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AL-MUKHATABAT ISSN 17376432 ISSUE 07/2013 Page 100 L’étude des oiseaux dans Kitâb al-Hayawân de Jâhiz (776 868) Kaouthar Lamouchi Chebbi CNRS / Univ Denis Diderot UMR 7219 SPHERE CHSPAM Mehrnaz Katouzian- Safadi CNRS / Univ Denis Diderot UMR 7219 SPHERE CHSPAM Résumé Nous nous intéressons dans ce travail aux études consacrées à la vie des oiseaux par le savant al-Jâhiz (776 868) dans son œuvre portant sur le monde vivant, Kitâb al- Hayawân. Dans ce papier, nous abordons la classification des oiseaux, leurs descriptions morphologiques et anatomiques, leur psychologie ainsi que leurs activités. Un intérêt particulier est accordé aux sources d’informations de notre auteur. ص ملخلاحظابواقاوالساتلدزاباقالاهري سيوته( 776 - 868 ) كتابىذلكزالطاحل حاملعاادزاسعىضمكانالرانامكتابانعينل الر. فتصيمقازبل سيحاأىشطتوهرلككليفساىابعادابعضضاأالتشسكلاموهزسز الط. كاتبياواالاستيدالماتعلاصادزاكبهتناماا سيع. Abstract We are interested in this research in birds in Kitâb al-Hayawân of al-Jâhiz (776 868). This study approaches the classification of birds, their morphological and anatomical descriptions, their psychology as well as their activities. A particular interest is focused on the information sources of this author. 1. Introduction L’œuvre de Jâhiz dont nous avons étudié certains passages dans ce travail, a marqué à son époque une révolution dans la façon dont on étudiait les animaux. Elle est restée aussi une référence dans le domaine, des centaines d’années plus tard. Il est difficile de faire une étude sur l’ensemble du livre et au sujet des différents animaux, c’est pourquoi nous avons choisis de limiter notre travail au cas des oiseaux 1 . Pour réaliser ce travail il nous a paru nécessaire de commencer par étudier la façon dont notre auteur classe les oiseaux et de dégager les critères de différenciation des différentes classes. Nous nous sommes par la suite intéressés à la façon dont-il décrit les oiseaux et 1 Nous entendons par le mot « oiseaux » les animaux capables de voler.

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  • AL-MUKHATABAT ISSN 17376432 ISSUE 07/2013

    Page 100

    Ltude des oiseaux dans Kitb al-Hayawn de Jhiz (776 868)

    Kaouthar Lamouchi Chebbi

    CNRS / Univ Denis Diderot UMR 7219 SPHERE CHSPAM

    Mehrnaz Katouzian- Safadi

    CNRS / Univ Denis Diderot UMR 7219 SPHERE CHSPAM

    Rsum

    Nous nous intressons dans ce travail aux tudes consacres la vie des oiseaux par

    le savant al-Jhiz (776 868) dans son uvre portant sur le monde vivant, Kitb al-

    Hayawn. Dans ce papier, nous abordons la classification des oiseaux, leurs

    descriptions morphologiques et anatomiques, leur psychologie ainsi que leurs

    activits. Un intrt particulier est accord aux sources dinformations de notre

    auteur.

    (776-868)

    .

    .

    .

    Abstract

    We are interested in this research in birds in Kitb al-Hayawn of al-Jhiz (776 868).

    This study approaches the classification of birds, their morphological and anatomical

    descriptions, their psychology as well as their activities. A particular interest is

    focused on the information sources of this author.

    1. Introduction

    Luvre de Jhiz dont nous avons tudi certains passages dans ce travail, a marqu son poque une rvolution dans la faon dont on tudiait les animaux. Elle est reste aussi une rfrence dans le domaine, des centaines dannes plus tard. Il est difficile de faire une tude sur lensemble du livre et au sujet des diffrents animaux, cest pourquoi nous avons choisis de limiter notre travail au cas des oiseaux1.

    Pour raliser ce travail il nous a paru ncessaire de commencer par tudier la faon dont notre auteur classe les oiseaux et de dgager les critres de diffrenciation des diffrentes classes. Nous nous sommes par la suite intresss la faon dont-il dcrit les oiseaux et

    1 Nous entendons par le mot oiseaux les animaux capables de voler.

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    ce sur diffrents plans : la morphologie, lanatomie et la psychologie. La description qua faite notre auteur de lactivit des oiseaux est un autre volet de ce travail. Nous avons choisis dtudier les activits lies la reproduction, la sant et la migration. Nous avons clos notre travail par la recherche des sources aux quelles Jhiz puise ses informations.

    Notons que nous adoptons dans ce travail une translittration simple de larabe tout en sachant lexistence dune translittration internationale et une translittration selon lEncyclopdie de lIslam.

    2. La classification des oiseaux

    2.1. La classification des animaux chez Jhiz

    Jhiz divise les tres1 en deux catgories : les tres capables de crotre2 et les tres incapables de crotre3. Les tres capables de crotre sont leur tour diviss en deux classes : Les animaux et les vgtaux. Les animaux tant de quatre types4 : ceux qui marchent, ceux qui volent, ceux qui nagent et ceux qui rampent. Jhiz prend apparemment comme critre de classification le mode de dplacement des animaux. Nanmoins il est conscient des chevauchements qui peuvent avoir lieu dans sa classification et propose des corrections pour cela. Cest dans ce cadre quil dit :

    Mais tout ceux qui volent5, marchent et ceux qui marchent et ne volent pas ne sont pas des tayr. 6

    Les animaux qui marchent sont diviss en quatre classes : les hommes, les btes7, les

    carnassiers8 et les hashart9.

    2.2. Les oiseaux chez Jhiz Jhiz classe dans son livre Kitb al-Hayawn les animaux qui volent (al-tayr) en trois catgories :

    Les rapace , sabu : ils sont des mangeurs de chair. Ces oiseaux peuvent tre arms dongles recourbs et ou de becs, Jhiz distingue dans cette catgorie les ahrar 10 et les bughath 11. Les bughath sont les gros oiseaux mangeurs de chair qui nont pas de serres comme les vautours, les percnoptres et les corbeaux. Jhiz les appelle parfois les oiseaux mchants 12. Il crit en parlant du vautour :

    1 : kint. 2 : nm. 3Jhiz, Kitb al-Hayawn, Vol. I, p. 26. 4 Il utilise le mot classes : : aqsm. 5 Tayr en arabe: Ce mot est traductible en arabe par le mot oiseau mais Jhiz ne lutilise pas dans ce sens et lutilise plutt dans son sens linguistique: ceux qui volent.

