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Dialogue Juppé et les islamistes p. 5 Révolution L'identité de la Résistance p. 8 DU 9 MAI AU 22 MAI 2011 - 41 e année - Numéro 991 - 3,20 oligarchie, toujours prête à brouiller les pistes dès que l'on cherche à éta- blir ses responsabilités, ne peut que se réjouir de la manière dont la grande presse dénomme le parti des Vrais Finlandais. Ce mouvement d'extrême- droite, rappelons-le, n'en fi- nit pas d'inquiéter, depuis sa percée aux élections. L'expression qui nous est proposée renvoie à une con- ception abjecte de la nation, que l'on ne peut que rejeter. Mais le terme originel Perussuomalaiset, de l'avis de plusieurs traducteurs, de- vrait plus heureusement être traduit par Finlandais de base ou Finlandais de la rue. Finlandais d'en-bas aurait dit M. Raffarin ! Mais, une fois de plus, il s'agit d'exclure a priori toute contestation du système. Le procédé est d'autant plus cu- rieux puisqu'il met en doute l'intelligence politique d'un peuple avec lequel nous par- tageons une communauté de destin. Marine Le Pen et ses clones peuvent continuer à prospérer tranquillement, puisque personne ne semble tenir compte des causes réel- les – économiques et sociales – du vote extrême. Il n'est que temps que les partis de gouvernement tirent les leçons d'une crise diagnosti- quée maintenant depuis des années. Finlandais L' CIBLE CIBLE CIBLE CIBLE ESPAGNE Le Le Le Le syndrome syndrome syndrome syndrome Zapatero Zapatero Zapatero Zapatero

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Dialogue

Juppé et lesislamistes

p. 5

Révolution

L'identité dela Résistance

p. 8

DU 9 MAI AU 22MAI 2011 - 41e année - Numéro 991 - 3,20 €

oligarchie, toujoursprête à brouil lerles pistes dès quel'on cherche à éta-b l i r s e s

responsabilités, ne peut quese réjouir de la manière dontla grande presse dénomme leparti des Vrais Finlandais.Ce mouvement d'extrême-droite, rappelons-le, n'en fi-nit pas d'inquiéter, depuis sapercée aux élections.

L'expression qui nous estproposée renvoie à une con-ception abjecte de la nation,que l'on ne peut que rejeter.M a i s l e t e r me o r i g i n e lPerussuomalaiset, de l'avis deplusieurs traducteurs, de-vrait plus heureusement êtretraduit par Finlandais debaseou Finlandais de la rue.Finlandais d'en-basaurait ditM. Raffarin !

Mais, une fois de plus, ils'agit d'exclure a priori toutecontestation du système. Leprocédé est d'autant plus cu-rieux puisqu'il met en doutel'intelligence politique d'unpeuple avec lequel nous par-tageons une communauté dedestin. Marine Le Pen et sesclones peuvent continuer àprospérer tranquillement,puisque personne ne sembletenir compte des causes réel-les – économiques et sociales– du vote extrême. Il n'estque temps que les partis degouvernement t i ren t lesleçons d'une crise diagnosti-quée maintenant depuis desannées.

Finlandais

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RÉDACTION-ADMINISTRATION17, rue des Petits-Champs, 75001 Paris

Téléphone : 01.42.97.42.57Télécopie : 01.42.96.99.20

Dir. publication : Yvan AUMONTCom. paritaire 0514 G 84801

ISSN 0151-5772

SOMMAIRE : p.2 : De quel bois on sechauffe - p.3 : La peste verte - p.4 :Tiercé - Quand tu perds... - p.5 : Juppéet les islamistes - p.6/7 : Le syndromeZ a p a t e r o - p . 8 : L ' i d e n t i t é d e l aRésistance - p.9 : Gunthers Anders -p.10 : Les pommes de la discorde -p . 1 1 : A c t i o n r o y a l i s t e - p . 1 2 :Éditorial : Une immense confusion.

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ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS

Corrèze

« De quel boison se chauffe… »

Chronique d’une journée d’avril en Corrèze. Ce soir du jeudi 28 avril àTulle, le public invité par notre club IFCCE La Boussole, attendait à

l’Hôtel du Département que Jacques Sapir explique sa Dé-mondialisation.

t chacun d’espérer quele candidat FrançoisHollande viendrait enbut iner les conclu-sions… Mais le mêmejour, le président du

Conseil Général de la Corrèzeétait requis par une urgence :celle d’accueillir le présidentNicolas Sarkozy, venu à l’im-proviste tenir table ronde surle thème « valor iser nosforêts » - voire, en sous-main,privatiser la gestion des forêtsdomaniales gérées jusqu’àprésent par l’Office Nationaldes forêts (ONF) c’est à direl’État.

Nos lecteurs, familiers deses lubies d’adolescentattardé, relèveront que lePrésident, chaperonné parBernadette Chirac revenueexprès de Saint-Tropez, a at-terri à Brive en Falcon 7Xavant de s’offrir un survol dela forêt corrézienne en SuperPuma militaire. Descendus deleur côté d’un second Fal-con 7X (par économie ?), lesministres de l'Écologie, Natha-lie Kosciusko-Morizet, et del'Agriculture, Bruno Le Maire,

prenaient la voie de terre versÉgletons escortés des75 journalistes accrédités, tan-dis qu’un petit millier de gen-darmes ou CRS sécurisaient leparcours en barrant ses abordsà la population.

Cette démonstration de sim-plicité avait-elle pour objetd’obtenir le brevet présidentielsur ces terres chiraquiennes ?Ou, plus bucoliquement, d’al-ler aux champignons avecl’ancienne présidente ? Nul nesait de quel bois se chauffaitce jour-là le Président…

En revanche ce soir-là, Jac-ques Sapir fut l impide etsouriant. Son démontage del’illusion mondialiste par uneobservation aiguë des chiffresdu commerce, producteur ounon de richesse, et des pénali-tés que la déréglementation in-f l ige à l ’ industr ie et auxsalaires, débouchaient sur deterrifiantes révélations : 95 %des capitaux en circulationsont voués, à court terme, à lapure spéculation et seulement5 % aux invest issementsproductifs.

L’impuissance des entrepri-ses à échapper aux critères derentabil i té édictés par lesbanques, celle des États, no-tamment européens, à régulerdes flux que la monnaie uni-que gouverne uniformément,leur exposition aux politiquesprédatrices de la Chine où à lasuprématie exportatrice del’Allemagne par abandon desmesures d’équilibre keyné-siennes, conduisent à désirerardemment une sortie de crise,dont l’occasion surgirait lors-qu’une ou plusieurs nationsfaisant défaut, le retrait del’euro deviendrait souhaitableet possible.

Averti ou non de ces subtili-tés économiques, le public dé-couvrait l’imminence de cettecrise authentique, qui risquaitde surprendre les pays de lazone euro dans une imprépara-tion totale, voire, comme enFrance, dans le déni obstinéd’en envisager les issues.Rompant ce silence, le scéna-rio proposé par Jacques Sapira le mérite de poser courageu-sement la question de la fina-lité à donner à cette rupture

monétaire : est-ce un ajuste-ment technocratique de plus,où apportera-t-elle une ré-ponse aux déséquilibres so-ciaux causés par la sauvagerieultra-libérale ?

Le public attentif l’interrogesur les moyens : de quel prix,combien de temps, payer cettereconquête de la souverai-neté ? Le pays sera-t-il en pé-nitence ? Sur quelles alliancestabler s’il regroupe les nationsmenacées par la conjoncture ?Quel rapport entre les éclusesdont rêve le Parti socialiste etle protectionnisme sélectif deSapir ? Quel gouvernementfrançais osera imposer à l’Eu-rope sa décision au lieu d’at-tendre l’Arlésienne ?

Or voici qu’au-delà de cesquestions réalistes surgit, de lapart de jeunes gens fraisémoulus du médiat ismeambiant, l’objection angoisséequi sert depuis des lustres àenterrer le débat : quitterl’euro serait quitter l’Europe,briser le consensus de paix etd’entente entre les nations ;quitter l’euro serait revenir enarrière, quasiment à la lampeà huile et la charrette à bœufs.Quitter l’euro serait trahir, bri-ser l’idéal historique de lapaix entre les peuples.

C’est alors que Sapir l’éco-nomiste a rugi comme unfauve de la cause nationale etrésistante. À quoi a tenu lapaix européenne depuis 45 ?Au sain équilibre de terreurinstauré par la force dedissuasion, et au fond des es-prits et des cœurs, au travailsur elles-mêmes des nationsrevenues de la folie guerrièreou totalitaire. La messe étaitdite.

On a bien vu, ce soir-là, dequel bois on se chauffe.

Luc de GOUSTINE

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Royaliste 991

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L’échodes blogs

La finance fait-elle de la politi-que ?

Dans un texte publié sur sonblog (1) La pompe à PhynanceFrédéric Lordon aborde la situa-tion des États-Unis et de la Gran-de-Bretagne. « Ainsi donc il vafalloir envisager d’agrandir laporcherie… Car deux fameux go-rets tapent du groin à la porte. »

Car les marchés se montrentdéçus par les résultats obtenussuite aux mesures économiques etf inancières, pourtant t rèsdifférentes, décidées dans cespays. Ils attendent plus et mieuxdans la défense de leurs avantages.

