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  La mine Canadian Malartic, partie sud de la Ceinture de l'Abitibi, Québec, Canada : découverte et mise en valeur d'un gisement aurifère archéen à fort tonnage Robert Wares, D.Sc., géo., géologue en chef, Corporation minière Osisko et Sylvie Prud’homme, B.Sc., géo., directrice des Relations aux investisseurs, Corporation minière Osisko Corporation minière Osisko, 1100 av. des Canadiens, bureau 300, Montréal, Québec, Canada H3B 2S2 Personneressource : Robert Wares, Corporation minière Osisko ([email protected])  Résumé La mine Canadian Malartic de Corporation minière Osisko est située immédiatement au sud de la prolifique Zone de faille de CadillacLarder Lake dans la partie sud de la Ceinture de roches vertes archéenne de l'Abitibi  plus d'une centaine de millions d'onces d'or ont été produites depuis les années 1920. Le projet Canadian Malartic a démarré en octobre 2004 avec l'acquisition, auprès du fiduciaire liquidateur de Mines McWatters, du bloc de claims initial couvrant le site minier de l'ancienne Canadian Malartic, une mine d'or souterraine qui a produit environ un million d'onces d'or de 1935 à 1965. À l'époque, la plupart des sociétés minières considéraient le site comme un camp minier entièrement vidé de son potentiel qui nécessitait des travaux de restauration environnementale, ni plus ni moins,. En 2004, Exploration Osisko ltée était une société d'exploration junior ne comptant que trois employés à temps plein et dont la capitalisation boursière ne dépassait pas les 5 millions de dollars. Le succès de l'entreprise repose d'abord et avant tout sur sa stratégie innovatrice : découvrir et délimiter un gisement aurifère à fort tonnage et faible teneur exploitable par fosse à ciel ouvert, en appliquant un modèle géologique inhabituel pour la région de l'Abitibi, soit celui d'un gisement d'or porphyrique archéen. Dès le début de l'année 2004, Osisko a concentré ses efforts sur la partie québécoise de la Province archéenne du Supérieur. Une compilation ciblée des données publiques, pour la plupart tirées de la base de données géoscientifiques du gouvernement du Québec disponible en ligne (SIGEOM), a été réalisée pour rechercher des secteurs présentant les caractéristiques de systèmes porphyriques aurifères. Ces recherches ont fait ressortir le site de l'ancienne mine Canadian Malartic comme une cible hautement prioritaire. De plus, l'acquisition du bloc de claims initial a permis d'obtenir une importante base de données non publiées en format papier, documentant les opérations minières historiques à Canadian Malartic ainsi que des programmes d'exploration plus récents effectués sur la propriété, en particulier dans les années 1980 alors que Minéraux Lac ltée avait tenté de définir un petit inventaire de ressources à faible profondeur exploitables par fosse à ciel ouvert. La numérisation, la compilation et l'analyse de cette vaste base de données au cours des quatre mois suivants, incluant notamment les journaux de plus de 4 500 forages de surface et souterrains, ont permis à Osisko de préciser son modèle géologique pour la propriété et de confirmer le potentiel pour un gisement à fort tonnage. La décision d'aller de l'avant avec ce projet était difficile à prendre, puisque même si les phases d'exploration et de définition des ressources s'avéraient un succès, la construction et 

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La mine Canadian Malartic, partie sud de la Ceinture de l'Abitibi, Québec, Canada : découverte et mise en valeur d'un gisement aurifère archéen à fort tonnage 

Robert Wares, D.Sc., géo., géologue en chef, Corporation minière Osisko et Sylvie Prud’homme, B.Sc., géo., directrice des Relations aux investisseurs, Corporation minière Osisko 

Corporation minière Osisko,  1100  av.  des  Canadiens,  bureau 300, Montréal, Québec,  Canada H3B 2S2 

Personne‐ressource : Robert Wares, Corporation minière Osisko ([email protected]

 

Résumé 

La mine Canadian Malartic de Corporation minière Osisko est située immédiatement au sud de la prolifique Zone de  faille de Cadillac‐Larder Lake dans  la partie sud de  la Ceinture de roches vertes archéenne de  l'Abitibi où plus d'une centaine de millions d'onces d'or ont été produites depuis  les  années 1920.  Le  projet  Canadian  Malartic  a  démarré  en  octobre  2004  avec l'acquisition,  auprès  du  fiduciaire  liquidateur  de Mines McWatters,  du  bloc  de  claims  initial couvrant le site minier de l'ancienne Canadian Malartic, une mine d'or souterraine qui a produit environ un million d'onces d'or de 1935  à 1965. À  l'époque,  la plupart des  sociétés minières considéraient  le site comme un camp minier entièrement vidé de son potentiel qui nécessitait des travaux de restauration environnementale, ni plus ni moins,. 

En 2004, Exploration Osisko  ltée était une  société d'exploration  junior ne  comptant que  trois employés  à  temps plein  et dont  la  capitalisation boursière ne dépassait pas  les 5 millions de dollars.  Le  succès  de  l'entreprise  repose  d'abord  et  avant  tout  sur  sa  stratégie  innovatrice : découvrir et délimiter un gisement aurifère à fort tonnage et faible teneur exploitable par fosse à  ciel ouvert,  en  appliquant un modèle  géologique  inhabituel pour  la  région de  l'Abitibi,  soit celui d'un gisement d'or porphyrique archéen. Dès le début de l'année 2004, Osisko a concentré ses  efforts  sur  la partie québécoise de  la  Province  archéenne  du  Supérieur. Une  compilation ciblée des données publiques, pour la plupart tirées de la base de données géoscientifiques du gouvernement  du Québec  disponible  en  ligne  (SIGEOM),  a  été  réalisée  pour  rechercher  des secteurs présentant les caractéristiques de systèmes porphyriques aurifères. Ces recherches ont fait  ressortir  le  site  de  l'ancienne  mine  Canadian  Malartic  comme  une  cible  hautement prioritaire. De plus, l'acquisition du bloc de claims initial a permis d'obtenir une importante base de données non publiées en format papier, documentant  les opérations minières historiques à Canadian  Malartic  ainsi  que  des  programmes  d'exploration  plus  récents  effectués  sur  la propriété, en particulier dans les années 1980 alors que Minéraux Lac ltée avait tenté de définir un petit  inventaire de  ressources  à  faible profondeur  exploitables par  fosse  à  ciel ouvert.  La numérisation,  la compilation et  l'analyse de cette vaste base de données au cours des quatre mois  suivants,  incluant  notamment  les  journaux  de  plus  de  4 500  forages  de  surface  et souterrains,  ont  permis  à Osisko  de  préciser  son modèle  géologique  pour  la  propriété  et  de confirmer le potentiel pour un gisement à fort tonnage. 

La décision d'aller de l'avant avec ce projet était difficile à prendre, puisque même si les phases d'exploration  et  de  définition  des  ressources  s'avéraient  un  succès,  la  construction  et 

  

l'exploitation éventuelle d'une mine à ciel ouvert adjacente à la ville de Malartic nécessiteraient la relocalisation d'un quartier complet de la ville, le quartier sud. De prime abord, le projet a été reçu avec beaucoup de scepticisme de la part de la communauté minière de l'Abitibi, tant pour des raisons économiques que sociales. 

Sept ans après l'acquisition du bloc de claims initial, plus de 750 000 mètres de forage, le dépôt d'une étude de  faisabilité positive en novembre 2008,  le décret gouvernemental autorisant  le projet  en  août  2009  et  l'obtention  d'un  milliard  de  dollars  canadiens  en  financement,  la construction et  le démarrage de  la mine d'or à ciel ouvert Canadian Malartic ont été menés à terme. La production commerciale, à 60 % de  la capacité nominale, a été atteinte en mai 2011 et s'accroît graduellement depuis. La pleine capacité de production de 55 000 tonnes par  jour devrait  être  atteinte  d'ici  la  fin  du  deuxième  trimestre  de  2013,  permettant  de  produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui en fera  l'une des plus grosses mines d'or  au  Canada.  Les  réserves  prouvées  et  probables  (à  1 200 $ US  l'once  d'or)  totalisent présentement 10,7 millions d'onces d'or (343,7 Mt @ 0,97 g/t Au), lesquelles sont incluses dans les ressources mesurées et indiquées globales in situ estimées conformément au Règlement 43‐101 à 11,80 millions d'onces d'or (352,7 Mt @ 1,04 g/t Au), ce qui en fait un gisement aurifère de calibre mondial.  