    6Jhiz, ibid, Vol. I, p. 27. 8 : bahim. 9 : sib. 9 10 : ahrr : Libres. 11 : bughath . 12 , lim al-tayr.

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    Le vautour a un bec recourb mais na pas de serres, il a des ongles semblables celle des poules. Il na pas darmes, il est fort par sa taille, cest un mchant rapace, il nest pas des

    ahrar.1

    Les ahrar sont les rapaces ayant des serres comme laigle.

    Il dit aussi pour dcrire les armes des rapaces :

    Parmi les rapaces il y a une forme arme de serres comme laigle et ceux qui lui ressemblent et dautres arms de becs recourbs comme les vautours, les percnoptres et les corbeaux. Ils sont

    tous des rapaces car ils sont mangeurs de chair. 2

    Les btes3 bahima : Ce sont des mangeurs de grains et de plantes4. Ils peuvent avoir des becs ou des dents comme la chauve souris ou le hibou. En parlant de leurs armes, Jhiz crit :

    Parmi les btes des tayr, certaines ont comme arme le bec, cest le cas de la grue, dautres ont pour arme les dents comme le hibou et la chauve-souris et ceux qui leurs ressemblent, dautres encore ont pour arme lergot, comme le coq ou leurs excrment comme loutarde. 5

    Dans cette catgorie existent de gros oiseaux appels aussi bughath comme le coq6 et de petits oiseaux appels khashesh 7 comme lmerillon et lelanion8.

    Les hamaj 9 : ce sont des animaux qui volent sans tre des tayr, comme les hasart dans la classe des animaux qui marchent, dit-il10.

    Jhiz parle dune classe intermdiaire entre la premire et la deuxime et laquelle il ne donne pas de nom. Il donne lexemple du moineau qui n ni serres ni bec recourb, qui

    mange les grains mais aussi les fourmis et les sauterelles. Il ajoute que cet oiseau ne rgurgite pas pour alimenter ses petits, mais les fait manger la manire des rapaces11. Il crit aussi ce sujet :

    Ce qui est commun entre le moineau et btes des tayr, cest quil na ni bec recourb ni serres. Quand il se met sur une branche, il a trois doigts en avant et un en arrire, les rapaces quant eux ont deux doigts en avant et deux doigts en arrire. Ce quil a en commun avec les rapaces est que les btes des tayr rgurgitent pour faire manger leurs oisillons alors que les rapaces leurs apportent manger. 12

    Nous pouvons conclure que les oiseaux pour Jhiz et en excluant les hamaj sont soit des rapaces , soit des btes ou des tayr qui se trouvent dans lintersection de ces deux

    1 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 334. 2 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 3 Utilisation particulire pour ce mot qui ne sapplique pas gnralement aux oiseaux en langue arabe. 4 Jhiz, ibid, Vol.V, p. 205. 5 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 6 Jhiz, ibid, Vol. I, p.193. 7 , khashesh : le sens le plus proche de notre point de vue: tout ce qui est petit et fragile, Dictionnaire

    : . . 8 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 28. 9 Nous laissons le mot comme tel car cest un mot qui na rien voir avec les oiseaux en langue arabe. Dans dautres contextes ce mot veut dire les gens non civiliss.

    10 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 28. 11 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 12

    Jhiz, ibid, Vol. V, p. 206.

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    classes. Il se baserait ainsi sur deux critres pour sa classification : La nourriture comme critre principal et les armes comme critre secondaire.

    3. La description des oiseaux

    3.1. La morphologie des oiseaux

    Lintrt port aux animaux dans divers traits de la culture et la civilisation de langue arabe est soulign par plusieurs auteurs (Shaker, 1985, Azzam, 1995). Ainsi dans la posie par exemple, les humains sont frquemment compars aux animaux. Un grand intrt est port la chasse et les animaux occupent une grande place dans les proverbes et les comtes arabes.

    Malgr cela (ou peut tre pour cela) Jhiz nest pas un grand descripteur de la morphologie des animaux. En tout cas il le fait trs peu pour les oiseaux.

    Commenons par voir son ide de lobservation. Dans son Kitb al-Hayawn, Jhiz incite tre fidle et faire attention en observant1 :

    Ne te fie pas ce que te montre lil mais plutt ce que te montre la raison. 2

    Ou encore :

    Les choses3 ont deux explications : une explication externe par les sens et une explication interne par la raison. Et cest la raison qui tranche. 4

    Pour Jhiz la raison devrait donc lemporter sur lobservation directe, car cette dernire peut dtourner lobservateur de la vrit.

    Dans son livre Jhiz ninsiste pas sur la description morphologique des oiseaux. Ceci est peut tre d au fait quil dcrit des animaux quil suppose connus par ses lecteurs de lpoque. Pour dcrire laspect extrieur des oiseaux, Jhiz utilise gnralement des expressions brves. Il dit par exemple du corbeau quil est trs noir, trs brl5 comme les ngres qui sont les hommes les plus mchants, ayant la plus mauvaise structure et humeur (cest quils ont t brls, trop cuits dans les utrus). Le corbeau peut tre aussi, dit- il, tachet et donc sige de contradictions de structure, ce qui fait que ces derniers sont pires que les premiers : plus faibles et plus mchants6.

    En dcrivant leurs petits, Jhiz rapporte quils sont ce quil y a de plus laid, de plus dtestable, de plus sale7. Ils ont la plus mauvaise odeur, une grande tte, un petit corps, un long bec, de courtes ailes et un corps noir et dnud8. Sa description fait intervenir la forme :

    Le moineau mle a une barbe noire, le coq une barbe. 9

    Il ny a rien sur la terre qui ressemble la tte dune couleuvre plus que celle dun moineau.1

    1 , inda al nadhar. 2Jhiz, ibid, Vol. I, p. 207. 3 , al umour. 4, Jhiz, ibid, Vol. I, p. 207. 5 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 314. 6 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 315. 7Daprs Al Asma rapportant Khalaf Al Ahmar qui les a vu. 8 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 319.

    9 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 210.

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    La taille :

    Le rossignol est un trs petit oiseau.2

    Le corps du busard est plus grand que celui du faucon. 3

    La couleur :

    Le moineau peut tre tachet, queue blanche, noir, blanc ou cendr. Cela fait quil est vendu

    grand prix. 4

    Les vautours, les aigles et les elanions ont des yeux dors. 5

    Et mme lodeur,

    La huppe galise le vautour percnoptre dans la mauvaise odeur du corps.cest quelle btit son nid dordures6.

