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L’ÉCRAN L’ÉCRAN de la FFCV - Fédération Française de Cinéma et Vidéo de la FFCV - Fédération Française de Cinéma et Vidéo N°100 mars 2013 N°100 mars 2013 ISSN : 1143-2055

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L’ÉCRANL’ÉCRANde la FFCV - Fédération Française de Cinéma et Vidéode la FFCV - Fédération Française de Cinéma et Vidéo

N°100 mars 2013N°100 mars 2013

ISSN : 1143-2055

Le catalogue Kino classics qui comprend 500 titres est consultable en ligne http://viewer.zmags.com/publication/57f0b968#/57f0b968/64Nombre de films culte, incontournables de l’histoire du cinéma, ont été restaurés et réédités en disques blu-ray. On les trouve également sur Amazon.com

Le cinéma de toujours chez soi en DVD Blu-Ray. Une idée de cadeaux cinéphiliques pour récom-penser les lauréats des concours de la FFCV

Kino Classics : l’édition spécialisée des chefs-d'œuvre du cinéma mondial, avec une collection extraite de la riche bibliothèque de KinoInternational.Avec des titres allant des premières expériences par la société Thomas Edison et l'époque du muet, pour les classiques de l'âge d'or d'Hollywood,les chefs-d'œuvre du cinéma mondial. Pour le spectacle à domicile, Kino Classics présente des films intemporels, dans la plus haute qualité dumatériau d’origine.Kino Classiques a récemment restauré en 2010 Metropolis de Fritz Lang et rétabli 25 minutes de métrage perdu, donnant aux cinéphiles la chancede voir enfin le film tel que le réalisateur l’avait voulu.

Grâce à Kino Classics, 19 comédies muettes de Buster Keaton, ont été restaurées en HD Kino Classics a également mis en Blu-ray les splendidesnouvelles restaurations de deux films autorisés par la succession Selznick, L’adieu aux armes (1 932), basé sur le célèbre roman d'ErnestHemingway, avec en vedette Gary Cooper et Helen Hayes et Rien de sacré (1 937), une comédie loufoque mettant en vedette folle CaroleLombard et Fredric Mar dont le Technicolor, a été méticuleusement restauré pour cette version. Parmi ses titres muets, Kino Classics a publié deuxchefs-d'œuvre de DW Griffith, Naissance d’une nation (1 915) et À travers l'orage (1 920) sur les disques Blu-ray, ainsi que deux classiques ducinéma soviétique le premier long-métrage de Sergueï Eisenstein, La grève (1 924), et la comédie romantique légère, La vendeuse de cigarettesde Mosselprom (1 924). D'autres récents communiqués de Blu-ray ont inclus Les valseuses (Going Places) de Bertrand Blier (1 974), un road-movie rauque qui consacre Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, et la version 1 922 de Sherlock Holmes avec John Barrymore.

Le centième numéro correspond à 23 années de paru-tion. On approche le quart de siècle, ça pose. Depuis1990 la fédération a eu son journal papier. Le premier

numéro est sorti sous la forme d’un petit bulletin adressé àquatre-vingts personnes environ, des rédacteurs se sontpassé le flambeau, pour les derniers ce sont Michel Body etPierre Perrier. Aujourd’hui, Philippe Sevestre en assure l’ac-tuelle composition depuis le n° 48 de l’année 2000.

Début 2011 a été ce moment charnière où la revue estpassée à la numérisation, un progrès puisque nous nesommes plus dépendants de l’adresse postale forcémentlimitative. À présent outre nos fidèles lecteurs, nous sommeslus au moins dans tous les pays francophones et par noscompatriotes qui ont migré vers d’autres contrées, c’est ver-tigineux.

Depuis 1933, le point d’origine de la FFCV, soit quatre-vingtsans d’existence au cours desquelles quatre générations sesont passé le relais, la nouvelle garde (cf. le palmarès 2012)côtoie les passionnés endurants qui enrichissent au fil desans notre riche cinémathèque. Certes les seniors sont bienprésents dans le paysage social mais il est un phénomènenouveau et étourdissant que la « Une » des médias nemanque pas de souligner, les plus de 80 ans qui étonnent parleur vitalité. Chez nous aussi, nous avons des vétérans,« tant qu’ils ont la santé » vont sur les chemins, caméras aupoing et se concentrent sur leur banc de montage avec deslogiciels comme Final cut pro. Le tableau intergénérationnelrenforce l’idée d’une cohésion sociale réussie où les clivagess’estompent. Haut les cœurs!

Partageons le privilège de la salle obscure en chœur, ailleurset à Bourges dans le beau théâtre Jacques Cœur pour savou-rer le meilleur cru de l’année. Pratiquons l’immersion dansun espace où chaque spectateur va accepter d’être trans-porté hors de son propre rythme intérieur et adopter celuiqui lui est proposé par le réalisateur maître. Un hors tempsqui transporte l’imaginaire du spectateur vers un ailleurs,magiquement vécu ensemble, dans un partage non illusoiremais réel.

L’Écran de la FFCV — 3 — n°100 mars 2013

Sommaire

Éditorial p. 3Anniversaire p.4Références p. 5Praxis du cinéma documentaireLes vidéos brèves p. 6-7Cinéphilie p. 8-10L’esclavage aux EU vu par le cinéma

Un auteur s’exprime p. 11-12Le roi, la favorite, le cardinalChronique p. 13-14Démarche de l’escalier (34)

Ressources p. 15-20Rode: micros et HEVCPanasonic HC-X900Prises de vues en quadriptèreColorimétrie : pédagogie et travaux pratiques

Formation p. 21-22Formation au montage 2e niveau à AngersStage documentariste en GuadeloupeStage de jurés à L’Haÿ-les-Roses

Actualités p. 23Festival de Seyssins Offre JVCNouvelles fédérales et internatio-nales p. 24Unica CA du 26 janvier 2013

Photo de couverture : Le 100e numéro de L’Écran de la FFCV

Édito

Ont participé à ce numéro : Gérard Bailly, Didier Bourg, Marie Cipriani, RobertDangas, Annick Perrier d’Hier, Norbert Peltier,Charles Ritter, Philippe Sevestre, Armel Vertino

L’Écran de la FFCV — 4 — n°100 mars 2013

Anniversaire

La FFCV, un laboratoire pour la création audiovisuelle

En 2013, la Fédération Française Cinéma et Vidéofête ses 80 ans d’existence et le numéro 100 de sarevue L’Écran. Deux opportunités de souligner lerôle unique qu’elle joue dans le paysage audiovi-suel français.

La FFCV a pour ambition de mettre le 7e Art à laportée de toutes et tous. Ses membres contribuentpleinement à l’actualité et à l’avenir des tech-niques, des compétences et des cultures audiovi-suelles. Alors que les enjeux économiques scléro-sent le documentaire et le cinéma, les enfermantdans des représentations toujours plus normées etaseptisées, la FFCV est l'espace par excellence dela créativité. Où chacun peut prendre le temps.Celui d'essayer et d’échouer, sans conséquencefinancière insurmontable, sans autre pression quecelle que l'on se donne, sans autre risque que celuid’apprendre de ses difficultés. Le temps aussi de laréflexion, du recul. Celui du documentaire et ducinéma expérimental ou innovant. Tout cela sousle regard exigeant mais bienveillant de ses condis-ciples. Où les seuls échecs que l’on ait à craindresont le manque d’ambition pour sa propre créati-vité, de confiance dans son savoir-faire et la ten-tation corollaire de faire du sous « à la manièrede ».

La FFCV n'est pas une fédération d'amateurs, desemi-pros ou de pros. C'est autre chose. Elle ras-semble tous ces gens à la fois autour de l'idéed'une production audiovisuelle libre et accessible àtoutes et tous, avec une vocation à faire avancerle cinéma et le documentaire, à l'ouvrir sur l'ave-nir. À travers ses différents clubs, elle est un labo-ratoire d'expérimentation. Son état d'esprit estcelui du partage des savoirs dans une dimensiond’éducation populaire.

Sa richesse se fonde sur sa diversité génération-nelle, territoriale, culturelle, sociale et sur salongue histoire. Les plus jeunes y bousculent leshabitudes et les plus anciens leur transmettent unpatrimoine, un savoir faire, une mise en perspec-tive. Parce qu’il y a mille façons d’écrire un scéna-rio, mille façons de tourner, mille façons de mon-ter à partir des mêmes rushes, mille façons depercevoir le même film projeté en salle. Je suisproducteur, scénariste, journaliste, réalisateur etauteur de plus de 120 documentaires diffusés surdes chaînes nationales en France et Italie. Je

connais toutes les contraintes de ces métiers. LaFFCV est pour moi un espace de liberté unique enson genre dont je me saisis chaque jour avec bon-heur car cette liberté d’échouer et donc d’essayern’a pas de prix.

Au sein de mon atelier (le Club Audiovisuel deParis), chaque projection, même la plus modeste,d’autres participants m’apprend toujours quelquechose. Malgré mes nombreuses années d’expé-rience, ces projections et les échanges qui lesaccompagnent constituent toujours pour moi uneleçon de cinéma, de documentaire, de reportage etd’humanité. Le travail au sein de nos clubsconcourt à la co-élaboration de compétencesconstituées en un vaste réseau d’échange desavoirs sans égal.

Mais au-delà des techniques, c’est surtout un étatd’esprit que peut insuffler la FFCV. Celui de laliberté de créer. Il est nécessaire de connaître lesgrammaires et les techniques… pour mieux s’enaffranchir. Les images sont indéfectiblement liées àla vie, à nos vies. Elles ne reflètent pas le monde.Elles créent du réel autant qu’elles en témoignent.Alors que tant de professionnels sont engoncésdans des carcans stériles, les autodidactes dont laFFCV regorge peuvent faire voler en éclat évi-dences et certitudes et inventer l’audiovisuel d’au-jourd’hui et de demain.

C’est cette aspiration qui a animé dans le passé lesmembres de la FFCV. Ils ont constitué au fil desans un patrimoine sans pareil. Témoins d’uneépoque, d’émotions, de valeurs, de croyances etde doutes. Même la contribution la plus modesteest toujours un regard riche d’humanité, de désirset de fractures. La FFCV invite à tout cela. Il appar-tient à chacune et à chacun d’entre nous de la fairevivre par ses créations. Notre fédération a pourmission de donner une visibilité à ce fourmillementinventif. C’est une formidable école du cinéma etdu documentaire. Et une usine à rêves éveillés. Cequi est déjà beaucoup dans un monde dont lesambitions et l’imaginaire sont parfois bien ternes.

Didier Bourg

CAP Paris

L’Écran de la FFCV —5 — n°100 mars 2013

Références

Praxis du cinéma documentaireUne théorie et une pratiqueDidier Mauro

L’auteur : Didier Mauro est cinéastedocumentariste depuis 1979 et sociologuede la culture. Il a été élu membre del’Académie des Sciences d’Outre-Mer en2000. Titulaire de trois doctorats èsSciences de l’art et d’un mastère ès eth-nologie et sociologie de l’université deParis X, il est qualifié Maître de confé-rences des universités. Son œuvre ciné-matographique documentaire, largementfocalisée sur l’international, l’a amené àfilmer les réels d’Afrique, d’Amérique lati-ne, d’Asie, et de l’océan Indien. Il enseignerégulièrement à l’INA, dans plusieurs uni-versités, et a créé en 2012 les AteliersInternationaux de Création CinématographiqueDocumentaire.

