intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

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Annales de pathologie (2012) 32, 4—13 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales Effectiveness of histopathologic examination in a series of 400 forensic autopsies Denis Chatelain a,, Alexis Hebert a , Nathalie Trouillet a , Slim Charfi a , Paul Stephens b , Cécile Manaouil b , Christian Defouilloy b , Laurent Braconnier c , Olivier Jarde b , Henri Sevestre a a Service d’anatomie pathologique, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 01, France b Service de médecine légale, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 01, France c Service de médecine légale, hôpital de Saint-Quentin, 1, avenue Michel-de-l’Hospital, 02321 Saint-Quentin, France Accepté pour publication le 18 octobre 2011 Disponible sur Internet le 20 janvier 2012 MOTS CLÉS Autopsie ; Analyse anatomopa- thologique ; Médecine légale Résumé Objectifs. Évaluer l’intérêt des expertises anatomopathologiques dans les autopsies médico- légales. Matériel et méthodes. Toutes les expertises pratiquées consécutivement dans le service d’anatomie pathologique du CHU d’Amiens depuis 2006 ont été revues. Résultats. Quatre cents expertises ont été revues. Dans seulement 150 cas (n = 150), les patho- logistes avaient des renseignements cliniques. Des diagnostics majeurs, liés au décès et non visualisés lors de l’autopsie par les médecins légistes, étaient découverts dans 21 % des cas (n = 83). Dans 12 % des cas (n = 48), il s’agissait de diagnostics macroscopiques au niveau des prélèvements cardiaques, pulmonaires et hépatiques, non vus lors de l’autopsie. Dans 9 % des cas (n = 35), il s’agissait de diagnostics microscopiques au niveau des prélèvements cérébraux, cardiaques, pulmonaires, rénaux, pancréatiques et hépatiques. Aucun diagnostic majeur n’était réalisé dans les décès par homicide ou sucide. Dans 53 % des cas (n = 213), l’analyse histologique ne faisait que confirmer des diagnostics macroscopiques réalisés lors de l’autopsie ou permet- tait de dater des blessures. Dans 26 % des cas (n = 104), l’analyse anatomopathologique n’avait pas d’intérêt. Conclusion. L’analyse microscopique des prélèvements tissulaires réalisés lors des autop- sies médicolégales révèle des diagnostics majeurs dans moins de 10 % des autopsies. Son Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Chatelain). 0242-6498/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annpat.2011.10.011

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nnales de pathologie (2012) 32, 4—13

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

RTICLE ORIGINAL

ntérêt de l’analyse anatomopathologique dans uneérie de 400 autopsies médicolégales

ffectiveness of histopathologic examination in a series of 400 forensicutopsies

Denis Chatelaina,∗, Alexis Heberta,Nathalie Trouilleta, Slim Charfia, Paul Stephensb,Cécile Manaouil b, Christian Defouilloyb,Laurent Braconnierc, Olivier Jardeb, Henri Sevestrea

a Service d’anatomie pathologique, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex01, Franceb Service de médecine légale, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 01,France

c Service de médecine légale, hôpital de Saint-Quentin, 1, avenue Michel-de-l’Hospital, 02321 Saint-Quentin, France

Accepté pour publication le 18 octobre 2011Disponible sur Internet le 20 janvier 2012

MOTS CLÉSAutopsie ;Analyse anatomopa-thologique ;Médecine légale

RésuméObjectifs. — Évaluer l’intérêt des expertises anatomopathologiques dans les autopsies médico-légales.Matériel et méthodes. — Toutes les expertises pratiquées consécutivement dans le serviced’anatomie pathologique du CHU d’Amiens depuis 2006 ont été revues.Résultats. — Quatre cents expertises ont été revues. Dans seulement 150 cas (n = 150), les patho-logistes avaient des renseignements cliniques. Des diagnostics majeurs, liés au décès et nonvisualisés lors de l’autopsie par les médecins légistes, étaient découverts dans 21 % des cas(n = 83). Dans 12 % des cas (n = 48), il s’agissait de diagnostics macroscopiques au niveau desprélèvements cardiaques, pulmonaires et hépatiques, non vus lors de l’autopsie. Dans 9 % descas (n = 35), il s’agissait de diagnostics microscopiques au niveau des prélèvements cérébraux,cardiaques, pulmonaires, rénaux, pancréatiques et hépatiques. Aucun diagnostic majeur n’étaitréalisé dans les décès par homicide ou sucide. Dans 53 % des cas (n = 213), l’analyse histologiquene faisait que confirmer des diagnostics macroscopiques réalisés lors de l’autopsie ou permet-tait de dater des blessures. Dans 26 % des cas (n = 104), l’analyse anatomopathologique n’avaitpas d’intérêt.Conclusion. — L’analyse microscopique des prélèvements tissulaires réalisés lors des autop-sies médicolégales révèle des diagnostics majeurs dans moins de 10 % des autopsies. Son

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (D. Chatelain).

242-6498/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.annpat.2011.10.011

Page 2: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

Expertise anatomopathologique dans les autopsies médicolégales 5

intérêt est limité dans les homicides et les suicides. L’examen anatomopathologique systé-matique est souvent inutile et devrait être limité au cas où aucune cause de décès n’esttrouvée à l’issue de l’autopsie et devrait être limité à certains organes. Notre étude sou-ligne l’intérêt d’une meilleure communication entre pathologistes et médecins légistes, ainsiqu’une meilleure formation de ces derniers à l’analyse macroscopique des organes lors desautopsies.© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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KEYWORDSAutopsy;Histopathologicexamination;Forensic science

SummaryObjectives. — To assess theMaterial and methods. — Alperformed in our departmeResults. — Four hundred fologists had data about manto death, and unsuspectedcases (12%) gross examinatthe forensic pathologists, aunsuspected diagnosis (in bcases (53%), histopathologicsome wounds. In 104 cases

Conclusion. — Microscopic eautopsies. Its effectivenessmination of numerous organcauses of death. Our study

pathologists and histopathogross examination.© 2011 Elsevier Masson SAS

Introduction

L’expertise anatomopathologique de prélèvements tissu-laires réalisés au cours d’une autopsie médicolégale estpratiquée par un pathologiste, sur réquisition du Procu-reur de la République, de l’Officier de Police Judiciairechargé de l’enquête (gendarme ou fonctionnaire de police),ou sur commission rogatoire du Juge d’Instruction chargédu dossier. Le médecin légiste, à l’issue de l’autopsiemédicolégale qu’il a réalisée, estime si l’analyse micro-

scopique des tissus éventuellement prélevés sur la victimea un intérêt et conseille ou non sa réalisation auprès desmagistrats.

