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NOTES SUR QUELQUESMONUMENTS D'HISTOIRE ET D'ART

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Putna.

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Etienne -le-Grand; prince de Moldavie 1 (1457-1504) (pl. 1), vainqueur sur les Tatars, qui!avaientpenetre dans les vallees bessarabiennes, voulut,selon sa coutume, rendre graces a Dieu par lafondation d'un convent qui devait &passer toutce que ses predecesseurs avaient eleve jusquela comme monuments d'art, reunissant des tilerments de tradition indigene a ceux qui vinrentde Byzance et du gothique tiansylvain.

milieu des grandes forets de sapins, dans une desregions oil le type roumain est le mieux represents,

La principautd roumaine du Nord, s'etendant aussi sur IaBucovine, qui fut autrichienne pendant plus d'un siecle, et la Bessa-rabia, prise par les Russes sur les Turcs, qui n'avaient pas le droitd'en disposer, de meme que pour la Bucovine ; les deux fragmentsde Moldavie viennent d'etre rdcupdrds par la Grande Guerre.

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Pl. 1. Portrait d'8tienne-le-Grand, d'apresune miniature.

Pl. 2. Couvent de Putna.

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comme aspect physique et comme costume jusqu'au-jourd'hui figures brunes aux Brands yeux, longuesboucles, jaquette de peau depassant la taille, chemiseornee de dessins lineaires, chapeau aux larges bords,longues bottes au dessus du genou drigea done a lagloire du Seigneur le couvent de Putna, nomme ainsid'apres la petite riviere qui horde les sombres hauteurs(p1. 2: Putna).

L'eglise a les lignes generates de ]'architecture byzan-tine, mais les contreforts, les encadrements des portes etdes fenetres, le caractere glance, d'un essor si &heat,de la petite tour, le clocher, un campanile, devantetre compris dans l'enceinte des murs appartiennentFart occidental, amend en Moldavie par les Saxons deTransylvanie. Etienne fut enseveli dans une niche a droitede sa fondation (pl. 3). Des membres de sa famille y re-posent aussi.

Au XVII-e siecle, l'eglise du Grand Etienne, dont lalegende flotte encore tout autour, dut etre refaite. On yintroduisit des elements appartenant a un autre style.L'Orient turc, heritier des anciennes modes de l'Asie, luidonna le tore qui ceint ]'edifice, les lignes arrondies quientourent la place de repos de cette vaillante et pieusedynastie (pl. 4).

Mais I'Autriche a passé par la et une oeuvre de refec-tion, pretentieuse et gauche, a ,modernise" l'aspect du ve-nerable monument.

Dans le Tresor se conservent, a ate du magnifiquecercueil renfermant les reliques de St. jean le Nouveau,cercueil envoye de Genes, qui await des colonies en margede la Moldavie (pl. 5), des splendides rideaux d'autel et descouvertures de tombeau, ainsi que des epitaphes repre-

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Pl. 4. Tombeau d'Etienne-le-Grand.

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sentant la Mise au Tombeau du Christ, travaux d'aiguilleen or et en, argent sur des fonds d'un doux bleu oud'un rose fondu, importes en partie de I'Orient byzantin,

Pl. 8. Eudocie de Kiev, femmed'Etienne-le-Grand.

mais pour la plu part this a ]'atelier princier lui-meme(p1. 6, 7). Quelques tres anciennes lames y restent encore.

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Pl. 9. Marie de Mangoup (en Crimde), secondefemme d'E tienne-le-Grand.

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VoronetTout a fait a l'ecart, dans un milieu propice a la vie

solitaire, la &it le nom d'origine slave rappelle le petitcorbeau" dont on avait rencontre le nid dans les Brandsarbres des forets presqu'impenetrables, Etienne consa-cra un autre couvent a un souvenir reste vague, maisrecueilli par la legende &rite, d'une de ses rencontres,avant ou apres la bataille, qui durent etre frequentes, avecles solitaires caches dans les profondeurs des bois. Pourhonorer la memoire de ce moine Daniel, furent batisles murs imposants de cette fondation de Voronet, dont

. le style est, comme a Putna, celui de la synthese byzan-,tino-gothique qui se formait a cette epoque, creatricesous tous les rapports. La, ii n'y a rien d'original, bienque les proportions soient du meilleur gout et que,comme les reparations, qui transformaient de la facon laplus impie, des architectes viennois sous le regime autri-chien, ne s'y sont pas melees, on ait encore le charmanttoit de bardeaux, qui laisse ordinairement &lore la petitetour au dessus de la nef (pl. 8).

