l amérique en plusieurs cartes par n sa
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Sanson d'AbbevilleTRANSCRIPT
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'EN PLVSIEVRS CARTES-?5c
EN DIVERS TRAITTE'S
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Là Où ſont deſcripts ſuccinctement, 8C avec
vnc belle Methode, 5C facile
SES EMPlRES z SES PEVPLES, SES COLONIES ,
L E V R S MOEVRS , LANGVES , RELIGIONS ,
RICHESSES acc.
Et cc qu’il y a dc plus beau , 8c dc plus rare dans toutes ſesParties, 8c dans ſes Iſles. ï
DEDIE'E A MONSEIGNEVR
MONSEIGNEVR
POVCQVETCONSEILLER Dv ROY EN TOVS SES CONSEÎLS,
ET CHANCELIER DES ORDRES DE SA MAIESTE‘.
Par N. SANS 0 N JANE-ville , geograpkc Ordinaire du R0); .
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CHEZ L’AVTHEVR;
Dans lc Cloístrc dc Sainct Germain dc l'Auxcrrois_
joignant. la grande Portc du Cloistrc.
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que/que temps 3 ſhm le ”0m de Mon-figue” Tajin
Frere , s'eſiſi bien trouve-’e de la Protection qu’elle e” a
receu , que l’Americque estmzt fin* le paint 01’] paroi/?re
a‘ ſou/Miſe’ que ce fuji‘ ſom la 'voſire qu’el/eyſo”
entrée. Le Ciel a damn-’a 'vostre Illuſîre Famille des
qualifcſisſi adwantægeuſes pour-leſiie” des Effiatsfiÿſ la
France dans les derniers monwmem a reve” des pre”.
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'veau Monde, qui À ſou-vent reſſent) l’effect de .vos
charités en quelques ‘727165 defis Parties , raie”: Firefly..
tement vom fipplier de lu)- accorder 'une entiere Fro
”Rio”. (ſq/Z ‘vnc-grace qu’elle cſſere de -Uastre bonté;
(5’ mçyjuifiſſisflm Interpſete en cette occaſion je ‘vous
ſupplie e croire quſie je/Ztis à-vec toute ſorte de rexÿect;
C5’ deſhuhdits de Bonheur Pour
VOstre Grandeur
M0 NsElçNEI/R
Nofirc mshumble rrcs obciſſant
ô: tres-obligé ſoruitcur
NlC OLAS SANSON d’AbbcuilIc
Geographc Ordinaire du Roy.
AMERIQVE. 1
’AME RIVE eſt vn Continent aurre que celuy que nous habi
Ltons, &c que nous appellons le nostrezôc la ſurface duGlobc Ter
restre estant d’eſcrite en deux Hemilpheres,diuiſés par le premier Me—
ridien, l’Ametique eſt dans cét Hemiſphere qui est oppoſé au nostre.
En 1492. &è dans les années ſuivantes, Christofie Colomb Ge—
nois, pour &c au nom de Ferdinand Roy d’Arragon, 86 d’iſabelle
Reyne de Castille ,fist divers voyages dans les Iſles qui ſont au de.
vant de ce Continentzôc reconnut partie des Costes de la Grand—
Terre. En 1501 Alvare Cabral pour 85 au nom d’Emanuel Roy dc
Portugal,en faiſant ſa Navigation au long des Costes de l’Afrique,
pour faire ſa courſe dans les Indes Orientales,certains vents _Ori
entaux l’emporterent ſ1 avant vers l’Occident, qu’il y deſcouvrit la
Coste d’vne Grand-Terre ,quis’est appellée du depuis le B/reid ; oû
peu apres Amerique Veſpuce Florentin full: envoye expres , avec
charge de reconnoistre particulierement ce P-ays : ô: celuy cY fustheureux que ſon nom s’est donné, &Z à. la partie de la Coste , qu’il
a reconnu; 86 enfin ä tout ce (ſonrinent. De ces Navigations dc
Colomb,de Cabral, &d’Amerique Veſpuce, les Eſpagnols preten
dent eſire les premiers qui ont deſeouvcrt , ou fait deſcouvrir, ôc
donné la connoiſſance de ce Continent.
Mais les Grecs 8c les Latins ont laiſſé de beaux teſmoignages
qui nous ſont voir que les Anciens ont cu connoiſſanc'e de l’A
merique. Platon dans ſon Timée, 6c dans ſon Critias , l'appelle
Iſle Atlantide, &l’eſtime auſſi grande, ou plus que l’Aſie 86 l’Afri
que enſemble z Il ſemble que Platon(ou Solon, ou le Prestre de
'l’Egypte &co-apres qui Platon parle) ait eu connoiſſance de la gran
deur, de l’aſſiette, ôc de la forme des deux parties de l’Amerique;
tant elles conviennent bien à l’Aſie , 8: à l’Afrique : l’Ainerique Sep—
tentrionale auec l’Aſie , la Meridionale avec l’Afrique.
L’Amerique eſl: preſque diviſée en deux parties , dont l’vne ell:
entierement entre l'Equateur, «Sc le Septentrion;l’autre a l’eſrrard
de celle-cy eſt vers le Midy , &c partie ſous l’Equateur. Ainſi l’Aſie
cst toute entre l’Equareur, ô: le Septentrion; lAſrique s'advance
vers le Midy, 65 ſe trouve aux environs del‘Equateur. Encore l’A
ſie &l’Afrique ne s’entrct'ouclient que par l’lsthme de Suez, qui eſi:
entre la Mer Rouge,&: la Mer Mcditerranée 5 côme les deux parties
de l’Amerique ne s’entrctouehent que par l’Isthmc ,de Panama, qui
eſt entre les Mers de Nord, &L de .‘Iud.
Apres Platon, Theopompus, ſoit en ſon Traité des Merveilles,
ſoit en ſon Hiſtoire, (nous n avons le paſſage que dans les Diver
ſes Leçons d Ælian , liu. 3. chap. 18. où ſont les Entretiens de Sllenus
’ 8L de Midas) fait mention d’vn Continent autre que le noſh'e, &z
en touche diverſes particularités: entre aurrcs que ſa grandeur est
infinie, c’cstä dire, fi grande qu’elle n’estoir pas entierement con-~
nu'é : qu’il y a des hommes plus grands, plus robuffes, 8c qui vi—
vent plus long—temps que nous : qu’ils ont de l’Or 8c de l’Argent
ſenſi grande quantité, qu’ils en ſont moins d’cstat que nous ne fai
tons icy du Fer : qu’ils ont vn grand nombre de Villes , ëc entr’au—
res deux fort grandes , &t de Coustumcs bien differentes ,~ le prin
cipal but de l’vne estant la Guerre, 6c de l’autre la Religion; d’où
il appelle celle-cy Eufl-bes j. Religieuſe, 8c l’autre M aclnmos j. Guet—
rierezquej’estime convenirä Cuſco, 86 à Mexico; que nous avons
trouvé portées Mexicoplus à 1a- Guerre, Cuſco plus attachée au
culte de ſes Dluinités, quand elles nous ont esté connues.
C’est beaucoup, de voir que nostre Amerique est appellée par
Platon Iſle Atlantide—ôc qu’il remarque les parties de deça,qui con—
vienn ent le mieux à ſa grandeur, à ſa poſition , à ſa forme : de voir que
Theopompus l’appelle l’autre Continent, 8c que celuy-cy y remar
?ue quelques Coustumes de ſes Habitans ,6c quelques Villes: il ne
aut plus douter que ce ne ſoit auſſi cette Grand-Terre, &‘56 vn de
ces Nouveaux Mondes, que Scneque dans ſa Medée eſpere ſe de:
voir vn jour deſcouvrir da nsl’Ocean.Vemmt anmſis Sæcula ſer-is, QMS” 00mm”
Vincula rcrum Laxet, (9* Inge”: Farear Tellus,
Tiphlſjuc Nouos Detfgat Orb”, Nec crit Tern's
Vltíma Tlmle.
Plus doubter que ce ne ſoit le Pays de ces Indiens,dont Scneque Ie
Philoſophe fait mention dans la Preface de ſes Wstions naturelles :
86 dir que des dernieres costes de l’Eſpagne juſquesà ces Indiens,
il n’y auoit que peu de jours de Nauigation ,quantum enim est, quad db
‘Ultimix Híſpam'æ liróriz’óus diſque ad 1nde: interjacer ?pauczfi‘ímorum dicrum
ffiatium , ſi muemſims Veritas implant-rit.
Sans nous arrester d’avantage à ce que les Anciens auront dit de
l’ Amerique , nous pouvons remarquer, qu’encore anourd’liuy pour
en parler,nous nous ſervons des meſmes termes, donc ils ſe ſont ſer
uis. Nous l’appellons l’autre Continent, comme Theopompus; la
Grand-Terre 8L Nouueau Monde, comme Seneque lc Poète; Inde,
co mme Seneque le Philoſophe , puis qu’il appelle ſes Habitans In
diens .- Er ces lndiens qui furent portés ſur les Costes de Germanie,
&deſquels le Roy des Sucvcs fist preſent à AMetellus Proconliil
dans les Gaules , ne pouvoient estre que dc l’Amerique Septen
trionalezque ſi les Anglois,Danois,Hollandois , 8c autres Peuples,
qui nous ſont au Nort, diſent Vveſl inde, celà n’est que pour di—
fiinguer celle—cy, qui està nostre Occident, de l’autre 8( vraye Inde,
qui est dans l’Aſie 8L à nostre Orient.
L’Amcrique ayant eſté connuë par les Anciens,ſous divers noms,
8c tous ccs noms s‘estans conſervés juſquesà preſent; reſte de fia
voiç d’où peuvent deſcendre les Peuples de cette Amerique; fi de
l’Europe, ſ1 de l'Aſie, ſi de l'AfriqueÎ * _
ll est à croire que les premiers de nostſc Continenr,qui ont estê_
portés en l’Amerique, ce n’aura esté que par hazard ou par force ; les
vents Orientaux les ayant efloignés de la coflce d’Afrique ou de Li—
bye, où ils ſaiſoient leur Nauigation: 8L mené ſiauant dans l’Occi
dent, qu’ilsy ont trouvé ces terres.
Et il eſt encoreà croire qu’entre ceux qui y ont esté ainſi portés,
il y en aura tu, qui n’estans pas munis de vivres, pour vn voyage ſi
long, 8c non premedité,peuvcnt avoir eſ’cé contraints de manger quel-'
qu’vn d’entr’eux pour conſerver le reste, comme d'autres ont fait du
depuis: &c ainſi l’Àmeriquc peut avoir esté peuplée par divers Peu
ples, à diverſes ſois , en divers temps : &ſuivant les arties de deçà,
d‘où ils estoient; 86 ſuivant la faim 8c la neceſlite,qu’ils auront
ſouffert deſſusla Mer, ils en ſeront devenus plus ou moins Barbares.
Que quelques—vus ayent esté portés par hazard ou par force de
nostre Continent dans l'autre ,nous le pouvons juger par les Histoi
res anciennes &c nouvelles. Diodore de Sicile fait mention de cer
tains Phœniciens, ( Aristore auoit dit auparauant preſque la meſme
choſe de ceux de Carthage) qui faiſans navigation au long des costes
d’Afrique ou de Libye, furent emportés bien loin dans l’Ocean
Occidental ,où ils trouverent vne Iſle tres-grande,esloignée deno
fire Grand-Terre de pluſieurs jours de navigation, &r qu’ils trou—
verent le Pays fi beau, que ceux de Toſcane , 85k uelqueS-vns de
Cartha e s’y voulurent establirzmais que la Repu lique fist deſ—
ſence Î’y plus paſſer, crainte que leur-Pilat ne s’en fust affoibly ;
commanda d’en retirer ceux qui y estoienr‘ paſſés,& abolirent tant
qu’ils peurent la connoiſſance de ce Paysz'avec deſſein neantmoins
de s’y retirer, ſi vn jour ils estoient ſi mal-heureux que de tomber
en la ſubiection des Romains. Les parlieularitês que ces Autheurs
donnent à cette [fle, conviennent mieuxà l’Amerique Meridiona—
le, qui eſt preſque vnc Iſle, qu’aux lfles qui ſont en deçà. '
Outre ces authorités des Anciens, l’accident qui arriva äAlonze
Zanclies de Guelva en Andalouſie, ou à tel autre Pilote que ce ſoit,
qui deſcendit à Madere chez Christoflc Colomb, &luy deſcouvrit
comme il avoit esté emporté par force dans l’Occident; ce qu'il y
avoit reconnu, 8c comme il en estoit retournézencore vn ſemblable
accident qui arriva à Cabral en 1501. comme nous avons déja dit,
font aſſez voir que la meſme choſe peut estre arrivée à divers au—
tres Navigateurs; &particulierement aux Nations de dega, qui ſont
deſſus l’Ocean : comme ſont les Mores, les Eſpagnols les Celtes
les Bretons, 8Ce. 8: à ceux qui faiſoient negoce deſſus l’Ocean X
comme les Phorniciens, les Carthaginois, les Tyrrheniens : 85 cela
d’autant plus facilement qu’entre les deux Tropiques ,les Briſes ou
Vents Orientaux y regnent la pluſpart du temps;& portent Facile—
ment , 8$: quelquefois par force, d’Orient en Occident. llest bien
vray qu’il est tres-difficile de retourner d’Occident en Orient par la’
meſme route: &peur—estre que de ces deux choſes ſi differentes,
les Poètes ont pris ſujet de dire facil-"x dçſÎmfiës AVM-ni,
Sed re'I'ocdre gradum, »peraſë'lue reverſer: 4d Aura:
Hoc opus, hic labor est.
Et entendent qu'ilest facile de deſcendre de nostre Continent dans
l’autre, que nous estimons dans l’Hemiſphere inferieur 3 tres diffi—
cile de retourner de celuy la dans le nostre, que nous estimons dans
l’Hemiſ here ſuperieur: le moyen d’en retourner avec moins de
difficulte ne s’estant reconnu qu’avec le temps , &C apres l’avoir
eſſayé de tous costés , &c à diverſes ſois; qui est en ſe deſgageant d’en
tre les Tropiques:ce que quelques-vus attribuent à Pedrarias d’A—
vila ,qui environ l’an 1514 commença de regler le temps qu’il falloir
partir, 8c la route qu’il ſalloxr tenir,pour paſſer de nostre Continent
dans l’antre: encore le temps , &ï la route, pour retourner de l’autre
dans le nostre. ñ
Puis qu’il est paſſé du Monde de nostre Continent, 8è par nostrc
costé dans l’aurre COntinent :il peur y en estre encore paſſé d’autres
de l’autre costé de nostre Continent, c‘eſt à dire de l’Aſie. D’où
vient que quelques- vns croyent que les Habitans du Perou , 85 dw
Mexique deſcendent plustost des Chinois, &e des lapons, que dc
ce ux de l’Europe, &S de l’Afrique.
Laiſſons ce ſujet en attendant l’occaſion d’en dire d’avantarage,
8e diſons vn moe de cette Amr—tique en general, avant que de deſcen
dre au particulier.
L’Amerique conſiderée dans ſon entier, eſt partie au deçà, partie
au dela de l’Equateur : elle s’advance juſques pres du 54. degré en
delà , &s’estend iuſques au 80, ô: plus en deça, qui feront plus de [zo
degrez de Latitude, nostre Continent n’en ayant gucrc plus d vn
cent: mais la largeur de l’Amerique eſt ſort ineſgale : ce Continent
cstant compoſe de deux grandes Preſqu'Iſles , preſque détachées
l’vne de l’autre pres de l’Equateur,icy ſa largeur n’eſt quelquefois que
de zo 40 50 licues,ſe trouvant ailleurs de \ooo de 12.00 8c peut—
estre de beaucoup plus dans l’Amerique Septcntrionale, fi la Terre
de Icſſo y est conrigu'e'.
Cette Terre de leſſo efl: entre l’Amerique &1' 5. ſie , &è nous ne ſga;
vons encore fi elle ell: contiguë ou avec l Aſie , ou avec l’Aiſne-rique ,
ou ſi elle fait ſa piece à partzſi elle est detachee dc l’vne 8c de l’autre,
6c quele Nouueau Dannemarq , &que le Gtoneland y ſoient conti—
gus, commeil y a beaucoup d’apparence, elle fera vnc piece. qui ne
ſera pas moins grande que l’vne des trois parties de nostre Continent,
ou que l'vne des deux de l’autre: maisil pourra estrc qu‘elle fera vnc
troiſieſme partie de cét autre Continent. Venons aux deux parties
fle l’Amerique comme on les eſtime, 8c comme .elles ſont connues
a preſent.
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l. eAMER/QÏ/ÎE SETTENTR IONALE. ‘a
’AMERIWE Septentrionale cst ceste partie de l’Amerique,
qui est non ſeulement la plus Septentrionale des deux Ameri—
ques z mais aufli qui est toute entre l’Equateur , &le Septentrion : elle
s’estend depuis 'le 8. ou ro. degré de latitude, juſques au dela du
Cercle Arctique; 6c ſi nous comprenons les Terres Arctiques avec
l’Amerique,elle s’avancera du moins juſques au 88. degre de lati
tudezce ſont 70. degrés pour ſa hauteur du Midy au Septentrion. Sa
lon ueur d’Occident en ‘Orient occupe preſque tous les degrés de
longitude cle-'l’autre Hemiſpbere, ſçauoir depuis environ le 180. où
finit le nostrc, juſques au delà du zoo, qui ell: la fin de .cet aur re : Mais
ſa forme approchant d’vn triangle dontla pointe eſt vers l’Equateur,
là oû l’Hemiſphere est en ſa plus grande estenduë ; 86 ſa plus grande
lar cur estant aux environs du Cercle Polaire, la où l’Hemiſphere
s’cärecir beaucoup; à peine ſa continence pourra remplir le tiers
de l’eſpace , qui est entre ces degrés de longitude , &c de latitude
La Mer de 'Nord est à ſon Orient, la Merd du Sud a 'ſon Occident;
vers le Septentrion ſes bornes ſont inconnuës , ſe trouvant des Terres
juſques au delà du 80. degré de latitude , avec apparence qu'elles
s’estendent encore plus avantvers le Pole; 8c que nous ne pouvons
encor jugeriuſques‘aquel degré S &C ſi elles ſont contiguës avec le
Nouveau Danemarc . 8c avec le Groneland: ou ſi ce ne ſont que
des Iſles: au Midy elle touche a l’Amerique meridionale.
Dans mes Tables Geographiques i’ay diviſé cette Amerique Se—
ptentrionale en Canadienne,8c Mexicane: ſous le nom de Canadien
ne i’entens la partie de l’Amerique,qui ell aux enuirons du Canada;
&la Où les François ,les Anglois , les Holandois, les Danois, 6c les
Suedois ont fait diverſes Colonies : ſous le nom de Mexicane , j'en.—
tends la .partie que le Roy Catholique ſeul a occupé pourla pluſpart,
6c là où il a eſtany nombre de Colonies. I’ay ſubdiviſé la Canadien
ne en Terres Arctiques , &c Canada , ou Nouvelle France ; la Mexi—
canc , en Nouveau Mexique , &Mexique ou Nouuelle Eſpagne.
‘ De ccs quatre parties le Mexique ou Nouvelle Eſpagne ell: la plus
advancée vers l’Equateur_ fic le Midy, les Terres Arctiques, vers le
Septentrion r les deux autres parties resteront au milieu, le Canada ou
Nouuelle France vers l'Orient,8cle Nouveau Mexique vers l’Oc—
cident.La premiere est deſſous,&: aux environs du Tropique de Can
cer,la ſeconde deſſousôcaux environs du Cercle Polaire: les deux
aurres ſeront du 2.5. ou zo. iuſques au 60. degré dc latitude: de ſorte
que la premiere ſera dedans, ou fort prés dc la Zone torride , la '
ſeconde dedans oupres de la Zone froide , 8c les deux du milieu ſe
rónt entierement dans la Zone temperée. ñ
Lapremiere , &c la plus meridionale ſe doit appeller Mexique,ou
?rfi—..,—
Nouvellc Eſpagne;Mexiquc,puiſque Mexique en 'est de beaucouP la
belle ville , 8c puiſque l’Estat des anciens Roys de Mexique en ſait la
meilleure partie: Nouvelle Eſpagne,parcc que le R—oy Catholique ,
que n3~us appellons ſouvent Roy d’Eſpagne , la poſſede preſque en—
tierement , y ayant estably nombre de Colonies 5 vn Viceroy , divers
Archeveſchés , Eveſchés , Audiences ,Iustic‘es, Gouvernemens : 8c
les Natureîs du Pays , qui Y restent , preſque tous luy ſont tributaires.
La ſeconde ſe doit appeller Arctique , parce qu’elle s’approche du
Pole Arctique ,GL qu’elle est compriſe la pluſpart en dedans le Cer
cle Arctique z celle» cy est peu connue , nous ſçaVOns bien qu'elle eſt
entrecouppéc de quelques destroits , 8c qu’elle conſiste apparem
ment en pluſieurs , 8c diuerſes Iſles ;— ce qui fait que l’on cherche par’
l‘a vn paſſage,pour aller a la Chine, 8c aux Indes de l'Oriêt.Les Origi—
naires ont icy par tout leur pleine &c entiere liberté,säs que les peuples
de l’Europe ſe ſoient mis beaucoup en peine d’y establir desColonies.
Entre es deux parties du milieu ,la plus orientale, 8c la plus proche~ de nostre Europe ſe doit estimer ſousle nom general ſide Canada , ou:
Nouvelle France: de Canada par ce que ceste Region est 'la premiere
de ces quartiers 01‘1 les nostres ont pris terre ,- Nouvelle France par ce
que les François s’y ſont establis les premiers : 8c paravant que les
A nglois ,que les Hollandois ,85 que d’aurres peuples de l’ Europe s’y
ſuſſentarrestésla plus occidentale, 6c la plus eloignée de l’Europe ſe
peut appeller en general Nouveau Mexique parce que les Eſpagnols
du Mexique ou Nouvelle Eſpag- c ne l'ont decouvert que quelquetemps apres qu’ils ontiesté’establis, 6c Maistres de ee Mexique , ou
N ouve le Eſpagne. '
De ces quatre parties de l’Ameriquc Septentrionnale , ſçnvoir le
Mexique , ou Nouvelle Eſpagne , Ic Nouveau Mexique , le Canada‘
ou Nouvelle France , 86 l’Amerique Arctique; la Nouvelle Eſpagne
est baignée 8c parla Mer de Nord ,œ parla Mer de Sud , l’Ameri—
que Arctique encor par l’vne 8L l’autre M er , la Neuve le France ſe u—
lementpar la Merde Nord ,le Nouveau Mexique ſeulement par la
Mer de Sud.
Ces quatre grandes Parties ſe ſubdiviſenten pluſieurs autres moin—
tires, que nousappellerons RegionsJ’euples , Provinces., &a Nous!
en remarquerons :es principa eS— le plus ſuccinctemenr , 6c le plus net
tement qu’il nous ſera poſſible : M ais parce que la Nouve‘ ‘e Eſpagne
touche à l’A merique meridionale , nous commencerons nostre Ame
rique Se ptentrionale par l’Arctique , 8( par la Nouvelle FſäſnCÔ,PUXS
patl’vn 8c l’autre Mexique , afin de paſſer en ſuirre dans les parties
' plus voiſines de l’Amerique meridionale.
Et encor par ce que les Terres Arctiques de l’Aincriqiie ſont trefl
peu conneu'es,&que‘nous n’avons pas iugé necefl—aire d’en donner
\me Carte , ny vn Diſcours particuier , nousnous contenterons d’en
…,,'…”WT——. .— .. v
'dire icy quelque choſe , avant que de paſſeraux aurres parties,
La Partie d'e l’Amerique, qui est compriſe la pluſpart entre le
Pole , 8l le Cercle Arctique , ou au plus qui deſcendra juſques au 60
ou 55. degré de latitude , ſe nommera ſuivant nostre methode,
.Amerique Arctique. Nous ne connoiſſons dans toure ceste partie
que quelqùes Costes , &E Golſes en ce quiestle plus vers l’Europe .La
nousyl aurons l’Ifle d'Iſlande ,, la Gronelande : on y peut mettre
Estotilande , que nous ne ſçavons ſi ce ſeront auſſi desIſles , ou par—
ties de ce nouveau Continent comme de tout le reste de cestc Arne
rique Arctique.
L Iſlande ſujette au Roy de Danemarcq, cst longue de cent cin
quanre lieuës ,large peu moins d'vn cent. Ses habitans ſont ſort ro
builes , 8c vivent au delà de cent ans : ne s’addonnenr preſque u’a la
nourriture de léurs Bestiaux , &c à la Peſche. La coste vers le Mi‘ây efl:
de beaucoup la meilleure , 8c la mieux habitée. Les Marchands de
Hambourg ,de Lubek, de Breme , de Coppenhague ,de Dantzick,
de Riga Zee. y nègotienr : ils y portent de la Farine, du Biſcuit de la
Biere, du Vin, des Draps, de la Thoile, du Fer , du Cuiu‘re &C- en ti
nt du l’ciſſon ſec , 8c de l‘Huer de Balene …, du Beurre. du Suiſ, du
ïouffrc,dcs Cuirs de Bœufs , des Peaux de Renards , 6c de M ourons,
ô: le Gouverneur de l’lſle demeure a Bellested ſur la coste Scalliold,ôc
I—Ioldan dans les Terres ſont ſieges d’Eveſcbésdes Montagnes de He
cla 8c de Hclga y vomiſſcnt ſouvent du feu , encor que le Cercle du
Pole Arctique paſſe dcſſus ceste lfle, 8c en enferme vnc partie dans la
Zone froide, &c l’autre dans la Zone temperée ; ſi temperée elle.
peut cstre . estanrcontiguë &c toute proche de la ſroide.~Celan’em
peſche point qu’il n’y ait beaucoup de choſes rares dans leurs Mon'
tagnes,dans leurs Terres,dans leurs Fontaines &Z RlVICſCS , dans leurs
A nimaux,dans leurs Poiſſons: ce que nous dirôs plus particulieremëc
fi vn jour nous donnons quelque traité des Estars de la Couronne de
Danemarcq ; 8c alors nous ferons voir que l’lflande reſpond ‘a la
".lſhule des anciens , contre l’opinion meſme de quelque Eſcrivains
u l~a s.La yC'ïronelande 1. Terre verre , a efié des y a longtemps connuë par
ceux d’Iſlande , 8: de Norvege. Ils ſont estat qu’vn Torvvald , 8c ſon
fi's Erricde Norvvege ont paſié en Iſlande des environ l’an 800. 86
que d Iſlande Erric ô( ſon fils Leiffe paſſerent peu apres _en Grone—
‘ lande , où ils s’establirenravcc quelques Colonies de Norvegcs: 8L
ceste mcſme histoire porte que Leiffe eut a' démelcr auec les Sckre
glingres anciens , 85 naturels babitans du i ays , &c que ceux de NOr—
v egc ne tcnoient que peu de choſe ſur la colle plus orientale de
Grone ande,les Schreglingrcs s’estants conſervés le reste,6c le dq,
dans du Pays : ô.: qUe ce quevles Nora eges ont occupé , 8c connu cn
Gronelande , n’en estoit pas la ,centieſme partie,lä où estoienr divers
Peuples,gouvernés par divers_Seigneurs, dont les Norïeges n'ont‘
pas eu connaiſſance. 7
Diſcnt qu’en certaines parties de Groneland il y a des Terres qui
portent du Froment auſſi beau qu’il y en ait au monde,des Cheſn es ſi
forts , 86 ſigrands que leurs Glands ſont gros comme des pommes;
que les Montagnes y fourniſſent du Marbre de toutes ſortes de cou—
leurs ,que l’herbe des Pastures eſt excellente 86 nourrit quantité de
gros &menu Bestail : qu’il ya des Chevaux , des Cerſs , des Renes,
Loups , Renatds , Ours noirs , 86 blancs , des Castors, Martres, 86e.
We la Mer y estpleinede grands Poiſſons , comme de Loups , de
Chicns,de Veaux marins,86 ſur tout de Baleines; que leurs Ours
Blancs viuent plus dans la Mer que deſſus Terre , 86 que comme les
noirs ne vivent que de chair, les blancs ne vivent preſque que de. poiſ—
- ſon, 86 ſurtout ſontfriands de Baleneaux: ce qui fait qu’ils ont vne
grande antipathie avec les Baleines , qui les pourſuivent par tout, où
elles les peuvent ſentir: que leur Poiſſon Marhval porte vnc dent ou
Corne ſ1 ſorte 86 ſi longue qu'il ſe bat contre , 86 en perce la Baleine,
comme le Rinoceros fait l’EleFant: 86 aſſeurenr que cette Corne
est de la meſme grandeur , forme , 86 matiere, ales meſmes propriete;
que celles que l’on estime de deçà Comes de Licorne. '
Les Norvegesôc les Danois, qui des y a quelque temps, ou qui
depuis peu ont paſſé en Gronelande , diſent que la langue de ſes ha—
bitans cst ſi differente de celle de Norvege 86 de Danemarc, qu’il
n‘y a point d’apparence qu’ils puiſſent deſcendre ny des vns , ny des
autres,~8_6 ſ1 autresf'ois il y a cu quelques Colonics de Norveges,qu’el~
les ſont crñies. En 1656. les Danois qui y paſſerth pour faire negoce,
deman erent ar ſignes ſi au delà de ce fil de. Montagnes , qui ſe
voit au deſſus dela coste , il y avoit des Hommes,- ces Sauvages leur
firent entendre , qu'in en avoit ſans nombre; plus haurs, 36 plus forts
que eux tous: 86 qu’ils ſe ſervoicnt de grands arcs,dc grandes fieſ
ches ,- 86 ne vouloient avoir aucun commerce , ny ſouffrir la veuë des
Estrangers. Les Habits de ceux avec qui ces Danois negocietent,
&dontils en amenerent quelques—vus en Danematc , estoient de
eaux de Bestes ſauvages, leurs Chemiſes d’inrestins de poiſſons , 86
leurs Camiſoles de peaux d’Oyſeaux avec leurs plumes.
Ces meſmes Relations ſont mention d’vn vieux 4 85 d’vn nouveau
Gronelandzceluy—cy deſcendantvers le Midy ,861’autre remon ant
vers le Septentrionsmais que dés y a quelques années les Mer de —‘
Nort ont charié tant de glaces entre l’Iſlande 86 le vieux Groneland,
que les premieres vne fois n’ayät pas esté ſondu‘és avant l‘hyver, 86 les
autres ayant continué de temps e'n temps de s’y arrester , 86 s’amonce—
lerles vnes ſurles autres, le Soleil ‘a la fin n’a plus eu la force de les
rompre , 86 par ſucceſſion de temps ce chemin à este bouché , 86 la
communication de l’Iſlande avec le vieux ,Gronelande s’eſt perdue.
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1" " q' -‘ grs-réunites
1, JAGUENAY.
L …in : ‘Eh-S ,:
C acouqha
1 , ~LE,CAN~ADA, ou I q
NOUVELLE'FRANCE,&C_' Tirecte de dive rses Relations des
Francais, Anglais, Hollandais, 8re.
PM' N .SANSON d’Abbcm'lle
Geograſhz 0rd" du R0).
Aven] Privilege pour Vùyt AM.
A Parra' Chzx, Muſlim
' 6 . it 57' ,
CANADA a 0V NOVVELLE FRÃNCE.SOV S le nom de Canada, ou de Nouvelle France , nous eſti—
mons ce quiestaux deux costés de la Grande Riviere de Cana—
, ou de S. Laurens ; depuis les Iſles , qui ſont au devant de ſon em—
boucheure,iuſques 8c fi avant que cetteRiviere ſera Connuë ôc depuis
les Golfes 8: Destroits de Davis , &c de Hudſon juſques ‘a la Nouvel—
le Eſpagne. En ceste estenduë de Pays 'nous aurons les Iſles de Ter..
res Neuves , la Terre de Labrador , le Canada , qui communique ſon
nom au reste , l’A cadie, le Saguenay , les Irocois , les Hurons, les Al—
gonquins , 8c Vn tres-grand nombre'd’aurres Peuples , y en ayant vne
Centaine dont les noms ſont connus.
Les lfles de Terres Neuves , ou ſuivant les Baſques de Bacallaos;
r. des Morües , ſont ainſi appellées ‘a cauſe de ces Poiſſons, qui s’y pel
client; &y ſont en telle quantité, que quelquefois ils ſemblent em..
peſcher le cours des Vaiſſeaux z 8c le Golfe , ou Baye de S. Laurens en
cst preſque de meſme.
La plus grande de ceinles ,&qui prend communemcnt le nom
de Terre NeUVe, a quatre ou cinq cens lieuës de circuit. Pays malha
bité à l’Orient; &au Midy , les habitans s'estants retirés plus avant
dansles Terres. Le terroir ne ſeroitpas à meſpriſcr s’il estoit culti
vé: il y a force Volailles , Fruits, Poiſſons. L’air tire ſur le froid, la co
ste a quantité de bons Ports , 8c de belles Rades. '
A l’Orient deteste Terre NeuVe il y a vn grand Bancq, qui efi
Vne piece auſſi remarquable, qu’il y en ait dans tout le Canada. Ce
Banc est bien differend de ceux , qui ſont couverts d’Eau , la Mer
cstant haute; 8( qui ſe decouvrenr &r demeurent ‘a ſec , la Mer estant
baſſe : les Vaiſſeaux doiVent éviter cette ſorte de Bancs comme la
mornceluy dont nous parlons est comme vn Pays inondé, 6c toûjours
Couvert de la M er 5 y ayant au moins vingt, trente,ou quarante braſſes
d’Eau , car ce fonds ell: inegal. Hors de ce Banc , 8L de tous collés , la
Mer n’a pas moins de deux cent braſſes ; 8c cependant ce Banc a deux
cenrlieuësdelong , &vingt ,vingt cinq, quelquefois cinquante de
large. C’eſt au deſſus de ce Grand Banc que les Terre neuviers ( j. les
Navires, qui vont a la Peſche des Moluës de Terre Neuve) s’ar—
rcstent la pluſpart, 8c fontleur Peſche.
Aux environs de ce Grand Banc , 8c plus vers la Grand-Terre
que vers la Grand Mer,il y en a encor d’autres bien moindres en gran—
deur,mais de meſme nature. Cela est incroyable combien de Na..
tions , &t de chacune combien de Vaiſſeaux vont tous les ans a la Peſclicte de ces Moruës , &L la prodigieuſe quantité qui s’en tire. La Peſ
che ſe Faitavec des Hame çons , quine ſont pas ſi tost jettés en Mer,
qu’e ce Poiſſon goulu prend l’amorce, ſe trouve pris à l’hameçon , 8c
ſe tire à bord du Navire. On le met auſſi rost ſur des Aiz , l’Eſtcſ:
r
tcurluyeoupe Ia tcſ‘ce; d’autres l’éventrcnt, en vuidcnt les trip es,
levent le gros de l’areste ; d’autres ſe ſalent , lc ſerrent 86e. Ceste eſ—
che ne ſe Fair point de Nuict ,ſa Moruë Comme ils diſent , ne mord
pointla Nuict; ne ſe fait point auſſi en toutes ſaiſons , elle commence
peuavantl'Esté , finit ä la fin de Septembre. en hyverle Poiſſon ſe re
tire au fonds dela haute Mer , la où les Orages, 86 les Tourmenrcs
n’ont point de force.
Pres des Terres—Neuves,il ſe fait—vnc autre ſorte de Peſchc du
meſme Poiſſon , qu’ils appellent Poiſſon ſec , comme l’autre Poiſſon
vert. Les Navires ſe retirent dans quelqucPort , 86 tous les matins en—
voyent leurs Chaloupes àvne, deux, ou trois lieu'e's dans la Mer S qui
ne manquent d’avoir Fait leur charge a Midy, ou peu apres: la. rap
portent ‘a Terre , la mettent, ſur des Tables ou Traittcs,l‘accommo~
dent comme les autres ; mais apres que le Poiſſon a esté quelques
jours dans le ſaloir ,ils le retirent , l'expoſent a l’air , 86 auvent , le re
tournent de temps en temps, le mettent en pile,86 le remettent à l’air
diverſes fois, tant qu’il est ſec.Pour ſaire que ce Poiſſon ſoit bon ,ille
faut ſecher lors qu’il ſait temperé,86 bon air: les brou’i lars le ramoliſ—
ſent,861e ſeroient pourrir,- le grand Soleil le durcit , 86 le ſeroit jaunir.