L’intérêt des expertises anatomopathologiques dans lecadre d’autopsies médicolégales n’a été que rarementévalué dans la littérature, avec parfois des avis diver-gents des différents auteurs [1—3]. L’objectif de ce travailétait d’évaluer si cette analyse histologique avait réel-lement un intérêt et d’effectuer un état des lieux despratiques anatomopathologiques dans le domaine médi-colégal dans les départements de la Somme et del’Aisne.

Matériel et méthodes

Les expertises anatomopathologiques des autopsies médi-colégales réalisées consécutivement dans les centreshospitaliers d’Amiens et de Saint-Quentin, durant la périodeallant du 1er janvier 2006 au 10 janvier 2010, ont étérevues.

Différents paramètres étaient évalués : le sexe et l’âgedes victimes, les renseignements cliniques fournis par lesmédecins légistes sur les circonstances du décès (mortnaturelle, mort accidentelle, homicide, suicide, cause

ulness of histopathologic examination in forensic autopsies.secutive pathological reports and slides from forensic autopsiesce 2006 have been reviewed.

c necropsies were reviewed. In only 150 cases (38%), patho-of death and gross autopsy findings. Major diagnoses, relatedorensic pathologists, were discovered in 83 cases (21%): in 48f the heart, lungs and liver showed gross diagnoses missed by

only 35 cases (9%) microscopic examination revealed a major, heart, lungs, liver, kidney and pancreas specimens). In 213mination confirmed gross autopsy findings and allowed to date), microscopic examination was not contributory.ination revealed major diagnoses in less than 10% of forensicited for homicides and suicides. Systematic microscopic exa-

often useless and should be limited to cases with no anatomicasizes the need for a better communication between forensicts, and for a better training of some forensic pathologists for

rights reserved.

indéterminée [quand aucune cause de décès n’étaitretrouvée après étude anatomopathologique et toxicolo-gique]) et les lésions observées macroscopiquement, lenombre et la nature des organes ou fragments d’organescommuniqués, le nombre de prélèvements réalisés par lespathologistes, les diagnostics majeurs et mineurs trouvés àl’examen microscopique par les pathologistes. Un diagnos-tic majeur était défini comme une pathologie responsable dudécès. Un diagnostic mineur était défini comme une patho-logie sans rapport avec le décès. Pour l’étude, les lames des

préparations histologiques étaient relues indépendammentpar deux pathologistes.

Résultats

Taux d’expertises anatomopathologiques dansles autopsies médicolégales

Dans les centres hospitaliers d’Amiens et de Saint-Quentin, les autopsies étaient réalisées par dix médecinslégistes. Les expertises anatomopathologiques étaient pra-tiquées par deux pathologistes. Durant la période d’étude,400 expertises anatomopathologiques ont été pratiquéespour 536 autopsies médicolégales réalisées dans ces deuxcentres (taux 75 %).

Caractéristiques épidémiologiques desvictimes et causes des décès

Les victimes étaient 278 hommes et 122 femmes (sex-ratioH/F : 2,3 : 1), âgées de zéro à 93 ans (moyenne : 42,6 ans)(Tableau 1). Dix victimes étaient âgées de moins d’un an,13 victimes étaient âgées d’un à cinq ans, neuf victimes

Page 3: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

6 D. Chatelain et al.

Tableau 1 Caractéristiques épidémiologiques des victimes et causes des décès.Epidemiologic features of the victims and causes of death.

Causes des décès

Mort naturelle : 128 cas (32 %) (94 hommes, 34 femmes, sex-ratio : 2,8, âge moyen : 43 ans)Maladies cardiovasculaires : 79 cas (20 %)

Cardiopathie : 60 cas (15 %)Infarctus cérébral et rupture d’anévrisme : 8 cas (2 %)Embolie pulmonaire : 6 cas (2 %)Dissection aortique : 3 cas (1 %)

Maladies infectieuses : 26 cas (6 %)Pneumopathie : 17 cas (4 %)Encéphalite : 2 casMyocardite : 2 casPyélonéphrite : 2 casMéningite, diverticulite, entérocolite : 1 cas/1 cas/1 cas

Maladies métaboliques : 8 cas (2 %)Cirrhose hépatique : 6 casNésidioblastose pancréatique/acidocétose diabétique : 1 cas/1 cas

Maladies néoplasiques : 3 cas (1 %)Carcinome pulmonaire métastatique (carcinome endocrine à petites cellules 1 cas, adénocarcinome 2 cas)

Morts subites du nourrisson : 3 cas (1 %)Autres : 11 cas (3 %)

Inhalation de liquide amniotique ou de méconium : 3 casMaladies rénales : 2 casPerforation œsophagienne : 2 casÉpilepsie : 2 cas (avec un cas de pneumopathie d’inhalation)Œdème laryngé : 1 casDrépanocytose : 1 cas

Causes indéterminées : 11 cas (3 %) (6 hommes, 5 femmes, sex-ratio : 1,2, âge moyen : 40,7 ans)Corps putréfiés : 8 casCorps non putréfiés : 3 cas

Morts accidentelles : 161 cas (40 %) (111 hommes, 50 femmes, sex-ratio : 2,2, âge moyen : 42 ans)Morts toxiques : 58 cas (avec 8 cas de pneumopathie d’inhalation et un cas d’hépatite alcoolique aiguë sur cirrhose)

myo

alat

a1

(hm

(14 %)Noyades : 35 cas (9 %)Accidents de la circulation : 25 cas (6 %) (avec un cas de

Incendies : 25 cas (6 %)Chutes : 11 cas (3 %) (avec un cas de pneumopathie d’inhÉcrasements : 7 cas (2 %)

