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EXTRAITS L’intelligence émotionnelle J’ai Lu Daniel Goleman Ce livre vise à donner un sens à ce qui paraît absurde. En tant que psychologue puis journaliste, j’ai suivi de près les progrès accomplis par la science dans la compréhension de l’irrationnel. Et j’ai été frappé par deux tendances opposées : l’une constate l’état de plus en plus désastreux de notre vie affective, l’autre propose des remèdes porteurs d’espoir. … l’expression intelligence émotionnelle, qui recouvre la maîtrise de soi, l’ardeur et la persévérance, et la faculté de s’inciter soi-même à l’action. Les pulsions constituent en effet le moyen d’expression des émotions; à l’origine de toute pulsion se trouve un sentiment qui cherche à se traduire en acte. Quiconque est esclave de ses pulsions, autrement dit, quiconque ne sait se maîtriser, souffre d’une déficience morale. La capacité de conserver son sang-froid forme le fondement de la volonté et du caractère. De même, la source de l’altruisme est à rechercher dans l’empathie, cette capacité de lire dans le cœur d’autrui, être insensible aux besoins ou au désespoir d’un autre, c’est ne pas savoir aimer. Et s’il est deux attitudes morales qu’exige notre époque, ce sont précisément celles-là : la retenue et la compassion. Ce livre est un voyage au pays des émotions, voyage destiné à mieux éclairer certaines des situations les plus déroutantes que nous rencontrons dans notre vie et dont nous sommes témoins autour de nous. Il s’agit, en fait, de comprendre pourquoi et comment notre intelligence peut être en harmonie avec nos émotions. … seul un amour profond, comme le désir irrésistible de sauver son enfant, peut amener l’individu à surmonter son instinct de conservation. Lorsque les sociobiologistes cherchent à expliquer pourquoi l’évolution a conféré aux émotions un rôle de premier plan dans la psyché, ils soulignent la prééminence du cœur sur le mental. … Notre intelligence est inutile quand nous sommes sous l’emprise de nos émotions. Dans l’héritage psychologique que nous a légué l’évolution se trouve la peur qui sert à nous protéger du danger. … les réactions automatiques de ce genre sont inscrites dans notre système nerveux, parce que, pendant longtemps, elles nous ont aidés à survivre. En termes biologiques, nous avons hérité de circuits neuronaux pour les émotions qui ont parfaitement fonctionné pendant cinquante mille générations, mais pas pendant les cinq cents dernières, et encore moins pendant les cinq dernières. … notre façon d’apprécier les rencontres que nous faisons et d’y réagir n’est pas seulement déterminée par notre jugement rationnel ou notre passé individuel, mais aussi par notre passé ancestral. Pour l’essentiel, toutes les émotions sont des incitations à l’action; ce sont des plans instantanés pour faire face à l’existence que l’évolution a instillés en nous. D’ailleurs, le terme « émotion » se compose du verbe latin motere, voulant dire « mouvoir », et du préfixe é, qui indique un mouvement vers l’extérieur. … C’est uniquement chez l’adulte « civilisé » que l’on rencontre la plus grande anomalie du règne animal : des émotions coupées des réactions qu’elles devraient entraîner. Je désigne par émotion à la fois un sentiment et les pensées, les états psychologiques et biologiques particuliers, ainsi que la gamme de tendances à l’action qu’il suscite. En un sens très réel, nous possédons deux esprits : l’un pense, l’autre ressent. … La dichotomie émotionnel/rationnel correspond en gros à la distinction entre le « cœur » et la « tête ». … La plupart du temps, l’esprit émotionnel et l’esprit rationnel fonctionnent en parfaite harmonie, associant leurs modes de connaissance très différents pour nous guider dans le monde qui nous entoure. Il y a d’ordinaire équilibre entre les deux, l’esprit émotionnel alimentant en informations les opérations de l’esprit rationnel, celui-ci affinant et parfois rejetant les données fournies par l’esprit émotionnel. L’esprit émotionnel est beaucoup plus rapide que l’esprit rationnel. … Les actions déclenchées par l’esprit émotionnel s’accompagnent d’un sentiment de certitude particulièrement fort, sous-produit d’une perception simplifiée, économique, qui est parfois absolument déconcertante pour l’esprit rationnel. … Il saisit les choses d’un seul coup, dans leur ensemble, et réagit sans prendre le temps d’

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EXTRAITSL’intelligence émotionnelle J’ai Lu

Daniel GolemanCe livre vise à donner un sens à ce qui paraît absurde. En tant que psychologue puis journaliste, j’ai suivi de près les progrès accomplis par la science dans la compréhension de l’irrationnel. Et j’ai été frappé par deux tendances opposées : l’une constate l’état de plus en plus désastreux de notre vie affective, l’autre propose des remèdes porteurs d’espoir.

… l’expression intelligence émotionnelle, qui recouvre la maîtrise de soi, l’ardeur et la persévérance, et la faculté de s’inciter soi-même à l’action.

