jeux dramatiques par laurence dion-baillargeon
DESCRIPTION
Banque de jeux pour favoriser la création dramatiqueTRANSCRIPT
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
BANQUE DE JEUX POUR FAVORISER LA CRÉATION DRAMATIQUE
TRAVAIL PRÉSENTÉ À
NEY WENDELL
DANS LE CADRE DU COURS
EST-5040
GROUPE 30
PAR
LAURENCE DION-BAILLARGEON
4 DÉCEMBRE 2012
1
Les chaises théâtrales
Installer trois chaises face au public, où trois élèves prennent place. Chaque
chaise représente un niveau d'expression différent : la première chaise est le
niveau 1, soit le niveau d'expression que l'on emploie au quotidien ; la seconde est
le niveau 2, où l'expressivité doit être théâtralisée, exagérée ; la dernière est le
niveau 3, où l'expressivité doit être le plus amplifiée possible, caricaturale, d'une
forme de théâtre plutôt clownesque.
L'élève assis sur la première chaise (niveau 1) propose un mouvement
simple, clair et précis (se gratter la cuisse, se brosser les cheveux, plier un
vêtement, etc.). L'élève assis sur la seconde chaise (niveau 2) reprend le
mouvement et l'amplifie : il doit le théâtraliser tout en s'assurant qu'il reste précis.
Le dernier élève (niveau 3) reprend le même mouvement et l'exagère encore plus.
Par la suite, l'élève du niveau 3 va s'asseoir dans le public et les élèves des
niveaux 1 et 2 changent de chaise (celui qui était au niveau 1 prend place au
niveau 2 et celui du niveau 2 va au niveau 3) et un nouvel élève prend place au
niveau 1, où il fait une nouvelle proposition, qui est reprise par les élèves des
niveaux 2 et 3. On continue ainsi l'exercice jusqu'à ce que chaque élève soit passé
à tous les niveaux d'expressivité. Il est donc important que le geste proposé soit
simple et court. Le rythme doit être soutenu.
Si le groupe est trop nombreux pour que tous les élèves fassent l'exercice,
on peut faire participer seulement la moitié du groupe, puis refaire faire l'exercice à
l'autre moitié : celle-ci devra alors interpréter une émotion (de leur choix ou pigée
au hasard) à l'aide de gestes seulement (pas de paroles : il est possible de faire
quelques borborygmes). Les élèves doivent ainsi amplifier une émotion, mise en
scène par des gestes, plutôt que des gestes seulement. Lorsque l'élève du niveau
1 fait sa proposition, les élèves du public doivent deviner quelle émotion il
interprète.
2
Excellent exercice pour travailler la précision et l'amplitude du geste, les
points fixes et l'observation. Il permet également de faire explorer plusieurs
niveaux de jeu aux élèves (qui ont, de façon générale, un niveau de jeu auquel ils
retournent souvent) : il encourage les élèves plus réservés à jouer de façon plus
grande et les cabotins, à jouer plus petit. L'exercice permet également aux élèves
de réaliser qu'il est plus efficace d'être simple que trop compliqué dans ses choix
de jeu. Dans la version où ce sont des émotions qui sont interprétées, l'exercice
permet également le travail de la mimique et de l'attitude. Faire un retour avec les
élèves sur ce qu'ils ont vécu ou observé par rapport aux techniques de jeu lors de
l'exercice.
Exercice pour les élèves du primaire. Pour les élèves du secondaire, on
peut mettre quatre ou cinq chaises : ils ont ainsi un travail d'exagération plus subtil
à faire entre chaque niveau.
«Chantale»
Tous les élèves sont debout, en cercle. On choisit un prénom, par exemple,
«Chantale» et, à tour de rôle, chaque élève dit le prénom choisi de façon à faire
deviner aux autres élèves quelle émotion ils interprètent. On peut soit faire piger
une émotion aux élèves ou leur en laisser le choix. Les élèves doivent rester sur
place et peuvent bouger, mais ils n'ont pas le droit d'utiliser d'autre mot que le
prénom choisi. Le rythme doit être constant.
Excellent exercice pour travailler la précision des intentions chez les élèves
et l'importance de ne pas précipiter le jeu. On peut insister sur le travail de la
respiration. Une fois que les élèves sont habitués à l'exercice, on peut leur imposer
un personnage, qui déclame «Chantale» avec une émotion choisie par l'élève.
Cela permet alors de travailler la hauteur et le timbre de la voix, de même que la
3
posture d'un personnage. Faire un retour avec les élèves sur ce qui était efficace
ou non dans ces techniques de jeu, et pourquoi.
Exercice adapté, tiré du site internet de Dramaction, pour les élèves de tous
âges. Pour les élèves du primaire, on choisit des émotions simples (joie, tristesse,
colère...) et on exige moins de précision ; pour les élèves du secondaire, on peut
explorer des émotions plus complexes et subtiles (distraction, mépris, suspicion...).
Le thé au citron
On installe une aire de jeu avec une table et une chaise : il s'agit d'un petit
café. Deux élèves à la fois peuvent participer : ils joueront un serveur et un client.
