issuu so 308

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Cloud computing UNE NOUVELLE RÉVOLUTION La revue de l’Espace des sciences www.sciences-ouest.org n°308 AVRIL 2013 Océanographie Des recherches en haut de la vague ! Biologie Pourquoi les plantes sont-elles vertes ? Cloud computing UNE NOUVELLE RÉVOLUTION Des recherches clés sur la sécurité informatique Ces entreprises bretonnes déjà dans le cloud Le boom du stockage et de la puissance de calcul

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Page 1: ISSUU SO 308

Cloud computing

UNE NOUVELLERÉVOLUTION

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°308 AVRIL 2013

OcéanographieDes recherches en haut de la vague !

BiologiePourquoi les plantessont-elles vertes ?

Cloud computing

UNE NOUVELLERÉVOLUTION Des recherches clés sur

la sécurité informatique

Ces entreprises bretonnesdéjà dans le cloud

Le boom du stockage et de la puissance de calcul

Page 2: ISSUU SO 308

Cloud computing

UNE NOUVELLERÉVOLUTION

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°308 AVRIL 2013

OcéanographieDes recherches en haut de la vague !

BiologiePourquoi les plantessont-elles vertes ?

Cloud computing

UNE NOUVELLERÉVOLUTION Des recherches clés sur

la sécurité informatique

Ces entreprises bretonnesdéjà dans le cloud

Le boom du stockage et de la puissance de calcul

Page 3: ISSUU SO 308

À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7GILLES PINAY, écologue et biogéochimisteUne interview non scientifique 22

AVRIL 2013 N°308 SCIENCES OUEST3

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES

CE QUE JE CHERCHEPar FLORENT LALYS, ingénieur en informatique « Je développe des outils basés sur le traitement d’images pour aider les chirurgiens » 4

DES POISSONS BIEN ÉLEVÉS 4DES VACCINS À LA POINTE 6UN AN DE MÉCÉNAT DE COMPÉTENCES 6UN NOUVEL OBSERVATOIRE DANS LE PAYSAGE 7

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUS

DES RECHERCHES EN HAUT DE LA VAGUE ! 8

POURQUOI LES PLANTES SONT-ELLES VERTES ? 9

LE DOSSIER

COUVERTURE © TOM WANG-FOTOLIA.COM / © SCANRAIL-FOTOLIA.COM / © SAEED KHAN

-AFP / © KORRISOFT

© TOM WANG-FOTOLIA.COM

n°308 AVRIL 2013

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

© DR

LA RÉVOLUTION DU CLOUD 10 à 18

DES MASSES DE DONNÉES À TRAITER 13

LA SÉCURITÉ, LE DÉFI À RELEVER 14

OÙ SONT STOCKÉES MES PHOTOS ? 15

PLEIN DE NUAGES EN FORMATION 16

POUR JOUER DANS LE MONDE ENTIER 17

DES SERVEURS AU PAYS DU FROID 18

Suivez-nous sur Twitter @sciences_ouest et sur www.sciences-ouest.org

Derrière cet anglicisme nuageux - comment letraduire ? - se cache un nouveau monde..., quin’est plus la chasse gardée des ingénieurs eninformatique. Devenu une offre commerciale quel’on croise de plus en plus souvent depuis 2012, le cloud computing est désormais accessible à tout le monde. Pour stocker des données, fairedes calculs ou des mises à jour..., on ne pourraitplus s’en passer !Cette nouvelle manière “délocalisée” de travailler

sur des données “virtuelles” est en train de transformer l’organisation des entreprises. Et pose aussi beaucoup de questions concernant la circulation des données et leur sécurité, surlesquelles les chercheurs travaillent activement.Mais les premiers utilisateurs sont déjà mordus.Voici quelques éclaircissements bretons sur ce qui serait même en train de devenir un nouveauparadigme de la recherche...

