la classe numérique en sciences humaines vers une classe ... · alors de relever le défi de la...
TRANSCRIPT
BULLETIN COLLÉGIAL DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
SOMMAIRE
clic.ntic.org < >
La cLasse numériqueen sciences humaines... vers une classe sans papier ?
À l’automne 2011, la Vitrine technologie-
éducation (VTÉ) a lancé, à titre expérimental, un
premier projet de recherche-action dans le cadre
de son nouveau Labo VTÉ. La Vitrine proposait
alors de relever le défi de la classe numérique en
Sciences humaines4, une classe « sans papier »,
en composant collectivement un cartable
numérique. Les participants – membres du
comité de pilotage – étaient alors conviés à
des rencontres Web régulières qui permettaient
de définir les composantes d’un tel cartable.
Dans les paragraphes qui suivent, nous vous
proposons d’explorer avec nous les pistes
empruntées lors de ce premier laboratoire en
définissant d’abord le cadre d’un Labo VTÉ,
puis en abordant les quatre thèmes qui ont été
l’objet de discussions et d’échanges entre les
participants :
1. Le passage du papier au numérique
2. Guider les étudiants dans l’univers numérique
3. Choisir : portables, tablettes ou BYOD ?
4. L’évaluation sans papier et ni crayon
(suite à la page 3)
Par Andrée Beaudin-Lecours, conseillère pédagogique, Vitrine technologie-éducation
Le Centre d’appui virtuel à l’apprentissage pancanadien des établissements d’enseignement collégial francophones
Une habileté du Profil TIC des étudiants du collégial recherchée par les professionnels du tourisme
La genèse du nouveau site Internet du CCDMD
Une manière originale de s’instruire en enseignant
Les applications pédagogiques de Twitter
Les conclusions du projet Osmose – environnement social d’apprentissage
Une intégration pédagogique d’Antidote : pourquoi les étudiants en auraient-ils besoin ?
9
11
13
Avril 2012 Nº 79
Nos sincères remerciements aux membres du comité de pilotage
1
et à nos invités spéciaux2
Fig
ure
1 :
La c
lass
e n
um
ériq
ue.
.. v
ers
un
e cl
ass
e sa
ns
pa
pie
r3 ?
16
18
24
26
(suite de la page 1)
DES PROJETS DE RECHERCHE-ACTION AU LABO VTÉLa mise sur pied d’un laboratoire de
recherche-action, axé sur l’observation
(recherche) et la mise en œuvre (action)
de projets concrets sur le terrain, s’inscrit
parmi les activités de veille technologique
de la VTÉ en plus de la collecte et de l’analyse
d’informations scientifiques, techniques et
technologiques.
Désireuse de soutenir l’innovation péda-
gogique favorisant une utilisation respon-
sable du numérique, la VTÉ souhaite contri-
buer à une recherche qui soit instigatrice de
changements, inspirée par les principes de la
recherche-action où les chercheurs s’allient
aux praticiens. La méthode de recherche-
action a un double objectif : « […] transformer
la réalité et produire les connaissances rela-
tives à ces transformations […] » Source :
Hugon et Seibel, 1988, dans Wikipedia5
Cet espace d’exploration et d’expérimentation
est nommé Labo VTÉ. Sur le nouveau site de
la Vitrine technologie-éducation6, le labora-
toire occupe une zone privilégiée à la page
d’accueil. Il se présente comme le journal de
bord, le portfolio des expérimentateurs. La
participation active et volontaire des per-
sonnes est préconisée.
La Vitrine technologie-éducation assure
quant à elle l’animation et propose des activi-
tés permettant de réaliser les projets retenus.
Dans le cadre du premier labo, l’accent a été
mis sur le partage d’expériences à l’occasion
de rencontres Web. Lors des prochains labos
s’ajouteront d’autres outils collaboratifs,
comme ceux de la suite Google, des blogues
ou des wikis. Chacun des laboratoires s’inscrit
dans une durée de six à huit semaines et
débute à tous les semestres.