L'histoire  de  Canadian  Malartic  illustre  parfaitement  comment  l'application  de  modèles métallogéniques empiriques modernes dans des  secteurs ayant déjà  fait  l'objet d'exploitation minière, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à  la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial. 

  

 

Introduction 

Corporation minière Osisko s'affaire à  l'exploration,  la mise en valeur et  la production aurifère de son projet en propriété exclusive Canadian Malartic depuis  le mois de mars 2005, à  la suite de l'acquisition des premiers titres miniers formant la propriété en octobre 2004. Huit ans après l'acquisition du bloc de claims initial, plus de 750 000 mètres de forage, le dépôt d'une étude de faisabilité positive en novembre 2008,  le décret gouvernemental autorisant  le projet en août 2009  et  l'obtention  d'un  milliard  de  dollars  canadiens  en  financement  pour  le  projet,  la construction,  le  démarrage  et  la mise  en  production  de  la mine  d'or  à  ciel  ouvert  Canadian Malartic ont été menés à terme. La production commerciale, à 60 % de la capacité nominale, a été atteinte en mai 2011 et s'accroît graduellement depuis. La pleine capacité de production de 55 000 tonnes  par  jour  devrait  être  atteinte  d'ici  la  fin  du  deuxième  trimestre  de  2013, permettant de produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui en fera l'une des plus grosses mines d'or au Canada. Les réserves prouvées et probables (à 1 200 $ US l'once d'or) totalisent présentement 10,7 millions d'onces d'or (343,7 Mt @ 0,97 g/t Au), incluses dans des ressources mesurées et indiquées globales in situ estimées conformément au Règlement 43‐101 à 11,80 millions d'onces d'or (352,7 Mt @ 1,04 g/t Au), ce qui en fait un gisement aurifère de calibre mondial. 

Le projet est constitué de 212 titres miniers d'exploitation ou d'exploration contigus  totalisant 8 761 hectares situés au cœur de la Ceinture aurifère de l'Abitibi, dans le nord‐ouest du Québec (figure 1). Adjacent à la ville de Malartic, il se trouve à environ 25 km à l'ouest de Val‐d'Or et à environ 550 km au nord‐ouest de Montréal, au Québec. La ville de Malartic est accessible par une route provinciale pavée soit de Rouyn‐Noranda ou de Val‐d'Or, toutes deux desservies par des vols commerciaux sur une base quotidienne. 

La stratégie et les critères d'exploration qui ont mené à la découverte du gisement sont décrits plus en détail dans cet article. Cette étude de cas illustre parfaitement comment l'application de modèles  métallogéniques  empiriques  modernes  dans  des  secteurs  ayant  déjà  fait  l'objet d'exploitation minière, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Figure 1 

 

Historique d'exploration et de production à Canadian Malartic 

Les frères Gouldie ont été les premiers à découvrir de l’or dans la région de Malartic en 1923, à l’endroit maintenant connu comme  la zone Gouldie, un petit gîte situé  immédiatement au sud du gisement Canadian Malartic (figure 2; Trudel et Sauvé, 1992) et qui fait maintenant partie des réserves exploitables de la mine. En 1925, à environ 1,6 km au nord‐ouest du prospect Gouldie, un nouvel indice a été découvert à l'emplacement de la mine actuelle et jalonné par un syndicat de  prospecteurs  d’Ottawa.  Cette  propriété  a  été  vendue  en  1927  à  la  société Malartic Gold Mines alors récemment constituée. Malartic Gold Mines exécuta des tranchées, des forages et des  travaux sommaires de développement souterrain sur  le gisement  jusqu’à ce que  le projet soit suspendu au début de la Grande Crise en 1929. 

  

En 1933, la société d’origine Canadian Malartic Gold Mines prit possession de la propriété de la Malartic Mines ainsi que des claims couvrant le prospect Gouldie et y a développé une nouvelle mine. La production à la mine Canadian Malartic d’origine a débuté en 1935 et s’est poursuivie de  façon  ininterrompue  jusqu’en  1965.  Le  gisement  a  été  exploité  principalement  par  des méthodes souterraines de chantiers en  longs trous et constituait à  l'époque  la seule mine d'or souterraine à procéder par abattage en masse au Québec. L’extraction s’est  limitée aux zones minéralisées  à haute  teneur  (> 3 g/t Au)  au  sein d’une  large  enveloppe minéralisée de basse teneur  (inconnue à  l’époque), sur neuf niveaux répartis  jusqu'à une profondeur approximative de 350 m. Au total, 9 931 376 tonnes de minerai, d’une teneur moyenne de 3,37 g/t Au, ont été extraites pour une production totale de 33 468,3 kg d’or (1,08 Moz Au). En 1964, Falconbridge Nickel ltée a acheté la mine Canadian Malartic d'origine et, à la suite de la fin de la production d'or en 1965, a  réaménagé  l'usine afin de  traiter  le minerai nickélifère de sa mine Marbridge. Ces opérations ont cessé en 1968, après quoi  l'usine Canadian Malartic a été mise hors service et démantelée.  

Figure 2 

  

Le succès de  la mine Canadian Malartic d’origine a entraîné de  l’exploration additionnelle, des découvertes ainsi que de la mise en valeur sur des terrains situés immédiatement au nord et à l’est. Le camp minier aurifère de Malartic qui en a résulté inclut six anciennes mines d'or, dont trois  (Canadian Malartic,  Sladen  et  East Malartic,  exploitées  d'ouest  en  est  respectivement) faisaient  partie  d'un  seul  et même  système minéralisé  continu  s'étirant  sur  4 000 mètres  de longueur. De 1935 à 1979, ces mines souterraines ont produit un total de 159 451 kg (5,13 Moz) d'or1. La mine Sladen, ou le prolongement vers  l'est du gisement Canadian Malartic, est entrée en production en 1938. D'autres petits gisements aurifères immédiatement au nord ont été mis en valeur et exploités pendant la même période par Barnat Mines Ltd. Lorsque la production de la mine Sladen s'est tarie en 1948, Barnat Mines Ltd a fait l'acquisition de Sladen Mines Ltd ainsi que des terrains au nord détenus par National Malartic Mines Ltd. Les opérations minières aux mines  fusionnées  Barnat/Sladen  se  sont  poursuivies  sous  la  gouverne  de  Barnat Mines  Ltd jusqu'en 1970, bien que  la  zone  Sladen ait été épuisée en 1951.  Lake  Shore Mines  Ltd a  fait l'acquisition de  la mine Barnat/Sladen en 1970 et  a  rouvert  la mine  en 1976 pour  l'exploiter jusqu'en 1979. La production à  la mine East Malartic a débuté de façon  indépendante en 1938 et  s'est  poursuivie  avec  quelques  interruptions mineures  jusqu'en  1979.  En  1974,  les  titres miniers couvrant une partie des terrains historiques de la Canadian Malartic ont été acquis par East Malartic Gold Mines. 

Après  la  fin  des  activités  d'exploitation  minière  en  1979,  Long  Lac  Exploration  Ltd  a  fait l'acquisition de  l'ensemble du camp minier aurifère de Malartic, un secteur couvrant  la partie résiduelle  des  terrains  de  Canadian  Malartic  ainsi  que  les  anciens  producteurs  miniers Barnat/Sladen et East Malartic. Relativement peu de travaux d'exploration avaient été effectués avant  la mise en valeur des gisements. Les documents produits pendant  l’exploitation minière, tels  que  les  rapports  géologiques,  de  forage,  de  développement  et  de  production,  sont demeurés internes et non publiés. Les archives collectives des anciennes mines productrices ont été  acquises  par  Long  Lac  Exploration  Ltd  lors  de  sa  prise  de  contrôle  de  la  propriété  et entreposées dans les bureaux administratifs de la mine East Malartic. Long Lac Exploration Ltd, East Malartic Mines Ltd et une  troisième société d'Ontario ont  fusionné en 1982 pour  former Minéraux  Lac  ltée  (Lac Minerals  Ltd),  laquelle  a  continué  à  explorer  la  propriété  pendant  la décennie  suivante dans  le but d'y définir des  ressources aurifères près de  la  surface pouvant être exploitées à ciel ouvert. Minéraux Lac a d'ailleurs produit de l'or de 1981 à 1983 à partir de deux petites fosses ciblant les piliers de surface et a traité le minerai à l'usine East Malartic. 