Le 18 avril, l’agence de nota-tions - Standard & Poor’s - estchargée de l’annonce : La notetriple A des États-Unis est misesous surveillance négative, avecprobabilité d’un tiers d’une dégra-dation ferme à horizon de deuxans. Coup de tonnerre suivi d’ungrand calme.

En mai 2009, la Grande-Breta-gne subissait l’affront avant devoir sa note restaurée dans saperspective stableen octobre2010 le temps pour Cameron-Os-borne d’annoncer les mesures deguerre contre les travailleursanglais. Mais la conséquence estqu’inflation et récession se dé-ploient aujourd’hui. Et les mar-chés n’aiment pas ça car l’infla-tion dégrade le patrimoine et larelance est atone, ce qui aggravele ratio dette / PIB. Il exige larigueur, pas d’inflation et la re-lance en bonus ! La formule de laquadrature du cercle en quelquesorte.

Et aux États-Unis que se passe-t-il ? La crise de l’immobilier ditedes subprimesest en l’état c'est-à-dire au plus haut. La crise del’immobilier commercial prend del’ampleur. La crise des financeslocales s’approfondit. La crise desfonds de pensions s’annonce « lescaisses de retraite capitalisée desfonctionnaires de l’État fédéralseraient sous-capitalisées à hau-teur de… 3 300 mil l iards dedollars, auxquels il faudrait ajou-ter 574 milliards de dollars pourles caisses des fonctionnaires lo-caux». Alors les marchés veulentdes mesures de sauvetage de leursintérêts. Tel est le sens de l’an-nonce faite le 18 avril. Elle a « aumoins le mérite de faire percevoirdistinctement à quel degré intensela finance fait de la politique […]comme en témoignent assez lespolitiques publiques désormaisimplicitement ou explicitementagencées pour son seul bon plai-sir ».

François ENNAT

(1) http://blog.mondediplo.net/2011-04-26-Les-deux-gros-cochons

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Programme

La peste verte

Tous aux abris ! Les Verts sont en traind’élaborer leur programme ! Leur premier

catalogue est surtout riche en produits toxiqueset bombes à fragmentation.

e n’est qu’une esquisse,mais la présentation desprincipaux chapitres duprogramme d'EuropeÉcologie - Les Verts

donne des indications sur lebain idéologique dans lequelça s’ébroue sous le regard tou-jours bienveillant des médias.

Il y a d’abord la liste desbonnes intentions qui se re-trouvent dans tous les pro-grammes de l’opposition :augmenter les revenus sociauxet les bas salaires, apporterune aide f inancière auxétudiants, faci l i ter lesnaturalisations, combattre lesparadis fiscaux, taxer les tran-sactions financières, etc. C’estsympathique, mais ce n’estvraiment pas la peine de sepeindre en vert pour soutenirde telles propositions.

C’est lorsqu’il porte sur lePolitique que le programmedes Verts révèle sa toxicité.Pour eux il s’agit de mettre enplace une VIeRépubliquedontles structures ne sont pas en-core précisées sauf sur le Sé-nat qui serait transformé enChambre des Régions. Cequi signifie sans doute que lesVerts envisagent de faire de laFrance un État fédéral qui se-rait inclus dans une Europefédérale. Un État faible puis-qu’ils veulent « en finir avecle nucléaire mi l i ta ire enFrance et en Europe». Defai t , les Verts veulent« favoriser un transfert despouvoirs vers l’Europe», ren-forcer les pouvoirs du Parle-ment européen, « renforcer lerôle de l’Europe sur la politi-

que économique», « mettre enplace un véritable budgetcommunautaire» et « repen-ser la politique économique enconservant toutefois l’indé-pendance de la BCE».

Les Verts n’ont toujours pascompris que le fédéralismeeuropéen est contraire à la dé-mocratie dans sa logique etdans sa pratique. Ils n’ont pasnon plus compris que l’indé-pendance de la BCE, frappéed’addiction à l’idéologie ultra-libérale, interdit toute politi-que monétaire digne de cenom. Leur rêve, c’est unegrande Suisse administrée parBruxelles et Francfort et lais-sée ouverte à la concurrencesauvage - puisque rien n’estdit sur la nocivité du libre-échange.

Pour en savoir plus sur lesidées agitées par certains diri-geants Verts, il est utile de sereporter au Manifeste pourune écologie de la diversitépublié dans Libération du1er févr ier par EstherBenbassa, Noël Mamère etÉva Joly. Après maintescirconlocutions, on y apprendque la République (autrementdit l’État) n’incarne plus laLiberté, l ’Égal i té et laFraternité. Ce qui devrait nousinciter à combattre pour le re-tour à nos pr incipesfondateurs. Au contraire, lestrois dirigeants Verts en profi-tent pour clamer qu’il faut po-ser les conditions d’une so-ciodiversité fécondequi seraitsi j’ai bien compris une so-ciété pluriethnique - ce quisuppose que l’on reconnaissele concept d’ethnicité.

Éva Joly et ses camaradesajoutent ceci : « Une laïcitéraisonnée qui reconnaisse lapart de l ’appartenanceethnique, cul turel le,religieuse, linguistique, uneRépublique équilibrée en har-monie avec la mixité réelle,tels peuvent être les moteursd’une société active et créa-tive ». Selon la règle de toutesles manipulations, on garde lemot – laïcité - pour mieuxdétruire la chose en invoquantla raison. Mais le projet sous-jacent est inepte et dange-reux : il conduirait à fabriquerune sorte de fédération helvé-tique sous un modèle vague-ment yougoslave.

Mais ce serait une Yougosla-vie sans le pouvoir royal, ousans le Maréchal Tito et saLigue des communistes - unagglomérat de communautésethniques et religieuses, ouethnico-religieuses, ou eth-nico-culturelles, avec des lan-gues minoritaires et des ré-gions autonomes coiffées parle Sénat des régions. Ce seraitla porte ouverte aux rivalitéset aux violences intercommu-nautaires qu’un régime d’As-semblée (c’est sans doute cequ’ils concoctent) serait inca-pable de maîtriser.

Telle est la peste verte,ethnicisante, résolument hos-tile à la collectivité nationaleet aux principes de la respublica. Si les socialistes et lescommunistes étaient cohé-rents, ils refuseraient toute al-liance avec ceux qui sont entrain de formuler un projet quiest à tous égards foncièrementantirépublicain.

Annette DELRANCK

C

Royaliste 991

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Socialos

Tiercé

Fiscalité

Quand tu perdstu gagnes encore plus !

Le bouclier fiscal est mort. Cet emblème, cedrapeau de la sarkozie triomphante, ce dispositifqui devait ramener par Rolls entières des fonds

dans notre beau pays n'est plus. Sictransit... Encore que.

a larme à l ’œi l etl ’arme au pied (degrue) les sommités so-cialistes commémorentle 10 mai 1981. Trenteans déjà ! Pour nous,

déjà furieux en mai 1981parce que la gauche refusaitune indispensable dévaluation,il faut se livrer à une petitesoustraction : 2011 moins1983 (année du « tournant dela rigueur ») cela fait vingt-huit ans de reniements aucours desquels des dirigeantssocialistes toujours satisfaitsd’eux-mêmes se sont rendus àl’ultra-libéralisme en ne ces-sant de mentir aux électeurs.

Résultat : le trio qui est entrain de manœuvrer en vue despr imaires de l ’automneprochain. Aubry, la technofroide comme une lame. Do-minique Strauss-Kahn, quiserre avec ses amis Trichet etMerkel la corde qui étrangleles Grecs, les Irlandais et lesPortugais. François Hollande,qui a toujours le mot pourrire... et pour faire l’apologiedu libre-échange tout en es-sayant de faire rêver lesFrançais avec des promessesoutrageusement démagogiques– par exemple les 500 000places en crèche.

Pas la peine d’essayer de de-viner le gagnant dans ce tiercéqui se joue à l’aile droite duParti socialiste entre le libre-échange et le libre-échange,entre l’euro et l’euro, entre lamondialisation et la mon-dialisation. On attend la findes manœuvres torves pour ti-rer à vue sur les deux candi-dats rivaux de la droite socialo– à moins qu’ils ne soient troissi la « mère tape-dur » décidemalgré sa promesse de ne passe retirer devant l’étrangleurde Washington.

Yves LANDEVENNEC

es mots f ini ront parmanquer, c'est sûr. Lacolère se porte bien,merci et encore. . .Qu'écrire de plus que ceque nous avons cessé de

faire depuis 2007, a minima?Indigestion d'indécence. C'estnet.

Les faits. Ne pouvant pluspol i t iquement tenir cet teaberration, le gouvernement amis fin à une imbécillité éco-nomique : le bouclier fiscal.On aurait pu s'en tenir là,prudemment, simplement enjetant un coup d'œil sur lescomptes de la Nation. Desavantages indus ne seraientp lus de mode. Versantintéressant, de l'argent allaitentrer dans les caisses pourparticiper à l'effort collectif.Bonne mesure, sage, opportuneet b ien vue à un an desélections.