Le livre : Qu'est-ce qu'un film documentaire decréation? Comment écrire un projet de film docu-mentaire? Quelles méthodes mettre en œuvrepour sa réalisation? Comment le produire, le diffu-ser, lui faire rencontrer son public? Ce livre propo-se au lecteur de partager une passion consacréepar l'auteur depuis 1979: l'écriture et la réalisationd'œuvres documentaires. Temps de vie qui fut,aussi, un temps de recherche: ce livre reprend eneffet de nombreux éléments développés dans sathèse doctorale soutenue à l'Université de Paris III

Sorbonne Nouvelle, en 2003, sous la direction duPr Michel Marie.Livre de chevet, bible, vade-mecum du documen-tariste ou apprenti documentariste. Cette Praxisdu cinéma documentaire constitue la lectureobligée des passionnés de ce cinéma qui crée à

partir du réel. Il intègredes entretiens menésavec des professionnelsreconnus (et notammentdes responsables de Arte,Bonne Pioche, INA, FilmsGrain de Sable, Filmsd'Ici, Gédéon, Iskra, Kuiv,La Seine TV, Sunny Sideof The Doc, Zarafa).Fourmillant de conseilssur les différentes étapesde la création, dévoilantles portes auquel ilconvient de frapper, voiciun texte, à la frontière dumanuel et de la réflexion

théorique, que l'on peut dire incontournable etprécieux.

Un livre à mettre donc à disposition de tous, enparticulier dans les bibliothèques des ateliers de laFFCV, tant il est utile pour se poser les bonnesquestions lors de la préparation d’un documentai-re qui par sa nature même doit être un documen-taire « de création », pour tourner avec lesmoyens techniques adéquats, pour la façon d’as-socier les personnes qui apporteront leurs témoi-gnages, sur la manière de traiter les archives(textes ou audiovisuelles). Les aspects juridiquessont égalés abordés: droit à l’image, contrats departicipation, prises de vues d’architecture, autori-sations diverses à obtenir etc.

Prix : 29,00 € - 686 pages - ISBN:9782748399004 -On peut se le procurer sur le site des éditionsPublibooks, en version papier (27,55 €), en pdfimprimable (14,50 €), ou en version liseuse élec-tronique (14,99 €) de type Kindle.

Parmi les nombreux liens indiqués vers dessites Internet, l’auteur n’omet pas de signalerl’existence du site fédéral, du site de Cinévifet de celui du Club audiovisuel de Paris.Retrouvez Didier Mauro sur son site Internet :http://didiermauro.blogspot.comcontact : [email protected]

L’Écran de la FFCV —6 — n°100 mars 2013

Cœur de vidéo

Les vidéos brèves par Gérard BAILLY

L’Hiver de Nora de Peggy HartmanFiction. CCA Mulhouse

Prix d’interprétation féminine : Léa Renard Prix de la musique originale : Karin Lekehal

Nora, huit ans affronte le deuil médusant de samère. En choisissant un sujet au traitement émi-nemment casse-gueule, Peggy Hartman privilégiele théâtre de la psyché de l’enfance qui permetd’accommoder ou de flouter les réalités les plusradicales, le chagrin ou la tension des « grands »restant l’épreuve la plus anxiogène pour un enfant.On voit bien que le développement veut nousentraîner vers ce postulat mais il n’y parvient pasvraiment faute d’un point de vue plus étayé. Laséquence d’ouverture (magnifique) précède undrame intimiste sur l’acceptation de la perte maisdont les intentions vont finir par tourner à vide parirrésolution: quel angle soutient et promeut ce quidoit fonder le point de vue. Et malgré StéphanieCabon dans le rôle de la mère qui-craque-et-fend-l’armure avec beaucoup de sincérité, malgré ladocile et gracile Nora (Léa Renard) jouant un mini-mum crédible, malgré la finesse du montage etune grammaire inspirée du plan, malgré l’excellen-te musique de Karin Lekehal, ce film ambitieux etsensible ne dit pas assez ce qu’il prétend mais il dittrès bien le talent technique, l’écriture et le savoir-faire de la mise en œuvre, a défaut d’une mise enscène pertinente. Peggy Hartman ne manque pasde ressources esthétiques ni d’équipe technique-ment avisée et possède un doigté de laborantinepour conduire ses plans en laissant du temps au

temps afin de mieux capter l’intériorité de ses per-sonnages et faire oublier que le dialogue est écrit.Peggy Hartman veut investir les tremblementshumains. Ce qui fait crise et c’est sa voie, assuré-ment.

Fête comme chez vousde Jean-Marc RettigFiction. Divipassion Athis-Mons

Prix du CNC

Bien qu’ harcelé au téléphone par sa copine, unjeune commercial s’apprête à travailler une pré-sentation pour sa clientèle prévue le lendemainlorsqu’un pote se présente et s’invite avec trenteautres pour taper une incruste alcoolisée. Le cin-quante-mètres carrés d’un immeuble bientôtsaturé d’ivrognes, de musique, de filles et dejoints, libère une fiesta déjantée, un joyeuxdébondage de déglingue, gravement inadapté à unsi petit espace immobilier. L’hôte impuissant estdévasté par un tsunami de pochetrons et de fillesdézinguées qui vident son frigo, pètent sa chassed’eau, baisent ou se bastonnent sans désemparer,s’invitent les bras chargés d’excellentes bouteillesdérobées dans la cave du voisin (très chouetteapparition de Christophe Salengro, acteur fétichede Groland) – et qui lui pourrissent une nuit d’oùdépens son avenir immédiat. Les flics verbalise-ront pour tapage nocturne et le bastringue com-plètement torché repartira couiner ailleurs - enguise de fausse fin. Un court dynamique outré auxbons endroits avec quelques moments pêchus etsavoureux, un montage énergique, un timing aupoil et une chute bigornée à mort.

Cœur de vidéo

L’Écran de la FFCV —7 — n°100 mars 2013

Kubrick, au-delà des sensde Dimitri FranckFiction. CCA Mulhouse.Musique originale : Bernard Reeb

Prix de la jeune création

Stanley Kubrick: « Quiconque a eu le privilège d’é-crire un film est conscient que c’est comme vouloirécrire Guerre et paix dans l’auto-tamponneused’un parc d’attraction. Mais lorsqu’enfin la tâcheest bien accomplie, peu de choses dans la vie peu-vent se comparer à ce que l’on ressent alors »disait celui qui de la guerre froide au chaos viet-namien a radicalisé le drame de guerre, celui quide Shining à Eyes wide shut, de Space Odyssey àOrange mécanique n’a cessé d’élargir le champdes possibles cinématographiques, artistiquementet techniquement. Admiré par ses pairs: Welles,Spielberg, Lucas, Scorcese et dont la filmograpieéblouissante, insurpassable, aux thématiquesaudacieuses, tutoie les cimes du Septième Art:Stanley Kubrick, c’est un peu comme l’Everest vude la vallée, on espère toujours s’affranchir desplus hauts sommets et celui-là, on n'en finirajamais de le grimper! Dimitri Franck fétichise enmode baroque autour du créateur, avec lesmoyens du bord, il se régale de l’image (assez res-semblante) du génie reclus. Ce dernier inspiré parla présence de quelques Lady Lyndon de cabaret etsous l’emprise du Moloko toxique d’Orange méca-nique scénarise Shining à la machine à écrire pen-dant que ses stylos tournoient au ralenti rappelantla trajectoire sublime de l’os du primate ouvrantL’odyssée de l’espace. Le film s’en sort avec un jeuiconographique assez futé autour du cinéaste phé-nomène et n’oublie pas de convoquer Beethovenet le Also sprach Zarathoustra de Richard Straussainsi que Ligeti pour son Requiem entre autresfétiches musicaux d’une partie de l’œuvreodyssée. L’hommage tente d’appareiller le dis-cours aux turbulences du génie saturé de Kubrickmais si la première minute est prometteuse, la

conclusion rompant brutalement avec le ton de lacomédie et en s’ajoutant à l’effet redondant texteet voix - tourne à la leçon plombante. Entre débutet fin, c’est évidemment malin et divertissant pourceux qui connaissent l’œuvre de Kubrick mais unpeu juste pour ceux qui la comprennent pas-sionnément.

Tresseur de liens de Bertin Sterckman et Jean-Marie DesryLMCV Hellennes. Musique originale : Franck Delaire

Prix du documentaire

La parole est celle d’un utopiste - comme il se défi-nit lui-même - ça n’en fait pas un chimérique pourautant dès lors que Pascal Harbonnier appliquel’art de la vannerie à des actions thérapeutiques enatelier dont il peut vérifier les effets. Son apportconsidérable en faveur du lien social auprès de lapopulation carcérale ou carencée psychologique-ment est décliné à l’image par une succession deséquences établissant son travail de réhabilitationcognitive ou morale. L’intelligence de cet artisanvirtuose n’est pas seulement subordonnée au tres-sage complexe de l’osier mais elle s’emploie à sus-citer pas à pas le retour de la confiance et de l’es-time de soi en dépit des rechutes et des replis sursoi.Le film s’égare musicalement et l’éloge préliminai-re en fait trop, les actions observatrices et la paro-le passionnelles du vannier suffisent à elles-mêmes, le moindre ajout devient une ornementa-tion qui peut tourner à l’artifice d’autant que le tra-vail d’éveil de Pascal Harbonnier autour de laréclusion mentale ou physique est aux antipodesde la posture lyrique. Tresseur de liens a cepen-dant l’immense avantage de nous faire découvrirle charisme d’un vannier opiniâtre, au talent che-villé par le goût des autres.