De 1980 à 1988, Minéraux Lac a exploré  le secteur du gisement Canadian Malartic dans  le but d'y définir des ressources près de la surface (à moins de 100 mètres de profondeur) exploitables par fosse à ciel ouvert. Ces travaux comprenaient le forage d'environ 500 trous en surface sur et autour du site de l'ancienne mine Canadian Malartic. Plusieurs autres campagnes de forage ont été complétées dans  les secteurs de Barnat/Sladen et d’East Malartic sur  la propriété  jusqu’en 1990. La majorité des données de forage générées par Minéraux Lac ont été déposées comme travaux statutaires auprès du gouvernement du Québec et sont disponibles pour consultation publique. 

Minéraux  Lac  a  réalisé  plusieurs  levés  géophysiques  au  sol  sur  la  propriété,  notamment  des levés  de  polarisation  provoquée  pôle‐dipôle  et  dipôle‐dipôle,  des  levés  magnétiques  et 

                                                            1 Les données détaillées sur la production historique sont tirées de Grant et al. (1987), Sansfaçon et al. 

(1986) et Trudel et Sauvé (1992). 

  

électromagnétiques à boucle horizontale ainsi que des  levés électromagnétiques VLF, mais  les résultats  se  sont  avérés  décevants  ou  non  concluants  puisqu'aucune  signature  géophysique, particulièrement  les  anomalies  de  polarisation  provoquée,  n’a  pu  être  corrélée  aux  zones minéralisées  connues. Compte  tenu du peu d'utilité des différentes  techniques géophysiques, Minéraux  Lac  a  préféré  cibler  ses  travaux  de  forage  d’exploration  en  fonction  des  résultats historiques de forage, de développement souterrain et de cartographie géologique en surface.  

Le programme d'exploration a mené à la définition de cinq zones de minéralisation aurifère près de  la surface, formant des ressources globales non classées (antérieures au Règlement 43‐101) d'environ 8 160 000 tonnes à une teneur moyenne de 1,98 g/t Au (520 000 oz Au), selon un seuil de  coupure  de  1,03 g/t  Au.  Sans  le  savoir,  les  zones minéralisées  définies  par  cette  société étaient  l'expression en surface d'un système aurifère minéralisé à basse teneur beaucoup plus étendu, s'étirant jusqu'à une profondeur d'au moins 400 mètres. 

En 1989, Minéraux Lac a estimé des ressources non classées (antérieures au Règlement 43‐101) de 27 210 000 tonnes métriques à une teneur moyenne de 1,95 g/t Au (1 706 100 oz Au) sur  le gisement Canadian Malartic,  jusqu'à une profondeur verticale de 305 mètres. Cette estimation était basée sur un seuil de coupure de 1,03 g/t Au, mais le prix de l'or à l'époque ne justifiait pas, selon la société, l'exploitation par fosse à plus de 100 mètres de profondeur. 

Alors que Minéraux Lac complétait une étude de  faisabilité sur  le projet, Barrick Gold Corp. a pris  le contrôle de  la société en 1994. Barrick n’a pas fait d’exploration sur  la propriété, mais a effectué, durant les années 1990, une recompilation partielle des données historiques à des fins d’estimation de ressources et diverses études sur  l’environnement et  la stabilité des chantiers d’abattage. Barrick a  foré une quantité  limitée de sondages géotechniques afin de déterminer l’épaisseur et la stabilité des piliers de surface à la mine Canadian Malartic, dans le secteur situé sous les résidences du quartier sud de la ville de Malartic. La principale activité de Barrick sur la propriété  a  été  de  traiter  jusqu’en  2002  du minerai  de  sa mine  Bousquet  à  l’usine  d’East Malartic.  Barrick  a  vendu  tous  ses  intérêts  dans  le  camp  de Malartic  à  Corporation minière McWatters en février 2003. À  la suite de son acquisition en 2003,  il n’existe aucune  indication que McWatters aurait réalisé des travaux d’exploration sur  la propriété. Enfin, à  l’automne de 2004,  Osisko  Exploration  fit  l’acquisition  d’une  partie  de  l’ancien  camp minier  du  syndic  de faillite de McWatters. 

 

Géologie régionale 

Les  premières  cartes  géologiques  de  la  région  de  Malartic  (canton  de  Fournière)  ont  été dressées en 1925 par la Commission géologique du Canada et par le géologue O'Neill (1935) du Service  des mines  du  Québec.  Ce  dernier  a  recartographié  en  détail  la  propriété  Canadian Malartic et a fourni  les premières descriptions pétrographiques des roches minéralisées. Derry (1939) et Derry et Herz  (1948) ont publié des  articles décrivant  la  structure  et  l'altération et présentant  un  modèle  métallogénique  pour  le  gisement  aurifère  Canadian  Malartic.  Des rapports  géologiques  portant  sur  le  camp  minier  aurifère  de  Malartic  ont  été  publiés  par Gunning et Ambrose (1940), Eakins (1962), Sansfaçon (1986), Grant et al. (1987), Sansfaçon et Hubert (1990), Trudel et Sauvé (1992), et Fallara et al. (2000). 

La propriété Malartic  chevauche  la  limite méridionale de  la partie est de  la Sous‐province de l'Abitibi, une ceinture de roches vertes archéennes située dans  la partie sud‐est de  la Province 

  

du Supérieur, dans le Bouclier canadien. La Sous‐province de l'Abitibi est constituée d'une zone volcanique plus ancienne au nord  (2730‐2710 Ma) et d'une zone volcanique plus  jeune au sud (2705‐2698 Ma), séparées par la Zone de faille Porcupine‐Destor d'envergure régionale (Card et Poulsen, 1998). La Sous‐province de  l'Abitibi est bordée au nord par  les gneiss et plutons de  la Sous‐province d'Opatica et au  sud par  les  roches métasédimentaires et  intrusives de  la Sous‐province  de  Pontiac.  Le  contact  entre  la  Sous‐province  de  Pontiac  et  les  roches  vertes  de  la Ceinture de  l'Abitibi est caractérisé par  la présence d'une  faille majeure orientée est‐ouest,  la Zone  de  faille  de  Cadillac‐Larder  Lake  (figure 1).  Cette  structure  aurifère  prolifique  s'étire  de Matachewan, en passant par les camps miniers aurifères de Kirkland Lake et de Larder Lake en Ontario puis ceux de Rouyn‐Noranda, de Cadillac, de Malartic et de Val‐d’Or du côté québécois, après quoi elle est tronquée plus à l'est par le Front de Grenville. Le corridor délimité par la Zone de  faille de Porcupine‐Destor et  la Zone de  faille de Cadillac‐Larder Lake, généralement connu comme  le  camp  Timmins–Val‐d'Or  (Robert  et al.,  2005),  renferme un  grand nombre de  gîtes minéraux  qui  englobent  la majeure  partie  de  la  production  historique  et  actuelle  de métaux usuels et de métaux précieux de la Province du Supérieur (Spooner et Tucker Barrie, 1993). 

La  stratigraphie  régionale du  sud‐est de  l'Abitibi est divisée en une alternance de groupes de roches volcaniques et sédimentaires clastiques, généralement orientés N280°  jusqu'à N330° et séparés par des zones de failles. Les grandes divisions lithostratigraphiques dans ce secteur sont, du sud vers  le nord :  le Groupe de Pontiac dans  la Sous‐province de Pontiac et  les groupes de Piché, de Cadillac, de Blake River, de Kewagama et de Malartic dans la Sous‐province de l'Abitibi. Le  Groupe  de  Pontiac  comprend  des  grauwackes,  des  shales  avec  quelques  unités  de conglomérats  (sédiments  clastiques  turbiditiques)  ainsi  que  de  minces  bandes  de  roches volcaniques  ultramafiques  qui  sont  possiblement  allochtones.  Le Groupe  de  Piché,  confiné  à l'intérieur de  la Zone de  faille de Cadillac, se compose de plusieurs  lentilles de schistes à  talc‐chlorite‐carbonate représentant des roches volcaniques fortement déformées et altérées d'une composition variant de basaltes magnésiens à komatiites. Les schistes englobent de nombreuses intrusions irrégulières et déformées de diorite et de porphyre feldspathique, dont plusieurs sont minéralisées  en  or.  Le  Groupe  de  Cadillac  est  constitué  de  grauwackes  et  de  conglomérats polygéniques;  le Groupe de Blake River est dominé par  les basaltes;  le Groupe de Kewagama comprend  des  grauwackes,  des  shales,  des  formations  de  fer  oxydées  et  des  conglomérats tandis que le Groupe de Malartic se compose de roches volcaniques ultramafiques.  