Les pulsions constituent en effet le moyen d’expression des émotions; à l’origine de toute pulsion se trouve un sentiment qui cherche à se traduire en acte. Quiconque est esclave de ses pulsions, autrement dit, quiconque ne sait se maîtriser, souffre d’une déficience morale. La capacité de conserver son sang-froid forme le fondement de la volonté et du caractère. De même, la source de l’altruisme est à rechercher dans l’empathie, cette capacité de lire dans le cœur d’autrui, être insensible aux besoins ou au désespoir d’un autre, c’est ne pas savoir aimer. Et s’il est deux attitudes morales qu’exige notre époque, ce sont précisément celles-là : la retenue et la compassion.

Ce livre est un voyage au pays des émotions, voyage destiné à mieux éclairer certaines des situations les plus déroutantes que nous rencontrons dans notre vie et dont nous sommes témoins autour de nous. Il s’agit, en fait, de comprendre pourquoi et comment notre intelligence peut être en harmonie avec nos émotions.

… seul un amour profond, comme le désir irrésistible de sauver son enfant, peut amener l’individu à surmonter son instinct de conservation.

Lorsque les sociobiologistes cherchent à expliquer pourquoi l’évolution a conféré aux émotions un rôle de premier plan dans la psyché, ils soulignent la prééminence du cœur sur le mental. … Notre intelligence est inutile quand nous sommes sous l’emprise de nos émotions.

Dans l’héritage psychologique que nous a légué l’évolution se trouve la peur qui sert à nous protéger du danger. … les réactions automatiques de ce genre sont inscrites dans notre système nerveux, parce que, pendant longtemps, elles nous ont aidés à survivre.

En termes biologiques, nous avons hérité de circuits neuronaux pour les émotions qui ont parfaitement fonctionné pendant cinquante mille générations, mais pas pendant les cinq cents dernières, et encore moins pendant les cinq dernières. … notre façon d’apprécier les rencontres que nous faisons et d’y réagir n’est pas seulement déterminée par notre jugement rationnel ou notre passé individuel, mais aussi par notre passé ancestral.

Pour l’essentiel, toutes les émotions sont des incitations à l’action; ce sont des plans instantanés pour faire face à l’existence que l’évolution a instillés en nous. D’ailleurs, le terme « émotion » se compose du verbe latin motere, voulant dire « mouvoir », et du préfixe é, qui indique un mouvement vers l’extérieur. … C’est uniquement chez l’adulte « civilisé » que l’on rencontre la plus grande anomalie du règne animal : des émotions coupées des réactions qu’elles devraient entraîner.

Je désigne par émotion à la fois un sentiment et les pensées, les états psychologiques et biologiques particuliers, ainsi que la gamme de tendances à l’action qu’il suscite.

En un sens très réel, nous possédons deux esprits : l’un pense, l’autre ressent. … La dichotomie émotionnel/rationnel correspond en gros à la distinction entre le « cœur » et la « tête ». … La plupart du temps, l’esprit émotionnel et l’esprit rationnel fonctionnent en parfaite harmonie, associant leurs modes de connaissance très différents pour nous guider dans le monde qui nous entoure. Il y a d’ordinaire équilibre entre les deux, l’esprit émotionnel alimentant en informations les opérations de l’esprit rationnel, celui-ci affinant et parfois rejetant les données fournies par l’esprit émotionnel.

L’esprit émotionnel est beaucoup plus rapide que l’esprit rationnel. … Les actions déclenchées par l’esprit émotionnel s’accompagnent d’un sentiment de certitude particulièrement fort, sous-produit d’une perception simplifiée, économique, qui est parfois absolument déconcertante pour l’esprit rationnel. … Il saisit les choses d’un seul coup, dans leur ensemble, et réagit sans prendre le temps d’

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Daniel Golemananalyser la situation. … Le grand avantage est que l’esprit émotionnel est capable de déchiffrer la réalité des sentiments … en un instant et formule un jugement à l’emporte-pièce qui nous indique de qui il faut se méfier, qui croire, qui a du chagrin.

Mais il existe une autre forme de réaction émotionnelle, plus lente, qui mijote dans nos pensées avant d’aboutir à un sentiment. … ce sont des émotions produites par des pensées. … de même qu’un fantasme sexuel conduit à une excitation, des souvenirs heureux nous rendent joyeux et des pensées mélancoliques nous font nous refermer.

La logique de l’esprit émotionnel est associative; elle considère que les éléments qui symbolisent une réalité, ou le souvenir de celle-ci, équivalent à la réalité elle-même. … c’est la logique de la religion et de la poésie, de la psychose et des enfants, du rêve et du mythe.

Dans la vie émotionnelle, l’identité d’un objet est comme un hologramme, en ce sens qu’une seule partie évoque le tout.

Le fonctionnement de l’esprit émotionnel dépend dans une large mesure de l’état affectif, dicté par le sentiment dominant à un moment donné. … Chaque émotion possède son propre répertoire de pensées, d’actions et même de souvenirs. Ces répertoires spécifiques deviennent dominants dans les instants d’intense émotion.

… le cerveau « émotionnel » existait bien avant le cerveau « rationnel ». La source la plus ancienne de notre vie émotionnelle se situe dans l’odorat ou, pour être plus précis, dans le bulbe olfactif, l’ensemble des cellules qui recueillent et analysent les odeurs.

