internet et participation politique
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Conférence à l'université Ouverte du Pays de Montbéliard le 22/11/12TRANSCRIPT
Internet et participation politique
Alexandre Coutant, ELLIADD, OUN, Université de Franche-Comté / ISCC
@acoutant
Diffusable sous licence Creative Commons – CC BY-SA 3.0http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/
Contexte
• Alexandre Coutant, Internet et politique, Coll. Les Essentiels d’Hermès, CNRS Éditions, 2012.– Commande éditoriale : revue de
littérature et ajouts d’inédits pour éclairer les enjeux actuels
– Pas spécialiste de la politique mais des médias, spécifiquement d’Internet
– Beau sujet permettant de mieux comprendre les rapports entre technique et société
La place des médias en politique
• Modèle idéal de l’espace public– Principe de publicité Vs secret d’état– Politiques spécialistes, représentants du peuple– Citoyen : personne privée faisant exercice public de la
raison– Rationalité émerge du débat public– Médias en charge de la médiation entre les deux
• Critiques :– Médias pas médiateurs mais interprètes/traducteurs– Publicité vs manipulation– Représentation critiquée : interprétation et manipulation – Désir de liens directs– Raison pas si partagée
La démocratie participative
• Alternative au système représentatif– Fondée sur crainte de déconnexion des représentants et
d’une inégalité de l’accès au débat public– Implication directe du citoyen– Pouvoir limité des représentants élus– Refondation de la démocratie représentative par le local
• Critiques– Fondée sur l’idéal du modèle athénien– Quelle compatibilité avec les
démocraties de masse ?– Risques du lien direct entre citoyen et
élu : populisme
Internet, un nouveau média ?• Média ou support de
communication ?• Quelles conceptions
du privé et du public ?
• Remplacement ou stratification ?
• Interactivité– Nouveau ?– Permet engagement ?
L’espoir de la participation• Participation :
– (Relative) facilité technique de la prise de parole sur les espaces en ligne
– Mise en relation facilitée– Espaces d’expression non filtrés
• Espoir d’une autonomie renforcée de l’usager (empowerment) – Accès à connaissance
• Limites : – Volume : équipement, capitaux
culturels et techniques– Contenu : échanges ordinaires vs
discours citoyen– Politique du réseau : fonctionnement
communautaire encouragé
Petit point théorique : comment aborder Internet ?
• Imaginaires toujours associés à TIC– Technophiles et technophobes– Sociologisme et technicisme
• Rôle des imaginaires dans les représentations sociales des TIC : ont une utilité mais ne pas les prendre à la lettre
• Observation montre systématiquement une co-construction– Position pas si facile à tenir en réalité car
nécessite de connaître usages et dispositifs
Les démarches des politiques
Un ancrage dans le temps long
• Les tentatives de cyberdémocraties – Télévision par câble, vidéoconférence,
vidéotex, réseaux informatiques embryonnaires
• Dialogue plus ou moins encouragé• Plébiscite ou délégation du choix
– Des résultats nuancés• Amélioration légère mais systématique (information,
participation, influence sur les choix)• Techniques peu déterminantes• Démarche des politiques joue beaucoup• Engagement des citoyens tributaire de leur intérêt personnel• Dirigeants continuent à cadrer le débat
Les démarches des politiques
• Hommes politiques– Présence peu participative– Communication unilatérale : diffusion– Identification d’audiences à séparer– Espaces officiels très encadrés
• Conseillers en communication– Discours de promesse– Aveuglement par chiffres et autolégitimation
• Dans deux cas, pas de culture participative– Peu d’intérêt et peu pensé– Joutes entre partis occulte attention aux audiences
• Recul par rapport au modèle habermassien puisque court-circuite médias : risque de populisme
• Participation cosmétique et recherche de « colleurs d’affiches »
• Conclusion :– Espaces de
discussion politique hors des arènes officielles ou animés par les seuls partisans