Cinéphilie

L’Écran de la FFCV — 8 — n°100 mars 2013

Après la romance séductrice (Clark Gable, VivienLeigh) d’Autant en emporte le vent sur fond d’unSud édénique - pour les Blancs - ravagé par laguerre de sécession et où l’esclavage n’est abordéque comme composante exotique des belles plan-tations, on peut citer la coproduction internationa-le au début des années soixante avec La case del’oncle Tom où s’illustrèrent Mylène Demongeot etJuliette Greco d’après le roman, plein de bons sen-timents, d’Harriet E. Beecher Stove. En ce débutd’année 2013, le thème de l’esclavage est revisitédans deux films américains forts différents: le pre-mier Django unchained de Quentin Tarantino estune parodie ironique, flamboyante et furieuse deswesterns spaghetti, qui se situe en 1858, trois ansavant le début de la guerre civile, le second,Lincoln de Steven Spielberg est ce qu’on appelleun « biopic » (film biographique) qui présente larude bataille politique que mène Lincoln, quatremois avant sa mort en 1865, pour faire adopter le13e amendement à la constitution des États-Unisqui marquera définitivement l’abolition de l’escla-vage. Ce film (magistralement interprété parDaniel Day-Lewis très ressemblant), est un filmsérieux, apologétique et sombre sur fond d’uneguerre cruelle qui n’en finit pas. On parle beau-coup des Noirs mais on en voit peu. L’importantest de monter la détermination de Lincoln, usant

de tous les moyens possibles, pour faire passer saloi. C’est de grande Histoire qu’il s’agit, avec miseen scène soignée et musique orchestrale majes-

tueuse annonçant les récompenses attendues.Tarentino n’a pas la prétention de la grande œuvremonumentale. C’est un raconteur d’histoires, unboulimique de vieux films qu’il digère et recycle àsa manière, dynamique, inventive, percutanteavec des dialogues remarquables. Il présente sonDjango unchained comme un hommage au réali-sateur italien Sergio Corbucci, auteur de Django(1966) premier western interdit aux moins de 18ans en raison de sa violence. Certes Tarentino afait quelques emprunts: tout d’abord l’acteurFranco Nero, mélange de Clint Eastwood et deTerence Hill avec de superbes yeux bleus, présentdans un petit rôle, puis la boue dans les villes del’Ouest, ainsi que la bande masquée (en rouge),cette fois-ci masquée en blanc comme le Ku-Klux-Klan, un rappel musical et un jeu de massacrefinal. C’est à peu près tout et heureusement, carquoi qu’en dise Tarentino, Corbucci n’a pas réaliséun film culte, mais un nanar mal fagoté, au scéna-rio indigent, aux personnages sans épaisseur psy-chologique, avec une mise en scène à l’arrache, àcoups de zooms. Il faut signaler cependant queCorbucci s’est inspiré, pour le thème de son film -deux bandes rivales manipulées par Django - d’unfilm de sabre japonais, Yojimbo, réalisé par AkiraKurosawa lequel a composé une œuvre parodique

L’esclavage aux États-Unis vu par le cinéma

Daniel Day-Lewis, Steven Spielberg à la première de Lincoln. Premièreà la fête d’AFI au cinéma chinois Graumans (Los Angeles) le 8novembre 2012 Photo :Helga Esteb / Shutterstock.com

Franco Nero, héros du premierDjango de Sergio Corbucci, seretrouve 46 ans après dans Djangounchained dans le rôle d’homme quiparie sur des lutteurs mandingues. Ilperd face à Di Caprio.Corbucci s’était inspiré de Yojimbod’Akira Kurosawa, avec ToshiroMifune qui interprète Sanjuro, unsamouraï errant qui manipule deuxbandes rivales dont les dégâtsréjouissent le marchand de cer-cueils. En hommage à ce film japo-nais, Corbucci présente Django sebaladant dans l’Ouest américain entraînant un cercueil avec une corde.Sergio Leone s’était aussi inspiré deYojimbo avec Pour une poignée dedollars, plus abouti tout de mêmeque Django.

et ironique dans laquelle il utilise et fait éclatertous les codes cinématographiques du film desabre (chanbara) et du western. Mais n’est pasKurosawa qui veut et la sauce bolognaise du spa-ghetti de Corbucci est quelque peu éventée et indi-geste aujourd’hui. Mais un nanar, pris comme tel,peut être distrayant tandis qu’un pur navet estennuyeux. Dans le genre, western chorizo cettefois, le summum de la nullité est sans douteatteint par El puro d’Edoardo Mulargia (DVD auxéditions du Film retrouvé sic!). Mais revenons àDjango unchained.La prémisse est simple: opportunément libéré parun chasseur de primes, qui l’associe dans sestraques, un Noir cherche désespérément à retrou-ver sa femme dont il a été séparé en raison desaléas du commerce des esclaves. Passons sur lesaspects jubilatoires de la première partie du film àl’occasion de la chasse aux criminels que l’oncueille plutôt morts que vifs de façon drolatique,pour aborder l’arrivée des deux hommes dans ledomaine plein d’esclaves d’un grand planteur oùse trouve la femme de l’ex-esclave qu’il faut sous-

Cinéphilie

L’Écran de la FFCV — 9 — n°100 mars 2013

Arrivée de Quentin Tarantino et Christoph Waltz pour la première deDjango Unchained, Empire Leicester Square, London. 10/01/2013 Photo de : Steve Vas / Featureflash-Shutterstock.com

Christoph Waltz (Dr Schultz, chasseur de primes) et Jamie Foxx (Django) arpentant la rue d’une bourgade à la recherche des bandits dont la têteest mise à prix.Photo : Andrew Cooper © 2012 Columbia Pictures Industries, Inc. All Rights Reserved.

traire des griffes de son maître, un esclava-giste pur sucre qui se revendique comme telhaut et fort. Cette fois, en toile de fond, leschoses sérieuses sur l’esclavage, commen-cent: coups de fouet, combats à mort entreMandingues dans une maison de passe,défilés d’esclaves entravés avec muselières,marquage au fer rouge sur la joue, lutteurépuisé et effrayé dévoré par des chiens,mitard en acier sous le soleil brûlant, leçon dephrénologie pseudo-scientifique interprétéepar Leonardo Di Caprio démontrant que lesnoirs ont des alvéoles de l’occiput correspon-dant à un lobe cérébral de la servilité, tenta-tive d’émasculation avec un grand couteau,style Bowie knife, rougi au feu etc. La fin estsanglante et explosive. L’intendant du domai-ne, un collabo Noir plus blanc que blanc danssa tête, meurt le dernier, puis, happy endoblige, le héros retrouve sa belle avec undocument qui lui donne sa liberté. Youpi, on ala pêche en sortant de la salle.Le génie de Tarentino, au-delà de toutes lesqualités qu’on puisse lui trouver (sauf de fairel’acteur dans un petit rôle), est de nous endire beaucoup plus que bien d’autres films surle fossé qui séparait les Blancs et les Noirs enraison d’un système qui détruisait par sanature même toute humanité, qu’il s’agissedu maître ou de l’esclave. Tout homme quelqu’il soit ne peut être considéré comme unbien meuble dont le propriétaire aurait le droitd’us et d’abus sur lui. Django unchained n’estpas un film fait pour se donner bonneconscience, mais un film de divertissement,qu’on peut ranger si on veut dans la catégoriewestern, mais qui laissera des traces indélé-biles dans la mémoire du spectateur commeles flashes horribles qui assaillent le chasseurde primes qui le poussent à tuer le maître deslieux qui ne fait pourtant l’objet d’aucun avisde recherche pour crime.Le film, en raison de sa violence, qui n’est pasgratuite, est déconseillé aux moins de 12 ans.Comme quoi, les têtes blondes enfantines,seraient plus matures aujourd’hui qu’à l’é-poque du premier Django.

Ph Sevestre

Cinéphilie

L’Écran de la FFCV — 10 — n°100 mars 2013

Les DVD du palmarès 2012sont disponibles

Seuls les clubs et ateliers de la FFCV ont lafaculté d’obtenir les trois DVD du palmarès éta-bli par le jury des Rencontres nationales deBourges.La participation aux frais est de 30 €.Vous pouvez passer commande dès à présentauprès de la FFCV accompagnée de votre règle-ment. Un reçu sera délivré.

Tarentino encoreDans une interview publiée dans Télérama (n° 3288 du 19 au 25 janvier 2013), Tarentino déclare que« le numérique est une sorte de lent cancer du cinéma qui tuera le cinéma tel que nous le connaissons.Avec le numérique la magie du cinéma disparaît. » Si vous partagez ce point de vue, envoyez vosréflexions et vos arguments à la FFCV. De même, si vous estimez que ce pessimisme et cette nostalgiedu cinéma du siècle passé, n’ont pas lieu d’être, n’hésitez pas à prendre la plume pour expliquer pour-quoi Tarentino se trompe à votre avis. Il sera très intéressant de confronter vos appréciations quellesqu’elles soient.

Suite au succès rencontré au stage HD de NorbertPeltier (près de 800 participants dans toute la France),il propose un nouveau stage sur une journée de 6heures, concernant les formats numériques.- Comment les travailler- Comment différencier les formats et leur conteur.- Comment les convertir.- Les utiliser sur des cartes, sur des disques multimé-dia, les bons convertisseurs etc…Toutes les questions que vous vous posez sur la ges-tion des flux (workflows).Veuillez prendre contact Norbert Peltier pour les dateset les [email protected]él 0689773925

COMMUNIQUÉ

Raconter un projet comme La favorite ducardinal est à la fois captivant et difficilecar il y a beaucoup d’aspects différents ettout aussi passionnants les uns que les

autres à évoquer. Quant à raconter l’histoire duprojet et toutes ses péripéties, c’est l’affaire duMaking of du film.Mon propos va donc se porter sur l’analyse despersonnages du film, leur fonction dans la drama-turgie, leur caractère et pourquoi ils ont été choi-sis ainsi.

Dans un tel film, le jeu des personnages est pri-mordial, et leur rôle doit être clairement défini parrapport à l’action afin que le spectateur puissefacilement les identifier et surtout comprendre leur« fonction ». Il y a bien les personnages princi-paux : Le Cardinal de Castelgaillac, LouiseO’Murphy la favorite, Bongrain le secrétaire ducardinal, et le roi, au cœur de la dramaturgie dufilm. Mais il y a aussi bon nombre de seconds rôlesqui encadrent l’action et participent à son déroule-ment: Gamelou l’ami de Bongrain, les parents dela Favorite, la marquise de Pompadour, les deuxdames nobles qui poussent la favorite à la faute.Enfin il y a tous les figurants qui contribuent à lacrédibilité des différentes séquences: clients del’auberge, courtisans.

Les principaux personnages méritent une descrip-tion plus détaillée montrant leur trait de caractère,les situations auxquelles ils vont être confrontés etcomment ils vont réagir.Le Cardinal de Castelgaillac: c’est le personnageprincipal du film, le protagoniste. Il a un objectif :devenir Grand Aumônier de France, objectif claire-ment défini au début du film par la question deGamelou à Bongrain.Il se trouve très rapidement face à des contrainteset des embûches que lui-même va d’ailleurs évo-quer entre autre les misères que lui fait la marqui-se de Pompadour en voulant placer un de sesprotégés le cardinal de Grisi. Enfin c’est lui qui valancer l’action, sur les conseils de son secrétaire,afin de surmonter les obstacles et résoudre les dif-ficultés.Ce n’est pas un personnage très sympathique. Ilest ambitieux, sans scrupule, intrigant et colé-rique. Mais d’un autre côté, il est attachant car ilest sincère, charmeur, réactif. Son accent méridio-nal ajoute au côté « attachant » du personnage.Finalement, le spectateur s’identifie inconsciem-

ment à lui pour savoir comment il va s’y prendrepour reconquérir « La Grande Aumônerie ». Cette« identification » sous jacente est importante carelle guide le spectateur dans le suivi de la drama-turgie.