Sarkozy n'aime pas perdre,son premier cercle non plus.Les services de Bercy ont doncaccouché d'un pendant à lasuppression. La modificationen profondeur de l'ISF. Simpli-fication et surtout division par3,5 du taux le plus élevé. Uncontribuable ne pourra paspayer plus de 0,5 % de sa baseimposable. Ladite base est tel-lement minée de niches qu'ellen'a plus grand-chose à voiravec la réalité des patrimoines.Pourtant, une fortune sérieuse-ment placée rapporte au mini-mum 4 % l'an. Est-il donc siinconcevable que sur ce gain ledétenteur ne puisse en laisserun quart à la collectivité ? Iln'existe pas de fortune hors-sol, les bienheureux enrichisont fatalement bénéficié de ce

que la société a mis en placepour tous. L'égoïsme commevaleur de la République ! Lagénération TPMG serait-elle entrain de l'emporter dans leshautes sphères comme ailleursdans la société ?

On nous claironne que le dis-posi t i f ent ier sera neutrefinancièrement. Mensonge. Onvoudrait bien faire gober que leproduit nouveau d'un côté seraéquivalent à la perte de l'autre.Évidemment il n'en est rien, leschiffrages les plus sérieux, no-tamment ceux de ThomasPiketty, montrent une dif-férence qui pourrait aller de unà cinq. Les bases sont trop dif-férentes pour qu' i l y a i tadéquation. Un mensonge deplus.

Les très gros contribuablesvont être les vrais gagnants,ceux de l'étage en dessous vonty perdre mais on ne pleurerapas sur leur sort. N'avez qu'àréfléchir ! Retour de LilianeBettencourt qui va faire, grâceà cette opération, une écono-mie quasi vertigineuse. Elle nesera pas la seule. Faisons pour-tant le pari que ça ne ramèneraaucun exilé. Il leur en faudratoujours p lus. L'Histo ireévolue. Les émigrés de 1789-1793, qui eux risquaient beau-coup plus que leurs fifrelins,n'ont pas jugé utile de deman-der à Bonaparte la moindre pe-tite compensation financière,heureux qu'ils étaient en ren-trant vifs de récupérer souventquelques lambeaux de leursplendeur passée. Nous som-mes loin de cela maintenant.On en vient à se demander,dans l'année qui reste, quandon nous sortira notre Milliard

des émigrés fiscaux. Pendantque nous y sommes, pourquoidonc se gêner !

Avez-vous noté que 30 %des Américains sont désireuxde ne p lus payer du toutd'impôts, pas plus fédéraux quelocaux ? C'est énorme et celaamène à penser que ce paysn'est pas au bord durelèvement. Les Anglais aussi,dans un aveuglement quiinquiète, retournent tranquille-ment à la situation sociale quiprévalait sous le règne deVictoria. Les bourgeois sontdévergognés. Plus question departiciper à un effort collectif.Le front anti-impôt gagne cha-que jour du terrain.

Mais en France ? Ce n'estpourtant ni dans nos idéaux po-litiques ni dans nos pratiquesde promouvoir une politiquefiscale aussi disproportionnée.Que se passe-t-il ? Sont-ils de-venus fous comme nous lecraignions il y a quelques se-maines ? Ou le scénario noirprendrait-il quelque couleur deréalité ? La rumeur bruissedans Paris que, tellement cer-tains d'être laminés aux pro-chaines élections, nos hiérar-ques UMPistes ont décidé deprendre ce qui pouvait encorel'être et qu'importe le déluge àvenir puisqu'on a construit sonarche ? Il faut y veiller, le ventqui monte ne dit rien qui vailleen matière de pacte social. Leprojet de réforme fiscale con-cocté par Christ ian Saint-Étienne pour faire pendant àl'excellent Piketty est dans uneveine semblable, toujoursmoins pour les plus aisés, lesautres se débrouilleront. Noussommes en plein XIXe siècle.Le grand bond en arrière. La-cordaire et Hugo ne sont pluslà, qui les remplacera ?

Charles GUÉMÉNÉ

LL

Royaliste 991

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� MAROC – C’est accompagné deson cousin Moulay Ismail que le roiMohammed VI s’est rendu sur leslieux de l’attentat meurtrier commissur la place Jamaâ El-Fna de Marra-kech faisant 16 morts et 25 blessés.Le souverain est ensuite allé àl'hôpital Ibn-Tofail et à l'hôpital mili-taire Avicenne de Marrakech pourvisiter les blessés. Le roi a déclaré :« Cela ne fera que renforcer la vo-lonté des Marocains de faire face àquiconque s'avisera de porter at-teinte au modèle qu'ils se sont choisipour la consécration du progrès dé-mocrat ique et en mat ière dedéveloppement, ainsi que pour lasolidarité avec la communauté inter-nationale dans la lutte contre toutesles formes de criminalité, d'agressionet de terrorisme». La Conférencemonarchique internationale (CMI) apublié un communiquédans lequelelle déclare espérer que cet attentat« ne parviendra pas à déstabiliser lamonarchie marocaine et ne viendrapas faire barrage aux courageux ef-forts de modernisation institution-nelle initiés par SAR le Roi Moham-med VI». � GRANDE BRETAGNE – C’estle 20 avril que le prince Charles estdevenu le prince héritier qui a eu leplus long « règne ». Il a battu lerecord établi par son arrière-arrière-grand-père le roi Edouard VII quiétait resté prince de Galles pendant59 ans, deux mois et 13 jours. Leprince Charles est l'héritier du trônebritannique depuis que sa mère aaccédé au trône le 6 février 1952. � JAPON – L'empereur Akihito etl'impératrice Michiko se sont rendusau port de pêche d’Otsu situé àKitaibaraki, ville située dans la zonetouchée par le séisme et le tsunamidu 11 mars. Ils ont observé un mo-ment de recueillement au niveau duport, parcouru les zones sinistrées,rencontré les équipes de sauvetage etvisité un gymnase de la ville pours’entretenir avec les personnesévacuées. � SUÈDE - Le roi Carl XVI Gustafa fêté ses 65 ans. La foule brandis-sant des drapeaux suédois avait en-vahi la cour du Palais royal, lescanons du fort de Skeppsholmen fai-sant face au Palais ont tiré 21 coupspuis le roi est sorti rencontrer sonpeuple et recevoir des fleurs remisespar des enfants qui attendaient impa-tiemment ce moment. Son âge ne varien changer au mode de vie du roiqui a affirmé : « Je n'ai en aucuncas l'intention de me mettre déjà ànourrir les oiseaux... » ajoutant :« La tradition veut que le monarqueassume ses fonctions aussi longtempsqu'il est sain d'esprit». La princessehéritière Victoria et son époux leprince Daniel, tout juste de retour dumariage du prince William et de KateMiddleton, ainsi que le prince CarlPhilip et la reine Silvia ont participéà cette cérémonie d'anniversaire. � ROUMANIE – Dans un entretienaccordé au quotidien Adevarul desearã la princesse Margareta a dé-claré : « Oui, nous sommes prêtspour un retour de la monarchie. Leroi a toujours été prêt pour cela. Jen'ai pas de boule de cristal pour êtreen mesure de prédire l'avenir. Celadépend du peuple roumain, à savoirs’il le désire. Une volonté politiqueest nécessaire, mais nous avons aussibesoin de la volonté du peuple.»

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Dialogue

Juppéet les islamistes

ès son arrivée au Quaid’Orsay en avril 1993,Alain Juppé avait déjàlancé une vaste enquêtedans les postes diplo-matiques concernés sur

l’idée de contactsavec les re-présentants de mouvementsislamistes. Il l’a relancée dèsson retour au même poste lemois dernier. Or s’il a mani-festement beaucoup de suitedans les idées, le ministre nesaurait méconnaître les dif-férences entre les deuxépoques.

En 1993, nous étions au len-demain de la guerre du Golfeconsécutive à l’invasion duKoweït par Saddam Hussein,mais aussi au début de laguerre civile algérienne aprèsl’interruption du processusélectoral en janvier 1992. Laproposition Juppé survenait encomplet décalage avec l’ap-probation donnée par le prési-dent Mitterrand au coup deforce des éradicateursal-gériens contre les dialoguistes.Le gouvernement de cohabita-t ion mené par ÉdouardBal ladur, avec déjàGérard Longuet (à l’Industrie)et Alain Juppé, pensait avoirtrouvé une idée géniale, cellede tirer les dividendes de laparticipation française à laguerre du Golfe. Les contratsmirobolants escomptés furentautant de mirages dans ledésert. La coupe fut amère.