Lorsque nous sommes sous l’emprise du désir ou de la fureur, amoureux à en perdre la tête ou vert d’effroi, c’est le système limbique qui commande. En se développant, ce système élabora deux outils extrêmement efficaces : la capacité d’apprendre et la mémoire.

Grâce aux liaisons entre le bulbe olfactif et le système limbique il devenait possible de distinguer des odeurs et de les reconnaître, de comparer une odeur présente avec des odeurs passées et donc de trier le bon du mauvais. Telle était la tâche du rhinencéphale, le « cerveau olfactif », élément du système limbique et base rudimentaire du néocortex, le cerveau pensant.

Les structures limbiques génèrent des sensations de plaisir et le désir sexuel, les émotions qui alimentent la passion sexuelle. Mais l’adjonction du néocortex et ses liaisons avec le système limbique ont créé l’attachement mère-enfant qui forme la base de l’unité familiale et de l’engagement à long terme nécessaire à l’éducation de l’enfant. … Le néocortex apporte à la vie affective une subtilité et une complexité nouvelle, comme, par exemple, la capacité d’avoir des sentiments par rapport à nos sentiments.

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Daniel GolemanChez l’être humain, l’amygdale, « amande » en grec, est un petit amas oblong … perché sur la partie supérieure du tronc cérébral et près de la base du système limbique. … le fonctionnement de l’amygdale et son interaction avec le néocortex sont au cœur de l’intelligence émotionnelle. … L’amygdale joue un rôle essentiel dans le déclenchement de la peur.

Si les travaux de Ledoux ont été révolutionnaires c’est parce qu’ils ont été les premiers à mettre en évidence le rôle du trajet neuronal qui court-circuite le néocortex. Les sensations qui empruntent la voie directe par l’amygdale sont parmi les plus primitives et les plus intenses; l’existence de ce circuit explique en grande partie comment les émotions parviennent à vaincre la raison.

Le rôle de chef d’orchestre joué par le cortex préfrontal, l’évaluation des réactions avant leur mise en œuvre, consiste notamment à modérer les signaux d’alarme émis par l’amygdale et les autres centres limbiques.

Les chercheurs en neuro-sciences appellent « mémoire active » la capacité de garder en mémoire les données indispensables à l’accomplissement d’une tâche ou à la résolution d’un problème donné. … Le cortex préfrontal est la région du cerveau responsable de la mémoire active. Mais l’existence de circuits entre le cerveau limbique et les lobes préfrontaux a pour conséquence que les signaux déclenchés par une émotion forte, angoisse, colère, etc., peuvent provoquer une paralysie neuronale en sabotant la capacité du lobe préfrontal à entretenir la mémoire active.

Damasio … les sentiments sont indispensables aux décisions rationnelles; ils nous orientent dans la bonne direction, celle où la logique pure peut être utilisée au mieux.

Les émotions sont donc d’une grande importance pour la raison. Dans le ballet des sentiments et de la pensée, nos facultés affectives nous guident constamment dans nos choix; elles travaillent de concert avec l’esprit rationnel et permettent, ou interdisent, l’exercice de la pensée elle-même. De même, le cerveau pensant joue un rôle exécutif dans nos émotions, sauf lorsque celles-ci échappent à notre contrôle et que le cerveau émotionnel règne en maître. En un sens, nous avons deux cerveaux, deux esprits et deux formes différentes d’intelligence : l’intelligence rationnelle et l’intelligence émotionnelle.

D’ordinaire, la complémentarité du système limbique et du néocortex, de l’amygdale et des lobes préfrontaux signifie que chaque système est un acteur à part entière de la vie mentale. Lorsque le dialogue s’instaure convenablement entre ces acteurs, l’intelligence émotionnelle s’en trouve améliorée, et la capacité intellectuelle aussi.

… l’intelligence théorique n’a pas grand-chose à voir avec la vie émotionnelle. Nous sommes tous à la merci de nos passions et de nos pulsions, et ce n’est pas un QI élevé qui nous met à l’abri.

… l’intelligence émotionnelle, … : l’empathie, l’aptitude à se motiver ou à persévérer dans l’adversité, à maîtriser ses pulsions et à attendre avec patience la satisfaction de ses désirs, la capacité de conserver une humeur égale et de ne pas se laisser dominer par le chagrin au point de ne plus pouvoir penser, la capacité d’espérer.

… l’intelligence théorique ne prépare pas l’individu à affronter les épreuves de l’existence et à saisir les opportunités qui se présentent.

L’aptitude émotionnelle est une métacapacité; elle détermine avec quel bonheur nous exploitons nos autres atouts, y compris notre intellect.

… les personnes aux aptitudes émotionnelles bien développées auront de meilleures chances de mener leur vie de manière satisfaisante et efficace. Celles qui, en revanche, ne parviennent pas à contrôler leur vie affective subissent des conflits intérieurs qui sabotent leur aptitude à se concentrer et à penser clairement.

… le modèle cognitif constitue une vision restrictive de l’esprit; il n’explique pas comment le tumulte des sentiments donne sa saveur à la pensée.