Bongrain, le Secrétaire du Cardinal a un doublerôle: Il est à la fois le narrateur de l’histoire et lementor du cardinal qui va déclencher l’action dufilm en sortant le Cardinal de la situation de bloca-ge dans laquelle il se trouve (la Grande Aumôneriequi lui échappe…) par la suggestion d’un stratagè-me pour reconquérir les faveurs du Roi.Son rôle est intéressant car il mène l’action tout enrestant effacé. Il n’est ni homme de main, niacteur de l’évolution de la dramaturgie.Le couple maître – valet ou serviteur est très fré-quent dans la dramaturgie, que ce soit en littéra-ture, au théâtre ou au cinéma. Par contre, les rap-ports entre le maître et son valet peuvent êtretotalement différents suivants les situations.Dans La favorite, Bongrain reste toujours enretrait par rapport au protagoniste, le cardinal. Ilne fait pas l’action, mais la suggère au protagonis-te et la raconte au spectateur.Pour prendre un autre exemple, dans le film LaFolie des grandeurs de Gérard Oury, Blaze (YvesMontand) est le serviteur de Don Salluste (Louisde Funès). Il prend une part active à l’action,poussé par son Maître. Il partage le rôle du prota-goniste avec Don Salluste. Il prend le rôle deCésar, le neveu de don Salluste sur les recomman-dations de celui-ci, mais finit par s’émanciper deson maître, obligeant ce dernier à imaginer unpiège pour le perdre.D’une autre manière, dans la pièce Les Fourberies

L’Écran de la FFCV — 11— n°100 mars 2013

Un auteur s’exprime

Après Charles Ritter (La volonté de Dieu), Bernard Dublique (La cabane) Daniel Payarddéveloppe cette fois une analyse des personnages et de la dramaturgie dans La favoritedu cardinal

Le roi, la favorite, et le cardinal

Le cardinal (Georges Develon, prix d’interprétation à Hellemmes) etBongrain (Philippe Sevestre)

de Scapin de Molière, les rôles sont carrémentinversés: Scapin, valet de Léandre est le meneurde l’action. C’est lui le protagoniste.Il est donc important de doser ces relations entrele maître et son valet (ou secrétaire) afin de gui-der le spectateur.Gamelou, majordome, ami de Bongrain, joue lerôle du spectateur en posant les questions à saplace et en relançant l’action par ses questions. Ilencadre ainsi la dramaturgie en recadrant l’actionsur le souhait du spectateur: savoir ce qu’iladvient au cardinal dans sa quête de La GrandeAumônerie.Louise O’Murphy – La favorite: c’est un des per-sonnages ayant réellement existé, contrairementaux trois précédents. Bien sûr j’ai « modifié » lepersonnage pour les besoins du film. J’ai en fait unpersonnage évolutif qui passe du rôle de « faire-valoir » du cardinal à celui de maîtresse du roi. Ellene devait être qu’une « passade » d’une nuit pourle souverain. Elle devient la maîtresse du roi et estadmise à la Cour. Son ascension est fulgurante. Lejouet du cardinal lui échappe.Elle est aussi la cause du « nœud dramatique » encréant le scandale par malheureuse question au roisur « sa vieille marquise ». Elle est ambitieusemais reste naïve.Enfin, elle sauve sa peau une nouvelle fois grâceau cardinal (lettre au Roi), mais échappe de nou-veau à celui-ci par son mariage avec un officier del’armée Royale.Le portrait que le peintre François Boucher fit deLouise O’Murphy existe réellement. Par contre il nefut pas exécuté pour séduire le roi mais à lademande de Louis XV lui-même alors que LouiseO’Murphy était déjà bien en Cour. Ce tableau estexposé au musée Alte Pinakotek de Munich.Le roi Louis XV n’a pas un rôle majeur dans la dra-maturgie. Il ne crée pas l’action du film même s’il

contribue à son évolution. Il joue son rôle de roi.Quant au caractère du personnage, certains ont pus’étonner de son jeu un peu « suiveur ». C’est unchoix délibéré de ma part. Louis XV n’était pasLouis XIV. Il était roi parce que le destin l’avaitplacé là, mais le protocole lié à la fonction luipesait et la cour, avec ses intrigues et ses complotsincessants entre courtisans. N’a-t-il pas créé leTrianon pour échapper à Versailles? C’est ce roi-làque j’ai voulu montrer: vaguement distant sansêtre hautain, mais sensible au charme féminin deLouise.Quant aux autres personnages et figurants chacundans son rôle contribue à l’atmosphère du film: lesparents de Louise, un peu les « Ténardiers » avantles Misérables; la marquise de Pompadour, perfideenvers le Cardinal mais sans le combattre fronta-lement tant que ses propres intérêts ne sont pasdirectement mis en cause; La maréchale d’Estréeet madame de Fontvaud, les deux compagneshypocrites de Louise, qui la poussent au faux paspar pur intérêt courtisan, celui d’éliminer une riva-le trop jeune et trop belle, de surcroît roturière.Voilà tracé en quelques lignes le portrait dequelques personnages du petit monde de LaFavorite. Leur jeu fait l’intrigue et donc le film.Tout le décorum n’est rien si les personnages necollent pas à l’action. Dans le cas présent, il fautrendre hommage aux acteurs qui ont pleinementaccompli leur rôle.Qu’ils en soient chaleureusement remerciés

Daniel PAYARD

Janvier 2013

L’Écran de la FFCV —12 — n°100 mars 2013

Un auteur s’exprime

Le cardinal, les courtisans, le roi (Patrick Salvador), et la favorite (Émilie Dubois)

« J‘ai été grippé… mais je vaismieux! » (Charles de Gaulle).

Tandis que vous vaquiez, insouciants, à vos occu-pations respectives et simultanées, je gisais aufond de ma couche, pauvre chose pitoyable, tous-sotant et crachotante, esprit brumeux émergeantparfois de rêves éthérés, au gré des fluctuationsthermiques de mon thermomètre. Et je vousvoyais, là, au travers de ces vapeurs oniriques,claquant du bec à qui mieux mieux, avides devotre pitance trimestrielle. Il me fallait à tout prixalimenter vos appétits! Il me fallait surmonter mesfaiblesses! Il me fallait, à travers vous, sauver laquiddité du cinéma français! Ah ah! Vous ne leconnaissiez pas celui-là? À vos encyclopédies lesamis… Il me fallait, dans un effort surhumain, telMermoz naufragé dans la cordillère des Andes,vaincre le microbe pour retrouver le microphone!Alors, saisissant en tremblotant mon vieux stylo,dans ma pauvre main enflée par la sudation, j’aifocalisé mes idées, comme le micro focalise sescaptations.

Eh oui ! Mesdames z’et Messieurs. Alors que précé-demment nous distinguâmes nos micros selon lamanière dont ils reproduisent, en oscillations élec-triques, à travers une membrane, les ondes acous-tiques qui les frappent, nous allons à présent,chose oh combien étonnante, nous apercevoir(avec un seul « p » bien sûr, car ce n’est pas parceque l’on s’initie à l’acoustique qu’il faut, pourautant, négliger l’orthographe!) que l’on peut clas-ser les dits micros suivant leur « directivité »,c’est-à-dire la position et l’ouverture de l’angle deréception des sons qu’ils admettent et traitent.

« Et il y a des jours où ça s’éva-pore! » (Jacques Bodoin).

En premier lieu, nous trouvons, bien sûr, ceux quisont « ouverts » au maximum. Ces micros, dits« omnidirectionnels », ou encore non direction-nels, non directifs, anti directionnels, ou « à pres-sion » (boules ou pommes), répondent indifférem-ment aux ondes acoustiques qui les frappent sur360°, donc quel que soit le sens de provenance deces sons. Cette non-sélectivité est évidemmentidéale pour enregistrer les ambiances. Unexemple, le PZM Schoeps BLM 03 (à pression). On

peut aussi, à la rigueur, utiliser ces micros pourenregistrer des dialogues, à condition qu’il n’y aitpas de bruit d’ambiance et qu’ils soient placésentre les intervenants, c’est-à-dire généralementdans le champ de la prise de vues. C’est évidem-ment très aléatoire. En dépit de ces inconvénients,c’est pourtant souvent, hélas, ce type de microque l’on trouve, d’origine, intégrés sur les camé-scopes, où ils récupèrent, en sus, le bruit de lacaméra! Ils sont bien sûr tout autant à éviter pour« percher ».

Les micros dont la réponse est plus ou moinsaccentuée selon l’angle de provenance des sonspar rapport à la direction de ces micros, sont dits« directionnels ». Ils s’emploient dans tous les casoù l’on veut privilégier l’enregistrement d’un ouplusieurs sons, par rapport à une ambiance sono-re parasite (bruits de fond) ou qui risque de l’être(passage éventuel d’avion ou de voitures parexemple), ou encore pour équilibrer les sourcesfaibles par rapport aux plus fortes. Il en existe plu-sieurs sortes:

« Rodrigue, as-tu du cœur? »(Pierre Corneille).

Les plus fréquents sont dits « cardioïdes ». Commeleur nom l’indique, ils ont un angle de réponse -environ 130° - en forme de cœur. Ils sont plus sen-sibles aux sons provenant de face. Montés sur lescaméscopes, entre 60 et 120 cm de la source, enfonction de l’ambiance, ils permettent d’avoir unson en harmonie avec l’image. Mais c’est placés aubout d’une perche et bien manipulés, au-dessusdes sources, qu‘ils sont le mieux utilisés. Quelquesexemples: Schoeps MK 4, Sennheiser MKH 40,Neumann KM 140 ou le légendaire KM 84! Si on

L’Écran de la FFCV — 13 — n°100 mars 2013

Chronique

Démarche de l’escalier (34)

Schoeps MK 4

réduit l’angle de captation, on trouve successive-ment les « super-cardioïdes », puis les « hyper-cardioïdes », dont l’angle est d’environ 105°.Exemples: Schoeps MK 41, Beyerdynamic M. 88 etM. 160, Neumann KM 150 et KM 185 et SennheiserMKH 50.

Les micros directionnels ne peuvent éviter, engénéral, qu’un léger enregistrement parasite sub-siste à l’arrière. Ce défaut devient une qualité dansle micro « bidirectionnel », qui comporte 2 zonesde directivité de 90° ou plus, disposées en huit.C’est très pratique, par exemple, pour enregistrer2 personnes qui se font face, ou pour un chanteurqui fait face à l’orchestre. Citons, dans cette caté-gorie, le Bayerdynamic M. 130, ou le Schoeps CCM8, ou surtout le Sennheiser MKH 800 twin, qui per-met de traiter séparément les 2 signaux car-dioïdes.

« Vive le son du canon! » (attri-bué à Jeanne Marie « Manon »Philipon, comtesse Roland de laPlatière).

Tout comme un objectif de longue focale permet laprise de vue à distance, un angle de réceptionréduit permet à un micro de capter des sons pluslointains, ce qui est essentiel s‘il n‘y a aucune pos-sibilité de le dissimuler dans le champ, ou de per-cher. C’est sur ce principe que fonctionnent, entreautres, les micros « hautement directionnels »,composés d’un micro à bobine mobile omnidirec-tionnel placé au foyer d’un réflecteur paraboliquede 50 cm à 2 m de diamètre, permettant un anglede captage de 10 à 40°. C’est le cas de la parabo-le Grampion, d’un diamètre d’environ 60 cm, qui

est très utilisée pour les prises de son animalières.

Mais nous trouvons aussi - et surtout - dans cedomaine, les micros « fusils » ou « canons »,nommés également hypercardioïques ou ultra-

directionnels. De forme très longue, de 0,50 m à2,50 m, hyperdirectifs, avec un angle de réceptiond’environ 40°, ils peuvent capter des sons distantsde 10 à 150 m suivant le modèle utilisé.Exemples: Neumann KMR 82 et Sennheiser MKH416 ou MKH 70.