Homicides : 64 cas (16 %) (35 hommes, 29 femmes, sex-ratio : 1,Traumatismes céphaliques : 19 cas (5 %)Blessures par arme à feu : 16 cas (4 %)Blessures par armes blanches : 12 cas (3 %)Étranglements : 8 cas (2 %)Bébés secoués : 5 cas (1 %)Asphyxies (sac sur la tête/traumatisme thoracique) : 2 cas (0Autres (négligence/traumatisme abdominal) : 2 cas (0,5 %)

Suicides : 36 cas (9 %) (32 hommes, 2 femmes, sex-ratio : 8, âgePendaisons : 26 cas (6,5 %)Suicides par arme à feu : 10 cas (2,5 %)

Sexe : 278 hommes/122 femmes ; sex-ratio (H/F) = 2,3 ; âge : 0—93 ans (m5—15 ans (n = 9), ≥ 15 ans (n = 368).

vaient entre cinq et 15 ans et 368 victimes avaient plus de5 ans.

Les causes du décès étaient : des morts naturellesn = 128, 32 %), des morts accidentelles (n = 161, 40 %), desomicides (n = 64, 16 %), des suicides (n = 36, 9 %) et desorts de cause indéterminée (n = 11, 3 %) (Tableau 1).

Rm

Dld

cardite granulomateuse)

ion)

2, âge moyen : 39 ans)

,5 %)

moyen : 50 ans)

oyenne : 42,6 ans) ; répartition : 0—1 an (n = 10), 1—5 ans (n = 13),

enseignements cliniques fournis par lesédecins légistes

ans 150 cas (38 %), les médecins légistes avaient rédigé à’attention des pathologistes, sur une feuille de demande’analyse anatomopathologique, des renseignements sur

Page 4: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

Expertise anatomopathologique dans les autopsies médicolégales 7

Tableau 2 Organes prélevés dans les 400 autopsies médicolégales et nombre des diagnostics majeurs et mineurs obtenuspar l’examen anatomopathologique.Organs sampled in the 400 forensic necropsies and number of major and minor diagnoses performed by histopathologicalexamination.

Organes Nombre defois oùl’organe étaitprélevé (% desautopsies)

Nombre deblocs deparaffine(moyenne)

Diagnosticsmajeurs nonsuspectés lorsde l’autopsie

Diagnosticsmajeurs vus oususpectés lorsde l’autopsie(Confirmation)

Diagnosticsmineurs nonliés au décès

Diagnosticsmajeurs etmineursréalisés sur lesorganes (%)

Cœur 366 (92) 1—34 (9) 42a 39 35d 116/366 (32)Cerveau 350 (88) 1—21 (6) 3 52 3 58/350 (17)Foie 333 (83) 1—9 (1,5) 4b 2 44 50/333 (15)Poumons 331 (83) 1—19 (5) 31c 41 5 77/331 (23)Reins 296 (74) 1—11 (1,5) 2 2 17 21/296 (7)Larynx 198 (50) 1—18 (3) 0 28 28/198 (14)Rate 171 (43) 1—8 (1,2) 0 0 4 4/171 (2)Pancréas 148 (37) 1—10 (1,4) 1 1 2/148 (1)Estomac et

œsophage115 (29) 1—12 (1,6) 0 2 4 6/115 (5)

Carotides 107 (27) 1—7 (2) 0 5 0 5/107 (5)Surrénales 85 (21) 1—5 (1,3) 0 0 0 0Thyroïde 61 (15) 1—4 (1,3) 0 0 17 17/61 (28)Côlon et grêle 56 (14) 1—16 (3,3) 0 2 1 3/56 (5)Peau 53 (13) 1—9 (3) 0 29 0 29/53 (55)Utérus et

ovaires48 (12) 1—7 (3) 0 0 9 9/48 (19)

Langue 46 (12) 1—4 (1,4) 0 0 0 0Aorte 34 (9) 1—6 (2,4) 0 3 0 3/34 (9)Thymus 33 (8) 1—3 (1) 0 0 0 0Globes 24 (6) 1—8 (4) 0 4 0 4/24 (17)

oculairesMuscle 17 (4) 1—2 (1,7) 0

Prostate 15 (4) 1—6 (2,1) 0Vessie 9 (2) 1—2 (1) 0Os 6 (1,5) 1—5 (3) 0Testicule 4 (1) 1—2 (1,5) 0

Vésiculebiliaire

3 (1) 1—1 (1) 0

Placenta 2 (0,5) 4—8 (6) 0

Ganglion 2 (0,5) 1 (1) 0

Sein/Plèvre/Diaphragme

1 (0,3) 1—2 (1) 0

a Trente-neuf cas de coronaropathie ou d’infarctus du myocardediagnostiqués microscopiquement.b Trois cas de cirrhose diagnostiqués macroscopiquement, umicroscopiquement.c Six cas d’embolie pulmonaire diagnostiqués macroscopiquement, 25d Dix cas de coronaropathie ou de cardiopathie ischémique diagnosdiagnostiquées microscopiquement.

les circonstances du décès et les lésions observées lorsde l’autopsie. Dans 161 cas (40 %), les médecins légistesn’avaient fourni des données que sur les circonstances dudécès. Dans 18 cas (4 %), les médecins légistes n’avaientdonné des informations que sur les lésions observées macro-scopiquement. Dans 71 cas (18 %), les pathologistes avaientrecu les prélèvements tissulaires fixés au formol sans aucunrenseignement. Ces renseignements avaient été obtenusaprès appel des médecins légistes ou des officiers de policejudiciaire.

0 0 00 3 3/15 (20)0 0 03 0 3/6 (50)0 0 00 0 0

0 0 00 1 1/2 (50)

0 0 0

diagnostiqués macroscopiquement, trois cas de myocardite

n cas d’hépatite alcoolique sur cirrhose diagnostiqué

cas de pneumopathies diagnostiqués microscopiquement.tiqués macroscopiquement, 25 autres pathologies myocardiques

Nature et nombre d’organes soumis pourexamen anatomopathologique

Le nombre des organes adressés pour examen anatomopa-thologique variait entre un et 23 (moyenne : huit organes)(Tableau 2).

