de ce labo. Bien que chacun des thèmes

abordés puisse faire l’objet de chapitres

entiers, il nous semble que se dessine ici le

portrait d’un cartable numérique, sur tablette

tactile ou non. Dans le cadre de ce premier

labo, la VTÉ se concentrait sur la classe

numérique en Sciences humaines. Les besoins

seraient-ils les mêmes pour les Sciences de la

nature ou dans d’autres domaines ?

Lorsque nous explorons cette question dans

d’autres champs disciplinaires, comme les

mathématiques, les enjeux sont différents.

Dans ce cas précis s’ajoute la contrainte des

formules mathématiques avec caractères

spéciaux et des arrangements visuels de

symboles mathématiques qui ne sont pas

linéaires. D’autres défis! De l’avis de Samuel

Bernard62

, enseignant de mathématiques, il

demeure plus aisé de corriger sur papier avec

un crayon malgré toutes les stratégies que

lui-même préconise, tout à fait dans l’air du

temps, c’est-à-dire à l’ère du Web!

«»

En plus de l’offre des libraires en ligne, les catalogues disponibles en bibliothèque comme Cairn et Érudit sont également des sources privilégiées en sciences humaines.

«

»

(…) Compilatio […] permet de comparer les documents des étudiants avec les productions sur le Web, mais aussi avec les travaux des autres étudiants se trouvant dans une base de données commune.