LE PASSAGE DU PAPIERAU NUMÉRIQUEAu cours du laboratoire sur la classe numéri-
que en Sciences humaines, nous avons suivi
le récit de Bill Celis8, un associé à l’école de
communication et de journalisme Annenberg
de la University of Southern California (USC),
qui, en collaboration avec le service des tech-
nologies Web de son institution, a tenté à
l’automne 2010 l’expérience d’une classe « sans
papier9 » pour l’enseignant et les apprentis
journalistes. Son expérience nous a servi de
cas concret pour orienter les travaux du labo.
Cas concret. Pour Bill Celis, demander à
ses étudiants de produire leurs travaux sous
une forme numérique présentait son lot de
défis. Toutefois, ces défis n’étaient pas les
moindres pour cet enseignant qui souhaitait
rendre disponibles en version numérique
l’ensemble des documents requis pour
son cours.
Ce fut un pas particulièrement difficile à
franchir, car certains ouvrages signifiants
pour lui, comme There Are No Children Here :
The Story of Two Boys Growing Up in The Other
America, d’Alex Kotlowitz, n’étaient tout
simplement pas disponibles sous cette
forme! Comment enseigner sans ce livre ?
LES DOCUMENTS LIBRES ET GRATUITS
En explorant l’offre en matière de manuels
et de livres numériques, il nous est apparu
que parmi les sources les plus convoitées se
trouvaient les documents libres et gratuits10
,
dont l’accès est facilité par des moteurs de
recherche comme Google Livres11
. L’initiative
de Jean-Marie Tremblay, fondateur du site Les
classiques des sciences sociales12
, semble une voie
d’avenir en matière de classe numérique. Le
site de cet enseignant de sociologie présente
l’ensemble des contenus utilisés pendant
ses cours13
. Ces ressources éducatives en
libre accès rappellent l’initiative du MIT
OpenCourseWare14
.
Fait intéressant dans ce dernier cas, l’accès
aux documents numériques payants offerts
par Amazon se fait directement à partir des
bibliographies et plans de cours se trouvant
sur le site et il s’accompagne d’une réduction
à l’achat (jusqu’à 10 %15
). Pourrait-on envisa-
ger de regrouper les plans de cours des éta-
blissements d’enseignement collégial dans
un espace numérique commun, accessible
au grand public?
Mot du coordonnateur Vitrine Technologie-Éducation
Avril 2012 Nº 79 < 3 >
Figure 2 : Le passage du papier au numérique7
Cégep@distanceCégep@distance
Un cartable numérique pourrait précisément
contenir une variété de documents libres et
gratuits, téléchargés du Web, qu’ils soient
de format EPUB, PDF, AZW ou autres. Pour
faciliter le choix du format, l’on peut se
demander lequel permet les meilleures
annotations ainsi que le partage et la
conservation de ces notes16
.
LES CATALOGUES EN BIBLIOTHèQUE
En plus de l’offre des libraires en ligne, les
catalogues disponibles en bibliothèque
comme Cairn et Érudit sont également des
sources privilégiées en sciences humaines.
Dans les deux cas, de nombreux articles
sont offerts dans leur intégralité. Renvoyer
à des articles numériques traitant de
monographies qui elles ne se trouvent pas
en format numérique, est une manière de
résoudre le problème soulevé précédemment.
Cairn.info17
publie et diffuse sur Internet
des revues de sciences humaines et sociales
issues de quatre maisons d’édition euro-
péennes (Belin18
, De Boeck19
, La Découverte20
et Erès21
). La plateforme Érudit22
est, quant
à elle,
« un consortium interuniversitaire (Université
de Montréal, Université Laval, Université du
Québec à Montréal) et un organisme sans but
lucratif qui donne accès à plus de 80 revues
savantes, 27 revues culturelles, une cinquan-
taine de livres et actes, 30 000 mémoires
et thèses, et près de 3 000 documents et
données provenant de centres de recherche
subventionnés par le Fonds québécois de
recherche sur la société et la culture23
(FQRSC) ».
Source : erudit.org
Pour en savoir plus sur la gestion des
périodiques et monographies numériques
en bibliothèque, nous vous proposons
d’écouter une entrevue avec Marthe
Francœur24
, bibliothécaire au Collège de Bois-
de-Boulogne. À surveiller : pretnumerique.
ca25
! Assurément, un cartable numérique
pourrait fournir des accès aux catalogues des
bibliothèques de même qu’à des ressources
permettant l’autoformation à la recherche
documentaire, telles celles qui sont actuel-
lement produites dans le cadre du projet
Diapason26
.