NATHALIE BLANCRÉDACTRICE EN CHEF

Dissipons le brouillard

© CÉLINE DUGUEY

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O n y trouve des poissons rouges, despoissons-zèbres, ou encore des truitesarc-en-ciel ! Nous ne sommes pas au

rayon animalerie d’une jardinerie, maisdans un laboratoire de recherche. Plus pré-cisément dans les nouvelles installationsexpérimentales du Laboratoire Inra(1) de phy-siologie et génomique des poissons (LPGP),sur le campus de Beaulieu, à Rennes. Inau-guré le 14 février dernier, le nouveau bâti-ment accueille les élevages de poissonsutilisés par les chercheurs. « Jusqu’ici, nos élevages étaient dispersés, explique PatrickPrunet, directeur du LPGP, cenouveau bâtiment nous permetde remplir toutes les exigencessanitaires. Et surtout, ces nouvellesinstallations sont mieux adaptées entermes de contrôle des paramètres : tem-pérature, salinité ou encore qualité de l’eaucar nous fonctionnons en circuit fermé. »

Huit salles d’élevage sécurisées sontdisponibles, et les espèces sont bienséparées. Les truites vivent dansdes grands bacs à 10 - 12 °C, par exemple, alors que les poissons-zèbres etles médakas,des petitspoissonso r i g i -nairesd’Asie,se plai-sent dans despetits aquariums aux alentours des 28 °C. Ils sont parfois soumis à des condi-tions particulières. « Pour les poissons rouges,nous alternons des cycles d’eau chaude et d’eaufroide afin de relancer la reproduction. » Car lareproduction est l’un des thèmes phares étu-diés par le laboratoire, qui s’intéresse aussià la croissance et à l’impact du stress sur lescapacités d’adaptation.« Ces installations nous ont aussi permis

d’entrer dans deux projets d’investissements

d’avenir », ajoute Patrick Prunet. Le premier,CRB-Anim, vise à développer des innova-tions sur la cryoconservation des cellules,pour les centres de ressources biologiques. « Nous apportons notre expertise sur la pro-duction d’embryons de poissons rouges juste-ment. » Le second concerne l’imagerie et letraitement de l’image sur les poissons-zèbres. « Nous connaissons bien legénome de cette espèce, qui est un peu l’équivalent

de la souris,

espèce modèle chezles mammifères. En

introduisant desmarqueursf l u o r e s -c e n t s ,nous pou-

vons visualiserdifférents organes.

Ici, nous nous intéressons auxgonades, aux muscles, à la peau et auxbranchies. » Quant aux truites, elles

sont destinées à des projets de recherche enlien direct avec la pisciculture, notammentsur la croissance et la qualité de la chair.Sauf que, pour des raisons sanitaires, cellesdu laboratoire ne se mangent pas !

(1)Inra : Institut national de la recherche agronomique.

Rens. : Patrick Prunet Tél. 02 23 48 70 [email protected]

© CÉ�RÉ�ALES KILLER

«Je développe des outils basés sur le traitement d’images pour aider les chirurgiens »

CE QUE JE CHERCHE

FLORENT LALYS INGÉNIEUR EN INFORMATIQUE

Déjà demain

«

4 SCIENCES OUESTN°308 AVRIL 2013

Je développe des outils basés sur letraitement d’images pour aider leschirurgiens. Pendant ma thèse, j’aitravaillé sur la chirurgie assistée

par ordinateur. Lors d’une intervention, lemédecin reçoit des informations via un écran,l’image d’un scanner du patient, par exemple.Au fil de l’opération, il doit, pour l’instant,charger ces informations manuellement, cequi engendre une perte de temps. J’aicherché à mettre au point un système quidétecte automatiquement les différentesétapes d’une opération. Cela pourraitpermettre d’adapter en temps réel lesinformations fournies au chirurgien. J’aiutilisé les vidéos enregistrées par lesmicroscopes utilisés lors des opérations. Desalgorithmes de traitement d’images repèrentles couleurs, textures, formats présents dansles images, pour les regrouper en séquences.Puis je compare ces séquences à une basede données que j’ai créée au début de mestravaux, où chaque ensemble de paramètresest associé à une étape précise : incision avectel scalpel à tel niveau... J’ai égalementtravaillé au niveau postopératoire, pour laformation des chirurgiens. Aujourd’hui, je netravaille plus sur les vidéos opératoires maissur la stimulation cérébrale profonde, avecune autre équipe(1). Je mets au point un atlasdu cerveau du patient sur lequel le médecinpeut retrouver les informations dont il abesoin pour optimiser sa stimulation. Et jequitterai bientôt le monde de la médecinepour celui de la surveillance urbaine, maistoujours dans le traitement de l’image ! »

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY(1)Lire Sciences Ouest n°285-mars 2011.