Les différents groupes lithologiques au sein de la Sous‐province de l'Abitibi sont métamorphisés au faciès des schistes verts. Le grade métamorphique augmente en s'approchant de la limite sud de la Ceinture de l'Abitibi, où les roches du Groupe de Piché et de la partie nord du Groupe de Pontiac ont été métamorphisées au faciès supérieur des schistes verts. Ces roches ont aussi subi un  métamorphisme  rétrograde,  probablement  en  raison  de  la  circulation  de  fluides hydrothermaux associée à la Faille de Cadillac, comme l'indiquent la chloritisation de la biotite, le  développement  d'actinote  aux  dépens  du  hornblende  et  l'albitisation  du  plagioclase  plus calcique.  Le métamorphisme  augmente  rapidement  au  sud de  la  Zone de  faille de Cadillac  à l'intérieur  du Groupe  de  Pontiac.  Les  roches  sédimentaires  à  l'extrémité  sud  de  la  propriété Canadian  Malartic  sont  métamorphisées  en  paraschistes  à  grenat‐staurotide  et  en  gneiss migmatitiques plus au sud. Ce terrane à plus haut grade métamorphique est également ponctué de nombreuses  intrusions de granite hyperalumineux,  issues de  la  fusion partielle des  roches métasédimentaires pendant l'orogenèse. 

La majeure partie de  la propriété Canadian Malartic  couvre des unités métasédimentaires du Groupe de Pontiac,  situées  juste au  sud de  la Zone de  faille de Cadillac  (figure 2).  La portion 

  

centre‐nord de  la propriété couvre une section du couloir de faille d’environ 3,5 km de  long et est constituée de métavolcanites mafiques et ultramafiques du Groupe de Piché recoupées par de nombreuses  intrusions porphyriques ainsi que de  roches métasédimentaires du Groupe de Cadillac au nord de la zone de faille. La Zone tectonique de Cadillac montre une orientation de N320°E au niveau de  la  ville de Malartic et de N280°E – N290°E plus à  l’est. Ce  changement abrupt de direction a été interprété par Gunning et Ambrose (1940) et par Eakins (1962) comme une bifurcation de la zone de faille. La portion de la zone de faille orientée N280°E – N290°E est localement appelée  la zone de faille de Malartic et s’étend sur une distance  latérale d’environ 9 km  avec  une  largeur  variant  entre  600  et  900 mètres.  La  zone  de  faille  de Malartic  inclut plusieurs failles subsidiaires avec des orientations variant de subverticales à subhorizontales. La portion de ceinture volcanique du Groupe de Piché qui traverse la propriété Canadian Malartic a une  largeur  d’environ  650 mètres. Deux  structures majeures,  les  failles Malartic  (Cadillac)  et Sladen, définissent  les  limites nord et  sud de  la zone  tectonique dans  le  secteur  immédiat de Malartic. Sur  la propriété,  la faille Malartic est d’orientation N260°E  ‐ N280°E avec un pendage de 75° vers le nord, tandis que la faille Sladen est orientée à N090°E ‐ N100°E avec un pendage variant de 70°S à subvertical. Les métavolcanites ultramafiques du Groupe de Piché n’affleurent pratiquement pas sur la propriété et leur existence est connue par les rapports historiques et les chantiers miniers;  elles  sont  présentement  exposées  dans  la  fosse  Buckshot.  Les  roches  du Groupe de Piché sont typiquement de couleur gris‐bleu foncé à noir, montrant une schistosité marquée  avec  de  nombreuses  veinules  de  talc‐carbonate.  Un  autre  faciès moins  altéré  est également  rencontré, soit une  roche ultramafique massive, serpentinisée et de granulométrie aphanitique. 

Les  roches  métasédimentaires  du  Groupe  de  Pontiac  se  trouvant  sur  la  propriété  sont constituées  de  grauwackes  turbiditiques,  de  schistes  argileux  et  de  quelques  siltites, généralement sous forme de rythmites, avec des lits d’épaisseur variant de un centimètre à un mètre. Typiquement,  les roches sédimentaires montrent une foliation bien développée et sont gris  foncé  à  noirs,  présentant  occasionnellement  une  teinte  brunâtre  causée  par  le développement  de  biotite  par  métamorphisme  ou  altération  potassique  à  proximité  des intrusions porphyriques felsiques. 

Les roches des groupes de Pontiac et de Piché sont recoupées par plusieurs corps porphyriques felsiques épizonaux, décrits comme des syénites, syénites quartzifères, monzonites quartzifères, granodiorites  et  tonalites.  La  géométrie  de  ces  intrusions  felsiques  est  très  variable  et  on retrouve  sur  la propriété des  filons‐couches, des dykes, des  lentilles discontinues et de petits massifs isolés. 

Les porphyres  contiennent  tous des phénocristaux de  feldspath  (1 à 5 mm) dans une matrice gris pâle à moyen, aphanitique à  finement grenue. Dans  le Groupe de Pontiac,  les  intrusions porphyriques  sont  particulièrement  abondantes  dans  un  secteur  limité  au  sud  par  la  faille Raymond. Au  sud  de  la  faille Raymond  et  dans  la  partie  sud‐ouest  de  la  propriété  Canadian Malartic, on retrouve un essaim de corps tabulaires ultramafiques serpentinisés (possiblement des coulées de komatiites ou des corps chevauchés) au sein des roches métasédimentaires. Le pluton de granodiorite/tonalite Fournière touche l’extrémité sud‐est de la propriété. 

Minéralisation et géologie du gisement 

La  minéralisation  dans  le  gisement  Canadian  Malartic  se  présente  sous  la  forme  d’une enveloppe semi‐continue de 1 à 3 % de pyrite, disséminée et en stockwerk, contenant de  l’or 

  

natif microscopique  formant des  inclusions arrondies d'un diamètre moyen de 15 microns. La pyrite est associée à des traces de chalcopyrite, de sphalérite, de molybdénite et de tellurures aurifères‐argentifères  et  argentifères  (Eakins,  1962;  Fallara  et  al.,  2000).  Le  minerai  de l'ancienne mine Canadian Malartic  était  anormalement  riche  en  argent,  comparativement  au reste du camp minier aurifère de Malartic et aux autres gisements  filoniens mésothermaux  le long de  la Zone de faille de Cadillac, avec un ratio or/argent variant de 4:1 à 1:1, en raison de l'abondance relative de tellurures argentifères associés à la minéralisation aurifère. 

Les  ressources  aurifères  se  retrouvent  principalement  à  l’intérieur  des  roches  sédimentaires clastiques  altérées  du  Groupe  de  Pontiac  (70 %)  qui  recèlent  une  intrusion  épizonale  de monzodiorite  porphyrique. Une  partie  du  gisement  est  également  encaissée  dans  les  parties supérieures  de  l'intrusion  porphyrique  (30 %)  sous‐jacente  aux  roches  métasédimentaires encaissantes.  L’intrusion  porphyrique  s’amincit  dans  la  partie  est  du  gisement  et  la minéralisation disséminée  se poursuit dans  les  roches métasédimentaires  fortement altérées, formant un corps tabulaire subvertical (Extension Sladen) qui est tronqué par la Faille de Cadillac à  l’extrémité ouest de  l'ancienne mine East Malartic. Cette partie tronquée du gisement, ainsi qu'une autre minéralisation au sein des roches du Groupe de Piché au nord de la faille, forment ce que l'on appelle la zone Barnat Sud de la nouvelle mine Canadian Malartic. 

Les enveloppes  semi‐continues de minéralisation à plus haute  teneur  (> 1 g/t Au) à Canadian Malartic définissent une  structure en  synforme ouvert orienté N110°E et plongeant à environ N20°  vers  l'ESE  (figure 3).  Cette  structure  se  forme  à  l'extrémité  ouest  du  gisement  et  a  été interprétée par le passé comme une structure de plissement post‐minéralisation ayant déformé le  gisement  (Derry,  1939; Derry  et Herz,  1948;  Fallara  et  al.,  2000). Malgré  la  géométrie  du gisement en  synforme plongeant,  les opérations dans  la  fosse depuis  le printemps de 2011 à Canadian Malartic ont permis d'exposer  les parties supérieures du gisement et ont révélé très peu  d'indications  de  plissement  et  de  l'existence  d'un  véritable  synforme.  Les  strates sédimentaires  clastiques  sont  systématiquement  subverticales  dans  le  gisement  et  sont communément tronquées subparallèlement au litage et à la schistosité pénétrative alors que les dykes porphyriques minéralisés subverticaux sont couramment boudinés. Ceci suggère un style de  déformation  dominé  par  le  glissement  dans  le  plan  des  couches  et  le  chevauchement  à pendage  abrupt  plutôt  que  du  plissement,  de  telle  sorte  que  la  morphologie  du  gisement demeure inexpliquée pour l'instant. 