GUIDER LES ÉTUDIANTS DANS L’UNIVERS NUMÉRIQUE
Cas concret. Dans la classe de Bill Celis, les
étudiants devaient produire avec un iPad28
des reportages multimédias diffusés sur le
Web dans un magazine numérique nommé
Watt Way29
. Accompagnée d’une caméra de
qualité, cette tablette pouvait remplacer les
outils traditionnels d’enquête sur le terrain,
et elle pouvait se substituer au papier et à la
pellicule grâce à Internet dans les nuages et
quelques applications30
.
Fait intéressant, l’enseignant présenta à ses
étudiants une marche à suivre très précise,
un workflow31
. « Était-ce trop contraignant ? »,
lui demanda-t-on lors de la présentation de
ce projet au Campus Technology 2011. « Bien
au contraire », a-t-il répondu. Les étudiants
avaient besoin de consignes précises,
selon lui.
APPRIVOISER LES TECHNOLOGIES
Grâce à la générosité de Jules Massé et
Aude Guiraud, enseignants à l’Institut de
tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ),
nous avons pu visiter une classe où les
activités pédagogiques étaient résolument
numériques : production d’articles pour une
publication numérique de format EPUB dans
un laboratoire informatique, le tout soutenu
par un blogue de cours. Comme le signalait
Jules Massé, cet enseignant de philosophie
également répondant TIC32
à l’ITHQ, les
étudiants, contrairement aux attentes, ne
maîtrisent pas d’emblée les technologies et
les différents logiciels qu’on leur propose,
qu’ils soient natifs du numérique ou non.
Par ailleurs, les étudiants ne sont pas toujours
au fait des dessous du Web. L’enseignant se
retrouve donc avec une double responsa-
bilité : celle d’initier les étudiants aux divers
outils et aussi, celle d’être garant d’une
utilisation responsable du numérique,
incidemment celle d’encadrer le dévelop-
pement de l’identité numérique de l’étudiant.
< 4 > Avril 2012 Nº 79
Figure 3 : Processus de travail (workflow)27
Vitrine Technologie-Éducation
Avril 2012 Nº 79 < 5 >
Un projet comme InukTIC33
, en plus d’être un
outil d’autodiagnostic et d’autoformation,
présente aux étudiants et aux enseignants
une collection de ressources en lien avec le
profil TIC34
des étudiants, c’est-à-dire le profil
des habiletés que l’on souhaite voir se
développer chez les étudiants au cours de
leur cheminement scolaire postsecondaire.
« L’accès est gratuit et ouvert à tous, tout
internaute quel qu’il soit peut donc en
profiter35
. » Ajouté à cela, le projet Futurs
profs36
propose aussi des capsules d’auto-
formation qui pourraient prendre place au
cœur d’un cartable numérique en Sciences
humaines.
DES APPLICATIONS ET RESSOURCES UTILES
Le cartable numérique, comme il avait été
envisagé initialement dans le cadre du Labo
VTÉ, était celui de l’étudiant. Toutefois, lors
des rencontres Web, il est apparu qu’un
volet « enseignant » complémentaire ne
serait pas de refus. Il n’est pas rare de voir
un manuel scolaire accompagné d’un guide
pour le formateur. Cela dit, il nous semblait
que, parmi les divers outils de design
pédagogique, ceux permettant de définir
des cartes heuristiques37
étaient à la fois
pratiques pour l’enseignant et pour l’étudiant.
Ce sont des outils utiles non seulement
pour définir l’articulation des activités
d’apprentissage dans le cadre d’un cours,
mais aussi pour présenter des situations
d’apprentissage authentiques se rapprochant
de celles qui sont vécues sur le marché du
travail – par exemple, la publication d’articles
journalistiques sur le Web.