En 2011, la proposit ionJuppé bis s’inscrit dans le ca-dre du printemps arabeautour de la Méditerranée. Ju-gées trop frileuses, les posi-tions françaises initiales seveulent à nouveau auda-cieuses. La différence est quel’islamisme politique - qui

était à son apogée il y a vingtans - n’a pas été du tout àl’origine des mouvements dé-mocratiques qu’il a rejoint tar-divement et discrètement dansl’espoir non plus d’emporterles élections mais de figurercomme un part i parmid’autres. Dialoguer aujour-d’hui avec les islamistesenposition de faiblesse, et doncplus prompts au compromishistorique, peut passer pourplus intelligent qu’hier où ilsétaient en position de force etdonc excluaient toutenégociation. Mais il faut clai-rement poser les conditionsd’un tel dialogue.Les responsables français

sont pris entre deux écueilscontradictoires. On ne peutplus se permettre la politiquede Richelieu : nouer des al-liances avec les princes pro-testants d’Europe tout en dé-mantelant le parti protestantàl’intérieur. Il faut respecterune totale cohérence entre letraitement réservé aux musul-mans en France et les relationsavec les États musulmans. Lesvaleurs de la République sontles mêmes pour le ministre del’Intérieur que pour le ministredes Affaires étrangères. Leprintemps arabeen appelle àla France comme terre laïque,de la démocratie et des droitsde l’Homme. Qui compte surl’appui de la France à l’étran-ger ? Les démocrates, voireautour de la Méditerranée lesarabofrancophones, évidem-ment pas les islamistes paten-tés qui avaient choisi le Lon-donistancomme terre d’exil(comme le dirigeant tunisienRached Ghannouchi) et atten-daient des États-Unis le sau-veur Obama.

À l’inverse, accepter le dia-logue avec des islamistes dansdes pays étrangers, comme re-présentants désormais de par-tis légaux, et au même titreque les autres formationspartisanes, comme forces poli-tiques et non religieuses, sup-pose que l’on ouvre aussi cedialogue à l’intérieur du terri-toire national. M. Juppé etM. Guéant doivent parlerd’une seule et même voix.Nous en sommes loin. Le Ras-semblement annuel des musul-mans de Franceau Bourgetdu 22 au 25 avril dernier avaitinvité Rached Ghannouchiainsi que l’incontournable in-tellectuel Tariq Ramadan. Cedernier qui défend, contraire-ment au précédent, un modèlede musulman occidental, a étél’un des premiers, commeégyptien d’origine (petit-filsde Hassan al-Banna, fondateurdes Frères musulmans) à dé-noncer les dictatures arabes.Or son seul nom est anathèmepour la plupart de nos intellec-tuels et Nicolas Sarkozy, alorsministre de l’Intérieur, l’avaitpris comme tête de turc. Com-ment mener un dialogue avecceux qui parlent de l’intérieurd’un islam salafi si l’on acommencé par diaboliser sonpremier penseur indépendant,quoiqu’on pense de sa person-nalité et de ses thèses ?

Ne nous trompons pasd’époque. Ne pensons pas re-prendre aujourd’hui ce quel’on a manqué hier, parfoisavec les mêmes interlocuteursviei l l is et désormais nonreprésentat i fs. Mais pournouer un dialogue avec lesnouveaux acteurs, souvent in-connus ou déconcertants, ilfaut beaucoup de couragepolit ique. L’approche desélections ne s’y prête pas.

Yves LA MARCK

D

BRÈVES

La volonté de dialogue avec les islamistesproclamée par le ministre des Affaires étrangèresest la marque d’un manque total de cohérence au

sein du gouvernement français.

Royaliste 991

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osé Luis Rodriguez Zapatero est devenu Premier ministreen 2004. Il était à l'époque syndiqué, s'en vantait etpromettait que, jamais plus dans son pays, on adopteraitune loi modifiant le droit du travail sans qu'un accord soitconclu entre syndicats et patronat. Il aura fallu que sonpays soit durement frappé par la crise financière, puis

d'une comparutiondevant les financiers de Wall Street pour que cesocialiste authentique rentre dans le rang de l'orthodoxie ultra-libérale.Mais il a fait sienne une idéologie en déroute. Nos voisins ont découvert lesanalyses des économistes hétérodoxes, et une nouvelle Europe se dessine.

union syndicale aété très largementréalisée et démon-trée, en Espagne, le29 septembre 2010.

Pour cette raison, la grèvegénérale organisée ce jour làaurait pu davantage faire lesgros titres, chez nous, notam-ment dans les médias qui utili-sent si volontiers l'exemple denos voisins pour nous imposerles plus dures cr isesd'austérité. Mais peut-être queles réalités d'un pays paralysécomme le nôtre à l'automnepar p lusieurs mi l l ions degrévistes n'inspire finalementque très marginalement certai-nes rédactions parisiennes. Lesmanifestations organisées auPortugal, i l y a un mois,auraient pu tout autant retenirl'attention. Qu'importe, unenouvelle phase de l'histoireeuropéenne s'esquisse, à la-quelle les royalistes de laNAR et leurs amis doiventprêter grande attention.

La réforme du droit dutravail votée l'année dernièrepar le parlement espagnol va

dans le sens d'une plus grandeprécarité, dans le monde dutravai l . Le gouvernementsocial iste, qui en est àl'origine, l'a présentée commeun mal nécessaire, un surcroîtde flexibilité qui permettraitde l ibérer les énergiesdumarché. Mais ce sont bien sûrles plus fragiles qui souffrentdu développement du travail àtemps partiel, des facilités ac-cordées pour les mises à pied,des réductions des indemnitésde licenciement et de chômageet la fin de certains droits pourles salariés.

Régression socialeeuropéenne

Ce sont toujours les intérêtsdes employeurs les moinsscrupuleux qui sont renforcés.On leur permet de modifierplus facilement les horaires detravail au sein de leurs entre-prises et de favoriser la mobi-l i té géographique desemployés. Les négociationscollectives sont marginalisées,notamment en ce qui concerneles questions salariales. Jamais

il n'est question de relancepour évi ter une nouvel lepériode de régression, alorsque les statistiques prévoient,comme conséquence logique àcette politique d'austérité, uneinquiétante croissance nullepour les trimestres à venir.Pour toute conséquence, onvient même de décider que lagestion des chômeurs devraitpasser entre les mains d'orga-nismes privés, la part du tra-vail à temps partiel devant êtrerenforcée. Dans la fonctionpublique, la baisse nette dessalaires a été mise en œuvre.

Le seul argument uti l isépour faire accepter tous cesreculs consiste à dire que laplupart des mesures ont déjàété acceptéespar les salariésd'autres pays. On aurait aiméqu'une chaîne de télévision es-pagnole se fît l'écho des argu-ments des manifestants quidéfilaient, à la même époque,dans les rues de nos villes.Mais, pour nos voisins commepour nous, la voix de l'oligar-chie est la seule qui se fasseentendre, et les correspondants

des chaînes de télévisionsibériques ne montrent, lessoirs de manifestations, queles fi les d'usagers pris enotageaux stations-service, etquelques carcasses de voiturescalcinées. Inversement, qui estau courant, en France, de lagrève très dure que des mi-neurs espagnols ont menée, àl'automne, pour sauvegarderleurs emplois avant que lacommission européenne necède à certaines de leurs re-vendications et accepte decontinuer à subventionner leurbranche ? Étrange manque decommunication, dans une Eu-rope que l'on prétend intégrer.

Conséquence logique, on al'impression aujourd'hui quel'Espagne creuse sa propretombe. L'inflation, quoi qu'onen dise, continue à progresser,car l'augmentation des prix estle seul moyen pour un secteurmarchand exsangue de déga-ger quelques marges. Les pe-tits métiers de rues font leurréapparition. Les plus jeunesgénérat ions de tour istesn'avaient jamais connu cetteEspagne d'un autre temps !Les fonctionnaires ont vuleurs salaires nets baisser et lechômage touche 20 % de lapopulation active. Ce terriblediagnostic nous permet d'éta-blir un constat partagé de larégression sociale.

Il est encore peu relayé dansles grands médias, mais est,fait nouveau, apparu dans lecadre de nombreuses

L'

J

Espagne

Le syndromeZapatero

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publications. Stéphane Hessela vu son libelle être traduit enespagnol. Le succès est toutaussi immédiat que chez nous,de même que celui du Mani-feste des économistes atterrés,qui vient également d'être pu-blié à Madrid. Sentant le filon,de nombreux éditeurs s'en-gouffrent dans la brèche et of-frent désormais de très bonnessynthèses - bon marché desurcroît - de la penséehétérodoxe. Le dernier en datede ces opuscules est intituléRéagissez.(1)

Le combat desintellectuels

Il convoque de nombreux in-tellectuels connus qui cou-vrent tous les champs de lacr i t ique. Parmi les p lusconnus, on trouve le juge Bal-tasar Garzón et les économis-tes José Luis Sampedro - quiappartient à la génération deStéphane Hessel et qui signeaprès les premiers textes del'ouvrage - et Juan TorresLópez. Ce dernier, membre duconseil scientifique d'ATTACen Espagne, tient par ailleursun blog dont une chroniquerécente portait un titre ironi-quement désespéré : Danger !Le FMI cite l 'Espagne enexemple. (2) Les bons pointsaccordés récemment à sonpays par l'institution interna-tionale sont le signe que lepire est en train de seproduire.

Que l'on se pense à ce quiest en train d'arriver à l'Ir-lande !