– Limites de l’application du modèle Obama
• Contexte politique national
• Candidat
Les pratiques des internautes
Un potentiel révolutionnaire ?• Un support d’échanges mais aussi un
ersatz de mobilisation– Support ≠ catalyseur : en Égypte, les
pics d’emploi de Twitter correspondent aux baisses d’activité dans les rues / lors des manifestations londoniennes, les manifestants se coordonnaient par l’emploi de Twitter
• Des conditions techniques insuffisantes– Révolutions reposent sur des facteurs
bien plus larges (éducation, chômage, démographie, libertés publiques, partage des richesses)
• Un outil de contrôle autant que d’émancipation– Traçabilité et restrictions d’accès
autant qu’emploi militant
Des registres discursifs mis en visibilité
• Témoignage• Contre expertise• Divertissement
– Visibilité accrue– Absence de tri avant l’accès– Espaces publics fragmentés, plus ou moins étanches,
distincts de l’espace public officiel
Des registres discursifs mis en visibilité
• Témoignage : – Insistance sur le vécu
subjectif plus que sur l’objectivation
– Quotidienneté, détail plus qu’analyse et synthèse
– Grande variété dans la forme et le ton
– Non filtré : pas de prétention à l’exemplarité
Des registres discursifs mis en visibilité
• Contre expertise : – « Empowerment » : vise émancipation du citoyen– Prise de recul, documentation, voire enquête– Traitement de questions pointues pour fournir une interprétation
alternative aux discours en traitant usuellement– Investissement fort et accès parfois à l’espace public officiel
Des registres discursifs mis en visibilité
• Divertissement : – Registre humoristique et du bon mot– Flux des échanges badins et viralité potentiellement
très forte– Remix, hybridation et détournement
Une hyper visibilité du potache
• Détournement et badinerie quotidienne– Même accessibilité que discours plus «
sérieux »– Succès bien plus vaste– Dispositifs facilitant la créativité – Impact très important dans les résultats des
moteurs– Pose question du « citoyen »
Un désir de factualité
• Peu d’intérêt pour le discours officiel et préférence pour l’échange entre internautes
• Succès relatif des démarches d’évaluation des propositions et actions des hommes politiques– Fact-checking et rappels des engagements– Appel à des systèmes experts
Une multiplicité de fact-checking
• Journalistes– Renforcement du rôle d’analyste et mise en avant
de compétences informationnelles– Valorisation du factuel Vs émotionnel et conviction
• Présence rare sur lesplateaux
• Risque d’oppositionmajeure des politiques
• Méthodologie encoreincertaine
• Vérification elle-mêmeprise dans le flux
Une multiplicité de fact-checking
• Espace public alternatif
• Coups médiatique par campagnes virales
• Militant
Une multiplicité de fact-checking• Internaute lambda
– Témoigne d’une attente principe repris• Ponctuellement
• De manière organisée
Factuel vs opinion• Nombreuses propositions d’objectivation du
vote– Comparaisons sur questions précises
• Problème des raisons d’un vote– Actions / aspirations– Valeurs et pratiques– Avis sur tous les sujets
Conclusion
• La participation politique nécessite en premier lieu des compétences culturelles et sociales– Ces ressources demeurent aussi stratifiées socialement
• Pas de reconnaissance officielle des espaces– Espace public alternatif, bien plus fragmenté, mais pouvant accéder à
l’espace public officiel selon le contexte• Rupture entre une communication unilatérale et des pratiques de
plus en plus participatives– Une démocratie locale stimulée mais des démarches nationales peu
suivies• Un exercice multisupport de la politique
– Rôle majeur de la télévision, les espaces participatifs diffusant ou commentant souvent les contenus des médias classiques. L’inverse est encore relativement rare ou peu maîtrisé
• Des espaces essentiellement badins– Outil d’expression bien davantage que d’engagement
• Un signal faible : l’attrait pour une communication politique moins émotionnelle ?– Multiplicité d’éléments hétéroclites répondant ou complétant les
discours officiels