    3.2. Lanatomie des oiseaux

    En tudiant le livre de Jhiz nous pouvons affirmer quil ne sintresse pas particulirement lanatomie des animaux. Ce qui fait du tord sa valeur scientifique 7 dit Bou Melhem (1988). Cela nempche pas lexistence de rares descriptions anatomiques o ltude anatomique nest pas un but en soi. Nous citerons par exemple le cas o il parle des armes de loutarde. Celle-ci aurait une sorte de rservoir dit-il, entre ces intestins et son anus contenant des excrments visqueux,8 quelle lche lorsquelle est poursuivie par un faucon. Ce dernier devient comme ligatur ce qui permet dautres outardes de lattaquer et de lemplumer, entranant sa mort9. Dautres remarques faites dans le contexte de la reproduction des oiseaux peuvent de notre point de vue tre considres comme rentrant dans le cadre de lanatomie. Cest le cas lorsque Jhiz crit que les testicules des oiseaux mles sont plus gros dans les priodes daccouplement et que plus loiseau saccouple, plus son testicule est gros. Il donne les exemples du coq et du perdrix et ajoute que le testicule du moineau est plus gros que celui dun oiseau qui a deux fois sa taille10. Nous ajouterons enfin une remarque quil a faite sur les os de lautruche, qui parait-il nont pas de mlle11.

    4. La psychologie des oiseaux

    4.1. Laspect moral des oiseaux

    En dcrivant les aspects de certains oiseaux, Jhiz distingue ceux dordre biologique de ceux dordre moral. Il dote ainsi certains oiseaux comme il le fait avec dautres animaux de qualits humaines comme lintelligence, la btise, la ruse ou encore la bont.

    1 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 207. 2 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 78. 3 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 315. 4 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 225. 5 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 229. 6 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 238.

    7 ,

    8 Quand loutarde est poursuivie par un faucon, elle est capable de projeter sur lui une matire gluante appele Tamal qui, si elle atteint ses yeux laveugle momentanment, mais qui peut aussi coller ses

    plumes et arrter son vol. . .1990 . 180 .(Kasi, 1990, p180). 9Jhiz, ibid, Vol. V, p. 446 et Vol. VII, p. 60. 10 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 345. 11 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 362.

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    Au sujet de la btise, Jhiz cite beaucoup doiseaux dont le coq, car il se perd ds quil sort de la maison o il a t lev. Il couvre des poules quil ne connat pas, ne couve pas ses ufs et nest pas tendre envers sa descendance1. Lautruche2 en est un autre exemple. exemple. En allant chercher la nourriture il lui arrive doublier les ufs quelle couve et daller couver les ufs dune autre. Le paon et le ttras nont que leur beaut dit-il et font partie, comme loutarde des oiseaux btes3.

    Plusieurs autres oiseaux sont lous pour leur tendresse, comme loutarde4 avec ses petits. petits. Les moineaux dpasseraient dans ce domaine tous les autres animaux5. Ils sont aussi prudents, intuitifs6 et fidles dans leur vie de couple7.

    Le ganga8 comme le coq9, sont courageux et patients. Ce dernier est en plus de cela, capable de tactiques et de stratgies dans les combats.

    Lautruche se caractrise par sa lchet10 et par son antipathie11, loutarde par sa sensibilit.

    Jhiz rapporte ce que raconte un bdouin au sujet de cette dernire, qui peut se laisser mourir de faim en voyant les gens se faire des injustices12.

    Dautres oiseaux sont qualifis dintelligence tels que le perroquet, le rossignol et le pipit, malgr leurs petits corps et leur faiblesse13. La pie bavarde, est intelligente, et trs prudente mais elle nglige ses ufs et ses petits14.

    Lintelligence permettrait lapprentissage certains oiseaux comme lmerillon, lelanion laigle, le Faucon et lautour des palombes15.

    Toujours dans le cadre de la psychologie animale, Jhiz parle mme de sentiments entre animaux. Cest le cas du corbeau et de lne qui sont des ennemis et il se rfre pour cela Aristote et la posie arabe16. Il se rfre aussi Aristote en citant lhostilit entre le corbeau et la chouette, et le chardonneret et lne17.

    4.2. Le langage des oiseaux

    Jhiz classe les animaux en trois catgories18 :

    : (samit) ce sont les animaux qui nmettent aucun son.

    1Jhiz, ibid, Vol. I, p. 196. 2 Jhiz, ibid Vol. I1, p. 199 et Vol. IV, p. 328. 3 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 38 et Vol. V, p. 446. 4 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 152. 5 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 211 et Vol. II, p. 328. 6 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 224. 7 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 331. 8 Jhiz, ibid, Vol.V, p. 578. 9 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 233. 10 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 333 et Vol. IV, p. 420. 11 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 333. 12 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 445. 13 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 39. 14 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 151. 15 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 74. 16 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 458. 17 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 97. 18 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 32.

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    1 : (a jam) cette classe comporte dit-il tous ceux qui possdent une voix et ne peuvent tre compris que par ceux de leur genre.

    2 : (fasih) cette classe comporte lhomme.

    Jhiz pense que les oiseaux ont un langage3quil appelle mantiq . Ce mantiq leur permet de se comprendre et ne dpasserait pas ce dont ils ont besoin. Jhiz discute de ce sujet et dit :

    Si quelquun dit que ce nest pas un mantiq, on lui rpond : le Coran a dit que cest un mantiq, la posie la fait mantiq, et aussi les paroles des arabes.si tu prtends que ce nest pas un mantiq parce que tu ne le comprends pas, tu ne comprends pas aussi le langage des autres nationsla majorit des nations ne comprennent pas aussi ton langage et ton mantiq, ils peuvent donc exclure tes paroles du mantiq. 4

    Jhiz prend aussi comme exemple certains oiseaux, comme le corbeau qui dit-il peut

    prononcer la lettre (q). Le Rrossignol peut prononcer dautres lettres et le perroquet beaucoup plus5. Le gonga6 quant lui, peut prononcer les lettres de son nom arabe et cest dailleurs lorigine de sa nomination7.

