journal "court toujours" du mardi 3 juillet 2012

4
Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble N’ 115 Mardi 3 juillet 2012 Voir des films, c’est vraiment la chose la plus stimulante pour en faire ! B. Bertolucci Certains l’Aiment Court... C’est à peine quelques semaines après le Festival de Cannes, dont l’égérie n’était autre que la muse de Billy Wilder, que s’ouvre le Festival du film court de Grenoble. Pas de répit pour les stars, qui laissent tout de même se reposer un peu le glamour, avant la Mostra de Venise. Moins de glamour, donc. Moins d’extravagance. Mais plus d’originalité pour Grenoble, qui se consacre au court-métrage, souvent trop méconnu du grand public, et ce pour la 35e année consécutive. 35 ans. 35 ans que le Festival du film court en plein air vous accueille place St André, au pied de votre écran géant favori. 35 ans qu’il vous fait rire, sursauter, chavirer, trépigner ou réagir. Bref, 35 ans qu’il vous fait tomber amoureux du Cinéma, un peu plus chaque été. L’équipe de Court Toujours ! se lance avec un plaisir sans bornes ni limites dans cette grande aventure, pour vous faire vivre quotidennement d’agréables moments pleins de belles surprises. En vrac ? Une soirée érotique, un vol direct pour Tokyo, une carte blanche au cinéma gay & lesbien, Alain Gomis sous tous les formats, une nuit blanche haute en couleurs... Mais on ne vous en dit pas plus, le plaisir, c’est aussi de découvrir ! Pour ce qui est du journal... Films en compétition vus par nos yeux de jeunes cinéphiles, entretiens inédits avec des personnalités du Festival, articles en tous genres dédiés à l’actualité de l’événement, et feuilleton exclusif à suivre toute la semaine... de quoi vous embarquer pour cinq jours dans le petit train de l’euphorie cinématographique. On souhaite de joyeuses noces de rubis au Festival ! Et à vous, une excellente semaine ! AUJOURD’HUI 9h - 12h / 14h - 17h30 : Stage d’analyse de films, animé par Jean Serroy 20h30 - 22h : Films en compétition (cf p.3) Salle Juliet Berto 22h - 23h30 : Films en compétition Place St André Court toujours ! © Raymond Cauchetier - Paris

Upload: cinematheque-grenoble

Post on 22-Mar-2016

212 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

 

TRANSCRIPT

Page 1: Journal "Court Toujours" du mardi 3 juillet 2012

Journal du 35ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble

N’ 115

Mardi 3 juillet 2012

Voir des films, c’est vraiment la chosela plus stimulante pour en faire !

B. Bertolucci

Certains l’Aiment Court...

C’est à peine quelques semaines après le Festival de Cannes, dont l’égérie n’était autre que la muse de Billy Wilder, que s’ouvre le Festival du film court de Grenoble. Pas de répit pour les stars, qui laissent tout de même se reposer un peu le glamour, avant la Mostra de Venise. Moins de glamour, donc. Moins d’extravagance. Mais plus d’originalité pour Grenoble, qui se consacre au court-métrage, souvent trop méconnu du grand public, et ce pour la 35e année consécutive.

35 ans. 35 ans que le Festival du film court en plein air vous accueille place St André, au pied de votre écran géant favori. 35 ans qu’il vous fait rire, sursauter, chavirer, trépigner ou réagir. Bref, 35 ans qu’il vous fait tomber amoureux du Cinéma, un peu plus chaque été.

L’équipe de Court Toujours ! se lance avec un plaisir sans bornes ni limites dans cette grande aventure, pour vous faire vivre quotidennement d’agréables moments pleins de belles surprises. En vrac ? Une soirée érotique, un vol direct pour Tokyo, une carte blanche au cinéma gay & lesbien, Alain Gomis sous tous les formats, une nuit blanche haute en couleurs... Mais on ne vous en dit pas plus, le plaisir, c’est aussi de découvrir !

Pour ce qui est du journal... Films en compétition vus par nos yeux de jeunes cinéphiles, entretiens inédits avec des personnalités du Festival, articles en tous genres dédiés à l’actualité de l’événement, et feuilleton exclusif à suivre toute la semaine... de quoi vous embarquer pour cinq jours dans le petit train de l’euphorie cinématographique.

On souhaite de joyeuses noces de rubis au Festival ! Et à vous, une excellente semaine !

AUJOURD’HUI

9h - 12h / 14h - 17h30 : Stage d’analyse de films, animé par Jean Serroy

20h30 - 22h : Films en compétition (cf p.3)Salle Juliet Berto

22h - 23h30 : Films en compétitionPlace St André

Court toujours !© R

aym

ond

Cau

chet

ier -

Par

is

Page 2: Journal "Court Toujours" du mardi 3 juillet 2012

Un court-métrage,c’est 59 minutes et 59 secondes

maximum de film !