, En meſme temps que la Peſche des Moruës ſe fait verte ou ſeche,
les Pcſcheurs ont le plaiſir de chaſſer aux Oyſeaux , ſans ſortir de leur
Vaiſſeau. Ils les prennentà la li ne comme le Poiſſon , en garniſſant
l’hamcçon du foyc desMorües,Êes Oyſeaux en ſont tellement avides
qu’ils s’y jettent a la foule , 86 s'entrcbattent ‘a qui le premier ſe pren
dra par le beczceluy la ris, Ialigne 86 l’hameçon ne ſont pas ſi coſt
rejettés, qu’il s’en prend’vn autre.Champlain appellé ces Oyſeaux des
Fauquets , Leſcarbot des Happefoyes.
Et au reste lors queles Matelots prennent quelque Morüe extraor
dinairementgrande ,ils la conſervent entiere pour l’Fgliſe , 86 l ap
pellentvn Sanctorum : ne manquent estant de retour chez eux d’en
fairepreſentlàoù ils l’ontvoüé , c’est trop nous arrester à la Peſche
des Moruës.
Le Canada pris particulierement est à droite, 86 deſſus la plus baſ
ſe partie de la Grande Riviere S 86 ce nom s’est communiqué 86 a la
Riviere ,.86 aux Pays circonvoiſins. Ceste Riviere eſt la plus belle de
l’Ameriquc Se tentrionalc , 86 vne des plus belles du monde : elle a.
deuxcent br'a es de profondeur a ſon emboucheure , 86 trente lieuës
de largeur. Son cours , ſuivant le rapport de ceux du Pays , est deſ-ja
connu de quatre ou cinq cens lieuës ; auec apparence que nous de'
COuvrirons à la fin que le Lac , qui ſemble faire ſa ſource , ſe deſchar ~
e dans la mer par deux ou par trois coursdifferents: l’vn vers nous,
ui est celuy de Canada; vn autre vers l’Ouest , 86 au deſſus de Cali
?orniez le dernier vers le Nort . 86 dans la Mer Christiane_ . &que ees
ouvertures nous monstrerontlechemin que nous cherchons, il y a ſi
I
long—remps pour aller aux Indes orientales par l’Ouest.
Les Peuples avec qui les François negocient icy,ſont les Canadiens,
les Hurons, les Algonquins, les Attiquameques, Nipiſiriniens, Mon—
tagners, ceux du Saguenay , de l’Acadie , 8Ce. Sc pour ce ſujet nous
avons diverſesColonies ſur la Grande Riviere a Tadouſſac, ‘a Wbe
aux Trois Rivieres, ‘a Sillery ,äRichelieu , a Montreal; 8c au dehors
a la Baye de Chaleur , ‘a Miſcou, a Port Royal. ôcc. Ce Negoce ne ſe
fait que par eſchange : Ils nous donnent des Peaux de Castors , de
Loutres , Martres , Loups Marins Bec. pour du Pain , des Pois , des_
Febves, des Pruneaux ;pour des Marmirtes , Chaudrons , Haches ,
Fers de fleches , Aleſnes , Poinçons,Couvertures GCC. ,mais pour les
instruire au Christianiſme , pluſieurs Eccleſiastiques , 8c Religieux y
ont diverſes Miſſions , 86 Rcſidcnces,encor vn Hoſpital, vn Semi
naire d’Vrſulines. Les P. Icſuites ont le principal ſoin de ces Maiſons.
Au Septentrion de Canada est l’Estottilande ou Terre de Labra
dor pres le Dcstroit de Hudſon; 8c on l’appelle quelquefois Terre de
Cortereal , 6c quelquefois Nouvelle Bretagne: quoy que c’en ſoit , je
I’estime ſaire partie dela Nouvelle France: Le Pays est plein de Mon
tagnes , chargé de Bois ,avec beaucoup de Sauvagines. ' .
Au Midy de Canada la Nouvelle Angleterre , le Nouveau Pays—
bas ,6L la Virginie, s’aduancent juſques à la Floride. La Nouvelle
Angleterre au rapport de Smith a ſoixante 6c dix mille de longueur
au long de la Mer , ou ſont plus de cinquante habitations de Sauva
ges ,- quantité de Ports , &plus de deux cent petites Iſles. Les plus ſa
meux de ces Peuples ſont les Beſſalr ees aux environs de la Riviere Pe—
nobſcot: plus avant ſont les Maſſachuſeres grande Nation , qui ſait
quinze ou vingt habitations; ils ſont plus civiliſés , &c exercent mieux
leur trafic que leurs voiſins : nourriſſent force Animaux à quatre
pieds ,6L Volailles; ont du Poiſſon de Mer , 86 d’Eau douce; à: cul
tivent la Terre. Leurs Richeſſesconſistent en leurs Fourrures , Peaux
de Castors , Loutres , Renards noirs: les Anglois y ont diverſesColo
nies , dont la plus belle estPlcymonth ou Plimmüe environ le 42.. de
gré de latitude.
Le Nieu Niderland , ou Nouveau Pays—bas est_ entre la Nouvelle
Angleterre ,8c la Virginie. Les Holandois la ſrcquentent depuis peu
de temps , y ont eſlany quelques Colonies : entre autres Neuve Am—
stredam , 8L Orange. Il s’y remarque deux belles Rivieres , qu’ils ap
pellent de Nord , &c de Sud :elles deſcendent toutes deux du Nord
au Sud;l’~vnea ant ſabouche ~ lus avancée vers le Nord, 85 l’autre
lus vers le Su . Il y a quantite d’ l [les au devant de celle de Nord ', &c
Vn Archipelague avec encor ſorce Mes' entre les Iſles de Matouuacx
ôc la TerreFerme. Tout le Terroiry est bon , donne beaucoup de
Fruits , de Legumes , du Mayz; nourrit force Gibier, BL Volailles 3 8L
la Mer quantité de Poiſſons. ~~ ~
La Virginie a reeeu ce nom des Anglois, parce qu’ils ont \CCOHM
ce Pays plus particulierement ſous le Regne d’Eliſabeth , qui ne s’est
jamais voulu marier -. 86 ils y ont cstably diverſes Colonies : ſont estat
du Pays pour ſa bonté , pour ſon temperamment, pour la commodité
des randes 86 fortes Rivieres qui s’y trouvent , 86 qui preſque tou—
tes eſcendent dans le Golfe ou Canal de Cheſapeack z long du Midy
au Nord de ſoixante 86 quinze ,large de cinq ou fix lieuës , profond
de douze ou quinze braſſes , 86 au moins de ſix ſept : navigable par
!l’eſpace de cinquante ou ſoixante lieuës. Son ouverture vers le Midy,
86 entre les Caps Henry , 86 Charles , est de dix ou douze lieuës. ll ſc
tire de la Virginie des Fourrures , quelques Perles , 86 de la Soye d’v
ne certaine herbe , qui y'croit naturellement.
Dans toutes les Parties , que nous avons paſſé ſous le nom de Cana'
da , les Peuples ſont ſort Barbarcs , n‘ontaucune Religion , ny lettres:—
ne ſçavent comme il ſe peut faire que de nostre Monde on puiſſe Faire
ſçavoir dansl’autre ce que l’on vcut,par le moyen d‘vn peu de Papier,
86de quelques Caracteres. Divers Peuples y ont diverſité de Lan—
gues 5 comptent leurs années parle cours du Soleil, les Mois par ce
luy dela Lune ,- les quatre Saiſons parla choſe la plus remarquable qui
arrive en chacune. Dans le ſroid,ils ſe couvrent de Peaux de Castors,
ou de Loutre, ou d’Elan, d Ours; preſque a la façon que les anciens
ont peint Hercules ,ou que nous ſaiſons S. ſean Baptiste dans le de
ſert; portent de grands bas ou bottines en hyver , ils ont toûjours la
Teste nuë , 86 ne la couvrent que de leurs Cheveux , qui ſont noirs, ou
approchant ; point de blonds , ny de roux: ſont de moyenne taille,
bien proportiônés,diſpos a la courſe, 86 à la nagesde couleur oliVall-re,
ou bazannée,parce qu’ils ſont nuds la pluſpart du temps, 86 ſouvent ſe
graiſſth de certaine hlàylc , pour empeſcher que les Mouches ne les
picquent; portent peu ’ornements ſur le corps: ouy bien lesFemmes,
qui ſe ſont des Colliers , des Braſſelets , des Eſcharpes , autresſois de
Vignols , de Porcelaine , de Matachias, 86e. a ujourd’huy de Verre, de
Cristal, 86 d’autres Bagatelles , qu’on leur porte de deçà.
Ils ont entre eux leurs Festins,dans leurs Mariages, dans leurs victoi—
res , dans la reception de leurs amis , 86 y prennent force Tabac: d’O-ù
comme je crois ils ap ellët ces réjouiſſances Tabagies; 86 y employeur
quelquefoisla chair e leurs ennemis , qu’ils ont pris en guerre,86 bien
nourry auparavant a 86 qu’ils_ ſont a la fin mourir avec toute ſorte de
cruautés Dans ces Festins ou rejou'iſſances ils ſe ſont peindre le corps
de belles Couleurs,danſent 86 chantent ä la loüange de leurs Capitai—
n’es ou Sagamos , qui—ont fait qu :lquc grand exploit , 86 tué beaucoup
de leurs ennemis. '
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FLORIDE 4_
y A Floride peut cstrc estimée vnc partie de la Nouvelle Fran
ce , puis que les François ont esté les premiers, qui y ont esta—
vbly quelque Colonie ,du conſentement des habitans du Pays: peut
estre auſſi estimée partie de la Nouuelle Eſpagne,puiſqu’ä preſent
les Castillans y ont deux Colonies , qui reſpondent a l’Audience
de S. Domingue, l’vne des quatre Audiences de la Nouvelle Eſ
pagne.Mais ces deux Colonies ſont fi ſoibles,&fiproches l’vne de
l’autre ,~ &c le Pays est ſi grand, que cela n’est pointconfiderable. Nous
pouvons dire que la Floride est entre la Nouvelle France , &t la
Nouvelle Eſpagne 3 &qu'elle s'estend dcpuisla Riviere de Palmas ,
qui la borne dela Province de Panuco dans la Nouvelle Eſpagne ,
juſques au fleuve Iordain, qui la ſepare de la Virginie , que j’estime
de la Nouvelle France.
La plus grande partie de ſa Costc est ſur le Golfe de Mexique,
qui la bagne au Midy: vne autre partie est ſur la Mer de Nord , qui
la bagne a l‘Orient : entre ce Golfe, &ceste Mer, la Floride advan
ce vne reſqu’Ifle vers le Midy, &la où le Cap de la Floride n’est
cfloigne du Port de Matanças en l’Iſle de Cuba , que de trente cinq,
ou quarante lieuës. La Coste plus occidentale de nostre Floride
porte quatre cent cinquante lieües , la plus Orientale n’en aque cent
cinquante,- la preſqu’lfle entre deux "aduançant cent cinquäte lieues
hors de ceste Coste , &c n’en ayant pas moins de ſoixante ou de ſoixan
te 8c quinze delargeur , ſaitcncor vnc autre Coste , de trois cens cin—
quantel'ieuës; de ſorte que toute la Floride n’a guere moins de mil
le lieuës de Coste deſſus la Mer.
Les Castillans n’ont aucune Colonie deſſus le Golfe de Mexique,
ny deſſus lacoste, où les Francois ont esté autrefois. Les deux (0
lonies qu’ils ont icy ſont S Augustin, 8c S. Matthieu, à quinze ou
ſeize lieuës l’vne de l’autre, deſſus la Coste Orientale de la preſqu’lſ
le, 8( là où elle approche dela coste,ou les François ont esté ë au Se
ptentrion, 86 à l’Occident la Floride est Fermée des montagnes ~a l’en—
contre de la Nouvelle France,& du Nouveau Mexique. S Augu.
stin , qui est la meilleure , 8c la plus forte des deux Colonies , fut pri
ſe &pillée par Francois Drac en 1585. . '
La Floride a esté prcmieremcnt deſcouverte en 1496. par Seba-4
stien Gabot,qu’ Henry VII. Roy d’Angleterre envoyoir chercher
par l’Occident vn paſſage, pour faire navigation dans l’Orient : celuy
cy ſe contenta d’avoir veu ce Pays encor inconnu , &t d’en faire
rappórtä ſon Maistre.Iean Ponce de Leon pour le Roy de Castillo
y fust en 15”.. &vouluty establirvnc Colonie:ceux du Pays ne le
voulurcnt ſouffrir, le battirent à diverſes fois; le bleſſerent , &j 1c
contraignirent de s’en retourner , pour mouriraPucrto Ricco , dom
ilestoit Gouverneur. En iyzo, 85 1524 Lucas Vaſques d’Aillon, Sc
quelques autres Eſpagnols Jeſcendirent à diverſes Fois dans la Flori—
de , non à autre deſſein que pour enlever les habitans , 86 les tranſpora
ter dans les Mines de l’Eſpagnole ,où ils avoient deſ-ja conſommé
preſque tous les habitans de l’lfle. Pamphile Narvaës y -fuſt encor‘
en 152.8, &c le traverſa juſques aux Montagnes A palachipù il eſperoit
trouver de l’Or.
La plus belle deſcente , que les Eſpagnols aycnt Fait dans laFlori—
de a esté en 1534. ſons Ferdinand Soro : qui riche de ce qu’il avoit eu
ä la conquestc du Perou, amenaicy trois cent cinquante Cavaliers, &c
neuf cent Pietons. Traverſa la Floride preſque de tous collés , ſans
ſe mettre en peine d’y bastir vne Colonie; il molesta ſort ceux du
Pays, de qui auſſi il fust tellement harcclé S pendant pluſieurs années
qu'il y courut,qu’a la fin ne trouvant point les Richeſſes , qu il y avoit
eſperé , il mourutde deſplaiſir; 8c ſust enterré au plus profond d’vne
Riviere , crainte que le corps ne tomba encre les mains de ſes enne—
mis. Les ſiens s’en retournerent en 1 $43. &nviron trente chevaux de
reste , 86 trois cens hommes: tourl’advanta e que Soro a retiré de ſon
travail, eſt qu il a donné .au pays le nom e Floride ,ou parce qu’il
y arriva lejour de Paſque Florie,ou parce que en deſcendant à Terre, ’
il y trouva les herbes , &è les Fleurs en leurs Force &c beauté.
En 1549. l’Empereur Charles V. &le Conſeil des Indes trouve?
rent bon de n’ plus envoyer de gens armés , mais plustost des Re
ligieux,pour a doucir par la Religion l‘humeur farouche de ces peu
ples. Louys de Barbastre de l’ordre de S. Benoist, y ſur avec quelques
Religieux ,- d’abord ceux du Pays s’en ſaiſirent , le maſſacrerent avec
deux de ſes compagnons ;les eſcorcherent , 86 pendirent leurs peaux
v aux portes de leurs Cabanes : les aucres ſe ſauverenc , 86 ſe rerirerent
dans les Vaiſſeaux . qui les auoient amenés.
Les Francois n’ont esté dans la Floride,que ſous le regne de Char
les IX. Francois Ribaut y fùt envoyé en 1562.. fiſt alliance avec ceux
du pays , y bastitle Fort Caroline ſiir la Riviere de May. Ribaut s’en
estant retourné en France avec promeſſe d’amener icy d'avantage de
monde, &tardant trop à revenir , les ſiens ſe mirent en mauvaiſe
intelligence : firent vn Vaiſſeau tel quel, &E avec le peu de vivres
qu’ils y peurent mettre, ſe mirent en Mer; ou ils endurerent vnc telle
Faim, qu’ils furent contraints de jetter au ſort , 85 manger l’vn d’en
tr’eux -. quitombaſur celuy la meſme , qui avoit esté cauſe de leur
-diſcord.
René Laudoniere y retourna en 1564 remit le Fort Caroline;
mais les Castillans jaloux de voir cet establiſſemenr prés de' leur
Nouvelle Eſpagne, ſe reſolurent de les en chaſſer: ils ydeſcendirent,
firent ſemblant de ne rien avoir à deſmefler avec les Franœis; ſurpri—
ten-t le Fort, d’où Laudoniere à peine ſe peut ſauveri prirent Ribaut
ſur la Mer , qui alvoit deſ ja fait nauFrage; pendirent les Soldats, &eſ—
corcherent Ribaut ace que dit LeſcarbOt.
En ;567. Dominic de Gourgues Gaſcon , 8: du Mont de Marſan,
fist vn trait de ſon humeurpour vangercet afi’rôtnl ſe mit en Mer ‘a ſes
deſpens , avec cent cinquante Soldats , 86 quatre-vingts Matelots.
deſcendit dans la Floride , 8c à l'aide de ceux du Pays ,quiaffection—
noient les François, reprit la Caroline ſur les Eſpagnols, 86 deux au
tres Forts qu’ils y avoient des—ja construit de nouveau; les fill: pendre
aux meſmes arbres , qu’ils avoient pendu les François; raſa le Fort,86
s’en retourna en France en 1568. où il eust beaucoup de peine pour ſe
deſmeſlcr de ſon exploit.
La Floride estantentre le 2.5 ,ou zo , &c 40 degré de latitude Sc—
ptentrionale il ne peut antrèment que tout le Pays ne ſoit bon:ils
ont auſſr toute ſorte de chairs ,de Volailles , &c de Poiſſons ; quel—
ques Mines d’Or, &c d'Argent , dont ils ſe ſoucientpefiu; tirent de la
Mer quelques Perles : ſe vestent de la Peau des animaux* , qu ils pren
nentäla Chaſſe , &c qu’ils embelliſſent de Plumes de diverſes cou
leurszportcnt quelque reverence au Soleil ,8c à la Lune : leurs Ar
mes ſontl’Arc 8: la Fleſche comme preſque dans tout.: l’Amerique.
Le Pays est pour la pluſpart en plaines , arrousêes de belles Rivieres,
ou ſe trouvent des Crocodils qu’ils mangent . Ils ont toute ſorte de
Volailles comme il yenadeçä, ainli de la Sauvagine ', ſans ce qui
leur est particulier:ils connoiſſentla nature de leurs Herbes , 8C en
tirentde belles couleurs, receuillent leur Mayz deux fois l’année , 86
deſſus vne meſme Terre -. ce Grain recueilly ſe met en vn lieu public,
6c ne ſe distribue à chaque famille qu’autant qu’ils en ont beſoin : ils
paſſent vne partie de l'année dans les Bois, ou ils vivent de leur Chaſ
ſe; partie pres des Lacqs, des Rivieres &c de la Me r , où ils font leur
Peſche. .
Celle dela Baleine. ſe ſait avec vne addreſſe , 8: vnc hardieſſe , que
ceux de l'Europe n'oſeroient entreprendre.LePcſcheur en ayant deſ-ñ
couvert vnc , entre dans ſon Canot 3 la ſuit, luy ſaute ſur le dos, s’y
'achevale, prend ſon temps de luy enfoncer vn baston dans l’vn des
deux naſeaux; &L quelque effort qu’elle ſaſſe,quand meſme elle ſe
longeroit dans l’eau, i1 ſe tient fermesattend qu elle remonte, luy en
?once vn autre baſton de l'autre costé , 8c auſſi-ton: il ſe retire avec vn
cordeau,_attaché a ces bastons: la Baleine ne pouvant plus reſpirer
s’affoiblit,, le compagnon la tire petit a petitä terre , &c aydé de ſes
Camarades la mec en pieces , qu’ils ſont ſecher pour faire de la Fari
ne ,8c de eeste Farine du pain, qui ſe conſerve longtemps.
’ Les Peuples de la Floride ſontgouvernés par leurs Paraoustis , qui
les meincntäla Guerre ,làoù ils tuent les hommes , conſervent les
Femmes , &è les Enſans :ils ont leurs Iouanas ou Sacrificareurs , qui
ſervent dc Medecins, &à qui ils portent honneur. Leurs Paraoustis
cstants morts ſont enterrés avec beaucoup de Ceremonies: vivants
ils peuvent avoir pluſieurs femmes i entre leſquelles il y en a vnc, qui
eſt la principale, &c dont les Enfans peuvent eſperer la charge dir
Pere.
La Maîſon du Paraousti Ouadé , lors que le Capitaine Albert
fust , pour le prier de luy donner des vivres, Oùtre divers meubles è
ornements ,estoittapiſſée juſques àla haureur d’vne piCque : &t ces
Tapiſſeries, faites de Plumes rares, 86 dc tresbelles couleurs , ajustées
avec tantd’arcifice ,qu’elles ne valoient pas moins que la pluſpart des
nostres. La Couverture de ſon Lict , cstoit blanche , tiſſuë en divers
compartimentsl 8( avec vne frange d’Eſcarlatte autour.
[SL-EJ' BERMVDES.
A l‘Orient de la Virginie,8c de la Floride,nous avons les IflesBer-ñ
mudes à environ quinze ou ſeize cens lieües d’Angleterre, mil—
le ou douze cens de Madere , quatre cens de l’Eſpagnole , 8c ſeule
ment trois cens de la plus prochaine costc dela Virginie , 8c de la Flo—
ride. De ces Iſles la plus grande à cinq ou fix lieuës de long , &r preſ—
que par tout ſeulement vn quart , vn tiers, ou vne demie lieuë de
large: les autres ſontbeaucoup moindres. Toutes enſemble font vn
corps , qui forme vn croiſſant, &I enferment de tres—bons ports ; com—
me ceux de Southampton , de Harington , dc Pagets. Les Anglois y
ont cstably à diverſes fois vne tres-belle 86 puiſſante Colonie ; ny
ayant pas moins à preſent de trois ou quatre mille Anglois ;ils en ont
fortifié les abbords , qui ſont deſ-ja aſſés difficiles ;8L ſibiencultivé
les Terres , qu’il y a aujourd’huy vn tres beau negoce.
L’air y est preſque toí‘ijours ſerain , quelquefois humide , 8c chaud:
la pluſpart des Arbres Fruictiers , que l’on y a porté de la Grande
Terre ſont venus à plaiſir; les Cedres du Pays y ſont tres-beaux , puis
leurs Palmites , leurs Meuriers. Outre les Tortuës , qui estleur nour—
riture ordinaire , 8c les Porcqs , que les Eſpagnols apparemment y
ont porté aucrefois ,ils ont force Oyſeaux de Mer, 8c autres Volailles.
' Leurs Mayz ſc recueille deux fois l’année en Iuillet,& en Decembre;
ils n’ont aucune eau douce à boire que de Puys , n’y ayant point de
Fontaine, point des Ruiſſeaux dans ces Ifles. La Cochcnille 8c le Pe—
tun, quelques Perles ,86 del Ambre font leurs principales rieheſſes.
il ne s’y est pas trouvé d’animaux venimeux , non pas meſme les Ara—
gnées, qui ſontbigarrées de belles Couleurs; 8c dans les chaleurs font
leurs rhoiles ſi fortes, que ſouvent les petits Oyſeaux y demeurentenvelopés. ſſ '
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MEXIQZEMM NOVVELLE ESPAGNE. 5
A Nouvelle Eflzagne est la plus bellc,8c la plus fameuſe partie de
L l’Amerique Septrentrionale , 86 quelquefois les Eſpagnols com
prennent ſous ce nom toute ceste Amerique: Nous y pouvons esti—
mer ce qui est au Roy Catholique pour la plus grande partie: 86 li.
nousy aurons nombre de Provinces toutes compriſes ſous quatre
Audiences ,ou Parlemens; qui ſont de S Domingue, de Mexique
'( 86 celuy—cy porte encor particulierement le nom de Nouvelle Eſpa
ne ) de Guadalajara , ou Nouvelle Gallice , 86 de Guatimala.
L’Audiance de S. Domingue a ſons ſoy toutes les Iſles qui ſont
au devantdu Golfe de Mexique, puis la Floride qui leur est au Nord
Ouest , 86 dans l’Amerique Scptentrionale ; 86 la Venezuela, la
Nouvelle Andalouſie , 86 Rio de la Hacha, qui leur ſont vers le Sud,
86 dans l’A merique Meridionale.
‘~ L’Audience de Mexique a_ les Prouinces de Mexico, Panuco , Me
thoacan,Tlaſcala, Guaxaca Tavaſco . 86 Iucatan. Celle de Panuco
cst au Septentrion de Mexique , Mechoa can à l Occident; Tlaſcala
àl’Orient , Guaxaca , Tavaſco , 86 Iucatan continuent encor vers
*l’OrienLLes deux dernieres ſont entieremët ſur la Mer deNort. Gua
~xaca 86 Tlaſcala ſur les deux Mers de Nort 86 de Sud ,- Mexico 86
Mechoacan ſeulement ſur celle de ,Sud , Panuco ſur celle de Nort.
L’Audience de Guadalajara , ou dela Nouvelle Gallice comprend
les Provinces de Guadalajara , de Xaliſco , de los Zacatecas , de
Chiametlan, de Cinaloa; quelques-vus y adjoustent la Nouvelle Biſ~
Faye, d’autres encor Cibola, inra , Auian,Californic 86e. la Nou
velle Biſcaye , 86105 Zacatecas ne touchent point à la Mer, Guadala
jara peu , ſgauoirentre Xaliſco,86 Chiametlan:86 celles-cy commen—
cent ſur la Mer de Sud , les aurres s’advancent juſque bien avant
dans celle qu’ils appellent Mar Vermejo, ou Mer Rouge , l’Iſle de
Californie estant de l’autre costé. . _
' L’Audience de Guatimala au Sud-Est de celle de Mexique ,conti—
nue entre les Mers de Nord 86 de Sud,en advançant vers l’Ameriquei Meridionale.0n luy donne les Provinces de Guatimala de Soconuſ—
co , de Chiapa , de Vera Pax, d’Honduras , de Nicaragua, 86 de Co—
‘starica: ces deux dernieres ſont deſſus l’vne, 86 l’autre Mer , Hondu
ras 86- V-era Pax ſur le Golfe de Honduras vers la Mer de Nort , Chin
paddans les Terres z_ Guatimala , 86 Soconuſco deſſus la Mer de
’Su .
^ L’Audience de Mexique s’appelle ainſi à cauſe de ſa principale vil.
le , 86 ‘z communement Nouvelle Eſpagne , comme encor ſa Pro.
vince tieuliere ,- par ce que les Castillans Eſpagnols ont commen
cé parla ville de Mexique pour ſe rendre Seigneurs abſolus de tous_
ces quarties. Celle ville eſl'oit àppellée par ſes anciens habitans Tel
noxritlan, ou Tenuchtitlan , 8: encor Themistitan ï ”eſté la reſiden—
ce de ſes Roys , est encor aujourd’huy la plus belle de toute l’Ameri—
que. Le Viceroy de l’Amerique Septentrionale, vn Archeueſque,
&pluſieurs autres Officiers de Iustice , dela Monnoye , de l’Inquiſiſi
tion &ay ayans leur reſidence. il s’y trouverra quatre mille Eſpagnols
naturels , trente mille Indiens,ou Ameriquains (y en ayant cu au:
tresfois deux cent mille ) vingt mille Negres ; &c ſa luriſdiction com.
prend deux centcinquante Bourgades,dont les cent ont leurs Eſco
les,cent cinquante Monasteres , plus de trois mille ( quelques—vus di-~
ſent ſix mille ) Estancias, r. Metairies, «Sc en tour cinq ccns mille
Ameriquains tributaires.
La Ville est au milieu d'vn Lac ,long quelquefois de dix , GL large,
de ſept ou huict lieuës, en ayant 15.ou trente dc'circuitzellc n’eſt atta
chée à la Terre-ferme que par trois chauſſées , dont celle quiest vers
l’Oueſt n’a que trois quarts de lieu'e's de longueur, celle qui eſ‘: vers le
Nort lieu'é 8c demie, 8c la derniere trois lieu'e's. C’eſt par ceste dernie
re que Correz , 8c que les Eſpagnols firent leurs approches , &c qu'ils
prirent la ville. Tour ce Lac eſt ſalé , mais il y en tombe vn autre
preſque de meſme grandeur, qui est doux 8c bon à boire. Les deux
enſemble font quarante cinq ou cinquante lieuës de circuit , ont vnc
cinquantaine de Bourgades ſur leurs Rives , ou ſur leurs Costaux,
dont quelques—vues ont valu autrefois de grandes Villes, Du lac ſa
lé il s’en tire quantité de Sel; de l’autre du Poiffon, dont la Peſche
s’est quelquefois affermée à ’trois cent mille livres par~ an.
Mexique outre ce que nous avons dit a vne celebre Academie,nom~
bre de Monasteres de l’vn &c de lautre ſexe : eſt diſtinguée comme
ſous ſes anciens Roys en quatres quartiers :qui s’appellent aujour
d huy de S. Iean,de Ste Marie la Ronde, de S.Pol~ 86 S. Sebastien
6( de S. Iacques autresfois Tlatelulco. En ce dernier qui eſt fort
grand, 8c le plus beau ,ſont le Palais du Viceroy , la Maiſon Archie
'piſeopale, la Cour de l’Audience , la Monnoye , &É autres Offices.
La grande Egliſe y fut commencée par Cortez, avec tant de haste,
que pour eleverles Colomnes au deffaut de Materiaux, on ſe ſervoit
des Pierres qui avoient fait partie des Statu'és de leurs Idoles.
En Octobre 162.9. la ville de Mexique rcceut vn tres grand dom—
mage : les Eaux ayans rompu les chauſſées , qui ſouſienoient le plus
haur des deux Lacs, qui eſt le doux,vn Deluge penſa accabler ceste
belle ville. Le Palais du Viceroy y ſouffrit beaucoup , vn grand nom
bre de perſonnes furent ſubmergées , quantité de beaux meubles
’perdus,ou gastés : cela arriva par la faute de ceux qui dev’o—ient e11
tretenir les Digues , 6c lesChauſſées ; ou par la faute de cemflèqurdea_- ?ſoient donner dequoy les entretenir, ct, Îſi ſi ſiſſ ,
Entre les Places , qui ſent , ou qui ont esté ſur les deux Lacs' de Me-~
xico , Chulula âeu pres de vingt mille maiſons ,Fans ce qui estoit de
ſon reſſort; avoit autant de Temples qu’ily a de jours en l’an, im—
moloit tous les ans devant ſes Idoles cinq ou ſix mille enfans de
l'vn 86de l’autre ſexe. Le Magistrat y estoit éleu par le Peuple, ne
pouvoit rien faire qu’apres avoir conſulté leurs Dieux , 86 avec le
Conſeil de ſix d’entre les principaux de l’Estat,86ſix de leurs P‘restres.
Le Terroiry est abondanten Cochenille. Tezcuco estoit deux fois
grand comme Seville en Eſpagne. Wirlav'aca basti ſur'diuerſes pe
tites Ifles comme Veniſe estoit jointe a la Terre—ferme par vne chauſ
ſée de plus d’vne lieuë. eralpalapa n’avoir pas moins de dix mille
maiſons partie dans le Lac , partie ſur la Rive , aveevn chemin paué
‘juſquesa Mexico. Bret-arc a deux Fontaines dont l’vne est tel
lement chaude , que ſes Eaux brulent d’abord , estant refroidies
elles cngraiſſent les Bestiaux ; l’autre coule quatre années entieres
86 continuërncnt ,ceſſe quatre autres années entieres : ayant encor
cela de particulier qu'elle augmente' quand il fait ſec , diminué
quand ilſait humide, &qu’il plcnt.
Acapulco Ville . 86 Port ſur la Mer de Sud , est éloignée cent
~lieuës de Mexique 3 les Mexiquains y entretiennent quelques Vailî
ſeaux , 86 trafiquent aux Philippines, 86 ala Chine, d’où ils ſont éloi
gnés de trois mille lieuës :ils y portent diverſes denrées de l’Europe,
86 du Mexique , en rapportent qui ſont propres pour le Mexique , 86
‘ pour l’Europe : 8c en tirent vn profit ſigrand, qu’en deux ou trois ans
leur foud augmente huit ou dix fois. -
L’Air de Mexrque est doux, temperé, ſain , le Terroir ſerti] , la
,recolte s'y faiſant deux fois l’année le Bon Vin neantmoins, 86 la
bonne Huyle y manquët à cauſe des pluyes qui y regnent l’Esté. Leur
plus admirable plante est le Maguey , dont il ſe tire du petit Vin,
de bon Vinaigre , du rniel , des Eſguilles , du Fil, des Estoffes , 86 du
Bois à bastir. On ne croit point qu’in ait pays au monde qui nour
riſſe tant de Bestiaux. Certains particuliers y ontjuſques a quarante
mille Bœufs , ou Vaches,autres cent cinquante mille Montons,86
vn nombre infiny de Volailles , pour peu qu’ils y en ont porté de
deçazd’où vient que les Bœufs, les Moutons , les Chevres , les
Pourceaux,86les Volailles domestiquesy ſont à fort vil prix ; 86
ſouvent ne ſe tuent que pour en avoir la peau :les Chevauxy ſont
tres—excellents ,la race provenant des meilleurs de l'Eſpagne.
Il y apeu de Mines d Or , beaucoup d’Argent aux enuirons de Me
xique:comme celles de Comana qui n’en est qu’à ſept lieuës , de
Puchuco a quatorze,d’Achichica 86 Temozcaltcpeque à dixhuict,de
Zacualpa avingt, de Taſco , d’Ymiqui î po , 86 de Cu tepeque à vingt
deux,de Talpaiava ä vingt quatre, de Zumpango à quarante , de=
Guanaxuato à ſoixante , 86 d’autres, i ' ~
Ces minës 'ne 'ſont pas' fi riches que celles du Perou: mais elles
ſe travaillent plus facilement , BC avec moins de frais, 6c moindre
perte d’hommes. -
Les Habitans , 8c naturels du Pays ſe ſont rendus industrieux ,- ſont
de tresbeaux Tableaux auec les plumes de leurs Cincons petits Oy
ſeaux, quine vivent que de Roſée , ils en accommodent ſi bien les
_couleurs , que les meilleurs Peintres de l Europe en admirent la de—
lieateſſe. Ils ont quelques memoires de leurs Histoires , ſe ſervent
.de certains Caracteres au lieu des .lettres de l’Alphabet ,leur Langue
eſtoit entendue' tant que ſe pouvoir cstendre leur Domination, bien
qu’en diverſes Provinces il y eust diverſitéde Langues.
Les Principales Richeſſes du pays aprés l'Argent,l’Or,le Fer, 8c
le Cuivre ,- ſont ſes Grains, ſes Fruits, ſes Cuirs ,ſes Laines , Coton,
Succre . Soye, Cochenille , qui vient d’vn ver, lequel estant ſemé ſur
les feüilles du Figuier d’Inde , ſe couvre d’vne peau fort delicare;
&C en estantlcvé 8L ſeche au Soleil fait la Cochenille,il s'en tire en
cor de la graine d’Eſcarlate, de la Plumaſſerie,du Miel, dela Cire,
du Baume, de l'Ambre,du Sel, diuerſes Drogues Medecinales, ſi bien
que peu de Vaiſſeaux cn retournent a vvide,ce qui arrive quelquefois
au Perou, 8c l’Eſpagne ne s'cst pas moins enrichi de l’vne que de
l’autre.
Les Roys de Mexique eſioient riches &t puiſſans à. l’eſgard de leurs
voiſins,n’avoient pas moins de deux ou trois mille hommes pour leur
Garde ordinaire , en pouvoient mettre ſur pied deux ou trois cent
mille Entreles vingt cinq ou trente Roys qui luy estoient tributai
res , quelques-vus fpouvoith armet cent mille hommes. Leurs Pa
lais estoient magni ques 8c dans la ville , &t en diuerſes parties du
Royaume. Leurs Temples ſuperbes avec force Idoles , &è Sacriſica
teurs,immoloient des Hommes, 8c des Enfans; le plus ſouvent de
leurs , Ennemis_ , quelquefois auſſi des leurs.