    5. Les comportements des oiseaux

    5.1. La reproduction des oiseaux

    Jhiz sattarde dans la description des activits de certains oiseaux comme la poule, le corbeau ou les pigeons. Il dcrit la parade de ces derniers qui se becquettent et dploient leurs plumes8. Ils saccouplent dit-il, parce quils dsirent avoir des petits, ainsi aprs accouplement ils commencent construire leurs nids. Jhiz raconte avec beaucoup de dtails comment ils fabriquent le nid et ajoute quils limprgnent de leur odeur pour que les ufs se retrouvent dans un environnement proche de celui de lutrus9. La couvaison est assure par le mle et la femelle mais le plus gros de la tache est lapanage des femelles. La couvaison doit se faire labri du tonnerre10, sinon les ufs sont perdus. Les pigeons font tourner les ufs quils couvent de temps en temps pour que lensemble de luf puisse tre couv et parce quils savent que si non, les ufs seront perdus11. Les petits naissent nus, avec de petites ailes ne sachant pas salimenter :

    Ils savent que leurs gorges et leurs jabots ne sont pas assez larges pour la nourriture, ils soufflent de lair dans leurs gorges pour largir le jabot. 12

    Ils rgurgitent pour alimenter leurs petits, et pour renforcer leur estomacs mangent sur les murs une sorte de sel et le rgurgitent pour leurs oiselets. Quand ils sassurent de la force de leurs estomacs ils leur donnent du grain ramolli. Puis les forcent aller eux-

    1 Celui qui parle improprement. 2 Eloquent.

    3 , mantiq.

    4 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 57. 5 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 289. 6 En arabe (qat). 7 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 287. 8Jhiz, ibid, Vol. III, p. 158. 9 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 150.

    10 Ide que nous trouvons chez Aristote, Histoire des animaux, traduction Bertier, p. 319. 11 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 162. 12 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 152.

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    mmes chercher manger, et perdent toute tendresse envers eux1. Quand les petits sont l cest le mle qui soccupe le plus de les alimenter2.

    Les pigeons vivent en couples mais il arrive dit il, comme chez les humains quun mle ou une femelle ne soient pas fidles, et il arrive aussi que des femelles ou des mles se montent ou que des femelles montent des mles3 : il y en a tellement que a ne fait pas de doute 4 dit-il. Jhiz raconte ses observations personnelles sur des pigeons quil lve dans sa maison ainsi que les observation dautres personnes expertes dans le domaine. Il parle aussi daccouplement entre mles, pour les grues et les hrons5.

    Les pigeons pondent dix mois en une anne dit-il6, mais sils sont bien entretenus, il pondent toute lanne7. Jhiz ajoute au sujet des pigeons que laccouplement entre diffrentes espces donne toujours des espces fertiles et bien faites linverse dautres animaux8 .

    Les pigeon raconte-il, peuvent couver des ufs de poules mais pas au dpend de leurs propres ufs. Le poussin de poule couv par un pigeon est plus intelligent par contre un paon couv par une poule est moins beau et a une plus mauvaise voix9.

    Dans la description de Jhiz de la reproduction des poules on retrouve Aristote10 . Comme lorsquil rapporte que la poule pond toute lanne lexception de deux mois, ou que certaines poules pondent deux fois par jour et que celles qui pondent beaucoup meurent vite.11 Ou encore quand il dit que les grandes poules pondent plus que les petites poules et que leurs ufs sont de taille plus grande12. On retrouve des citations dAristote aussi dans les remarques suivantes cites par Jhiz dans le volume III de son livre :

    - Les pigeons sauvages pondent deux fois lan.

    - Lhirondelle pond deux fois lan.

    - Luf sort par son plus grand bout : et je souponnait que cest lautre bout dit-il13.

    - La forme des oeufs permet de prvoir le sexe de loiselet.

    - Les ufs du vent qui sont moins bons que les autres et quon rencontre chez les poules, les pigeons, les paons, les oies et perdrix.

    - La couvaison qui est bnfique loiseau et le fait que la femelle peut mourir si elle ne couve pas ses ufs.

    - Les ufs qui closent plus vite en t quen hivers.

    1 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 152-154. 2 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 164. 3 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 165. 4 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 165. 5 Jhiz, ibid Vol. IV, p. 51. 6 Ide que nous trouvons chez Aristote, Histoire des animaux, traduction Bertier, p. 316. 7Jhiz, ibid, Vol.III, p.169. 8 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 162. 9 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 199 et Vol. II, p. 347. 10 Aristote, Histoire des animaux, Traduction Bertier, 1994. 11 Jhiz, ibid, Vol. III, p.170. Voir aussi Aristote, Histoire des animaux, traduction Bertier, p. 316. 12 Jhiz, ibid Vol. III, p. 169. 13 Jhiz, ibid Vol. III, p. 171.

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    - Le fait que certains ufs peuvent avoir deux jaunes, et peuvent donner deux poussins.

    - Le fait que les oiseaux qui pondent pour la premires fois ont des ufs plus petits.

    Notons que Jhiz adopte toute la thorie dAristote sur les ufs clairs quil appelle ufs du vent ou du sol. Il ne cite pas Aristote par le nom dans tous cela, mais il dit toujours il a dit.. . Il sagit parait-il dune tradition crite utilise pour un auteur que lon cite beaucoup.

    Il est vrai que ces ides concernent des animaux familiers, comme les pigeons et les poules, facilement observables, mais nous ne pouvons pas conclure quant aux vrifications quaurait pu faire Jhiz.

    En plus de ces ides quil partage avec Aristote, Jhiz expose ses propres ides sur les ufs :

    Selon lui le poussin est cr partir du blanc duf et le jaune est sa nourriture1. Il ajoute que quand une poule vieillit, ses ufs nont plus de jaune, et si luf na pas de jaune il ne donne pas de poussin car ce dernier na pas de nourriture2.

    Jhiz pense aussi quil y a une relation entre la faon dont loiseau alimente ses petits et le nombre dufs quil peut pondre. Le pigeon dit-il couve ses ufs et nourrit3 ses petits par une sorte de vomi4 et cette opration laffaiblit ; cest pourquoi il ne peut avoir plus de deux ufs. La poule qui couve ses ufs mais nalimente pas ses petits peut avoir plus dufs. Lautruche qui ne couve ni nalimente ses petits peut en avoir trente ou plus5.

    Il pense aussi que les oiseaux qui apportent manger leurs petits sont entre les deux premires catgories prcdentes. Ainsi ils ont plus dufs que les pigeons mais moins

    que les poules. Ils sont par ailleurs plus forts que les oiseaux qui nourrissent leurs petits par rgurgitation.