On distribue à tous les élèves un petit texte qu'ils ont à apprendre rapidement
(insister sur le fait que le but de l'exercice n'est par d'apprendre le texte : si les
élèves en ressentent le besoin, ils peuvent avoir le texte en main). Les élèves
doivent ensuite jouer le texte avec une émotion spécifique (gêne, impatience,
joie...), qu'ils ont pigée, dans l'aire de jeu déterminée. Ils n'ont pas le droit d'ajouter
des éléments au texte ou d'en soustraire. Leur intention doit être claire. Quelques
indications scéniques aident l'élève à se concentrer sur l'interprétation de l'émotion
qu'il a pigée :
Le serveur est debout dans le café et attend des clients ; le client arrive dans le café et le serveur va l'accueillir. Serveur : Bonjour monsieur/madame. Client : Bonjour. Serveur : C'est pour une personne ? Client : Oui. Le serveur amène le client à la table. Serveur : Que prendrez-vous ? Client : Un thé au citron. Serveur : Un thé au citron ? Oui, tout de suite, monsieur/madame. Le serveur sort de scène chercher le thé.
Si le temps et la grosseur du groupe le permettent, chaque élève joue et le
serveur et le client. Sinon, chaque élève ne joue qu'un personnage. Puisque
4
chaque élève pige une émotion différente, de drôles de situations naissent parfois
sur scène ! Par ailleurs, il est possible de choisir un autre texte : il doit seulement
s'agir d'un texte court, prenant place dans un contexte simple et connu des élèves.
Exercice pour les élèves du secondaire, pour travailler les intentions et leur
précision, les rythmes, la voix, la gestuelle et le personnage. Insister sur
l'importance des silences, qui peuvent être tout aussi révélateurs qu'une réplique.
Faire un retour avec les élèves après l'exercice pour savoir ce qu'ils ont observé
en tant qu'interprète ou spectateur par rapport au langage dramatique et aux
techniques de jeu énumérées ci-haut.
Exercice adapté d'un atelier auquel j'ai participé il y a quelques années.
Le gardien de but
Un élève (le gardien de but) fait face aux autres élèves, qui sont en file. À
tour de rôle, chaque élève lance une réplique au gardien de but, qui doit y
répondre en respectant la situation et le personnage défini par l'élève qui a
proposé la situation. Par exemple, si l'élève qui propose la situation de jeu dit :
«Pitié, messire ! Attrapez cet homme ! Il m'a volé ma bourse !», le gardien de but
doit répondre quelque chose du genre «Ne craignez rien, madame, je terrasserai
cet infâme !» ou tout autre réplique plausible vue la situation proposée.
Insister sur l'importance d'accepter la proposition de jeu. Par exemple, pour
l'exemple précédant, le gardien de but ne pourrait pas répondre «Mais non, il n'a
rien volé du tout, vous hallucinez» : le gardien de but doit absolument accepter la
proposition de l'autre joueur. Le rythme doit être soutenu : dès que le gardien de
but a répondu à l'élève en tête de file, celui-ci cède sa place et un autre élève
lance une réplique au gardien de but. Après quelques répliques (cinq, par
5
exemple, selon la grosseur de groupe), le gardien de but va rejoindre la file
d'élèves et un nouveau gardien de but prend sa place. Le jeu continue jusqu'à ce
que tout le monde soit passé.
Pour les élèves du secondaire. Exercice d'improvisation pour travailler les
personnages (la gestuelle, le posture du corps, la voix), la spontanéité des élèves,
la précision du jeu et l'ouverture aux propositions des autres en situation de jeu.
Faire un retour avec les élèves sur ces techniques de jeu et attitudes, et leur
efficacité dans la situation dramatique.
Exercice adapté de Robert Gravel.
Le banc de parc Dans l'aire de jeu, on place deux ou trois chaises côte à côte pour figurer un
banc de parc, face au public. Chaque élève doit s'imaginer un personnage précis à
interpréter. Un élève prend place sur le banc, avec un personnage bien défini, puis
est bientôt rejoint par un autre élève. Les deux personnages interagissent et le
premier doit apprendre une nouvelle au second, qui y réagit de façon appropriée
en fonction de son personnage. Le premier personnage donne un court avis sur la
nouvelle en question, puis il quitte le parc pour une raison quelconque, et un autre
élève vient le remplacer. Chaque interaction entre deux personnages doit durer
une trentaine de secondes environ. Le second personnage apprend alors au
troisième la nouvelle qu'il vient d'apprendre, mais en la déformant, selon le principe
du téléphone arabe ou de la rumeur, à l'aide du commentaire émis par le premier
joueur.
Par exemple, si le premier joueur dit «Vous savez, j'ai entendu dire que
Bruce Willis a acheté une voiture en verre. À mon avis, elle a dû lui coûter un bras
6
!», le second joueur peut ensuite dire au troisième «Vous savez, il paraît que Bruce
Willis s'est coupé un bras en utilisant sa nouvelle voiture. À mon avis, il va
poursuivre le créateur du modèle».
Le second personnage quitte ensuite l'aire de jeu, et un quatrième
personnage vient rejoindre le troisième, qui lui confie à son tour la rumeur,
nouvellement déformée. Selon l'exemple précédant, le troisième joueur pourrait
ainsi dire «Vous savez, Bruce Willis a poursuivi en voiture l'homme qui lui avait
coupé le bras ! D'après moi, le pauvre homme n'avait pas toute sa tête». Le jeu
continue ainsi jusqu'à ce que tout le monde soit passé ou jusqu'à ce que le
professeur juge que la situation n'évolue plus suffisamment, auquel cas, un élève
invente une autre nouvelle, qui commence ainsi un autre cycle de rumeur.
Exercice d'improvisation pour les élèves du secondaire, très efficace pour le
travail des personnages (voix, mimiques, posture, jeu corporel), qui doivent être
clairs. Il s'agit également d'un bon exercice pour l'ouverture aux propositions de jeu
des autres et pour l'écoute. Faire un retour avec les élèves sur ces techniques de
jeu, ces attitudes et sur le langage dramatique développé lors des interactions
entre les personnages.
Exercice adapté de Robert Gravel.