« Et ça fait du bruit les z’hélicotères! » (attri-bué à Marcel Pagnol, par Roger Pierre et JeanMarc Thibaud).

Mais ces micros n’évitent pas vraiment les sonslatéraux, ils les déforment surtout. C’est pourquoiil est prudent de se rabattre plutôt sur les « semi-canons », qui atténuent ces déformations. Citonsle Neumann KMR 81, le Sennheiser MKH 60, leSchoeps CMIT 5 et le Sanken CS 3E. S’il est néces-saire d’aller plus loin, mieux vaut utiliser un microH.F.

Mais ceci est une autre histoire! Car si vous pen-siez en avoir fini avec les différents types demicros, que nenni les amis! Il en reste encoremoult à voir, avant que nous passions à leur miseen œuvre pratique. Mais nous approchons de cebut puisque c’est, justement, en fonction de leurutilisation, que nous terminerons, le trimestre pro-chain, notre nomenclature.

Cependant, avant de vous au-revoiriser, je ne peuxmanquer, pour son numéro 100, de présenter tousmes vœux de longue vie à votre magazine préféré(et aussi, égoïstement, à tous ceux qui participentà son élaboration). Je suis heureux, pour ma part,de l’avoir accompagné sur le tiers de ce parcourset j’espère qu’au numéro 200 (je n’ose pas allerjusqu’à 1000!) nous aurons le plaisir de dialoguerencore sur ses colonnes. Bises!

Robert DANGAS

Chronique

L’Écran de la FFCV — 14 — n°100 mars 2013

Sennheiser MKH 416

Sanken CS 3E

Ressources

L’Écran de la FFCV — 15 — n°100 mars 2013

RØDE : des micros pour iPhones

Une évolution plus qu’une révolutionLa société RØDE, bien connue pour la qualité deses microsphones, propose le Rode iXY un microstéréophonique s’adaptant sur un iPhone ou uniPad qui peuvent ainsi venir en secours d’une cap-ture vidéo avec un un appareil photo reflex ouhybride dont on sait qu’en général le microphonene permet aucun contrôle et n’est pas d’une gran-de qualité. Appelée XY, la disposition physique desmicros, orientés à 90° l’un par rapport à l’autre,favorise, la stéréophonie. L’iXY intègre un conver-tisseur analogique/numérique délivrant un signal24 bits/96 kHz. Il est livré avec un étui et uneboule anti-vent. Prix environ 200$.Une application gratuite RØD Rec LE permet l’en-registrement sur l’iPhone. Pour 5,99 $, RØD Recamène des outils de contrôle (égalisation, filtrage,compression, préréglages…) et d’édition.Le microphone est en vente sur un site dédiéhttp://www.ixymic.com/ (rupture de stock en jan-vier)On notera aussi, le microcravate SmartLav (dimi-nutif de «lavalier») vendu 195 $ qui s’installeaussi sur un iPhone ou une tablette.Le distributeur en France est :IMS Distribution24 Rue Du BarragePort-mort 27940 FrancePh: 02 32 53 14 [email protected]

La norme de codage vidéo H.265/HEVC — HighEfficiency Video Coding — vient d’être annoncéecomme finalisée par l'Union internationale destélécommunications. Après trois ans de travaux,ce nouveau standard vidéo viendra remplacer àterme les standards MPEG-2 et H.264/AVC.Le fonctionnement du H.265 repose globalementsur les principes du H.264 mais améliorés. Grâceà sa grande efficacité (il double le taux de com-pression du MPEG-4 sans dégrader la qualitéd'image), il sera possible de faire de la place surles multiplex de la TNT et de diffuser davantage dechaînes HD. Quel est l'objectif? réduire le volumedes vidéos circulant sur Internet - ce qui va facili-ter le chargement - tout en améliorant la qualitéde l’image, pour des résolutions allant des écrans320x240 pixels à l’Ultra haute définition, de 7680sur 4320 pixels. Bref, des fichiers beaucoup pluslégers et de meilleure qualité. Une aubaine alorsque le trafic Internet transite chaque jour un peu

plus via les réseauxmobiles.Mais attention l’utilisationdes technologies H.265 res-tera soumise au versementd’une redevance. L’HEVCinaugure une nouvelle

méthode de découpage des trames appelée CodedTree Unit. Par rapport aux macroblocs de taille fixede l’AVCHD, cette méthode s’adapte aux contenus,en traitant les aplats de zones les plus détaillées,en blocs 64X64 au lieu de 16X16 pixels.

Tous les détails techniques avec les schémas surle mode de compression surhttp://linuxfr.org/news/h-265-est-finalise#toc_6Parallèlement à ce nouveau format des cartesSDHC et SDHX de type UHS II seront mises envente dès le mois de mai 2013, avec un bus detransfert théorique de 156 à 312 Mo/s au lieu de50 à 104 Mo/s pour les types UHS 1. Ces cartespourront enregister des flux 4 et 8 K dans lanorme HEVC. Il faudra un nouveau lecteur decarte (très peu onéreux) qui pourra lire lesanciennes et les nouvelles cartes. Les caméscopes adoptant l’HEVC ne sont pas

annoncés avant 2015.

Norbert Peltier

Carte UHS II. Les broches de première lignesont utilisées pour la vitesse normale,cellesde la seconde pour la haute vitesse UHS-II

L’Écran de la FFCV —16 — n°100 mars 2013

Ressources

Caméscope grand public haut de gamme

PANASONIC : HC-X900

Trappe de la carte mémoire

Covertisseur optique VW-CLT2pour filmer en 3D

Cet accessoire permet de fil-mer en 3D et de visionnerdirectement le résultat enrelief sur l’écran tactile ducaméscope. On peut vérifierainsi si l’appareil est correcte-ment réglé. Il est venduséparément (moins de 250 €).Il est indisponible chezPanasonic France et en attentechez Amazon. Autant dire qu’ilest introuvable en France pourune durée indéterminée.L’article est en stock chezPanasonic en Belgique ou auLuxembourg mais on ne peutl’acheter par internet avec unecarte Visa si on n’a pas decompte bancaire dans l’un deces deux pays qui font partiepourtant de l’Union européen-ne. Pour se le procurer, endeux jours, expédié par UPSmoyennant 74 € de frais, ilsuffit de le commander à NewYork chez Adorama et derégler avec un compte Paypal.Le manuel d’utilisation est enfrançais et en anglais.

réglage de parallaxe : haut , bas, gauche etdroite

Choisir un caméscope n’est pas chose facile.

Tout dépend des projets de réalisation que l’on a et du budget qu’ons’est fixé. Si on fait du surf ou du vélocross en VTT, une toute peti-te caméra avec un très grand angle, de type Go Pro fera l’affairepour un investissement de 300 €. Si on vise le grand reportage oula fiction, le choix, très vaste, se portera sur les caméscopes dits« prosumers », néologisme anglo-saxon servant à désigner les équi-pements pour les vidéastes indépendants ou semi-professionnels.La gamme des prix se situe dans une fourchette entre 1000 et 5000€. Pour moins de 1000 €, on reste dans le domaine des caméscopesde poing du grand public. Dans ce domaine, l’acheteur avisé cher-chera avant tout un modèle offrant le maximum de possibilités (per-formances, légèreté, discrétion, automatismes) pour un coût d’ac-

L’Écran de la FFCV — 17 — n°100 mars 2013

Ressources

quisition minimal. Ces modèles, du haut du panier,assez peu nombreux au demeurant, sont distri-bués par les grands constructeurs comme Sony,Canon, JVC et Panasonic. Ils ont disparu des éven-taires des magasins spécialisés et c’est sur dessites d’achat en ligne sur Internet qu’on peut faci-lement les trouver. Recommander un appareilplutôt qu’un autre n’est pas très évident, car tousont de bonnes qualités d’optiques et un rendu descouleurs satisfaisant.Cependant, après bien des hésitations, un appareilsorti en 2012, mérite une mention spéciale. Il neconstitue pas une nouveauté révolutionnaire puis-qu’il se situe dans le prolongement d’équipementsantérieurs, mais il est parvenu à concentrer unmaximum d’atouts qui permettent de le hisser surle podium du coup de cœur.

Le caméscope HC-X900

Entre 700 et 880 €, selon les marchands, (524 €seulement chez Incroyabletech.com) Panasonicpropose le caméscope HC-X900 qui fait suite auHDC-TM700 ou HC-V700. Ce petit caméscope atout d’un grand même si son apparence de maté-riau léger et fragile n’est pas à son avantage. Pourun prix aussi serré, il ne faut pas s’attendre à unecoque tropicalisée en titane! Néanmoins, ce camé-scope se distingue de ses congénères et concur-rents familiaux par des caractéristiques indispen-sables pour des vidéastes affiliés à la FFCV: prisemicro, prise casque, viseur (étirable mais pasorientable cependant) et surtout, ce qui est rare,une bague de réglages manuels permettantd’ajuster avec précision le zoom, la vitesse d’obtu-ration et l’iris. L’écran LCD est de grande taille(presque 9 cm de diagonale) ce qui est trèsagréable et présente une définition de 1,15 mégapixel. Il est entièrement orientable et peut fonc-tionner en mode miroir. Son affichage est compa-tible avec la 3D.Grâce à l’optique signée Leica Dicomar F 1.5, etses triples capteurs MOS, on obtient des imagessuperbes avec un piqué exceptionnel. Quant à l’er-gonomie, on peut dire qu’elle est bien étudiée. Enmode iA (automatisme intelligent) tous lesréglages sont automatisés et l’on peut filmer sansavoir à se promener pour effectuer les réglagesdans le menu tactile ou par la bague multifonc-tions.Le stabilisateur optique utilise une compensationdes mouvements sur 5 axes afin de supprimertous les effets de flou.Le Panasonic HC-X900 peut filmer en 3D-FullHD(côte à côte) grâce à la lentille binoculaire VW-CLT2. Ce mode s'active dans le menu et l'écranLCD peut s'afficher en relief. Plus compacte et pluslégère que la version précédente, la fixation de lalentille a été simplifiée grâce à un loquet de ver-

rouillage à la place de la vis. De plus, elle offre ungrand-angle de 33 mm contre 58 mm sur l'ancienmodèle. Publicité non payée.