    Jhiz croit que la fertilit de loiseau ne dpend pas du nombre de ses accouplements :

    On dit que les oiseaux qui saccouplent le plus ont plus duf. Ce nest pas vrai car le moineau

    saccouple plus que dautres genres qui peuvent avoir plus dufs que lui. 6

    La nidification est aussi aborde par Jhiz ; il cite les poules, les perdrix, les gongas et ceux qui leurs ressemblent comme les ttras et qui font leurs nids par terre7. Les pigeons sauvages quant eux, font leurs nids dans les montagnes, les pigeons domestiques les construisent dans les maisons, les hirondelles dans les poutres des plafonds, les percnoptres dans les endroits les plus hauts, dans les montagnes8.

    Jhiz ajoute que les moineaux, les hirondelles et les tourneaux aiment vivre avec lhomme, les hirondelles dit-il migrent vers eux puis les quittent, les moineaux par contre, ne les quittent pas et nhabitent les maisons que si elles sont habites par lhomme, et si la maison est dserte il la quittent.

    1 Jhiz, ibid, Vo.II, p. 347. 2 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 347.

    3 , yazuqu.

    4 Lait de jabot. 5 Jhiz, ibid, Vol.VII, p. 68. 6 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 70. 7 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 66. 8 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 66.

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    Les pigeons quant eux ne vivent avec lhomme quaprs fixation et apprentissage et il raconte quau temps des moissons tous les moineaux de Bassorah quittent les maisons vers les jardins tout comme les gens. Il ne reste dans les maisons vides que les oiseaux ayant des ufs ou des oisillons1.

    Jhiz parle des animaux qui vivent en couples :

    Cela ne se trouve pas chez ceux qui marchent sur quatre pattes, mais chez ceux qui marchent sur deux pattes comme lhomme, al-tayr et les autruches, et ce nest pas un cas gnral chez al-tayr. 2

    Ou encore :

    La vie de couple ne se trouve que chez lhomme et chez les tayr. 3

    Cela se trouve chez les diffrents types de pigeons, mais dit-il les diffrences quon trouve chez les pigeons sont celles quon trouve chez les hommes et chez les femmes, ils peuvent tre fidles ou infidles. En revanche, Les poules et les perdrix ne vivent pas en couple.

    5.2. La sant des oiseaux

    Notre auteur aborde la maladie des oiseaux sur des exemples bien particuliers. Il raconte par exemple que lorsque le faucon a son foie malade4, il le sent et lorsquil attrape une proie il mange son foie et ce jusqu sa gurison5. Les oiseaux peuvent donc sauto gurir, gurir, Les mdecins prtendent dit-il, quils ont appris gurir la constipation, en imitant loiseau qui se soigne de ce mal en buvant leau de mer. Il rapporte aussi que lorsquune hirondelle perd un il il est remplac.6

    Jhiz aborde aussi le sujet de la sant des oiseaux dlevage. Ayant remarqu que plus il y a de poules moins il y a dufs et de poussins il pose la question et on lui rpond que cest mauvais pour les poules de trop se rapprocher et de se presser en un mme endroit. Les souffles de leurs corps leurs sont nocifs7.

    La mme chose est valable pour les pigeons. Jhiz rapporte que sils sont en grand nombre dans un pigeonnier, il leur faut du soleil et de leau pour quils puissent se laver de temps en temps il faut aussi que leurs chambres soient balayes et asperges deau. Faute de cela ils nauront pas beaucoup dufs. Mais si on leur garantit la chaleur en hivers et lombre en t ils pondront toujours8. Il ajoute que les poux attaqueraient les poules et les pigeons sils ne se lavent pas et si leur habitation nest pas propre9 .

    Dans le volume III de son livre, Jhiz va jusqu numrer certaines maladies des pigeons et la faon dont on peut les gurir10.

    1 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 204. 2 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 69. 3 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 194. 4 A cause des lapins et des renards quil porte en lair dit-il. 5Jhiz, ibid, Vol. V, p. 512. 6 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 143 et Vol. IV, p. 112. 7 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 335. 8 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 335. 9 Jhiz, ibid, Vol.V, p. 375. 10 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 273.

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    Notre auteur a crit aussi sur la dure de vie des oiseaux et discute certaines ides ce sujet. Cest ce quil fait lorsqu il soppose ceux qui prtendent que les moineaux mles ne vivent pas plus quune anne. Il argumente ainsi : dans les villages et les champs on trouve plein de ces oiseaux mais on ne trouve pas leurs cadavres1.

    5.3. La migration des oiseaux

    Commenons par cette citation de Jhiz :

    En hiver les corbeaux migrent vers notre pays et ils partent en t. Les oiseaux qui habitent une terre hiver comme t sont des sdentaires. 2

    Nous pouvons entrevoir dans ces lignes, une dfinition de la migration des oiseaux, simple, claire et qui semble tre connue de tout le monde dans le pays de Jhiz, son poque. Il en dit aussi :

    Et puis les oiseaux migrateurs3, plusieurs groupes migrent vers nous en Irak puis partent quand quand le temps est venu.4

    Jhiz pense que ces oiseaux ont une destination bien dtermine et quils ne sarrtent pas dans leur migration sur la premire terre favorable quils rencontrent5. Il donne comme argument le fait que certains oiseaux migrateurs reviennent aux nids quils ont dj construit. Cette connaissance du chemin ne vient pas dit Jhiz dun apprentissage ou dun entranement mais dune sorte de nostalgie.

    Dans son livre notre auteur cite certains oiseaux migrateurs tel que loutarde dont il dit quelle est la plus lointaine de naissance6. Il en dit aussi :

    On la chasse chez nous Bassorah et on trouve dans son jabot une graine verte tendre provenant

    de pays lointains. 7

    Le Percnoptre est un autre migrateur dont Jhiz dit quil migre avec les premiers oiseaux, et revient avec les premiers qui reviennent8. Ce temps de migration des oiseaux semble mme rythmer certaines activits humaines :

    Les chasseur commencent chasser aprs la migration des oiseaux et ils le savent par la migration du Percnoptre.9

    6. Les sources de Jhiz

    Dans les passages examins de Kitb al-Hayawn, il est rare de trouver une information sans rfrence. Jhiz a recours dans son livre plusieurs types de sources dont il parle lui-mme :

    Nous navons cit, grce Dieu, rien de ces curiosits ou sans une preuve du Coran, du hadith, dune information dtaille, dune posie connue, dun proverbe, du tmoignage dun

    1 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 223. 2Jhiz, ibid, Vol., III, p. 432.