Dans un cartable numérique, aux outils de
schématisation s’ajoutent également ceux
qui permettent l’amélioration du français,
comme les ressources du Centre collégial
de développement de matériel didactique
(CCDMD)38
et le logiciel Antidote39
. À propos
de ce dernier, une version pour iPad est
nouvellement disponible : Antidote Ardoise40
.
CHOISIR : PORTABLES, TABLETTES OU BYOD ?
Cas concret. Dans le cas du projet pilote de
Bill Celis, l’équipement était carrément four-
ni aux étudiants, sans frais supplémentaires.
« Vivement les classes avec iPad! », ont clamé
les étudiants. « Mieux que le portable ? », s’est
demandé Bill Celis à la fin de sa présentation
au Campus Technology 2011.
Le iPad en lui-même représente un inves-
tissement important. Comme l’accès à
Internet était un élément crucial du projet,
chacun des iPad 1 Wi-Fi et 3G était muni d’un
forfait de données. Parmi les six applica-
tions retenues, peu étaient gratuites, bien
qu’abordables (jusqu’à 9,99 $ l’unité, pour un
total n’excédant pas 60 $).
PARTAGER OU
« UN APPAREIL POUR CHACUN » ?
Plusieurs étudiants ne sont pas en mesure
de se procurer un tel équipement et de payer
les frais afférents. Alors, comment agir dans
un contexte où chacun n’a pas le même
accès aux technologies ? Comment pallier
la fracture numérique ? Pour qu’un projet de
classe numérique puisse être viable, tous
les étudiants sont tenus d’avoir accès à
l’équipement requis, voire de le posséder.
Peut-on exiger l’achat, par exemple, d’une
tablette numérique à la rentrée scolaire et
d’un abonnement à un forfait de données ?
Que doit-on privilégier : un équipement fourni
par l’établissement ou la formule « apportez
votre appareil personnel » (BYOD ou Bring Your
Own Device, en anglais) ?
Au Cégep de La Pocatière42
, une flotte de iPad
a été rendue disponible pour les étudiants
du programme Techniques de comptabilité
et de gestion (TCG), sous forme de prêt, afin
qu’ils aient accès à une gamme élargie de
ressources. Ainsi, en plus de leurs propres
appareils portables, ils accèdent aux
applications spécifiques43
au iPad. Le prêt de
tablette tactile serait-il une façon de pallier la
fracture numérique?
CRITèRES DE SÉLECTION
POUR LE CHOIX DE L’APPAREIL
Ordinateurs de table et portables peuvent
satisfaire les exigences d’un cartable numé-
rique composé de documents numérisés ou
d’origine numérique, en plus des logiciels
courants. Les liseuses, quant à elles (Kindle,
par exemple), ont un vocation unique : être
le support de livres numériques au sens strict
(en excluant les « livres-applications »). Les
tablettes tactiles peuvent-elles servir de
support électronique au cartable numérique ?
Figure 4 : La tablette tactile comme support au cartable41
Vitrine Technologie-Éducation Cégep@distance
Alors que l’administration Obama encourage
l’utilisation de manuels scolaires numériques
sur tablette tactile , nous avons exploré
les expérimentations locales. Au Cégep de
Victoriaville45
, les responsables du program-
me Techniques d’éducation spécialisée ont
choisi de demander l’achat d’un iPad plutôt
que d’un portable pour leurs étudiants, en
fonction des critères suivants :
• la disponibilité d’applications pertinentes
pour ce domaine, et dont la qualité est
assurée par un certain mécanisme de
filtrage par l’entremise d’iTunes;
• l’autonomie de l’appareil, avec sa pile
longue durée;
• la portabilité, car les étudiants peuvent
utiliser leur tablette sur le terrain;
• le fait qu’il fonctionne en système fermé
le rend à la fois plus sécuritaire et moins
demandant pour le service de soutien
informatique.
Les stratégies pédagogiques adoptées font en
sorte que les étudiants peuvent utiliser leur
iPad en stage, sans abonnement à un forfait
de données.
Lors du labo, nous avons pu constater la
polyvalence de cette tablette, alors que Guy
Germain46
, conseiller pédagogique au Collège
de Bois-de-Boulogne, a permis à une collègue
de participer à la visite de la classe de Jules
et Aude, par l’intermédiaire de Skype et de la
caméra Web de son iPad2. Il a aussi usé d’un
stratagème similaire, cette fois avec le micro
de sa tablette, lors d’une rencontre Web avec
un invité que nous n’arrivions pas à entendre
autrement à cause de problèmes techniques.