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Daniel GolemanLes émotions nous enrichissent; tout modèle de l’esprit qui les ignore est déficient.

Solvey rassemble les formes d’intelligence personnelle proposées par Gardner dans une définition de base de l’intelligence émotionnelle, qu’il répartit en cinq domaines principaux.

1 La connaissance des émotions. La conscience de soi, le fait de pouvoir identifier ses émotions, est la clé de voûte de l’intelligence émotionnelle.2 La maîtrise de ses émotions. La capacité d’adapter ses sentiments à chaque situation dépend de la conscience de soi.3 L’automotivation. … le fait d’être capable de remettre à plus tard la satisfaction de ses désirs et de réprimer ses pulsions, est la base de tout accomplissement.4 La perception des émotions d’autrui. L’empathie, une autre faculté fondé sur la conscience de soi, constitue l’élément fondamental de l’intelligence interpersonnelle.5 La maîtrise des relations humaines. Savoir entretenir de bonnes relations avec les autres, c’est en grande partie savoir gérer leurs émotions.

L’injonction de Socrate, « Connais-toi toi-même », renvoie à cette clé de voûte de l’intelligence émotionnelle : il faut être conscient de ses propres sentiments au fur et à mesure de leur apparition.

Les psychologues appellent métacognition la conscience de sa propre pensée, et métahumeur celle de ses propres émotions. Je préfère parler de conscience de soi pour désigner cette attention permanente à son état intérieur. Dans cette conscience réflexive, l’esprit observe et étudie l’expérience elle-même, y compris les émotions.

Cette conscience des émotions est l’aptitude émotionnelle fondamentale sur laquelle s’appuient toutes les autres, notamment la maîtrise de soi. … reconnaître que l’on est de méchante humeur, c’est déjà vouloir ne plus l’être.

Selon Mayer, les individus se répartissent en trois catégories différentes selon leurs rapports avec leurs émotions.- Ceux qui ont conscience d’eux-mêmes. … ce sont des gens indépendants, en bonne santé psychologique, qui ont le sens de la mesure et, en général, une conception positive de la vie.- Ceux qui se laissent submerger par leurs émotions. … Ils sont versatiles et n’ont guère conscience de leurs sentiments, de sorte qu’ils s’abîment en eux et perdent toute distance.- Ceux qui acceptent leurs dispositions d’esprit. … d’une part, les personnes généralement de bonne humeur et donc peu enclines à modifier leur état; d’autre part, celles qui, tout en ayant conscience de leurs sautes d’humeur, les acceptent et ont tendance à s’y laisser aller et à ne rien faire. Cette tendance se rencontre souvent chez les dépressifs, résignés à leur désespoir.

Diener constate qu’en général les femmes ressentent les émotions, positives ou négatives, de manières plus violente que les hommes.

Le néant affectif de Gary illustre ce que les psychanalistes nomment alexithymie, du grec a désignant la privation, lexis, le « mot », et thymos, l’ « émotion ». Les gens comme lui n’ont pas de mots pour traduire leurs sentiments. … un alexithymique dira qu’il a des palpitations, des étourdissements ou des sueurs, sans jamais faire le lien avec son état d’angoisse.

… en psychiatrie … « somatiser », c’est-à-dire confondre une douleur affective avec un mal physique.

Il est des domaines où la raison est aveugle sans les sentiments. Les signes intuitifs qui nous guident en ces moments décisifs sont des impressions viscérales d’origine limbique, ce que Damasio nomme des « marqueurs somatiques », des sentiments instinctifs. Un marqueur somatique est une sorte d’alarme automatique dont le rôle est d’attirer l’attention sur le danger potentiel présenté par telle ou telle ligne d’action.

L’amorce psychologique d’une émotion se produit avant que l’individu en ait connaissance. … Il existe donc deux niveaux d’émotion, l’un conscient, l’autre inconscient. L’instant où une émotion devient consciente correspond à son enregistrement en tant que telle dans le cortex frontal. Les émotions qui couvent en deçà du seuil de la conscience peuvent exercer une influence profonde sur la manière dont

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Daniel Golemannous percevons les choses et y réagissons, sans que nous soupçonnions qu’elles sont à l’œuvre. … La conscience de ses émotions constitue donc le fondement de la seconde forme fondamentale d’intelligence émotionnelle : la capacité de se débarrasser de sa mauvaise humeur.

Chez les dépressifs, l’apitoiement sur soi-même, le désespoir, le sentiment d’impuissance, l’incapacité à s’en sortir l’emportent sur toutes les autres pensées. Lorsque les émotions interdisent toute concentration, ce qui est perturbé est la capacité mentale que les spécialistes nomment la « mémoire active », l’aptitude à garder présente à l’esprit toute information en rapport avec la tâche en cours. … c’est la mémoire active qui rend possible les autres opérations intellectuelles, qu’il s’agisse de prononcer une phrase ou de s’attaquer à un problème logique épineux.

En matière de réussite, les personnes fortement motivées, quelles que puissent êtres leurs autres qualités innées, bénéficient d’une longueur d’avance.