. Et au reste les Mexicains d’aujourd’huy ne deſcendent paint des
anciens habitans du Pays. Ils deſcendent de. divers Peuples , qui
avoientleur demeure vers le Nort, &c apparemment dans ce que
nous appellons le Nouveau Mexique. L’Hiſtoire qu'ils donnent de
la façon qu’ils ſont ſortis de ces Cartiers ‘a diverſes fois ; du temps que
les-vns 86 les autres , 6c particulierement de celuy que les derniers
ont employé, dans leur voyage, des Ceremonies qu’ils y ont obſervé,
encor le nom de leur chef Mexi , ſemble tenir quelque choſe du
chemin que Moyſe fit faire aux Hebreux , en les menant dans laTerre promiſe., i
Ces Peuples cstants Maistres du Mcxique,ſe ſont formé vn Gouver~
nement eonfiderable , ſe ſont donnés divers Roys ,Motezuma ſous
qui Ferdinand (Sortez entra dansle Pays , n’en estoit que le neufiéme
en nombre.
‘La'Pr’ovince de Panuco a eent‘licuësde 10n"g,‘8c autant de large;
,diviſée parla Riviere de meſme nom en deux parties preſqu’egales :
celle qui est au Midy , 86 vers le Mexique est la plus fertile 86 la
_mieux cultivée; l’autre au Septentrion, 86 vers la Floride l’est bien
moins. Encor ,ce _qui approche de la Mer vaut beaucoup‘ mieux
_que .ce qui avancedan-s les Terres. Les Castillans n’y ont étably~.—
v que trois Colonies,dont Panucopu S. Estevan del‘Puerto, est la prin—
crpaleſur la‘Riviere de meſme nom,86 a douze lieu'e's de la mer. dan
,tir-1go de losValles est a tre-n te ou quarante lieues de Panuco,vers l’Oc—
cident encor_deſſuslameſme Riviere. S. Luys de Tampico à douze
lieuës de lan—uco-vcrs le Septcntrion, 86 .pres la coste du Golfe de
Mexique Ces Colonies-ſe ſont tellement affoiblies par les courſes
des habitans du pays, qui en aſſomment tantofl: les ’vns , tantost les
autres, que la meilleure n’avoir 'pas ſoixante Eſpagnols naturels en
16oo. Ily a des Mines d’Or dansle pays , qui ne .ſont point travaillées;
,de belles Salines , qui ne font plus grand profit. ~ ‘
;La Province .86 EYeſché de ,Mechoacan , entre celles de Mexique,
86 de la nouvelle Gallice, occupe ſur la coste de la mer de Sud prés
zde cent lieu'e's ,s’advance dans les 'Terres 86 depuis ceste coste iuſ
.ques au _Zacatecas cent cinquante lieues. Colima est proche 8c
Zacatula deſſus la Mer de Sud; la derniere à l’emboucheure d’vne
_Riviere de ,meſme nom, 86 a cinquante lieuës de ſa capitale Mechoa—
can. Le Siege de ceñt Eveſché a csté premierement a ‘Zinzonza; puis à
Pazcuaro , 86 en fin a Guayangaro , que les Eſpagnols ont appellé
Valladolid,puis Mechoaci de m'eſme nom que la Prouincelazcuaro
n’est qu’a cinq ou ſix lieu'e's de Zinzonza vers le Midy,86 Mechoacam
à dix ou douze de _l’vne86 de l’autre vers l’Orient” entre l’Orient 8c
;le Septentrion. - v
La Conception de Salaya, Saint Michel, 86 S. Philippeont esté
_basties ſPour aſſeurer le chemin que l’on tient en allant deMechoacan
,ou de Mexico aux Mines d’argent de Zacatecas : ce chemin estant
couru, par les Chiehimeques , Otomites , Taraſques , 86 autres. Q151
.quesvns mettent encor en ceste Province les villes de Leon , de Za—
mora, de Villa de Lagos , 86 cent ou fix vingt Bourgades dont les no
nante ont leurs Eſcoles.Le Terroir de la Province est divers en divers
endroits;chaudverslaMer ,froid dans le haut Pays. Colima eſt vn
.des meilleurs,donne quantité de Cacao, de Caſſe, de Coton , de
Soye , de l’Ambre—gris,de l’Or , de l’Argent , du Cuivre doux 86 dur;
faiſant de la vaiſſelle de l’vn, 86ſe ſervans de l’autre au lieu de Fer.
ilyades Pierres noires ſi luiſantes , qu elles Peuvent ſervir de mi—
rorrs. ,
Entre Colima86 Acatlan ſe trouve l'a Plante Cozomecatl ou Ol—
cacazan , qui tire la rongeur desyeux , conſerve les forces du corps, ou
restablir celles qui' ſe ſont affaiblies z guarit le mal de Dents , douleur
de Teſte, rejette toute ſorte de Venins, &enfin eſt tres-excellente=
contre toute ſorte de maladies. Ceux du Pays veulent juger de l’evenement du mal tel qu’il ſoit, lors que l’on en applique les feüillesï l
deſſuszſi elles s'attachent facilement' , ils en eſperent bien tost la gua—
riſonzfi elles reſistent , ou ſi elles tombent , il n’y attendent rien moins
qu’vne grande &longue maladie , oula mort. '
Tlaſcala oulos Angeles eſt entre Mexique, 85 le Golfe de Mexi?
que , d'ou elle s‘aduance juſques ‘a la Mer de Sud, s’eſlendant ſurla:
coſi—e de celle-cy vingt cinqlieuës, ſur l'autre ſoixante 8c quinze ou
_ quatre vingt. L’Eveſché‘a esté premiercment a'Tlaſcala , puis a los
Angeles. Outre ces-deux villes, il- y a' encor la Vera Cruz, dontlc
P'orr de S. Iean de Ia Viva‘, bien que mal aſſeuré eſt en quelque esti
me , la ville de Mexique n’en‘ ayant point de meilleur,8c de plus com
mode ſur la Mer de Nort. On compte dans-cet Eveſché deux cent
Bourgades , mille Villages 8c deux cent cinquante mille Indiens dans
ſ’a-juriſdictiô: qui ſont exempts de toute chargeôc impoſition extraor
dinaire ;parce qu’ils aſlisterent Cortez a la conqueste du Mexique.
Le pays eſl‘ plus ch‘aud'que froid ;ñfertil-en Bleds., Vins, Succre , nour‘
rit force Bestiaux. Dansla -Vallé‘e de S. Polîvn Payſan s’estveu riche
de quarante mille Moutons , provenants ſeulement de deux ,zqu'il y'
avoit' fait amener d’Eſpagne.
Guaxaca eſt‘ entre les Mers de Nord8c de Sud, ne t'ouche ä- l’Oc—_r
aident que la ſeule Province de los Angeles , à, l’Orient celles de
Tavaſeo , d'e Chiapa , 8c dc Soconuſco… Les deux dernieres estants de‘
l’Audience'de Guatimala,l‘es autres toutes de celle de Mexico , Le
plan de la Province fait vn'lozange , dont les quatre collés fout cha
cun ſoixante 8c quinze lieu'e's , ou peu plus. Ses Villes ſont Anthue
ra Eveſché , 8c qui communique quelquefois ſon nom a, la- Province
S Ilefonſo , S'lago ,8è SpirituSanto. Puis trois cent Bourgades , &T
trois cent Estancias‘ ou Hameaux des naturels du Pays. Antequera eſl:
dans l'a vallée de Guaxaca , S-I-lefonſo deſſus vnc montagne entre les
Peuples Zaporecas, 8-. Iago dans lai-Vallée de Nexapa, 8c Spiritu San
to dans le quartier , 8c ſur la Riviere de Guaxacoaſco pres la Mer de
Nort. Sur la' Merde SudlePort d’Aquarulco ell. connu 8L frequen—
.té par ceux qui tranſportent les Marchandiſes de l’Europe , 8c du Me
xique au~Perou.L’Egliſe Cathedrale d’Antequera eſt magnifique, ſes
Colonnes ſont de marbre d’vne groſſeur, 8c d’vne hauteur prodigieu—
ſe. Les divers quartiers de lañProvince ſonttousófertils,donnent vno
grande quantiréde Fruits , de Cochcnillc,.dc Soye,8c preſque toutes
les Rivieres y roulent de l’Or, ſans celuy des Mines qui en fourniebeaucoup'. Le Cacao eſpece d’ſiAmande leur ſertde'Monnoye.
> Iabaſeo-nïest qu’vne costelenguc decent lieues entre Guaxaco,
&t Iucatan; large a‘ peine de vingt cinq entre' la Province de Chiapa86 la Mer. LePays est remply d’Estangs, 86 de Maraiz prés de la Coste:
de Bois , 86 de Forests vers les Montagnes: 86 les Pluyes y estants
preſque continuës les huit ou neufmois de l'année,l’airy est fort hu—
mide ; 86 ſa ſcituation estant bien avant dans la Zone Torride, cela
engendre vn nombre infi’ny de Vermines ,de Moucherons , 86 d’In
ſectes. Le Terroir ne Iaiſſe d’y estre excellent 86 abondant en Mayz,
86 Cacao, qui eſtleur principale richeſſe :mais qu’ils ontpeine acou
ſerver àl’enco‘ntre des Singes, &des Eſcurieux qui l’es mangent 86
les _gastent estant meurs. Ils ont des Vignes , des Figues—,des Oran
ges, des Citrons : outres les Fruits qui leur ſont particuliers , 86 qui
ont leurs diverſes proprieté's,nourriſſenr vnc tres-grande quantité de
Bestiaux , 86de Volailles de to‘uce'ſorte, outre les Bestes ſauvages 86
vnc varieté infinie d’Oyſeaux dans les Bois
I-l ne ſe remarque icy qu’vne ſeule Colonie d’EſpagnoIs Nra Sra de
la Victoria ainſi appellée à cauſe de la Victoire que Cortez y obtint
en' 1519‘. contre ceux du Pays ,lors qu-'il alloit ala conqueste du Roy—
airme de Mexique :- ell'e s’appelloit a—lo’rs Pontonehan .- fut afli’egée ,
priſe,86ſaccagee par Cortez; 86 ſe remarque que c’est- Ia' premiere
ville de l’Amerique , qui S’est deffenduë , 86 qui a paſſé par le Fer des
Eſpagnols.- _ _q _
- Iucatan eflf la derniere Province de l‘Audienee de Mexique vers
l’OrientÏc’est vnc preſqu’Ifle d’envrron quatre cent lieuës de circuit ,
ſeituée entre l'es Golfesdc Mexique—,- 86 de Honduras : L’Isthme
quila joint a Terre-ferme,n’est que de vingt cinq ou trente lieues,,
d’où le Pays va en‘ s’elargiſſantjuſques ä cinquante‘ 86 ſoixante quin;
ze lieues de la'rgeur,86 finit au Cap de Cotoche , qui regarde vers 1’07
tient le Cap de S- Antoine en l’Lfle de Cu.ba,.a-la—distanee de ſoixante_
86 tant'de‘lieuëîs.- v . _ _ >
Les Costes de Iucatan ſont fort embaraſſées de petites Iſles dan:
gereuſes pour la Nauigation; mais chargées d’vne infinité d’Oyſeaux
d’e‘ Mer, que ceux du’ Paysvoiſin ,-86 que‘dïautres des Pays eloignés
viennent chaſſerL’I-fle de CoZumel ou' d’Acouzumil ‘a l’Orient a esté
:Utresfois fameuſe,-pour ſon-_idole Cozumel , que tous les Peuples
de la Grande terre voiſine alloicnt adorer. Et c’est dans ceste Ille , ou
dans Ia Terre ferme Voiſine de cette Iſle , que Baldivio, ſe ſavua mal.
heureuſerriîent. Il avOit fait—naufrage pres de Iam-aique , prit vn petit'
barreau comme de lîeſcheur , où il ſe get-ta avec vne vingtaine de Sol
d'ats — &fust’ic—y porté par la Mer: mais des qu’il mit pied'a Terre il
fur pris 86 les ſiens par ceux du Pays , 86 en meſme temps mené
au Temple de leurs Idoles; iinmolér, ou ſacrifié, 86 mangé avce’
quatre des ſiens:;'1e reste estant reſeivé pour vne autre fois. Entre
ceux cy Aquilar , qui avoit veu la Ceremonie ,,s'eſchappa avec quel..
ques autres , ſe retira chez vn Cacique , qui le traita eourtoiſemenr
pluſieurs années,- pendant quoy les vns moururent, d'autres ſe m3..
rierent dans le Pays. Aquilar à la ſn fut retiré par Cortez , &z
luy ſeruit beaucoup a la conqueſle de Mexique , par ce qu’il en
_avoit apris la langue.
L’Airdc Iucatan cil: chaud ,le Pays n’a preſque point de Rivie- .
ſes, ne manque neantmorns pas d’eau, qui ſe tire des lî'uys, qui ſe
trouvent par tout.Dans le milieu des Terresil s’y voit quantité d’Eſ— ~
cailles , 8L de Coquilles de Poiſſons de Mer ; ce qui fait croire à quel
ques-vus .que le Pays a esté autresfois inondé : Il n’y a preſque
point de Bleds , ny de Fruits dc l’Europe; mais quelques antrcs du
Pays, &quantité de Bestes Sauvages , principalement de Ccrfs 86
de Sangliers,&entreleurs ‘Volailles des Paons . Il ne s’y eſt point
encore trouvé d’Or,encor moins de Leton, ce qui fait voir qu’il n‘eſ‘t
pas vray que les Eſpagnols ayent icy trouvé des Croix de Leton , n’y
.dn ayant pointdans toute l’ A mexique. l
- Les Villes de Iucatan ſont quatre: Merida autresfois Mayapan,
Valladolid, Campeche ou S. Franciſco de Campeçhe,& Salaman
que. Merida est la capitale, 8c ſiege d’Eveſché &du Gouverneur,,
pour Tavaſco 8c Iucatan : il s’eſt icy trouvé de grands 85 anciens cdi,
ſices de pierre avec force figures d’hommes taillées dansles Pierres:
8c par ce qu’elles eſloient preſque ſemblables , 'à d’autres qui ſontè.
Merida en Eſpagne,ce nom luy a esté donne'. Valladolid a vn tres—
beau Monastere de Franciſcains , 8c a plus de quarante mille _barba
res dans ſon terroir. En 1596. Campeche fuſt ſurpris 8: pillé par les
Anglois , mais les habitans les ayans reconnu peu en nombre, 85
crop attachés au pillage de la place, retournerent les y attaquer,_8c
les repouſſerent juſques dans le Port, oû les Anglois prirent vn Vaiſ—
ſeau chargé de miel ,de cire,8cde _bois de campeçhe , qui eſ’c vnceſpece de Breſil. ' . ' i
La conqueste du Royaume de Mexique ä eſté bien plus faci'e aux
Castillans , que celle du Perou _: le Royaume du Perou eſlant heredi
taire, 8: ſes Yncas aymés, 8c preſque adorés de leurs ſujets,le Royau—
mes de Mexique estant electif,8c ſes _Roys hays,ſi non de ceux de Me
xique, au moins de preſque tous. les Estars circonvoiſins , ôc enviés de
- ceux qui pouvoient aſpirer à la Royauté. Ceste diverſiré a fait que
Motezumamort, &iaville de Mexique priſe, il n’y a preſque plus eu
à deſmefler, &rienä craindre dans cet estat. Dans le Perou apresla
mortde Œuaſcar, d’Atabalipa &de quel ues autres Yncas les Ca
stizlans n’ont pas creu elite encor en ſeurete, tant qu’il y auroit quel
qu ereste de ees Yncas dans le Pays , ce qui a fait que ſous divers prez
textes ils lEs ont perſecutés , exilés ,faitruourir 85e., ’
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HVDIL’NCE SDE GVADAL AIARÃ. 6
’Audience de Guadalajara, ou Royaume dela Nouvelle Galliſi
L ce , fait la partie la plus occidentale dela Nouvelle Eſpagne .- 86
embraſſe les Provinces de Guadalajara, Xaliſco,los Zacatecas,Chia
merlan, Culiacan, Cinaloa ,la Nouvelle Biſcaye; quelques-vus y ad
ustent Cibola, d’autres encor Californie , inra , Anjan , 86C.
c'est à dire que les Castillans pretendent la pouvoir estendre juſques
au bout de ce Nouveau Monde.
La Province de Guadalajara n’a que deux Villes , ou Colonies d’Eſ
agnols , Guadalajara , 86 Santa Maria de los Lagos. Guadalajara ell:
Capitale du Royaume , bastie en 1531. par N. Guzman. 86 l’Eveſché,
qui avoir esté estably a Compostclle, fust icy transfere en 1570. ſon
aſſiette est dans vne plaine aggreable, 86 fertile , arroſée de diverſes
Fontaines, 86 de petits Torrents,non loin de la Riviere Baranja:86 les
Montagnes voiſines luy fourniſſent des materiaux pour les Basti
mens. S. Maria , ou N S. de los Lagos a quarante ou cinquante lieuës
de Guadalajara , 86 ſoixante 86 quinze de Mexico , a esté bâtie parle
meſine Guzman ,pour empeſcher les courſes des Chichimecques.
L’Air de cette Province est temperé , &ſerain : ſi ce n’est dans leur
Esté , qui ſe paſſe en pluyes; 86 les habitans y vivent ordinairement au
'delà de cent ans, peu ſujets aux Maladies , 86 ne ſçavent ce que c’est
de Peste: mais ils ſont incommodés de Moucherons,de Vermines , de
Punaiſes. LeTerroiryest plus eflevé en Montagnes , qu'estendu en
Plaines , ce qui fait qu’il s’y trouve quantité de Mines ~. point d’Or,
peu de Fer, 86 d’Acier; beaucoup d’Argent, de Cuivre, de Plomb , de
Margaſites , 86e. les Plaines cultivées rendent ordinairement pres de
cent pour vn , en ce qui est du bled :86 deux cent pour vn , en ce qui
est du Mayz ,ils ont force legumes : quelques Oliviers dont les Fruits
ſont ſouvent gastés par les Fourmis: comme leurs Grains par les
Pies. Ces Pies ne ſont pas plus grandes que nos Paſſereaux .~ mais en
telle quantité,que la où elles deſcendent , en peu de temps elles >
moiſſonnent vn champ tout entier. Les Citrons , Oranges, Figues,
Poires, Peſehes , 86 preſque tous les Fruits de l’Europe y viennent
abondamment , 86 ſurpaſſent en bonté ceux d’Eſpa ne : Les Pastures
cneoresy ſont excellentes , 86 nourriſſent toute ſärte de Bestiaux.
En tre leurs A beilles il y en a qui n’ont point d’eſgmllon. x .
La Riviere de Baranja, la plus forte de ce quartier , ſe forme de
deux principales Branches , dont l’vne deſcend des environs de
Mexique , &l’autre dela Frontiere de los Zacatecas , 86 ſe joignent
dans laProvince de Mechoacan: d’ou ſous vn Canal ſeul elle paſſe
a N. S. de los Lagos , fait vn Cataracte de dix braſſes de hauteur prés
de Guadalayara, 86 deſcend dans la Mer de Sud au deſſous de Ceuti—
quipaque , entre les Provinces de Xaliſco , 86 Chiametlan. ' '
En Xaliſco ſont les Villes Compostelle autresfois Villa de Spiritu
Santo , 86 la Purification , basties parle meſme (iuſman. Compostel
le en plaine 86 bien differente de celle de Guadalajara, celle de Com
postelle n’estant pas aſſez fertile , n’ayant pas aſſez dequoy paistre les
bestiaux ,ny dequoy bastir:l’Air encor y estant chaud, humide , 86
qui engendre forcesinſectes : elle ne ſubſiste que par ce qu’elle n’est
pas loing dela Mer.
Au Nord-est de Guadalajara , 86 de Xaliſco ſont les villes , 86
Provinces de S Sebaſtien en Chiametlan , S. Miguel en Culiacan
S. Iean en Cinaloa. il y a par tout de riches Mines d'Argent , des Vi
vres,des Fruits,du Mayz , des Legumes, du Coton: leurs habitans
ſont grands,robustes, belliqueux ,- 86 particulierement en Cinaloa, où
ils ont fait abandonner S. Iean par les Eſpagnols , qui ont rebasty ail
leurs la ville de S. 'Iacqucs 86 Saint Philippe.
' Au Nort de Gualdajara ſont los Zacatecas , 86 la Nouvelle Biſeaye;
On fait estat de quatre Colonies dans los Zacatecas , d’vne trentaine
de Bourgades,86 de quatre fameux logements prés des MincSzdont les
principales ſontlos Zacatecas , d'où la Province a pris ſon nom : Avi
ño , Sombrarete, 86 S. Martin , peut estre encor S. Luc. Lesvilles ſont
Xeres de laFrontera, Et Erena, Nombre de Dios, autre que celle
qui a esté danslsthme de Panama, 86 Durango. Il ne ſi parle point
de villes enla nouvelle Biſeaye , mais ſeulement d'excellentes Mines
d’Argent a S. Iean , à ſainte Barbe , 86 a Endes , que l’on estime les
meilleures : &icy les Eſpagnols n’oecupenr que les Mines.Los Zacatecas manque d’Eau , 86 de vivres , ſi ce n’est vers Duran-ſi
go, &Nombre de Dios : la Nouvelle Biſeaye a des Bestiaux . 86 des
grains. Toures ces Provinces juſques icy ſont non ſeulement de l‘Au-_
dience , mais encore de l’Eveſche de Guadalajara.
Au deſſus, 86 au Septentridn dela Nouvelle Gallice , 86 de l’Au—'
dience de Guadalajara,nous avons quätité de Peuples,86 de Provinces
peu connuës : nous‘les appellons en general Nouueau Mexiquezparce
qu’estimant encor ces quartiers ſous le nom de Mexique ,ils feront la
partie de Mexique la plus nouvellement connue, D’autres les paſſent
toutes ſous le nom de Nouvelle Grenade,86 y placentla Ville de Gre—
nade, que HerrerametenCinaloa , d’antres en Cibola , 86 d’autres.
dans le Royaume de Mexique pris cn particulier : tant il y a peu d’aſ:
ſeurancc aux Relations de ces quartiers.
Ony a remarqué neantmoins divers Peuples, fort differents en leurs
Langues. en leurs Meurs , 86 en leurs Coustumes :les vns ayans leurs
habitations fixes 86 arrestées : les autres errants apres leurs Trou—
peaux. Entre les premiers il yen a quiont pluſieurs villes 86 de tren—
te , à quarante , 86juſq es à cinquante mille ames. Et dans ces Vil—
les les Maiſons y ſont bastics de pierres , 86 à divers estaoes. Le Nou
VeauMexique pris particulierement à dix ou douze de ces villes . là
où les Maiſons ont leurs Chambres , Sales , Poifles z 86 pouvoientfaiñ'
re , dix mille hommes. Le Cibola en a ſept chacune de trois , quatre,
ou cinq ccns familles , 86 avec ce qui demeure à la Campagne pou—
voient faire encor huict ou dix mille hommes. Tous ces habitans
ortês àla guerre , leur Pays cultivé ,86 abondant en vivres S encor:
que l’airy ſoit fort chaud l’Esté , 86 fort froid l’Hyver, 86 il ſe peut
tirer deces quartiers du Sel, du Cristal , des TuquOiſes' , des Eſme—
raudes z il y a des Mines d’ A rgent chez les Paſſaguares , 86ailleurS.
Le inra a peu d’habitans, 86 tous excremement barbares : les
hommes ſe couvrentle corps d’vne peau de leurs Bœufs mal accom—
modée s 86 les femmes ſeulement de leurs Cheveux,ne vivent preſque
que de chair crüe , qu’ils devorent plustost qu’ils ne la mangent , vont
par troupes changeans ſouvent de demeure 5 86 ne s’arrestent que 13.
où la Saiſon , 86 les Pastutes les retiennent. Leurs Vaches,86 Taureaux
ſont dela grandeur devceux de de ça bien differents au reste. Ils ont
les cornes petites , le poil tirant ſur la Laine de Mouton fort long vers
la teste, 86les eſpaules ;86 quiraccourcitä meſure qu’il advance ſur
le derriere5portent vne groſſe boſſe ſur le milieu du dos , ont les
pieds courts ſur le devant ,vue grande barbe leurpend devant le col ,
861a qUeuë estlongue,86 velu'e' ſur lc bout. Il y a dans cet Animal
quelque choſe du Lion , du Chameau, du Bouc, du Mouton; mais
plus du Bœuf. La teste 861e regard cst ſilaid, que les chevaux ne les
veulent approcher. Ces animaux auſſi estants en furie ſont plus forts
que nos (.hevaux. C’estla principale richeſſe de ceux du Pays , qui
de la Chair en font leur nourriture ordinaire; de leurs Peaux ils en
couvrent leurs demeures, 86en ſont des habits; tirent du ſil de leur
Poil ,ſont des Cordes aux Arqs de leurs Nerſs. Tirent des Aleſnes
de leurs Os , font des Trompettes , 86 des Cors de leurs Cornes,con~
ſervent leurs Eaux, 86 la Boiſſon dont ils ſe ſervent dans leurs Veffies,
86 de leur fiente ſechée,ils en font du feu,par ce qu’ils ont peu de Bois.
. Outre ces Bœufs il y a icy des Moutons grands comme les Aſnes de
deça , des Chiens ſiforts , qu’ils portent apres leurs Maistres partie de
leurs Bagages , juſques a cinquante 86 tant de liures dc peſant.
A nian est encor plus pauvre que le Wuira, les Eſpagnols ont cou
ru dans l’vne 86 l’autre partie des y a longtemps; 86 ny ayans rien
trouvé de merite, les ont negligé, 86 apres tout ily a des Opinions
bien contraires touchant le Temperament , la Fertilité , 86 la Scitua—
tion de ces deux Provinces. Les vns les faiſans froides 86 steriles; 86 les
autres les estimans temperées,86 bonnes. Ceste contrarieté n’est rien à
l’eſgard de leur poſition. Vne meſme Region peut avoir certains
quartiers excellents, 86 d’autres tres-mauvais , mais la poſition ne
peut estre que d’vn ou d’autre costé. Les vns neantmoins mettent
ces deux Provinces dans la partie de l’Amerique la plus advancée -
vers l’Aſic,ee quiſchic à l'Occident du Nouveau Mexique: D’au—
tres les mercentà l’Orientdu Nouveau Mexique , en advançant vers'
à
la Floride , 86 le Canada; ce qui ſeroit tout 5. l’oppoſire de la premie
re poſition 5 86 neantmoins ceste derniere est la plus vray ſemblable ,
arle chemin de ceux , qui de ces quartiers ont paſſé en Panuco de la.
Nouvelle Eſpagne.
La Californie a esté estimée longtemps n’estre qu‘vne preſqu’lſleſi
Les Hollandois ayans pris deſſus ces Mers vn Vaiſſcau Eſpagnol,
qui en avoit reconnu le eireuit,86 dreſſé la Carte,ont veu que ce
n’estoit qu’vne Iſle; qui s’estend du Sud-Est au Nord-Ouest , &c
depuis Ie 2.3. degré de latitude juſques au delà du 45. couchée au
long, 86 al’Ouest de l’Amerique. Sa longueur est de ſix a ſept cens
lieues. Salargeur ſous le Tropique du Cancer n’est_ que de vingt ou
vingt cinq lieuës ; d’où elle va touſiours en s'eflargiſiant juſques à cent
cinquante lieuës , vers le 40. degré de Latitude. L’Air y a esté trou
vé froid bien que dans vne aſſiette qui devroit estre plustost chaude
que temperée. Le Pays mal peuplé. Les Perles ſe peſchent dans la
Mer Vermejo aulong, &àl’Orient des Costes de Californie, encor
aulong, 86ſur les costes de la Nouvelle Grenade , ouN Mexique,
Marc de Niza Franciſcain fist vn voyage au Royaume de Cibola
en 152.9. 86 a ſon retour compta merveilles de ce qu’il avoit veu , 86 de
ce qu’il en avoit apris. des Peuples qui portoient autour de la teste
des pieces de Nacre de Perles , diverſes Provinces tres-riches en Or,
des Villes 86 Maiſons bien basties , 86dont les portes estoient ornées
de Turquoiſes , 86 d’autres Pierreries : que la principale de Cibola
estoit plus grande que Mexique : que les Royaumes de Marata , d’A
cu, de Tonteac estoient encor fort riches 86 puiſſants.
La Relation de ce Religieux fust cauſe que Mendoze Viceroy dc
Mexique y envoya Vaſque de Cornado Gouverneur de la Nouvelle
Gallice , pour en reconnoistre la verité. Celuy—cy bien loin de trou
ver les Richeſſes , que l’autre avoit fait eſperer , ne trouva que des
gens nuds , 86 trespauvres s quelques villes aſſez ‘bien basties , mais
treſmal meublées,aſſcure que les Royaumes dont l'aurre avoit fait
tant d’estat estoient preſque tous imaginaires: Tonteac n’estant qu'vn
Lac au tour duquel il y avoit eu quelques habitations , Matata
vnc piece inviſible , Acu vne chetifve bourgade en estime dans le
Pays , parce qu’il s’y recueilloit quelque peu de Coton. Il pour
roit estre que le Religieux en dit plus qu’il n’en avoit veu ,
afin d’inciter les Eſp-:gnols d‘y enuoyer quelquesColonies , &qu’il
y eut moyen de convertir ces Peuples: 86 que Cornado en dit moins
par ce qu’il ne voyoit pas le profit ſi preſent, connue dans ſon Gouver
nement: Wdy que c’en ſoit cette contrarieté , avec celles que nous
avons dit touchant (Elvira, 86 Anian, encore touchant la ville de
Grenade , nous font voir qu’il est dangereux de croire ceux quivien
nent de loing ,- quelque ſpecieux 86 bel habit qu’ils portent, quel—
que bonne langue 86 grande mine qu’ils ayent , 86 quelque prOtc
starion de verite qu’ils faſſent.
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L’Audicnce de Guatemala est entre les Mers de Nord , &de Sud'.
a
8c entre divers Isthmes ou langues de Terrc,qui ſe trouvent dans
partie phis meridionale de l’Amerique Septentrionale. Ses Provin
ces ſont Guatemala , Soconuſco , Chiapa , Vera-Pax , Honduras ,
Nicaragua , Costarlca , 8L Veragua. 7
'Guatemala ,8c Soconuſco ſont deſſusla Mer de Sud; Chiapa dans
Terre, Verapax, &î Honduras ſur la Mer de Nort; Nicaragua, Co
starica , 8L Veragua ſur l’vne &z l’autre Mer. Guatemalaä centcín—
quan te lieuës au long de la coste , &c s’advance dans les Terres trente
ou quarante lieuës. On y a basty en 152.4 &c 15 2.5 les villes de San Iago
de Guatemala , S Salvador 51s Cuzcatlan ,la Trinidad als Conzona—
te , SMigucl, 8c Xerez de la Frontera äls Chuluteca. Elles ſont tou
tes deſſus , ou peu efloignées de la Mer , Guatemala eſt-la plus advan
cée dans les Terres, &neantmoins la principale ayant le fiege de l’E.
Veſché , 85 de l’Audience. En 154x.ccste Ville fuſt preſque accablée
d’vn DeIUge d‘eau bouïllante , qui deſcendant de ce Vulcan qui eſl:
au deſſus , 6c proche dela ville , arracha 6c roula tout ce qui ſe trouva
à la rencontre Arbres , Pierres, Bastiments ; 8: les emporta juſques
dans la ville, où il estouffa beaucoup de perſonnes; &c entr’aurres la
,Vefve de celuy , quiavoitſubjugué , 8c ſi mal traicté ceste Province.
La ville fust rebastie peu plus à l’Orient, 86 peut avoir prés d’vne cen
taine de Maiſons , ſix centhommcs, 8c ſa contrée , vingt cinq mille
Indiens tributaires.
Vn particulier aucreſois ſe mit en teste qu’in avoit vnc tres—riche
.mine d‘or dans ce Vulcan de Guatemala: 86 qu'il ne Faloit que trou—
Ver le moyen d’y deſcendre quelque Chaudiere pour en tirer ä ſou—
hait, comme on tirel'eau d’vn Puys: il entreprit d’en venir à bout,
fist Faire des groſſes Chaiſnes de ſer 8: vnc rande Chaudiere fi forte
qu’il crcur que le Feu ne les pourroit endommager : fill: drcſſer vn
chemin pour porter au hault de la Montagne ſes Chaiſnes , ſa Chau
diere , &c les Machines , qui devoient ſervir pour deſcendre , 8: pour.
retirer ſa Chaudiere pleine d’Or , qu'il croyoit b ou'illir aufon dde la
Montagne: il ſe trouva que le Feu estoit fi violent , qu'en moins d’vn
rienil n’y avoit plus ny Chaiſnes,ny Chaudiere ,8L ne reconnut ſa
folie, que quand ileuſi: conſommé ſon bien , 8L celuy de ſes meilleurs
amis,& en prit vn tel deſplaiſir,qu’il ſe voulut precipiter dans la Mon-z
tagne , &c à la fin mourut de deſpit. '
Le Pays est plus froid que ſa ſcituation ne porte , eſt ſujet aux trem—ſi
blements de terre: ad’excellents Baumes , de l’Ambre liquide, du
'Bezoar , du Sel , des Grains, des Fruits :entre autres du Cacao en ſr
grande abondance , que tous les ans il s'en charge pluſieurs Vaiſſeaux
entiers , pour tranſporter ailleurs. Ce Cacao el‘tvne eſpece d‘Amanz
de , qu’ils eſtiment vnc des principales richeſſes de toute la Nouvelle
Eſpagne: elle ſert ‘a divers vſages, 86 pour le manger , 86 pour le boire:
lIS en font meſme pluſieurs ſortes de Boiſſons, en y meſiant quelque
eſpiceries , s’en ſeruent encor au lieu de Monnoye.
Soconuſco n’a que la petite ville des Guevetlan deſſus la coste , œ
rien de particulier , Cuidad Real, est la principale place dela Provin
ce de Chiapa,86 neantmoins l’Eveſque _de la Province ſe dit Eveſque—
de Chiapa , qui est vne belle Bourga de des habitans du Pays, quiníe
ou vingt lieuës au deſſous de Ciudad Real.
Entre les Eveſques de Chiapa ä esté Barthelemy de las Caſas de
l’Ordre de S. Dominique , qui ayant veu les cruautés avec leſquelles
les Eſpagnols traitorent les Peuples de l’Amerique , taſcha par diuer—
ſes remonstrances d’en empeſcher la continuation: 86n’en pouvant
avoir ſatisfaction ,ſe tranſporta en Eſpagne, s’addreſl'a à D. Philip..
pe fils de Charles V- 86 depuis ſecond de ce nom Roy d’Eſpagne : luy
repreſenta les inhumanités 86 cruautés dont les Eſpagnols ſe ſer
voient pour tyranniſer ces Peuples ,- Mais il reconnut que l’affaire
estoit ortée dansvne extreme longueur 86 que l’on vouloir faire diffl
culté d’y remedier, comme s’il eust voulu contesterle droit, 861e pou
VOir abſolu , que les Roys de Castillc diſent avoir dans ces Pays 85
deſſus ces Peuples. Cela le ſist reſoudre de faire imprimer ſon Traicté '
dans Seville en 1542.. ſans meſme avoir la permiſſion de l’Inquiſitionz
qui est vn coup bien hardy en Eſpagne : le preſenta a Charles V. 86 en
donna ‘a diverſes perſOnnes. Le Conſeil du Roy commanda bien.
tost de ſupprimer ce livre ,crainte que ces Barbarics ne paruſſent au
jour; 86 que cela ne mit les Eſpagnols dans la haine. 86 dans l’abomi—
nation de toutes les Nations du Monde , il en f'ust ſauvé quelques
exemplaires , 86 tranſportés hors d’Eſpagne S qui furent reimprimés
en Italie , dans les Pays-bas, &ailleurs; 86 traduits en Italien,en Fla
mend , 86 en François; '
ll y a dans cette Relation des choſes , qui a peine pourront entrer
dans la ereance des hommes: il fait estat qu’en diverſes parties de l’ A—
merique , 86 de ſes Iſles ,les Eſpagnols avoient deſ—ja fait mourir dc
ſon temps (c'est cinquante-ans api'es que les Castillans y ſont entrés)
douze ou quinze millions de Perſonnes; par le Fer , par le Feu , par la.