Avis, tests, descriptifs

http://forum.magazinevideo.com/topic/24304-un-essai-du-hc-x900-dans-un-drone/Une vidéo dans les vignes par Jean-MarieCavalie

http://www.lesnumeriques.com/camescope/panasonic-hc-x900-p13046/test.htmlPublié le 8 mai 2012 par Edouard Maire

http://www.magazinevideo.com/video-details.php?videoId=462Une vidéo test en Inde (5’08’’) deThierryPhilippon ancien rédacteur en chef deCaméra Vidéo

http://www.magazinevideo.com/comparatif-video-824.htmLes points forts, les points faibles

Spécifications

Format d’enregistrement : une touche pour l’AVCHD 1 080/50p à 28Mbps. D’autres formats, de moindre débit sont possibles.Cartes mémoire : SD conformes à la classe 4, SDHC, SDXC jusqu’à64 GoSur le modèle HC-X900M : présence d’une mémoire interne de 32GoCapteur d’images : 1/4 de pouce de type 3MOS, au total 9 mégaspixels efficacesZoom optique : 12X, mode intelligent jusqu’à 23X, puis mode numé-rique au-delàObjectif Leica Dicomar : image animée équivalent 35 mm de29,8 mm (grand angle) à 357,7 mmStabilisateur d’image : optique hybride, mode actif (correction derotation) verrouillableMicrophone surround 5.1 avec fonction zoomSortie casque : mini-jack stéréoEntrée microphone : mini-jack stéréoMoniteur : 8,8 cm, 1,152 K pointsDiamètre du filtre : 49 mmÀ signaler : le modèle HC-X900M à mémoire interne de 32 Go n’esten principe pas distribué en France mais il l’est en Grande Bretagneet en Irlande. On le trouve cependant chez Digit Photo pour 869 €.Au CES 2013, Panasonic a présenté le HC-X920 (999 €) qui faitsuite au HC-X900 présenté en 2012. Si le corps du caméscope évo-lue peu, l'intérieur est modifié en profondeur avec notamment l'inté-gration d'un capteur plus grand tri-CMOS BSI (1/2,3 pouce au lieude 1/4).

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L’Écran de la FFCV —18 —n°100 mars 2013

Prises de vues en «quadriptère»avec le drone AR.Drone 2.0

Plus besoin de grues pour filmercomme dans les grandes produc-tions ! Une petite société française(eh oui ! il n’y pas que de laconcurrence asiatique sur le mar-ché) Parrot SA a sorti un héli-coptère à quatre hélices entière-ment pilotable à distance permet-tant de filmer grâce à deux petitescaméras embarquées, l’une per-met de mesurer la vitesse et d’ef-fectuer des vols stationnaires,l’autre positionnée à l’avantretransmet les images HD enstreaming (720p, grand angle 92°,30 images par seconde) surl’Androïd. Au départ on ne pouvaitpiloter le drone qu’avec un systè-me Apple pour smartphoneiPhone ou tablette iPad. Uneapplication officielle pour Androïda vu le jour ce qui étend la gammedes appareils pouvant piloter l’en-gin qui n’est pas très grand et necoûte pas trop cher (275 à 300 €chez divers marchands en ligne).On peut faire des prises de vuesen intérieur mais les aberrationsvisuelles dues au grand-angle dela caméra sont très perceptibles. Ilvaut mieux, sauf à filmer dans unhangar, s’exercer en plein air.Attention, pour bien manœuvrer ledrone, il faut s’assurer qu’il y atrès peu de vent afin de garantir la

L’Écran de la FFCV —19 — n°100 mars 2013

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Descriptif du pro-duitDrone AR.Drone 2.0Prises de vue verticale ou dansl’axe de l’appareil

• ENREGISTREMENT ET PARTAGEEN HD Lors de chaque vol, unevidéo HD est enregistrée etenvoyée directement à votre appa-reil. Un clic suffit pour téléchargervotre vidéo sur Youtube, à partir del'interface utilisateur conviviale, oupour partager vos images surPicasa. Avec la nouvelle applicationde pilotage sans fil, tout est simpleet rapide! Si vous souhaitez enre-gistrer des vidéos plus longues, unplug-in USB vous permet de stoc-ker des fichiers plus lourds.• PILOTAGE INTUITIF Rendez-voussur l'App Store ou l'Android marketpour télécharger l'application gra-tuite de pilotage AR.FreeFlight 2.0.Préparez-vous à décoller! Il suffitd'incliner votre appareil pourcontrôler la trajectoire del'AR.Drone 2.0. Si vous revenez enposition initiale, l'AR.Drone 2.0 sestabilise instantanément.• ASSISTANCE AU PILOTAGE Lafonction de pilotage automatiquede l'AR.Drone et les capteurs inté-grés, qui facilitent le décollage etl'atterrissage, vous permettent depiloter comme un expert, même sivous êtes débutant ! Le nouvel

AR.Drone 2.0 est également dotéd'un mode exclusif et breveté decontrôle absolu, qui est destiné auxdébutants et s'adapte à votreexpertise.• TOUJOURS PLUS LOIN Grâce à laconnexion WiFi N de l'AR.Drone2.0, il peut y avoir jusqu'à 50mètres de distance entre votreAR.Drone 2.0 et vous. Les capteursde pression intégrés offrent unestabilité inégalée qui permet àl'AR.Drone 2.0 de corriger et demaintenir automatiquement saposition, quelle que soit son altitu-de, tout en résistant à des vents de15 m/h maximum.• FIGURES Le Flip est une figureexclusive de l'AR.Drone 2.0. Soyezaudacieux et effectuez des ton-neaux en appuyant simplement surun bouton

stabilité. En outre, il y a le bruitdes hélices, aussi il ne faut pasespérer capturer du son syn-chrone avec les images.L'AR.Drone 2.0 accueille doncun module GPS avec 4 Go demémoire intégrée, qui seconnecte en USB sur l'appareil.Il permet ainsi d'enregistrer levol — pour le partager surAR.Drone Academy — et sert àprogrammer des itinéraires.Associé au mode « Director », iltransforme alors l'AR.Drone 2en caméra volante program-mable.

L'autonomie évolue égalementgrâce à une nouvelle batteriede 1 500 mAh qui devrait offrirjusqu'à 18 minutes de vol,contre 12 minutes avec la bat-terie d'origine (1 000 mAh). Letemps de charge est d’1 heure30 environ.Dès la fin d'un vol, l’enregistre-ment sur clé USB est directe-ment disponible dans l'applica-tion pour un visionnage ou pourle partage sur Internet.

Avec le smartphone on dispose d’un contrôle absolu du drone. Grâce à une boussole 3D intégrée, c’estle pilote qui sert de point de référence. Le drone va toujours dans la direction d’inclinaison du smart-phone. Une double pression sur le bouton de commande à droite permet de faire un looping.

A 58 mètres de hauteur par Nicolas Payot

L’Écran de la FFCV —20— n°100 mars 2013

Ressources

Colorimétrie : pédagogie et travaux pratiques

Heureux possesseur d’un iPhone ou d’iPad, pour4 € seulement (offre de lancement) dans un AppStore, vous pouvez acquérir un petit programmede corrections colorimétriques proposé par lasociété Crumplepop. Ce programme a été conçupar Dale Grahn, étalonneur légendaire de StevenSpielberg. Ce programme vous permettra d’ap-prendre les bases de la colorimétrie avec un mini-mum de paramètres à ajuster. À partir d’une ving-taine exercices (en anglais of course) et troisniveaux de difficultés, vous pourrez vérifier si voscorrections colorimétriques sont satisfaisantes enles comparant aux réglages proposés par DaleGrahn qui sont censés être les meilleurs.Ici point de roues chromatiques, de pipettes, decourbes et de vecteurs, mais seulement quelquesboutons pour effectuer une correction globale, surles hautes lumières, les tons moyens et lesombres. On utilise ensuite une série de trois bou-tons de couleurs: rouge, vert, bleu auxquels s’op-posent trois boutons de couleurs complémen-taires: cyan, magenta, et jaune. Enfin, il y a deux

Dale Grahn a étalonné :Il faut sauver le soldatRyan, Apocalypse nowredux, Gladiator,Munich et des dizainesd’autres films

boutons de réglages pour ladensité et la saturation. C’esttrès sommaire semble-t-il, maisselon Dale Grahne c’est déjà lar-gement suffisant pour s’initiervraiment à la correction des cou-leurs avec des résultats pro-bants. Ensuite, si l’on veut pro-gresser dans ce monde de lacouleur au service de la narra-tion, au service de l’atmosphèred’un film, nombre de logiciels demontage offrent de sérieusespossibilités, sans oublier les pro-grammes additionnels qui pro-posent des palettes de modifica-tions sophitiquées: Tiffen, MagicBullets etc. Mais attention l’éta-lonnage, c’est comme de lamicrochirurgie, il faut du doigté.

L.C

Formation

Formation au montage 2e niveauLes dates: 23 au 25 novembre 2012.Soit 16 heures pleines de formation et de travauxpratiques suivis de deux heures de « débriefing »Le lieu: hébergement à l’ETHIC Étapes au Lac deMaine d’AngersLes participants: clubs photo et vidéo de laPoste (Objectif Images) dont plusieurs sont affiliésà la FFCV

Les formateurs: Philippe Sevestre (FFCV) etBenoît Doorémont (service audiovisuel de la Poste)Niveau 2: ce stage fait suite à un premier stagequi a eu lieu au même endroit en 2011 à partird’un programme (présentation Power point etexercices) qui a été diffusé (CD Rom) dans tous lesclubs de la FFCV. Ce programme de 1er niveau, estassez théorique et retrace, dans une perspectivehistorique, la problématique du montage. Il néces-site une phase d’approfondissement essentielle-ment centrée sur des exercices pratiques.Conditions: chaque stagiaire vient avec un ordi-nateur (portable ou tour) et utilise le programmede montage vidéo de son choix. Contrairement àce que certains croient, lorsqu’on parle d’un stagede montage, il ne s’agit aucunement d’un stage demaniement d’un programme de montage particu-lier, mais bien d’un stage centré sur des exercicesspécifiques à la portée de tous quel que soit lelogiciel de montage employé. Ont été utilisés prin-cipalement par les stagiaires: Magix, PremiereElements, Sony Vegas, Pinnacle et Final Cut.Préalable : venir avec un montage de troisminutes, titre et générique compris, réalisé à par-tir de rushes (30 minutes et 28 plans) d’un repor-tage sur un homme-orchestre. Les fichiers ont étéenvoyés aux stagiaires trois semaines auparavant.Problèmes rencontrés: plusieurs stagiaires nemaîtrisaient pas assez leur logiciel de montage cequi pèse sur la gestion du temps, et par ailleurspeu de stagiaires avaient déjà participé au stagede premier niveau. Il a fallu présenter un condensédu premier stage indispensable pour aborder le

stage de second niveau. Cela a aussi l’avantage derafraîchir les connaissances des stagiaires de 1er

niveau. De toute façon, les stagiaires ont récupéréen fin de stage tous les fichiers du 1er et du secondstage afin qu’ils puissent en faire profiter lesmembres de leurs clubs respectifs.La grille de stageUne présentation Power point, pleine de recom-mandations pratiques avec quelques vidéos d’ac-compagnement sur le métier de mon-teur/monteuse.Des exercices pratiques: trouver le bon point decoupe dans un plan, comment agencer trois plansqui raccordent mal, monter une séquence bienmixée avec des bruits d'ambiance, une voix off etde la musique, raccorder des plans en mouve-ment.Analyse des résultats et de l’exercice de reportagede trois minutes.Ensuite il y a eu plusieurs exercices de correctionscolorimétriques (une découverte pour beaucoup),le choix d’une illustration musicale et des réalisa-tions de titres (lisibilité et cohérence avec le conte-nu).Conclusion: pour un stage de ce type, le nombrede stagiaires doit être limité à 15 participantsencadrés par deux animateurs.