Et dans la mesure où nous sommes motivés par l’enthousiasme et le plaisir que nous procure ce que nous faisons, voire par un niveau optimal d’anxiété, les émotions nous mènent à la réussite. C’est en ce sens que l’intelligence émotionnelle est une aptitude maîtresse qui influe profondément sur toutes les autres en les stimulant ou en les inhibant.

Nulle aptitude psychologique n’est sans doute plus fondamentale que la capacité de résister à ses pulsions. C’est d’elle que dépend la maîtrise des émotions, puisque par nature celles-ci déclenchent un besoin impérieux d’agir.

L’anxiété mine l’intellect. … L’anxiété sabote également les résultats scolaires et universitaires dans toutes les disciplines.

Tant qu’elles durent, les dispositions d’esprit positives augmentent l’aptitude à penser avec souplesse et facilitent ainsi la résolution de problèmes, qu’ils soient théoriques ou interpersonnels. Une bonne façon d’aider quelqu’un à surmonter une difficulté consiste à lui raconter une histoire drôle. Le rire, comme la bonne humeur en général, libère la pensée, facilite les associations d’idées. … L’effet bénéfique du rire est particulièrement payant lorsqu’on est confronté à un problème dont la solution demande de l’imagination.

Les chercheurs le constatent chaque jour un peu plus, l’espérance n’est pas seulement ce qui nous réconforte quand tout va mal, elle joue un rôle très important dans la vie et dispense ses bienfaits dans des domaines aussi divers que la réussite scolaire et les travaux difficiles

L’optimisme, comme l’espérance, c’est la ferme conviction que, de façon générale et en dépit des revers et des déconvenues, les choses finissent par s’arranger. Du point de vue de l’intelligence émotionnelle, l’optimisme est un état d’esprit qui empêche les gens de sombrer dans l’apathie, la dépression, et de se laisser envahir par un sentiment d’impuissance dans les périodes difficiles. Comme la confiance dans l’avenir, sa cousine germaine, l’optimisme est payant, pourvu, naturellement, qu’il reste réaliste, un optimisme naïf pouvant être désastreux.

Mon sentiment est qu’à intelligence égale la réussite ne dépend pas que du talent, mais aussi de la capacité de supporter l’échec.

Alors que l’attitude mentale du pessimiste conduit au désespoir, celle de l’optimisme fait naître l’espérance.

La fluidité, c’est le summum de l’intelligence émotionnelle : les émotions mises au service de la performance ou de l’apprentissage. … La recherche de l’état de fluidité est une manière plus humaine, plus naturelle et sans aucun doute plus efficace de mettre les émotions au service de l’éducation.

L’empathie repose sur la conscience de soi; plus nous sommes sensibles à nos propres émotions, mieux nous réussissons à déchiffrer celles des autres.

Les gens traduisent rarement leurs émotions par des paroles; … Connaître intuitivement les sentiments

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Daniel Golemandes autres, c’est avant tout être capable de déchiffrer ces signaux non verbaux : le ton de la voix, les gestes, l’expression du visage, etc..

Lorsqu’ils sont satisfaisants, les rapports sexuels constituent un acte d’empathie mutuelle;

Hatch et Gardner … les composants de l’intelligence interpersonnelle :- L’aptitude à organiser des groupes : c’est la capacité première du leader; elle consiste à savoir amorcer et coordonner les efforts d’un réseau d’individus.- La capacité à négocier des solutions : c’est le talent du médiateur, celui qui permet de prévenir les conflits ou de les résoudre.- La capacité à établir des relations personnelles : … la capacité à éprouver de l’empathie et à communiquer.- La capacité d’analyse sociale : c’est le fait de savoir percevoir les sentiments, les motivations et les préoccupations des autres.

Conjointement, ces aptitudes forment l’étoffe même du raffinement dans les relations humaines, les ingrédients indispensables du charme, de la réussite sociale, et même du charisme.

Les psychologues ont inventé le terme dyssémie, du grec dys, « mauvais », et semes, « signal », pour désigner l’incapacité à apprendre à reconnaître les messages non verbaux.

Les résultats montrent combien il est essentiel pour vivre en société, de savoir remarquer et interpréter les émotions d’autrui, et de pouvoir y répondre.

… les effets destructeurs d’un mauvais moral, de l’intimidation des employés, de l’arrogance de leurs chefs, ou de n’importe quelle autre combinaison de facteurs émotionnels négatifs peuvent passer inaperçus. Mais il est possible de les mesurer par des signes comme une baisse de la productivité, une difficulté croissante à atteindre des objectifs, une répétition d’erreurs et d’incidents, et un exode des employés vers des entreprises où règne une atmosphère plus agréable. Le manque d’intelligence émotionnelle dans le travail a un coût qui peut finir par compromettre l’existence de l’entreprise. La rentablilité de cette forme d’intelligence est une idée relativement nouvelle dans le monde des affaires, et certains dirigeants d’entreprise ont du mal à l’accepter. … les réalités nouvelles de la concurrence confèrent une grande importance à l’intelligence émotionnelle sur le lieu de travail et sur le marché.