Faim , par la Corde S dans les Travaux des Mines , dans les Tra—
vaux exceſſifs,qu’ils leur commandoient de faire, ou ſous le faix de cc
qu'ils leur donnoient a porter S 86 ainſi par diverſes autres moyens; dit
qu’ils ont traicté ceux qui restoient pis que des eſclaves , pis que des
Bestes : coupé le Nez aux vns ,les Oreilles aux autres , ‘a d’autres les
Mains ; les ont quelquesſois mis par pieces , 86 par quartiers , pour en
faire Curée a leurs Chiens,qu’ils dreſſoient pour apprendre Il devorer
ces pauvres A meriquains : 86 s'il ſe trouvoit vn de ces Chiens tués , ou
yu Eſpagnol aſſommé à la Campagne,ils faiſaientpendre vnc douzai
nede ees .pauvres gens a l’honneur des douze Apostres, oû le pays cirañ'
_convoiſin estoit mis à ſeu 85 a ſang.
Dit quecela leur estoic ordinaire d’abuſer des Garçons , de Vio
ler les Filles ,forcer les Femmes, qu’ils vendoient par apres pour vn
Fromage,- 6c ſouvent vn cent d’hommes , GL de Femmes , quelquefois
cinq cens 6c plus , pour vn Aſne,pour vn Cheval :remarque qu’vn cer
tain Cacique s’estan-t ſauvé de l’Eſpagnole en l’Iſle de Cuba , pour eſ—
viter la cruauté desEſpagnols;ceux~cy s’estant rendus Maiſires deCu—
ba , 8c ce pauvre Cacique tombé entre leurs mains ,ils le condamne— \tent aux Feu: lſia oû incité par vn Reli ieux de ſe faire Chrestien ,
pour au moinsapres celle vie estre ſauve en Paradis; quand il ſceut
.qu’il y avoit des Eſpagnols enParadis il ne voulut estre n'y Chrestien,
ny aller en Paradis , rant ils craí noit de retomber entre les mains des
Eſpagnols. Ce de las Caſas a. eure qu’il ſe pourroit faire beaucoup
de livres entiers ſi on vouloir rapporter tout ce qui S’est paſ
ſé en Amerique de ceste nature: 5c ſouüient que la pluſpart de ces
Meurtres, Brullemens, 8c Saccagements ne ſe ſont faits que de guet a
pend,& le plus ſouvent ſur les vns pour intimider les autres,8c pour ſe
faire obe'ir abſolument.RetournonS‘a ce qui regarde nostreAudience.
Entre vne infinité d’Arbres,qui ſont dans les Montagnes de Chiapa,
il y en avn qui porte vne eſpece de poyvre , 8c qui tient de la sévc du
Cloud de Girofle.Dans les Campagnes cultivées,les Oignons y vien
nentä ſouhait,& les Febves,y ellant vnc fois plantéesplles fleuriſſent,
donnent leur fruict tous les mois# continuent ainſi plufieurs années;
ainſi leursÇhoux ,leurs Fleurs , GCC.
Prés de Chiapa il y a diverſes Fontaines , qui ont quelques ſingula—
rités z vne qui a fius &c reflus comme la Mer, bien qu’elle en ſoit elloi.
gnée ,6c qu’ellen’y ait aucune communication. Vne autre qui trois
années de ſuiteaugmente beaucoup , pour peu qu’il ſaſſe de pluye 5 6c
les trois années .ſuivantes diminuent beaucoup plus il fait de pluye, &6
continué ainſi de trois ans en trois ans. vne autre diminüe toûjours
quandil pleut BL augmente toûjours quandil fait ſecq: vne autre fait
mou-tir les Oyſeaux , &C les animaux qui en boivent , guarit neanr
=moins les maladies qui demandent des remedes violents. Mais nous
aurions trop a dire ſi nous nous arrestions ‘a contes les ſingularités , qui
ſe trouvent en Amerique.
Honduras 8c Nicaragua ſont deux grandes Provinces. Honduras a
plus de deuxcent lieuës de lon ueur, &L pres d’vn cent de largeur. Ni—
'caragua est peu moindre. Hon Uras communique ſon nom au Golfe
qu’elle a ſur la Mer de Nort , les Eſpagnols ont basty ſix villes dans la.
Province-z Valladolid ils Cornayagua,preſque dans vne eſgale distan
ce entre les Mers de Nort 8c de Sud. Gratias ‘a Dios ſur vn tertre
eſlevé ,Be pres des riches Mines d’Or S Pedro, &a quinze ou ſeize
.lieues de celle-cy. S. Ipan del Puerto de los Cavallos , autresfois porc
fameux , mais tranſporté ‘a Amatica , l’aſſiette en cstant plus advantañl
geuſe. Truxillo avec Vn port excellent , ôc Vn terroir riche 8c ſecond
S. Iorge de Olancho,dont le Pays ancre-fois à fourny beauœup d’Or,
comme encor la Riviere de Guayape,qui est a l’Orient de Truxillo &c
d’Olanclio.L’Eveſché de la Province a eſté premierement äTruxillo,
transfere à Valladolid en 1588. Il ſe rire de Honduras de la Laine qui
est icy fort en estime , 85 que nous appellons Vigogne.
Nicaragua ou Nouveau Royaume de Leon a cinq Colonies d’Eſpa
gnols z Leon de Nicaragua à la teste du premier , Grenade ſur le corn—
mencement du ſecondôc du plus grid, Iaën ſur la fin de ce grand Lac
dc Nicaragua. Segovie la nem'e est plus avant dis les Terres,Reale~
jo prés la Mer de Sud, aVecvn bon port : autrefois on a voulu faire
vn Canal de la Mer de Nort ‘a celle de Sud entre Realejo , &c le Lac
de Nicaragua , ce qui ne s’est point faict ; &c Pourroit eſtrc que
l’on a trouvé la Mer de Sud bien plus haute que celle de Nord , com
me nous dirons ailleurs ,ce qu’estantil ſcroità craindre que les qua
tiers de deçà n’en euſſent reçeu de grands ptejudicesñ ~
Le Lac de Nicaragua est fort grand , &c avec flus , 8c reflus comme
la Mer: nourrit des Crocodiles , a force habitations d’Indiens deſſus
ſes Rives:il commence a huict ou dix lieuës dela Merde Sud.& nean
moins va chercher la Mer de Nort par cent cinquante lieuës dc che
min qu’il Fait partie en Lac , &c partie en Riviere ou Canal qu’ils ap..
pellent Deſagua dero , où il Y a pluſieurs Cataractes; 8c ſe jette en cet
tc Mer par vnc grande ouverture ,ou ſont quelques Ifles , 8; le Porc
de S.Ioani '
L’Air du Pays ell: ſein , encor que chaud; le Terroir fertil , 8c agrea—
ble; a des Fruits , des Vaches, des Pourccaux ,— Poules d’Indes, tant de‘
Perroquets qu’ilsincommodenr, du Baume , peu de Froment 8c dc .
Moutons, quelques Mines d’Or 6c d‘Argent vers chovie. Ses Habi—
tans ſont gaillards ,8c diſpos S le Reſſort de Leon a vingt mille In*
diens tributaires. Leur Hyver est ſec, l’Esté pluvieux. '
Costa Rica , 6c Veragua ſontlcs deux Provinces les plus Orienta—
‘ les de l’Audience de Guatemala,en Costarica ſont les villes de Carta-ï
ge entre les deux Mers , ou elle a quelques places, qui luy ſervent de
Ports. Aranjües , 8L Nicoya ſont ſurla Mer de Sud, Castro d’Austria
dans les Terres. s Veragua avers l’Orient l’Istbme de Panama , 8c au
trefois a reſpondu à la Chambre de Panama , bien que celle ville ſoit
estimée en l’Amerique meridionale , Veragua en la Septentrionale.
On metenceste Provinîee 4 ou 5 villes d’Eſpagnols; la Conception,
la Trinidad, Sta Fé , Carlos, &Z Parita. Les deux premieres ſont ſur la
Mer de Nort,- Sta Fé en Terre, les autres ſur la Mer de Sud. Le Pa s
de l’vne 8c l’autre Province cil: rude , montagneux , peu Fertile; ad'c
riches mines d’Or en ſes mon-ta nes; en roule dans ſes Rivieres. Mais
il restc quelques :Originaires (fi: ce] :quartiers , qui donnent encor
de l'exercice aux Eſpagnols; 8c les mangent , quand ils en attrapent.
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ISLES ANTILLES, au CAMERCANEJ. 8
NTRE les deux Ameriques Septentrionale , &r Meridionale,‘
85 au devant du Golfe de Mexique , il y a nombre d’Ifles de
differentes grandeurs: l’Eſpagnole,& Cuba en ſont les plus grandes;
*Iam-.rique, Boriquen, &c quelques autres ſont moyennes; le reſte,biep
moindres.
L’Eſpagnole, que ſes habitans appelloient Quiſqucia. i. Tout, ou
Grand’-Terre ,-65 Ayti. l. Aſpreté, est au milieu de ces Iſles: porte
tés de deux eentlieuës d’Occident en Orient, &z cinquante ou ſoi
xante du Midy au Septentrion. Christofle Colomb y ſut dés ſon pre
mier voyage en I492.. s’en empara bien toſ’c aprés , 6c l’appella Eſpa—
gnole. Les Caſtillans y dreſſercnt pluſieurs Colonies , s’y cn estant
-veu ſeize ou dix. huict tout a la fois , 86 plus «de quatorze mille Eſpa
gnols naturels. Aujourd'huy il y en a bien moins, la pluſpart s’eſ—
'tanr diſperſés dans la Grande-Terre , en meſme temps que d’autres
‘Pays ſe ſont découuerts,&où il y avoit eſperance de nouveau ,ou
meilleur profit,
Reſtcnt neantrnoi-ns dix Colonies,dont San Domingo bastie par
Barthelemy frere de Chriſtoflc Colomb est la plus belle :y ayant Ar
cheveſclié , Audience , Gouverneur de l’Iſle , Chambre des Comptes
Cour _des Monnoyes.De deux mille familles qu’elle a,les ſix cent ſeu
lement ſont Eſpagnole—s ,le reſte Mefliz, Mulatcs , Negres , Canares.
Puerto de la Plata tient le ſecond lieu à cauſe de ſon commerce,
puis San Iago de los Cavalleros pour la beaucé de ſon affiette , el
'Coruy ſour ſes Mines d’Or , Salvaleon de yquey pour ſes Succres, &c
Pastures,Azua encor pour ſes Succres, S Maria d’el puerto donne
dela Caſſe ,Monte C hristo du Sel , la Conceptionde la Vega a esté
Eueſché v_ny à pre-ſent a San Domingue , el Zeybo ſur la Mer est PCI
’de choſe. ‘
Des que les_Ca-ſlil'lans ont eſté Maistres de _cette Iſle ,ils y ont fait
orter de l’Eſpagne de Grains, des Fruits , des Animaux de toutes
ſortes. Les Grains n’ont peu reuſſir dans les plaines , la terre y estant
'ſi graſſe , que d’a'bord'le tuyau en emportoit la force : ils ont esté con_
traints de les ſemer deffus les -CollineSSZL la où les terres ſont maigres:
Les Fruits y ſont venus avec plaiſir: 86 les Bestiaux y ont multiplié de
telle ſorte, que pluſieurs particuliers leur ont donné la _liberté entiï.
re, 8c les ont abandonné au commun. Les ch_aſſc,& les rue qui en vent
prendre la peine , ne s’en faiſant estat que pour en avoir la Cpeau. Les
"Cannes de Succre ,que l’on y a porté des Canaries, ren ent encor
beaucoup de profit. Mais lesMineS d’0r,de Cuivre , &c de divers au
cres Metaux, _qui y .relient, ne ſe travaillent plus: les Eſpagnols y
ayans conſommé , 85 fait perir désy’along-temps ,la pluſpart des au..
ciensliabitaiis du Pays, voire meſme coins des Iſles voiſigcs, ‘
-ran—T.
'A vant la deſcente de Colomb dansceste Iſle , ilyavoir' peu d’ani‘rſi'
..maux 'a quatre pieds , tous fort petits , 8c la pluſpart eſpece de Conils,
que nous appellons Conils d’Inde; &c des Chiens muets,que les Eſpa—
gnols mangerent pendant vne famine. Aujourd’huy entre leurs inſe
ctcs , 8c vermines le Niguaa est dangereux à ceux qui marchent pieds
nuds .- il ſauce comme les puces , &c ſe fourrant entre la peau , &c la'
chair , donne de l’exercice à ſon hoste. Le Cucuyo eſpece d’Eſcargot
a les yeux , &c les flancqs, en ouvrant ſes ailes, ſi luiſans , qu ils peu—‘
vent ſervir pour lire , &c eſcrire au plus ſort dela nuict. Entre leurs
poiſſons ſe remarquent leur Manati eſpece de Veau-Marin ,long dc
vingt pieds &r plus; GC leur Revers long ſeulement d‘vne palme , qui'
pris ſert a prendre les autres Poiſſons grands , 6c: petits , en s’attachanr
aux autres avec les eſpines , qu’il porte ſur le dos.
L’Iſle de Cuba ell: plus longue , &c plus eſiroite que l’Eſpagnolc ,'
poree trois cent lieuës d’Occident en Orient , &c du Midy au' Septen
crion ſeulement vingt cinq ‘a trente preſque par tout. De ſorte qu’en
continence ces deux Iſles ſont preſqu’eſgales. Leurs qualités ont auſiî
beaucoup de choſes ſemblables pour les Grains, pour les Fruits, ourles Bestiaux. L’air de Cuba neantmoins est ſain , ôc ſes Forests flour
niſſent de meilleurs bois pour le bastiment des Vaiſſeaux , nourrit
plus de Poules, de Pigeons, Tourterellcs , Perdrix , Flamengos , qui
ont les plumes blanches estants petits,bigarrées estans plus grands.Et
ſes Riuieres c'haricnc plusd’Or que ne ſont celles d Eſpagnole : ſes~
Portsencor ſont plus grands , 6c plus aſſeurés : mais auſſi il y a plus
d'Eſcueils , 6L de Bancs au tour de Cuba , que pres de l’Eſpagnolc.
Pour la grandeur de l’I‘fle il y a peu de Villes.San Iago a esté baffle
en 1514. vingt 6c rant d‘années apres que Colombeut deſcouvert cet.
te Ifle. Son Eveſché est de l’Archeueſché de S Domingue, 85 ſon Porc
vn des meilleurs de toute l’Ameriquc Pres de la ville , &c dela Sierra
de Cobre il ſe tire encor du Cuivre ,la ville neantmoins eſt fort deſ—
cheuä , 6c Fait peu de negoce. Vers Baracoa les Montagnes ſoumiſ—
ſent de l’Ebcnc,ôc du Breſil; cela .est incommode que ſon Port nc peut
recevoir degrandsVaiſſeauxJa bonté de l’air la fertilité du Sol, 8:
vnc plaine agreable ont rendu S. Salvador la meilleure place de l’Iſ—
le , a: il s’y fait vn grand negoce , bien que hors de la coste. Entre S
Salvador 6c S.Iacques il ſe trouve vnc Vallée couvercc-d’vne infini
tñé de Caillou-x de» diverſes groſſeurs ; que la Nature a fait tellement
ronds ,qu’ils-pourroiont ſervir de Boulets, pour toute ſorte de Ca_—
flODSr llyados Fontaines de Bicumo prés Porto del Principe,don.c
ils ſe ſervent-aulieude Poix , pour calfeutrer leurs Vaiſſeaux; &c 16$
Indiens, pour divers Medicaments. ó
LePort- de la Havana , oude S. Christofle’, dela Havane, ayant ſon
entréeefirojtc &profondqreçoit l’Oœan enforme de Golfe , ca.—
pable de recevoir-mille Vaiſſeaux, &les aſſeUtcx detous vents. ch
deux Caps, qui, leſerment, ont leurs Chasteaux pour dcffcndre l’en -
.crée, 8c'. vn troifieſme joignant la ville regarde l’ouverture du Port. Les
Vaiſſeaux qui retovrnent de la Nouvelle Eſpagne en Europe , s'aſ—
ſemblentä la Havane , 8c s’y fourniſſent de ce qu’ils ont'beſoin pour
les vivres , &c pourla Guerre: 5c ſe diſpoſent pour partir au mois de
Septembre , en paſſant parle Canal de Bahame , qui les porte dans -
noſlre Ocean‘. _ _ _ _
A vingt-cinq lieù'e's de Havane, 6L vers l’Orient eſt le Port de Ma—
tanças x' . M aſſacre , parce qu’autrefois ceux du Pays y aſſommerem:
quelques Eſpagnols. En [62.8. PietersHeyn General pour la Come
pagnie de l’Vvest-Inde y ſurprit la Flotte qui retournoir en Eſpagne,
6c l’amcn-a dans les Provinces vnies. Elle estoit chargée d’Argent , de
Cochenille , de Soye‘ d’Anil , de Caſſonnade ,de Cuirs ,8c de diver
ſes aurres Marchandiſes toutes de prix. Ceſlte priſe full: estimée a plus
de vingt millions de liures. Ie neſcay ſi jamais il s’en eſt fait vne autre
ſi riche , qui ſust neantmoins treſ-mal recompenſee par les Directeurs
de ceste compagnie.
Iama'ique au Midy de Cuba , &ä l’Occident de l’Eſpagnole est- diſ
tante de vingt cinq lieuës de la premiere , de trente ou trente cinq de
l’autre: elle aſon air fort ſain , ſon Terroir ſi~ excellent , 86 fi abon—
dant en Yuca , dont ils ſont leur Caſſave,,qu’on la nomme le Grenier
des Antilles: il s’y trouve de l’O—r, du Coton, de la Laine ,des Fruits,
des Cannes à Sucre , &c des Bestiaux entresgrande quantité. Ses Vil—
les ſont Sevilla , Melilla , 6c Oristan. Sevilla a vne Egliſe Collegia—
le , dont le chefporte titre d’Abbê :encre leſquels a esté Pierre Marv
tyr , qui a dcſcrit l'Hiſtoire des Indes Occidentales par Decades. Me
lilla ou Colomb raccommoda ſes vaiſſeaux au retour de Veragua , oû
il avoit fait naufrage. Ces deux places regardent l’Iſle de Cuba vers
le Sc'prcntrion,côme0ristan regarde laGrand. Terre vers leMidy,où
il y a pres de deux cent licuës de mer,ôc dans celte Merforce Eſcueils,
force Rochers , 8e entre leurs Bancs , quelques Iſles ; comme Serrana,
Où Augustin Pedro Serrano perdit ſon Vaiſſeau , 8c ſe ſauva ſeul , 6c y
paſſa trois années entiercs ,au bout deſquelles vn particulier s’y ſau—
va encor ſeul d’vn autre naufrage, 8c y demeura quatre autres années:
ce ſont ſept peut Serrano. Vn vaiſſeau paſſant pres de cesIſles,& s’ap
perçeuant qu’il y avoit quelqu‘vn , envoya ſon Eſquifpour les retirer.
Boriquem où S \can de Puerto _Rico est peumoindre en grandeur, &c
en fertilité que-Iamaique. S. Ioan de Puerto Rico est la Reſidcnce
d’vn Eueſque , 8c d’vn Gouverneur:in a vn excellent Port, qui com
munique quelquefoſsſon nom à l’Iſle. .- el Arrecibo , &î Guadianilla ,
ou S. Germainſbntles autres villes. Tourc l’Iſle a peu de Ports , clic
eſt traverſée d’vne chaiſne de Montagnes , qui la Coupent dŸOccrdent
en Orient , 85 il s'yrrouvc dc laGommc blanche , dont On ſe ſert au,— Alieu dc Poix pour galfeuſſtrcr les Navires , au licu de ſuif, pour faire de
' la Chandelle 8: au lieu d’auſſ‘tres Medicamens pour les Playes 65
bleſſures. Outre ſon Or, ſes Suc-cres, &ſon Gayac, elle a beaucoup
‘de Maraiz Salans.
Ces quatre Iſles ſont les plus grandes , 8e les principales des Antil—
les : les autres ſont en grand nombre , _6L ſe doivent confidertt ſous les
noms de Lucayes, &de Caribes. les Lucayes ſont au Nort de Cu—
.ba , GL de l’Eſpagnole S Lucayonequc en est la principale , la plus
grande , &L la plus Septentrionalc de toutes ,~ Bahama a donné ſon
nom au Canal qui est entre ces Illes 6c la Floride : Canal ſi rapide
que malgrè les Vents il emporte les Vaiſſeaux de M idy au Scptentriô,
ou plûtost du Sud Oueí‘t,auNord-Est Guanahani est la premiere Ter
re que Colomb a decouvert pres l’Amerique; 8( la nomma S Salva-z
dor , parce qu’il avoit eſté en danger d²estrejctte en Mer par les ſiens
meſme ;dans la crainte qu’ils avoient de ne point trouver de Terre.
Les Ifles Caribes ou Canibalcs ſont à l’Orient de Boriqucn; &c s’a
vancenten demY cercle vers l’Amerique Meridionale ., le n \m ell:
ris de ce que les habitans y estoiêt Caribes ou Canibales r Mangeurs
d’hommes.Les plus fameuſes ſont S. Christofie, Ste Croix, la Guada—
loupe ,la Martinique, la Barboude , Grenade , Tabago. Le General
de ces lſies pour leRoy est a S.Christofie,les Anglois neanmoins tien—
nent vne partie de l’Iſle. Les François tiennent ſeuls la Guadaloupe,
la Martinique,ste Croix , Marigalante, Sainte Alouzie, Grenade,
la Tortugue 85 les Anglors tiennent ſeuls la Barboude , A ntigoa,Nieves,Montferratz& les Hollandois Tabago , S Eustacheaôt les Ca-ſi
ribes tiennent encor S. Vincent , la Dominique , 8c quelques aucrcs
en partie.
Au rcste ie ne fais plus aucune difficulté de dire que l’Eſpagnole ,
Cuba, &les Iſles circonuoiſines reſpondent aux Iſles Heſperidcs
des Anciens. Tous conviennent que ces Heſperides ſont à quarante
jours de nauigation au dela des Gorgadcs , 8c ’les Gorgadcs ſeulement
ädeux de la coſize d’Afrique Les Iſles du Cap Verd reſpondent aux
Gor ades,comme nous avons fait voir en nostrc Afrique. De ces Iſles
a celïes de l’Eſpagnole , ôc de Cuba il y a aujourd'huy vingt cinq ou
trente jours de navigation , qui ſeront bien quarante pour les anciens;
ec d’ailleurs il n’y a plus d’Ifles dans l’Ocean Atlanticque au dela de
celles-cy. Et quand les Anciens mettent leurs Heſpcrides dans vn
vn ſeul Golfe comme fait Capella , ou dans pluſieurs comme fait
Solin, ils ſemblent avoir remarqué le Golfe de Mexique,qui en com
prend pluſieurs aurres moindres. Encore ſi Pline ne ait eſiat que dc
deux Hcſpcridcs,& que les autres ſemblent cn faire estat de pluſieurs;Pline entend l’Eſpagnole 6c Cuba ſeules , a l’eſgard deſquelles les au—ſſ
tres ſont peu conſiderables; Solin 6L Capella entendent en general le
Corps de toutes ces Iſles. Paſſons [Amerique Meridionale:
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- 'A M E n r WE me-ridionale est la partie , ou preſque Ifle la plus
— meridionale de. l’Amerique 5 qui s’este'nd depuis environ le l),
dc ré en deçà de l’Equareur juſques au 54 en delä;ce ſont 66 de
res de latitude : s estend depuis le agrou 9L. où est lîotro'viejo,juſ—
ques environ le 350,“où cst le Cap de S.. Augustinzce ſont ſ7 01158 dc*
grés de‘ longitude. Ellea doncques du Midy auv Septentrion ſeize
centcinquantelieuës, &d’Occidenten Orient peu plus de quator—
ze cent. .i Ses Bornes ſont au Septentrïon 8C a l’Orient la Mer de Nort , dont
l’es parties ſont les Mers 'de Nort, &c du Brefi—l ,- versle Midyla Mer
Magellaniquc , dont les parties ſont celles de Paraguay , la Mer
Magellanique particuliere , GL celle de Chili; äl’Occident la Mer:
de Sud ou Pacifique , dont la Mer de Perou Fair partie.
~ Sa forme approche fort d’vn triangle ,dontles costës ſeront preſ
que egaux: de PortoVíejo au Cap ,de S A ugustin il y a quatorze cent.
lieuës , du Capde S Augustin au Cap Frvvard au milieu. du Destroit
de M agel’lan quinze cent , 6c de ce Cap a Porto Belo~'ſeize cent.
Sa poſition eſt pour la plus grande partie'dans la Zone torride, .
_ partie dans là Zone temperéeAntarctique.De ce qui est dans laZone
torride encor la plus grande partie eſt au delà de l’Equateur , la moin
dre en deçà. De ſorte que la pluſpart de ces peuples ont leurs Saiſons
contraires aux nostrcs. Les Costes du pays ſont connuës preſque
par tout le dedans des Terres fort peu.
Dans mes Tables Geographicques jïaydiviſé ceffe Amerique me —ñ
ridionale en Peruviane, &c Braſilienne ; ſubdiviſéla Peruviane en
Terme Ferme, GL Perou : 8c la Braſilienne enBreſil'ôc Paraguay: La
_ premiere diviſion efl: priſe par-vnc ligne,qui des bouches de l'Ama—
Zone va chercher l’exrremité dU—Chili vers le Midy-. &:.ceste ligne di
viſe l’Amerique meridiona’e en ‘deux parties eſ ales ;.l’vne estan‘t
preſque aux Castillans ſeuls, &l’autre pour la pluſpart aux Portugais.
Ceux—cy .ont leurViceroy dans S . Saluador ville Capitale dans laBaT c
‘de tous les S—ts,& preſque-au milieu de la Coſte du Breſil— : ceux l‘a
dans Lima ou loS Reyes-i. Les Roys ,ville aujourd’lmy capitale , 6:.—
ſur le milieu de la Coste du Perou. .
On peuc encor diviſerla Terre F'err’ne,cn- Terre Ferme 5: Guianesle
Perou en Perou , 8L Chili ,- 6L le Bîreſil en' Coste du Breſil, &c Terre—
Ferme du Breſil; le Paraguay en Paraguay , 86 Terre Megellanique.
De ceste Amerique meridionale le Breſil occupe tout ce quiest
vers l’Orient , la Terme erme &la Guiane ce qui-eſt vers le S'epten..
trion ,le Pâraguayôcla Terre Magellanique ce qui advance vers le
Midy : le Perou ô: le Chily ſom: vers l’ Occident à‘ …l’égard duzBrefil ,
‘ Sc du Paraguay. '
Les castillans tiennentla Terre Ferme preſque route , rien du
tout dans la Guiane a tiennentlePetou, &c levChili entre les Andes,
6c la Mer de Sud , preſque rien au dela de ces Montagnes Outre 'eur
Viceroy qui demeure dans Lima ou los Reyes 1.1es Roys,ils ont encor
estably dans ce qu’ilsvpoſſcdent pluſieurs Archeueſchés, Evcſclïês,
&c; _pour ce qui regarde l’Egliſe , diverſes Audiences , 6c Sieges de luz
ſtice pour la Police; 86 pluſieurs Gouverncmcns T pour la Milice.
.Les Archcveſchés ſont ceux de Lima ou los Reyes dans le Perou ,
de la Plata en los Charcas,~ôc de Sta Felde Bogota au nouveau R. de
Grenade. L’A rchcueſché de Lima ou de los Reyes a pour ſuffragans
les Eveſch’és de Cuſco , de Wii-o , d’Arequipa, de Truxillo, _Ge- de
Çuamanga ,tous dans le Perou. L’Atehevchhé de la l’lara a pour
ſuffragans les Eveſchés dela Baranca ,‘ou Sea Cruz en la Sierra , Ciu
dad de la Pax en Chi quiago, Sant-Iago del Estero en[—Tuc_uman,Bue-—
nos Ayrcs en Rio de la Plata , Nta Sra de l’Aſſumption au Paraguay.,
Panama en TierraFirme ou Castilla del Oro , Santñplago del Estrc
madura, &c la Imperial en Chili: i’Archeveſché de Sta Fé deBogo—
’ta en la nouvelle Grenade a ſuffragans les Eueſchés ,de Popayan,de
Carthagenc , 8c de Ste Marthe dans leurs Provinces de meſme nom,,
Dans les Diœceſes des Archeveſchés,ôc des Eveſchés il y a vn
treſgrand_ nombre de Paroiſſes , de Secours, de Monastercs &e.Les P3.
Auguſtins ont icy pluſieurs Convents , compris autrefois ſous vnje
ſeule Province, aujourd’huy departis en quatre r ils ont trente ſept
Convents dansla Province qui a retenu le nom de Perou , treize en
celle de (Lure, douze 8c l’adminiſtration de quinze paroiſſes en celle
_du nouveau _Royaume de Grenade—r; vingt cinq ou trente dans la Pro**
vince de Chili, qui ſeroit enuiron cent Convents ou Maiſons.
- Douze Religieux de cet ordre entrerent dans le Perou des l'an
1551. &y preſcherent la foy publiquement 3 &c ſe remarque que B.'
Didac Ortez de leur ordre ell le premier-,qui ait eflé icy Martyrizé en
1568 .qui est la meſme année que les PP Ieſuites entrerent dans le Pe_—
touzccux cy yontä preſent trois Provinces qui ſont du Perou,du
Paraguay , 8c du Nouveau_Royaume de Grenade ,- &L dans ces trois
Provinces vingt huictCollcges,ou Reiidences &c ainſi les autres Re
ligieux ontdiverſes Provinces , 6L dans chacune pluſieurs Maiſons. _
Les Audiences ſous le Viceroy du Perou ont esté autrefois celles
de Panama en Terre Ferme,de Sta Fe de BogOta au ,N.R deGrenade;
.de Vito, &L de Lima auPero-u, de la Plata en los Charcas , ôc de
S Iago d’Estremadura e-n Chili : celle de Panama , 6c de Chili ne ſub
fistent plus , (Sc ſonreduites en Gouvernements. _
De ees Gouvernements il y en a icy vnze ;Panama,Cartl—iagene, '
Ste Marthe, Popayan , Nouveau Royaume de Grenade , los( .uixos,
Paçamoros, los Charcas, Tucuman, Chili, 8c Rio de la Para. Le
Perou où ſont Lima, (Lu/irc , Cuſco n’est pas entre ces Gouverne;
mens , &apparemment depend immediatement du Vieero'yſi .
La Couronne de Portugal a estably dansle Breſil vn Viceroy, vn
Eveſque ſeul ſuffragant de l’Arclievcſque de Lisbonne cn Portugal,
a quatorze Capitanies ;il y a auſſy nombre de Convents , 6c de Mo
nasteres de divers Ordres. ~'
Mais pendant que nous ſommes ſur ces Archeveſchés, Eveſchés
6c Monasteres‘de l’AmeriqUe meridionale , ôc qu’ilnoùs ſouvient de
n’en avoir rien dit dans l’autre partie de l’Amerique , qui est la Se
ptentrionalc , prenons l’occaſion d'en "toucher icy vn mot. Il y a.
deux Archevclchés , pluſieurs Eveſcliés , ôc vn grand nombre de Pa.—
roiſſes 6L de Monasteres , comme dans l’Amerique meridionale.
Les ArcheVeſchés ſont de Mexico enla nouvelle Eſpagne , &c de
San-Domingo dans l’Eſpagnole. Les Eveſchés ſuffragans de l’Ar
chcvcſché de Mexique, ſont ceux dePuebla de los Angeles en Tlaſ
cala, de Valladolid en Mechoacan , d’Antequera en Guaxaca , de
Guadalajara en Nueva Galicia, de Sanjago en Guacimala, de Me
rida en Iucatan , de Chiapa ou de Ciudad Real en Chiapa, de Tru
xilÎo en Honduras , de Vera—ran en la province de meſmenom , &c de
Leon en Nicaragua. Les Eveſchés ſuffragans de San-Domingue ſont
ceux de SanIum en l’lfle de Puerto Rico , de San-Iago en l’Ifle de
Cuba, 8c de Coro en Venezuela. f
Et comme dans l’Amerique meridionale il a icy dans les Dioc
ceſcs des Archeveſchés &C des Eveſchés vn grand’nombre de Paroiſ
ſes, de Secours , de Chapelles, de Monasteres,8cc. Dés y a long- '
temps nombre de Religieux de pluſieurs Ordres ont paſſé dans l’vnc
&c l’autre partie de l’Ameriquc ,pour instruire ces Peuples au Chri
stianiſme .- ſçavoir de S. Dominique , de S. François , de S. Augustin,
de la Mercy , des Ieſuites , 6L desCarmes Deſ chauffés.
Chaque Ordrea diverſes Provinces , ô: dans chaque Province
pluſieurs Maiſons; Le R. P. Augustin ~Lubin Prestre,Predicateur,
6L Chorographe dqſon Ordre, qui cst de S. Augustin , donnera bien
rost au public les Cartes de toutes les Provinces , 5c de toutes les
Maiſons de ſon Ordre ; avec vn Traité particulier ou Histoire
ſuccincte de chaque Province. Par quelques memoires qu’il m’a
fait Voir de ſon travail , j'ay veu que cet Ordre a dans la Provin—
ce dc Mexique ſoixante 8c huict Convents , cinq Vicairies; 'd an sla _
J_ rovince de Mechoacan trente trois Convents, BL quatre Vicai
_ries ;ce ſontcent &dix Maiſons. Dans les quatre Provinces du Pe
rou, de_ Quito , du Nouveau Royaume de Grenade; Sc de Chi-li
_encor environ cent Maiſon-S, comme nous avons deſ—ja dit. Ic n’ay
pasveu’ ce qu'ils ont dansle Breſil.- . l ~ , 7
. ' Les-Peres Ieſuires -n‘ont qu’vne Province dans tour le Mexique;
6C .dans cette Province vne Maiſon Profeſſe,dix Colleges, 85 trois
Reſidences, Cel‘an quatorze ‘Maiſons. Dansleurs trois Provinces
du Perou , dtiParaguay,6e du Nouveau Royaume de Grenade v'
liuict ou trente Maiſons , 8L dix—neufou vingt dans le Brcſil : ainſi les..
autres Religieux ont diverſes Provinces , &c dans chaque Provin—ce
pluſieurs Maiſons.
De ces Monasteres ceux qui ont des tentes ſont ſort riches .com—
me encor les Cures, &L les autres Beneſices , 8c les Hoſpitauxñ: L"Yn
v ca Garcilaſſo de la Vega remarque dans Histoire du~- Perou , que
ſon Pere estant Gouverneur de Cuzco , il ſe propoſad’y faire vn.
Hoſpital pour les EſPagYÎols, 8c que Frcre Iean Gall-egos Religieux
Recollect l’ayant entre pris,& Fait publier ſon—deſſein dans vnc predi—
cation , il achepta vne maiſon pour bastir-cet HoſPital. n’ayant
que deux ou trois cent Ducats entre ſes main.s;.mais qu’entre le Lun ~
dy’ôc le Ieudy de la meſme ſemaine ,il receuc cri-A umoſnc vingt ou;
vingt cinq mille Ducats; &c s’il eust voulu' recevoir ce qu’on luy pre—
ſenta les derniers jours, ,il enzeust—ïeuencor autant.
. Peu apres Fr. Antoine de S. Michel preſchant le Careſr'ne propo-.
ſa d'en ſaire vn autre pour les Indiens,ôc dit que ce iour 1s apres Midy—
le Gouverneur,& luy. iroient a la queste pour bastir, meubler, &ci
fonder— cet Hoſpitaiîr il fut receu— dans cet aprés Midy la valeur de
trente ou trentecinq mille Dueats d’Aumoſnes , ô: en peu de jours,
juſques azcent-mil-le Ducats: cc qui augmenta encor par apres de -
bcaucoup, les Eſpagnols, 6c les Indiens Y ayans contribué.
Mais avant que de quitterl’Amerique Meridionale diſons vn mot -
touchant ſa partie , qur est vers la Mer de Sud ,- il ſe rencontre
v-ne diverſité bien grande entre ceste Mer,ôc le dedans du Pays: cc
qui est le plus prochcdela costeest la pluſpart en Plaine , au demis..
dela Plaine , il y a force Collines , voire des Montagnesbien hautes; ,
apres ces M ontagnesily aencor des Plaines , 8c Vallées tres-belles, b
puis des Montagnes preſqueinacceſſi-bles , qui ſont celles, qui fer
ment le Chili,& le Perou vers l’Orient. Ii ne pleut preſque point
dans ,les Plaines , fort ſouvent dans les premieres Montagnes , de fois‘àautre entre les deux rangs de Montagnes, &l il neige ſort ſouvent ,
'dans les dernieres Montagnes. Le terroir des Plaines',des premieres ..