Dans le petit livre Réagissez,Torres López décrit très bienl'impasse dans laquelle le gou-vernement espagnol estaujourd'hui arrivé. Son dia-gnost ic est décapant :« Comme le d i t JosephStiglitz, il est logique que lesbanquiers centraux n’aientpas fait une analyse réalistede la situation car ils ne lisentque ce qui leur donne raison.De même, il est très facile demontrer qu'il y a une doctrineéconomique officielle que l'onassène dans les centres dupouvoir, dans les universitéset les grands médias. Mais lespropositions illustrent peut-être encore trop un position-

nement politique marginal dela part d'ATTAC. S'il préco-nise de mettre un frein aupouvoir politique des banquesen les empêchant d'accumulerles privilèges économiques etde s'attacher la fidélité desmoyens de communication etdes universités, l'économistereste encore vague en indi-quant seulement qu'il est ur-gent de soumettre la finance àla volonté des citoyens et auxbesoins sociaux, en premierlieu la création durable de ri-chesse en taxant les richessesfinancières et en contrôlantles mouvements spéculatifs ducapital, imposer les principesimpératifs de justice fiscaleglobale et soumettre toutes lesdécisions économiques au dé-bat social authentiquement dé-mocrat ique et part i -cipatif. » (3)

On sait ce que Ségolène afait, en France, de la démocra-tie directement participative.Si l'on croise cette analyseavec d'autres faites en France,on réalise que les économisteshétérodoxes, en Europe, dis-posent d'une base de réflexioncommune qui doit permettreaux mouvements politiquesvéritablement soucieux del'avenir de nos nations de pro-poser de vastes politiques na-tionales et européennes. Nuldoute que l'alternative viendra.

L'écrivain argentin ErnestoSabato, lui aussi témoin actifd'une ancienne générationintellectuelle, a égalementdroit, en ce moment, outre-Pyrénées, à un très beausuccès de librairie, pour unautre petit ouvrage, La Resis-tancia (4), dont la premièreédition, en 2000, n'avait pasfai t les gros t i t res desjournaux. Mais, on le voit, lamode est aux témoignages,que l 'on doit interprétercomme signes avant-coureursde grands changements dansl'ordre politique.

Sabato préconise une posturepolitique dans laquelle la dé-fense de valeurs qui doiventguider tout changement :« Certains jours, je me lèveavec une espérancedémentielle, vivant des mo-ments dans lesquels je sensque les possibilités d'une vie

plus humaineest à portéede main.Aujourd'huiest l 'un deces jours. »L'auteur n'enest pas moinscapable d'unedescr ip t ionréaliste de las o c i é t éactuelle. « Iln'y aura plusque des pri-vi légiés quipourront à lafois manger,posséder unemaison et unminimum der e s s o u r c e séconomiques,tout en étantdes person-nes spirituel-l e m e n tcultivées. »

Ainsi , lespouvoirs, deg a u c h e ,comme dedroite, qui sesont fourvoyés dans une cer-ta ine idée de la mondia-lisation, sont aujourd'hui dis-qualifiés par tous les mouve-ments intellectuels indépen-dants de l'oligarchie, alorsmême qu'ils croient pouvoirs'en sortir en suivant les pres-criptions les plus honteusesde ceux qui nient la primautéde l'humanisme.

Pour ce qui la concerne, lasociété espagnole sembleavoir bien du mal à trouverune planche de salut. Ironie dusort, il se pourrait bien que lessocialistes soient reconduits aupouvoir, à l'issue des électionslégislatives de 2012, tant ladroite libérale est honnie del'opinion. Très adroitement,déjà, José Luis Rodriguez Za-patero a annoncé qu'il ne se-rait pas candidat. Mais son casde conscience personnel nerègle pas celui de son parti.De fait, les Espagnols ne sa-vent plus à qui se fier, pour lagestion politique du quotidien.

Dans la dernière enquête vi-sant à mesurer le degré deconfiance que les Espagnols

placent dans les institutions etgroupes sociaux d ' impor-tance (5), le gouvernement,les banques et les syndicatsarrivent respectivement auxvingt-et -unième, v ingt-cinquième et vingt-sixièmeplaces. Les multinationalesoccupent la dernière, la vingt-septième. Comme pour con-f i rmer les analyses deRoyaliste, le roi occupe laquatr ième, der r ière lesscientifiques, l'Université, lapolice et la Sécurité Sociale.Nos nations sont solides et laRévolution indispensable.

David NOVARRO

� (1) Rosa María Arta l- « Reacciona», ouvragecollectif, Madrid, 2011.

� ( 2 ) h t t p : / / w w w . j u a ntorreslopez.com

� (3) Op. cit. pp. 64 et 75.

� (4) Ernesto Sabato - « LaResistencia», réédité en 2007 et2009 par les éditions Seix Barral(Barcelone).

(5) Parue dans El País du19 avril 2011.

� Un pamphlet, parmi d'autres, dénonce lesprescriptions ultra-libérales.

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Révolution

L’identitéde la Résistance

La Résistance ne ressemble à aucun autre mouvement de révolte ou deguérilla, à aucune autre révolution. La Résistance fut un acte qui s’est

inventé et transformé au cours de l’action, dans la pleine conscience de saforce et de sa fragilité.

ous commençons seu-lement à comprendrece que fut laRésistance. Ses grandsacteurs nous l’ont ra-

contée et leurs témoignagessont précieux. Les polémiquesne cesseront pas plus que cel-les qui portent sur la Révolu-tion française. Mais voici letemps des historiens, qui setrouvent maintenant à bonnedistance pour apprécier l’en-semble de l’action résistante etpour tenter d’en discerner lesens profond. Nous voyonsainsi s’esquisser une philoso-phie de la Résistance (1) dontla portée dépasse les frontièresnationales. Cécile Vast y ap-porte une contribution remar-quable mais comme tout livreimportant le sien (2) peut êtrelu de plusieurs manières.

Il faut que j’indique ma lec-ture personnelle, celle d’unenfant élevé dans la mémoirede Combat. Cécile Vast a étu-dié les documents laissés parles combattants des Mouve-ments unis de Résis-tance (Combat, Libération Sudet Franc Tireur) et j ’y re-trouve l’écho amplifié de ceque me disait ma mère : laferveur patriotique, le couragejoyeux et la fraternité qui per-mettaient de transcender lesdifférences de classes etd’opinions, sans que les rivali-tés et les confl i ts soientéliminés. Nous savons qu’il yeut après la Libération desmémoires politiques rivalesqui ont été durcies par la

Guerre froide et, de mon pointde vue, ce livre sur l’identitéde la Résistance vient équili-brer les textes à la gloire d’unParti communiste qui en fai-sait un peu trop dans l’auto-glorification d’une lutte com-mencée en 1941 seulement.Mais, pour de plus jeunesgénérations, c’est le général deGaulle, Jean Moulin et leCNR, beaucoup plus que leParti des 75 000 fusillés, quiincarnent la Résistance...

Cécile Vast s’interroge quantà elle sur la manière dont seforge peu à peu l’identité de laRésistance, en étudiant les ar-ticles de presse et les courriersinternes diffusés par les Mou-vements unis. Cette identité seconstruit dans la relation auxautres, sur une mémoire accro-chée à des lieux, selon desprincipes et en fonction d’unesymbolique bien incarnée.Cela ne se fai t pasimmédiatement. La Résistancene gagne sa majuscule qu’en1942 : c’est un mouvementtout à fait nouveau qui s’in-vente au fil de l’histoire qui sefait et qu’il contribue à faire,dans la pleine conscience dece qui est essentiel aux hom-mes et aux femmes, peunombreux, qui sont entrésdans la clandestinité.

La Résistance est d’abord unacte qui relève de l’esprit : lerefus de se courber s’exprimepar dignité, on s’engage dansl’action par un acte de foi,pour ne pas perdre son âme

- te ls sont les motsrégulièrement employés. Onpeut évoquer, avec précaution,une mystique de la Résistancemais en se gardant de repren-dre l ’ idée de Péguy d’unedégradation ultérieure en poli-tique : « La Résistance n’a éténi un rejet du politique ni unrefuge dans une mystique quiaurait servi d’alibi. Sa singu-larité réside justement danscette association étroite entreune vocation éminemment po-litique et une dimension mo-rale revendiquée». La Résis-tance fut un acte éminemmentpolitique puisque la patrie, lanation, la justice, la liberté in-dividuelle et collective étaienttragiquement mis en question.Pour sauver les principesautant que les réalités charnel-les et les citoyens sous labotte, la Résistance, y comprisles mouvements les plus hosti-les aux communistes, se pro-clamait révolut ionnaire- Cécile Vast insiste à justetitre sur ce fait trop rarementsouligné.