Mais ce qui distingue entre .outes les batiqses de cetteepoque la maison du solitaire c'est la peinture, d'unegrande purete, qui se detache sur le plus doux des blest'scelestes. Au milieu des sapins solennels, avec le fondde forets intactes, elle a, dans les fresques qui s'enroulentcomme sur une colonne antique, un caractere paradisia-que, qui reste inoubliable (pl. c).

.

PI. 8. Eglise du couvent de Sucevita.

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Sucevita

Dans la meme Bucovine, dont le nom fut invente parles Autrichiens, d'apres celui de la seule fork dont ilsparlaient aux Tures pour leur faire accepter une cessionde territoire absolument indue, dans la meme Moldavie-du-Nord, pour lui donner son, vrai nom, fut elevee, pres-qu'un siecle apres la mort d'Etienne, une autre fondationprinciere (pl. 10).

Elle est dile, a Sucevita, au fond d'une vallee etroite,d'une riche vegetation (le nom vient de la riviere, lapetite Suceava"), au prince regnant jerernie Movila,(1595-1600, dont on voit encore, sur les murs, surles pages des beaux manuscrits donnes a ce couvent etsur la couverture tombale le portrait, en tete de ceuxdes siens sa mere de laquelle it tenait le droit au trove,sa femme, la remuante Elisabeth, combattant pour le pou-voir jusqu'au moment des pires offenses, a la fin d'unebataille et au debut de l'exil en terre turque, etant mariee"de force a un Musulman jeune bolar robuste, a fortemachoire recouverte d'un barbe noire drue, aux grandsyeux sombres (pl. 11). Mais it fut aide dans Bette oeuvrepieuse par toute sa famille : un frere, Simeon, prince de Va-lachie d'abord, puis de Moldavie, enterre dans la memenef de la fondation commune,et le rideau recouvrant saplace de repos le represente les yeux fermes ous la couronnequasi-royale que les princes roumains, heritiers de l'impe-riale Byzance, ont portee jusqu'au XVIII-e siecle (pl. 10)-, et

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un autre frere, le Metropolite du pays, Georges, dont"aspect physique ressemblait a celui, si rude, de ces deuxprinces.

Les corps des donateurs reposent sous les voutes, maisde celle qui a ete Elisabeth Movila quelque chose deplus est reste. Sous le pesant candelabre, commande sansdoute a Danzig, un oeuf d'autruche contient l'abondantenatte de cheveux roux, detach& de sa tete fiere etfolle au moment oil, devant quitter en captive le paysoil elle avait eleve au trone deux de ses fils encoreenfants, elle voulut qu'une partie d'elle-meme reste laoil elle avait dit des prieres qui ne furent pas exauceeset, au cri dechirant de BoYars, bolus, les peens ontprofane mon corps", elle confia a un moine ce souvenirqui se conserve intact depuis quatre siecles.

Ce qui represente la gloire imperissable de Sucevita,c'est sa peinture, interieure et exterieure, que le temps,dans un pays de vent et de neiges, a neanmoins res-pectee. Sur un fond de vert fonce se detachent les fi-gures, déjà adoucies par une mode nouvelle, qui del'Occident a passe en Russie moscovite ou polonaise,dont on avait fait venir les decorateurs, des saints du ca-lendrier orthodoxe, des martyrs, des defenseurs de l'Eglise.ca et la des elements de vie contemporaine pris aucontact avec les Turcs conquerants de Constantinople,adversaires, puis patrons, gagnes par le tribut et lespresents, de ce pays de chretiente politique permanente,qui, alors que la Hongrie, conquise, n'existait plus, necapitula jamais devant les Ottomans.

IV.

Hotin.Le style d'Etienne-le-Grand, qui sert a sa gloire autant

que ses victoires sur les Tures, a Vasluiu, a Ra'zboieni,seuls succes que la chretiente, paralysee par le terreur dela mar& ottomanne, eat gagnees sur le nouvel Alexan-dre-le-Grand, Mahomet II, fut continue par son fils, PierreRares (a la barbe rare"), qui regna, avec un inter-mezzo de clients tures passagers, de 1527 a 1546. Ona de lui et de ses successeurs immediats, en Bucovine,outre des agrandissements et des ornementations dansles eglises du XV-e siecle, la grande fondation de Po-brata, en Moldavie rest& entiere, sur la riviere duSereth, puissant ensemble de constructions conservant en-core son aspect de forteresse, ceci sans compter ce quedans differents endroits de son pays moldave a seme lapiete des boYars qui entouraient cet homme d'unegrande ambition et d'une tenacite inlassable.