Les organes les plus souvent adressés pour analyse micro-scopique étaient : le cœur, le cerveau, le foie, les poumons,les reins, le larynx, la rate, le pancréas, l’estomac etl’œsophage, les carotides et les surrénales (Tableau 2).

Page 5: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

8 D. Chatelain et al.

Tableau 3 Diagnostics majeurs découverts à l’examen microscopique des tissus prélevés lors des autopsies.Major diagnoses found on microscopic examination of tissue specimens taken during forensic necropsies.

Sexe Âge Organes Diagnosticsmicroscopiques

Cause du décès

H 61 ans Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleH 3 mois Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 2 ans Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 1 mois Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 3 ans Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 61 ans Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 2 ans Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleF 1 an Poumon Bronchopneumonathie Mort naturelleH 27 ans Poumon Aspergillose Mort naturelleH 33 ans Poumon Pneumocystose Mort naturelleH 2 ans Poumon Bronchiolite Mort naturelleH 2 mois Poumon Bronchiolite Mort naturelleH 27 ans Poumon Pneumopathie

d’inhalationMort accidentelle (toxique)

F 57 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

H 20 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

H 27 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

H 32 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

H 61 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (chute)

H 44 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

F 27 ans Poumon Pneumopathied’inhalation

Mort accidentelle (toxique)

eumnhaleumnhalalatalatniotalat

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H 25 ans Poumon Pnd’i

F 27 ans Poumon Pnd’i

H Quelques minutes Poumon InhH Quelques minutes Poumon Inh

amF Quelques minutes Poumon Inh

amniotF 24 ans Cœur Myocar

granuloH 22 ans Cœur Myocar

granuloH 46 ans Cœur MyocarH 54 ans Cerveau InfarctuH 2 ans Cerveau EncéphF 60 ans Cerveau EncéphH 2 ans Rein GlomérH 1 mois Rein NéphritH 8 mois Pancréas NésidioH 36 ans Foie Hépatit

sur cirr

Le nombre de prélèvements inclus dans des blocs dearaffine, réalisés par les pathologistes, variaient d’un à2 (moyenne : 28 blocs d’inclusion en paraffine). Le cœur,e cerveau et les poumons étaient les organes avec lelus de prélèvements réalisés (moyenne : neuf, six et cinqlocs d’inclusion en paraffine) (Tableau 2). Pour les autresrganes, une moyenne d’un à trois blocs étaient réalisésTableau 2).

Dl

Dll(

opathieation

Mort naturelle (épilepsie)

opathieation

Mort accidentelle (toxique)

ion méconiale Mort naturelleion liquideique

Mort naturelle

ion liquide Mort naturelle

iqueditemateuse

Mort accidentelle (accidentde la voie publique)

ditemateuse

Mort naturelle

dite Mort naturelles cérébraux Mort naturelle

alite Mort naturellealite Mort naturelleulopathie Mort naturellee granulomateuse Mort naturelleblastose Mort naturellee alcoolique aiguëhose

Mort accidentelle(intoxication éthylique aiguë)

iagnostics majeurs, liés au décès, découvertsors de l’examen anatomopathologique

es diagnostics majeurs, liés au décès, et non suspectés pare médecin légiste lors de l’autopsie, étaient découvertsors de l’examen anatomopathologique dans 83 cas (21 %)Tableaux 2 et 3).

Page 6: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

Expertise anatomopathologique dans les autopsies médicolégales 9

Figure 1. Corps étranger alimentaire dans la lumière d’une bron-chiole dans un cas de pneumopathie d’inhalation (HPS × 2,5).

Figure 3. Pneumocystose avec présence de spores de Pneumo-cystis jirovecii dans les alvéoles pulmonaires (Grocott × 20).Pneumocystis pneumonia with Pneumocystis jirovecii spores inalveoles (Grocott × 20).

Figure 4. Myocardite granulomateuse nécrosante dans la paroidu ventricule gauche (HPS × 10).Granulomatous myocarditis with necrotizing granuloma in the left

Foreign alimentary material in a bronchiole in a case of aspirationpneumonia (HPS × 2.5).

Figure 2. Aspergillose invasive avec spores et hyphes septés (Gro-cott × 20).Invasive lung aspergillosis with spores and hyphea with septae (Gro-

cott × 20).

Dans 48 cas (12 %), l’examen macroscopique du cœur, despoumons ou du foie par les pathologistes mettait en évi-dence une coronaropathie (sténose coronarienne supérieureà 75 % par des plaques d’athérosclérose) ou un infarctusdu myocarde (n = 39), une embolie pulmonaire (n = 6), unecirrhose hépatique (n = 3). Ces lésions n’avaient pas étévisualisées lors de l’autopsie (Tableau 2).

Dans 35 cas (9 %), l’examen histologique permettait demettre en évidence un diagnostic majeur non suspectélors de l’autopsie (Tableau 3). Ces diagnostics avaientété réalisés lors de l’analyse : de prélèvements pulmo-naires [n = 25, 71 % : dix pneumopathies d’inhalation (Fig. 1),huit bronchopneumopathies aiguës, trois inhalations deliquide amniotique et/ou de méconium, deux bronchiolites,une aspergillose pulmonaire (Fig. 2), une pneumocystosepulmonaire (Fig. 3)] ; de prélèvements cérébraux (n = 3,8,5 % : deux encéphalites et un infarctus cérébral) ; deprélèvements myocardiques [n = 3, 8,5 % : trois myocar-dites (Fig. 4)] ; de prélèvements rénaux [n = 2, 6 % : uneglomérulopathie et une néphrite interstitielle granuloma-teuse (Fig. 5)] ; de prélèvements pancréatiques [n = 1, 3 % :un cas de nésidioblastose (Fig. 6)] et de prélèvements

ventricular wall (HPS × 10).

Figure 5. Néphrite interstitielle granulomateuse avec présencede granulomes épithélioïdes dans l’interstitium (HPS × 10).Granulomatous interstitial nephritis with presence of epithelioidgranulomas in the interstitium (HPS × 10).

Page 7: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

1

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Dvdtcc(cvcdr[runépidermoïde [un cas], tuberculose [deux cas], silicose [deux

0

igure 6. Nésidioblastose avec hyperplasie diffuse des ilôts deangerhans dans le parenchyme pancréatique (HPS × 4).esidioblastosis with diffuse islet cell hyperplasia in the pancreaticarenchyma (HPS × 4).