Cette volonté révolutionnairevise explicitement la prise dupouvoir : la Résistancefrançaise n’est pas une arméede supplétifs (l’Armée secrèteest une armée politique) niun groupe de partisans puis-que ses mouvements préparentl’insurrection nationale. Ellerefuse la restauration du ré-gime emporté par la défaite etdésire un ample renouvelle-ment politique et social conçudans la passion de l ’uniténationale. Intensément vécu et

projeté dans l’avenir commun,l’idéal de la Résistance estconstamment mis à l’épreuvede tout ce qui constitue la réa-l i té humaine : r ival i téspersonnelles, conflits entre lesmouvements, problèmes poséspar l’organisation des maquis,conceptions divergentes del’insurrection, rapports avecLondres, désirs de vengeanceprovoqués par les crimes de laMilice et des Allemands, diffi-culté à éviter les règlementsde comptes à la Libération. LaRésistance est à tous égardsfragile mais elle puise sa dy-namique dans les épreuves etparvient à transcender la réa-lité violente.

C’est dans la paix retrouvéeque les Résistants se séparent.Le Mouvement de libérationnationale refuse l’allianceavec le Front national souségide communiste et disparaîtrapidement, les luttes politi-ques ordinaires reprennent etceux qui choisissent de de-meurer dans l’intransigeance,comme l’admirable AlbanVistel , sont rapidementmarginalisés. Cécile Vast sou-ligne à juste titre l’amertumeéprouvée par ces intransi-geants qui espéraient cepen-dant que la Résistance reste-rai t l ’exemple même du« refus des compromis quiabaissent l’homme» commel’écrit Alban Vistel.

La pensée des Mouvementsunis étant désormaisexplicitée, nous attendons deCécile Vast qu’elle nous ex-plique comment les organisa-tions communistes s’opposentet se composent avec lesautres mouvements, commentla symbolique gaullienne par-vient à lier tous les élémentsd’une résistance françaisein-voquée dès l ’appel du18 juin 1940.

Bertrand RENOUVIN

� (1) Alya Aglan - « Le Tempsde la Résistance», Essai, ActesSud, 2008, prix franco : 25,50 €.cf. Royal is teno 950, pp. 6-7.

� (2) Cécile Vast - « L’identitéde la Résistance, Être résistant,de l ’Occupat ion à l ’après-guerre », Payot , 2010, pr ixfranco : 26 €.

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e second volume de l’œuvre maîtresse de GuntherAnders, L’obsolescence de l’homme, vient deparaître chez un modeste éditeur qu’il convient deféliciter. On s’interroge quand même sur le dédainqui entoure un penseur qu’ i l est permis decontredire, sans pouvoir ignorer sa singulière impor-

tance pour notre temps. Il arrive à nosécologistes (Noël Mamère, José Bové) dese référer à Jacques Ellul, non sans qu’onsoit vraiment sûr qu’ils aient tiré le profitdésirable d’une pensée riche et complexe.Se sont-ils intéressés à Anders, qui a tra-vaillé dans la même ligne qu’Ellul maisd’une façon plus radicale encore, jusqu’àfaire de la question de la technique unephilosophie en soi, c’est-à-dire un ques-tionnement complet qui concerne l’hommedans toutes ses déterminations ? On endoute. Il est vrai qu’on ne sort pas indemnede la lecture d’un écr ivain aussiimpitoyable. Disciple de Martin Heideggeren même temps qu’Hannah Arendt qui futsa première épouse, Anders a repris unethématique chère au philosophe, mais encreusant beaucoup plus loin encore l’ana-lyse du processus de domination dontl ’espèce humaine est la proie depuisqu’elle est en mesure de déployer la puissance surmultipliéed’une activité dont elle croit être l’agent conscient etresponsable.

Anders pourrait acquiescer à la formule de Badiou quireconnaît dans le vingtième siècle l’obsession de l’agir, pourtransformer notre condition au-delà même d’une ambitionprométhéenne. Mais là où l’on pense habituellement à uneclaire conscience d’un projet à réaliser avec des moyensefficaces, une nouvelle pensée du soupçon va faireapparaître l’illusion de la puissance, l’irresponsabilité desujets emportés dans le tourbillon d’une force qui lesentraîne malgré eux. La bonnevolonté dont un EmmanuelKant gratifiait l’individu, pourvu qu’il domine ses besoins etses penchants n’est plus qu’un regret lié à l’humanismeoptimiste de l’ère pré technique. Ce à quoi nous avonsassisté est la liquidation de la volonté. Mais ici, il faut entrerdirectement dans l’analyse d’Anders, pour ne rien édulcorerde son caractère absolu : « On peut considérer que l’étouffe-ment de la volonté a réellement réussi quand, dans le mêmetemps, s’y attache l’illusion de la conscience de soi et de laforce, si celui qu’on a privé de la volonté est en même tempspersuadé qu’il est quelqu’un qui compte. » Une image vientalors illustrer le propos, qui porte à son extrême consé-quence la démonstration : « L’impuissance et les bottes àclous sont, comme peut le confirmer n’importe quel hommeayant servi dans les rangs de la S. A., des cadeaux jumeaux.Les bottes transforment l’aboulie, voulue au sommet, en unepseudo boulie – quand le puissant permet à celui qu’il arendu impuissant de se montrer violent, ce dernier le faitpar le sentiment d’agir de sa propre volonté et avec sapropre force. »

L

IdéesCet exemple montre à quel point le vertige technique est

associé par le penseur à l’expérience totalitaire de son siècle.Mais cette expérience va au-delà d’Auschwitz et de laKolyma. Elle inclut aussi impérativement Hiroshima. D’oùla possible indignation de ceux qui ne peuvent accepter devoir l’Amérique de Truman associée dans la même compli-cité avec l’Allemagne d’Hitler et l’Union soviétique deStaline. Anders n’aurait-il pas surdéterminé le facteur tech-nique au point d’effacer toutes les différences, y compris lesplus significatives, ce qui l’aurait conduit à sous-estimer etmême à nier la dérive totalitaire ? Mais sa pensée estbeaucoup plus complexe et met en cause d’autresparamètres. Observateur de l’obsolescence de l’homme, An-ders n’a pas pris son parti de la disparition de la liberté et dela conscience morale. Sans insister comme Soljenitsyne surle caractère multiplicateur de l’idéologie pour justifier lecrime, il considère qu’il est vain d’abstraire cette mêmeidéologie de la puissance de la technique, sans laquelle ellen’aurait pas produit pareille catastrophe historique.

Heidegger n’a vu les choses qu’abstraitement, ce qui étaitdans la norme d’un universitaire enfermédans sa discipline. Anders a refusé obstiné-ment d’entrer dans ce système, car il luifal lait affronter directement, le plusconcrètement possible le risque d’anéantis-sement de l’humanité. Pourtant il est restéphilosophe à sa façon, mais comme inven-teur d ’une phénoménologie de latechnique, qui décrit les choses mêmes auplus près et dans un enchaînementmeurtr ier . P lus qu’aucun de sescontemporains, il aura vécu en penseur lesépreuves de son temps, et sa dimensionjuive ne saurait être sous- estimée :Première Guerre mondiale, avènement dunazisme, camps d’extermina-tion (fabrication industrielle de millions decadavres), sans oublier cette césure fonda-mentale du 6 août 1945, avec la bombed’Hiroshima. Le terme d’engagement nerend pas compte pleinement de son empa-

thie avec le malheur contemporain. Il y a chez lui unedisposition infinie à la compassion et à la douleur morale. Saphénoménologie s’en trouve transformée. Quand il s’enprend à l’idéalisme de Husserl, je le rapprocherais volontiersde Michel Henry en raison de leur commune recherche de cequ’il y a de plus sensible dans notre humanité, ce qui nousfait le plus souffrir.

C’est dire que le contraste avec un Heidegger qui n’avaitaucune honte de sa complicité nazie est éloquent. GuntherAnders ne se contente pas de dénoncer le vertige techniqueet d’analyser la condition anthropologique née d’un autrerapport au monde, i l d iscerne les transgressionsfondamentales, il entre dans les affres morales de ceux quele malheur a meurtris. D’où sa correspondance avec le piloteClaude Eatherly, qui accompagna l’expédition d’Hiroshima,mais encore sa volonté de rentrer en contact avec le filsd’Eichmann, après le procès de Jérusalem. Le penseur esttellement au vif de la dépression de son époque qu’il agit enbon samaritain, au point de s’identifier à la pire détresse.C’est assez exceptionnel dans l’histoire de la philosophie etcela devrait nous conduire à lire au plus vite ce secondvolume de l’obsolescence de l’homme.

� Gunther Anders - « L’obsolescence de l’homme», Tome II –« Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolutionindustrielle», Éd. Fario, prix franco : 30 €. � Daglind Sonolet - « Gunther Anders, phénoménologie de laTechnique », Presses un ivers i ta i res de Bordeaux, pr ixfranco : 27 €.

Gunther Anderset le vertigetechnique

par Gérard Leclerc

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Revue

LeDébat

Agriculture

Les pommesde la discorde

Pierre Priolet, pomiculteur provençal en faillite,fustige le système agricole. C’est chose notable ;il regrette d’ailleurs l’omerta qui règne dans laprofession, et demande à l’État de protéger des

représailles ceux qui souhaitent s’exprimer.

omme toujours, le der-nier numéro du Débat(1) donne beaucoup àlire : on s’y interrogesur l ’ut i l i té d ’unministère de la culture,

on évoque Bertrand Tavernier,« cinéaste du passé français»,on réfléchit sur « fascisme etberlusconisme», sur la« société du ressentiment»étudiée par André Grejbine,sur les sans-papiers... Maisc’est surtout le débat sur l’é-cologisme qui désormais faitpour nous référence.