Rens. : Florent Lalys, [email protected]

© DR

Florent Lalys est enpostdoctorat au Laboratoiretraitement du signal et del’image à l’Université deRennes1, et va bientôtrejoindre l’université deHouston, aux États-Unis.

Il a reçu, le 8mars dernier, un prix de thèse de la fondationRennes 1, qui récompense desrecherches innovantes.

L’HYDROLIENNE DE SABELLA AVANCE� La société quimpéroise Sabella a entamé lemontage du démonstrateur d’hydrolienne quisera immergé au large d’Ouessant. La RégionBretagne, le Conseil général du Finistère etQuimper Communauté viennent de verserrespectivement 300000, 300000 et 50000 eurossous forme d’une avance remboursable pource projet qui réclame 1,3 million d’euros.Rens. : www.sabella.fr

NUMÉRIQUE MER

LA CANTINE BRESTOISE EST OUVERTE !� Lieu de rencontres sur le numérique et les nouvelles technologies, mais égalementespace de travail, la cantine de Brest estdésormais en marche. Elle est animée parJessica Pin, précédemment chargée demission à l’Association des filières del’électronique, de l’informatique et destélécommunications de Bretagne occidentale.Rens. : www.lacantine-brest.net

© VANGERT-FOTOLIA.COM

De nouvelles installations d’élevage de poissons ont étéinaugurées dans un centre de recherche rennais.

Des poissons bien élevés

LES ÉCHOS DE L’OUEST

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AVRIL 2013 N°308 SCIENCES OUEST5

Des cellules quitirent à la corde

COURANTS : ÇA RALENTIT DANS L’OCÉAN !� Une équipe de chercheurs franco-espagnole (dont ceux duLaboratoire de physique des océans(1) de Brest) a mis en évidencele lien entre le ralentissement du tapis roulant océanique, quitransporte en surface les eaux chaudes vers les hautes latitudeset en profondeur les eaux froides vers le Sud, et la réduction del’absorption du gaz carbonique (CO2) émis par l’homme, qui s’estaccélérée entre 1990 et 2006. Ces résultats viennent d’êtrepubliés(2) et s’appuient sur des données acquises pendant des campagnes océanographiques entre1997 et 2006. Observé depuis le début des années 2000, le ralentissement des courants s’intègredans une variabilité dont les cycles durent de une à plusieurs dizaines années, et qu’il faudradésormais davantage prendre en compte dans les modèles de prévision du changement climatique. (1)Unité mixte de recherche Ifremer/CNRS/IRD/UBO. (2)Dans la revue Nature Geoscience, 13 janvier 2013.

Rens. : Pascale Lherminier Tél. 02 98 22 43 62, [email protected]

MOINS D’ONDES ET DES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE DANS LA MAISON� Le pôle de compétitivité Images et Réseaux vient delabelliser le projet Greencomm. Porté par Orange, il vise à améliorer la consommation énergétique des équipementsprésents dans l’habitat et à minimiser l’exposition aux ondes.Il associe les entreprises Technicolor, Niji, Turbo Concept,Satimo, Idil, Siradel ainsi que Télécom Bretagne Brest etRennes.Rens. : www.images-et-reseaux.com

ILS S’ASSOCIENT POUR LA PÊCHE DURABLE� Des entreprises, des institutionnels - dontLorient agglomération - et des ONG se sontregroupés pour créer, à Lorient, uneassociation sur la promotion de la pêchedurable. Elle veut mutualiser lesconnaissances, promouvoir les bonnespratiques ou encore participer à l’élaborationdes politiques communes de la pêche.Rens. : www.caplorient.com

ÉNERGIE

T rois équipes du CNRS, dont celle deRoland Le Borgne de l’Institut de géné-tique et développement de Rennes

(IGDR), en savent désormais un peu plus surles mécanismes de division des cellules épi-théliales, jusque-là peu étudiées(1). Ces der-nières composent des tissus très présentsdans l’organisme, hypercompacts, quiconstituent la limite entre un organe et l’ex-térieur. Les cellules épithéliales ont donc laparticularité d’être polarisées : elles compor-tent une zone apicale, en contact avec l’ex-térieur, et une partie baso-latérale àl’intérieur séparées par des jonctions d’adhé-rence qui assurent la cohésion entre les cel-lules.

