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Une vie de photographe, ça ressemble à quoi ? Denis Thierry nous éclaire sur le sujet. Photographe professionnel installé dans la ville d’Evron depuis près de 28 ans, Denis Thierry apprécie d’exercer ce méer pour la passion de l’image, et les contacts avec ses clients. Il se desnait à faire un BTS Comptabilité pour se réorienter en CAP Photographie. « Je suis un autodidacte de la photographie, j’ai appris sur le tas. En effet, j’ai fait un BTS Comptabilité. Puis j’ai commencé à faire des photos pour la presse (Ouest-France, notamment) et j’ai donc passé un CAP Photographie. » Nous : Vous exercez donc le métier de photographe. En quoi consiste précisément votre métier ? Denis Thierry : Il consiste prin- cipalement à prendre des photos et à gérer un magasin (dévelop- per des photos, accueillir le client, effectuer des ventes de matériel) afin de faire du chiffre d’affaire. Je me caractérise comme un photo- graphe généraliste. Nous : Comment en êtes-vous arrivé à choisir ce métier plutôt qu’un autre ? D.T : Principalement par passion de l’image. Nous : Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ? D.T : Naturellement, la photogra- phie mais aussi le contact avec le client. Nous : Pouvez-vous nous décrire l’une de vos journées types ? D.T : Lorsque l’on tient une en- seigne de photographie, il faut ouvrir le magasin (à l’heure) et accueillir les clients. A part ce paramètre, il n’y a pas vraiment de journée type. Tout dépend du client et de ses besoins. Le samedi je suis appelé pour des mariages mais seulement sur des créneaux de deux à trois heures. Nous : Quelles sont les éventuelles contraintes, quelles soient avec les clients, ou en fonction de votre or- ganisation ? D.T : Le plus dur est de tenir un magasin avec des horaires fixes. Peu importe si le client ne vient pas, si on ne voit personne de la journée, on se doit d’ouvrir le magasin dans tous les cas. Ce sont donc principalement des contraintes horaires. Nous : Vous sentez vous parfois dépassé par le progrès des appa- reils photo ? Préférez-vous l’ar- gentique ou le numérique ? Si vous avez une préférence, pour quels types de photos utilisez vous l’un ou l’autre ? D.T : Le progrès des appareils photo m’obligent à effectuer de plus en plus de formations afin de rester au courant des différentes évolutions. Je préfère le numé- rique. L’argentique a aujourd’hui presque disparu, même si il a une meilleure qualité. Les pro- fessionnels ne travaillent plus qu’avec le numérique. Nous : Il y a deux types de photo- graphes : le photographe spécia- lisédans les photos de magazines, de catalogue, de mode, de person- nalitées, … et le photographe géné- raliste qui, comme vous, est plutôt au service des ménages (pour des baptêmes, des mariages, des anni- versaires…) et des écoles. Est-ce que vous voyez une différence entre ces deux photographes, dans les modes de vie, dans l’organisa- tion et dans le travail effectué ? D.T : Le spécialiste ne tient pas de magasin, il n’a donc pas de contraintes d’horaires, il est plus libre. Nous : On dit que d’être photogra- phe et de vivre de ce métier, c’est dif ficile. Soutenez-vous cette idée ? D.T : C’est effectivement plus difficile qu’avant l’apparition du numérique. Le chiffre d’affaire d’un photographe se fait sur les développements de photogra- phie. Depuis le numérique, les gens développent moins car ils ont accès à leurs photos à tout moment sur écran. Ils peuvent aussi les imprimer eux-mêmes. De plus, les mœurs changent, les gens se marient moins, je suis donc moins souvent appelé pour des mariages. « Afin de faire des belles photographies, il faut beaucoup observer. Il faut regarder l’environnement, la lumière, l’emplacement des sujets, etc… La photo est un tout qu’il faut penser. Il faut également être rigoureux, car il faut tenir des comptes, gérer un magasin…» TÉMOIGNAGE

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Interviews de photographe.

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Page 1: Interviews

Une vie de photographe, ça ressemble à quoi ?Denis Thierry nous éclaire sur le sujet.Photographe professionnel installé dans la ville d’Evron depuis près de 28 ans, Denis Thierry apprécie d’exercer ce métier pour la passion de l’image, et les contacts avec ses clients. Il se destinait à faire un BTS Comptabilité pour se réorienter en CAP Photographie. « Je suis un autodidacte de la photographie, j’ai appris sur le tas. En effet, j’ai fait un BTS Comptabilité. Puis j’ai commencé à faire des photos pour la presse (Ouest-France, notamment) et j’ai donc passé un CAP Photographie. »

Nous : Vous exercez donc le métier de photographe. En quoi consiste précisément votre métier ?

Denis Thierry : Il consiste prin-cipalement à prendre des photos et à gérer un magasin (dévelop-per des photos, accueillir le client, effectuer des ventes de matériel) afin de faire du chiffre d’affaire. Je me caractérise comme un photo-graphe généraliste.

Nous : Comment en êtes-vous arrivé à choisir ce métier plutôt qu’un autre ?

D.T : Principalement par passion de l’image.