épatiques (n = 1, 3 % : un cas d’hépatite alcoolique sur cir-hose) (Tableau 3).

Les causes de décès étaient des morts naturelles (n = 26)t accidentelles (n = 11, avec neuf cas de pneumopathies’inhalation, un cas de myocardite granulomateuse et un cas’hépatite alcoolique sur cirrhose) (Tableaux 3 et 4). Aucuniagnostic majeur n’avait été découvert à l’examen micro-copique en cas d’homicide ou de suicide (Tableaux 3 et 4).

Les diagnostics majeurs microscopiques avaient été réa-isés dans 43 % des cas chez des victimes âgées de moins deinq ans (n = 15) (Tableau 3).

iagnostics majeurs liés au décès, réalisés ouuspectés lors de l’autopsie, et confirmés par’examen microscopique

ans 213 cas (53 %), l’examen anatomopathologique permet-ait de confirmer un diagnostic majeur visualisé ou suspectéors de l’autopsie et en rapport avec le décès (129 cas,

2 %), ou permettait de dater des blessures (84 cas, 21 %)Tableau 4).

atationa datation des blessures, fractures ou d’hématomes avaitté réalisée sur des prélèvements cérébraux (42 cas), cuta-és (19 cas), pulmonaires (sept cas), carotidiens (cinq cas),yocardiques (quatre cas), oculaires (quatre cas) et osseux

trois cas). Les causes de décès étaient : des morts natu-elles (n = 1, 0,25 %), des morts accidentelles (n = 27, 7 %),es homicides (n = 44, 11 %) et des suicides (n = 12, 3 %)Tableau 4).

onfirmation histologique des lésions observéesors de l’autopsiea confirmation histologique des diagnostics suspectés lorse l’autopsie avait été réalisée sur : des prélèvementsyocardiques (35 cas : coronaropathie et cardiopathie

schémique) ; des prélèvements pulmonaires (34 cas : suieans les voies respiratoires de sujets décédés dans un incen-ie [n = 21], pneumopathie [n = 10], carcinome pulmonairen = 3]) ; des prélèvements laryngés (28 cas : hématomesu fractures [n = 27], œdème laryngé [n = 1]) ; des pré-èvements cérébraux (dix cas : infarctus cérébral [n = 4],

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D. Chatelain et al.

upture d’anévrisme et hémorragie méningée [n = 5], ménin-ite [n = 1]) ; des prélèvements cutanés (dix cas : orifices’entrée de projectiles balistiques) ; des prélèvements aor-iques (trois cas : dissection aortique) ; des prélèvementsoliques (deux cas : entérocolite et diverticulite perfo-ée) ; des prélèvements hépatiques (deux cas : cirrhose) ;es prélèvements oesophagiens (deux cas : perforationsophagienne) ; des prélèvements rénaux (deux cas : pyé-

onéphrite) et des prélèvements pancréatiques (un cas :ancréatite). Les causes des décès étaient des mortsaturelles (n = 54, 13 %), accidentelles (n = 37, 9 %), desomicides (n = 16, 4 %), des suicides (n = 22, 6 %).

Dans 104 cas (26 %), l’examen microscopique ne mettaitn évidence aucune lésion, des lésions non spécifiques enapport avec l’agonie ou des pathologies mineures sans rap-ort avec le décès. Les causes des décès étaient alors desorts naturelles (n = 1, 0,25 %), accidentelles (n = 86, 22 %),es homicides (n = 4, 1 %), des suicides (n = 2, 0,5 %) ou uneause indéterminée (n = 11, 3 %) (Tableau 4).

iagnostics mineurs, sans lien avec le décès,rouvés ou confirmés lors de l’examennatomopathologique

es diagnostics mineurs sans lien avec le décès étaient trou-és ou confirmés lors de l’examen anatomopathologiqueans 128 cas (32 %) lors de l’analyse de prélèvements : hépa-iques (44 cas : stéatofibrose [35 cas], hémangiome [cinqas], hyperplasie nodulaire focale [deux cas], cholangio-arcinome [un cas], kyste biliaire [un cas]), myocardiques35 cas : lipomatose de la paroi du ventricule droit [19 cas],oronaropathie et cardiopathie ischémique [15 cas, nonisualisés dans dix cas lors de l’autopsie], amylose myo-ardique [un cas]), thyroïdien (17 cas : carcinome papillairee la thyroïde [trois cas] ; thyroïdite [deux cas], goître plu-inodulaire [12 cas]), rénaux (17 cas : carcinome papillaireun cas], néphrome kystique [un cas], néphroangiosclé-ose [15 cas]), utérins et ovariens (sept cas : léiomyomestérins [cinq cas], adénomyose [deux cas], kystes fonction-els ovariens [deux cas]), pulmonaires (cinq cas : carcinome

as]), spléniques (quatre cas : nodules fibronécrotiquestrois cas], infarctus splénique [un cas]), cérébraux (troisas : angiopathie congophile [un cas], infarctus cérébral [unas], méningiome [un cas]), prostatiques (trois cas : adé-ocarcinome prostatique), œsophagiens et gastriques (troisas de tumeurs stromales gastriques, un cas de léiomymesophagien), ganglionnaires (un cas : tuberculose), coliques

un cas : adénocarcinome colique).Les causes de décès étaient des morts naturelles (n = 49,

8 %), accidentelles (n = 59, 46 %), des homicides (n = 10, 8 %)t des suicides (n = 10, 8 %).

rganes et diagnostics anatomopathologiques

es organes au niveau desquels était le plus souvent retrouvén diagnostic majeur, macroscopique ou microscopiquetaient le cœur (n = 42), les poumons (n = 31), le cerveaun = 3), les reins (n = 2), le foie (n = 1) et le pancréas (n = 1)Tableau 2).

Les organes au niveau desquels étaient le plus rarementrouvé des diagnostics majeurs ou mineurs étaient : les testi-ules, la vésicule biliaire, le placenta, le thymus, le muscle,a langue, les surrénales, le pancréas, la rate, l’œsophaget l’estomac, le côlon, le grêle et les carotides (Tableau 2).