Les chercheurs ont découvert que la divi-sion cellulaire est asymétrique. Elle progressedu pôle basal vers le côté apical, et ne se faitpas de façon autonome. « La cellule en divi-sion est en contact permanent avec ses voisines,et il faut que leurs forces d’adhésion se rompentlocalement pour permettre aux cellules filles dese séparer, puis de former de nouvelles jonctionsentre elles, explique Roland Le Borgne. Cesforces se rééquilibrent ensuite, un peu commedans le jeu du tir à la corde. »

(1)Les trois articles sont parus dans le même numéro de la revueDevelopmental Cell (2013).

Rens. : Roland Le Borgne Tél. 02 23 23 48 [email protected]

SAINT-MALO EN VERSIONNUMÉRIQUE� Baptisé Digital Saint-Malo,un collectif d’entreprisesmalouines vient de se créer.Son but : attirer de nouvellesentreprises du numérique qui bénéficieront d’unaccompagnementindividualisé. Le collectifporte également le projet de création d’une cantinenumérique, en lien avec laChambre de commerce etd’industrie, Rennes Atalante, Saint-Malo Agglomération et la cantine rennaise.

Rens. : www.atalante-stmalo.fr

TÉLÉCOM BRETAGNEOUVRE SES PORTES AUXENTREPRISES� Le 22 mars dernier, dansle cadre de la semaine del’industrie, l’école d’ingénieursTélécom Bretagne, basée àBrest, a accueilli dans seslocaux des acteurs du mondede l’entreprise. L’objectif étaitde leur présenter lespotentiels de l’école et defavoriser les collaborations,tant avec les élèves qu’avecles enseignants-chercheurs.L’événement était coorganiséavec les technopôles deBretagne, Cap’tronic et lacantine numérique brestoise. Rens. : www.telecom-bretagne.eu

NUMÉRIQUE, SENIORS ET SANTÉ� Mettre en relationprescripteurs, utilisateurs etintégrateurs avec des offreursde solutions numériquesinnovantes dans le domainede la santé, des seniors, desservices à la personne et desaidants, tel est l’objectif desrencontres d’affairesorganisées par la Chambre de commerce et d’industrie de Rennes. La seconde édition a accueilli cent cinquantepersonnes le 21 mars dernierau Stade rennais.

Rens. : Maxime TachonTél. 02 99 33 63 [email protected]

© RUNDVALD

MOBILISATION AUTOUR DE LA BIODIVERSITÉ MARINE� État des lieux de la perte de biodiversité, outils de gestion et de protection, alliésau développement des territoires maritimes..., voici les grands thèmes abordés,en novembre dernier, pendant les premières rencontres internationales de labiodiversité marine et côtière. Organisé par Brest Métropole Océane àOcéanopolis, en partenariat avec le Conseil régional de Bretagne, le Conseilgénéral du Finistère et sous le haut patronage du Secrétaire exécutif de laconvention sur la diversité biologique, cet événement marque l’engagement desvilles portuaires et autres acteurs locaux pour la biodiversité. Il a accueilli près decent soixante-dix participants (dont quarante intervenants) de treize nationalitésdifférentes. Un blog avait déjà été créé pour permettre de poursuivre les échanges(adresse ci-dessous). Aujourd’hui, les actes y sont accessibles en ligne, et l’idéed’une conférence, courant 2013, consacrée à l’économie bleue, ou exploitationéconomique durable des ressources marines et côtières, fait son chemin.Rens. : www.biodiversite-marine.eu

© IFREM

ER-P. LHERMINIER

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Déjà demain

8 SCIENCES OUESTN°308 AVRIL 2013

I maginez... 36 mètres, unimmeuble de douzeétages. Et maintenant,

une vague qui arrive aumême niveau ! C’est le recordde hauteur de vague qu’ontmesuré des chercheurs del’Ifremer de Brest, recordpublié en décembre dernier(1).Ça s’est passé en février 2011,lors de la tempête Quirin,dans l’Atlantique Nord, ausud de l’Islande.