L’ÉVALUATION SANS PAPIERNI CRAYON
Cas concret. Une classe « sans papier » impli-
que nécessairement une évaluation « sans
papier ». Comment évaluer sans papier ni
crayon, tant sur le plan formatif que som-
matif ? L’évaluation sans papier ouvre-t-elle
la porte au plagiat électronique ?
Selon le témoignage de Bill Celis, cet ensei-
gnant en journalisme dont l’expérience a
inspiré ce laboratoire, le papier et le crayon
deviennent superflus avec un logiciel comme
iAnnotate48
, qui permet d’annoter les docu-
ments numériques avec un clavier ou un
stylet, en plus d’offrir un surligneur et autres
fonctions connexes.
ÉVALUER POUR L’APPRENTISSAGE
Lorsqu’il est question d’examens assistés
par ordinateur, d’évaluation en ligne
ou à distance plane l’ombre du plagiat
électronique. Comment s’assurer que les
personnes qui répondent sont bien celles
qu’elles prétendent être ? Car sur Internet, on
le sait, nobody knows you’re a dog49
. La question
de l’identification et de l’authentification
demeure cruciale. Incidemment, les
examens en présence sont encore ceux qui
sont privilégiés dans les salles de classes
numériques.
Dans son billet « Outils d’évaluation en
ligne : objectif connaissances50
», François
Guité évoque le fait que la création de
questionnaires en ligne pourrait servir
davantage l’apprentissage des étudiants
que le simple fait d’y répondre. Cette piste
apparaît intéressante. Néanmoins, sans que
les étudiants contribuent à leur élaboration,
ces questionnaires demeurent d’une grande
utilité dans un contexte d’évaluation
formative et diagnostique51
. Pour contrer
le plagiat dans l’univers numérique, les
stratégies évaluant tant la démarche que les
résultats sont susceptibles d’être efficaces. En
plus des questionnaires, il y a plusieurs façons
d’évaluer sans papier.
Le rapport du Réseau d’enseignement
francophone à distance du Canada (REFAD)
intitulé Les pratiques et défis de l’évaluation en
ligne52
, est éloquent à ce sujet. Le deuxième
chapitre de ce rapport, Des pratiques et modèles
d’évaluation, explore diverses façons d’évaluer
à distance : les questionnaires automatisés,
les simulations, les forums et autres échanges
en ligne, les cyberportfolios et autres activités
sur le Web. Le numérique peut aussi mieux
soutenir l’évaluation53
par l’amélioration
de la rétroaction, le suivi des traces ainsi
que l’analyse et la correction de textes. C’est
ici que s’inscrit un outil comme iAnnotate,
utilisé par l’enseignant Bill Celis. Jules Massé
a quant à lui concocté sa propre base de
données avec le logiciel FileMaker54
afin
d’offrir une rétroaction enrichie, de simplifier
la correction (particulièrement pour les
travaux d’équipe avec résultats individuels)
et d’automatiser la gestion des notes et la
transmission des résultats par courriel.
Il est à noter également qu’il existe des
logiciels de détection de plagiat, comme
Compilatio55
. Ce dernier permet de comparer
les documents des étudiants avec les
< 6 > Avril 2012 Nº 79
Vitrine Technologie-Éducation
Figure 5 : Lorsque vient le temps de l’évaluation47
Avril 2012 Nº 79 < 7 >
Vitrine Technologie-Éducation Cégep@distance
productions sur le Web, mais aussi avec les
travaux des autres étudiants se trouvant dans
une base de données commune. Comme en
témoigne Jean-Marie Tremblay, le fait d’exiger
des étudiants l’utilisation de textes bien
connus de l’enseignant et disponibles à tous
sur le Web (par exemple, Les classiques…) rend
le plagiat plus ardu. Le partage des données
favoriserait alors une certaine transparence.