Sur presque toute l'étendue latérale du gisement Canadian Malartic, la minéralisation le long du flanc  nord  du  synforme  suit  le  contact  entre  les  roches  porphyriques  et  sédimentaires.  La structure devient  tabulaire, avec un pendage abrupt vers  le sud,  là où  le dyke porphyrique se pince  et  disparaît  dans  l'Extension  Sladen.  Ce  prolongement  du  gisement  vers  l'est représenterait le flanc nord du synforme. Des embranchements inclinés vers le nord à partir du gisement  principal  le  long  du  flanc  sud  du  pli  sont  structurellement  reliés  à  de  nombreuses zones  minéralisées  subhorizontales  présentes  à  faible  profondeur.  Une  vaste  enveloppe sporadique de minéralisation à plus basse  teneur  (0,3 à 1,0 g/t Au)  forme un halo mal défini autour  du  gisement  principal  et  est  associée  à  une  vaste  zone  d'altération  potassique  bien développée. 

L’altération dans  les roches métasédimentaires est dominée par  le métasomatisme potassique et se compose de biotite‐feldspath potassique‐carbonate à  laquelle se surimpose, au cœur du gisement,  de  la  silice‐carbonate  cryptocristalline.  La  biotite  et  le  feldspath  potassique  sont directement  associés  à  la  minéralisation  aurifère.  Les  plagioclases  détritiques  dans  les 

  

grauwackes  sont  remplacés  par  du  feldspath  potassique.  Les  carbonates  se  composent  de calcite  et d’ankérite.  Les  zones hautement  silicifiées montrent une  texture  cherteuse  et  sont fréquemment bréchifiées  (figure 4);  elles  sont plus  abondantes  aux  contacts  entre  les  roches porphyriques et métasédimentaires. On observe aussi, en phases mineures, de la séricite, de la chlorite et de l'hématite ainsi que des traces de rutile, de célestite, de baryte, de chalcopyrite et de  sphalérite.  L’altération  potassique  dans  le  porphyre  consiste  principalement  en  un remplacement des plagioclases par des  feldspaths potassiques avec quelques veines mineures de quartz contemporaines. Le remplacement de quartz cryptocristallin et d’un peu de carbonate se  surimpose  également  à  l’altération  potassique  dans  le  porphyre,  oblitérant  les  textures porphyriques  à  un  niveau  suffisamment  avancé.  Des  veines  tardives,  de  texture  grossière, composées  de  quartz‐albite‐muscovite  et  minéralisées  en  or  natif  forment  des  stockwerks relativement petits, mais à plus haute  teneur  le  long de  la bordure nord du gisement  (Eakins, 1962; Derry, 1939). Ces veines tardives sont associées à une altération en hématite de couleur rouge brique, particulièrement bien développée dans  les  roches porphyriques. De  l’altération rétrograde  en  chlorite‐calcite  des  assemblages  précédents,  surtout  la  biotite,  est  présente  à travers  tout  le  gisement, mais  est particulièrement  intense  le  long des  zones de  cisaillement ductile, où elle forme des schistes à chlorite‐calcite. 

 

 

Figure 4 

  

Stratégie d'exploration 

Fondée en 1998 par Robert Wares, Osisko était au départ engagée en exploration générale pour les métaux précieux et usuels au Québec. Sean Roosen (actuel président et chef de la direction d'Osisko) et John Burzynski (vice‐président au développement corporatif) se sont joints à Osisko au  printemps  de  2003,  amenant  une  injection  de  nouveau  capital  provenant  d'investisseurs allemands dans  la société. L'idée était de faire un  investissement stratégique dans une société junior d'exploration aurifère prometteuse et peu coûteuse, mais en bonne position pour  tirer profit de ce qui était alors perçu comme un marché haussier à long terme pour l'or. Ce concept a souri aux actionnaires de la société de portefeuille allemande et ils ont été convaincus d'investir dans Osisko. 

La nouvelle équipe d'Osisko a stratégiquement choisi de concentrer ses efforts d'exploration et d'acquisition sur  les gisements d'or à fort tonnage exploitables par fosse à ciel ouvert, puisque ces gisements caractérisent  la majorité des grandes mines d'or de calibre mondial, c'est‐à‐dire celles  qui  comptent  plus  de  5 millions  d'onces  d'or  en  réserves.  Sur  le  plan  de  l'exploitation minière,  la perception populaire au Canada à  l'époque était que ce  type de mine d'or, où  l'on procédait  par  abattage  en  vrac,  ne  pouvait  être  rentable  que  dans  des  environnements tropicaux  ou  désertiques,  là  où  l'oxydation  des  tranches  supérieures  des  gisements  facilitait l'extraction minière,  le broyage ou  la  lixiviation en tas, ce qui avait une grande  incidence sur  la rentabilité de  ces mines. Toutefois, une analyse de  la mine  Fort Knox de Kinross en Alaska a convaincu l'équipe d'Osisko des mérites des opérations minières à fort tonnage dans les climats nordiques  et  la  décision  a  été  prise  d'inclure  le  Canada  dans  le  terrain  de  chasse  pour  la définition des cibles d'exploration. 

À  la suite de quelques programmes d'exploration sur des projets  infructueux au Québec et au Brésil, le premier auteur a orienté ses efforts de génération de cibles sur la Province archéenne du Supérieur à l’hiver 2004. En effet, historiquement, le craton du Supérieur a fait l'objet de peu d'exploration pour les gisements aurifères à fort tonnage, même si les modèles métallogéniques connus à  l'époque suggéraient qu'un tel potentiel existe. Les gisements d'or filoniens archéens de  la Province du Supérieur au Canada et de  la Province de Yilgarn en Australie comprennent plusieurs types de gisement, mais sont dominés par les gisements épigénétiques mésothermaux de veines et de brèches contrôlées par  la structure, c'est‐à‐dire des gisements « orogéniques » au sens attribué à ce terme par Hagemann et Cassidy (2000). Parmi  les autres types, citons  les gisements disséminés et les stockwerks encaissés dans des roches granitoïdes ou dans des zones de cisaillement, avec ou sans superposition filonienne,  les gisements disséminés associés à des porphyres alcalins,  les brèches et  les zones de remplacement riches en sulfures,  les gisements de  sulfures massifs volcanogènes  riches en or et  les exhalites pyriteuses  riches en or  (Robert, 2001; Robert et Poulsen, 1997; Card et Poulsen, 1998; Robert  et al., 2005). Avant 2004,  soit avant  l'acquisition de  la propriété Canadian Malartic en, des systèmes filoniens mésothermaux avaient été exploités avec plus ou moins de succès par fosse à ciel ouvert dans  le camp minier de Timmins  (fosse Dome) et dans  le camp de Val‐d'Or (fosse Sigma),  l'exploitation minière par fosse à ciel ouvert de ces systèmes filoniens devant composer avec des ratios de décapage très élevés  et  de  sérieux  problèmes  au  niveau  du  contrôle  des  teneurs  et  de  la  dilution.  Par conséquent,  il  a  été  préconisé  de  cibler  les  efforts  d'exploration  sur  les  types  de  gisement aurifère  disséminé  de  plus  grande  envergure,  puisque  de  tels  gisements  seraient  plus homogènes et présenteraient moins de risque dans le cadre d'un scénario d'exploitation minière en  vrac.  Les  gisements  disséminés  associés  aux  porphyres  alcalins  à  calco‐alcalins  riches  en potassium, tels que décrits par Robert (2001), ont été prioritairement ciblés pour  l'exploration 

  

dans  le  craton  du  Supérieur.  Le  premier  auteur  était  d'avis  que  ces  gisements  pourraient représenter des analogues archéens aux gisements d'or porphyriques modernes (Sillitoe, 2000) qui, par définition, sont des systèmes à fort tonnage et faible teneur. 