Page 8: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

Expertise anatomopathologique dans les autopsies médicolégales 11

Tableau 4 Diagnostics majeurs et causes des décès.Major and minor diagnoses and causes of death.

Moac(n

0

11

11

27

37

64

86

Mort naturelle(n = 128) n (%)

Causeindéterminée(n = 11) n (%)

Diagnostic majeurmacroscopique nonvu lors de l’autopsie

48 (12) 0

Diagnostic majeurmicroscopique nonvu lors de l’autopsie

24 (6) 0

Diagnostics majeursmacro- etmicroscopiques

72 (18) 0

Diagnostics vus lors del’autopsie (datation)

1 (0,25) 0

Diagnostics majeurs vuslors de l’autopsie(confirmation)

54 (13,25) 0

Diagnostics vus lors del’autopsie (data-tion + confirmation)

55 (13,5) 0

Pas de diagnosticmajeur

1 (0,25) 11 (3)

Discussion

L’expertise anatomopathologique des prélèvements tissu-laires réalisés lors d’autopsies médicolégales est pratiquéeà la discrétion des magistrats, conseillés par les médecinslégistes. Il n’existe pas de réel consensus dans la littératurequant à ses indications.

L’association des médecins légistes américains recom-mande la pratique d’examens histologiques dans les cas oùil n’a pas été retrouvé de cause du décès lors de l’autopsie,à moins que le corps ne soit réduit à l’état de squelette[4]. Le collège des pathologistes britanniques conseille deprélever les organes majeurs pour examen microscopique

dans toutes les autopsies. L’importance de l’échantillonnagepeut varier d’un cas à l’autre ; pour les autopsies d’enfantsou de nouveau-nés il est souhaitable d’échantillonner tousles organes ; pour les autopsies d’adultes, l’échantillonnagedépend des pathologies observées et du contexte [5]. Lecollège des pathologistes américains préconise d’effectuerdes prélèvements de tous les organes dans chaque autopsie,et notamment des organes présentant des lésions macro-scopiques. Tous les cas de figures sont envisageables etla demande d’une expertise anatomopathologique complé-mentaire dépend de l’expérience du médecin légiste et desobjectifs de l’autopsie. Le nombre de prélèvements inclusen paraffine est laissé à l’appréciation du pathologiste [6].La recommandation R99 3, publiée en 1999 par le conseilde l’Europe, sur l’harmonisation des règles en matièred’autopsies médicolégales, préconise l’échantillonnage desprincipaux organes pour des examens histologiques maisreconnaît que la procédure de prélèvement varie d’un casà l’autre. Si la mort est d’origine violente, il est souhai-table que le médecin légiste réalise des prélèvements auniveau des blessures afin d’en déterminer l’âge ainsi quel’existence de matériel étranger dans celles-ci. En cas desuspicion ou de diagnostic de strangulation, ou de touteforme de violence au niveau de la région cervicale, ellerecommande de préserver pour examen histologique, la

rtcidentelle

= 161) n (%)

Homicide(n = 64) n (%)

Suicide (n = 36)n (%)

Total(n = 400)n (%)

0 0 48 (12)

(3) 0 0 35 (9)

(3) 0 0 83 (21)

(7) 44 (11) 12 (3) 84 (21)

(9) 16 (4) 22 (6) 129 (32)

(16) 60 (15) 34 (9) 213 (53)

(22) 4 (1) 2 (0,5) 104 (26)

totalité des structures du cou, y compris les plans muscu-laires et les axes vasculonerveux [7].

Notre étude montre que dans les départements de laSomme et de l’Aisne les expertises anatomopathologiquesétaient fréquentes, pratiquées dans 75 % des autopsiesmédicolégales. Les pathologistes requis pour les expertisesne disposaient toutefois que rarement des renseignementsadéquats. Dans seulement un peu plus d’un tiers des cas desinformations leur étaient transmises précisant les circons-tances du décès et les lésions observées lors de l’autopsie ;dans 20 % des cas, le pathologiste n’avait absolument aucunrenseignement.

L’expertise anatomopathologique imposait une charge

conséquente de travail aux pathologistes, avec en moyennehuit organes ou fragments d’organes confiés pour analyse,et une moyenne de 28 prélèvements inclus en paraffine etétudiés au microscope.

L’expertise anatomopathologique permettait de diag-nostiquer dans 12 % des cas un diagnostic majeur macro-scopique, non visualisé par le médecin légiste lors del’autopsie, à type d’embolie pulmonaire, de cirrhose hépa-tique, d’infarctus du myocarde ou de coronaropathie. Ceconstat souligne l’intérêt d’une formation plus complètedes médecins légistes à l’analyse macroscopique des organeslors des autopsies.

L’examen histologique, lui, permettait de découvrir deslésions microscopiques majeures, en rapport avec le décèset non suspectées macroscopiquement, dans seulement 9 %des autopsies médicolégales dans notre série. L’examenhistologique permettait d’établir une cause naturelle dedécès, notamment une maladie infectieuse (myocardite,encéphalite, glomérulonéphrite, bronchopneumopathie) ouune pneumopathie d’inhalation. Les diagnostics microsco-piques majeurs étaient souvent découverts chez des sujetsjeunes (43 % des victimes étaient âgées de moins de cinqans) soulignant l’importance des expertises anatomopatho-logiques dans les autopsies médicolégales d’enfants. Cesdiagnostics majeurs n’étaient découverts que dans des

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écès d’origine naturelle ou accidentelle (pour les pneu-opathies d’inhalation, souvent dans le cadre de mort’origine toxique). Aucun diagnostic majeur n’était réaliséans les cas de mort par homicide ou suicide.