Cette longueur correspond au métrage de la bobine, qui ne doit pas dépasser 1600 mètres en format 35mm.

09h - 12h : Stage d’analyse de films (suite & fin)09h - 12h / 14h - 17h30 : Atelier de réalisation pour les enfants14h - 16h30 : Courts métrages d’animation muets japonais16h30 - 18h30 : Carte Blanche au Festival Vues d’en face18h30 - 19h30 : Débat avec les réalisateurs (prg 1)20h30 - 22h : Films en compétition (prg 2) / salle Juliet Berto22h00 - 23h30 : Films en compétition (prg 2) / place St André23h30 : Nocturne, Porteur d’HommesMinuit : Films clandestins des années 20 (interdit aux -18 ans !)

Et demain ?

Quand les grandes figures du XXe siècle débutent leur par-courtFeuilleton 1/5

Expérimentation, brouillon des jeunes années, tentative de création… Le court métrage est souvent rabaissé au simple rang de technique d’apprentissage pour les novices de la création pour l’écran, petit ou grand. Mais le court métrage, c’est plus que ça !C’est un domaine autonome, florissant et créatif. S’il se développe aujourd’hui en tant que technique particulière, il n’en est pas pour autant nouveau.

Le vingtième siècle a déjà vu de jeunes artistes réaliser leur rêve par la production de pellicules courtes, souvent représentatives du style vers lequel ils ont évolué par la suite. Certaines grandes figures ont débuté par le film court : Charlie Chaplin, Jacques Tati ou

François Truffaut. Bien que ces films soient le résultat d’un lancement dans le 7ème art, n’est-il pas regrettable que ces artistes ne soient connus que pour les œuvres pour lesquelles ils ont emprunté la voie suprême du long métrage ?

Avec le développement de l’industrie audiovisuelle, le court métrage est adopté comme technique de cinéma indépendant et expérimental. Le soutien aux artistes novices se développe, plaçant le court au cœur d’un processus créatif, dynamique et éclectique. Du film de science-fiction à l’animation, en passant par le documentaire, le film court n’est autre que le reflet d’une fulgurante variété cinématographique.Plus qu’un simple cinéma expérimental,

le court métrage est une technique pleinement intégrée à l’art cinématographique. Ainsi, certains réalisateurs de longs métrages renommés tentent désormais d’adopter à leur tour la technique du court. Les Frères Coen, Christopher Doyle, Alfonso Cuaron, ou Denis Podalydès se lancent dans la réalisation en deux jours d’un court métrage de cinq minutes, pour Paris, je t’aime, sorti dans les salles en 2006, un long métrage rassemblant dix-huit œuvres courtes.

« Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout » disait le réalisateur du Mépris. Et même en court, tout est possible. Lui-même a su le faire, comme beaucoup d’autres, au début de sa carrière.

L’équipe de «Court toujours !» s’allie à Marty McFly pour un retour dans le passé. Le court métrage ne date pas d’hier, et nous allons tenter de vous faire découvrir, de la manière la plus succincte et instructive, l’histoire de cette technique dès l’émergence des grandes figures du Septième Art.

L’eûsses-tu cru ?

Invasion numérique

Nous sommes en 117 après les Frères Lumière. Toute les salles françaises sont occupées par le support numérique. Toutes ? Non ! Un petit festival d’irréductibles Grenoblois résiste encore et toujours à l’envahisseur...

Ha ! Attendez ! On me signale dans l’oreillette que cette année, le festival aurait enfin cédé !Eh oui, après des années à n’accepter dans la compétition que des films en argentique (pellicule 35 ou 16mm), la Cinémathèque a décidé d’ouvrir ses horizons à l’extra-terrestre arrivant : le numérique.

P-Roger (ndlr : c’est le petit surnom du bon vieux projecteur traditionnel, que nous chérissons tant) fera cette année copain-copain avec un tout nouveau projecteur numérique Sony flambant neuf. Que les fans de P-Roger ne s’en fassent pas, sur 34 courts sélectionnés cette année, huit sont quand même sur support pellicule, et auront donc droit à une projection «35 ans / 35 mm», rien que pour eux, le mercredi soir.Mais le passage au numérique n’a pas été de tout repos, croyez-nous ! Des copies manquantes, un casse-tête pour trouver où placer le projecteur qui ne pèse pas moins de 300 kg et ne peut pas être déplacé… Malgré toutes ces difficultés, votre Cinémathèque a persévéré et a bel et bien décidé de s’adapter aux évolutions de l’audiovisuel, rien que pour vous cette semaine. « L’homme moderne est l’esclave de la modernité : il n’est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude », disait Paul Valéry. La modernité, le progrès, et encore le progrès…même nous, on s’y soumet. Qu’à cela ne tienne, la Cinémathèque est à votre service pour toujours plus de nouveauté !