Ciblage 

Après avoir pris la décision de rechercher des gisements d'or de type porphyrique, ou du moins leurs analogues archéens dans le craton du Supérieur, les efforts de recherche et de compilation se sont portés sur la définition de cibles du côté québécois du craton, en raison de l'abondance de  renseignements  disponibles  dans  une  base  de  données  géoscientifiques  facilement accessible en  ligne pour consultation publique, mise sur pied et gérée par  le gouvernement du Québec (SIGEOM). Cette base de données et ce moteur de recherche puissant ont été exploités et peaufinés pour compiler, en format SIG, les caractéristiques des systèmes d'or porphyriques, notamment  en  recherchant  la  présence  de  longues  (>  50 m)  intersections  aurifères  à  basse teneur (0,5 à 2,0 g/t Au) dans les forages carottés ainsi qu'une étroite association spatiale entre la  minéralisation,  les  intrusions  porphyriques  felsiques  à  intermédiaires  et  l'altération potassique  répandue.  Ces  recherches  ont  immédiatement  fait  ressortir  le  site  de  l'ancienne mine Canadian Malartic comme une cible hautement prioritaire. 

Une  compilation  plus  poussée  a  révélé  que  les  gisements  aurifères  du  secteur  de Malartic avaient déjà été considérés comme étant associés à des systèmes porphyriques (lssigonis, 1980; Robert, 2001) et possiblement d'origine orthomagmatique. Les porphyres épizonaux de Malartic sont généralement considérés comme étant de composition syénitique à calco‐alcaline riche en potassium et d'âge syntectonique, du Témiskaming précoce (Fallara et al., 2000; Robert, 2001; A.E. Williams‐Jones, Université McGill, comm. pers.). Les résultats de  la compilation ont mis en lumière un élément particulièrement intéressant, soit le fait que l'empreinte de la minéralisation disséminée  ou  de  l'altération  potassique  sur  le  site  de  l'ancienne  mine  Canadian  Malartic semblait  couvrir une  superficie d'au moins deux  kilomètres  carrés, délimitant  ce qui  était de toute évidence un vaste système hydrothermal qui n'avait jamais été vérifié par forage ni évalué comme  gisement  exploitable  par  fosse  à  ciel  ouvert  par  des méthodes  d'extraction  en  vrac. Compte  tenu  de  ces  caractéristiques  favorables,  Osisko  a  ciblé  ce  secteur  au  début  de l'année 2004 comme un système d'or porphyrique probable représentant une cible d'acquisition hautement prioritaire. 

Acquisition de la propriété 

Aucun effort n'a été fait pour acquérir la propriété Canadian Malartic au début de l'année 2004 puisqu'Osisko croyait que  le camp minier était toujours  la propriété de Barrick Gold Corp. Bien que  Barrick  avait  cessé  ses  opérations  d'usinage  à  Malartic  en  2002,  il  était  hautement improbable qu'Osisko puisse  signer une entente d'acquisition avec Barrick compte  tenu de  sa situation  financière  limitée  à  l'époque  et  de  son  statut  de  société  junior  d'exploration.  Des recherches plus poussées ont toutefois révélé que Barrick avait vendu  l'ensemble du camp de Malartic  à Mines McWatters  inc.  en  2003,  dans  le  cadre  d'une  transaction  peu  publicisée. McWatters  était  une  société  minière  aux  prises  avec  d'importants  problèmes  financiers  à l'époque, en raison de  l'exploitation  infructueuse de  la fosse Sigma dans  la ville voisine de Val‐d'Or. Les raisons pour lesquelles McWatters a fait l'acquisition du camp de Malartic demeurent mystérieuses  pour  les  auteurs  et  la  vente  était  passée  pratiquement  inaperçue  au  départ puisque  le gouvernement du Québec n'a  transféré  les  titres de propriété à McWatters qu’à  la mi‐2004. En raison des délais dans le transfert des titres de propriété et des coûts potentiels de 

  

remise en état associés à  l'ancien  camp minier, Osisko, encore une  fois, n'a  fait aucun effort pour acquérir la propriété. 

Mines McWatters inc. s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites en janvier 2004 et a conclu  une  entente  avec  ses  créanciers  en  juillet  2004.  Le moment  décisif  s'est  produit  aux alentours de septembre 2004,  lorsqu'il a été découvert que  la propriété de Canadian Malartic était à vendre par  le biais du  fiduciaire  liquidateur. Des communications avec  le  fiduciaire ont révélé que le prix demandé pour l'ensemble de la propriété, incluant l'usine East Malartic, était de 2 000 000 $ CA. Compte  tenu du prix demandé pour  la propriété, des coûts  importants de restauration environnementale qui y étaient associés et de la perception générale qu'il s'agissait d'une propriété minière « finie » avec très peu de potentiel minéral résiduel, Osisko a fait le pari qu'aucun compétiteur ne ferait d'offre pour acquérir  la propriété. Cela  laissait  le champ  libre à Osisko qui a saisi  l'occasion et pris  le risque de participer au processus en offrant un prix  très bas, par le biais d'un intermédiaire, sur une partie relativement restreinte de la propriété. Cette partie  était  critique  toutefois,  puisqu'elle  couvrait  la  majeure  partie  du  gisement  Canadian Malartic tout en évitant toutes les aires d'accumulation de résidus miniers. La loi sur les faillites, en  ce qui a  trait à  la  liquidation d'actifs dans  la province de Québec,  stipule qu'aucune offre raisonnable ne peut être refusée par  le fiduciaire et que  le fiduciaire doit accepter  la meilleure offre raisonnable. Bien que  le fiduciaire avait clairement  indiqué que seules des offres portant sur l'ensemble de la propriété seraient considérées, il a été jugé que la stratégie fonctionnerait s'il  n'y  avait  aucune  autre  offre  sur  la  table.  Le  fiduciaire  serait  alors  forcé  d'accepter  l'offre d'Osisko, puisqu'elle serait considérée comme raisonnable étant donné qu'elle ne visait qu'une petite partie de  la propriété ne comportant aucune  infrastructure. Osisko a aussi supposé que dans tout ce processus,  le fiduciaire n'avait pas engagé d'expert‐conseil pour évaluer de façon indépendante le potentiel minéral des titres miniers visés. 

La stratégie a fonctionné et, vers la fin du mois d'octobre 2004, l'offre a été acceptée. Osisko a payé 80 000 $ CA pour acquérir un  intérêt de 100 % dans six claims et une concession minière couvrant  l'ancienne mine Canadian Malartic. Une redevance variable de 2 % à 3 % des revenus nets de fonderie (NSR) payable à Barrick était rattachée à ces titres, dont la moitié pouvait être rachetée pour  la  somme de 1,5 M$ CA. Le  reste de  la propriété est passé  sous  le contrôle du gouvernement  du  Québec  en  décembre  2004,  le  fiduciaire  liquidateur  n'ayant  pas  réussi  à trouver un acheteur. Les bureaux de la mine et les archives sont aussi passés sous le contrôle du gouvernement du Québec lorsque celui‐ci a pris en charge cette portion de la propriété. 

À  la  suite  de  l'acquisition  de  la  propriété  Canadian  Malartic,  Osisko  a  acquis  les  claims avoisinants auprès de différents prospecteurs et sociétés  juniors d'exploration (principalement en 2005) et a aussi jalonné d'autres terrains plus à l'ouest. Vers la mi‐2005, le gouvernement du Québec a procédé à la dissolution des concessions minières résiduelles de la propriété Malartic qu'il avait héritées du fiduciaire  liquidateur et a converti ces terrains en claims. Les claims ont été  rendus  disponibles  par  le  biais  du  système  électronique  de  gestion  des  titres miniers  du gouvernement  du  Québec  et  huit  différentes  parties  ont  simultanément  soumis  un  avis  de désignation pour  les titres  lorsqu'ils ont été ouverts au  jalonnement à  l'automne 2005. Afin de départager  les  détenteurs,  le  gouvernement  a  procédé  à  un  tirage  au  sort  pour  chacun  des claims le 15 février 2006. Osisko a réussi à faire l’acquisition de deux de ces claims lors du tirage. Le 2 mars 2006, Osisko a annoncé la signature de lettres d’entente avec un groupe de 4 parties indépendantes afin de faire l’acquisition d’un intérêt de 100 % sur les 14 titres restants. Sept de ces titres ont été acquis de deux  individus, sans condition, restriction ou supplément. Les sept 

  

autres  claims  ont  été  achetés  de  deux  autres  individus  et  sont  assujettis  à  une  redevance dérogatoire brute de 2,5 %. 