Du creux à la crête

Pour effectuer leur mesure,les chercheurs n’ont - heureu-sement - pas eu à se rendresur place ! Ils ont utilisé lesdonnées enregistrées etenvoyées par le satellite océanographique Jason 2. « Il mesure en routine la hau-teur du niveau de la mer, avecune précision, en moyenne, de 15 cm, explique FabriceArdhuin, mais nous n’étionspas certains qu’il était fiablepour de telles perturbations. »Le satellite envoie des ondesqui se reflètent sur la mer.C’est le temps mis pour par-

courir l’aller-retour qui per-met de déduire la distance.Une méthode simple et efficace lorsque la mer estplate. Mais lorsqu’il y a des vagues, il faut prendre en considération plusieurséchos : celui qui correspondà la crête de la vague, quirevient plus tôt, et celui quicorrespond au creux de lavague, qui revient plus tard.Et comme le satellite, qui sedéplace lui aussi, ne peut pasviser précisément ces zones,les océanographes considè-rent une moyenne des hau-teurs sur plusieurs centainesde vagues. « Le 14 février2011, cette hauteur moyennea atteint 20,1 m, un recorddepuis le début de ces mesures,à la fin des années 1980.Grâce à des données statis-tiques, nous avons pu endéduire que la vague la plushaute de cette tempête devaitdépasser les 36 m de haut ! »

Jusqu’à la côte

Devant ce chiffre vertigi-neux, les chercheurs ont

voulu confirmer leurs résul-tats. «Nous avons regardé desenregistrements transmis pardes bouées placées près descôtes européennes entre le 15et le 16 février, lorsque la houlede la tempête a atteint lescôtes. Et nous avons remarquéque le temps entre deux vaguesétait particulièrement long, 25 secondes, un autre record !Ce qui conforte l’idée de vaguesexceptionnellement hautes.Nous retrouvons cette périodesur les enregistrements des sismographes sous-marins, qui

sont sensibles à l’intensité destempêtes. »Outre le record, cerésultat permet de valider lesmesures satellitaires pour desévénements exceptionnels.Cela peut servir en préven-tion, pour connaître les hau-teurs que l’on peut atteindredans des zones où des struc-tures, comme des plates-formes pétrolières, doiventêtre installées, où encorepour le développement desénergies marines renouvela-bles basées sur l’utilisationde la force des vagues.

OCÉANOGRAPHIE Grâce aux informations envoyées par un satellite océanographique,des chercheurs brestois ont mesuré la plus haute vague jamais recensée.

Ils surfent sur les recordsS i la vague la plus haute de la tempête Quirin s’est

formée au beau milieu de l’Atlantique, de bellesondulations sont arrivées sur les côtes, notamment au Paysbasque où, « à cause du fond très accidenté, les vagues sereforment. »Une occasion rêvée pour les surfeurs, qui ontpu profiter le 16 février 2011, de rouleaux d’environ 10 mde haut sur le site de Belharra, à 3000 km du site record !Ils ont ainsi surfé la plus haute vague de l’année. Plusrécemment, c’est à Nazaré, au Portugal, que l’AméricainGarett McNamarra est entré au Guinness Book des recordsen s’attaquant à une vague d’environ 23 m, hauteur estiméesur les photos, à partir de la taille du surfeur. CD

Des recherches en haut de la

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« Aujourd’hui le record tienttoujours, pour les mesureseffectuées par satellites. Car ilest également possible d’utili-ser des bouées, mais ce sont desmesures très locales, il n’y en aque quelques centaines dans lemonde. » Le record enregistrépar des bouées a été battu finfévrier dernier, avec 19 m, aularge de l’Écosse.

Souffler longtemps

« L’Atlantique Nord est lazone où l’on trouve les plusgrosses vagues au monde,noteFabrice Ardhuin. Il faut qu’ily ait du vent qui souffle long-temps, sur une grande dis-tance et qu’il se déplace enmême temps que les vagues,ici d’est en ouest. Ce ne sontpas les vents les plus forts quiprovoquent les plus grossesvagues. » En plus d’un record,les chercheurs pourraientavoir mis au jour un nou-veau dicton !

CÉLINE DUGUEY

(1)DansBulletin of American Meteorology Society.

AVRIL 2013 N°308 SCIENCES OUEST9

E lles composent lagrande majorité de laflore terrestre. Dans la

nature, et aujourd’hui en potdans nos maisons, les plantesvertes ont colonisé la Terre ily a de ça 500 millions d’an-nées, quand les premièresalgues de la même couleursont sorties des eaux. Mais siles algues vertes ont franchile pas, leurs cousines lesalgues rouges sont restées aufond de l’océan. En étudiantle génome de l’une d’entreelles, Chondrus crispus, deschercheurs ont compris pour-quoi vous n’avez pas à arro-ser les plantes rouges de votrevoisin pendant l’été !