Ph. S

L’Écran de la FFCV —21 — n°100 mars 2013

En fin de stage,chaque stagiaire adisposé sur sa cléUSB de la totalité duprogramme de for-mation (session 1 etsession 2) avec tousles exercices et tousles fichiers texte,image ou vidéo. Ilpeut ainsi dispenserà d’autres la forma-tion qu’il a reçue.

Pas de problème, çaraccorde bien !Les animateursPhilippe Sevestre etBenoît Doorémontsont attentifs auxtravaux de chaquestagiaire

Chacun ayantapporté son ordina-teur (portable outour) se concentresur un exercice demontage qui seravisionné et discutéensuite

Les participants venus de Paris, Arras, Angers, Reims, Quimper, LaRoche sur Yon, Le Mans et Orléans

Formation de cinéaste documentariste en Guadeloupe 18 au 28 octobre 2012Une formation de cinéaste documentariste a étéorganisée en Guadeloupe, par l’association pourla formation, les activités audiovisuelles et cul-turelles (FAAC) affiliée à la FFCV avec le con-cours d’Océans Télévisions et la Ligue de l’en-seignement-FOLG 971. Cette formation a étéassurée par Armel Vertino et Didier Mauro aulocal de la FAAC, à l’impasse Augustin Fresnel àJarry Baie-Mahault.Les stagiaires ont bénéficié du programme desateliers internationaux de films documentairescréé par Didier Mauro. Ce programme de forma-tion avait pour objectif de permettre aux stagiairesde: renforcer leurs capacités dans le domaine dela conception et de la réalisation de documentairede création, d’acquérir un capital culturel de base(via l’étude d’œuvres documentaire) regarder,repérer les composantes formelles et esthétiquesd’une œuvre, commenter, analyser, acquérir uneméthodologie de travail, penser un film et le réalis-er. À la fin du stage les connaissances de base desstagiaires ont été approfondies, leurs compétencesse sont améliorées, leurs capacités renforcées.Chaque stagiaire a réalisé un film, un geste docu-mentaire d’une durée de 5 minutes suivant lethème le bonheur. La formation s’est clôturée parune soirée d’évaluation avec projection sur grandécran de tous les films réalisés par les stagiaires,devant un public composé de personnalités, depassionnés de cinéma documentaires, des invitésparents et amis des stagiaires. La soirée s’est clô-turée par un cocktail dînatoire. Les échanges ontété très cordiaux et très prolongés entre les nou-

veaux cinéastes documentaristes du départementet les invités. Des demandes d’inscription ont com-mencé à tomber pour une prochaine session, maisrien n’est encore défini. Un repas de convivialité aété organisé le lendemain de l’évaluation dans unrestaurant à Sainte-Anne au bord de mer. Ce repasa permis aux stagiaires de découvrir Didier Maurosur un autre angle et de parler ouvertement etamicalement sur des sujets qui pouvaient intéress-er tout le monde, dans ce domaine ou un autre.Les films réalisés ont été projetés au festivalrégional international LE FEMI le mercredi 30 jan-vier 2013, au ciné théâtre du Lamentin, à l’occa-sion de la journée « Femi jeunesse ». On peutnoter la présence des élèves du Lycée de SainteRose et des élèves de l’école de la 2e chance deBasse Terre accompagnés de leurs professeurs, àcette séance de projection ainsi que de nombreuxanonymes.

Armel VERTINO

L’Écran de la FFCV — 22— n°100 mars 2013

Formation

Le formateur Didier Mauro est cinéaste documentariste depuis 1979,sociologue de la culture, docteur de l’Université de Paris la Sorbonnenouvelle, membre de l’académie des Sciences d’outre-mer de laRépublique française auteur d’un livre sur le cinéma documentaire.

La responsable pédagogique et coordonnatrice du projet Armel Vertinoest première cinéaste de la Caraïbe, présidente départementale desdélégués départementaux de l’Éducation Nationale. Elle a réalisé denombreux films pour les écoles, les associations et bien d’autres organ-ismes. Elle est enseignante à l’institut supérieur de formation cinéma etaudiovisuel de Pointe-à-Pitre. Armel Vertino a fondé l’association FAACen 2005, pour lui permettre de transmettre ses connaissances à un pluslarge public composé de jeunes, d’adultes et de retraités, dans le but depromouvoir cette activité avec des amateurs. Sa motivation est née à lasuite d’une recherche entreprise sur la conservation du patrimoine cul-turel dans le département. Elle a constaté que beaucoup de personnesachètent des appareils de photographie jetables ou non et des petitescaméras, par amour de l’image mais sans aucune connaissance ni for-mation. Après avoir capté ces images, ils ne savent pas les exploiter. Ily a beaucoup d’archives stockées dans les tiroirs, des quantités de pho-tos et de vidéos. C’est pourquoi elle a décidé de créer l’association Défijeunesse, une association à la disposition des amateurs pour les aider,les accompagner, les former. L’association Défi Jeunesse qui a été lau-réate du concours de projets sur l’environnement et le développementdurable organisé par la ville des Abymes, en 2011, dans le cadre du pro-jet Agenda21.

L’Écran de la FFCV — 23— n°100 mars 2013

Formation

C'est au concours régional 2e division de 2012 que Jean-PierreClavier, président de Cinévif (1re région FFCV) m'a demandé s'ilm'était possible d'organiser une formation de jurés. Il m'aconfié que la crise (encore une!) de recrutement de jurés avaitencore franchi un palier, il est vrai pour les concours aunombre de deux en Ile-de-France. Problème de disponibilité,de compétence, de légitimité, sans compter que les auteurschevronnés, en principe bons critiques, présentent eux-mêmesdes films, donc à juste titre pas sollicités.Mon enthousiasme de longue date à discuter, analyser, décor-tiquer des films sera-t-il suffisant pour relever le défi? Je medécide à sensibiliser à une lecture sémiologique et critique desfilms qui aille plus loin que la chasse à l'image floue, au mau-vais raccord ou au commentaire « mal dit ». Je me fixe donccomme objectifs à cette formation d'un jour:- Mieux identifier les marges de progression que présentent lesfilms amateurs- Progresser dans l'analyse critique des films- Réfléchir sur l'acte même du jugement critique.

Pour mieux nous connaître, je propose un tour de table en demandantà chacun de nous de partager ses expériences, le cas échéant : decinéaste, de « critiqué », de juré, de personne ayant une compétencespécifique (art/technique/culture) susceptible d'enrichir une discussionsur un film.Première surprise : j'ai en face de moi 10 stagiaires dont le bagagecinéphilique, culturel ou technique est loin d'être négligeable. Je sensque je peux mettre la barre un peu plus haut que prévu.Je poursuis sur les aspects théoriques de la matinée, en animant unediscussion ouverte sur ces questions :- Pourquoi un jury ? Qu'est-ce que les auteurs et le public peuvent (doi-vent) en attendre ?Ceci nous amène au point suivant : comment juger un film ? : un filmqui nous plaît est-il nécessairement « bon » ? un autre qui ne nous plaîtpas est-il forcément « mauvais » ?Cette prise de conscience nous amène forcément à nous poser lesquestions cruciales :- existe-t-il des critères objectifs ? quelle place pour la subjectivité ?L'histoire nous montre que les difficultés à s'entendre sur des critères(et de leur importance !) rendent impossible l'établissement d'une fichecritique idéale dans nos concours. Paperboard à l'appui, nous tentonsde lister différents critères. Je constate et fais remarquer qu'ils sontessentiellement techniques. Quid des intentions, de l'écriture, de laconstruction, du regard ? Mystère. Nous sommes piégés par notre« surculture » technique.À la recherche des critères et de leur valeur, je distingue :1. La maîtrise des aspects techniques,en posant des questions dont je fais comprendre par des exemplesprécis que les réponses ne sont pas si simples :- c'est quoi, des bons cadrages ?- c'est quoi, une bonne lumière (en intérieur, en extérieur) ?- c'est quoi, un bon montage ?- c'est quoi, une bonne bande son ?À ce propos, je prends soin de mettre en perspective les aspects tech-niques :- s'ils sont au service d'intentions ou de circonstances particulières- s'ils sont la conséquence d'un budget et de moyens limités

2. La pertinence des aspects dramaturgiques et artistiques- scénario/sujet,- mise en scène/traitement du sujet (construction),- dialogues/commentaire/interviews,- interprétation & direction d'acteurs,- intentions, écriture, regard…À ce propos : si les postes techniques sont maîtrisés (comme dans lesfestivals professionnels),on juge quoi, au juste ?

Les modèles de fiche critique

Je nous estime prêt à visionner quelques films que je n’estime pasfaciles à juger, par exemple parce que des éléments peu identifiablesviennent contrecarrer des éléments supposés objectifs. Qu'est-ce quifait qu'un film très bien fait peut sembler ennuyeux ? Comment juger unfilm mal fichu mais drôle ou passionnant ? Au-delà du nombre de pixelsou des décibels bien dosés, à quoi reconnaît-on un bon montage, unebonne mise en scène, une écriture singulière, un regard pertinent surun sujet ?J'avais auparavant trouvé dans mes archives une dizaine de modèlesdifférents de fiche critique. Certaines (voir fiche 1 et 2) prennent encompte des éléments qui vont bien au-delà des critères techniqueshabituels. Très intéressantes sur le plan pédagogique, elles s'avèrenttrop complexes à utiliser dans nos concours, faute de temps. Dans larégion Ile-de-France, la fiche 4 qui semble un bon compromis, asuccédé à la fiche 3 il y a quelques années. Nos stagiaires en tout casont noté certains films tantôt avec une fiche, tantôt avec une autre.

J'ai alors abordé deux points techniques dont la maîtrise est loin d'êtreeffective dans nos films amateurs. À charge aux jurés de nos concoursde bien les identifier, ce qui n'est pas toujours évident.

Stage de jurés à L'Haÿ-les-Roses par Charles RITTER

Aperçu de différentes fiches de cotation. Il n’y a pas de modèle idéal etil faut se souvenir de cet adage du professeur Jacquard : la sommedes parties ne peut rendre compte correctement du tout

Formation

1° Le montage

Le montage n'est pas la simple misebout à bout des plans conservés etgardés tels quels, comme beaucoupsemblent le penser. C'est l'organisa-tion des éléments image et son, àprendre indépendamment, àremettre en cohérence, en leur don-nant du sens et du rythme, et en tra-vaillant les raccords.Trop souvent, par exemple, onconstate dans nos montages quel'image reste trop verrouillée avec leson enregistré, alors qu'on peut :- éviter de voir, dans un dialogue enchamp contrechamp, systématique-

ment la personne qui parle (alors qu'il y a cent façons de monter en uti-lisant des plans d'écoute off, et qui peut donner un sens totalementdifférent à la scène)- jouer sur l'anticipation d'un son ou d'une voix dont on ne découvre lasource que l'instant d'après (pour donner du rythme et un sens dra-matique)- éviter les raccords mous. Il y a bien trop souvent dans nos films uneà trois secondes de trop en début et en fin de chaque plan. Ce qui pro-duit un effet désastreux sur le rythme, en donnant cette impression dutrop long.- éviter de garder longuement à l'image un artisan ou un témoin quiexplique dans un premier temps, l'illustration de ce qui est dit venantaprès coup. Il faut d'abord choisir, organiser et monter les bouts dephrases qui nous intéressent, monter les images illustratrices dessusqui colmateront les coupes son, pour ne garder l'interviewé quequelques secondes tout au plus. On se lasse très vite à regarder quel-qu'un expliquer. C'est l'image qui doit donner le sens.