Découverte et mise en valeur 

L'acquisition du bloc de claims initial a aussi permis de mettre la main sur une importante base de données non publiques en  format papier portant sur  les opérations minières de  l'ancienne Canadian  Malartic  ainsi  que  sur  les  programmes  d'exploration  réalisés  sur  la  propriété, particulièrement les travaux effectués dans les années 1980 par Minéraux Lac. La numérisation, la  compilation et  l'analyse de  cette vaste base de données au  cours des quatre mois qui ont suivi,  incluant  les  journaux  de  plus  de  4 500 forages  de  surface  et  souterrains,  ont  permis  à Osisko  de  raffiner  son  modèle  géologique  pour  le  gisement  aurifère  et  de  confirmer  son potentiel pour un gisement à fort tonnage. Il s'en est suivi une première vérification par forage du modèle : en mars 2005, Osisko a foré son premier sondage à l'extrémité ouest du gisement. Le  secteur  ciblé était  celui où Minéraux Lac avait antérieurement défini une  importante  zone minéralisée située à faible profondeur, encaissée entièrement dans  les roches porphyriques et montrant  des  teneurs  de  1,5 g/t  Au  jusqu'à  100 mètres  de  profondeur.  Ce  premier  sondage vertical a recoupé 93,9 mètres à une teneur de 1,01 g/t Au, et les 19 sondages qui ont suivi ont tous  recoupé  de  la  minéralisation  significative,  tant  dans  le  porphyre  que  dans  les  roches métasédimentaires  clastiques  altérées  (tableau 1).  Ces  sondages  ont  permis  de  vérifier l'étendue  latérale  dans  l'axe  est‐ouest  du  gisement  (sur  une  distance  de  1 140 mètres)  se trouvant à l'intérieur du petit groupe de claims détenu à l'époque, confirmant ainsi le potentiel de la propriété et mettant la table pour le programme d'exploration majeur qui a suivi. 

Les autres travaux de forage réalisés en 2005 (totalisant 7 400 mètres) ont vérifié, avec succès, des sections dans  l'axe nord‐sud du gisement, établissant  la  largeur du gisement entre 500 et 700 mètres jusqu'à une profondeur d'environ 250 mètres. Ces excellents résultats ont permis à Osisko de clôturer son premier grand financement public par l'entremise d'un courtier à la fin de 2005,  lui  procurant  le  financement  requis  pour  entreprendre  un  programme  de  forage  de définition  selon  une  grille  de  60  x  60 mètres  en  2006.  Ce  premier  programme  de  forage  de définition  totalisant  75 000 mètres,  combiné  à  la  base  de  données  historiques,  a  permis  de calculer une première estimation de ressources présumées de 6,5 millions d'onces d'or, laquelle a été annoncée à l'automne 2006. Un programme de définition élargi, toujours selon une grille de 60 x 60 mètres et  totalisant 90 000 mètres de  forage, a été réalisé à  l'hiver 2006‐2007 et a permis  la  publication  d'une  nouvelle  estimation  de  ressources  présumées  de  8,4 millions d'onces d'or à l'été 2007. 

Un  levé géophysique aéroporté a aussi été  réalisé en 2006 pour  recueillir des données  sur  le champ  magnétique  total  ainsi  que  des  données  radiométriques  et  électromagnétiques  en domaine  temporel  dans  le  but  de  définir,  à  des  fins  d'exploration  régionale,  la  signature géophysique aéroportée associée au gisement. Cela a été un échec sur tous les plans puisque : 

1)  Ni  les  intrusions  porphyriques  ni  la  minéralisation  ne  sont  magnétiques  (très  peu  de magnétite et pas de pyrrhotite dans  les assemblages minéralogiques), ce qui signifie qu'il n'y a que  peu  ou  pas  de  contraste  magnétique  avec  les  grauwackes  non  altérés  qui  forment l'encaissant; 

2) Une forte anomalie radiométrique en potassium a été obtenue au‐dessus du gisement, mais celle‐ci était associée au parc à résidus,  indiquant  la présence d'altération potassique dans  les 

  

roches hôtes du gisement  (confirmé par  la pétrographie), mais malheureusement masquant  la signature primaire du gisement; 

3)  Le  gisement  n'a  généré  aucune  signature  lors  du  levé  électromagnétique,  ce  qui  était prévisible puisqu'il ne renferme que 1 à 3 % de pyrite disséminée et pas de graphite. 

Les succès cumulés en forage en 2006 et 2007 ont mené à d'autres financements pour Osisko, ouvrant  la voie pour un programme de forage majeur  lancé à  l'automne 2007 : un programme de forage de définition de 330 000 mètres selon une grille de 30 x 30 mètres couvrant la totalité du gisement et ayant pour but de convertir les ressources présumées en ressources mesurées et indiquées  (M+I)  conformes  au  Règlement 43‐101.  En  septembre  2008,  Osisko  avait  réussi  à définir  des  ressources M+I  in  situ  de  7,69 Moz  d'or,  auxquelles  s'ajoutent  0,72 Moz  dans  la catégorie présumée (6,42 Moz M+I dans la fosse en se basant sur un modèle de fosse Whittle à 775 $ US  l'once).  À  l'automne 2008,  l'étude  des  impacts  sur  l'environnement  et  l'évaluation économique préliminaire étaient  terminées et  le programme de  relocalisation dans  la ville de Malartic avait été amorcé. 

L'étude  de  faisabilité  s'est  terminée  en  décembre  2008,  indiquant  la  présence  de  réserves prouvées et probables de 6,28 Moz d'or (183,3 millions de tonnes @ 1,07 g/t Au avec un seuil de coupure  de  0,36 g/t  Au  et  un  prix  de  775 $ US  l'once  d'or).  L'étude  envisageait  un  scénario d'exploitation de 55 000 t/j avec un ratio de décapage de 1,78 sur une durée d'exploitation de 10 ans,  ce  qui  permettrait  de  récupérer  5,4 Moz  (récupération  de  85,9 %  par  lixiviation  du minerai en vrac).  Les dépenses en  immobilisations étaient évaluées à 790 M$ US et  les  coûts d'exploitation à 320 $ US/oz. 

L'année 2009 a été axée sur le forage de définition du gisement Barnat Sud, qui représentait en bonne  partie  le  prolongement  vers  l'est  du  gisement  Canadian  Malartic,  là  où  celui‐ci  est tronqué par  la  Faille de Cadillac  (figure 3).  Environ 180 000 mètres de  forage ont été  réalisés dans  l'Extension  Sladen  et  le  gisement  Barnat  Sud.  La  première  estimation  de  ressources  à Barnat Sud a permis d'ajouter 2,04 millions d'onces M+I dans la fosse (37,1 Mt @ 1, 71 g/t Au). En janvier 2010, cette nouvelle extension a été ajoutée au gisement principal Canadian Malartic; la  nouvelle  estimation  intégrée  établit  des  réserves  prouvées  et  probables  de  8,97 Moz  d'or (245,8 Mt @  1,13 g/t  Au),  en  utilisant  un modèle  de  fosse  aménagée  basé  sur  un  prix  de 825 $ US l'once et un seuil de coupure de 0,34 g/t Au. 

Entretemps,  les permis de construction pour  l'usine de traitement de Canadian Malartic et  les ouvrages civils sur  le site minier ont été obtenus en août 2009. Au début de  l'année 2010,  les travaux de construction allaient bon  train et un permis a été accordé pour une  fosse satellite (fosse de départ). Le programme de  relocalisation du quartier sud était  terminé à  la mi‐2010, impliquant la relocalisation de 200 résidences dans un nouveau quartier aménagé au nord de la ville  et  la  construction  de  cinq  nouveaux  bâtiments  institutionnels :  une  école  primaire,  un centre de  la petite enfance, un centre de soins de  longue durée, un centre de formation pour adultes et un centre culturel/récréatif. Le prédécapage du  site de  la  future mine a débuté en novembre 2010. Enfin, 110 000 mètres de forage d'exploration et de définition ont été réalisés sur la propriété Canadian Malartic en 2010. 