Un bon modèle

« Chondrus crispus est unealgue rouge très commune,d’une vingtaine de centimètres,rappelle Jonas Collén, biolo-giste à la Station biologiquede Roscoff(1), on la trouve surles côtes atlantiques. Initiale-ment, elle intéresse car elle estsource de carraghénane, unépaississant très utilisé enagroalimentaire. Elle était unebonne candidate pour unmodèle scientifique. » En col-laboration avec plusieurslaboratoires(2), les chercheursroscovites ont entamé l’étudede cet organisme pluricellu-laire. « Le Génoscope d’Évry a effectué le séquençage propre pour obtenir de petitesséquences brutes, qu’il fautassembler et réordonner pourtrouver les gènes. »Cela repré-sente plus d’un an de tra-vail ! « Chez les eucaryotes(3),il y a beaucoup de séquencesqui ne codent pas pour des pro-téines, il faut donc faire le tri.Finalement, nous avons iden-tifié moins de 10000 gènes, cequi est... très peu ! », assure lechercheur, qui pensait entrouver plus de 15000. « Cerésultat est plus proche de ce

que l’on trouve chez les orga-nismes unicellulaires », pour-suit le biologiste.

Réduction dans le génome

Intrigués par ce petit scoreet surtout par la différenceavec le génome des alguesvertes, bien plus important,les biologistes ont émis unehypothèse : « Il est fort possi-ble que les algues rouges aientsubi une réduction de leurgénome au cours de leur his-toire évolutive, il y a plus d’unmilliard d’années, après avoirété exposées à un environne-ment extrême, comme destempératures élevées, ou unepauvreté en nutriments. C’estun phénomène que l’onobserve encore au niveau dessources hydrothermales, quisont les milieux extrêmes d’au-jourd’hui, et dans lesquelles ona retrouvé des algues rougesunicellulaires. »Cette perte degènes pourrait expliquerpourquoi les algues rougesn’ont pas gagné la terreferme : elles avaient moinsd’outils génétiques pours’adapter aux contraintes dece nouveau milieu : pesan-

teur, dessèchement..., contrai-rement à leurs cousines lesalgues vertes, dont elles sesont séparées il y a plus d’1,5milliard d’années.

De nouvelles enzymes

En plus d’éclairer le mys-tère de l’inexistence desplantes rouges, ces travauxont permis de fournir de pré-cieux outils aux chercheursqui s’intéressent à ces espèces.« À Roscoff, par exemple, nousrecherchons de nouvellesenzymes. On connaît peu dechoses sur la synthèse des car-raghénanes, et ces nouvellesdonnées pourraient nous per-mettre de trouver les gènes quiy participent. » Ces résultatsdevraient intéresser les indus-triels locaux, sachant qu’au-jourd’hui, la majorité del’aquaculture d’algues rougesse fait en Asie.

CÉLINE DUGUEY(1)UMR CNRS-Université Pierre-et-Marie-Curie. (2)Dont le laboratoire Écobio de l’Observatoiredes sciences de l’Univers de Rennes (Osur).(3)Organismes dont les cellules comportent unnoyau et des mitochondries.

BIOLOGIE La connaissance du génome d’une algue rouge a permis aux chercheurs de comprendre pourquoi ces dernièresn’ont pas colonisé la Terre.

Pourquoi les plantes sont-elles vertes ?

CONTACTJonas Collén Tél. 02 98 29 23 [email protected]

Chondrus crispus est une algue rouge trèscommune d’une vingtaine de centimètres.© JONAS COLLÉN

CONTACTFabrice Ardhuin Tél. 02 98 22 49 15 [email protected]

vague !

L’Américain GarettMcNamarra le 30 janvierdernier à Nazaré, auPortugal. La veille, il estentré au Guinness Bookdes records en surfant unevague estimée à 23 m. © AFP PHOTO - PATRICIA DE MELOMOREIRA

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LE DOSSIER DE

En 2007, le site de com-merce en ligne américainAmazon, connu pour sesventes de livres ou de CD,lance un nouveau service.Il propose de louer unepartie de ses infrastructuresinformatiques. Car, pour

faire face aux pics de fréquentation, notam-ment à l’approche de Noël, l’entreprise ainvesti dans une énorme quantité de ser-veurs... qui ne lui sont plus utiles le reste del’année. Le cloud computing - “informatiquedans les nuages” en français - voit le jour.Contre rémunération, il est possible d’avoiraccès aux ressources d’Amazon, qui, grâce àdes logiciels, peuvent héberger des milliers de

machines virtuelles. Comme si vous aviez unvéritable ordinateur devant vous, sauf qu’ilest inclus dans un serveur beaucoup pluspuissant, éventuellement à l’autre bout dumonde. « L’utilisateur peut composer la machinede son choix, avec tel type de processeur et telsystème d’exploitation - Linux en général - »,explique Christine Morin, responsable del’équipe Myriads au centre Inria de Rennes.