Montagnes , &L de ce qui est entre _les deux fils de Montagnes est fer
til Sc aggreable, les dernieres Montagnes ne ſont que R*ochcrs,inſer— ñ
tils , excremement froids &en Hyverç, &c en Eſte, &r 'preſque touſ
jours couvertes de neiges. Et ce qui est àremarquer ces Montagnes..
commencent pres le Destroit de Magellan , ſont deux branches , qui
l’unea la veuê_de l'autre traverſent du Midy au Sepsentrion toute
la longueur de l’Amerique meridionale,& ainſi elles ſont en meſme
Parallele, 8L neantmoins dc qualité, &c temperament bien differents:
iuſque 1a que chaque Region‘a ſes Animaux, ſes Fruits , ſes Grains
diſſemblabl‘es: 8c les hommes tranſportés de l’vne a l’autre ne s’y peu-z
ventaccommoder, 86 n’y. peuvent-\rime qu’avec difficulté.
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TERRE FERME; IO
O V S le nom de Terre -Ferme pris en general'nous entendons
la partie de l'Ameriquemeridionale la plus avancée vers le Se—
ptentrion , ac qui touche l’Amerique Septentrionalc par l’Isthme
dePanama.Ce nom de Terre-Ferme est pris de ce que Christofle Co—
lomb n'ayant decouvert que des Iſles dans ſon premier 8c ſecond
voyage ; aux trois ô: quatrieſme il reconnut vnc bonne partiede ces
C/ostes, qu’il juge-a eſire Terre-Ferme; &L ce nom leur en a eſte don
ne.
Elle s’estend depuis l’Isthme de Panama juſqucs aux Bouches de
l’Amazone ,Où ilya prés de mille lieu'e's :ſa largeur entre la Mer de
Nort , &ï les Estat’s qui ſont au long de l'Amazone , n’est que de
’deux cent, deux cent Cinquante lieuës ,ou peu plus. Cefie largeur
n’estant que le quart dela longueur est cauſe que nous avons diviſé
cette Terre-Ferme cn deux parties : dontla plus occidentale ,86 la
meilleure cst au Roy Catholique pour la pluſpart , 6L retient le nom.
de Terre Ferme; la plus Orientale, &la moindre est preſque tou—
te entre les mains des Naturels du Pays , quelques Peuples de l’Eu—~
rope ayans fait quelques Habitations ſur la coſie; 86 celle-cy s’appel—
lera Guiane la premiere a cinq ou fix cens lieuës de longueur, l‘au—
tre enuiron quatre cent. '
Les Eſpagnols ont estably dans la Terre Ferme pluſieurs Go
vernations , ou Gouvernemens. Ceux de Panama ou Tierra Firme. r.
Terre Ferme , de Cartagena. de Sta Martha ,de Rio de la Hacha,
ou ,Riviere des Flambeaux, de Venezuela ou de Petite Veniſe , 6: de
Paria ou Nueva Andalouzia ſe ſuivent d’Occident en Orrient deſ—
ſus la coste de la Mcr de Nort', ceux de l’opayan , Sc du Nouveau
Royaume de Grenade ſont dans les Terres , &c ſur la Mer de Sud.
Le Gouvernement dePanama,& qui prend particulierement le
nom dc la Terre—Ferme , est entre les Mers de Nord, &c de Sud: &c
occupe l'Isthme , qui joint les deux Parties de l’Amerique enſemble.
La ville de Panama a eu ſon Audience ,8L il y a encor Gouverneur,
ôc aurres Officiers; Nombre de Dios fameuſe aucrefois, a csté tranſ
portée à Porto Belo. Entre Panama ſur la Mer de Sud,& Porto Be
lo ſurla Mer de Nort il n’y a queſeizeou vingtlieuës :ce qui fait la'
planche à vn grand Commerce entre le Perou , 8: leMeXiquc.
A urresſois 'on a propoſé de coupper cet Iſthme , pour ſaire commu
nication de l’vne a l'autre Mer ,la Mer de Sud ayant esté trouvée plus
haute que celle du Nort , ceste propoſition s‘eſt evanouye : que la
Mer de Sud ſoit plus haute que celle de Nord,ccla ſe luge äl’œil;
le Lac de Nicaragua ,les Rivieres de Paria ou Orinoquo , d’Ama
zone , &c nombre d’autres ayans leurs ſources pres la Mer 'de Sud , 65
ſe deſcliargeans dans celle de Nort apres vn long cours, qui ne peut
estrc qu’avec vnc grande pente:
A l’ouverture du Goïfe de Panama ſont les Ifics des Perles, autre-Ã
fois fameuſes, les perles de Cubagua , &dela (Marguerite n estants
que de huict ou dix carats au plus, il s’en eſt trouué dans ces Iſles de
2.5.31 zo, ſoit qu’elles euſſenteflé en ton-d , ou en ovale , ou en Peyre
toutes tres—belles , la où entre les-autres il s'en trouvoit peu bien
formées, & ſans tache.
Oxenham Anglois fut en ees quartiers en 1572. laiſſa ſon Vaiſ
ſeau dans la Mer Nord , en fit bastir vn autre dans celle de Sud; où‘ il
ſurprit l’vn apres l’autre deux Vaiſſeaux chargés , Fvn de’ſoixante
mille Eſcus en Or , 8c de quantité de vms excellents,- l’autre de cent
mille Pezos en Argent ,8c de quan-cité d’autres denrées ;— tira encor
des Inſulaires nombre de Perles: mais ne ſe pouvant accommodec
avec les ſiens pourle partage du butin , pendant qu’il cherchoit des
Negres pour le tranſporter dans ſon Vaiſſeau , les Eſpagnols le p'ti
rent , retireren-t leur butin ,8( firent mourir la pluſpart des Anglais.
Outreles Villescy-deſſus , Darien, ſur le Golfe d’Vrraba a estê
ancre ſois ſi- bel’e , qu’il y a eu Eveſché tranſporté àPanama en 15'19. .
A l’Orient du Gouvernement de Terre Ferme eſt celuy de Cat—
tagene, puis au delà. dela Riviere de la Madelaine, ecluy de Ste
Marthe.: l’vnôcl’autre ont leurs noms communs avec les noms de
leurs principalles Villes: cartilagene est dans vnc preſqu’ifle atta—
chée à. la Terre-Ferme par Vne chauffée de deux cens cinquante pas.
_Son Port est des plus Fameux de l’Amerique ,la FlOtte qui part dTEiÎ
pagne pour les lndes Occidentales ayant toufiours ordre de s’y ren
dre. Lesautres villes de ce Gouvernement ſont Sta Maria, S. Iago,
de los Caualleros, la Conception, &7 Mopoz , qui ont esté aban—z
~ données la pluſpart , lesLndiens neles— ayantpeu ſouffrir. _
L’Air de ce Gouvernement efl: humide , peu ſain , le meilleur' eſt'
pres Tolu. Il ſe tite de ces quartiers de l’Or, du Poyvre long , du
Sang de Dñragcn,v du Baume excellent, des Eſmetaudes, des Eſcla—
ves :car il y reſte force Peuples qui ſont vnc mauvaiſe guerre aux
Castillans , &z les mangent quand‘ ils tombent entre leurs mains: en
eſchange fi les C‘a-st-ill‘ans les’ prennent, ils les tiennent Eſclaves ,'—
les ſont travailler dans les Mines, ou les vendentau loing.
Ste Marthe , Teneriffe-,i'ſ-'amal’amcque ou' las Palmas . los' Reyes
ou Vary, la Ramada ou-Salamanca ,.Ocaña' ou S Anna ſont du Gou—
vernemcnt de Ste Matte , qui cst vn des mei leurs de l’Amerique. La
villeà vnbon Port, le Pay—s donne quantité-de Fruits, du Breſil , dc
1’01' z des Saphirs ,des Eſmeraudes,des Caffidoines , du I-aſpe , 8c la'
Mer donne des Perles.
Entre les Gouvernemens de l’Amerique Meridionale ceux. de Rio
de la Hacha,dc Venezuela ,&de Paria ſont de l’Audience de San
Domingue en I’I \1e Eſpagnole, &qui cl’c de l’Ameriquc Septentrio—
‘~ I
nale ,zz deantmoinslcur fcituation fait que nous les devons' deſcri
crire icy. Rio de la Ha-cha est'ä l’Orient de S te Marthe , de l’Eveſché
duquel elle depend. Ce Gouvernement n’a que la ville de N Sta de
Ias Nieves , ou de los Remedios, 8C quelquefois a—uſſi Rio- de la Ha—
cha donne de l’Cr , des Pierreries , des Salins , 8c le Terroir‘y est fer
til. Sa partie la plus expoſéeau Nort advance vn'e pointe‘ vers l’O
tient, qu’ils appellent C. cle Coquibocoa. 8L vn autre vers l’Cccid’ent
C. de la“ Vela - eecy fait la partie la plus Scptentrionalc de toute l’A
merique meridionale.
-VeneziJcla a e u ce’npm par ce qu’elle avoit eſté bastie ſur dïiszrſes
tites Iſles 8L dans vn Laccomme Veniſe eſf ſur la Men-elle s’appelle
auſſi Coro , ſon air eſt doux 8c ſain ,ſon terroir fertil- ,les autres villes
ſont Na Sra de Carvalleda , S l ago de Leon , Valença la- nueva, Xe
:es la Nueva , Segovia la nueva , Tueuyo , ou Na Sra dela Pax.
Segovie la neuve estlaplusadvancée vers les Ba‘rbares , ſon Ter'
roir est maigre , nourrit en Neom-penſe forcſie B effiaux &E Sauvagines.
Le Lac Maracaybo de preſque cent lieuës de circuit , eſt eſtimé de
cefie Province. _
ii l-aria ou Ia nouvelle Andalouſie est deſſus la Riviere de Paria ou
Orinoque',.& s’appelle enc’or Serpa &'Comana du nom de Fa' ville
principale, qu’ils appe'lent auſſi Nueua Cordoüa Il' il s’est peſchï'
force perles au long de ceste costezau devant de laquelle ſont les
Iſles de Cubaga , de la Marguerite, 85 de la— Trinité ,autrefois fi- fa
meuſes pour ceffe Peſche. On remarque que ces l'er-les au *com—
menccment ſe ſont trouvées plus aux environs de Cuba qu’ailleurs:
mais que les Vaiſſeaux qui y arrivoient , ou qui en' partoient ayans
faitleur char—ge ,tirerenttant de coups de Canon , qu’elles s’enfui—
rcnt au tout dc l’Iſle de la. Marguerite,- d’oùencor pour la- meſmc
raiſon elles ſe ſontretirïées vers la‘Trinitê , 8c ailleurs. il' el’c plustofl: ä
croire que. l’avarice'inlatiable' desEflpagnols en a'- ruiné la- race des
Meres i"erles,—ne s’efians pas contenté d-en prendre les plus groſſe's;
inaisind‘ifferemmcnt de toutes groſſeurs , nonobstant lesdeffencesz
6L qu’ils-ont payé leurs S uperieurs de celte bourd’e.
’ Les Gouvernem‘ens de Popayan', 86 du Nouveau Royaume de
(Grenade ſont vers le Perou ,-c‘eluyède’l opayan ſe diuiſe en~ deux par‘
ties’; l’vne reſpond'antà la C hambre du Nouveau Royaume de Gr—e’
nade , 8:: l’aurre ‘a celle de Vito au Perou. '
Les villes du l opayan qui reſpondeno auN. R0 aume de Grena—
de ſont cinq—,y en ayant eu autrefois dix: Sta Fé 'Antequera ,Ca—
ſamanta,Arma~, ‘Sta Anna d’Anzerma: &C (‘artago; toutes deſſus
oupres l'a Riv.—de F re Marthe ,Les aurres Cinq ont esté Antioquia',iS;Sebastie—n dſie'laPlata', S‘. Vin'cente de losPaezeS , l\ cyva', 8L Villa de
les A ngeïles~.«’La~premiere à-esté tranſportéea Sta'Fé d’.-‘-.ntíoquia-,lt:s
autres ontñeste' delaiffées pour les Guerres continuel—les , que leur
ont fait les Paezes , Pixo’s, &z Manipos , qui n’ont peu cstre domtésſi
Les Villes du Gouvernement de Popayan qui reſpondent ä la
Chambre de Vito ſont neuf: Popayan qui a ſon nom commun*
avec le nom du pays , Cali reſidence du Gouverneur , &c Almaguer 5'
ces trois ſont deſſus , ou prés la Riviere de Cauca , autrement de Ste.
Marthe: Timana: S. Iuan de Truxello , autrement Yſance , 85 Gua
dulajara de Buga s’advancent vers l’Orient Madrigal als C hapan—
chica, S.Iuan de Pasto, 6L Agredaäou Malaga vers l’Occident , 65_s'approchent dela mer de Sud. ct
L’Air de tout le Popayan en gencralest ſain , &aſſez frais ‘a cau
ſe de ſes montagnes: le Terroir y eſt plus propre aux Fruits 6L aux Pa—
.stures qu’aux Grains , &c comme dans tous les Pays voiſins, il y a plu..
ſieurs Mines d’Or.
Le N. R.de Grenade eſt preſque tout ſurla Riviere de la Magde—
laine , depuis ſes ſources juſque-5 à la moitié de ſon cours , il s’y trouve
nombre de Villes comme Sta Fé de Bogora, S. Miguel ou Villetta de
Sta Fé, TocaYma,la Palma delos Colunas , Tunia, la Trinidad de
los Muſos .Velez , San-Iuan de los Llanos , Ybagua , Mariquita , Nra
Sta de los Remedios: ces quatre dernieres ſonrà gauche dela Rivic—z
re,les autres ſept ä droitc,bien loing de ccstc Riviere,8c entre les Gou—
vcmemcnsdc Ste M arche, &de Venezuela, ſont encor Pamplona,
S. Cliristoval , 8: Merida: Tudela entre la Trinidad , 6c la Palme; a
eſté tranſportée à S. Iuan de los Llanos.
En 1536. Gonzale Ximenescoururbien avant dans ce N. R. de
Grenade , ô: y fit butin de deux cent cinquante mille Pezos d’Or ,
*dont il y en avoit prez de deux ccntmillede treſpur ,- 8c outre l’Or il
cuſt dix-hu—ict cent Eſmeraudes de diverſes grandeurs. Dans vn au—
tre butin que Ferdinand Cortes ſit en ces quartiers ,il ſe trouva cinq
Eſmeraudes de tres-grand pris: elles estoient taillées en diverſes faq
çons ,l’vne en Poiſſon : vne en Huchet, vne en Roze . vnc en Clos
ehette dont le battant estoit d’vne belle lï'erle façon de ' oyre, ô: la
derniere en Taſſe , de laquelle ſeule vn Lapidaire Lienois voulut don-.
ner quarante mille Ducats , avec eſpérance d en tirer bon profit.
L’Air de ce Gouvernement tire ſur le chaud. Les Vallées ont des
Grains, des Pastures,point de Vin. Les Montagnes ont beaucoup .
de Mines de divers Mctaux. Les Mines d’Argent de Ste Agathe ſont
riches , celles de los Remedios ont-abondance d’Or, 8L il y a douze ou
quinze mille Negres , qui y travaillent, celles de Muſos prés la Tri
nité ,6c celles de Pamplona , de S. Christoval, &I de Meride ſont
encor estimées : BL ſur toutla Mine des Eſmeraudes pres la Trinité ,
où il y en avne grande Roche toute pleine: C’estdc laqu’vn Indien ' .
apportaa Philippe ſecond,& à l Inf-ante Claire Eugenic ſa fille , vnc
Eſmeraude de ſi grand prix , que les Orfebvres ne la peurent estimer
ceste Pierre full: miſe dans le Thrcſor dc l’Eſcurial, 8L l’Indien obtint
ſa liberté , 6c bonne recompenſc.
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GUlANE,e1 CARIBANE.
PM N. SANSON d'Abbm'u;
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Arca] Fri-ul po Mgr/1Mſi~ 1657.
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'A Guíane priſe en general comprend'ee qui ſe' trouve entreles
‘ Rivieres d’Orinoque , 8L d’Amazone ; depuis les Montagnes qui
ſont au deſſus du Lac de Parzme , juſques ‘a la Mer dc Nort. Cette
Mer la bagne vers le Scptent-tion , ees Montagnes vers lc Midy la ſe
' Parent de ce' qui eflî deſſus l’Amazone; l’Orinoque la diviſe dela Ter
rc Ferme, ou dela Nouvelle Andalouſie, a l’Occident z &l Amazone
du Breſil, vers l’Orient.
La longueur de cette Guianc emporte quatre cent lieuës , la lar—~
geur cent." cinquante ,v &c quelquefois deux cent , &c fi nous vou
lonsdiviſer la Gurane en Guiane , 8x: Caribane; celle-cy e‘mportera
?toute la coste , 8L la Çuiane cequi est plus avant dans les Terres. La
-Co-ste a esté reconnuë ‘a diverſes fois par les Eſpagnols,Anglois, Hol
landois, François, qui ont tenté d’y establir quelques Colonies , qui
d’vn costé,qui d’vn autre : tous pour avoir communication avec le
'dedans du Pays, où ils eſperent de trouver vn nouveau Perou: je veux
’dire le Royaume de Manoa , ou el Dorado , qu’ils estimenttres riche
"en Or. ~ -
Et ils ont remarqué aſſcz exactement les Rivieres, les Caps,les Gol
fcs ,quiſe preſcntenc deſſus eeste Coste. Entre ces Rivieres les plus
'belles , 8c les 'plus grandes ſont l’ Eſſequcbc ,Ia Brebicc , la Corretine
*la Marruvyne,la Cayíne, l’Apuruvaca ou Caperuvaca, 8c le Viapoco.
La Source de l’Eſſequebe , ſuivantle rap ort de ſes habitans , n’est
' 'efloígnée que d’vne Iournée de chemin du amcux Lac de Parime, 8;
en ſuivant ſon cours de preſque vingt journées de la M er , où il ſe de—
charge. il ell interrompu de pluſieurs Cataractes, ce qui empeſche
'que les vaiſſeaux ne le peuvent remonter aſſez avant , pour decouvrir
le dedans des Terres.
La Brebice, ac la Corretinc ont peu moins de cours que l’Eſſcque
be , n’ont pas moins de Cataractes z le dernier a ſon ouverture a la
Mer fort large , mais peu profonde, K
_ La Maruvyne n’a pas moins de quatre ou cinq mille Pas Geometri
ques à ſon ouverture , &c la longueur de ſon cours est estimé de tren—
te ou quarante journées de chemin. Les Anglois qui ont remonté cer
.ce Riviere plus avant que les aurres , remarquent nombre de Rivieres
qui y deſcendêt,8c diſent qu’il ſe trouve icy cette l‘- lance ou herbe ſena—
’ fitivc , qui a cettefpropriete naturelle de ſe retirer ſi peu qu’on la puiſ
ſe toucher, de ſe ermer &c ſe flestrir fi on en coupe quelque, brin ,’ 6c
de ne r’ouvrir ſes feüilles que quelque temps apres. Toutes cc S— Rivie
res , ont la pluſpart de leurs Cataractes dcſſus vn meſme Parallcle, en—
tre les 48è 5 degrez de latitude en deç‘a de l’Equateur, ce qui nous.
peut faire iugc’r qu’il’y a'quelque fil , ou. cſehine de Montagne , ou du
moins vne Eminence continue,, qui rend dedans ces Terres _bien
plus haut , que ce qui a proche de la Mer_-~
La Cayane a encore a ſource dans les montagnes , qui ſont pres le
Lac de Parime ;‘85 de ſa‘ ſource àla mer il n’y aura pas moins de ccm;
lieuës enligne droite , &c ſuiuant ſon cours deux-ſois , autant 5.13 mer:
elle embraſſe vne Ille,- là où les Françoistaſchcntd’establir vnc-C010.
nie , qui ſera vn jour fort belle. _ ‘A uruuaca ,ou Caperuuaca aplus de cours que laCayune, fait vn
ran Lac non loing de ſa ſource , embraſſe vne Ifle à ſon embou—
cheure. Lors que Harcourt Anglois fut deſſus ceste Riviere , il y ren
contra pluſieursac divers Peuples. Keymis autre Anglais qui estoít
avec Rale'gh qui s’estmis tant de fois en peine pour trouver le Roy..
aume de Manos. ,aſſeuge que de’ ſon temps ils n‘y en ont point trou
vé-dutouc: ce quifait 'voirque ees Peuples ſont tantoû d’vn costé , 6c
tan-tell: d’vnautre ,Ilſetrouveicy force Perroquets , &c d’autres Oy
ſeaux tres—beaux ,Sc n'es-rares ,—85 des Singes ou Guenuches fort mi_
gnon‘nes. -
V’viapoco n'a pas moins de cours 32e laCayane,peu moins que l'A
Puuaea ;&'comme tous lesautres ceste coste, ſouffre vnc cheut’e
a 18. &c 2.0 lieuës dela Mer , où il s’embouche avec d’autres Rivieres
dans vn perit Golfe ,qui sîclargit de ſept ou’buict lieuës ,- ac laiſſe ‘a
droite leCap deCondé ,ou d’Orange.Ilſe trouve au long de ceste
Riviere du- Tabac,des Cannes dont il ſe peut tirer du Succre ,~ des
Arbriſſeaux qui donnent -du Cocon ,- 8c entre leurs Animaux des
Cerfs, des Parcs Sangliers ,desPorcs communs , des Bœufs, qui n’ont
~ inc-cle cornes , &a Touchons vn mot du Temperamment,& dezla
qualité du terroir de ces quartiers , il y a quelque choſe d’exrraordi
naire.
Il estvrzy que la -Guime est au deſſous &c fort proche de l’Equateur;
ſa partie la plus auancée dans les Terres , 8L la plus prés de l'Amazoz
ne estdell'ous l’Equateutzde cettelLignc la Coste s’adv-ance en deçà
iufques au 8 degré 'de Latitude; la pluſpart neancmoins de-ceste coste
estant deſſous les 4, 5, 6, 8c 7 de ces degrés, cela ell: preſque “au milieu
dela Zone Torrid ou brulée , BL en ſuitte ſemble estre dans vn Cli—
matextremement chaud. Les vents Orientaux , quiyſoufflent preſ—
-que tousjours deſſus la Coste, les Nuits »qui y ſont eſ ales avec les
Hours, les belles Ris/tetes, qui arrouſenc le Pays, les Roſecs qui y tom
bentæres abondamment, la haureur de leurs Montagnes , l’eſpaiſſeuc
deleuns Forests &c.yd0nnentaſſez de frais pour rend-re ce Pays vn
des plus ſains,des plus agreables , 6c qui estant cultivé ſera vn des
meilleurs, 8c des plus riches,qu’ily ait dans toute l’Amerique: ils
-ont deux Estés,& deux Hy—vers; leurs Hyuers pendant les Solflices,
leurs Estés pendant les Equinoxes , ce qui fait que ces Estés ne durent
guere , 8: que leurs Hyuers ſontbeaucoup plus longs , óc particuliere—
ment çcluy qu’ils ont lors que le Soleil cst au Solstice du Capricorne;
Q
/
.——-
-—
VFF-FIï"ïa*ſi"'
ſi
æais le plus Fort decet Hyver eſt comme nousWon] ícy le m'ois J’AH
mil , l’aurrecomme nostre mois de' May , &à vrAy dire ils onttoûjours
’ou le Ptit—need: s ,ou—l’Auromne ,- puiſque les feuilles de leurs Arbres,
que la beauté e leurs Fleurs , &c que la bonté 'de leUts Fruits sÿſ
voyent, &s’y recueillent tour le long de l’année. L’air y estſi tem*
peré , &L ſi ſain que ceux du Pays y vivent communement cent, ou ſix
'vingts ans , 8c ſouventjuſques 'acent cinquante, ſans preſque ſouffrir
aucune incomm‘odité ou maladie.
Les vivres n’y eouſhent preſque rien , ilne faut que chaſſer pour
'avoir toute ſorte de Gibier, que peſcher pour avoir toure ſorte de
Poiſſons. lls ſe peuvent paſſer der-los grains pour faire du Pain :encor:
qu’y estant ſemé, il y vienne en ſa perfection au bourde deux mois , «Sc
-le Grain est d’eux ou trois fois plus gros , 8L mieux nourry que n’est lc
nostre. Ils ſecontentent de leur Manioc , dont ils peuvent faire dc
‘en moins de temps, 8c avec moins de peine leur Pain , qu’ils appellent
-Caſl'ave , qui ne vautpas moins ‘que le noflre , yestantaccoustumé.
Leurs Sauvagines ſonrles'-Cerfs,Sangliers, Cochons, Chevreuils;
:leurs Volailles , 8L Oyſeaux les Poulescommunes plus groſſes 6c deli
cat'es que les nostres, Poules d Inde , Faiſans, Perdrix , Cannes muſ—
quées , Perroquets de pluſieurs ſortes acc. leurs Poiſſons les Turbors,
'Rayes, Mulets , Doradcs lus delicates que nos Soles ,le Lamantin,
'ou Veau de mer plus friandque nostre Veau de terre , les Tortuës qui
ſe prennent la nuict en les renverſant ſur leurdos , 86 quelquefois vnc
ſeule de ces Tortues est capable de nourrirrÛent perſonnes vnc iour
née entiere , 8: il s’en peur prendre cn certain temps , 86 dans vne ſeu
~lc Nuict cinq ou ſix cent , que l’on conſerve dans des Reſervois , pour
s'en ſervir au beſoimLeur-s Fruits ſont les Oranges, Citrons , Ananas
plus gros &c delicat que le Melon , Cannes de Succre , Bananes , Dat
tes, &vnc infinité d’autres , dont-les Noms ne nous ſont point con—
nus , qui tous viennent naturellement; 8c ils en ſont pluſieurs ſortes
de Boiſſons ,8c d’Eaudc vie. Les creux de leurs arbres ſont ſouvent
remplis de Miel ,8c de .Cire , d’où ils tirent vnc liqueur ‘tres—agreaj
ble ‘a boire. _
Pour traiter avec eux 'nous leur portons des Instrumens , 8c Vsten
cilcs , dont ils ont beſoin :comme des Haches , Serpes , Hanſarts ,
-Couteaux ,Cizeaux, Villebrequins , Scies , Harneçons , Aleſnes,
Palettesde Fer .~ ou 'ce qui leur ſert d’ornement , &r pour s’ajuſrer
comme des Miroirs, Sonnettes, Bagues de Leton, Grains de verre
8: de Criſtal-de diverſes couleurs,Pend-ans d'oreilles Raſſades,Trom~
-pettes, Trompes de Laquais, Dés à coudre', 'Ayguilles , Eſpinglcs , &c
toute ſorte de Clincaillerie, &de Bagatelles, qui valent icy peu , 85
nous en retirons en eſchange 'me quantité incroyable de Coton file
ou non filé,des Arnaques ou Lits de Coton qui ſe vendent ou s'o—
changent dans toutes les Iſles circonvoiſines pour du Petun: &c
quelquefois on tire deux , trois , ou quatre cens liures de P e tun pour
_ Ïvn ſeul Hamaque , &ce Hamaque ne touffe qu’vn' eou‘flea‘u ,, ou
‘grain de Cristal dans la Guiane. il y a encore du Bois dela Çh-:ne , de
l’Ebene verre ,du Sandal blancôcrrmge, du Paſiel ,ſdu Breſil , des
' Huiles Medicinales, de la Sarſepareil-le , du lalap , Turbith, (layac-L
Gommcgutte , Gomm’arabique , Gomme Elemi , du‘ Baume tres—
excellent meſme contre la Goutte , des Turquoiſes-, 6L Eſmerau-dcs,des Peaux de Cerfs , de Tigres , deſiLoutres‘, de Ren’ards noirs ,ñ des
Roignons de Muſe tirés du Cayman- , des Gucnons- , des Sapajoux ,~
des Tamarins petits animaux de plaiſir , fi beaux 8c fi jolis , qu’icy il
s’en est vendu vn ſeul cinq cents eſcus. Les Ameriquains‘ meſmes en‘
font leur joüet , 8c leur mettent des colliers de Perles,& des pendants
d’Oreilles de leurs Pierrcries.- K l . _
z Et il y a toutes les apparences du monde , que Ie Pays n’est" pas ſans
~Mines d’Or ,ôc d’Argent ; il y en' a de Cuivre ,… d’Estain ,. de Plomb',
de Fer ce qui est 'fort rare dans l’Amerique ,de Souſre , d? i‘ lun ?le
roche , de Çhristal de roche ,. d’A zur,, encor du Sang de dragon , 8Ce.
Ftce qui ~eſt a remarquer, bien que la Guiane ſerv-ble beaucoup*
ñeloignée de la. France, il n’y a pas deu-x mille lieues communes de‘
.France en ligne droite', ce ne ſont que' quinze ou ſciZe cent lieues de'
Mer : ce qui ſe peur faire en vn mois, 8L quelquefois-moins,.nos Vaiſ—
ſeaux allans ſouvent de France a Madere en huictou dix jours z 8c de
~ Madere ‘a Ca'iane en~ q—umzc, ou vingt.de Mad‘ere,e‘n advanç‘ant entre
~les Tropiques, iln’yaplu-s rien ‘a craindre dans la Grande Mer ; le
ñ—vent y ellanr preſque toûjours- Favorable &A d’Orient en Occident.
La partie de la Guiane la plus advancée dans les Terres , 8L qui
retient particulierement le nom cle Guiane, est rrespeuconnuëmean—
moins c’eſt làoù doitestre le Royaume ,. &E la Ville de Manoa-,ouel
~ Dorado , dont quelques-vus ont fait autresfois-tant d’Estar; mais que‘
ñ l’on Cherche encor aujourd‘lxuy,ôc que pluſieurs croyent imaginaires.Ceux-là'nous aſſeuroient que ceste ville eſt vne desplſius Grandes, BC
des plirs belles du monde , &z que celuy qui y regne deſcen-cîd’eslneasñ
clu- Perou qui n’a- pas moinsd'O‘r, moins de P'ierreri'es , nz’efl: pas 'mo-ins:
puiſſant qzu’estoíent ces Incasr Pluſieursl-'îrinces , «Sc vn nombre infiny
.deſl’e'uple s’estans retirées duPerou, lors que les Castillans- s'en ſai
, firent , &c ayant icy apportés leurs Richeſſes‘, 8è que d’ailleurs- ce Roy;
v ,aume est dans vne affietre cres—advantageuſe , ,estant borné de tous
collés parde tres-hautes montagnes; &c le Lac ou Mer de l’a-rime ’auX ;milierſdu Pays doſſnnanrle 'moyen de pouuorr \mir Facilement ſesfór—
ces, ,
Ces_ Peùples ont v-ne couſiume plaiſante dans leurs Festins, 8e dans
: leurs Ceremonieslesplusſolemnelles :' ils’ſe frorrent tour le corps
' &Huyle, ou de Baume execllent; 6c au deſſus ſe ſont ſoufler de POT'
- en poudre‘,.Ë,ui les couvre entierement :—la façon de ces habits confie'.moinsl'cſio e !aut mieux que la pluſpart desſinostres.
L‘AMAZONE. Iz
LA Riviere Amazone eſt la plus grande ,6c la plus ſorte ,qu’il y î
ait dans lvne ,86 l’autre partie de l’Amerique ,~ 6c il ſe peut dire
vne des plus belles de l’vn 6c l’autre Continent. De ſes ſources ‘a ſes
emboucheures dans la Mer il y a huit ou neuf cent lieu'e's en ligne
droite , 8c: ſuivant ſon cours , vnze ou douz c cent: reçoit a droite , «Sc
‘a gauche vn tres-grand nombre de Rivieres , dont quelæes vnes ont
cent,deux cent, trois cent; d’autres quatre ,cinq, ou cent lieuës
de longueur :toutes comme l’Amazone habitées d’vn nombre infiny
cheuples, moins barbares que ceux du Breſil, moins policés que
n’estoieut ceux du Perou. Ils ne s’entremangent point les vns les au—
tres ;leurs Chaiſes ,leurs Peſches ,leurs Fruits ,leurs Grains , ou Rad
cines fourniſſans ce qu’ils ont beſoin , &t pour le manger , 8c pour le
boire. Ils ont quelques Idoles en leur particulier, mais ils ne leur ren
dent aucun devoir , ô: ſe contentent de les expoſer aujour , quand ils
;entrepreneur quelque affaire.
L’Amazone commence au pied des Montagnes Cordilliers , qui
ſont a l’Orient , 6c à huict ou dix lieues de Vito dans le Perou: rou—
‘ le ſes Eaux d'Occidenten Orient. Ses ſources &c ſes embouchcures
ſont deſſous ou prés de l'Equateur , le milieu de ſon cours deſſous les
quatre 85 cinquième degré de latitude Meridionale. Les Rivieres
quiytombent‘a gauche 8c du costé du Scptentrion n'ont auſſi leurs
ſources eloignées de l’Equateur que d’vn ou deux degrés de latitude
Septentrionalezde celles quiy deſcendenta droite , 6c du costé du
’Midy quelques-vncs commencent, dés le dix, autres dés le quinze, la
Madera ou Cayane dcslc vingt 6c vnicſme degré_ de latitude meri—
dionale.
La largeur de ſon canal depuis Iunta de los Rios , qui est a ſoixan
teôcrant de lieu-'és de ſa ſource , juſques au Maranhon eſt d’vne ou
deux lieuës, 8c au deſſous dc Maranhon de deux . trois,0u quatre,
s’élargiſſant a meſure qu’elle advance vers la Mer ,l‘a Où .elle ſe fait
vnc ouverture de cinquante ou ſoixante lieu'e's entre les Caps de
Nort, ô: de Za arare , celuy-cy ducoſ’té du Breſil , ô: l’autre du eo—
sté de Guiane: (ſe mcſme ſa profondeur encor de Iunta de losRiosjuſ
ques à Maranhan cst de cinq ou ſix braſſes pour le moins, quelque—
fois de 8 ou dix: du Maranhon à Ri'o Negro de douze, quinze, vingt,
&c de Rio Negro à la Mer de trente,quarante,cinquante,& quelques—fois dſie beaucoup plus -. 8: ce qui cst commode,la profondeur eſt toû~’ v
jours bonne pres dela Rive , 6c ne s’y _rencontre point de Bancs de
ſable qu’en approchant dela Mer. .
François Orelhane cst le premier , qui s’est mis en peine pour avoir
la connaiſſance du cours de ceſ’ce Riviere. En 1540. il ſe tranſporta ‘a
Iunta de los Rios , fit baſiir vn vaiſſeau propre pour _deſcendre de
. ïſieste Riviereäla Mer, s’embarqua avec quelques Soldats au com:
mencement de 1541. eut diverſes rencontres ſur ſon chemin , &L à. la—
fin d’Aoust trouva la Mer, 6c en porta les nouvelles en Eſpagne. Il ne
retourna de l’Eſpagne al’Amazone qu’en’ ”49. entra dans les Bou
ches de l’A mazone S apres avoir eſté long—temps deſſusla grande
Mer , battu des orages , retenu des Calmcs, &c perdu nombre de ſes
hommes : &c apres tant de ſatigues , 8c de miſeres, il ſur’ (i malheureux,
qu’il ne peut bien recon noistre le vra—y Canal pour remonter l’ r'. ma
Zone , 6c y mdurut en peine z n’ayant retiré autre choſe pour ſon tra-r
vail, 65 ſa deſpenſe, que la gloire de ce que quelques vns donnent ſon1
pom ä la Riviere, &l’appellent Otelhane. '
Apres Fr. Orelhane I’Amazone a esté delaiſſée Vn long temps. En?
'15 60. ceux de Lima au Perou la tenterent par vn autre collé. lls firent'
embarquer du monde deſſus la Riviere de Xauxa autrement de Ma‘—
ranhon quicommence dans le »Perou au deſſous de Guanuco , &t enÿ
viron à cinquante lieuës de Lima , paſſe à trente ou quarante de Cuſ—
co :Ze par vn cours de cinq ou ſix cent lieues, deſcend dans l’Amazo—
ne, qui àpeine en a ſait trois cent. dans ce renco‘ntre ,— ô( ſe trouve'
neantinoins le plus ſort. Ce Voyage ſuc encor malheureux , Pedro
de Orſua chede ceſtc expedition ſust aſſaſſiné parles ſens a &è Lopes
d’Aguyre chef dela ſedition acheva dc deſcendre,iuſ ues ala Mer
par l’Orenoque ,86 abordaàla Trinité , Oùil ſur arreste , &t chastié'
de ſa ſelonie.