Lorsqu’il est contrarié, l’individu a du mal à se souvenir, à rester attentif, à apprendre ou à prendre des décisions. … Imaginez au contraire les conséquences bénéfiques pour le travail des aptitudes de base de l’intelligence émotionnelle : être en harmonie avec les sentiments d’autrui, être capable de régler les désaccords avant qu’ils ne s’aggravent, de travailler en état de fluidité. Diriger, ce n’est pas dominer, c’est savoir persuader les autres de travailler pour atteindre un but commun.

… trois applications différentes de l’intelligence émotionnelle : l’aptitude à exprimer des griefs sous forme de critiques fécondes, la capacité de créer une atmosphère dans laquelle la diversité est un atout plutôt qu’une source de friction, et l’efficacité dans l’utilisation des réseaux.

Dans une entreprise … le feedback joue … un rôle vital. … Sans feedback, l’individu avance à l’aveuglette; il ne sait pas ce que pensent ses supérieurs ou ses collègues, il ignore ce qu’on attend de lui, et les problèmes ne peuvent que s’aggraver avec le temps. En un sens, la critique est l’une des tâches les plus importantes des dirigeants. … trop de dirigeants maîtrisent mal l’art essentiel du feedback. Cette carence a un coût; de même que la santé émotionnelle d’un couple dépend de l’aptitude des conjoints à exprimer leurs doléances, l’efficacité, la satisfaction et la productivité des gens dans leur travail dépendent de la manière dont on évoque avec eux les problèmes ennuyeux. En fait, la manière dont les critiques sont formulées et perçues par les gens est en grande partie ce qui fait qu’ils se sentent satisfaits ou non de leur travail, de leurs collègues et de ceux à qui ils doivent rendre des comptes.

Une bonne critique insiste sur ce que la personne a accompli et sur ce qu’elle peut encore accomplir.

Quand à la motivation, lorsque les gens sont persuadés que leurs échecs sont dus à une incapacité irré-

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Daniel Golemanmédiable, ils perdent espoir et ne font plus d’efforts. La croyance de base qui conduit à l’optimisme est, souvenons-nous, que les revers ou les échecs résultent de circonstances que nous pouvons modifier. Henry Levinson, un psychanaliste devenu consultant, donne les conseils suivants sur l’art de la critique :

- Restez précis. … expliquez à la personne ce qu’elle a bien fait, ce qu’elle a mal fait, et comment elle peut faire mieux. … La précision … est aussi importante dans la louange que dans la critique.- Proposez une solution. La critique, comme tout feedback utile, doit indiquer un moyen de régler le problème. Faute de quoi le destinataire se sentira frustré, démoralisé et démotivé.- Soyez présent. La critique, comme la louange, est pleinement efficace lorsqu’elle est faite « entre quatre yeux ».- Soyez sensible. Il faut faire preuve d’empathie, sentir l’impact de ce que l’on dit et de la manière dont on le dit.

… conseils au destinataire des critiques. … considérer la critique comme une information précieuse qui lui permettra de s’améliorer, et non comme une attaque personnelle. … veiller à ne pas adopter une attitude défensive et d’assumer ses responsabilités. … voir dans la critique l’opportunité de travailler ensemble à la résolution du problème.

… l’attitude consistant à ignorer les comportements racistes favorise précisément la discrimination. Dans ce contexte, ne rien faire est en soi un acte grave, c’est laisser le virus du préjugé se répandre librement.

Si la recherche sur les préjugés a quelque chose à nous apprendre, c’est bien qu’il faut toujours s’élever contre les attitudes humiliantes ou tracassières, même les plus anodines. Une étude a montré que lorsque les membres d’un groupe font des insinuations racistes, les autres sont incités à les imiter. Le simple fait de dénoncer les préjugés ou de les désapprouver crée une atmosphère qui les décourage, alors qu’en se taisant on les excuse. Les personnes jouissant d’une position d’autorité jouent un rôle décisif en la matière, en ne condamnant pas les actes inspirés par des préjugés, on les avalise tacitement.

Ici encore l’intelligence émotionnelle s’avère précieuse, surtout en ce qu’elle permet de s’élever contre un préjugé, non seulement au bon moment, mais d’une manière efficace. Les remarques sur ces questions doivent être formulées avec finesse comme toute critique pertinente, de façon que l’interlocuteur les entende sans se sentir attaqué.

Il importe d’entretenir dans la conscience collective l’idée que le sectarisme et le harcèlement sont inacceptables et intolérables. Cependant, espérer qu’une telle démarche extirpe les préjugés profondément enracinés reste un vœu pieux. Néanmoins, puisque les préjugés sont un type d’apprentissage émotionnel, on peut réapprendre, même si cela exige du temps.

Chaque fois que des gens se rassemblent pour collaborer, … on peut affirmer dans un sens très réel qu’ils possèdent un QI collectif, à savoir la somme totale des talents et des savoir-faire de tous les participants. Et la valeur de leur travail commun est déterminée par le niveau de ce QI collectif. Il s’avère que l’élément le plus important de cette intelligence du groupe n’est pas la moyenne des QI individuels au sens conventionnel du terme, mais dépend de l’intelligence émotionnelle. La clé d’un QI collectif élevé est l’harmonie sociale. C’est cette capacité à s’harmoniser qui, toutes choses étant égales par ailleurs, rendra un groupe particulièrement talentueux, productif et couronnera de succès ses efforts, alors qu’un autre groupe, dont les membres possèdent des talents et un savoir-faire égaux à d’autres égards, obtiendra des résultats médiocres.