Dans 53 % des cas, l’examen histologique ne faisait queonfirmer les lésions observées macroscopiquement lors de’autopsie. Il confirmait des diagnostics en rapport avec leécès et vus ou suspectés lors de l’autopsie comme des frac-ures des cartilages laryngés en cas de strangulation ou deendaison, des cardiopathies, des pneumopathies, des can-ers et permettait la datation des lésions traumatiques. Cesonfirmations diagnostiques étaient réalisées dans 43 % desorts d’origine naturelle, 40 % des morts accidentelles et

4 % des homicides et suicides.Dans un quart des cas, l’analyse microscopique des tissus

rélevés systématiquement lors de l’autopsie n’apportaitucun élément probant. L’analyse microscopique des tissusrélevés systématiquement, et ayant un aspect macrosco-ique normal, comme les carotides, la langue, le pancréas,es surrénales, le tube digestif n’avait jamais d’intérêt.

L’utilité réelle de l’analyse histologique dans les autop-ies médicolégales n’a été que rarement évaluée dans laittérature [1—3]. En 2006, Langlois analysait 639 autopsiesédicolégales d’adultes (ratio H/F 2,3, âgés de 16 à 98 ans,

vec un âge moyen de 53 ans) [1]. Les causes de la morttaient des décès d’origine traumatique (incluant des homi-ides, des accidents et des suicides : 33 %), d’origine toxique11 %) et autres (56 %, regroupant probablement essentielle-ent des morts d’origine naturelle). Les organes principaux

taient presque toujours analysés (poumon 636/638, cer-eau 630/638, cœur 636/638, reins 636/638, foie 620/638)ais le nombre de prélèvements analysés n’était pas pré-

isé. L’examen histologique s’avérait intéressant dans 53 %es cas, donnant, confirmant ou modifiant la cause duécès. L’examen histologique fournissait la cause du décèsans 24 % des 203 autopsies sans cause macroscopique évi-ente de décès, soit un taux de 7,7 % pour l’ensemblee la série, voisin de celui de notre étude. Dans 195 cas,’analyse histologique s’avérait non contributive, soit 30 %es autopsies, un pourcentage également similaire à celuie notre étude [1]. En 2007, Molina et al. découvraient à

’analyse histologique un seul diagnostic majeur dans les89 autopsies médicolégales étudiées, soit 0,5 % de diag-ostics majeurs chez 142 hommes et 47 femmes ayant unge moyen de 41 ans [2]. Les causes de décès étaient desorts accidentelles (36 %), des homicides (27 %), des morts

aturelles (25 %), des suicides (10 %) et des décès de causendéterminée (2 %). Le diagnostic microscopique majeurorrespondait à l’infiltration du parenchyme myocardiquear une leucémie aiguë myéloblastique, considérée lorsu temps macroscopique de l’autopsie comme une car-iomyopathie. Molina et al. avaient relu des préparationsistologiques de myocarde, foie, reins, poumons et cerveauais le nombre de lames n’était pas spécifié. Le taux parti-

ulièrement bas de diagnostics microscopiques majeurs dansette étude (0,5 %) pourrait être lié à un plus grand nombre’homicides inclus dans cette étude (27 % versus 16 % dansotre série) et surtout à la méthodologie, les auteurs ayantxclu de leur étude les cas où l’analyse microscopique’avérait nécessaire : lorsqu’aucune cause de décès n’étaitrouvée lors du temps macroscopique de l’autopsie (commees morts subites du nouveau-né) ou les cas où l’analyse his-ologique était utile pour dater des lésions traumatiquesu permettait de mieux caractériser une maladie déjàonnue [2]. S’appuyant sur leurs résultats, Molina et al.oncluaient que l’analyse anatomopathologique dans les

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D. Chatelain et al.

utopsies médicolégales ne devait être pratiquée que dansertaines circonstances, et certainement pas systématique-ent, en routine [2]. En 2010, Lorin de la Grandmaison

t al. rapportaient une série de 428 autopsies médicolé-ales (sex-ratio H/F 2,46, âgés de cinq à 91 ans, âge moyene 46,2 ans) avec une analyse histologique systématiquees poumons, cœur, foie, pancréas, rate, thyroïde, surré-ales, prostate et cerveau (le nombre de blocs d’inclusionn paraffine réalisés n’était pas précisé) [3]. Les causeses décès étaient des morts naturelles (30 %), des suicides26 %), des morts accidentelles (24 %), des homicides (9 %) etes décès de cause indéterminée (10 %). La cause du décèstait établie par l’analyse histologique seule dans 8,4 %es cas (n = 36), un pourcentage similaire à notre étude.es 36 diagnostics microscopiques étaient : des cardiopa-hies ischémiques (n = 9), des infarctus aigu du myocarden = 6), des cardiomyopathies (n = 5), des myocardites (n = 6),ne dysplasie fibromusculaire artérielle (n = 1), une embolieraisseuse (n = 1), des pneumopathies (n = 6), des pancréa-ites aiguës (n = 2). Pour Lorin de la Grandmaison et al.,a découverte de diagnostics microscopiques majeurs dans

% des cas justifiait que l’analyse histologique des organesrincipaux soit réalisée systématiquement dans toute lesutopsies médicolégales [3].

Dans les séries d’autopsies scientifiques, des diagnosticsajeurs sont découverts par l’examen microscopique seulans 3 à 8,9 % des cas, des taux assez similaires à ceux deotre série médicolégale et des séries de Launois et Lorine la Grandmaison et al. [1,3]. En 1987, Reid rapportaitne série de 160 autopsies scientifiques (le sexe et l’âgees patients n’étaient pas spécifiés), avec 482 prélèvementséalisés sur des organes normaux ou présentant des anoma-ies macroscopiques minimes. Dans 12 cas (7,5 %), l’analyseicroscopique du cœur (deux cas d’infarctus du myocarde)

u des poumons (neuf cas de bronchopneumopathie etn cas d’infarctus pulmonaire avec embolie) révélait uniagnostic microscopique majeur en rapport avec le décès8]. En 1998, Zaitoun et Fernandez rapportaient une sériee 108 autopsies (55 hommes et 53 femmes, âgés de 54 à4 ans, âge moyen de 80 ans) [9]. Les auteurs revoyaiente six à 12 préparations histologiques par autopsies mais la

ature des organes n’était pas spécifiée. Ils découvraient

l’examen microscopique 13 diagnostics majeurs en rap-ort avec le décès (5 %) : quatre bronchopneumopathies, uneardiopathie ischémique avec infarctus du myocarde, deuxancers du poumon et de la plèvre, un cas d’hémangiomesépatique multiples pris pour des métastases, deux case pathologies rénales et excréto-urinaire, un infarctusérébral avec une tumeur maligne et deux cas avec des diag-ostics majeurs non spécifiés [9]. En 2002, Sington et Cottrelapportaient une série de 440 autopsies (sex-ratio H/F = 1,1,ge moyen de 78,2 ans, sujets âgés de 28 à 100 ans) [10]. Desxamens histologiques étaient réalisés dans 263 cas (60 %),t un rapport anatomopathologique était rédigé dans 101 cas23 %). La nature des organes et le nombre de prélèvementséalisés n’étaient pas précisés. L’examen microscopiqueonfirmait les diagnostics portés lors de l’autopsie dans8 cas (97 %). Il existait des discordances dans 3 % des casais qui n’étaient pas détaillées dans l’article [10]. En