En 1566. ceux de Cuſco tenterent encore la deſcOtÏVerte de l’Ama
Zone par l’Amarumaye , ce qui ne peut reüſſrr; yayant eu deux com-
petiteurs pour ceste expedition; qui ſe firent la guerre , ſe battircnt,
6c s’afi’biblirent de telle ſorte , qu’il n'en resta que ce qu’il ſaloit pour'
ſe faire aſſommcr par les Chonques: .Sc Maldonado l’vn des cheſs de
ceste expedition , 6c deux Religieux échapperent, 8c en apporterent
les nouvelles. A pres Maldonado il s’est paſſé ſoixante,ou ſoixante &c
dix ans , ſans que l’on ait tenté l’Amazone.
En 1655. Iean de Palacios reprit ce deſſein , ſe tranſporta auee d'au—
tresjuſques‘aAñete, pour voir les moyens dont il ſe pourtoit ſervir
pour ce voyage:in ſur tué en1636.& la pluſpart des fiens s’en retour-~
nerent. Deux Religieux 8C cinq ou ſix Soldats ſe mirent dans vne
nacelle , ſe reſolurent de deſcendre la Riviere , ôt en fin arriverent à
Para Capitale du Breſil ſous la couronne de Portugal, &L la en di
_ !ent les nouvellesàPedro Texcira Capitaine major de Para.
Encor que le Brefil fust des-ja en armes contre les Hollandois,
Texeira ne laiſſa d’eſquiper quarante ſept barques : fit monter deſ—
ſus ſoixante dix Portugais, avec. douze cent Indiens qui ſçavoicnt
'manier les armes :encor huict cent Valers ou Femmes pourles ſervir;
partit en Octobre :637. remonta la Riviere, 8c futſi heureux qu‘il
acheva ſon voyage juſques auPerou , .laiſſavne partie des liens la où
la Riviere des CheVelus tombe dans l’Amazone. Le reste à l‘untj,
ac los Rios , 6c luY avec peu de perſonnes ſur à Qgito , ou il fit ſon
rapport en Septembre 1638. _ _
La nouvelle en estant portée a Lima au Comte de Chinchon Vice—j
ray du Perou ,il y ent ordre de leur fournir tout ce qui ſeroit neceſſai. '
‘re pour leur retour; 6c de leur donner le Pere Christofle d‘A cogne Ie—
ſuite , 8c ſon Compagnon pour en porter les nouvelles en Eſpagnells
repartirent du Perou en Fevrier 1639. arriverent a Para en Decem
bre en la meſme année, 66 auſſi tost le Pere Christofle d’Acogne en
porta les Neuvelles en Eſpagne , GC y arriva en 1640. 6c en donna ſa
relation_ au public.
Ces deux derniers Voyages de Texeira en remontant , 8c deſcen
dant la Riviere,nous ont donné vnc plus ample connoiſſance de l’A
m'az'onc , que n’avoient fait toutes les aucr'cs auparavant : 8c ſuivant
leur rapport toutes les Regions , qui ſont aux environs de l’Amazo
ne iou'iſſent d”vn air remperé , bien qu’au milieu de la Zone Torride.
Les Vents Orientaux, qui y regnent reſqlie tout le long du jour,
leurs Nuits égales aux jours , les inon ations annueles , 6L ſecondes,
cor-urne celles _du Nil .la grande quantité d’Arbres &c de Forests qui
ſont deſſus ou proche de la Riviere, donnent beaucoup de fraiſcheur,
’ &ſont encor qu'ils ne ſont point importunés de mille villaines inſe-.ñ
&cs , comme dans le Perou , &c dans le Breſil: diſent que les feuilles,
8c que les Fruits des Arbres , que la verdure de leurs Herbes ,que la
beauté de leu-rs Fleurs y don-nent plaiſir tout le long de l’année ..
Q1; leur Miel y esttres-bon,&medecinaſ; qu’ils ont du Bz‘ume
excellent pour toute ſorte de bleſſures .- aſſeurent que leurs Grains,
que leurs Fruits, queleurs Racines ,dont ils ſe nourriſſent,y ſont en
plus grande quantité, ôc meilleures que dans le reste de l’Amerique:
qu’il ſe peſ'che vn nombre infiny de Poiſſons dans les Riviercs, a;
dans les Lacs: entr’aurres le Veau-Marin , &c la Tortuë , qui ſont for;
grandes, 8c delicareszque la Venaiſony est à foiſon, que de leurs Bois,
qui ſonttresbeaux, 6L Fort grands , 8c le long de la Riviere il s’en peut
baſlir d auſſi grands Vaiſſeaux qu’il y en ait ſur l’Ocean. La groſſeur
de quelqu es—vns s’estans trouvée de cinq ou ſix braſſes :que l’Ebcne
&c le Brefil y ſont enſi grande quantité, qu’ils nc ſe pourront eſpui.
ſer qu’il y a vne infinité de ( acao, de Tabac , qur ſe pourra cul.
tiver, des Cannes de Succre qui ſe pourront facilement meſnager
les Rivieres , 8c les Bois fourniſſans dequoy baſiir les Ingenios, ou
Moulins à Succre,& en faire la culturezduCoton pourles manufactu—
res , du Rocou pour reindre l’Eſearlatte , 8c vnc 'infinité d’autres com—
modités, qu’ils ont des- ja reconnu., 8( qui ſe decouvriront avec le
temps. Sans auoir eſgard ä l’Or, a l’Argent, &aux autres Metaux
quis’y trouvent : 66 apres tout que la Navigation de l’Aniazcnc cst
tres-commode,ſa pente facilität la deſcente de l’Occident en Orient,
&les Vents Orientaſiui aydanräle remonter d’Orient &a Occident:
On a remarqué cent cinquante differentes Nations deſſus , &c aux
environs de l’A maZOne_; deſſus, 86 aux environs des Rivieres , qui
tombent dans l'Amazone : la pluſpart de ces Nations ſi peuplées,
leurs villages ſi ſrequents , que de la derniere habitation de l’vn
on peut entendre le bruit qui ſe ſait dans la premiere de l’antre.
De ces Peuples les Homagues ſont eſtimés pour leurs manufactures
de thoile de Coton, les Coroſipares pour leurs Vaiſſelles de Ter-—
re, les Surines pour leur Menuiſerie , les Topinamubes pour leur
force.La Fleſche, &è le Iavelot ſont leurs Armes en general:mais leurs
Guerres ne ſe font que pour avoir des Eſclaves , &s’en ſeruir dans
leurs travaux les plus penibles, apres quoy ils les traitent doucement,
' Entre les Riviercs qui tombent dans l’Amazone le Napo , l’A—
garic, le Putoma e , le Ienupape , 8c le Coropatube, êc encor
d’autres roulent e l’Orzau deſſous du Coropatu‘pe il ya diverſes
Mines dans les Monragnes, d’Or en celle d’yaguare, d'Argent en celñ
le de Picore, de diverſes Pierreries en celle de Paragoche , &c dc
Souffre en beaucoup d’autres. Le Putomaye , &S la Cakcra ſont
grandes ,~ la derniere ſait deux branches l'vnc tombant dans l’Ama.
Zone ſous le nom de Rio Negro 5 l’autre dans l’Orenoque ſous le nom
de Rio Grande: de l’aucre costé ſontle Maragnon, l’Amarumaye , lo
Tapy ,leCatua, _le Cuſignat'e, le Madere , ou Cayane , ô; aucres
tous ſors grands. ~
Surl’Amazoneä deux cent lieuës de la Mer; est vn Boſphore
large ſeulementde mille Pas Geometricques , qui est moins d’vne
demy-lieuë,8_zleFlus .de la Mer monte iuſquesà ce Boſphore,qui
vn jour ſera la C lef de tout le commerce qui ſe fera deſſus l’Ama
zone. Mais les Portuoais tenans des-ja Para du costé du Breſil, 86
du costé de Guiane Corupa , Estero, Sc entre les branches de l’A
mazone Cogemine ; ſi peu .qu’ils ſortifient encor quelque place
ſurla principale bouche de l’Amazone , ſoit en l’Iſle du Soleil , ſoit
ailleurs 5 il est à croire que ce commerce paſſera par leurs mains.
Pour ce qui est des l‘emmes .Am-\Zones , 8c de leur Royaume,
d’où on prerend que ceste Riviere apris ſon nom '. ils’en eſt ſait plu—
fieurs comptes ,donné diverſes relationsà. quto , a Cuſco , 8C ail—.
leurs : 8c ceux du Pays en ont voulu faire peut aux Castillans , 6c aux
Portugais , qui ont cl’cé ſur ceste Riviere. il n’cst pas autrement que
les habitans du Pays estants en armes , il n'y ait eu quelquefois des
Femmes aſſez courageuſes pour vouloir estre de la partie : maisil ne
s’est pas trouvé vn Pays entier, &I vn Royaume de ces Femmes :8c à la
fin on les cherche ſi avant dans les Terres, qu’elles ne ſeront plus ſur
l’Amazone: &cela tournera en fable, auſſi bien que celles dontles
Grecs nous ont compté autrefois tant de merueillcs.
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E Perou eſl: vn Empire ou Royaume ſi riche , &c ſi grand que
‘ toute l’Amerique meridionale , ou du moins la moitié de ceſle
Amerique,en prend quelquefois le nom de Peruviane. Le Perou
Pris plus preciſement s’estend encor plus ou moins; ſui-vant la diver
ſité des Autheurs. Ilest pour la pluſpart entre la ligne Equinoctiale,
8c le Tropicq-ue du Capricorne, où il y a plus de ſix cent licuës dc
longueur; 8L ſi nous y adjousto-ns la partie du Popajan , qui est au de..
ça de !aligne ,8( qui depend de la Chambre de Quito au Perou; &c
la partie du Tucuman , qui est au delà du Capricorne , &c qui depend
dela Chambre de laPlata au Perou; ſa longueur ne ſera guere moins
de mille lieu'e's. Sa largeur eſt auſſi ſort diverſe, n’y estimant que ce
queles Eſpagnolsy poſſcdent le plus abſolument, elle ſera de cent
ôc quelquefois de deux ou de trois cent licuës ; ſi nous y adjoustons
toutes les Regions qui ſont ſur l’Amazone , juſques ala rencontre du
’Breſil, nous pouvons faire eſiat que ceste largeurntiendra de cinq, ſix
aſept censlieues.
La partie du Perou la plus conneuë &ſur la Mer de Sud, ’a eſlé
diviſée par les Eſpagnols en trois Audiences , qui ſont de Vito , de
‘Lima , 6c de la Plata z celle de quto est la plus Scptentrionale ,
celle dela Plata la plus meridionale: celle de Lima fait le milieu.
Chaquc Audience a diverſes Provinces: (Dico tient partie du Po
payan , partie du vray Perou , Los ons ou la Canela , Paçamoros
ou Gualsongo ou encor S. Iuan de Salinas: Cel-le de Lima tient le
vray Perou , 85 où il y avoit diverſes Provinces,quele nom de Pe'—
rou a abſorbé. L’audience de la Plata a les Prouinces de los Char—
cas,, 8c de Tucuman , 6c ces Provinces en comprenent nombre d‘au
tres moindres, dont la connoiſſa-nce n'est pas beaucoup n—eceſſaire.
L’Audience de Qu/ito eſt aux environs de la ligne Equinoctiale,
a de long &c dc large deux ou trois cent lieu'e's :le quartier de Po
payanſujet à ccſ‘te Chambre a les villes de Popayan, de Cali , de
Timana, 8c autres, comme nous avons dit, ,avec le Popajan, dans
la Terme Ferme. -
Le quartier du Perou ſujetä (Iii/to a les villes S Franciſco del
ui’to , Rio Bamba , Cuenca als Bamba ,Loxa als la Zarza , Za—
mora de losAreaydes,Ïaen, S Miguel de Piura, S Iago de Guaya
quil als la Culata,Castro de Vili , Puerto Viejo , qui ſont dix villes
ou Colonies d’Eſpagnols. .
S Franciſco de Agro , ou ſimplement ;Wire estoit l’vnedes
.principales villes de l’Empire des Incas de Perou , &c l'vn de leurs
Palais y estoit fort magnifique. Aujourd’huy , il n’y aquc cinq cent
Eſpagnols naturels , deux ou trois milles Indiens , 6L dans ſon reſſort
prés d’vnc centaine de villages d’Indiens_. toutes ces Colonies on;
eſ’cé establicsädiverſes ſois, &' peu apres la conqueste du Perou;
L’air du Pays eſt aſſez temperé,bien que deſſous la Ligne, &c
le Terroir ſertil prés de Wir-o , 6c de Porto Vicjo z Les Grains,Fruits
66 Bestiaux n’y manquent point , pres Loxaôc Camora il y a des Mi
nes d’Or ,pres Cuenca des Mines d’Argent, de vir~ Argent , d'Ai
rain ,de Fer; pres Porto Vieyo des Eſmeraudes. La Sarſapareille ſe'
trouve aux environs de Guayaquil.
La Province' ou Pays de los quxos autrement de la' Canelle,,
eſt à l’Orient de Quito. Ses villes ſont Baeza où demeure le Gouver
neur, Archidona, ét Avila: quelques—vnsy adjoustent Sevrlla del
Oro , pays montagneux ,rude ,peu Fertil; produit vn Canelicr qui‘
eſiant cultivé,l’Arbre ,l’Eſcorce ,les Feuilles ſont Canelle : mais le‘Fruit ell: de beaucou la meilleure , 6c la plus parfaite. ſi
Paçamoros au Mi yde la Canelle a trois villes ou Colonies d‘Eſ—
pagnols S Iuan de Salinas,ou Valladolid, Loyola ou Cambinama,
&S Iago de las Monrañas. L’air du Pays eſt ſain, le Terroir fer—
til , nourrit force Bestiaux ,&abon—de en Mines d’Or , Los 'ons
66 Paçamoros dependent quant au ſpirituel de l’Eveſchr’: de Vito.
L’Audience de Lima ou de los Reyes au Perou cstaujourd’huy la
plus fameuſe de toutes , ‘a cauſe des villes de Lima ô( de Cuſco ,- celle
cy ayant eſté autrefois la Capitale de l’Empire des Yncas , &c l’autre
eltant aujourd’hqu la reſidence du Viceroy duPcrou: 6L ccste Au—
dience comprend le vray Perou. les villes qui en dependent outre
Lima, 6c Cuſco ſont Arnedo, la Santa ou la Parſilla, Truxilîo, Mira—
flores, Chachapoyas,ou S. Iuan de la Frontera , Santiago de los valles
autrement Magobamba, Leon de Guanuco, Guamanga als S Iuan
de la Victoria , Oropeſi , S Franciſco dela Victoria ,als Vilalcamba,
S Iuan del Oro en Carabuya , Arequipa, S Miguel de la Ribera,,
Valverde, prés de laquelle estla vallée de CaXamarca ou Arabalipa
ſur pris , par François Pizarre en 1535. puis Cañete als Guarco.
.La ville de Lima longue de deux lieuës ,large d’vne ,a dix mille
familles ordinaires , ſans les paſſans, &c ceux qui y trafiqucnt: Her
rera y met auſſi douze mille femmes de diverſes nations, Ge deux
mille Negres 86 dans la banlieue' deux mille familles de ceux du
Pays. La Ville enferme' nombre de bell-es Egliſes entre ſeſquelles
ſont la Metropolitaine, is les Cures, les Monasteres,les Colleges,
les quatre Hoſpitaux, ;avoir pour les Gens d’Egliſe, pour les Eſ—
pagnols ,pour les lndiens, pour les Vefves. L’aſſiette de la ville est
dans vnc agreable vallée au deſſous de laquelle est ſon port Collao,
8c l’vn 8c l'autre au milieu de toute la costc du Perou,& dans vn air
ſain, tempete, touſiours ſerain , Gt le terroir fertil. '
Entre les aurres villes Cuſeo eſt de beaucoup la plus fameuſe
'ayanteſjÿ _la demeure deslncas, aujourd’huy elle avne Egliſe Caj
/
thedrale, huictParoiſſes , quatre Convents,vn College de Ieſuitesſi
Les Yncas avoient basty de tres-beaux Palais dans Cuſco , vn ſuper—
be Temple dedié au Soleil, des Bains aux environs dela ville , 6c
nombre de tres-belles Maiſons a la Campagne.
Le Pays est fertil pour la pluſpart , donne force Mines d’Or,
6c d’Argent aux environs de Cuſco , 6c particulierement d’Ora S.
Iuan del Oro,dc Vermillonôc de VifArgenta Oropeſa, de riches
l Salines entre Arnedo , ôc le Port de Guaira , encorä Barranca.
Les Habitans de Guanuco , &de Chachapoyas , estoient les plus
civiliſés du Perou , 6c il-y a encor par tout grand nombre de ces
Indiens , il s’en estitne ſous le reſſort de Truxillo cinquante mille
tributaires , trente mille en celuy de Guanuco , autant a Gua—
manga, cinquante mille en celuy d’Arequipa, ¢mille au reſ—
ſort de Cuſco Gee. Il y en aauſſi dlautres,qui n’obeiſſentpointaux
Eſpagnols ,les Manatiens non loin de Cuſco ſe maintiennent dans
leurs Monta nes,& ſouvent ſont boucherie, ac curés des Eſpa
gnols , quamſ ils en peuvent-attrapper. '
La Province dela Plata,ou de los Charcas eſl au Midy du Peſi
rou , &deſſous le Tropicque du Capricorne. On la diviſe en deux
ou trois autres moindres,ſçavoir de los Charcas, de la Sierra ,GC de
Tucuman, eelle-cy est toure au dela du Capricorne ,&nous la deſ
crirons avec le Paraguay , ou Rio de la Plata où elle conviendra
mieux. Les deux autres ſont en deçà de ce Tropicque pour 1a pluſ
part. La ville Capitalle estla Plata. LArgent, &z cestc ville donne
quelquefois ſon nom a la Province. Les entres ſont Nra Sra de la
Pax ou Villanueva,Oropeſa,P0toffi, 5c Chicuito ville d’lndiem.
Puis Sta Cruz de la Sierra; ec en Tucuman S. Iago del Eſtero, Nra
Sta de Talavera, GL S. Miguel de Tucuman.
Cequiest le plus ‘a remarquer en ceste Prouince ſont les Mines
d’Argent de la Plata ,de Porco , &c ſur tout celle de Potoſfi la plus
fameuſe du Monde ,bien qu’elle ne ſoit que d’A rgent. Il ſe remar—
que de ccſte Mine qu’il y a quatre principales Veines. La premiere,
qui s’appelle la riche, ſut cnregistrée le as Avril 154g. 6c les autres
en ſuite peu de temps apres. Ces enregiſlremens ſe ſont pour mar
quer l’eſpace octroyée ‘a ceux qui decouvrent les Mines , auſquels
elles appartiennent en Faiſantles frais, &payant au Roy le droit de
cinquieſme. On dit que la mine riche avoit ſon metail hors de Ter—
re en façon de Rocher ou d’vne Crefle de trois cens pieds de long,
de douzevou quinz e de large , 6c haute de dix ou douze. -
Ce qui est encor' à remarquer toutes ces ‘Vernes ſont au Soleil levant
dela Montagne, pas vne ſeule au Soleil l' ouchant,ä preſent que
l’on aépuiſé ce quieſloit le meilleur-!c le plus facile a tirer , les Mi
neurs ſont deſcendus en terre, lcsvns juſques ‘acinq cent, les autres
juſques ‘amille ou douze cent degrés de profondeur. La Veine riche
\
‘—_ñ—AA_î_me
rendait la moitié de bon Argent, a peine a preſent vn quinta‘l de
terre au pierre metallique peut fairzdcux onccs de pur Argent ,66
neantmoins quelques-vus veulent dire que le Ray Catholique re.
'goir encor pour ſon quint, cinq au ſix millions de liures par an.
On fait eſtat de vingt mille hommes , qui travaillent dans ces
Mines , &t de cinquante mille Indiens , qui vont 8L viennent ‘a la vil—
le de Pataſli , pour le trafic. Cestc Ville eſt au deſſous de la Monta—
neôc de meſine nom. Ville eſtimée libre tant elle a de beaux &c
amples Privileges ;6c les Officiers du Treſor de la Province y refi
dcnt: elle contient deuxlieuës de circuit.
La ville dela Plata capitale de la Province a ſon Archeveſque,
ſon Audience , huict cent Eſpagnols naturels dans ſon encein
te ,ôc ſoixante mille Indiens tributaires dans ſon reſſort. Ses Mines
furent abandonnées ſi caſt que .celles de POtoffi furent deſcouver—
tes;comme auſſi les Mines de Porco , bien que fort riches , &e celles
cy à cauſe de l’ineammodité des Eaux : mais i1 està -craire que celles
de Poraſli estant épuiſées les autres ſe remettront en estimc.
L’Air de los Charcas en general eſt froid pour le climat,ôccela
provient de la hauteur de ſes montagnes. Le terroir d’Orapeſa a
du froment &du Mayz, celuy de la Paz du Vin , 8c route la Fro
vince en general nourrit vn grand nombre de Bestiaux.
Sta Crux dela Sierra ou Ste Croix ’du mont capitale _de ſa petite
Province est à l’Eſt de Potoſli, mais enfermée de farce Nations Bar,
bares al’Estôc au Sud: entre autres des Chiriguagnes peuple indam—
ptable; bien qu’entre la Sierra , &t Tucuman. Le Pays eſl: chaud,
ôc quelquefois froid a cauſe des Vents: le Terroir a des Grains,
du Mayz , &c aujourd’huy du Vin , nourrit farce ſauvagine , entre au—
tres des Austruches , qui fantleurs Oeufs ſi gros,qu’ils peuventnoutd
tir vingt au vingt cinq hommes vn jour entier,
L’Ynca Garcilaſſo dela Ve anausadonné vnc tresbel’le Hiſiaire
du Perou, de ſes Yncas Rays \ſu Perou , «Sc des Guerres civiles, qui
ont eſté entre les premiers Chefs Castillans , qui ont conquis cet
Empirell fait voir que les Peuples de ees quartiers ont esté autrefois
tellement Barbares, qu'ils n’adoraient chacun que les Animaux , ou
meſme les choſes inanimées qui leur pouvaient ſervir, ou qu’ils a
vaient crainte de leur pouvoir nuire. Sacrifiaient nan ſeulement des
Fruits , des Animaux; mais encor des Hommes , ôc des Femmes pris
en guerre , 6è quelquefois de leurs Enfans: vivaientindifferemmcnt
de ce que la Terre leur donnait d Herbes, de Racines , de Legumes,
de Fruits ſaUVages, ſans ſe ſoucier dela cultiverzne ſcavaient ce qui
estoit de la Chaſſe , n’y de la Peſche .- n’avaient point d’Habits,
n’y autre choſe pour ſe couvrir; ſi ce n’est dans. les Montagnes , où ils
ſe ſervaient de Peaux de Bcstes ſauvages , pour ſe deflendre can
‘tre le froid.
4—-—ñ-
L’Ynca Mango Capaſic , 8L ſa Femme Coya Mama Oelho ont
esté les premiers , qui les ont amené à vnc vie humaine , 6e: 'ci
vile. Ils ſe firent croire Frere ,ôc Sœur; Enfans du Soleil, 8c de la
Lune; auſſi Frere,& Sœur,- 6L qu’ils avoient esté envoyés icy bas
pour le bien des Hommes : &c ſur cette creance ils les retirerent
des Montagnes , des Cavernes, des Forestszleur donnerent les pre
mieres connoiſſanees dela Loy de Nature. l’Ynca Mango Capac
monstra aux Hommes à labourer la Terre , a cultiver les Plantes
a paistre les Troupeaux , a recueillir les meilleurs Fruits , ~a bastir
des Maiſons, des Villes: Coya Mama Oelho enſeignoit aux Fem—
mes , a filer ,‘atiſ’tre ,àcoudre , a faire des Habits ,- ô: leur monstra
ue leur prinCÎpal ſoin deuoit eſlre de ſervir leurs Maris , de nourrir
&d’instruire leurs Enſans.
Et comme ees Peuples ſe reconnurent dans vne vie meilleure,
6c plus raiſonnable qu’auparavant ,lls ſe ſoumirent facilement ſous ‘
le Gouvernement de ces Yncas ;s’attacherent a la Religion, qu’ils
leur donnerent,qui estoit d’adorcrle Soleil , comme celuy de tous
les Astrcs, qui fait viſiblement le plus de bien aux Hommes, aux
Animaux. aux Grains , aux Fruits ,aux Plantes. &r des que ces Yncas
reconnurent l’affection que ces Peuples leur portoient, ils firent faire
des Armes, aſſemblerth des Troupes , amenerent dans le meſme
Gouvernement, ôc dans la meſme Religion , pluſieurs Peuples. cir
convoiſins z «Sc tous—jours plustost par la douceur , que par la force. Et
à la fin ont fait vn Estat , ou vn Empire , qur pour ſa grandeur, &c pour
ſes richeſſes , &c meſme pour ſes Lorx a esté vn des plus conſiderables
du Monde.
Et s’il falloir mettre en Parallele la Politique des Yncas du Perou,
voire meſme des Roys de Nexique,avec celles des Grecs, &c des Ro
mains, Acoſla—ſouſ’tient que ceux l‘a auroient l'advantage: &z que lesYncas avoiefit vn ſi grand ſoin du bien , 6c du repos de leurs ſiSu1ets ,
qu’il ne ſc trouvera point dans toute l’Histoire qu’aucun Roy , ou
Empereur ſe ſoitjamais porté avec tant de douceur, de franchiſe , &c
de liberalité envers ſesPeuples,comme ont fait les Yncas Roys du
Perou; dit auſſi qu’ils devoient pluſtost eſire appelles Peres que
Roys de leurs Suyets.
Auſſi tost qu’vne Province entroit dans leur obe'iſſance, ils ſaiſoient
dreſſer par tout des Canaux pour arroſer les Terres: 8e afin que ces
Terres ſuſſentplus commodespour le labeur ,ils faiſoicnt applanir
ce qui estoitineſgal ,ſaiſoicntſoustenir par degrés ce qui estort trop
en pente. Les Terres propres au labeur eſi'oient partagées en trois,
pour le Soleil, pourle Roy,& pour les Habitans du Pays: 8: ſi ceux
cy eſioienten ſi grand nombre que le tiers des Terres ne peust ſuffit
pour leur nourriture, il s’enrctiroit de la part du Soleil, 6c de celle
du Roy ce qui leur en estoit beſoin.
Les Terres estants partagées egalement ſuivant la farce de chaque
famille, le labeur commençait par celles des Orphelins , des Vef
ves , des Vieillards au Impotents, ôt des Soldats , lors qu’ils eſ’caient a
la guerre. Apres celles-la chacun labourait les ſiennes , puis celles
des Curacas ,ou Gouverneurs, q—uine le debvoient estre qu’en ſuitte
de celles des particuliers. Celles du Roy 6: du Soleil n’estaient que
les dernieres. Cét Ordre estoit abſervéſireligieuſement qu’vn Gouz
verneur ayant faitlabourer la Terre d’vn ſien patent avant celle d’v
ne pauvre Vefve, il full pendu dans le champ qu’il avoit fait cultiver
avant ſon rang, tant ils estoient ſaigneux des Pauvres. .
Outre ce Travail pour le Labeur des Terres du Soleil , 6c de l’Yn
cas ,les Particuliers estoient ſujets de faire des habits , des chauſſures,
&des Armes pour les Soldats, &c pour ceux que la vieilleſſe au que
les maladies rendaient inutlls au 'travaiL La Laine ou le Coton
ſe prenait ſur les Troupeaux,au ſur le Domaine du Soleil, &t des
Yncas: &chaque Province ne donnait que ce qui luy estoit facile
8L commun,- 6c chaque Particulier ce qui estait de ſon travail. Les
Ieunes gens au deſſaus de vingt cinq ans, les Hommes au deſſus de
cinquante, les Femmes , ô: les Estropiés estaient exempts de ces
_Tribute ~ ‘
Ils ne faiſaientestat de l’Or , de l’Argent, 6c des Pietreries, que
pour leur beauté , &C leur eſclat ; n’en ayant pas affaire pour acheter
ny vivres, ny habits ,- leurs Terres &leur occupation ordinaire leur
donnant, 8L leur fourniſſant ce qui leur estoit beſoin. Si neant.
mains àleurs heures de loiſir, ils en pouvaient déœuvrir , ils en fais'
ſoient preſent a leurs Curacas ;ceux-cy a l'Ynca, lors qu’ils allaient
le ſaluërä Cuzcozou lors que l’Ynca faiſait la viſite de ſes Estats.
En meſme temps cela estait employé aux ornemens des Maiſons
Royales, au des Temples du Soleil. ñ
Le Temple du Soleil à Cuzco eſtait ſi ſuperbe , &c enrichy de
tant d’Or, d’Argent, &de Pierreries, que cela eſ’c incroyablc.Dans p
ce Temple outre le principal appartement, qui estoit pour le So—
leil; il y en avoit d’autres pour la Lune, pour les Estoilles, pour
l’Eſclair,paur le Tonnerre ,pour la Foudre ,&pourl’Arc en Ciel,
qui estoit la Deviſe des Yncas. Ils estimoient les_ Estailles Damoiſel—
les ſuivantes de la Lune,& tous les autres Executeurs de la Iuſ‘ti—
ce du Soleil : auquel ſeul ils ſacriſiaient des Maurans, Agneaux,
Lapins , des Volailles, des Eſpics, Legumes, Herbes, des Habits Sec.
— Les Prestres de ce Temple eſlzoient tous deſcendans des~Yncas.
Dans les Temples des aurres Provinces il ſuffiſait qu‘ils fuſſent deſ—
cendans des Yncas privilegés,au des Curacas , 8c Gouverneurs de ces
Provinces.lls appellaient Yncas privilegiés;eeux àſqui l’YncaMango
Capàc auoit communiqué ’ce titre 8L pour eux 8c pour leurs Enfans:
\nais ordinairement le GrandPrestre estoit Oncle , Frere , ou vn des_
plus proches parents du Roy; -
Pour faire voir quelque choſe des Richeſſes de ee Temple; Les
uatre murailles qui enfermoienr les divers appartements ou Pa
villons du Soleil , des Estoilles Gee. estoient toutes lambtiſſées de
lacques d’Or. Le Soleil poſé ſur ſon Aurel en regardant du costéd’Orient eſioit d’vne ſeule placque d’Or bien plus eſpaiſſe que lesſſ
autres,& ceste Figure eſloit de la façon que les Peintres nous la
peignent icy 5 vn viſage rond environné de Rayons , &de Flammes;
6c ſi grande qu’elle s’estendoit preſque d’vne muraille a l’autre de
ſon appartement. Dans la priſe de Cuzco ceſre piece eſcheut à Ma
neca Serra de Lequiçano Castillan ,~ qui comme il estoit grand
joüeur, la perdit en joüantla nuict , ce qui ſit dire qu’il avoit joué, 6c
perdu le Soleil en plaine nuict , 8c bien avant qu’ilfust jour.
~ Aux deux coſlés du Soleil estoient les corps des Roys Yncas
decedés, rangés ſuivant leurs temps,& embaumés de telle ſorte,
qu’ils paroiſſoient vivants. Ils eſtoient aſſis en des Thrones d’Or
eſleués ſur des Placques de meſme, accommodées en degrés ou
Marche-pieds. Les Corps des Reyncs eſloient ſuivant le meſme
Ordre dans l’appartementôcaux deux costés de la Figure de la Lu
ne ; là o’ù tous les Ornements , Portes , Lambris , Thrones 6re.
.cstoient d’Argent. ,
Pres de ce Temple il y avoit vn Iardin, n où les Herbes,
Plantes,Fleurs,Arbres; la ou les Animaux detoute ſorte , la où les
Oyſcaux juſques ‘a des Papillons,& des Mouches , eſ’coicnt d’Or,
6c d’Argent; ſi naivement repreſentés qu’ils ſembloient naturels.
Et il y avoit de ces Iardins prés le Palais des Yncas , &c prés la
Maiſon des Filles Vierges voüées au Soleil. Dans toutes les Pro
vinces il y avoit _de ces Temples du Soleil bastis au modele de ce
luy de Cuſco , mais non ſi riches : icy les Filles voilées au Soleil
estoient priſes des Curacas, ou des plus belles , qui ſe trouvoient
dansle Pays. De celles—cy le Roy s’en pouvoir ſervir, non de cel
les qui eſioient à Criſco , reſervées pour le Soleil ſeul; 8c que le
Roy meſme ne pouvoir pas voir.
Encor que ces Yncas , GL que leurs Peuples n’adoraſſent , 8L ne fiſ—
ſent aucun Sacrifice qu’au Soleil ,- les plus habiles d’entr'eux esti—
moient bien au delà du Soleil le Pachacamac r. l’Auteur de l'vni—
uers ,mais que ne pouvansvoir, ils ſe contentoient de ladorer dans
leur interieur :ils avoient auſſi quelque connoiſſance du Delugc vni.
vcrſel, croyoient que les Ames ne pouvoient mourir , 8: que les
Corps devoient revivre. Leurs Amautas ou Philoſophes portoient
leur principale estude ſur la Morale , ſe ſoucioient peu de la Phiſi
que , de laMedecine ,&del’Astrologie ;remarquoient neantmoins
les Equinoxes,les Solffices: appelloicnt les Eclypſes Colere du So
leil, &maladie ou aſſoupiſſcment de la Lune ,qu’ils reveilloient en
4-..::—‘__.=
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faiſant grand bruit. Leurs Po'e'fics estoieſint ſur divers ſujets líon‘n’e'l
\les : leurs Comedies 8c leurs Tragedies ſur diuers accidens de la vie
humaine, ou ſur les Victoires ,85 Triomphes _de leurs Yncas, ou dc
leurs Curacas. p
_Nous ne ſommes entrés que trop' avant en ceste matiere, l’Yn..
ca G. de la Vega dit qu’il y auroit dequoy faire pluſieurs Volu—
mes, ſi on vouloir rapporter ce qu’il y a eu de remarque,ôc de
bon dans l’ancien Gouvernement‘ du Perou; touchant l’ordre
estably pour ſçavoir le nombre des Perſonnes , qu’in avoit dans
chaque villc,dans chaque Prouincc ; quel en’ estoit le' reuenu,
qu’elles Forces il s’en pouvoir tirer ;î touchant les Iugc's , les Cu.
racas ou Gouverneurs, &c autres Officiers pourla Police,ou pour
la Milices touchant les Magazins publics pour les Vivres , pour
les Habits, pour les Armes; couchant leurs Ceremonies, dan'sleurs
Saerifices , dans leurs Festins , dansla Pompe Funebre,&: dans lc
Deuïl qu’ils menoient vne année entiere apres la mort de leurs Rois;
Encor dans l’establiſſement de leurs Colonies , de leurs Eſcoles , de
leurs Couriers ſur ces grands Chemins, qu’ils avoient basti fi ſuper'—
bes , que les R omains n'en ont point eu de ſemblables.- '
Mais comme il dit la plu-part de ces belles Loix , &c de cefce Polici
quea eſlé abolie lors que les Eſpagnols ontesté les Maistres dans
le Pays: 8c adjouste que s’il yavoit eu de la Barbarie avant leRegne
des Yncas ,aprés eux les Eſpagnols en avoient amené vne autre
pire que la premiermles Habiians du ſays n’ayans pas le plus ſou..
vent ce qui leur estoit neceſſairepour la vie; quelque travail,ôc quel
que ſervice, qu‘ils peuſſent ren reä leurs Maistres: qui devraient
ſe contenter des Richeſſes , qu‘ils ont tiré ,8c qu'ils peuvent encor
tirer facilement dela bonté du ſays..