Un groupe ne peut être plus « intelligent » que la somme de ses capacités individuelles, mais il peut l’être moins si son fonctionnement interne ne permet pas à ses membres de partager leurs talents.

Le capital intellectuel et les services fondés sur le savoir jouent un rôle de plus en plus important dans les entreprises. En améliorant la manière dont les individus travaillent ensemble, on contribue à augmenter le capital de matière grise et on peut obtenir un avantage concurrentiel décisif. Pour prospérer, si ce n’est pour survivre, les entreprises feraient bien de cultiver leur intelligence émotio-

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Daniel Golemannelle collective.

Au pays de la maladie, les émotions règnent en maître et la peur se niche dans la première pensée venue. … l’état émotionnel de l’individu peut influer considérablement sur sa vulnérabilité à la maladie et sur le processus de guérison.

On peut désormais affirmer sur des bases scientifiques qu’on peut améliorer l’efficacité médicale, tant au stade de la prévention qu’à celui du traitement, en soignant les gens physiquement et émotionnellement. Pas dans tous les cas, ni pour toutes les maladies, cela va de soi.

… le psychologue Robert Adler a découvert que, comme le cerveau, le système immunitaire est capable d’apprendre. Ce fut un choc; … La découverte d’Adler a suscité des recherches qui ont mis au jour d’innombrables modes de communication entre le système nerveux central et le système immunitaire, c’est-à-dire les voies biologiques qui font que l’esprit, les émotions et le corps ne sont pas séparés, mais inextricablement mêlés.

Comme le dit Francisco Varela, un chercheur en neurobiologie à l’Ecole polytechnique, le système immunitaire est le « cerveau du corps ». C’est lui qui lui permet de définir sa propre identité, de savoir distinguer le « soi » du « non-soi ».

La psycho-neuro-immunologie PNI est devenue une discipline médicale de pointe. Le terme même implique la reconnaissance de ces liens : psycho, l’ « esprit », neuro, désignant le système neuroendocrinien, qui englobe le système nerveux et les systèmes hormonaux, et immunologie, par référence au système immunitaire. … les messagers chimiques qui opèrent essentiellement dans le cerveau et le système immunitaire sont particulièrement abondants dans les aires qui commandent les émotions.

… Cette découverte est révolutionnaire. Personne n’avait imaginé que les cellules immunitaires pouvaient être les destinatires d’impulsions nerveuses.

… les émotions négatives nuisent à la santé, dans une certaine mesure. Chez les personnes qui connaissent une anxiété chronique, de longues périodes de tristesse, qui sont constamment sous tension, agressives ou font preuve d’une méfiance ou d’un cynisme excessif, le risque de maladie est deux fois plus important.

… la colère semble être l’émotion qui fait le plus de mal au cœur.

De toutes les émotions, l’anxiété, l’inquiétude pénible causée par les pressions de la vie, est peut-être celle dont les rapports avec la maladie et la guérison ont été le mieux prouvés scientifiquement. … Des accès d’anxiété répétés sont symptomatiques de fortes tensions.

Les effets dommageables de la colère, de l’anxiété et de la dépression ont été abondamment prouvés. Quand elles sont chroniques, la colère et l’anxiété exposent l’individu à un ensemble de maladies. Et si la dépression n’accroît pas nécessairement le risque de maladie, elle semble, par contre, freiner la guérison et augmenter le taux de mortalité, surtout chez les personnes les plus fragiles.

Mais si la détresse émotionnelle est toxique, son contraire peut s’avérer tonique, du moins jusqu’à un certain point. Cela ne veut pas dire que les émotions positives guérissent, ou que le rire et la joie suffisent à modifier l’évolution d’une maladie grave. L’avantage procuré par les émotions positives est subtil, mais en se fondant sur des études effectuées sur un grand nombre de sujets, il est possible de le mettre en évidence dans la masse des facteurs complexes qui affectent le cours de la maladie.

Comme son proche parent, l’optimisme, l’espoir possède un pouvoir curatif. Les personnes qui ne perdent pas espoir résistent mieux aux épreuves, y compris à la maladie.

… l’isolement social, le fait de n’avoir personne avec qui partager ses sentiments intimes ou entretenir des rapports étroits, multiplie par deux le risque de maladie ou de mort. … L’isolement est plus préjudiciable aux hommes qu’aux femmes. … Bien sûr, la solitude et l’isolement sont deux choses diffé-

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Daniel Golemanrentes; bien des gens vivent seuls ou voient peu d’amis et sont heureux et en bonne santé.

Aider les gens à mieux maîtriser leurs sentiments négatifs, colère, anxiété, dépression, pessimisme et isolement, c’est contribuer à prévenir la maladie. … Une possibilité, susceptible d’avoir des effets considérables sur la santé publique, serait d’inculquer les bases de l’intelligence émotionnelle aux enfants afin qu’elles deviennent des habitudes de comportement. Autre stratégie rentable : apprendre aux individus atteignant l’âge de la retraite à mieux gérer leur vie émotionnelle, le bien-être psychologique étant l’un des facteurs qui déterminent si une personne âgée déclinera rapidemment ou au contraire se maintiendra en bonne santé.