005, Bernardi et al. rapportaient 371 autopsies avec exa-en histologique (214 hommes, 157 femmes, âge moyene 50,3 ans, allant d’un à 92 ans) [11]. Le nombre et laature des préparations histologiques n’étaient pas spé-ifiés. Les auteurs trouvaient des discordances entre lesonnées macroscopiques de l’autopsie et l’examen micro-copique pour le diagnostic majeur dans 33 cas (8,9 % des

Page 10: Intérêt de l’analyse anatomopathologique dans une série de 400 autopsies médicolégales

gale

gists, September 2002. Disponible à : http://www.rcpath.org/

Expertise anatomopathologique dans les autopsies médicolé

autopsies), mais la liste des diagnostics majeurs microsco-piques n’était pas spécifiée. En 2005, Roulson et al. dansleur méta-analyse concluaient que l’examen microscopiqueétait essentielle pour confirmer ou réfuter les diagnosticsmacroscopiques portés lors de l’autopsie [12].

Dans notre étude, la plupart des diagnostics majeursétaient des pathologies pulmonaires (bronchopneumonie etpneumopathie d’inhalation), représentant 71 % des diagnos-tics microscopiques majeurs, et des pathologies cardiaques(myocardite) représentant 9 % des diagnostics microsco-piques majeurs. Dans leurs séries, Langlois et Lorin de laGrandmaison et al. montraient également que la majoritédes diagnostics majeurs microscopiques étaient retrouvésau niveau des poumons (bronchopneumopathie et pneu-mopathies d’inhalation) et du myocarde (diagnostics demyocardite, de cardiopathie ischémique et de cardiopa-thie amyloïde) [5,7]. L’examen macroscopique des poumonsest souvent difficile lors de l’autopsie et l’examen micro-scopique est souvent utile pour confirmer ou réfuter lesdiagnostics de bronchopneumopathie [13]. Dans leur sériede 1091 autopsies, Hunt et al. montraient qu’il existaitdes discordances entre les diagnostics macroscopiques etmicroscopiques de bronchopneumopathie dans 31 % des cas(diagnostics de bronchopneumopathie dans 279 cas lors del’autopsie mais confirmé à l’examen microscopique dansseulement 193 cas, avec d’une à huit sections microsco-piques de parenchyme pulmonaire analysées dans chaquecas [moyenne 2,7]) [13]. Bernardi et al. montraient dansleur série d’autopsies scientifiques que les poumons, ainsique le foie, étaient les organes avec le plus haut taux dediscordances entre les diagnostics macroscopiques et micro-scopiques : 39 % de diagnostics discordants pour les poumonset 35 % pour le foie (35 %) [11].

Dans notre étude, des diagnostics mineurs, non liésau décès (comme la caractérisation d’une maladie chro-nique métabolique, dégénérative ou néoplasique, trouvéeà l’autopsie et non liée au décès) étaient découverts lorsde l’analyse anatomopathologique dans 32 % des cas. Dansleurs séries d’autopsies médicolégales, Molina et al. trou-vaient des diagnostics mineurs dans 9 % des cas et Lorin de la

Grandmaison et al. dans 49 % des cas. Ces taux variables sontliés au nombre d’organes et de prélèvements examinés danschaque autopsie, et peut-être à des définitions différentesdes pathologies « mineures ».

En conclusion, notre étude montre que l’expertise anato-mopathologique des prélèvements tissulaires réalisés durantune autopsie médicolégale permet de porter des diagnosticsmajeurs, liés au décès et non suspectés durant l’autopsiedans 21 % des cas, avec dans 12 % des cas des diagnos-tics macroscopiques non visualisés lors de l’autopsie, etdans seulement 9 % des cas des diagnostics réalisés lors del’analyse microscopique des organes.

Dans notre étude, dans 79 % des cas, l’analyse anato-mopathologique confirmait les lésions observées lors del’autopsie ou n’avait pas d’intérêt.

L’analyse anatomopathologique est utile en cas demort naturelle ou accidentelle mais devrait être limi-tée à certaines circonstances. Elle devrait être restreinteaux autopsies sans cause macroscopique de décès (enparticulier chez l’enfant), avec étude toxicologique néga-tive, et être restreinte aux organes principaux (cerveau,cœur, poumon, rein, foie, ainsi que pancréas et surré-nale chez l’enfant). Son utilité dans les homicides et lessuicides est très limitée. L’analyse microscopique des pou-mons s’avérait efficiente dans notre étude pour porter des

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s 13

diagnostics de pneumopathie d’inhalation, fréquentes dansles décès d’origine toxique. L’analyse systématique de mul-tiples organes, d’aspect macroscopique normal (commeles carotides, la rate, les surrénales, le tractus gastro-intestinal, l’utérus, les ovaires. . .) n’a pas d’intérêt.

Notre étude souligne également l’intérêt d’une meilleurecommunication entre pathologistes et médecins légistesdans notre région. Les médecins légistes devraient fourniraux pathologistes plus systématiquement des renseigne-ments sur les circonstances du décès, les lésions découverteslors de l’autopsie et le résultat des études toxicolo-giques afin d’optimiser les performances et l’efficience del’expertise anatomopathologique. Notre étude montre éga-lement l’intérêt d’une meilleure formation des médecinslégistes à l’examen macroscopique des organes, notammentles poumons, le cœur et le foie.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

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