La Rançon d’Atahualpa, le Pillage de Cuſco,& la premiere cour
ſe que les Eſpagnols firent dans le l-erou ,donna la valeur de vingt
millions de Ducats, maisauſſl Pizarre «Sc A lmagrc les deux premiers
cheſs des Eſpagnoïs, qui conquirenr le Perou; &qui firent mourir
Atahualpa, &apparemment encor Guaſcar freres 6c Yncas 5 furent
tellemenr aveugles de l’Or qu‘ilsy trouverenr , «Sc en devindrent ſ1
cruellement avides, que l’vnôc l’antre voulant tout avoir, ils s’entre
firent par apres vnc malheureuſe guerrezôc ala fin ſe ſont aſſaſſinés,
pendus,efl:ranglés, rompus ou coupé le col les vns aux autres;
tant qu‘il n’en el’r pas reſté vn ſeul d'ent'r'eux, ny de leurs enſans,
freres ,&c. là oùil ſemble que Dieu les ait voulu chaſliernol‘n ſeu
“a" ‘lement de leur effrenée ambition , &Z de leur inſatiable avance z mais
auſſi du ſang des Yncas, qu’ils avoient fait mourir injusteinenc , ôc
_du mauvais traictemem qu’ils faiſoient aux indiensz
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CHILI. r4.
E Chili eſt entre le Perou, qui luy est au Scptentrion, a: les Pa;
tagons, qui luy ſontau Midy vers Ie Destroit de Magellan: &E
entre le Paraguay 8L la Terre Magellanique qui ſont a l’Orient , &c la
Mer de Sud , qui le baigne a l’Occident: Sa longueur du Scptentrion
au Midy s’estend depuis le 2.6.degré de latitude juſques au 46.&p0rte
cinqcent licuës :ſa largeur d'Occident, en Orient eſi: entre les 2.96 .6c
302.6: quelquefois 305,6,0u 7. deg. de longitude; «Sc porte auſſi quel
quefois cent ou cent cinquante lieu'és. Mais les Andes le bornans
preſque continuellement vers l’Orient , ſouvent ces Montagnes
s’advancent ſi ſort vers la Mer, qu’elles n’y laiſſent que peu de lar
eur.
On diviſe le Chilien trois quartiers , &c ces trois quartiers en trei—
ze Iuriſdictions : l’vndcs trois quartiers retient le nom de Chili, 6ccomprend les Iuriſdictions dela Serena, de Wllata , 8c dc'ctS. Iago de
Chili, 86 s’eſlend depuis la Riviere de Copiapo, juſques a celle de
Maule ; où ſont deſſus la coste les Ports de Copiapo , de Guaſco , de
Coquimbo,d’où François Drac ſur repouſſé , 8L de Valparayſo, oû il
ſurprit vu Vaiſſeau chargé de vingt cinq mille Pezos d’Or de Valdi
via ,8è de Force vins. Le ſecond quartier s’advance de la Riviere de
Maulejuſques a celle de Gallegos , &s’appelle l’Imperiale du nom
de l’vne de ſes principales villes. Les Iuriſdictions de ceſle partie ſon/t
celles de la Conception,d Ongol ou Villa Nu'e'va de los Confines ou
de los Inſantes, de l’Imperial , de Villarica, de Valdivia ,d’Oſorno, ‘
6c de Castro de Ancud ou Chilve. La Conception , Valdivia , &c
Chilve,ontleurs Ports de meſme nom; celuy de Cauten ſert pour
l’Imperiale. Il y a auſſi Eveſché dans 5 lago de Chili, 86 dans l'Impe
rialc:mais le Gouverneur de la Province demeure dans la Conce—
ption pour mieux tenir en bride les Arauques. Ces deux quartiers dc
Chili &c de l’Imperiale ſont entre la Mer de Sud, 6L les Andes. au dela
de ces Montagnes eſt le dernier quartier Chicuito ou Cuyo , où ſont
les Iuriſdictions de Mendoça, .Sc de San—Iuan dela Frontera. Toutes
ces Iuriſdictions prennent leur nom de leurs Villes principales , outre
leſquelles il y en a quelques autres.
Chili ou Chille en leur langue ſignifie ſroidure : ce qui ſe dit 51’6—
gard des Montagnes de Sierra Nevada de los Andes , qui ſont exrrc
mementſroides; 8c n où regne vn certain vent ſi penetrant 8c ſi ſub
til,bien ue non violent , qu’ilestouffcinſenſiblcmentla chaleur na—
turelle, ait mourir les perſonnes ſoudainement 3 gele, &t durcit tel
lementles corps qu’ils ne ſe corrompent point. Almagre qui le pre—
mier des Castillans a paſſé du Perou en Chili, ſut contraint d’aban
donncricy pluſieurs des fiens r. ôc quelques années apres repaſſanc
dans ccs Montagnes , il les trouva encor debouc , &c quelques-vus te—
le
’nans en ſimain la br‘lde de leurs Chevaux gelés, &a ſur pied auſſi bien'
que les hommes. .
Les Vallées, &IesPlaines , qui approchent de la Mer, ſont bienhabitées S 6L ont l’Air ſain , ſerain, temperé; 5L le Terroirexcellentfiſſc
fertil; bien qu’avec quelque difference , ſuivant qu’il eſi: plus ou
moins eloigné de l'Equateur. Le quartier de Chili debvroit estre
plus chaud que l'Eſpagne , GL celuy de l’Imperiale commel’Eſpagne:
la proximité des Montagnes d’vn costé , &c de la Mer de l’autre , font
que lePays est vn peu plus froid qu’il ne denroit estrezmais aſſezchaud
pour estre vn des meilleurs de l’Amerique. La Vallée de Copiapo
rend ſouvent trois cent pour vn ,- celles de Guaſco , ôc de Coquimbo
ne luy cedent de guere ;celle de Chili efl: ſi excellente qu’elle~com-
munlque ſon nom au pays. Au deſſus de ces Vall'ees il y a des Mines
d'Argent , de VifArgent, de Cuivre , de Plomb , &vn ſi grand nom
bre de Mines d’Or , 86 icy &c par toutailleurs dans le Chili, encore ſi
grande quantité d’Or dans le Sable de la pluſpart des Rivieres, que
certain autheura deub dire que tout le Chili n’est qu’vne Placque
d’Or.
Valdivia qui y ſur apres Almang , &t qui y reüſiir mieux du commencement que n’avoxr fait ſonpredeccſſeur, a tiré vîne tresgrandc
quantité d’Or de cePays ,il fit travaillera diverſes Mines d’Or ſi ri—
ches , que chaque Indien luy rendoit trente ou quarante Ducats par
jour; quandil n’y auroit eu que douze ou quinze Indiens dans ce
travail, cc‘a pouvoit rendre trois ou quatre cent Ducats par jour,
8L dans le mois environ dix mille Ducats , 86 dans l'Année cent ouiſix
vingt mille Ducats. Cela convientà ce que l’Ynca Garcilaſſo dc la
Vega rapporte dans ſon Histoire , que le Comte Valdivia eut pour
ſon partage vnc partie de Chili; 86 que ſes Sujets luy rendoient par
an plus de cent mille Pezos d’Or de tribut: mais que la Faim de ce
metail estant inſatiable, 8c que plus Valdivia en recevoir plus il en
vouloit auÈír,ſaiſant travailler par force dans les Mines , ces Indiens
non accoustumés ‘a vn fi faſcheux travail , ny de ſervir vn ſi cruel
Maiſire, reſolurent de s’en dcffaire, 8c de ſecoüer le joug. Ceux d’A—
rauco, &des environs commencerent la revolte, 8c apres diverſes
rencontres luy defflrent cent cinquante Cavaliers , 8L le prirent.
Ces Arauques avec leurs voiſms s’aſſemblerentiuſques à douze ou
treize millehommes qui aprés avoit esté battus à diverſes fois parVal
divia ,vn vieil Indien, qui apparemment avoit autrefois veu l'ordre
que les Eſpagnols tiennent dans leurs Batailles , s’adviſa de diſpoſer
-les ſiens en pluſieurs Eſcadrons ; &leur monstra comme il faloit que
chaque Eſcadron l’vn apres l’autre attaquast les Eſpagnols;— ôc que les
,premiers Eſcadrons cstants forcés, ils euſſent ä ſe rallier à la queuë
des derniers : ce qui reüfſit fi bien, qu‘à la fin ils laſſerent tellement les
Eſpagnols, 8c leurs Chevaux : que quand ils voulurentſonger à la re
traite ,ils ſurentprevenus , &c entierement deffaits. Aelques—vns di'—
ſent que Validiviaestant tombé entre leurs mains , il ſur attaché a vn
arbre, &ſon Aumoſniera vn aurre prés de luy , ôc cu ſorte qu’ils ſe
pouvoient parler: &c que les Arauques de t'cmps äautre ("bien que ce
n’eust efié leur couſlume de manger de la chair humaine l leur cou..
poyent vn lopin de chair aux Bras,'aux lambes ,_ aux uiſſes, qu’ils fai—
ſoient roſlir , boüillir, griller, ſurvant l’appetit qu’ils en pouvoient
avoir ,- &L les mangeoient à la veuë de ces pauvres patients , tant qu’ils
moururent :autres diſent qu’ils luy leVerent le teſl de la Telle , luy
verſerent de l’Or fondu dans la Cervelle, dans la Bouche , dans les
Oreilles , firent par apres vn Gobelet de ſon Test, des Trompettes
de ſes _Os &c- . '
Apres la mort deValdivia les Eſpagnols ont eu' de grands des-advano'
tages dans le Chili ,juſques ‘a ce que Garcias de Mendoça fils du Vi
ceroy du Perou eut remis partie de ces Peuples en leur deuoir; cc
qui n’a encor ſeruy que pour peu de temps. En 1599. ces Peuples
ſurprircntla Ville de Valdivia, ſe ſaiſirent des Portes,8cdes rin—
cipalcs places, investirenr chaque maiſon afin que rien ne peut é
chapper de leurs mains 's mirentle feu par tout , tuërent ou firent pri—
ſonniers quatre ou cinq cent Hommes, Femmes , Enfans : prirent le
Fort où il y avoit trois cent millePezos d’or, en enlevercnt ce qu’il
y avoit d’A rmes , de Munitions , ô( d’Artillerie.
Apresla priſe de Valdivia l’Imperiale ſur aſſiegée vn ‘an entier, à:
tant qu’iln’y reſta qu’vne vingtaine d’hommes , qui ne ſe pouvans
plus dcffendre,tomberent entre les mains de leurs ennemis : &c en
fin de treize Villes principales qu‘il y avoit en Chili, les fix ou ſept
furent ruinées; Valdivia, l’Imperiale ,Ongol , Ste Croix,Chillian,
la Conception , 6L Villarica : Oſorno fut ſecouru'e aſſez a temps. Les
Hommes qui ſe trouverent dans les villes priſes , furentaſſommés,
ils permirent le rachapt des Femmes en leur donnant pour chacune
vne paire d’Eſperons, ou vnc paire d’Eſlriers,ou vnc Bride de Che
valzpour vne Eſpée ils en donnerent vne demy douzaine, ce Com—
merce neantmoins fust bien toſl dcffe‘ndu par le Vice-roy du Perou;
aîn de ne mettre des Armes , 8c ce qui pourroit ſervir a la Guerre en
tre les mains de ces Barbares.
De celles qu’ils eurent parle moyen de ce Commerce, où qu’ils
gagnerenta la priſe de tantde villes ,85 en diverſes deffaites des Eſ—
pagnols,ils s’en ſont ſeruy du depuis; &c s'y ſont rendus ſi adroits,
qu’ils montent à Cheval, portent la Lance , le 1\-"~ouſquet, &S la Hal
lebarde,ont continué la Guerre de 15, 9.juſques en 1641. que le Mar.
quis Vaydes ſit la Paix avec eux. Pendant cette guerre il arriva vne
choſe de remarque. En 1614 vn Navire de Biſcaye portant du ſe—c
cours aux Eſpagnols qur cſloicnt dans le Fort d’Arauque; ce Vaiſſeau
fitnaufrage ſur la costeÿ, les Hommes tomberent entre les mains des
Arauques , qui les aſſommerent en meſme temps , hors le TrompetI
te ;quiſurle point depaſſer avec les autres, s’adviſa de jouer de ſa
Trompette , ce qui luy ſauva la vie.
Le ſujet de la derniere Revolte des Arauques a esté que apres avoit
ſervy les Eſpagnols pres de cinquante ans, 8c s’estre faits Chrestiens la
pluſpart, les Eſpagnols avoicnt encor enlevé de leurs Femmes , 86 de
leurs Enſans ; pour les vendre auloing , 85 les mettre dans vne per.
petuelle, 8c cruelle ſervitude; c’estce qui les fit reſoudre‘aſecouër
le joug des Eſpagnols , 8c meſme de renoncer au Christianiſmp.
Sous le nom des Arauques on comprend les Habitans des Mon
tagnesôcVallées de Arauco , Tucapel,& Puren; qui ſont entre la
Conception , l’Imperialc , 86 Ongol. La Paix Faite aucc ces Peuples ,
il ne reste preſque plus dans le Chili que les Pulches ennemis des Eſ
pagnols :mais ces Pulches estants au dela des Andes , il y a peu à de
mefler avec eux: &c le Pays s’est remis en bon estat: 8c les Villes
mieux rebasties.
La Conception estä preſent Fermée de murailles de pierre , aucc
vnc Citadelle , 86 par ce que le Gouverneur de la Provrnce y de
meure, bien que le Terroir ſoit ingrat,ſes habitans l’ont cultiuê , ôc ſ1
bien embelly de Iardins , que c’eſt vne des plus agreables demeures
du Chili.Valdiviaest deſſus vn Tertre relevé hors du Sol voiſin de
quatre ou cinq braſſes pour le moins : avecl’art que l’on y a adjousté
c’eſt encor vnc des plus ſortes de tout le Chili , ainſi quelques au.
tres.
La Iuriſdiction' de SanIago a plus de quatre vingt mille Indiens
diviſés en vingt—ſixPartimienros i, deparrcments: celle de l’Impe—
riale en a autant, Oſorno juſques a deux cens mille , Castro de Chil
ve ſeulement douze ou quinze mille 5 ainſi les autres Iuriſdictions en
ont plus ou moins.
Les Naturels de Chili ſont la pluſpart haults de ſix pieds, bien pro -
portionnés , robustes ,diſpos , ont le front velu , 8( horiſſé ; cruels lors
qu’ils ont l’advantage.Le Pays est ſujet aux Tremblemean de Terre,
Les Grains 8c les Vignes qui y ſont , y ont esté tranſportés d’Eſpagne,
&t aujourd’huy ils en ont en telle abondance , que ſouvent ils en fout.
niſſent le Perou: ce qui ſe fait ſacilementpar ce que les Vents de Sud
regncnt dcſſus ceste coste vnc bonne partie de l’année. Ils ſe recueille
encor dans le pays du Poyvre long , &c par tout 11 ſe trouve vn ſi grand
nombre de Bestiaux , qu’il y a peu de Pays dans le monde, qui en ait
tant. Leurs Moutons ſont comme ceux du Perou fort grands.“
Dans les Montagnes de los Andes, bien qu’elles ſoient tresſroi—
des , il y a douze ou quinze Vulcans , qur vomiſſent perpetuellement
duſeu. Ces Vulcans prennent leurs noms de Vallées a la tcste deſ
quelles ils ſont , ou de quelques Villes ô: Bourgadcs voiſines.
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TAŒGUAZW--5zf\‘\N l et divine' cn Quatorze Capri:
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“"'ſi x" u \E - Trajrand nombre de Peuple.] la PJ
chanesscs p r JHCÜMW,EÎ dant l” _Pantin-J J(
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. Chez, l'Auteur
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CAP D'E z LJ‘NÜ”
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III
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BRESIL: 15
. E Breſil ſe prend communernent pour la 'partie lus orientale
Lde l’Amerique meridionale. En 1501. Alvare Cagral'Portugais
ailant ſa route au long des Costes de l’Afrique , pour aller aux In..
des Orientales , vnc grande tempeste de Vents Orienraux le porta
Jen ces quartiers z" où il laiſſa pour memoirevnc Colonne avec les Ar—
mes de Portu‘gal,ôc cela ſuffit pour dire qu’il en prenoit poſſeffion
pour la Couronne de Portugal. Peu apres Amerieq Veſpuce fut
envoyé expres , pour le decouvrir plus particulierement , 8c en ſiiitte
quelques Colonies de Portugais y furent cstablies , 6c le nom d’Ame
rique luy estant donné ‘a cauſe d'Amerique Veſpuce ,' ce nom s’eſi:
communiqué peu apres à tout ce nouveau Continent: mais ce quar
tier particulierement pritlenom de Brcſilä cauſe de ce Bois , qui s’y
crouve en quantité , bien moins ailleurs.
Le Breſil pris dans ſa plus-grande estenduë empOrte la moitié de
l’Amerique meridionale, que quelques-vus 'appellent Braſilienne ,
mais que l'on diviſe en Brcfil , à: Paraguay: Cc Breſil ſeparé du Para
guay, commence 5. la Riviere Amazone ,8c s’estendjuſquesaux Pro
vinces du Paraguay &c bien que cela ne ſoit que du l. De ré de lati—
tude juſques au 2.6. &ne comprenne ue 2.4. ou 2.5. chres de latitu
de ,qui ſont ſix centlieuëss la Coste aiſant vn frand demy-cercle,
n'a guere moins de douze cent lieuës. La Mer e Nort la baigne au
Nord . ä l’Est ,&c au Sud-Eſt,- lc Paraguay , &L lc Perou bornentle re..
ste vers le Sud , 8c l’Oüest. '
Le dedans du Pays est tout inconnu , encor partie de la Coste, nous
ſçavons bien qu’il y a par tout vnc infinité de Peuples tous Barbates,
qui s’entrefont la Guerre , &c s‘entremangent les vns les autres,les di
verſes relations qui en ont esté données juſques à preſent, font men
tion de plus d’vne centaine de ces Peuples : 8c toutefois cela est peu
de choſe à l’eſgard de ce que nous ne connoiſſons pas encor. ' Les plus
fameux, 86 les plus connus, ſont les Margajas , Toupinambous , Oüe'ññ
tacas , Faraibas , Petiguares , Tapouycs, Cariges , Morpions , Toba—
jarcs Bec.
Les Portugais ne ſe ſont ſaiſs que de ce qu’ils ont trouvé de plus
commode deſſus la Coste , &c y ont estably de temps en temps divers
Gouvernemcns,qu’ils appellent Capitanies.La plus ancienne est cel
le de Tamaraca , puis de Pernambuco ,aujourd’huy la plus celebre de
toutes est celle deBaya de todos los Santospu Baye de tous les Saints:
-il s’y en compte juſques à quatorze,qui ſont en ſuivant la Coste , 8c
apres la R. Amazone en allant au Paraguay ,Para , Maranhon, Cia
ra , Rio Grande ,Parayba , Tamaraca , Pernambuco , Seregippc ,
Bahia de Todoslos Santos ,losIſleos , Porto Segura , ,Spiritu~ſanto,
Rio Ianeiro ,6c S. Vicente.
De cés quatorie Capitanies les huit appartiennent immediate:—ſirnent au Roy , les fix autres adesSeigneurs particuliers , qui les ont
acquis , 6c peuplés à leurs deſpens. Elles reçoivent leurs Gou'verneurs
de celuy ‘a qui elles appartiennent , mais qui reconnoiſſentla Suu
verainecé du Vice—roy.
Chaque Capitanie a dans ſesdependa-n‘ces, vnc, deux, ou pluſieurs
Colonies de PortuguaisDansla Capitanie de S. Vincente Santos eſt
la principale,où ſont deux cêt PortuguaispuMeſtiz; a ſon part tres—
bon ô: commode peut recevoir des Vaiſſeaux de quatre cent ton.
neaux. S Vincente n’a. qu’vne centaine de Portuguais ou Mestiz , ôc
ſon portpeucommode; Itanchin GL S. Pol ſont les trois &c quatrième
villes ,celle-cy au dela des Montagnes 6c Forcsts Pernabiacaba, qui
ſont tres-difficiles a traverſer , le chemin y eflant taillé entre les ar—
bres : la ville eſt deſſus vnc Colline , n’a qu'vne centaine de Maiſons,
environ deux cent familles. l’Air y cfl: bon , le Pays aggreable , s’ou—
vrant en dc belles &c Fertiles campagnes par trois- collés s n’y ayant
que la Montagne ,8c Forefl: Pernabiacaba , qui la lorne de l'antre.
Ceste Capitanie manque de Sel ,de Vin , 65 d’Huer z il s’y trouve
en recompenſe toute ſorte de Fruits, pluſieurs Mines d'Argent dans
les cnvironsde S. Pol. Ourrc ces quatre villes Philippeville est vnc
habitation forradvancée dans les Terres , 8c vers le Paraguay au deſ
ſus de S Vincente. Paratiningafufl; ruinée parles Barbares en 1600.
La Capitanie de Rio Iancro prend ſon nom de ſa Riviere , que les
François ayans aucrcfois deſſein d’y cstablir vne Colonie ,, appel
loicnt Ganabara. Villcgagnony fust en 1555. GC les Portuguais s’en»
faiſirent en 1558. y bastircnt la ville de S Sebaſtien' ‘a l’emboucheurc
du. Golfe, que la Riviere fait tombanten la Mer: &c plus a l’Occident
ils y ont encor baſty du depuis la ville d’Angra de los Reyes. Ceste
Capitanie a beaucoup de Brefil,de Coton,& de Vivres, point de Suc
cre. Les Toupinambous occupaient ces Wrtiers lors— que les Fran
çois y ont eſizê. Les Portugais en estans les Maistres , ces Peuples,
n’ayans peu s'accommoder a‘rlcur humeur , ſe ſont diſperſés plus auät
dans .le Brefil; 85 quelques vns juſques vers Maranhan.. Ces deux
Capitanies Rio Ianeiro , ac S Vincente ſont deçà 6c dela , ou plustofl:
deſſous le Tropicque du- Capricorne .—
La Capitanic de Spiritu Samoa vn des' meilleurs Terroirs de tout'
le Breſil, mais pen de Succre. Sa Riviere s’appelle Paray-ba d'vn
nom commun ätfois Rivieres dans le Breſil. L’vne est au del‘aqde S. -
Vincente,la ſeconde celle‘ cy ,la derniere baigne lav Cap'itanîe de
I’arayba: celle qui baigne Spiritu Santo est forte 8c aggreable. La
ville nz’a que deux cents: tant de familles de Portugais , les M argalasz
6c Tapuyes ſe ſont fait eonnoistre dans le pays.
Porto-Segura appartient au Duc d’AveirO , a eu trois Colonies;
S. Amara , S.. Cruz ,66 Porto Segura; qui—cou-sñyoms a csté la prenne‘
ſire ,la meilleure',8c ~qui 'eſke Îujobrd’liuſiyſi telle ſeule. Le Ter.
roir y est ſi fertil en Grains,en Fruits,qu’il en fournit aſcs Voiſins z il y
a auſſi du Succre. Les Hollandois ontattaqué cette'Colonie a diver
ſes fois , mais ſans effet. _
Los lſleos appartient‘a Dom Luca Giraldo Portu ais, ellea estélon -temps perſecutée par les Guaymures , peup'es dges plus barba—
res u Breſil. Les Reliques de S. Geoîge y ayant esté apportéegles
Colons en ont repris courage , &c repou é plus hardiment ees Barba
res. La Riviere qui baigne la ville, fait moudre huict ou dix Moulins
ou Engins a Succre.
La Capitaine de Bahia de Todos los Santos prend ſon nom de»
la Baye ou Sein , où eſt S. Salvador ſa ville Capitale. Celle Baye ayant
ſon ouverture ‘a la Mer de huict ou dix licuës , 8c ſa profondeur de
douze , quinze, ou vingt braſſes partout, enferme pluſieurs Iſles;
dontla plus advancée vers la Mer eſl: Taperico. Ceste Baye ſe fait
encor diverſes ouvertures juſques 5. quinze , ou vingt lieuës dansles
Terres , d’où elle reçoit les Rivieres de Pitange , Gereſi e , Cacheta,
86 d’autres,avec chacune leur petit Sein. Pieters Heim aisant pour la
Compagnie de Well-Inde , entra dans cette Baye en 162.7. y prit plu.
ſieurs Vaiſſeaux , 6L la pluſpart a la veu'e' 8c de la Ville , 8c de ſes Forts.
La Ville de S. Salvador est en la partie plus Scptentrionalc du Gol
ſe , deſſus vnc Colline,8cvers la Mer: elle regarde ſon Port fait en
demy cercle ,dont les deux pointes ,ou extremités ont chacune leur
chastcau; S Antoine vers la Mer , &c Tapcſxpe vers la Baye.
Ceste Capitanie eſ’c la mieuit peuplée , 8L la p'us riche de tout le
Breſil : il y a quarante ou cinquante Moulins à Succre , la pluſpart aux
environs de ceste Baye, &partout force Coron 5 ô( ſe trouve ſur la
coste de l'Ambte—gris. La Ville est peuplée&grande,le Vice roy
du Breſil pour la couronne de Portugal y ayant ſa demeure, 8c vn
Eveſque , 8: divers antres Officiers. Le College »desP.Ieſuites y est
magnifique , encor quelques Bastïmcnts ublicqs.En 162. 4. cefle vil
le fust priſe par la Compagnie de Well Inge ,re riſe par les Eſpa nols
6c Portugais en r 5 2.5, priſe encor , 8L repriſe du depuis a diverſes Fois. ~
La Capitanie de Seregippe del Rey n’a qu’vne petite ville , 6L Oli
vcra est preſque ſeul, qui luy donne ſon tangentre les Capitanies du
Breſil , on fait estat qu’il y a des Mines—d‘argent; ~
Celle de Pcrnambuco est vne des meil cures de tout le Breſil, poſñ~
ſedée par les Albuquerques. Les Portugais y ont estably juſques a
treize Colonies, dont Olinda estoitla principale—,belle ville , 8( plai
ſante; poſée ſur diverſes Collines , vers la Mer. Le College des P. Ie
ſuites y estoit magnifiquement basty, fort riche, 85 poſſed—oit pluſieurs
maiſons dans la ville , pluſicurs lngeños a &Y nombre de Bestiaux a
la Campagne. Il y avoit auſſi vne Egliſe Collegiale z divers M onaſle
res, pluſieurs Paroiſſes ôÿ-Chaſ elles. Ony falloir estatdc deux mil.
ie'i'amílles de Portugais ſansles Eceleſiai’tiques, 8L les Eſclaves, qui
y estoient en grand nombrezôc entre les Portugais deuxcentfamillcs,
qui poſſedoient .chacune vingt cinq ., trente , quarante , cinquante
mille Cruſados 86 plus.
De la Ville ilya vne langue de terre qui s’advance ‘a la Mer, &c
au bout de laquelle est leReciF , Bouc peuplé s ou les Navireschat
gent, 'ôc dechargent leurs Marchan ſes. Ceſte place s’eſt rendue
'fameuſe de nostrc temps,ayantesté diſputée pendant pluſieurs an—
nées entre les Portugaisôc les Hollandois, ceux—ey à la fin cn ayant
csté chaſſés par les autres.
, Outres les Colonies il y anombre d'Aldées pour les Indiens' , a;
Jprcsdecent lngeños. On aremarqué ,qu’en chaque année il ſe tire
de Fernambouc quatre vingt ,quatre vingt dix , &t quelquefois cent
Vaiſſeaux chargés la pluſpart de Succre, quelques-vus de Breſil:
remarqué encore qu’en l’eſpace ſeulement de quatre ans , qui furent
162.0. ar. 2.2.. zz. il s’eſt tranſporté d’Angola, qui est de l‘Ethiopie en
cette Capitanic , quinze ou ſeize mille Eſclaves , pour travaillera4eurs Succes ,&äleur Breſil. 'ſi ‘
Le Terroir y ‘ef’t gras , fertil , &c les Cannes de Succre y vien
nentä plaiſir deſſus les Collines, 8c dans les Vallées : 8c le Bois de b‘re
'fil ſe tire en quantité prodigieuſe dans la Foreſt Gran Mato de Bre
fil , à vingt lieuës d’Olinde. Toutes ces commodités avec la bonté de
_de ſes Pastures font que l’on appelle Ceſte Capitanic le Paradis du
Breſil.
Mais en 1630.31. 32.. la Compagnie de l’West—Inde dans les Pays
-bas ont pris 6c rumé Olinde , puis S. Auguſtin 8c preſque toutes les
Fortereſſes,que les Portugais tenoient dans cesteCapitanie: n’en ont
eſié chaſſés quede temps en temps , 8; meſme du Reciſ , il y a trois
ou quatre ans. ~
Tamaraca ei’c la plus ancienne Capitanic, &la plus petite qu’il
Fait dans le Breſil 3 celle de Fernambouc la ſerrant d‘vn costé, &î
arayba de l’autre. La Popcliniere dit que les François l’ont poſſedê
autrefois, œ que le Port dos Francezes en retient encor le nom: les
Portugais nous en ayans chaſſé, ontbasty leur Colonie dans vne Iflc
longue ſeulementde trois ou quatre , &c large de deux ou trois licuës
la Capitanic nc S’eſiendant gucre audehors de cestelfle : mais la fer
tilitéen est admirable. Les Hollandais en ont eſté les Maistres quel—
~ ques années.
La Capitanic dc Parayba a encor eu ſes commencemcns par les
François des \584. les Portugais s’en ſaifirent bien tost apres,& ſa
Principale ville Parrayba fut appellée par eux Philippine , ou Nra
Sra das Nieves ; 65 par les Hollandois , quand ils en ont esté les
Maistrcs Friderickstat : elle est à deux ou trois lieuës de la Mer , l‘a
où laR Parayba tombe,ayant deux Chastcauz deſſus les deux par
ties
.~*~——-——.__
ties qui ſiniſſent , 8: qui deffendcnt ſon entrée; celuy dela main droi
'- te eſt Capo Delo, oû @mercie de Ste Catherine; l’autre Capo de]
ññk-läï_
ſi"”"~"Kun-IH;-r-qu~-.
‘WW1"""**ML-MVT“…L-‘-......-:**ï—:Edv
.'—-....::-._ñ.
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LJ"~ *l'a-ï.-a..Jn...“-
Nort , où est le Fort de S. Antoine.
Ceste Capitanie touche au Nord R Grande, au Sud Pernambu
eo , enfermant celle de Tamaraca ‘a l’Oueſt : la R. Parayba la diviſe
en deux parties preſqu’eſgales. Les Habitans s’addonnent‘a cultiver
les champs , où ils poſſedent leurs Heritages, Mettairies, 85 Ingeños
magnifiquement bastis. Ces ln eños ſont les Moulins, qui ſervent ‘a
pilerles Cannes de Succre 5 ba is aulong des Rivieres ,avec leurs
champs ou clos, où ſont‘ les Cannes, BC quelques Boſcages d’où ſe
tire le Bois pour faire la cuiture du Succre. Et quelquefois ces In
gcños ſont fi grands , 8c ſi amples qu’ils contiennent outre la Maiſon
du Maistre , qui est bien bastie , pluſieurs autres ,- ſoit pour lesPor‘tu
gais , qui les ſervent 5 ſoit pour les Negres,& Eſclaves, qui leur appar
tiennent : 6L leur nombre monte ſouvent à cinquante , ſoixante , quad
t revingt, 8( quelquefois a cent familles: il y a vne vingtaine de ces
I ngcños dans la ( apitanie de Parayba.
Le Terroir y ell inegalcn Montagnes ,Vallées , Campagnes: les
Campagnes ſont pour les Succres ,les Vallées pour le Tabac, pour la
Mandioche 8: our les Fruitszles Montagnes pourles Bois: les Terres
qui ſont cultivees rendent cent pourvn. Les Pa ſiures nourriſſent for
cc troupeaux de Bœufs , Moutons , Chevres , Pourceaux ,’Chevaux,
qui ſont d'vn grand travail , il y a des Volailles de toutes ſortes , entre
autres des Perroquets excellens à manger.
Les Originaires duPays ont quelques Aldees, 1. Villages baſlis a
leur modezchaque Village n'ayant que quatre , cinq , ou ſix maiſons,
mais fort longues comme des Halles 5 6c 1a où ſont quatre , cinq , ou
ſix cent , quelque ſois mille, douze, quinze cent habitans; leurs M eu
bles n cſlans que leurs'Hamacques. l. Licts ,leurs Arcs, &leurs Fleſ
ches, 8c de la Mandioquc. '
Dans chaque Aldée ils ont vn Capitaine qu’ils choiſiſſent entr'eux,
&a on lent donne vn Portugais pour voir ce qui s’y paſl'ezil y a de cesA l—
dees dans routes les Capitanies du Breſil, ſix principales dans celle de
Parayba, autant dans Riolanerio, trois en Tamaraca , trois en Per
nambuco , ainſi dans les autres. _
La Cap. de R10 Grande où de Pocengi a encôr eſté aux François,apreſisqu‘ils eurent quitté R Ganabara: &c icy ils firent alliance avec
les Petivares 'des 1 an 1597. Feliciano Ceca de Caravalaſio capitaine
de Parayba vint les attaquer, ſans les pouvoir mettre hors pour ceste
ſois ; ils en ont cil é entierement chaſſés en 1601. Les François aVOient
decouvert vne excellente Mine d'ArgentàCopooba , 85 vne autre
d Eſmeraudes prés la Baye‘de Moncourou , entre Rio Grande 8c Sia—
ra , 85 de Riches Salines pres la pointe de Salinas: la principale for
tercſſc que les Portugais ont icy est los Tres Reyes ,ñ ou les Trois
\Pc
Roys a la main droictc dela Riviere;
La Coſte du Breſil depuisle Cap de Friojuſques au deca de ccluy de
S. A ugustin,voire íuſques au milieu de la Capit. de Potengi,vicnt du
Midy au Septentrion , ®arde continuementl’Orient: le reste de
ceste Capitainie, &celle de Siara, de Maranhan, ôc de Para vont
de l'Orient en Occident, regardantle Septentrion,8c ſont les plus
proches de la Ligne Equinoctiale, la coste de ces quatre dernieres
Capitanies n’ont pas moins d’eſ’cenduë ſur la Mer ,que celle des dix
autres enſemble , mais elles valent bien moins.
Siara eſt parmy force peuples Barbarcs , il-s’en tire ne'antmoins du
Coton,du Criſtal ,des Pierretics ,6L pluſieurs ſortes de Bois,- il s’y
trouve auſſi force Cannes du Succre, qui ne _ſervent de rien,n’y ayant
point d’Engins a ſuccre dans lc pays. '
Maranhan est vne Iſle ,laquelle avec quelques autres ſe trouve
- dans vn Sein ou Golfe d’environvingt cinqlieuës de long 8c de lar—
ge , il n’y a point icy de Riviere de cenom,comme quelques vns
ont creu. Cette Iſle a quarante cinq lieuës de circuit, vingt ſept
Villages , dont Iuniparan eſt le principal; ä; en chaque village trois,
quatre , cinq _. ou ſix cent hommes; de ſorte que les François y
cstants faiſoient estat de dix mille hommes dans cette Iſle.
L’Air y cst 'ſain , ſer-ain ,les Eaux excellentes , &c qui ne ſe cor—
rompent preſque point deſſus la Mer. La Terre auſſi fertile , qu’il
Ay en ait cn Amerique: fournit‘du Bois deiBreſil, du Safran,du C0—
ton ,dela Teinture rouge',de la Lacque,du Baume,du Tabac , duPoyvre, &c quelquefois de l’Ambre,gríſis, qui ſe recueille ſur la coſle
le Terroirauſli ſe trouve propre au Succre,diſent qu’ilya des Mi
nes de Iaspe , du Christal blanc, 8c rougeastre , 8c'. qui paſſe en dure—
té les Diamants d’Alençon. " ~
Le Tapouy tapere 1.Pays des Tapouyes eſt vnc autre Iſle à l’Oueſt
de Maraonan : la Mer estant pleine enfaitvne Iſle , estant baſſe il n‘y
a que des ſables, qui la ſeparent dela Grande Terre. Le Terroir eſÎ:
encor meilleur que ccluy de Maragnan , il n’y a. que quinze Villages,
le premier portant le nom duPays s ils ſont plus grands &mieux peu
ples que ceux de Maragnan.
A l’Occidentde Tapeuytapere ,&en terre ferme Comma villa
ge , Riviere , &c pays de meſme nom , ne vaut pas moins , 6c ſes quinze
.ou ſeize villages ſont autant peuplés comme ceux de Tapouytapere.