    3 , qawati.

    4 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 102. 5 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 258. 6 Jhiz, ibid, Vol.V, p. 352. 7 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 60 et Vol. V, p. 453.

    8 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 19. 9 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 19.

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    mdecin ou de quelquun qui a lu beaucoup de livres, ou fait des voyages, ou voyag en mer, ou

    habit le dsert. 1

    Les sources de Jhiz ont t rpertories par beaucoup de chercheurs. Zaiden (1978) et Azzem (1995) distinguent six sources diffrentes. La premire est ce quils appellent les sources arabes qui comportent la posie, les proverbes et les connaissances arabes. La seconde est lHistoire des animaux dAristote, la troisime les livres des persans et des indous, la quatrime est son exprience personnelle, la cinquime est le Coran et le hadith2 hadith2 et la sixime provient de son esprit argumentatif hrit des mutazilites.

    Bou Melhem (1988) donne comme sources : Aristote (cit plus de 60 fois dit-il), le Coran, le hadith, la posie arabe, les expriences, les informations orales et les informations visuelles.

    Haroun (1992), en compte cinq principales : le Coran et le hadith, la posie arabe, l Histoire des animaux dAristote, la discussion3 mutazilite et lexprience personnelle.

    Aarab et coll. (2003) dnombrent comme rfrences, les potes arabes bdouins, les grands matres de Jhiz4, les sources trangres et dautres sources livresques. Ils prcisent que ces sources sont crites et orales.

    La multiplicit des ressources dinformations de Jhiz peut sexpliquer par la grande importance quil accorde au principe du doute et dont il parle dans son livre. Le doute pour lui mne la certitude cest pourquoi il incite apprendre en user. Il pense par ailleurs, quil y a des degrs pour le doute, ce qui nest pas le cas pour la certitude5. Jhiz dit dans ce contexte :

    Comment puis-je croire aux informations rapportes par les marins et les pcheurs6 et au livre dun auteur7, qui sil trouvait son traducteur8 il laccuserait en public de mensonges et davoir

    dform ses ides par sa mauvaise traduction. 9

    Il serait intressant galement dexposer les rflexions de Jhiz sur la traduction explicites dans son Kitb al-Hayawn. Notre auteur pense que pour tre digne de confiance, le traducteur doit tre au mme nivaux linguistique et scientifique que le lauteur de luvre traduire et quil doit tre dune gale connaissance des deux langues quil utilise. Jhiz est conscient quil est impossible quun traducteur remplisse ces critres et dit :

    Quand est-ce que Ibn al-Batriq10, Ibn Nima, Ibn Qurra, Ibn Fihriz, Thophile11

    et Ibn al-Muqafa ont t comme Aristote ? Et Khaled1 comme Platon ? 2

    1 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 12. 2 Paroles du prophte.

    3 al jadal.

    4 Abou Sad Abd al-Malik ibn Qurayb al-Asma (740-828), Abou Ishaq Ibrahim ibn Sayyr al-Nazzm (775-846), Abou Ubaydah Mamar ibn al-Muthan (728-825). 5Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 35. 6Lune des raisons pour laquelle Jhiz na pas consacr un chapitre important aux poissons serait, selon lui-mme, que ces gens adorent les histoires fantastiques et ont un langage pauvre. De plus, il na pas trouv beaucoup de posie descriptive digne de confiance. Vol. VI, p.16. 7 Nous pensons que cest Aristote. 8 Nous pensons que cest Ibn al-Batriq traducteur dAristote. 9Jhiz, ibid, VI, p. 19. 10 Traducteur de l Histoire des animaux dAristote. 11 Thophile Ibn Tomas, un traducteur dAristote.

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    Avant de dtailler les sources de Jhiz qui nous paraissent les plus importantes dans son tude des oiseaux, rappelons quelles sont de deux types : orales et crites. Jhiz dit dans ce contexte :

    Pour connatre, lhomme doit couter mais ce quil lit doit tre suprieur ce quil coute.3

    Il dit aussi, lui qui adorait les livres (Bou Melhem 1988) :

    Sil ny avait pas de livres crits et dinformations ternelles, la science serait perdue et

    loubli dominera la mmoire4

    Notons enfin que lorsque Jhiz veut parler dun sujet et quil ne trouve pas de ressources convaincantes il le dit :

    En ce qui concerne la cause qui fait que le gongas met ses ufs en nombre impair ou la sortie de luf de son ct le plus large.je nai t satisfait par aucune rponse pour vous la raconter. 5

    Examinons donc les sources de Jhiz dans le cas de son tude des oiseaux.

    6.1. La posie arabe

    Lanimal occupait une place remarquable dans la littrature arabe avant et aprs lislam (Shaker, 1985). Les arabes et surtout les bdouins vouaient une fascination pour les animaux et taient de bons observateurs de leurs comportements et de leurs caractres. La posie arabe rengorge de descriptions morphologiques mais aussi psychologiques danimaux sauvages ou non, vivant sur leurs terres. Cest dans ce cadre que Jhiz dit :

    Il y a peu de ce que nous avons connu sur les animaux de la part des philosophes et quon a lu dans les livres des mdecins et des orateurs, quon na pas trouv dans la posie des arabes et

    dans les connaissances de ceux de notre langue. 6.

    Jhiz explique cette connaissance profonde par le fait que ces arabes naissent et vivent avec ces animaux7 et quils sont souvent mordus, empoisonns et mme dvors par eux. Cela les oblige bien les tudier pour savoir les viter et gurir les maux quils leur infligent8. Il ajoute quils sont eux mmes par rapport aux autres gens, des animaux sauvages9 ou presque.

    Comme premier exemple prenons le cas de laigle et des rapaces en gnral qui selon Jhiz suivent les armes10. Il se rfre pour cela plusieurs potes arabes et il cite entre autres des vers11 dal-Nabigha12. Jhiz donne en plus son avis sur ce sujet en disant que ces oiseaux le font la recherche de la nourriture sachant quil va y avoir des morts et des

    1 Khaled Ibn Yazid Ibn Mouaouia, le premier traducteur de lIslam. 2Jhiz, ibid, Vol. I, p. 77. 3Jhiz, ibid, Vol. I, p. 54. 4 Jhiz, ibid, Vol. I p. 49. 5 Jhiz, ibid, Vol. VII p. 70.