Une explosion de données

Vincent Roussillat, coresponsable de laCloud Factory chez Orange (lire p. 15) com-pare ce service aux Vélostars : « On ne payeque les heures de location, en fonction de nosbesoins. »Un service élastique, adaptable, quitombe à point, car la production de données

informatiques explose et le dogme de lamobilité exige que l’on puisse avoir accès àces données partout, depuis n’importe quelterminal. Donc qu’elles ne soient pas stockéesdans un disque dur bloqué à la maison, parexemple. Mais si le modèle économique estnouveau, la technologie, elle, n’en est pas àses débuts. « Les premières recherches sur lavirtualisation datent des années 60, notammentpar IBM, rappelle Christine Morin. À l’époqueles PC n’existaient pas, seuls de gros ordinateurscentraux étaient accessibles, et les utilisateursnombreux, parmi les scientifiques, puis dans lesentreprises. Alors des techniques sont apparuespour isoler, sur une même machine, les diffé-rentes activités. » Mais il faudra attendrel’amélioration des processeurs, dans les

LARÉVOLUTION CONÇU POUR FAIRE FACE À L’EXPLOSION DES DONNÉES, CE SERVICEINFORMATIQUE À LA DEMANDE POSE DE NOUVELLES QUESTIONS.

10 SCIENCES OUESTN°308 AVRIL 2013

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DU CLOUDannées 2000, pour voir un regain d’intérêtdans ce principe de virtualisation.

Externaliser, à quelles conditions ?

« Les chercheurs ont été parmi les premiersintéressés, avec l’apparition des grilles de calcul. » Le projet Grid 5000(1) développé enpartie au centre Inria de Rennes en est unexemple. « La différence, c’est que les grillesnaissent d’une mutualisation entre un petitnombre d’acteurs. Le cloud est un service com-mercial, à disposition de tous. Et cet aspect économique a fait émerger de nouvelles ques-tions. » L’optimisation du coût mais surtoutle besoin nouveau d’établir un contrat, entrele fournisseur du cloud et le client. « Ce sontles LSA (Local Service Agreement). Ils stipulentles différentes conditions : les garanties desécurité, mais aussi la taille et le nombre demachines virtuelles allouées. Comment négocierces contrats à distance, sans nécessairement

P.14La sécurité, le défi à relever© SAEED KHAN-AFP

P.16Plein de nuages enformation© DAVID FERRIÈRE-SIB

P.17Pour jouer dans le mondeentier© KORRISOFT

AVRIL 2013 N°308 SCIENCES OUEST11

© TOM WANG-FOTOLIA.COM

Il devait n’y en avoirqu’une, mais fauted’accord entre lesprincipaux acteurs, ellessont deux. D’un côté, il y aCloudwatt, portée parOrange et Thalès. Del’autre Numergy, de SFR etBull. Ces deux sociétésproposent, depuis fin 2012,des solutions de cloudintégralement françaises.Elles ont été créées suite à un appel à manifestationlancé par le gouvernementdans le cadre des

investissements d’avenir etbénéficient, à ce titre, d’unfinancement de la Caissedes dépôts de 75 millionsd’euros chacune. L’objectif affiché : offrir des solutions souveraines,pour garantir la sécurité etl’hébergement en Francede leurs données auxgrandes entreprisesfrançaises et européennes,notamment dans lesdomaines sensiblescomme l’armement oul’aéronautique. Il s’agit

également de rivaliseravec les mastodontesaméricains. Ces deuxinitiatives laissent pourtantnombre d’acteursperplexes. D’une part, carla division du consortiumen deux en affaiblit laportée. D’autre part, car depetites entreprises quiproposaient déjà du cloudmade in France estiment laconcurrence déloyale.

CD

Rens. : www.numergy.comwww.cloudwatt.com

Deux clouds pour un État