Mais ce prince de la Renaissance, qui, au pire momentde ses malheurs, proferait ces paroles de confiance etde menaces : je serai ce que j'ai deft ete, et plusmeme que cela", a mis le sceau de sa personnaliteguerriere et dominatrice sur les murs de la forteresse deHotin, que la dent des siecles, tout en y mordant, n'apas pu detruire, la forteresse de l'occupation turque,etablie en 1713, s'etant bornee, avec ses laids murs depierre jaunatre a retenir un seul coin de la vaste enceinte.

Au dessus du Dniester, le Nistru roumain, qui enrouleet deroule la serpentine de son vaste cours, presqu'en

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face du nid polonais de la Kameniec, de la pierre",de Podolie, Hotin, tres vieille place de defense, eleve sesmurs dans lesquels, en une synthese de gaie harmonie,le gris du granit des rochers voisins se mele au rouged'une brique aussi resistante que celle des constructionsromaines. On distingue encore l'eglise avec des restesde fresques et les compartiments reserves aux soldats, enhaut des murs d'ou retentit pendant des siecles, par delala riviere et jusqu'au loin des vallees bessarabiennes, lecri de garde des guerriers de la patrie moldave (pl. 12).

V.

Banat roumain

A l'autre bout de la Roumanie, a Lugoj et Caransebq,tres vieilles fondations militaires, qui se rattachent a l'e-poque des luttes acharnees pour la possession du Danubeentre les legions de l'empereur byzantin Manuel, le plusgrand des Comnenes guerriers, et ces rois de Hongriequi croyaient alors pouvoir se soumettre, en chefs decroisade, la peninsule des Balcans, les Roumains ont euun autre de leurs etablissements militaires.

La royaute hongroise des Arpadiens a pu etablir dansces regions un Banat de defense, qui passa de Severindans ces vallees daces jadis traversees par les legions deTrajan, dans ces places plus a l'Occident, apres avoiressaye aussi de Vidine, en Bulgarie, mais la race desdefenseurs est rest& toujours la meme. Soldats et nobles,ces Banatiens", fideles aussi aux drapeaux hongrois parcequ'ils representaient la croix, fat-elle meme la croix latinede l'Occident, qui n'etait pas toujours la leur, se sontconserves defenseurs de cette marche de la chretiente. Ily a du chevalier, comme en Moldavie, dans le pluspauvre de ces duns paysans dans lesquels l'energie dacese mele a la claire vaillance du Romain.

VI.

Sinaia.Un chateau du Rhin, telle est la formule exclusive du

nid que Charles I-er, des Hohenzollern du Rhin, s'estbati a Sinaia, dans les grandes forets de la Prahova,pres du vif cours sautillant du Pe les. Dans ce createurde dynastie iI y avait sans doute non seulement un sangallemand, mele cependant, par les femmes, a celui desMurat, avec une alliance venant, sous l'egide de Napo-leon, des Beauharnais, mais aussi une education prus-sienne et une methode de pensee et de travail qui etai-ent germaniques.

Mais pres du petit couvent eleve, a la fin du XVII-esiecle, au retour du Mont Sinai, par un Cantacuzene,Michel, fils d'une princesse roumaine, Helene, fille deRadu Serban, successeur de Michel-le-Brave, le conque-rant de cette Transylvanie que lui-meme envahit deux fois

sans pouvoir la retenir, la nature roumaine des grandsbois de sapin finit par transformer cette ame etrangere,de meme qu'elle fit de sa compagne rhenane, Elisabethde Wied, le chantre des beautes de ces montagnes et deleurs vieilles legendes.

Vers la fin de ses fours, le roi Charles, dont les pre-mieres monnaies portent le titre, qui offensa l'Autriche-Hongrie, de prince regnant des Roumains", domnul Ro-mador, reva de la Transylvanie, lui aussi comme lesvieux princes de sa nouvelle patrie. Son successeur, Fer-dinand I-er, vint, le lendemain de la reunion de tousles Roumains par la guerre des supremes sacrifices, y

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reposer son corps brise par la trag6die de son destin, etc'est la qu'il s'endormit du sommeil serein de ceux quisont devenus des martyrs en remplissant leur devoirjusqu'au bout.

Et, maintenant, a deux pas du donjon qui rappelle lechateau ancestral de Sigmaringen, les freles colonnes etles lignes de toitures superposees, le dame central du palais eleve par le troisieme roi d'une dynastie que la raceroumaine a conquise, montrent que l'oeuvre voulue parla nature et l'histoire sur la nouvelle famille regnantea ete definitivement accomplie.

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PI, 6. Seconde moitie du XV-e siecle.Threnos de Putna (Moldavie),

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Pl. 11. Commencement du XVII-e siecle.Rideau de tombeau, representant Simeon Maya, prince de Moldavie.

Couvent de Sucevia.

Imprimerie,Datina Romaneaser

Valenii-de -Munte(Roumanie)

1935.