La  construction  du  complexe  de  traitement  de  55 000 t/j,  de  l'aire  de  stockage  des  résidus miniers, du bassin de polissage de 5 millions de mètres cubes et du réseau routier était terminée en  février 2011 et  l'usine a été mise en  service en mars 2011. Une nouvelle estimation a par 

  

ailleurs été publiée en mars 2011, faisant état de réserves prouvées et probables de 10,71 Moz d'or (343,7 Mt@ 0,97 g/t Au). Ces nouvelles réserves ont été estimées en utilisant un modèle de fosse aménagée à 1 000 $ US l'once et avec un seuil de coupure de 0,30 g/t Au. Environ 40 % de l'accroissement des réserves, comparativement à l'estimation de janvier 2010, était attribuable à la hausse du prix de l'or, le reste étant le résultat de la définition de ressources additionnelles dans  le prolongement vers  l'est du gisement Barnat Sud. Ce prolongement demeure d'ailleurs ouvert vers l'est. 

La  première  coulée  d'or  a  eu  lieu  en  avril  2011  et  la  production  commerciale,  à  60 %  de  la capacité  nominale,  a  été  atteinte  en mai  2011  et  s'accroît  graduellement  depuis.  La  pleine capacité de production de 55 000 tonnes par  jour devrait être atteinte d'ici  la fin du deuxième trimestre de 2013, permettant de produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui fera de la mine Canadian Malartic l'une des plus grosses mines d'or au Canada.  

Conclusions 

L'histoire  de  Canadian  Malartic  illustre  parfaitement  comment  l'application  de  modèles métallogéniques empiriques modernes dans de nouveaux secteurs, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial. Ce n'est pas un nouveau concept en soi de trouver de nouvelles mines à  l'ombre d'anciennes, mais  cela  nécessite  un  « changement  de  paradigme »,  non  seulement  au  niveau  des  idées préconçues  quant  au  potentiel  d'exploration,  mais  à  savoir  ce  qui  constitue  un  gisement rentable dans un secteur géographique donné. 

Le  gisement  à  fort  tonnage  Canadian Malartic  a  été  découvert  en  appliquant  le modèle  de porphyre aurifère dans le secteur de Malartic, en supposant que l'extraction minière en vrac de matériel  à  1,0 g/t  Au  pouvait  être  rentable  en  Abitibi  et  en  utilisant  des  bases  de  données établies pour générer  la  cible. Ainsi,  l'exploitation de bases de données axée  sur  l'application d'un nouveau modèle et de simples vérifications par  forage de  la cible géologique ont été  les outils  qui  ont  mené  à  cette  découverte.  Le  gisement  ne  peut  être  décelé  par  des  levés magnétiques, électromagnétiques ou de polarisation provoquée au sol et  il est  invisible sur  les levés géophysiques aéroportés, à  l'exception possible de  la  radiométrie qui devrait en  théorie révéler une signature en potassium, bien que ceci n'ait pu être prouvé à Canadian Malartic en raison des parcs à résidus qui masquaient les signatures primaires. 

Depuis la réussite du projet Canadian Malartic d'Osisko, qui était bien connu en 2007 et qui est passé de  la découverte à  la production en seulement 6 ans, un « changement de paradigme » s'est  bel  et  bien  installé  dans  le  monde  des  sociétés  juniors  d'exploration  au  Canada.  Les gisements aurifères à fort tonnage et faible teneur exploitables en vrac étaient auparavant peu recherchés  par  les  sociétés  explorant  dans  le  craton  du  Supérieur,  pourtant  aujourd'hui  un nombre  important  de  découvertes  aurifères  de  ce  type  ont  eu  lieu.  Ces  dernières  en  sont  à différents degrés d'avancement et comprennent toutes des ressources près de  la surface d'au moins 3 millions d'onces d'or à des teneurs variant de 0,8 à 1,5 g/t Au. Il est intéressant de noter que  la vaste majorité de ces gisements montrent des caractéristiques différentes de celles de Canadian  Malartic  et  n'ont  pas  nécessairement  d'affinités  évidentes  avec  les  magmas porphyriques. Nous sommes donc témoins d'une nouvelle ère dans le domaine de l'exploration pour l'or dans le Bouclier canadien qui, sans aucun doute, se soldera par de nouveaux modèles métallogéniques  pour  les  gisements  aurifères  archéens  et  une  renaissance,  nous  l'espérons, pour les camps miniers aurifères historiques au Canada. 

  

 

Références 

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Figure 1.  Géologie  régionale  de  la  partie  sud  de  la  Ceinture  de  roches  vertes  de  l'Abitibi,  au Québec, montrant la localisation du gisement Canadian Malartic. 

Figure 2. Géologie  locale  du  secteur  de Malartic montrant  les  infrastructures  en  surface  et  le tracé des zones minéralisées en or. 

Figure 3. Projection en 3D du gisement Canadian Malartic (à gauche) et du gisement adjacent de Barnat  Sud  (à  droite).  Tous  les  domaines  colorés,  à  l'exception  du  rose  pâle,  présentent  des teneurs supérieures à 1 g/t Au et définissent une structure en synforme plongeant vers l'ESE dans le  gisement  Canadian  Malartic.  Le  domaine  en  rose  pâle  représente  l'enveloppe  diffuse  de minéralisation à basse teneur (0,3 à 1,0 glt Au) qui suit  la charnière du synforme. Le flanc nord du synforme se poursuit jusque dans la Zone de faille de Cadillac (Extension Sladen en hachuré) où  il  est  démembré  et,  combiné  aux  zones  de  minéralisation  subverticales  et  tabulaires encaissées dans les roches porphyriques au nord de la faille, forme le gisement Barnat Sud. 

Figure 4. Échantillons de  carottage de  calibre NQ montrant  l'altération progressive des  roches métasédimentaires  clastiques  du  Groupe  de  Pontiac  qui  encaissent  la  majeure  partie  du gisement. A) altération potassique initiale (teinte brunâtre attribuable à la présence de biotite) le long d'une fracture dans un grauwacke au faciès des schistes verts, à 500 mètres au sud‐ouest du  gisement;  notez  les  grains  aplatis  de  pyrite  authigène  précoce  dans  le  grauwacke;  B) altération potassique avancée du grauwacke montrant une silicification superposée au cœur de l'échantillon qui est bréchifié par des veinules  tardives de biotite‐calcite; cet échantillon a  titré 1,30 g/t Au et présente une minéralisation typique sous forme de pyrite aurifère disséminée; C) silicification (+ ankéritisation) avancée du grauwacke, qui a oblitéré toute texture primaire et qui se solde par une roche aphanitique « cherteuse »; cet échantillon renferme beaucoup moins de pyrite que l'échantillon (B), mais présente néanmoins une teneur de 1,15 g/t Au. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

SONDAGE#  SECTION  DE (m)  À (m)  LONGUEUR (m)  Au (g/t) 

CM05‐651  3320E  31,3  125,2  93,9  1,01 

CM05‐652  3350E  30,4  175,6  143,2  1,01 

CM05‐653  3380E  30,6  117,8  87,2  1,68 

CM05‐654  3412E  27,3  99,0  71,7  2,50 

CM05‐655  3426E  2,5  149,9  147,4  1,03 

CM05‐656  3444E  0,8  98,6  97,8  1,64 

CM05‐657  3502E  1,0  140,5  139,5  1,16 

CM05‐658  3550E  2,5  165,5  163,0  1,15 

CM05‐659  3581E  0,8  115,1  114,3  1,20 

CM05‐660  3626E  0,9  138,6  137,7  1,65 

CM05‐661  3674E  129,0  322,0  193,0  1,22 

CM05‐662  3642E  5,9  57,2  51,3  1,01 

CM05‐663  3288E  3,00  100,9  97,9  1,70 

CM05‐664  3674E  133,0  258,6  125,0  0,82 

CM05‐665  3610E  29,6  288,6  259,0  1,00 

CM05‐666  3550E  58,0  116,8  58,8  1,07 

CM05‐667  3610E  111,5  188,5  77,0  0,70 

CM05‐668  3730E  154,5  301,5  147,0  1,02 

CM05‐669  3610E  41,2  310,7  269,5  1,04 

CM05‐670  4460E  40,1  238,1  198,0  1,01 

Tableau 1. Résultats d'analyse regroupés en composites tirés des vingt premiers sondages forés sur  le  projet  Canadian Malartic  au  printemps  et  à  l'été 2005. Ces  sondages  verticaux  ont  été forés  le  long  d'une  section  est‐ouest  de  1 140 mètres  de  long  suivant  l'axe  long  (l'étendue latérale) du  gisement. C'était  le  test  ultime  pour  vérifier  le  potentiel pour  un gisement à  fort tonnage, et tous les sondages ont recoupé de la minéralisation significative.