Interview d’Hannibal Hannibal s’exprime en public pour la première fois depuis sa défaite à Zama. Il

accepte de se confier à nous.

La rédaction : Ave ! Ut vales ? Nous sommes venues vous parler de votre histoire. Ça doit être merveilleux et gratifiant d’être le premier à avoir réalisé cet exploit qu’est la traversée des Alpes. Vous devez être fier ! Hannibal Barca : Ave ! Optime ! Effectivement, je suis extrêmement fier d’avoir accompli cet exploit. Mon père aurait été très fier de moi. Votre père ? En parlant de ça, dites-nous quelle sont les raisons qui vous ont poussé à entreprendre ce voyage ? Racontez-nous un peu votre enfance. H.B : Et bien, je suis né en -247. Mon père est le grand Hamilcar Barca. Il a été un brillant général de la première guerre punique (-264 > -241). Il a participé à la prise de l’Espagne, en 237. Etant donné mon jeune âge, il était exclu que je combatte, mais il m’a autorisé à l’accompagner, tout en me confiant aux bons soins d’un maître d’armes qui n’allait pas au combat. Et qu’est ce que ce maître d’armes vous a appris ? H.B : Avec lui, j’ai appris le maniement des armes et l’art de la guerre. Il était comme mon second père !

Et quand vous avez grandi ? H.B : En grandissant, j’ai suivi la même route que lui et que mon père. Je fus nommé commandant en chef en -221, à 26 ans. 26 ans ! C’est très jeune ! H.B : Effectivement, c’est ce que tout le monde disait mais Il fallait assurer la relève et l’enjeu était de taille ! Peut être, mais de tous les hommes devenus généraux à 26 ans, seul un a laissé son nom gravé dans l’histoire : Vous. H.B : Vous me flattez. Mais je me suis contenté de fa i re mon devo i r et d’empêcher une invasion romaine. J’ai servi mon peuple et mon pays avec honneur.

Maintenant, pourriez-vous nous parler de la traversée des Alpes avec vos éléphants ? H.B : Certainement. J’ai décidé, en bon stratège que je suis, de ruser et d’éviter la mer. Vous le savez, les carthaginois ont le pied marin, nous sommes une thalassocratie, mais il fallait surprendre l’ennemi et l’attaquer sur son propre terrain. J’ai donc décidé de passer par les Pyrénées puis par les Alpes. Et pourquoi avez-vous voulu être accompagné par des éléphants ? H.B : C’est une bonne question ! Les éléphants sont des animaux robustes et de bons compagnons de route. Mais surtout, ce sont des combattants redoutables : ils sont capables d’écraser l’ennemi d’une patte! Ils font toujours forte impressions sur les populations du Nord. Seulement, je n’avais pas prévu que les passages alpins seraient aussi étroits ! Ces gaulois… ils voient tout en petit contrairement aux Carthaginois ! Oui, les soldats ayant survécu à la traversée nous disaient que beaucoup avaient péri durant le trajet. H.B : Ils vous ont fait un rapport tout à fait exact. Nous sommes en effet partis avec 37 éléphants et seuls 15 étaient encore vivants à l’arrivée. Et beaucoup de soldats ont péri aussi.

Tiens, en parlant de vos compagnons, le convoi était composé de quel type de personnes ? H.B : Et bien, plus de 50 000 soldats ET 12 000 cavaliers m’accompagnaient, ainsi que certaines de leurs femmes. Il y avaient bien sûr, des chevaux et mes éléphants. Malheureusement, ceux qui n’ont pas péri durant le périple des Alpes et des Pyrénées ont péri à Zama. H.B : C’est vrai... En -202, le général Scipion m’a défait à Zama. Mes 15 derniers éléphants ont été tués pendant cette ultime bataille. C’est en partie à cause de moi si Carthage a été obligée de se soumettre aux Romains, privée de son armée. Vous n’êtes pas le seul responsable. Scipion ne vous a pas seulement défait vous; il a aussi défait Carthage. Vous devez sûrement garder une rancœur toute particulière à son égard, non ? H.B : Qui apprécie celui qui l’a mis en échec ? Je n’espère qu’une chose : c’est que Carthage se dresse à nouveau et venge mon honneur.

« Je n’espère qu’une chose :

c’est que Carthage

se dresse à nouveau et

venge mon honneur. »

Gratias ago ! Vale ! H.B : Merci à vous ! Vale

Malheureusement, Hannibal s’est empoisonné deux jours après que nous ayons recueilli ses propos. Il ne verra jamais la fin des guerres puniques. Hannibal Barca s’est donné la mort en -183 à 64 ans car il a préféré mourir plutôt que de tomber aux mains des Romains.

Propos recueillis par Marianne Schreiber et Pauline Tavignot