    6 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 268. 7 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 29. 8 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 29.

    9 , wahsh.

    10 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 322-325. 11

    : tu peux les voir derrire les gents (les voyageurs)

    regardant avec de petits yeux, comme des vieux dans des peaux de lapin. 12

    al-nbegha al-dhoubiani.

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    blesss. Il discute par la suite dautres vers1 dal-Nabigha o ce dernier considre que ces oiseaux suivent ceux qui vont gagner la bataille. Jhiz annonce que personne na jamais dit cela et que les rapaces tant habitus voir des armes supposent quils vont trouver manger.

    Un autre exemple2 est celui de lautruche qui avale des cailloux3. Comme preuve Jhiz cite

    cite les vers de deux potes : Dhou al-rimma4 et Abu al-Najm5. Jhiz discute cette observation en disant :

    Celui qui dit que la fusion des cailloux dans le ventre de lautruche se fait par la chaleur, se trompe..nas-tu pas vu que les marmites sous les quelles on allume du feux jour et nuit, ne fondent pas.6

    Et aussi :

    Ce que nous avons dit montre que lestomac de lautruche ne fait pas fondre les cailloux par la

    chaleur, mais il faut certainement une certaine quantit de chaleur avec dautres proprits qui nont pas de nom. 7

    Jhiz utilise la posie pour contredire Aristote au sujet de lingratitude8 de laigle9.

    Aristote dit :

    Ils nourrissent leurs petits jusqu ce quils soient capables de voler, alors ils les expulsent du nid et les chassent de tout le territoire avoisinant.10

    Jhiz dit :

    Cest ce que dit lauteur de la logique11 sur lingratitude de laigle vis--vis de ses petits, la posie des arabes montre le contraire.12

    Et il cite des vers13 du pote arabe Douraid Ibn al-samma, en contre exemple14.

    6.2. Les paroles et les proverbes arabes

    Pour les mmes raisons cites plus haut, Jhiz se rfre aux paroles et aux proverbes des arabes. Nous donnerons un exemple de chaque type.

    1 : des ails srs que leur tribu serait la premire gagner la

    guerre. 2 Jhiz, ibid, Vol. IV, p.311. 3 En effet elle avale des cailloux pour broyer les aliments dans son estomac.

    4 Dhou al-rimma

    5 Abu al-Naajm

    6 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 313.

    7 Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 318. 8 uquq.

    9 Jhiz, ibid, Vol. VII p37 10 Aristote, Histoire des animaux : traduction Bertier, p. 511. 11 Aristote : , shib al-mantiq. 12

    Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 338. 13

    : elle a un petit dans son nid au quel elle a prpar

    son lit comme le ferait pour son mari une belle femme strile. 14

    , Duraid Ibn al-samma.

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    En dcrivant le coq comme possdant une barbe, Jhiz se rfre ce que disent les arabes :

    Une femme a dit en dcrivant son fils et son mari : blond ayant une tte comme celle du coq 1.

    Ce quelle veut dire par blond est que le poil de son corps est blanc de vieillesse, sa tte ressemble celle dun coq car ses cheveux et sa barbe sont colors en rouge.

    Pour parler du lieu de vie de lautruche Jhiz utilise un proverbe arabe :

    On ne rassemble pas le mouflon et lautruche. 2

    Cest que le mouflon habite les montagnes et lautruche habite les plaines dit-il.

    6.3. Les sources trangres

    Jhiz cite plusieurs sources livresques trangres dont par exemple Galien3pour contredire lide commune de la btise et du manque de connaissance des vautours4.

    Il se rfre au sujet des pigeons celui quil appelle Aflimon le physionomiste 5 qui dit que le pigeon est lev soit pour la distraction, les femmes et les maisons soit pour les hommes et la course6.

    Aristote est lune des sources prfres de Jhiz et il se rapporte lui plusieurs reprises. Cest le cas par exemple lorsquil parle des ufs de poule :

    Lauteur de la logique a dit quune poule avait pondu dix huit ufs, chaque oeuf ayant deux jaunes, aprs couvaison, chaque uf donna deux poussins lun dentre eux tant plus gros que lautre. 7

    Jhiz utilise parfois le verbe prtendre en rapportant les paroles dAristote et exprime ainsi son doute de linformation, comme par exemple :

    Lauteur de la logique prtend quil y a dix espces de faucons 8

    Ou encore :

    Lauteur de la logique prtend quen Ethiopie existent des serpents volants. 9

    Il arrive que Jhiz discute ouvertement les ides de lauteur de la logique, comme dans le cas de loiseau cannelier dAristote10 qui construit un nid partir de la cannelle. Jhiz dit :

    Je ne repousse pas linformation de lauteur de la logique sur le cannelier, mais je ne vois pas pourquoi un oiseau quitterait son nid dans les montagnes ou en Perse ou au Ymen pour aller

    1Jhiz, ibid, Vol. II, p. 234.

    2Jhiz, ibid, Vol. IV, p. 352. 3 Galien (131 216) est un clbre mdecin crivant en grec. Une grande partie de son uvre a t traduite en arabe grce au traducteur arabe Hunayn Ibn Ishq (804- 877). Ses uvres ont jou un grand rle dans la pense scientifique arabe mdivale. 4 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 24. 5

    : probablement Polmon de Laodice (144-90 av JC) qui a un trait sur la

    Physiognomonie.

    6 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 146. 7 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 178. 8 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 187. 9 Jhiz, ibid, Vol. VII, p. 45. 10 Aristote, Histoire des animaux, traduction Bertier, p. 499.

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    au pays lointain1 de la cannelle, cet oiseau est probablement non migrateur, mais sil est migrateur comment traverse t-il toute cette distancepour aller chercher ce quil na pas vu, senti ou got et puis il rapporte avec son bec ou ses pattes ce qui fera son nid et qui nest mme

    pas doux et quil ne peut mme pas manger. 2

    6.4. Lexprimentation

    Jhiz dcrit dans son livre plusieurs expriences quil a ralis sur diffrents animaux et insectes (Ali, 1978). En ce qui concerne les oiseaux, nous prsentons deux exemples o notre auteur tire des conclusions partir de ses propres manipulations.

    Jhiz raconte comment il a pu observer le sperme dun dindon.3 Il dcrit son aspect et comment il a essay de sentir son odeur pour savoir sil ressemble celui de lhomme ou du chameau. Il en conclut quil ne leur ressemble pas.