Marion

Julie & Marion

Page 3: Journal "Court Toujours" du mardi 3 juillet 2012

Compétition en cour(t)s

Ce n’est pas un film de cowboys - Benjamin Parent -C’est délicat la sexualité à l’adolescence. C’est dur d’en parler à cœur ouvert aux potes. Alors quand Brokeback Moutain passe à la télé, Vincent, Moussa, Nadia & Jessica en profitent pour étancher leur curiosité et faire le point sur leurs sentiments, à l’abri des regards, derrière la porte des toilettes du collège. A mi-chemin entre l’Esquive et Entre les Murs, une insertion réussie dans le quotidien de nos ados.

Son Indochine - Bruno Collet -« L’Indochine, c’est un pays lointain. Comme un morceau de la France, mais sans être vraiment la France. Quand j’étais gamin, on m’a proposé d’aller travailler là-bas. J’attrapais les sauterelles... » Greve des ventres

- Lucie Borleteau -Documentaire, science-fiction amoureuse ou autobiographie ?On ne saurait dire. Ce qui est sûr, c’est que la délicatesse avec laquelle Lise et Clara nous parlent de la condition féminine, du polyamour ou de l’éducation, enclenche certains engrenages dans nos cerveaux...

I’m your man - Keren Ben Rafael -Ben est bloqué. Il est bloqué dans l’ascenseur derrière ses cartons. Il est bloqué entre une relation pas finie et une pas entamée. Il est bloqué dans le sexe de son ex. Et on ne sait pas comment il va s’en sortir...

Violeta, la cortesana - David Casals Roma -Une prostituée, sur le bord de la route. Revêche de prime abord, elle va se laisser gagner par l’espoir d’une parfaite inconnue, compagne d’infortune d’un soir. Elle ira même jusqu’à l’aider à se rapprocher un peu plus de son rêve.

Beware - Bruce Samuel G.B. Atman -L’Amérique des années 50. Bob & Can-dice sont un couple tout ce qu’il y de plus banal. Du moins, en apparence seulement. Parle t’on vraiment des années 50 ? Un film qui n’est pas sans faire écho au festival Vues d’en Face.

Cette année-là,Le Festival s’ouvrait place St André

Les grenoblois l’ont tout d’suite adoptéQuelle année, cette année-là !

Cette année-là,Le premier Loto perdait la vedette

Face à Louise Brown, le bébé-éprouvetteQuelle année, cette année-là !

Cette année-là,Le Jura formait le vingt-sixième canton

De l'Helvétique confédérationQuelle année, cette année-là !

Cette année-là,Woody Allen récoltait 3 oscars

Pendant que Mesrine devenait ex-taulardQuelle année, cette année-là !

Cette année-là,Une nouvelle constitution pour l'Equateur

Etait votée avant que Cloclo meurtQuelle année, cette année-là !

Cette année-là,Starmania enchantait nos oreilles

La Cinémathèque se trouvait belle, belle, belleQuelle année, cette année-là !

C'était l'année soixante-dix-huit !

Julie

Julie

Page 4: Journal "Court Toujours" du mardi 3 juillet 2012

Entretien avec... Jean SerroyJean Serroy est professeur de littérature française à l’Université de Grenoble, critique de cinéma depuis plus de 25 ans au Dauphiné Libéré et auteur de Entre deux siècles. Vingt ans de cinéma contemporain (2006) et, en collaboration avec Gilles Lipovetsky, de L’écran global. Il est votre guide aujourd’hui et demain pour un voyage dans l’histoire du cinéma français. Par une analyse filmique fine, Jean Serroy tente de vous faire aborder l’art cinématographique de plusieurs manières. Ce sont trois films tout à fait différents, pour trois périodes historiques spécifiques, qui vous plongeront dans trois grands moments de l’histoire du cinéma français, et de l’Histoire en général. Ce stage permet le décryptage d’une œuvre en compagnie d’un passionné du Septième Art.

Avant toute chose, pourriez-vous présenter rapidement votre goût pour le cinéma ? Comment en êtes-vous arrivé à votre travail de critique et d’écrivain ?