Nous : Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?

D.T : Naturellement, la photogra-phie mais aussi le contact avec le client.

Nous : Pouvez-vous nous décrire l’une de vos journées types ?

D.T : Lorsque l’on tient une en-seigne de photographie, il faut ouvrir le magasin (à l’heure) et accueillir les clients. A part ce paramètre, il n’y a pas vraiment de journée type. Tout dépend du

client et de ses besoins. Le samedi je suis appelé pour des mariages mais seulement sur des créneaux de deux à trois heures.

Nous : Quelles sont les éventuelles contraintes, quelles soient avec les clients, ou en fonction de votre or-ganisation ?

D.T : Le plus dur est de tenir un magasin avec des horaires fixes. Peu importe si le client ne vient pas, si on ne voit personne de la journée, on se doit d’ouvrir le magasin dans tous les cas. Ce sont donc principalement des contraintes horaires.

Nous : Vous sentez vous parfois dépassé par le progrès des appa-reils photo ? Préférez-vous l’ar-gentique ou le numérique ? Si vous avez une préférence, pour quels types de photos utilisez vous l’un ou l’autre ?

D.T : Le progrès des appareils photo m’obligent à effectuer de plus en plus de formations afin de rester au courant des différentes évolutions. Je préfère le numé-rique. L’argentique a aujourd’hui presque disparu, même si il a une meilleure qualité. Les pro-fessionnels ne travaillent plus qu’avec le numérique.

Nous : Il y a deux types de photo-graphes : le photographe spécia-lisédans les photos de magazines, de catalogue, de mode, de person-nalitées, … et le photographe géné-raliste qui, comme vous, est plutôt au service des ménages (pour des baptêmes, des mariages, des anni-versaires…) et des écoles. Est-ce que vous voyez une différence entre ces deux photographes, dans les modes de vie, dans l’organisa-tion et dans le travail effectué ?

D.T : Le spécialiste ne tient pas de magasin, il n’a donc pas de contraintes d’horaires, il est plus libre.

Nous : On dit que d’être photogra-phe et de vivre de ce métier, c’est difficile. Soutenez-vous cette idée ?

D.T : C’est effectivement plus difficile qu’avant l’apparition du numérique. Le chiffre d’affaire d’un photographe se fait sur les développements de photogra-phie. Depuis le numérique, les gens développent moins car ils ont accès à leurs photos à tout moment sur écran. Ils peuvent aussi les imprimer eux-mêmes. De plus, les mœurs changent, les gens se marient moins, je suis donc moins souvent appelé pour des mariages.

« Afin de faire des belles photographies, il faut beaucoup observer. Il faut regarder l’environnement, la lumière, l’emplacement des sujets, etc… La photo est un tout qu’il faut penser. Il faut également être rigoureux, car il faut tenir des comptes, gérer un magasin…»

TÉMOIGNAGE

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RENCONTREC’est avec Jacques Martin, directeur artistique de longue date, que nous nous sommes connectés pour une vidéo conférence. Face à la webcam, il a bien voulu répondre à toutes nos questions, sans complexes et en toute simplicité.

Nous : Vous exercez le métier de directeur artistique. En quoi consiste précisément votre métier ?

Jacques Martin : Le métier de directeur artistique consiste à la communication graphique et conceptuelle d’un projet. C’est majoritairement un travail en solo. Mon métier cumule les mé-tiers de concepteur et de créateur graphique, les champs sont donc larges. Un client arrive avec un problème de communication, il faut répondre à ses besoins. Il faut faire un choix d’axe graphique. On créé un univers graphique et il faut le suivre jusqu’au bout du projet.

Nous : Comment en êtes-vous arrivé à choisir ce métier plutôt qu’un autre ? Avez-vous exercé un autre métier avant celui là ?

J.M : J’ai toujours vou-lu faire ça même si en 1970, le métier de directeur artistique n’existait pas ! J’ai toujours aimé les ima-ges, les bds, les revues, la photo. Après mes études, il n’existait pas beaucoup d’agence de com-munication, j’ai donc intégré plusieurs imprimeries, en tant que typographe. 4-5 ans plus tard, j’ai travaillé dans une agence de publicité comme maquettiste (gérant la mise en page et les illustrations). Puis, quelques années plus tard j’ai joins une plus grande agence en tant que qu’assistant de di-recteur artistique. Finalement, je suis aujourd’hui directeur artis-tique sénior encadrant des direc-teurs artistiques juniors.

Nous : Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?

J.M : Je travaille dans la plus grande agence de l’ouest, mal-heureusement, les clients ne sont pas tous intéressants. Notre plus grand client en ce moment est l’espace culturel Leclerc. Le choix graphique du client est fort, il faut trouver des idées sur un thème donné et soumettre l’idée au client qui la valide ou non. Nous avons un autre gros client, un fabricant de bureau très haute gamme. Là, c’est vraiment un tra-vail de direction artistique. Il faut gérer le projet de A à Z, choisir le lieu de la photographie, avoir une idée précise de la future photo (je m’aide pour cela de la 3D), faire la prise de vue… En plus de cela, il faut louer un site, engager un

photographe et éventuellement des mannequins. Il y a beaucoup de matériel, il faut penser à la gestion des mannequins, régler l’éclairage, penser à la mise en place. Dans ce cas là, on se sent comme le ''patron de la photo'', il y a beaucoup d’argent en jeu et beaucoup plus de responsabi-lité.