Les thèses avancées par Do-minique Bourg et Kerry Whi-teside dans l’ouvrage intituléVers une démocratie écologi-quesont discutées par MarcelGauchet et Jean-Pierre LeGoff – auxquels répondent lesdeux auteurs. Contre les réfor-mes institutionnelles préco-nisées par les deuxécologistes, qui font une largeplace aux ONG del’environnement, Marcel Gau-chet soutient avec de très soli-des arguments que « la démo-cratie représentative n’a pasdit son dernier mot». Et Jean-Pierre Le Goff pointe lesétranges procédures de la« démocratie participative»,qui provoquerait des conflitsde légitimité entre les institu-tions issues du suffrage uni-versel et les organes peuplésde savants et d’experts : ceux-ci prétendront agir selon leBien mais ils ne sont pas àl’abri des pressions les moinsavouables.

Ce n’est pas par une« bioconstitution» qu’onpourra résoudre les questionsvitales qui se posent à l’en-semble de la planète. Cela si-gnifie que le débat de fond surl’écologie doit continuer.

Jacques BLANGY � (1) Revue Le Débat, numéro164 – mars-avril 2011. Gallimard,prix franco :19,50 €.

est que tout y passedans son pla idoyerpour un monde paysanqu’on assassinepar latechnique investisse-ment / regroupement /

vente à perte.L’Europe et l ’ État tout

d’abord, qui infantilisent lesagriculteurs par un système desubvent ions structurel lesconçues comme des soinspalliatifs.

Les banquesensuite, au pre-mier rang desquelles le CréditAgricole, qui agissent en terro-ristes prélevant l’impôt révolu-tionnaire dès qu’une exploita-tion est en difficulté, en décou-plant la production concrète etl’aspect financier.

La grande distribution sur-tout : en imposant un systèmemonopolistique, les centralesd’achat ont fait des agriculteursleurs esclaves ; elles fixent lesprix - le plus bas possible - ets’autorisent les marges les plusfortes possibles. Même laFNSEA, syndicat agricole tout-puissant, est accusé de ne fairequ’obtenir de nouvelles primesen envahissant Paris avec destracteurs énormes tout neufs,payés grâce à un systèmed’aide qui oblige à un endette-ment suicidaire.

Ces pommes de la colèrefe-ront immanquablement prendreconscience au lecteur que leproblème paysan est une ques-tion centrale de la citoyenneté :il comprendra à travers ce crid’alarme qu’il est absurde deparler de souveraineté nationalesans parler de souverainetéalimentaire. Que vaut une na-tion si elle n’est pas en mesurede subvenir aux besoins pri-maires de ses membres ? Vic-

time de l’importation massivede produits incontrôlables, l’a-griculture française est laisséesous perfusion par les pouvoirspublics qui soumettent les agri-culteurs à un endettement lesrendant totalement dépendantsdu bon vouloir des marchés.

En véritable chef d’entre-prise, Priolet a noué un parte-nar iat avec une chaîne derestauration. Et c’est là que lebât blesse… Car si l’esprit del’ init iat ive est indiscutable- rémunérer les producteurs àhauteur de leur travail -, lesmoyens proposés sont loin deremettre en cause le systèmecapitaliste. Priolet est tout saufun paysan pauvre. Il vit dansune villa avec piscine privée, eta une drôle de conception de ladiversification agricole, puis-qu’il a créé des entreprisesd’importation de champignonsdans l’Est européen…

Pas un mot sur les cotisantssol ida ires, qui n ’ont, enéchange de leur paiement à laMSA (Mutual i té SocialeAgricole), aucun droit.

Pas un mot sur les difficul-tés d’accès au foncierpar lesporteurs de projets en agricul-ture biologique, que les SAFERn’hésitent pas à priver de terresarables au profit des exploita-tions les plus grosses. Il fautdire que Priolet n’aime pas lebio : il pense que les réglemen-tations traquant les moléculesde synthèse ruinent notre indé-pendance alimentaire. Il ne voitpas que l’achat d’engrais et deproduits phytosanitaires relèvede la soumission aux multina-tionales de l’agro-chimie. Il ditque les produits conventionnelsfrançais sont de qualité tout enespérant qu’ils redeviennent

meilleurs que les mauvais pro-duits importés.

Pas un mot sur le problèmecrucial de l’appropriation dessemences, dont la brevetabilitéprive les paysans de leur plusélémentaire moyen de survie !Il semble ignorer que le can-cérologue David Servan-Schreiber explique avec raisonque ce que l ’on appel leconventionnel, c’est la culturechimique, et que ce que l’onnomme bio, c’est la culturenormale. Il semble ignorer quele paysagiste Gilles Clément adémontré que la friche a unevaleur esthétique et écologiqueindiscutable.

Priolet est pleinement dépen-dant de l’idéologie de la dé-prise agricole, qui met dans unmême panier les aménagementsterritoriaux - détruisant la voca-tion naturelle et agricole dessites - et l’abandon des terrescultivées - formant à moyen etlong terme des réservoirs debiodiversité et de sols nonpollués. D’ailleurs, il entend fi-nancer son nouveau systèmepar la vente d’une partie desexploitations en terrains cons-tructibles - comme si les agri-culteurs l’avaient attendu pourprovoquer les dégâts del’urbanisation.

Quant à la technique médiati-que consistant à détruire sonverger avec des bulldozers… Ilaurait pu trouver une autresolution, par exemple louer ceverger à un jeune désireux d’a-dopter les méthodes del’agroforesterie, dont il ne sem-ble pas non plus avoir entenduparler. On ne peut que lui sug-gérer de relire L’homme quiplantait des arbresde Giono.

Jean-Christophe MATHIASChercheur indépendant

� Pierre Priolet - « Les fruits dema colère – Plaidoyer pour unmonde paysan qu’on assassine»,Robert Laffont , 2011, pr ixfranco : 16 €.

CC'

Royaliste 991

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� � � � A Paris, chaque mercredi, nousaccueillons nos sympathisants dansnos locaux (17, rue des Peti ts-Champs, Paris 1er, 4e étage) pour undébat avec un conférencier, person-nalité politique ou écrivain. � � � � La conférence commence à 20heures très précises (accueil à par-tir de 19 h 45 - Entrée libre, uneparticipation aux frais de 1,50 € estdemandée), elle s’achève à 22 h.Une carte d’"abonné des mercredis"annuelle (8 €) permet d’assistergratuitement à toutes les conféren-ces et de recevoir chaque mois leprogramme à domicile. � � � � Après l a co n f é rence , à 2 2heures, un repas amical est servipour ceux qui désirent poursuivreles discussions (participation auxfrais du dîner 5 €).

MERCREDIS DE LA NAR

Communiquer avec la N.A.R.

� Adresse postale : 17, rue des Petits-Champs,75001 Paris

� Adresse électronique : NouAcRoyal @gmail.com � Sites internet :

http ://www.narinfo.fr.st (Informations et actualités)

et http ://archivesroyalistes.org / � Téléphone/répondeur : 01.42.97.42.57 � Télécopie : 01.42.96.99.20 � Règlements à l’ordre de :

Royaliste - CCP 18.104.06.N Paris

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� Mercredi 11 mai - Profes-seur d’histoire contemporaine àla Sorbonne, où il est titulairede la chaire d’histoire sociale etculturelle, Éric MENSION-RI-GAU a consacré p lus ieursouvrages aux aristocrates et auxgrands bourgeois, aux nobles etaux curés de campagne et nousavions apprécié sa biographie deBoni de Castellane. Sa présenta-tion du journal inédit d’Alfredde Gramont s’adresse à tousceux qui s’intéressent à l’his-toire sociale de la Belle Époque,à la Maison de France et aumouvement royaliste avant laPremière Guerre mondiale.

Personnalité éminente des sa-lons parisiens, Alfred de Gra-mont était en effet « L’ami duprince », proche collaborateurdu duc d’Orléans, prince exiléqui incarnait l’espérance monar-chiste dans les premières décen-nies du siècle. Sous les apparen-ces romantiques et mondainesqui enrobent le milieu royaliste,perce le témoignage du comtede Gramont, cruel pour le pré-t e n d a n t e t p o u r l ’ A c t i o nfrançaise, qui s’affrontent avecviolence.

De cette histoire, méconnue,d’utiles leçons politiques peu-vent être tirées...

� Mercredi 18 mai - Cher-cheur en sciences politiques,Gaël BRUSTIER milite au seindu Parti socialiste. Avec Jean-Philippe Huelin, il a récemmentconsacré un essai au phénomènede droitisation qui a fortementmarqué la vie polit ique auxÉtats-Unis et en Grande-Breta-gne à la fin du siècle dernier etqui touche la France, l’Italie, lesP a y s - B a s , l a B e l g i q u e ,l’Autriche, sans que la gaucheparvienne à s’y opposer.