Ce goût est venu des salles de cinéma, dès l’enfance. J’ai toujours vu beaucoup de films et lu beaucoup de livres, pensant que ça ne s’excluait pas. A l’époque, le cinéma était considéré comme très futil, et il fallait se constituer une culture essentiellement livresque. Mais, pour moi, la représentation par l’image est un élément important de la culture. J’ai écrit très tôt, tant journalistiquement qu’universitairement, sur la littérature, mais également sur le cinéma. J’allais voir de façon boulimique tout ce qui passait, ce qui constitue une culture, sinon exhaustive, qui permet de ne pas être limité, ni à un genre, ni à un type de cinéma.

Aujourd’hui et demain, vous animez le stage d’analyse. Pourquoi avoir choisi ces trois films ?

Ce stage se fait en trois séances, il fallait donc chercher une problématique d’ensemble. J’ai choisi d’avoir une visée historique, avec trois films de trois périodes représentatives. Le premier est A nous la liberté de René Clair (1931), sur l’époque cruciale des débuts du parlant dans le cinéma français. Les grands cinéastes pensaient que le vrai cinéma, c’était le muet. René Clair est l’un des premiers réalisateurs français à croire au parlant, et à s’être confronté à cette nouvelle manière de s’exprimer, qui conservait évidemment l’expression par l’image, mais ajoutait le son, la musique, et, du même coup, changeait les règles du jeu cinématographique.Les années 60 marquent ensuite un autre grand moment de renouvellement du cinéma, largement illustré en France par la Nouvelle Vague. C’était le désir de faire un cinéma différent de celui qui avait été fait depuis les années 30, et qui n’avait pas beaucoup évolué. J’ai donc choisi un film qui permet de voir comment le cinéma traite de façon nouvelle les questions de société, de l’image, du son. Il s’agit de Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda, qui a suivi, sans faire partie du noyau dur, la Nouvelle Vague. C’est un film très ambulatoire à travers le Paris des années 60 ;Varda met en valeur une autre manière d’aborder le cinéma.

J’ai enfin opté pour un film récent : L’Heure d’été (2007) d’Olivier Assayas, réalisateur au succès populaire, mais aussi cinéaste très exigeant. C’est un film sur la transmission, autour d’une maison, d’une vieille dame qui va mourir, et dont les enfants vont se partager l’héritage, qui est largement un héritage de culture. Il était intéressant de choisir ce très beau film, qui, avec des aspects très actuels, s’inscrit dans une mémoire à transmettre, une mémoire qui est aussi une mémoire de cinéma.

Quelle place a, pour vous, le court-métrage dans l’Histoire ?

A la naissance du cinéma, le long-métrage n’existait pas, c’étaient des films courts, de 8-10 min, voire moins. Le long-métrage s’est ensuite imposé pour des raisons diverses, entre autres commerciales : faire un vrai spectacle. Aujourd’hui, le court-métrage permet à quelqu’un qui commence dans le cinéma, ou à un cinéaste aguerri qui a envie d’expérimenter quelque chose de plus léger, de faire des films avec des moyens nettement moins importants. Cela permet d’avoir une exposition, sur une chaîne de télévision ou dans un festival, vue par des producteurs : c’est une sorte de carte de visite. Le court-métrage peut être aussi le brouillon d’un long-métrage à venir, une matrice : très souvent, des courts sont devenus des longs.Il ne faut pas penser que faire court est plus facile, il faut aller plus vite à l’essentiel. La concision est une qualité maîtresse.

Un petit mot en plus concernant le Festival en général ?

Je connais le Festival depuis longtemps, il a la qualité d’être chaleureux, festif ; cela tient beaucoup au lieu double : la salle et le plein air. C’est une animation populaire, ce qui est intéressant car les gens ne voient en général pas beaucoup de courts-métrages. C’est aussi l’accès à une forme d’expression différente. Et puis, c’est une manière de servir le cinéma en général, de découvrir des talents, encourager des initiatives, voir ce qui se fait. Enfin, tout ce qu’il y a autour du Festival, y compris les tables d’amis, les discussions autour du cinéma... tout cela est parfait.

EQUIPE DU JOURNAL

Directeur de publication : Guillaume Poulet

Redaction : Julie Jarrand, Marion Lauras, Dimitri Laronde, Laure Massol

Responsable web : Dimitri Laronde

Conception graphique : Julie Jarrand

PARTENARIATS

Le Mix // 4 place des GordesLe Dix Vins // 2 avenue Felix Viallet

La Table Ronde // 1 Rue d’AgierLa Côtelette // 5 rue RenauldonL’autre Table // 7 Place St André

Flam’s // 14 Rue ChenoiseLe BBQ // 4 Place de Gordes

festivalcourtmetrage.wordpress.com