Nous : Comment gérez-vous votre équipe ?

J.M : Il faut de la fermeté, non seulement avec le photographe (qui veut faire ses photos à sa manière, qui ne pense pas aux impératifs commerciaux), avec

J’ai toujours voulu faire ça même si en 1970, le métier de directeur

artistique n’existait pas !

les mannequins, les coiffeuses-maquilleuses, les stylistes, etc…

Nous : Quelles études avez-vous faites ?

J.M : J’ai étudié les arts graphiques à Rennes. J’ai un diplôme de BEP Arts graphiques, même si à la base je voulais faire les Beaux-Arts, qui m’a amené au métier de typogra-phe. Puis, j’ai obtenu un BEP de compositeur typographe dans une école liée à l’imprimerie dans laquelle j’ai étudié la pra-tique et théorie du montage, de la photo, de l’imprimerie…

Nous : Quelles sont les atouts et qualités nécessaires à l’exercice de votre profession ?

J.M : Il faut avoir sens graphique, un sens de l’esthétique, de la mise en page. Je dois être au courant de ce qui se fait, être a l’affut. Il faut inno-ver et ne pas copier ce qu’il se fait. Je dois faire

preuve de fermeté avec mon équi-pe mais également avec le client même si cela est dur car c’est lui qui paye et donc qui a le dernier mot.

Nous : Pouvez-vous nous décrire l’une de vos journées types ?

J.M : Dès le matin, après les bon-jours et le café matinal, nous sommes contraint de nous re-plier devant notre ordinateur et à se replonger dans le projet. Je réfléchis à ce que j’ai fait la veille, je fais le point avec le commercial. Un projet peut être modifié au fil d’une journée, il faut donc s’y adapter.

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Page 3: Interviews

Nous : Quelles sont les éventuelles contraintes ?

J.M : Majoritairement, ce sont des contraintes budgétaires et les exi-gences du client.

Nous : Êtes-vous amené à faire de la photo ? Si oui, vous sentez vous parfois dépassé par le pro-grès des appareils photo ? Préfé-rez-vous l’argentique ou le numéri-que ? Si vous avez une préférence, pour quels types de photos utili-sez vous l’un ou l’autre ?

J.M : Je fais de la photo de temps en temps pour l’entreprise car un photographe professionnel, ça coute cher. J’ai donc un mini studio. Le travail est plus facile à gérer et plus intéressant mais aussi plus limité, il faut faire avec les moyens du bord.Il y a deux approches de la pho-tographie. Dans le monde profes-sionnel, l’argentique n’existe plus, les gens ne travaillent plus qu’au numérique. Cependant, je pos-sède personnellement 2 numéri-ques, et le reste de mes appareils

photo sont des argentiques. L’ar-gentique est plus ‘’artistique’’ que le numérique.Je ne me sens pas dépassé, j’essaye de rester au courant des évolu-tions.

Nous : Vous dirigez des photogra-phes, on dit que d’être photogra-phe et de vivre de ce métier, c’est difficile. Soutenez-vous cette idée ?

J.M : Il y a deux types de pho-tographes. D’abord les publici-taires. Certains en vivent très bien, la journée revient à 1000€. D’autres ont beaucoup moins de moyens, moins de clients, ils sont constamment à la recherche de travail. Puis il y a les photogra-phes d’art. Pour eux, il est néces-saire d’avoir un autre emploi a coté, ce n’est pas rentable, il faut que ça reste une passion.

Nous : Avec quel genre de client êtes vous amené à travailler ? A combien s’élève le montant d’un projet ?

J.M : Je travaille beaucoup avec la grande distribution (Leclerc, Carrefour), un fabricant de bureaux haute gamme, com-me dit précédemment, même si la marge est très fine, des assurances (crédit agricole), une entreprise de produit de nettoyage/parapharmacie. Un petit projet coûte entre 5000 € et 10 000 €. Pour un plus grand projet, il faut compter entre 50 000 € et 100 000 €.

Nous : Faites-vous appels à des photographes à l’étranger ?

J.M : Oui, mais ils ne sont pas forcément meilleurs que d’autres et il est plus difficile de s’imposer.

Nous : Sur combien de temps s’étale vos contrats avec les photographes et comment les choisissez-vous?

J.M : On engage des photogra-phes seulement à la journée ou la demie-journée, rarement sur le long terme. C’est souvent les mêmes photographes que l’on embauche car on sait qu’ils sont du même point de vue que nous, il n’y a pas de mauvaises surpri-ses. Cependant, à cause du bud-get, je peux être amené à choi-sir des photographes dont les services sont plus abordables mais moins réputés.

ZOOM SUR : Son site. Un album complet, de réalisations faites à la gouache sur papier merveilleusement réalistes !

À voir sur http://www.jacques-martin.net/