    Au sujet de lautruche qui avale les braises, Jhiz mentionne que Al Nazzam4 lui a racont racont avoir vu une autruche avaler des braises quon lui prsente. Jhiz suggra alors dessayer avec des cailloux chauffs, car dit-il les braises steignent facilement en prsence dhumidit alors que la pierre est plus lourde et plus lente refroidir. Lexprience fut refaite et lautruche avala le caillou ; jai eu des doutes dit Jhiz, on lui lana un deuxime et un troisime et Jhiz fut stupfait. Il proposa alors de lui donner du fer chauff (des quart de livres et des demi livres dit-il) et elle les avala. Lexprience ne put malheureusement continuer et rpondre toutes les questions de Jhiz car un imbcile dit-il lana un couteau chauff lanimal qui lavala et mourut. Jhiz avoue avoir pens dissquer lautruche et regarder son estomac, mais ne la pas fait.

    6.5. Lexpertise

    Jhiz questionne parfois des experts , comme par exemple lorsquil demande un

    chasseur comment il fait pour capturer cent oiseaux deau en une journe5. Le chasseur rpond que ce nest pas le rsultat dune journe mais dune seule heure : il suffit pour cela dit-il, de faire flotter sur leau une citrouille vide, et lorsque les oiseaux sy habituent, le chasseur met une semblable sur sa tte et nage (on faisant des trous pour voir) tout prs des oiseaux, il les attrape et casse leur ailes un un, puis les ramasse tous la fin.

    En parlant des oiseaux hybrides Jhiz recours aux chasseurs qui dit-il prtendent que des genres6 doiseaux migrateurs et non migrateurs se rencontrent sur les cours deaux et saccouplent. Et puisquils continuent voir de nouvelles formes doiseaux ils en concluent que cest le rsultat de ces accouplements.

    Dans le mme contexte Jhiz raconte quil a vu un oiseau qui avait une voix dsagrable, il questionne alors un expert en oiseaux qui lui dit que cest le rsultat de laccouplement

    de deux espces diffrentes de pigeons7. Il rapporte aussi des ides quil attribue ce quil quil appelle des gents dexprience comme lorsquil raconte qugorger un coq crte divise ne peut quannoncer des malheurs8. Il faut noter dans ce cas que Jhiz dit : Des

    1 La chine. 2 Jhiz, ibid, Vol. III, p. 517. 3 Jhiz, ibid Vol. II, p. 241. 4 Grand matre de Jhiz. 5 Jhiz, ibid, Vol. V, p. 539.

    6 ajnes.

    7 Jhiz, ibid, Vol. I, p. 144. 8 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 259.

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    gens dexprience prtendent , Il utilise ainsi le verbe prtendre1 comme il le fait toutes les fois o il doute de linformation quil rapporte.

    Les chasseurs prtendent que le faucon ne prend pas de peine pour chasser, sil voit un rapace avec un gibier il le lui arrache, cest pourquoi ses oiseaux lui lchent leurs proies et senfuient en le voyant ; mais sil a faim et ne trouve pas quelquun pour le nourrir, il est capable de chasser le loup et les animaux plus petits que lui.2

    Il a aussi recours aux commerants et aux leveurs de volailles et rapporte que selon eux, si le nombre de poules augmente dans un endroit, le nombre dufs pondus et de poussins diminue3.

    7. Conclusion

    En analysant ses crits sur les oiseaux dans son livre Kitb al-Hayawn, nous pouvons voir que Jhiz a explicit une classification claire et limite qui se base en premier lieu sur lalimentation et sur les armes en second lieu. Notons aussi que Jhiz invente un nouveau vocabulaire pour dfinir ses classes en utilisant parfois des mots nappartenant pas au domaine des oiseaux.

    Les descriptions sont nombreuses dans les textes lis aux sciences mdivales. Elles peuvent tre statiques : morphologique et anatomique, ou dynamiques si elles sintressent lactivit ou la psychologie. Jhiz dcrit peu mais nous pouvons noter

    quil vit dans un environnement o la morphologie des oiseaux est dcrite dans la posie et les proverbes arabes. Selon nos premiers examens des passages concernant les oiseaux notre auteur ne donne pas de prcisions sur lanatomie et parle rarement dorganes. Jhiz, semble de notre point de vue ne pas sintresser particulirement ltude anatomique des oiseaux. Se rfrant souvent Aristote, il aurait pu rapporter ses descriptions anatomiques, comme il le fait pour dautres sujets. Il ne le fit pas dans son livre.

    Jhiz accorde un intrt particulier lactivit des oiseaux. Il aborde pratiquement tous les aspects de leur vie et consacre une grande part la reproduction. Sur ce sujet, il semble ne rien oublier. Il dcrit avec beaucoup de dtails les parades amoureuses, laccouplement, la nidification, les ufs, la couvaison et les oiselets. Cest sur ce sujet

    aussi que Jhiz rapporte le plus les ides dAristote quil semble par ailleurs adopter puisquil ne les discute pas comme dhabitude. Il adhre surtout aux ides dAristote en ce qui concerne les ufs clairs, mais expose des ides qui semblent nouvelles, concernant la relation entre la fertilit de loiseau et la faon dont il nourrit ses petits.

    En ce qui concerne la migration des oiseaux, Jhiz semble parler dun phnomne parfaitement connu dans son pays, sans confusion aucune et cite des oiseaux quil voit migrer et revenir suivant les saisons.

    Selon notre auteur, les oiseaux ainsi que les autres animaux, peuvent avoir comme lhomme, des qualits morales, mais cela ne les met pas au rang de lhomme, qui seul est

    capable de rflchir ses actes. Certains oiseaux peuvent sous cet aspect tre intelligents et ceci leur donne une aptitude lapprentissage. En plus de cela Jhiz croit fort en

    lexistence dun mantiq chez les oiseaux, qui leur permet dexprimer leurs besoins les plus ncessaires.

    1 . zaama.

    2 Jhiz, ibid, Vol. VI, p. 401. 3 Jhiz, ibid, Vol. II, p. 332.

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    Dans son livre et concernant les oiseaux, Jhiz a recours plusieurs sources dinformation et cite gnralement plusieurs sources paralllement. Il se rfre la posie des arabes, leurs paroles et leurs proverbes, lexprimentation, lexpertise et certaines sources livresques et particulirement Aristote. Fidle sa rputation de mutazilite, Jhiz discute souvent les informations quil a entre les mains en les confrontant dautres sources ou ses propres ides.

    Bibliographie

    Source primaire

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