Entre Comma, 8: Cayette -qui approche de Para il y a divers peu—
ples , qui deſcendent des Toupinambous, comme ceux de Maran—
han &c de Comma deſcendent des Tapouyes : mais les premiers
ſont ligués enſemble ,6c font mauuaiſc uerre contre les autres.
Les François ont encore eu l’Iſle de Maragnan ‘a diverſes ſois.
Ribaut y fust en 1594. la Ravardiere en 1612.. ccluy-cy choiſit vne
place commode d'ans l’Iſle ,6: y baſlit le Fort de S. Louys. Les Por
tugais les en ehaſſerent en 1614. &y ont basti de nouveaux Forts , S
I—ago , &E Nr_a. Sra. Entre les Rivieres , qui tombent dans le Golfe
de Maranhan, Miarj est le plus grand, puis Taboucoutou. _ .
La Capitanie de Para a ſon-Fort quarré ſur vn Roc eleué de
quatre ou cinq braſſes hors du ſol voiſin, ilya quatre ou cinqcent
Portugais, qui recueillent dans le (pays du Tabac, du COton , du
Succre. Celle Capitanie tient au ela des bouches de l’AmaZOne
Corupa , Eſtiero , ,Sc entre les bouches de celle Riviere Cogemine.
Le Breſil a l‘Air douxôctcmperé,quoy que ſous la Zone Tor—
ride ;les Ioursôc les Nuits y estants preſques egalcs, la ſraiſcheur
de la Mer, des Rivieres 5c des Roſées ordinaires y contribuent
beaucou :les Orages 8c les Tonnerres s’y rencontrent peu ſouvent:
_ac s’il y eclaire ſur le ſoir , c’eſl ſans bruitzs’il tonne ,c’estſans fou—
dre,ce qui fait voir encor la bonté de .l’Air eſt que leurs Serpens,
Couleuvres,Crapaux, &c. y ſont ſans venin,est ſervent de nour
’riture aux habitans. Le Terroir neantmoins eſt plus propre aux
Fruits , aux Fastures, 8c _aux Legumes qu’aux Grains , &c aux Vi
gnes de l’Europe. On y porte ,du Vin , 65 de la Farine , le Bled
estant ſujet aſc gaster ſur Mer. Les Originaires ſe ſervent de Ris , &c
de la Maniodche pou'r faire leur pain.
Ils ontauſli quantité de Legumes,d’Arbres Fruitiers, d’Herbes,
d’Animaux a quatre pieds ,d’Oyſeaux , 6c de Poiſſons , qui ne nous
ſont point communs; pluſieurs ſortes de Palmiers dont ils .tirent de
grandes commodités Le bois Breſil vient de leur Araboutan arbre
puiſſant , &t qui n’a point de fruit. Il y a quelques Mines d’Or , beau—
coup plus d’Argent,force Perroquets. Entre les Guenonsily en a
de norres , 8L de diverſes couleurs, la pluſpart fortmignones. Mais le
Hay eſl: fort laid , a; diſent qu’ils ne mangent paint. La Peau du
Tapirouſſoucorroyée estſi dure qu’il s’en 'fait des Rondaches que
les Fleſchcs quelque fortement qu’elles ſoient deſçoehées ne peu
vent perçer.
Les Brcſilieus ſontde moyenne hauteur , la teſte groſſe , les cſpau
leslarges, la couleur rougeacte , la peau bazannéc ;vivent juſques
àeent cinquante ans , ſans autre ſoucy que de la Guerre, 8c de ven
geance : vagabondent la pluſpart du temps , chaſſth , peſchent, paſ
ſent le temps en feſ’tins: où la_Mandioche leur fournit du pain , leur
Cumin de Boiſſon,& la chair d’Animaux, ou de leurs Ennemis bouà
cannéc,0u quelques poiſſons ſont leurs mets les plus delicieux.lls
ſe peindent de diverſes couleurs ,~ 8c par tout le corps , où ils ne laiſ
ſent aucun poil , non pas meſme aux ſourcils , mais ſeulement vnc
_couronne autour de la teste,s’agencent vn os bien po'y, ou quel
que petite pierre estimée entr'eux a leur levre de deſſous, &c aux
jou'e's: d‘autres ſe decoupent laſipeau par figures , &Z en y meflant
cert. ine tzinture cela ne quitte jamais: ils ſe font des l pnnets ,des
Fronœfflïx 1 d‘3 _FW-26$, Rabats , Colliers ,des Manteaux , Ceintu
res , lattictes, Braſſelets avec des Plumes de diverſes couleurs. Les
Femmes laiſſent crorſtre leurs cheveux , &c les laiſſent ordinairement
pendre ſur leurs Eſpaules. Les Braſilicns qui ſe ſont arrcstéſis prés ;'es
Portugais ſe ſont faits Chrestiens la pluſpart , les autres vagabondent
ſans Religion. '
ſ u Y a, VHF ſi grandedíverſité de langues entre eux , que. Iarric aſ
c“ſc ‘lu 115 fn cſl’ des—ja remarqué de ſon temps ſorxante differentes,
6c encor qu ils n ayent aucune ſcience , ils ont quelque connaiſſan
ä? du Wu“ du S03‘311de la Lune 6c des Estoil’cs 5 leur donnent
12's? noms , &c appellent les Eclipſes Nuits du Soleil , 8c de la
Tout le' bors de Breſil appartient au Roy de Portugal , n’efiant'
permis aux particuliers d’en traffiquer :leur Richeſſe provient des
HUËICS dc ſhlcincl, des Confitures , Conſerves , Petun , Argent,
Currs , &autres Denrées , mais principalement du Succre, n’y ax ant
Pays au monde d’où il S’en tire tant que du Breſil. L Iſle de Made
re n‘a que huict ou dix Engins à Succre ,l’Iſle de S. Thomas peut
cſlre moins; il y en a quatre ou cinq cent dans le Breſil. l
uant aux noms de Mestis 6c de Mulates , qui Cc ſont rencon—
trés icv deſiils à diuerſes fois , il faut remarquer que' les Fortu—
gais s’cſians icy estably dés y a long temps , 8: y ayans fait tranſ
porter de temps en temps vn grand nombre de Negres, &c de Ne
teſſes pour s’cn ſeruir. Ce meſiangc de diverſes Nations , 6c de‘
diverſes Couleurs , a fait que pour diſtinguer les Enfans , qui
en naiſſent , ils appellent Mozornbo, ceux qui viennent de Pere,
6c Mere Europeens; Mestis ou Mameluco , qui d'vn Europeen, &C
d’vne Braſiliennc; Mulates , qui d'vn Europeen &t d”vne Negreſſe;
Cariboco , qui d’vn Braſilicn , .5c d’vne Negreſſe; Criolo , qui de'
Pere,& Mere Ethiopiens : &c bien plus il s’y cst veu vne Ethio—
pienne,& dont le Mary eſioit auſſi Lthiopicn , accoucher de deux
Gemeaux,l’vn noir, 6c l’autre blanc: vnc Braſiliennc 8c ſon mary
Braſilien accoucher dc deux autres Gemeaux; l’vn blanc, BL l’autre
Noir: GL aſſcz ſouvent les Blancs ont des Noirs, les Noirs des Blancs;
86 il s’y est veu meſme des Ethiopicns blancssc'cſla dire , qui ont
dans les traits du viſage, 8c dans les chcucux les meſmcsproportions
que les Ethiopiens S maisla peau &la chevelure blanches.
Au devant du Breſil regne vnc ſuite de bas Rochers , qui n’a que
fort peu delargeur , mais qui continue preſque tout le long de la
costc ,' 86 ne laiſſe que certaines ouvertures par ou les Riviercs ſe
dechargent dans laMer ,les Vaiſſeaux qui vont au Breſil ou qui en
retournent,paſſent neceſſairemcntgar ces Ouvertures où—il fait quel .
que fois dangereux
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A? ' 1 .ù Lobo.: PARAGUAY. '
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illIIIIIIrLIl
TA RAGVAT ou R10 de [4 _PLATAſ :[6
A Province de Paraguay, ou de Rio de la'Plata( autre que la -
LRO-vince de la Plata au Perou) ef’c ſur la Riviere , .que ceu‘x
u Pays appellent Paraguay, les Eſpagnols Río de la Placa , d’où
elle tire ſon nom. Nous pouvons comprendre (bus ce nom de Pa—
raguay, ou dc Rio vcle la .Placa tonnes les Provinces circonyoiſines ,7
A( qui ſon; ſur les Rivieres ,quicorn-benc dans œllede Paraguay; 6c
les confiderer en trois , ou en ſept parties: @avoir en Paraguay , ô; Rio
de la Placa , qui feront la plus haute , 6c la plus baſſe partie de ce qui
eſi: deſſus la Riviere; .en Cham .6L Tueurnan', quiſoncdeſſus les Ri
.vicres , qui-y deſcendent 'ädroire :-&c en Parano. , Guayr, 6c Vraig , qui
(ont defi-'us les Rivieres qui ~y [deſcendent a gauche: .celles-Gy ſont vers
le Breſil, &la Mer de Nord .i ,les deux autres vers le Perou , 6c :le
Chili , les deux premieres 0cm. ,em le milieu.
'La Riviere de Paraguay, ouÏe la Placa rire ſes ſources du Lac de
i ~Xarajesſur les confins du Perou,,&du Breſil; 6c deſcendant du Se;
pcenrrion au Midy tourne à lalfin au Sud-Est, reçoit—nombre debelles
Sc grandes Rivieres en rge autres le Pucomayo , le \’ermejo ô Balado,
la Carçaräne d’vn .costés le Gua-xarapc,le Parana,'& 'Vrvaig de l’autre.
Le Paraguay tombant dans la Mer ſe ſaic vnc ouverture decin
quance &cant de lieues ; entre les Caps de Ste Marie , ôc de Saint An
toine :BC a cent ou cent cinquante lieuës avant dans les Terres , il
porte desja dix ou douze , puis en deſcendant quinZe,vingr,ou vingt
cinq lieuës ..de lar eur. Mais il eſt peu profond , 8; ſort embaraſ
ſé de Bancqs ,6L e -Rochers , qui auec les orages , qui s’y elevenr
ſouvent , 6c ſoudainement du collé dc Midy , rendent la navrgacion
perilleuſe.
La Prox ince .parriculiere du Paraguay , dans le plushaut de 'laRi
-vierc est peu conneuë, 8c les Eſpagnols n’y ont aucune Colonie .- por
ce nean[moins _ſon nom commun avec celuy de :la Riviere , 'Ze le com—munique à tous les quartiers circonuoiſins. .Les v:'lï’euprlcs n’y ſont
.point fi barbares que dans le Brcſd : quelques—vus s’addon-nenr a
l’A griculture, doncles Hommes ſon: le_ principal labeur, &t les Femñè
_mes , la Moiſſon :ils—ſçavcnc'filer leur Çocon, 8L en faire des Eflof
fes , 8L des vcstemenrs : A u deſſous deParaguay est la Province ,dc la,
Plata l‘a où les Eſpagnols ont [quelques .Colonies ; l’Afl'omptijon œ
Buenos Ayres en ſont les plus belles ~,* puis Las Sierre Corrienres, 'Sta
-Fé, 8c S Spiricu ou Torre di Gaboco: les-deux …dernieres 6c Buenos
Ayres ſont ſur la Rive droite, -Ë‘Afl‘omprion .las Cort-lentes .à ganz..
che , 5c celle ~c atrois cent oudeuxeen &names de la :Mer,
Buenos Ayres a peu moins _decent , S. Spirit-.1a cent cinquante , Sta
fé peuplus.L’Affmnp.cion _cstſur le 'Paraguäïfenlghs 'SictceCorrien-g
- … ~. z"x' I
~.;.\..‘ l
TTR?e
ſe‘s n où le Parana, S. Fé l‘a où Rio Vermejo , S. S píritu la où la Car;
garane,& Buenos Ayrcsla où le . . . . . tombent dans le Paraguay.
Cc nom de Paraguay efl: le naturel du pays , &c ſignifie Rivieſi
re des plumes ,ſoitä cauſe qu’il s’y trouve vn nombre inſiny d’Oyd
ſeaux , dont les plumes ſont variées de tres belles , 8C vives couleurs;
ſoir à cauſe que ceux dupays s’ajustent, 6c ſe ſont braves avec ces plu
mes. Le nom de la Flataa esté donné par les Eſpagnols , ô: ſignifie
Ar ent: parce que le premier Argent qui leur eſt venu du Perou, çà
este parle moyen deceste Riviere.
Chaco à ſon Terroir gras, ſerti] , &r entrecoupé de pluſieurs Rivie—
res. habité de diverſes Nations, dont lesIdiomes ſont bien differents.
LesTobares ont cinquante mille am'es,lesMathaguaicis trente mille',
peuple in dustrieux , mais non ſi Vaillants que les Chiriguagnes nation
fort estimée, &t qur ne veutſouffrirles Eſpagnols -.' ils ſont continuel
lement la guerre aux Mathaguaicis, 8c rende-nt Eſclaves autant qu'ils
c'n peuvent attrapper : ce qui fait que ceux—l‘a appellent les Eſpagnols
ä leurs ſecours. Les Moconios , 86 Zipatalagai's ne ſont pas mom’s
peuplés que les Tobares, 8L tous ſi valeureux en guerre,que les C hiri
guagnes n’oſent les attaquer. Les Churumatcs ont vnc belle langue
.8c fort aiſée. Il y aencor vnc autre Nation , dont la langue ,a ce qu'ils
d-iſent,äpeine cedera a _la Latine, ma~sla beauté des Orcchons eſ’t
dans la grandeur de leurs Oreilles; la pluſpart de ces peuples ſont
bien Faits, haults de ſix pieds ;d’vn naturel doux , &d’vn eſprit vif.
Le Tueur-nan eſt fort grand , 8c n’a pas moins de trois cen—tlieuës de
long , 86 de large ,- &c neanmoins ne touche point a la mer, dc quelque
coſié que ce ſoi—t : la Plata le borne ‘al’OrientJ'e Chili ‘a‘ l’Occident',
le Perou 8c le Chaco au Septentrion , la Terre Magellani'cque au
Midy. l’Air 6c le Terroir y doivent estre excellents , le pays ſi: deſga
geant de la Zone Torri—de s 8c s’advançanr vers le milieu de Ia Zone
Temperée :—8c preſque toutes-lesRivieres y ayans leurs cours vers l’O
rient, ce qui apporte quelque ſraiſcheur. Et d’ailleurs ils n’ont preſ—
que que deux ſaiſons cn l’Année , chacune de ſix mois -, I Esté depuis
environ le ao. Mars juſqucs au ao. Septembre, &L l’Hyuer de Septem—
bre ,iuſques en Mars. v
Entre les Peuples de ces quartiers les Tucumans ſontles plus fa
meux, puis qu’il-s ont donné leur nom à la Province, puis les Zuries ,
Diagu'ites les Castillans y ont cstably diverſes Colonies afin— d’avoir'
communication-des Provinces dela Plata avec celles de Perou , 8c de
Chili. Sanſago de l—Estero autrefois Varco , eſt a m'y-chemin d’entre‘
Buenos Ayres &c Powffi ;deux cent einq’uante l—ieu'és de celle—cv, 6c
peu moins d‘e l’authe- Vn-BVeſq'ue,,le Gouverneur de l'a-Province , 85
divers autres Officiers duRoy y demeurent. le Terroir fournit de la
matinCoton,de la szchenille,du Gucde, dontilsfont &L teindent‘
L
É'.
leurs manefactures , qu’ils portent aux plus prochaines (Îapiranic:
du Breſil , &5 en tirent vn grand profit.
Apres Sanlago del Estcto , il y a encor ſur le chemin du Perou, S.
Miguel de Tucuman,N Sa de Talavera, las Iuntas, S. Salvador,
Salta, &c. Corduba est d’vn aurre collé , 8L 1a où ſe rencontrent deux
grîds C heminszlivn de Buenos Ayres àPotoffi arSanIago de] Estero;
l’antre de S. Fé &L de Spiritu Santo à Sanlago 'Elïremadura en Chi
li par C de San Luyzzce qui rend la place de conſideration: Oum:
que l’Air y cst temperé ,- 8c le Terroir fertil , aggreable , 8c qui donne
des Grains , des Fruits,il y a du vin, du ſel, 8c bonne Peſche dans les
Rivieres ,force ſauvagines dans les bois,& apparence de quelques
Mines d argent dans les M ontagncs: la Colonie ell de trois cent, au
tres diſent de ſix cent Eſpagnols. Leur principal negoce eſt du
collé du Perou , &c de Chili. a
Les Provinces de Parana, Guayr 8L Vrraig paſſent ſous le nom de
Paraguay dans la Relation que les Peres leſuites nous en ont donné
en 1656. 8c 1637. elle porte que ces Peres ayant preſenty de long
temps qu’ilyavoit icy vn nombre infiny d’ames , qui ſe pouvaient
convertir au Christianiſme: ils ſe jetterent parmy ces Barbarespppri—
rent leurs Langues, les retirerth des bois , des M ontagnes, 85 des Ca
vernes les plus cachées; les aſſemblerent en diverſes Habitations 6c
par ce moyen les ont amené à vne vie ſociable : 8c leur ont enſei
né le Labeur ,les Arts plus neceſſaires,les Manuſactures ; puis a lire,
cſcrire,chanrer la Muſique, danſer , jouër des insttuments ,~ &z ſu-z
toucles ontinflzruits dans la vraye Religion, &c formé dansles Excſ.
cices de la pietê C hrestienne.
Ces Habitations ont elles faites la pluſpart en' r 626 .8c ſont compoſées
chacune d’environ mille familles > 8c chaque famille outre le Pere, la
M ete, ô( les Enfans reçoit ſouvent quelques perſonnes d’aage, qui ne
ſont plus en estat de trauailler; ou quelques enfans , qui n’ont plu-s
de Parens. Dés qu’vne Habitation estestablic les Peres y introdui
ſent le Gouvernement , qu’ils doivent ſuivre ;leur donnent des Ma_
giflrats,& des Officiers choiſis d’entre les plus capables de leur corps-s
leur Font voir la Police , 8L les Reglements ,qu’ils doivent 0b ſerver;
prennent garde que les Champs qui. ſont affignés à chaque famil
les ſoient labourés , &C enſemencés- dans le tem-ps neceſſaire* ,- que
leurs Troupeau-x ſoient bien entretenus: 6c s’il arrive entr’eux quel
que difficulté,c‘c que les Peresordonnentpaſſe comme vn Arrest ſans
aucune plainte ou murmure.
De ces Habitations la l‘arana en acinq :1 &Ignace ſur la Riviere de
Tibiquari, Itapoa ou l’Incarnation , 8c le S. Sacrement ſur la R. de
Parana,N. D.d’Yguazu ſur celle YguaZu. Acaraig ou la Nativité
de N. D.encor ſur le l’arana. L’Yguazu ſe precipite d’vne grande .Ca
caracte,avänt qued’entter dans ie Parana. ‘L’Air dans contes ces Ha-ſi
birations eſt bon, le Terroir fertil , il y a trop de bois, peu de pastura.
.ges , &presd’Yguazu peu de poiſſons ,à cauſe de la Cataracte. Les '
habitans d’Ytapoa'ſont les .plus hardis , &c les plus portés aux armes.
La Province de Guayr est ſous le Tropicquc du Capricorne, 6c
s’advanccjuſques au Breſil. Il y a icy de longtemps deuxou trois Co
lonies de Castillans , Ciudad Real, ou:Ontivcros ,—&c qu’ils appellent
quelquefois Guayr du nom de la Province. Villa rica ou Ville ricth
8C ‘S. P01 que quelques-vus eſtiment dans le Breſil. Les Habitations
pour ceuxdu pays ſont N. D. de Lorette , 66 S. Ignace ſur Le Parana.;
S. François Xavier,i‘lncarnation, 6c S. Ioſeph ſur le Tibagi—va, les
ſept Arche-'ages 86 S .Pol dans les Terres du Grand Tajoba :vers ,lp
Breſil. v
Au deſſous du Ciudad Real ,ôc la ou eſt la ſeparation des deux
Provinces de Parana &c Guayr, la Riviere de Parana -fit vnc Cata—
racte auſſi remarquable qu’ily en ait au monde. Cel-’cc Riviere ſe
precipirantd’vn .tres-haut rocher ,'-ſe trouve encor engagée parmy
d’autres Rochers dans l’eſpace de quinze ou ſeize lieues , la Où dans
vnc pente tres-grande elle heurte la pointe _des vns ,paſſe à travers
des autres ;diviſe ſes eauxen pluſieurs branches ,les raſſemble :85 a
prés avoir eſté ſi long-.temps toute en fougue , oc en cſCume , dégagée
de ces Rochers , elle ſe repoſe ; mais a chaque heure du jour vnc—fois
ſeulement, on entend au fondde la Riviere certain mugiſſement, qui
fait'ſoulever ‘l’Eau , mais qui ne-dure qu’vn moment, 6L la Riviere
reprendſon vcours ordinaire , quiefl: navigable au deſſus &t au deſſous
de ceste Cataracte.
La province d’Vrvaig'ſur la Mer , 8: entre le Breſil , ;Sc les bouches
duParaguay, prend ſon nom de la R. Vrvaig.1. des Limaçons,àcau~
ſeñde la prodigieuſe quantité-qu’il y.en.a.5es HabitationsſontlaCon
cepttion, la où I’Vrvaigtombedans le .Paraguay , S. Nicolas ſu: la R.
Pyratiñn , S. François Xavier bien avant dans les Terres, oc encor ſur'
l’Vrvaig, Ibicuit ou la :Purification non loin de 5. -Nicloas, &r Ya—
‘peya ou la Viſitation ſur le Paraguay , &c .preſque vis a vis de Buenos
Ayres qui efl: de l’autre cotte'.
Maisnonsn’avons :point eu vde Relation de ces quartiers depuis
cclvlede 162.6. &L 2.7. quin’ont eſté imprimées qu’en ;6. dans Anvers
œ 37. en France. ‘Si ces peuples ont continué de ſe porte-r au Christia
niſme comme la Relation ‘fait estat qu’ils ont commencé ,il ne faut
point douter qu'ils ne ſoient preſent _Chteſtiens tous , ou du moins
'la plus grande partie; ~
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TERRE, 65’ [SLES MAGËLLANIQ’ÎES. :7
~‘ V Midy de Chili, de Tucuman, &de Rio dela Plata nous’
avons vne grande Region,&vn grand nombre d’lfles , quenous paſſerons (1 us le nom de Magellîaniques. Elles feront enſem—
ble la derniere partie, 8c la plus meridionalc de l’Amerique Meri-'ï
dionalezbaign'cc a l’Orient de la Mer de Nort, a l’Occident de la Mer
de Sud ou Pacifique , au Midy de la Mer Magellanique , qui ſe peut
estendre generalement ſur toutes les costes de ces Terres , 8E de ces
Iſles Magellaniques.
Le Defiroit de Magellan ſeul a rendu autrefois tous ces quarſſticrs ſameux,parce que les Peuples de l’Europe , &c particuliere—
ment les' Caſhllans, cherchans vn paillage autre que celuy du Cap
de Bonneſperanee , pour aller aux Molucqucs ,&aux Indes Orien
tales; Magellan Gentilhomme Portugais , mais au nom &t ſeruico
du Roy de Castille ,pour quelque mécontentement qu’il avoit re—
ccu dans le payement de ſes gages en Portugal, fut le premier qui
trouva ce Deflroit al’eXtremité de l’Ameriq’ue meridionale : 8c qui
paſſant de la Mer d'e Nort en celle de Sud, entre le zi Octobre , ôc
ſe 2.7 ou 18 Novembre 152.0. donna moyen non ſeulement aux Ca
stillans de p—retendre la dcſcouvcrte des Molucqucs par l’Occident;v
a l’encontre des Portugais , qui ſe vantoicnt les avoir decouvert par
l’OrienUmaiS encor il monstra le chemin pour faire le tour entier'
du Globe Terreſtre, ce quiappareniment n’avoitjamais efié ſait..
Les deux Ouvertures de ce Destroit tant denostre costéï, &r
vers la Mer de Nort, que de l’autre 85 vers la Mer de Sud , ſont
entre les 52 ac 53 degrés de latitude , le milieu deſcendant iuſ—
ques au 54. Et les deux Caps de la premiere ouverture ſont celuy des
Vierges à droite , 86 dans la Grande Terre; 6c cel‘uy de S Severin , ou
du S Eſprit a gauche, 8c dans les Iſles Magellaniques , ou Terre
de Feu : les deux Caps qui finiſſent l’aune Ouverture ſont celuy'
de la Victoire à droite , 86 le C. Deſiré à gauche.
La longeur de ce Deſtroit ell preſque de deux cent lieuës ſa lar—
eur ſeulement dc deux,tr0is, fix , dix licu'c's ô( plus; incommodc
pour-la pluſpart, 8c ſujet aux Tourm-Îtes.Les Vagues de laM er de Sudâ
dominent cinquante &tant delieuës, le reſte est battu par celles‘de la Mer de Nort: 8c il ſe remarque que tant que la Mer de Sudſſdo—
mine , le Dcſh‘oiteſi: ſerré entre des Montagnes , 6L des Rochcrs fort‘
hauts ,touſiours couverts de neige , 6L qui ſemblent s’entretoucher'
les vns les autres ,ce qui rend les abords de ce coſté ſort difficiles,
avec ce que la Mcry ell: tresproſonde… Le fonds ſe trouve facilement.
en ce qui estbattu par la Mer de Nort,& les Campagnes 8L les Vallées
ſuivantla ſaiſon y ſont aſſés agreables d’vn 8: d’autre costé: 6c. de
'plus icy le Destroit s’elargi‘t beaucoup ,fournit quantité dc bons
Ports ,oc de bonnes Rades nen loin les vnes des autres: LesEaux
encor y ſont bonnes. Le Bois tiré des Montagnes , qui ſontau deſſus
de la coste , tient quelque choſe de la Canelle , 8c mis au ſeu rend vne
agreable odeur.
Des que la decouverte de ce Deſlroit ſut connu'e’ en Eſpagne ,les
Castillans eurent deſſein de s’en rendre les'Maistres , 6c d’cmpcſcher
toutesles autres Nations d’y paſſer. En 152.3. D. Gutieres Carvajal
Eveſque de Plaiſance y enuoya au nom de Charles V. quatre Vaiſ
ſeaux pour le reconnoistre plus particulierement. Les trois perircnt
dans le Deſtroit, le quatrieſme ſe retiraà Lima. En 152.6. Garçia de
Loyoſa Commandeur y ſut encor pour le meſme ſujet , l’Amiraî pe—
rit au ſortir du Dcſ’croit, les autres furent aux Molucques; Simon de
Alcazova y entra en \535. la mutinerie des ſiensle ſitperir. D. Gurie
res de Carvajal E. de Plaiſance y renvoya trois Vaiſſeaux en1539.
l'Admiraly petit, vn autre retourna ſur ſes pas, Ie troiſieſme paſſa
outre. Ainſi quelques autres y ont esté, &c juſques icy tous Castil
1ans , les vns du costé d’Eſpagne ,les autres du costé du Perou : mais
pas vn n’a reconnu qu’il y euſl: moyen de ſe ſaiſir de ce Destroit , &c de
pouvoir en empeſcher le Paſſage aux autres. ~
En 1578. François Drac Anglois traverſa heureuſement ce De;
stroit , courut dans la Mer de Sud ,y pilla &L bruſla le long des costes
de Chili, &c du Perou quantité de Vaiſſeaux Eſpagnols; Ge fit vn tres-z
riche butin , qu’il porta en Angleterre.
Cette courſe des Anglois allarma fort le Perou , óc fut cauſe que
le Viceroy enuoya Pedro Sarmiento pour reconnoistre ,8c faire rap
port en Eſpagne de toutes les Costes , Havres , Ancrages , &c particu
lierement des places où'il ſe pourroit baſtir quelques Forts,& establir
quelques Colonies dans ce Destroit Cc rapport ſait en Eſpagne D
Diego de Valdes y fut envoyé avec 2. z . Vaiſſeaux, 6c 2.500. Hommes.
Ce voyage encor fut malheureux ,- ſept ou huit Vaiſſcaux, ôc ſept ou
huict cent Hommes perircntpreſques à la veuë d'Eſpagne : quelques
autres Vaiſſeaux, &E trois ou quatre cent Hommes perircnt encor
pendant le voyage. Vaydes s’en retourna en Eſpagne avec 7. ou 8
dc ſes Vaiſſeaux. Farmiento avec 4. de reste fut au Destroit , v bastit
nombre deIcſus ſur le commencement de ce Destroit, y laiſſa 1)'0
Hommes; baſiitplus avant Ciudad del Rey Philippe : maisle man
que de beaucoup de choſes , 6L icy le froid trop importun pour
les Lſpagnols ſit ceſſer ce dernier travail , «Sc ramener ceux-cy 5. la
premiere Colonie. Pedro Sar-miento retournant en Eſpagne tom—
ba entre les mains des Anglais pres la coste du Breſil: ô: d’autre
coſié la faim , les miſeres , &c la cruauté des Habitans du Deſiroit
firent bien tost perir la Colonie qu’il y avoit laiſſé.
Aprés Drac pluſieurs autres Anglois , &r Hollandois y ont paſſé
à diverſes fois , 8c en diverſes années. Spilbcrgen en 1615. plus heu
reuſement que les autres ; ayant pris ſon temps en Ianvier 8c Fe—
vrier,qui est l’Esté de ces quartiers,le$oleil retournant du Capricorne.
Mais en 1617. centans apres Magellan , Iſac le Maire Hollan
dois ayant decouvert vn autre Destroit incomparablement plus fa—
cile 5. traverſer que celuy de Magellan ,on ne ſe ſert plus que de ce
dernier, qu’ils ont appellé Destroit de le Maire : il efi: entre les 55- ôc
557'. degrés delatitude meridionale,8c plusäl’Orient que l'autre de
4 ou 5. degrés de longitude: il a par tout dix ou douze lieuës de
long , &c de large: &c ſi tost qu’il' est paſſé , on trouve vnc grande,
6c vaste Mcr , la où on nous avoit fait croire cy—devantvne Terre
fi rande , qu’ils en vouloient Faire vn troiſieſme Continent ſous
le nom de Terre Australe i. Meridionale , ou dc Terre Inconnue
ô: Magellanique.
Les Habitans du D. de Magellan,de celuy de le Maire ,8.: des
Terres Magellaniques ſont fort barbares , 6c dangereux des dents,
qu’ils ont fort aiguës; vivent preſque entierement nuds , bien que
dans vn Pays-des-jafroid; n’ont aucune Religion , ny Police; ſont
blancs de naiſſance: ſe peignent partie du corps, les vns de rouge,
6c les autres de noir: 6c ſouvent cette peinture eſt vnc bande tirée
droite du haur en bas , on ‘a travers du corps , ou de biais -, le reste est
dans ſon naturel, 6c quelquefois varié de diverſes couleurs: ils gar—
niſſent leurs Fleſches , &c leurs Iavelots d’os de Poiſſons , ou de Pier
resfort aiguës, dont ils ſont leurs cousteaux 5 ſe ſervent encor de
Ma-ſſuës &c de Fondes.
Entre ces Peuples ſont les Patagons‘ nation particuliere dans la
Grand-Terre , 6L que quelques-vns appellent Race de Toremen. Si
ce qu’ils en diſent est veritable , ce ſont les plus grands Hommes que
l’on connoifleà preſent en quelque partie du monde que ce ſoit:
Ils ne leur donnent pas moins‘de dix pieds dehauteur,& aſſeurent quc
les plus grands hommes , qui estoient avec Magellan , ou qui estoient
avecles Anglois , 8c les Hollandois, qui ont paſſé dans ce Destroit,
ne leur venoient que juſques à la ceinture.
Mais il est temps de quitter] Amerique.La premiere deſpence qui
fut faire, pour y aller, n'a esté que de quinze ou ſeize mille Ducats ,
qui furent advances par Louys de S. Ange Secretaire d’Estar, ô:
non tirés des deniers des Roys deCastille &r d’Aragon , qui teſmoi—
- gnerent alors n’en avoir point pour ſour-nir à ceste deſpence: 8c cc
\pendant ce peu leur a fait venir des Richeſſes infinies. Chriſiofle
Colomb ſe ſailït de l’EſpagnoÏe , 8c des Iſles circonvoiſines peu
apres 1492.. Amerique Veſpuce du Breſil en 1497. Ferdinand Cor
tes rit le Mexique en 1519.Pizarrc le Perou en !52.9. ainſi d’autres
ſe ſont ſaiſis de diverſes parties de l’Americque 8c touſ-jours de cel—
les qui ſont les meilleures; 8c en ont tiré tant d’Or , tant d’Argent,
tant de Richeſſes, qu’ils en ont remply preſque toute l’Europe z 86
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fait que les Estars , que les'SeígneurieS', 8c que les Denrées de deçà. ,È -
qui ne valoient auparavant que cent ſols , cent eſcus , ont cent mille
Eſcus, en valent ‘a preſent cent fois autant.
Il faut aufli confcſſer que ces Deſcouvertcs , 8c ces Conqucstes dc
nouvelles Terres ont cousté à l’Eſpagne bien des Hommes a non tant
dans la Guerre, comme deſſus la Mer. En 1590 Cent Vaiſſeaux Eſpa
gnols chargés de tres grandes Richeſſes pour retourner de deçà,
estants de compagnie , ôc paiſans au long de la Floride , vne Tour
mente les ſurprit, les fit perir tous ,~ &c il n'y en eut qu vn ſeul qui peuc
eſchaper,& que Linſchot dit avoir veu estantdans Tercerc: 6c cet
Autheur aſſeure qu’en meſme temps diverſes autres Tempeſtes , 65
diverſes Compagnies de Vaiſſeaux Anglois enlevercnt ou firent pe
rir ſur les Eſpagnols vnc autre centaine de Vaiſſeaux; rant que de
'd'eux cent vingt partis l’année d’auparavant dela Nouvelle Eſpagne,
. de’ Sa'n Domingue ,de la Havane, du Cap Verd, du Breſil, de la
Guinée , 8c d’autres lieux ,il n’y en eut que quatorze on' quinze , qui
eſchapcrent le naufrage , ou la courſe des Angl‘ois.
Du depuis encor, 8c de temps à autres, tantost les Anglois , tan
tost les Hollandois ont pris non ſeulement nombre de Vaiſſeaux
Eſpagnols ſur la Mer, mais auſii diverſes ,Places ſur Terre, ô: quel
quefois des Provinces , où de grandes Iſles entieres. Les Hollandois*
y tenoient n’aguere vne bonne partie du Breſil ,les Anglois ytien
nent a preſent l’Ifle Iamaique, &c quelques places dans les Iſles, 8c
dans les Terres aux envircns. Er routes ces Iſles qui ſent en deça
de l’Eſ agnole ſont entre les mains des François,des Anglois, &des
Hollandais; qui establiſſen’r encor diverſes Colonies ſurla coste de
Ia Guiane:que ſi elles ſubſistenr ces Ill-es ſont dcſ-ja de faſcheuſes eſ—
pines pour le Mexique , 8c la Terre Ferme *,vces Colonies dans la
Guiane ne le ſeroit pas moins contre la Terre Ferme , le Perouſhc—
l‘e Breſil
Nous n’avons pas dit tounce qui ſe pouvoir dire de l'Amerique
nous nous ſommes contenres d’en dire ce qui nous a ſemble le plus
neceſſaire ,il y auroit dequoy faire divers Volumes,ſeulement tou
chant la propriete , 8c la nature de leurs Grains , de leurs Herbes, de
Ieurs Fruits , de leurs Volailles , de leurs Animaux , de leurs Poiſſons,
qui ſunt preſque tous differents des nostres. Er ce que l’on y a porte
de dcça n’a pas laiſſe d’y tresbien reüſſlr , &c d'y multiplier ,- ſinon d’vn
costé , au moins dans vn aurre : mais entre tous nos animaux rien ne
les à tant efltonné- comme les Clieuaux. ll y en a eu prés de centans
dans le Perou , 86 en diverſes autres parties de l’Amerique, avant
que pas vn de ces Peuples ait' oſe monter deſſus. Retournons dans
noſtre Continent , ôc dans la France , nous y trouverrons dequoy
exercer 8c nostre Plume, &c nos Estudcs.
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