Pour comprendre la nature etla portée de ce mouvement, ilfaut entreprendre un « Voyageau bout de la droite» au coursduquel on retrouvera la genèsede ce mouvement, ses formula-tions idéologiques, ses méthodesde conquête du pouvoir culturelet politique et ses mutations : ladroite de gouvernement ne cor-respond plus à l’image classiquedes « forces de la réaction» etles partis d’extrême-droite neressemblent plus guère auxmouvements fascistes des an-nées trente. D’où l’embarras, lesinsuccès et les défai tes dessocialistes, qui n’ont pas changéde cibles et qui ont rendu tropde points à l’ultra-libéralismeque la droite a su imposer.

� Mercredi 25 mai - Acteur,auteur du célèbre Métronome,l'histoire de France au rythmedu métro parisien, puis du Mé-t ro n o me i l l u s t r é, L o r à n tDEUTSCH n’est pas seulementpassionné par son métier, par lefootball et par l’Histoire qu’ilvient de faire revivre en incar-nant Nicolas Fouquet dans untéléfilm sur France 2.

Diplômé de philosophie, celuiqui interpréta Jean-Paul Sartredans un aut re té lé f i lm LesAmants du Florese déclarepubliquement « Royaliste degauche », favorable à une mo-narchie constitutionnelle. Nouslui demanderons d’explicitercette prise de position et d’évo-quer sa relation à l’histoire deFrance.

Souscription

L'un a du superflu,et l'autre manque

du nécessaire(Plutarque - Les symposiaques)

Est-ce à cause de notre 40e anniversaire ? – ce que j’appel-lerais l’« effet péniche» ! - est-ce à cause de la perspective

de l’expulsion de la NAR de ses locaux historiques ? Je nesais. Mais quoiqu’il en soit, un mois à peine après que notresouscription a été lancée, et compte tenu des sommes déjàrecueillies avant son lancement, nous avons déjà dépassé les5000 euros, grâce i l est vrai à quelques donateursparticulièrement généreux.

Ce début prometteur ne doit pas nous faire perdre de vueque la somme de 12 000 euros que nous nous sommes fixéecomme objectif n’est que le minimum vital qui nous estnécessaire. Au cas où, comme c’est vraisemblable, nousdevions être expulsés de nos locaux, cela engendrerait pournous des frais infiniment supérieurs auxquels nous devronsfaire face.

Alors n’attendez pas, souscrivez généreusement dèsaujourd’hui. Je compte sur vous.

Yvan AUMONT

3e liste de souscripteurs

Frédéric Aimard 500 € - Jean-Philippe Amboise 20 € - A.B. (Hérault) 20 € -P.Y.B. (Hauts-de-Seine) 150 € - Djamel Boudjelal 84.46 € - Xavier Bown119.60 € - Eric de Montcornet de Caumont 1100 € - J.C. (Yvelines) 23 € -Michel Conterno de Selimbria 30 € - Jean Dauvergne 25 € - Jean-PierreDauvillier 10 € - Guy Delranc 80 € - Marc Desaubliaux 13 € - FabienDesmeaux 30 € - Michèle Dutac 78.96 € - François Fardeau 33 € - RichardFielz 100 € - Michel Fontaurelle 150 € - Albert Forget 30 € - Jean-JacquesFoucher 100 € - Gérard Genini 15 € - Antoine Lazinier 55 € - AlainLemoine 53 € - Jean-François Lespès 200 € - Bernard Lhôte 30 € - Jean-Yves Lignel 50 € - Jean-Pierre Lopez 5 € - Jean-Patrice Masclet 30 € -Jean-François Maurel 300 € - Christian Mory 100 € - Andréa Nery-Routa50 € - Alain-Paul Nicolas 100 € - François-Xavier Noir 75 € - Alain Perdrix23 € - Frédéric Poulon 50 € - Yolande de Prunelé 160 € - Paul-PascalRemery 30 € - Michel Roth 20 € - Lionel Rouve 40 € - Pierre Sauterey200 € - Vincent Wilhelem 13 €.

Total de cette liste : 4296.02 €Total précédent (n°981) : 1198.94 €

Total général : 5494.96 €

ADHÉRENTSTous les adhérents vont recevoir prochainement la brochure

regroupant les textes de notre 30e Congrès ainsi que le rapportpolitique présenté par le Comité directeur. En raison de dysfonctionne-ments des services postaux, les adhérents qui n'auraient pas reçu leurcarte 2011 sont priés de nous le signaler.

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Une immenseconfusionNasmi Buzhala est kosovar.

Menacé de mort, il quitteson pays avec sa femme et sestrois enfants, passe par la Hon-grie et parvient en Gironde.Hébergé, soutenu par des habi-tants de Lormont, Nasmi se voitpromettre un travail dès sa régu-larisation et deux de ses enfantssont inscrits dans une école.Début février, la famille est offi-ciellement accueillie dans lacommune, lors d’une cérémoniede parrainage républicain ; le 18avril, elle se présente à la préfec-ture pour tenter d’obtenir l’asile.Nasmi, sa femme, Fedjzohula (9ans), Leonis (4 ans) et Andrit (2ans) sont alors arrêtés, conduitsen centre de rétention puis ex-pulsés vers la Hongrie, sansqu’ils aient pu prendre le moin-dre bagage alors qu’ils sont tousen tenue d’été (1). Motif : lademande d’asile doit être faite àBudapest. Conséquence : un en-voi probable au Kosovo où cettefami l le sera à nouveau endanger.

Cette expulsion, comme tantd’autres, n’a pas été décidéepour défendre l’identité natio-nale contre les « Noirs » et les« Arabes » fustigés par des chro-niqueurs à la mode. L’objectifest de remplir le quota de recon-duite à la frontière, même s’ilfaut pour cela violer le principefondamental du droit d’asile. Jesais que des visas ont été accor-dés à des personnages dangereuxmais recommandés par despersonnalités. Mais par ailleurscertaines préfectures se montrentinflexibles pour celles et ceuxqui demandent à s’intégrer leplus vite possible dans la nationfrançaise avec le soutien de ci-toyens qui savent fort bien dis-cerner les intentions, douteuses

ou non, des étrangers qui de-mandent l’hospitalité.

La lutte contre les décisionsabsurdes et odieuses de l’admi-nistration serait simple si nousavions affaire à une politique ri-goureusement xénophobe. Teln’est pas le cas ! La xénophobieest dans les effets d’annoncemais c’est en fait une immenseconfusion qui règne. Jean-Ar-nault Dérens (2) nous a apprisque les expulsions de Romsavaient été moins nombreuses en2010, malgré le tintamarre de

l ’été dernier, que l ’annéeprécédente. Et les arrestationsrécentes de migrants tunisiens,fortement médiat isées, sontopérées au moment où le gou-vernement français « négocie, entoute discrétion, une simplifica-tion des procédures permettantla venue des travailleurs tuni-siens» comme l’explique LeMonde (3) avec force détails.Pourtant, Claude Guéant clairon-nait voici peu sa volonté deréduire l’immigration légale...

Que faut-il comprendre ? Rien.Il n’y a rien à comprendre. Nico-las Sarkozy et ses affidés n’ontpas de pol i t ique del’immigration. Il y a un discoursxénophobe pour les électeursd’extrême droite. Il y a des ex-

pulsions spectaculaires et unesomme incalculable de petitesinfamies découlant de la« politique du chiffre ». Il y a lesarrangements avec le patronat,qui veut exploiter une maind’œuvre corvéable. Il y a lesaccords avec des gouvernementsétrangers. Résultat ? Un risqued’affolement dans la populationprivée, c’est le cas de le dire, detout repère. Et une prime donnéeà ceux qui préconisent une poli-tique de rejet simple, implacableet massif de tous les apportsétrangers.

Que faire ? Préparer, commeen d’autres domaines, une clari-fication dont personne ne veutentendre parler. Cela fait trenteans qu’on se déclare pour l’im-migration au nom de l’idéologienaïve du « sans frontière » ouradicalement contre, comme si laquestion était cruciale. Elle nel’est pas. La politique de l’immi-gration n’est qu’un aspect de lapolitique économique et socialeque nous avons à redéfinir.Après la sortie de l’euro, aprèsla mise en place de mesures deprotection contre les agressionsfinancières et commerciales,après la hausse générale des sa-laires et l’interdiction de toutesles formes de travail servile,clandestin ou non, nous pourronsdéf in i r une pol i t ique del’immigration.

Bien entendu, cette politiquen’est pas concevable sans unplan de coopérat ioninternationale. En 1997, les so-cialistes avaient annoncé une po-litique de co-développement quifut aussi prestement enterrée parLionel Jospin que par NicolasSarkozy, qui avait exprimé lamême intention. Il faut reprendrele projet en lui donnant la di-mension d’un plan Marshall as-sorti de mesures destinées à ga-rantir le progrès social.

Bertrand RENOUVIN(1) cf. Sud-Ouestdu 19 avril.(2) Rédacteur en chef du Courrier desBalkans. Cf. Royalisten° 986.(3) Le Monde, 2 mai 2011. Page 9.

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