2° La mise en scène

Il y a le sujet ou le scénario de l'auteur, mais surtout : sa façon de le fil-mer. Prenons cette simple phrase d'un scénario : Arthur se dirige versla porte de la chambre. Il ouvre la porte. Il découvre Juliette, morte, surle lit.Il y a cent façons de filmer, éclairer, jouer, monter (sons rajoutés,effets, raccords) ce simple passage de porte (qui me rappelle un pas-sionnant exercice club qui proposait à ses adhérents Derrière la porte,

une surprise). Il existe des façons quelconques, sans personnalité, demettre en scène ce passage de porte. Par exemple :Plan 1 : Caméra fixe à hauteur d'homme près de la porte. Arthur enplan américain se dirige vers la caméra (vers la porte). Il ouvre la porte.Plan 2 : Juliette est allongée inerte sur le lit, du sang sur la robe, enplan large (fixe subjectif Arthur).Plan 3 : Contrechamp Arthur en gros plan : Mon Dieu !Variante avec une vraie patte de metteur en scène :Plan 1 : Les pieds d'Arthur s'avancent vers le bas de la porte on rajou-tera au montage des bruits qui excite le suspense (orage, cris dans lelointain, sirène de police dans la rue, par ex).Plan 2 : La main d'Arthur prend la poignée de la porte qu'il abaisse len-tement.Plan 3 : De l'intérieur de la chambre, on découvre peu à peu en GP levisage d'Arthur (mais on ne sait pas encore ce qui l'attend).Plan 4 : Les jambes de Juliette, avec du sang séché dessus. Onentend une phrase, comme en écho, précédemment entendue, deJuliette, qui soudain fait sens maintenant pour Arthur.

L'essentiel : le regard et l'écriture

En fin de journée, le temps nous a manqué pour bavarder surquelques dossiers que j'avais apportés (mais remis aux participants) :- un extrait d'un chapitre d’Analyse de l'image, de Laurent Aknin- un petit dossier collectant des critiques très variées, parfois extrêmes,et souvent contradictoires sur un film que j'avais réalisé en 1995,Miserere- un dossier de presse sur le film Amour de Michael Haneke, avecJean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, qui a suscité une vivepolémique, précisément sur son parti pris de mise en scène- un extrait de presse Palmarès surprise pour le 52e Festival deCannes, 1 999 (festivals professionnels) : explications du président dujury David Cronenberg, réalisateur- un extrait de presse Palmarès surprise pour les 27e Rencontres natio-nales Objectif Image, Nancy 2 002 (festival amateurs) : explications duprésident du jury Daniel Frisoni, formateur audiovisuel, texte reproduitpartiellement ici :

Le chemin de la réalisation audiovisuelle semble passer par troisétapes : une étape d'appropriation technique (la caméra, la station demontage). À ce stade, le novice teste les possibilités de son matériel(zoom, effets de volets) et s'étonne de ses résultats. Une secondeétape est celle de l'appropriation des règles académiques de réalisa-tion et du langage audiovisuel : règles des raccords, des 180°, etc. Àce stade, il fait ses gammes. L'ultime étape nous semble celle dudépassement de ces règles, et de l'émergence d'une écriture. Des ren-contres comme celles-ci sont un luxe par l'échange et les débatsqu'elles provoquent entre des personnes qui sont chacune à unmoment différent de cette route et donne au débutant une vision despossibilités d'évolutions futures. Avant d'être des images animées, lavidéo est avant tout une personne qui regarde, et qui propose ceregard au public. Il y a définitivement une déontologie de l'image. Laperformance technique n'est rien si on n'a pas répondu à la questionqu'est-ce que je veux dire ? Ce n'est ni la marque de la caméra, nimême l'œil qui sont importants, mais la pensée qui les dirige.

Merci encore à Cinévif et à Jean-Pierre Clavier pour sa confian-ce, et Paul Scoccini avec l'équipe de Cinamat L'Haÿ-les-Rosespour leur excellent accueil, leur disponibilité et réactivité tech-nique sans faille. Charles Ritter AAis Paris

L’Écran de la FFCV — 24— n°100 mars 2013

L’Écran de la FFCV —25 — n°100 mars 2013

16e Festival Vidéo deSeyssins

Malgré le temps exécrable de ce10 novembre, la salle Régis Prouté à l'espaceSchoelcher à Seyssins était bien remplie etles nombreux spectateurs qui avaient bravé lapluie n'ont pas été déçus !Pour sa 16e édition le Caméra ClubDauphinois avait réservé pas moins de 25films de court-métrage dont 12 reportages etdocumentaires, 8 fictions, 3 films minutes, etdeux expressions libres.Le jury composé de François Régis Crolard,Gilles Ragris, Damien Borrely, DavidRoumanet et Laurent Sougey-Lardin a eubeaucoup de mal à départager les candidatsaux différents prix tant le niveau des filmssélectionnés frisait l'excellence.Au Palmarès : Anna de Bernard Seillé (31) unémouvant reportage sur la vie d'une personneâgée dans un village reculé des Pyrénées.Le Seigneur des canaux un parallèle sur lesinitiateurs du Canal du Midi Pierre Paul Riquetet du Canal de Briare, Hugues Cosnier deJacqueline Baudinat (42)Le Trou de Jean-Pierre Hué (80) montre ladestruction puis la réhabilitation de la cam-pagne et des habitations par une exploitationde lignite en Allemagne.En fiction : L'insouciant de Tommy Redolfi deGrenoble, souvenirs d'enfance.Funambule de Bertrand Coulon (72) la vied'une jeune femme qui avance dans la viecomme sur un fil.

Les oranges de Yannick Pecherand-Molliexnous ont entraînés dans la vie d'une aveuglecroisant celle d'un muet avec beaucoup detendresse et d'émotion.Ont également été primés : La dernière séan-ce de Jean Marie Cayet (13) prévoyant la findes séances de cinéma en plein air à l'aide degros projecteurs avant le passage au numé-rique, Sur le fil d'Anne Voutey (93) mélodra-me, Euroscope de Luis Néto (78), comédiemusicale, et Madame d'André Brochier (13)film minute. Le public, lui, a voté pourL'Attentat de Jean-Claude Brun (73) divul-guant un risque inhabituel de la cigarette !Fabrice Hugelé, Maire de Seyssins et AnneMarie Mircovitch, adjointe chargée de laCulture avaient consacré un peu de leurtemps à ce festival pour venir féliciter lesorganisateurs et remettre les prix aux réalisa-teurs.

Annick Perrier d’Hier

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Actualités

L’Écran de la FFCV —26 — n°100 mars 2013

L’UNICA 2 013n’aura pas lieu en Corée

En raison de la rétractation de certains sponsors etd’ennuis de santé de M. Tchang, organisateur del’Unica en Corée, les rencontres qui devaient sedérouler à Incheon, non loin de Séoul, du 24 au31 août sont annulées. La nouvelle est tombée le23 janvier, huit jours avant la mise en ligne surInternet des modalités pratiques d’inscription. Desinformations seront données dès que possible surle site Internet fédéral pour indiquer le pays quiaccueillera l’Unica en 2013. Il est vraisemblablequ’il s’agira d’un pays européen.Ce n’est pas la première fois qu’une défection dedernière minute se produit, aussi il serait tempsd’explorer la possibilité de pérenniser le déroule-ment de l’Unica dans un lieu fixe ce qui éviteraitbien des aléas et donnerait à cette manifestationune notoriété qui lui fait encore défaut. Une sug-gestion allant dans ce sens a été envoyée à JeanneGlass, vice-présidente de l’Unica.

L’essentiel du conseil d’administra-tion de la FFCV (réunion du 26 jan-vier 2013)

Le conseil d’administration a accueilli JacquelineBaudinat nouvelle présidente de la 7e Région(Rhône-Alpes, Auvergne). Après le bilan duconcours national 2012 (marqué par de trop nom-breux absents lors du palmarès) et l’exposé desrelations entretenues par la FFCV avec d’autresassociations relevant du secteur culturel, est venule tour de table habituel de l’activité des clubs desrégions fédérales. De nombreuses initiativestémoignent du dynamisme remarquable de cer-tains ateliers (formation, information, diffusion,actions collectives). La situation reste cependantcontrastée entre les ateliers qui bénéficient à lafois de locaux et de soutiens divers des municipa-lités et ceux qui doivent payer au prix fort leurhébergement sans aucun soutien.

Le point a été fait sur l’état d’avancement dans lesrégions des projets de stages de formation des for-mateurs avec la participation de professionnels dumontage. Ces stages seront soutenus financière-ment par la FFCV, suite à la subvention exception-nelle qui a été allouée par le ministère de la cultu-re.

La fiche du concours 2013 a été finalisée en séan-ce et le modèle retenu a été communiqué aux pré-sidents de régions le soir même de façon à ne pasretarder l’organisation des concours dans lesrégions qui ont deux divisions.Un trophée des grands prix sera attribué pour unecompétition réservée aux réalisateurs qui ont déjàobtenu le prix du Président de la République aucours des dix dernières années. Les auteurs serontsélectionnés dans les concours régionaux avecl’aval des présidents de région. Il s’agit là d’uneexpérience permettant de redonner de l’attracti-vité au concours national.Par ailleurs, les formats acceptés en HD sont leMPEG2 HD et le MPEG4 (H264/AVC).Les quotas de temps, avec minutage précis,alloués aux régions pour la sélection des films sontremplacés par une fourchette indicative concer-nant le nombre de films pouvant être sélectionnéscompte tenu de la production habituelle desrégions correspondant à leurs effectifs. Les filmsminute et les films pour le trophée des grands prixsont décomptés à part. En sus des films sélec-tionnés pour le concours national, certains filmspourront être proposés, sur liste complémentaire,pour une éventuelle programmation si les plageshoraires le permettent. Un tirage au sort éventueldépartagera les films de liste complémentaire pou-vant être retenus.Le règlement des concours concerne exclusive-ment la fiche d’inscription pour les auteurs avecl’indication des prix pouvant être obtenus. Lesmodalités d’organisation relèvent d’une feuille deroute établie par le conseil d’administration. Cesmodalités peuvent varier et n’ont pas à figurerdans le règlement de concours.En 2013, il n’y aura aucun changement dans lacomposition des jurys des concours régionaux: lesprésidents de jury viendront d’une autre régionfédérale que celle organisant le concours.Le bureau fédéral est chargé de donner au jury duconcours national toutes les instructions pratiquesqu’il jugera utiles.

L’Écran de la FFCVadministration-publicité- 53, rue Clisson 75013 PARIS

Tél. fax. : 0144249025 [email protected] site Internet : www.ffcinevideo.orgFondateur : Maurice Mahieux Directrice de la publication : Marie Cipriani Publication trimestrielle.

Les opinions exprimées dans le bulletin n’engagent que leurs auteurs

Nouvelles fédérales et internationales