Dans cette perspective, un cartable numé-
rique pourrait être complété de quelques
outils de sensibilisation au plagiat. Aussi,
considérant la variété des modèles d’évalu-
ation, nous pouvons minimalement nommer
les navigateurs Web et les boîtes de courriel
comme des incontournables pour le cartable.
ÉVALUATION ET ENVIRONNEMENT
NUMÉRIQUE D’APPRENTISSAGE (ENA)
Les environnements numériques d’appren-
tissage (ENA) comme Moodle56
, lequel est
utilisé dans la plupart des établissements
d’enseignement supérieur, sont-ils des
incontournables lorsque vient le temps
d’évaluer les apprentissages, de pondérer et
de compiler les notes? Selon Nicholas Walker,
enseignant de langue au Collège Ahuntsic, « la
rétroaction que l’on peut offrir dans l’écriture
de textes en anglais serait plus efficace, plus
rapide et plus simple avec Moodle qu’avec les
méthodes jusque-là employées (correction
manuscrite – explicite ou codée, ou usage du
correcteur de MS Word)57
».
Les Éditions du renouveau pédagogique Inc.
(ERPI) offrent avec certains de leurs manuels
scolaires numériques, tel À vos marques,
prêts, santé!58
, la possibilité d’utiliser des
questionnaires en ligne sur Moodle pour
évaluer les apprentissages. Il est pratique
pour les cours d’éducation physique59
, par
exemple, de ne pas avoir de papier sous la
main… surtout pour les cours de natation!
D’ailleurs, la Société de gestion de la BTLF
(Banque de titres de langue française)60
, avec
l’aide de Gaspard, son système d’information
sur les ventes de livres, nous a permis de
déterminer le grand vendeur de janvier 2012
en matière de livres numériques en sciences
sociales : L’univers de la psychologie61
(ERPI)
arrivait bon premier. En fait, ce manuel était
le seul dans la course pour ce domaine et
cette période.
Il semble donc que le cartable numérique
doive aussi permettre l’accès aux environ-
nements numériques d’apprentissage (ENA)
des établissements d’enseignement.
SANS PAPIER, DU PLAN DE COURS À L’ÉVALUATIONEn conclusion, une classe de Sciences
humaines peut-elle être à 100 % numérique,
sans papier, du plan de cours jusqu’à
l’évaluation en passant par les activités
d’apprentissage ? Est-ce possible ? Est-ce
souhaitable ? De l’avis de M. Massé, il semble
que oui! L’enseignant de philosophie peut
constituer une telle classe. Mais les étudiants
imprimeront-ils moins ? Au Collège de
Rosemont, une initiative a été lancée pour
inciter les étudiants à réduire l’impression
des documents fournis par l’enseignant :
l’utilisation du feuilleteur numérique
(voir encadré). Un geste « vert » à la fois… vers
un cégep sans papier!
Voilà quelques-unes des conclusions tirées au
cours de ce labo. Bien que chacun des thèmes
abordés puisse faire l’objet de chapitres
entiers, il nous semble que se dessine ici le
portrait d’un cartable numérique, sur tablette
tactile ou non. Dans le cadre de ce premier
labo, la VTÉ se concentrait sur la classe
numérique en Sciences humaines. Les besoins
seraient-ils les mêmes pour les Sciences de la
nature ou dans d’autres domaines ?
Lorsque nous explorons cette question dans
d’autres champs disciplinaires, comme les
mathématiques, les enjeux sont différents.
Dans ce cas précis s’ajoute la contrainte des
formules mathématiques avec caractères
spéciaux et des arrangements visuels de
symboles mathématiques qui ne sont pas
linéaires. D’autres défis! De l’avis de Samuel
Bernard62
, enseignant de mathématiques, il
demeure plus aisé de corriger sur papier avec
un crayon malgré toutes les stratégies que
lui-même préconise, tout à fait dans l’air du
temps, c’est-à-dire à l’ère du Web!
«»
En plus de l’offre des libraires en ligne, les catalogues disponibles en bibliothèque comme Cairn et Érudit sont également des sources privilégiées en sciences humaines.
«
»
(…) Compilatio […] permet de comparer les documents des étudiants avec les productions sur le Web, mais aussi avec les travaux des autres étudiants se trouvant dans une base de données commune.