Lorsqu’on veille à satisfaire les besoins psychologiques des patients en même temps que leurs besoins purement médicaux, beaucoup en retirent des bénéfices appréciables.

« la compassion, c’est plus que du réconfort, c’est un bon médicament ».

C’est dans notre famille que nous recevons notre première éducation émotionnelle; dans l’intimité de ce creuset, nous nous forgeons une opinion de nous-mêmes, nous apprenons à deviner comment les autres réagiront à nos sentiments, à réfléchir à ces sentiments et à choisir entre nos différentes réactions possibles, à interpréter et à exprimer nos espoirs et nos craintes. Cette éducation émotionnelle ne s’opère pas uniquement à travers ce que disent et font les parents avec leurs enfants, mais aussi par l’exemple qu’ils leur donnent en maîtrisant plus ou moins bien leurs propres émotions et leurs échanges avec leur conjoint. Certains parents sont de bons professeurs ès émotions, d’autres sont épouvantables.

La manière dont le père et la mère expriment leurs sentiments réciproques en plus des rapports directs qu’ils entretiennent avec leurs enfants laisse des empreintes profondes sur ces derniers, élèves sagaces, sensibles à leurs échanges affectifs les plus subtils. … les couples les plus intelligents sur le plan émotionnel étaient aussi les mieux à même d’aider leurs enfants à surmonter les fluctuations de leurs émotions.

Les trois styles d’incompétence émotionnelle les plus fréquents chez les parents :- Ignorer purement et simplement les sentiments de l’enfant. Ces parents voient dans la détresse émotionnelle de leur enfant quelque chose d’insignifiant ou de gênant qui finira bien par passer tout seul.- Laisser faire. Ces parents voient bien ce que ressent leur enfant, mais ils estiment qu’il faut le laisser s’exprimer à sa manière, même s’il le fait en donnant des coups. … Ils tentent de l’apaiser en lui promettant, par exemple, une récompense … ou une punition.- Etre méprisant et ne pas respecter ce que ressent l’enfant. En règle générale, ces parents sont toujours insatisfaits, durs dans la critique et dans la punition.

Enfin, certains parents profitent de la contrariété qu’éprouve leur enfant pour lui apprendre à dominer ses émotions.

Pour être de bons mentors, les parents doivent eux-mêmes bien maîtriser les rudiments de l’intelligence émotionnelle. Par exemple l’une des premières choses à apprendre à un enfant est de savoir faire le tri entre ses sentiments.

… l’empathie s’apprend dès la prime enfance, lorsque les parents sont à l’unisson avec les émotions du bébé. … Les parents jouent un rôle essentiel dans l’apprentissage de ses divers aspects : reconnaître et maîtriser ses émotions, témoigner de l’empathie, gérer les sentiments qui se manifestent dans les relations avec les autres.

Les chercheurs … ont constatés que lorsque les parents sont émotionnellement intelligents, leurs enfants s’entendent mieux avec eux, sont plus affectueux à leur égard et plus détendus en leur présence. En outre, ces enfants réussissent plus facilement à maîtriser leurs émotions, à se calmer lorsque quelque chose les boulverse, et ils sont moins souvent contrariés. … D’autres bénéfices sont d’ordre social : ces enfants sont plus appréciés et aimés de leurs camarades, et jugés plus sociables par leurs professeurs. … Ainsi, les bénéfices pour les enfants dont les parents sont émotionnellement compétents ne se limitent pas à tous les aspects de l’intelligence émotionnelle mais englobent tous les

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Daniel Golemandomaines de l’existence.

L’aptitude scolaire d’un enfant dépend du plus fondamental des savoir : comment apprendre. … sept composants essentiels de ce savoir, tous liés à l’intelligence émotionnelle :

- La confiance. Le sentiment de maîtriser pleinement son corps, son comportement et le monde extérieur, la conviction que l’on a plus de chances de réussir que d’échouer dans ce que l’on entreprend et que les adultes vous aideront et vous conseillerons.- La curiosité. Le sentiment que la découverte est une bonne chose et procure du plaisir.- L’intentionnalité. Le désir et la capacité de produire un effet est de faire en sorte que cela se produise. Ceci est relié au sentiment de compétence et d’efficacité.- La maîtrise de soi. L’aptitude à moduler et à maîtriser ses propres actions de manière appropriée à son âge; un sentiment de contrôle intérieur.- La capacité d’entretenir des relations. L’aptitude à se lier avec les autres, fondée sur le sentiment d’être compris par eux et de les comprendre.- L’aptitude à communiquer. Le désir et la capacité d’échanger des idées, des concepts et de partager ses sentiments avec autrui au moyen de mots. Ceci est relié à un sentiment de confiance dans les autres et à un plaisir d’être lié aux autres, y compris les adultes.- La coopérativité. C’est la capacité de trouver un juste équilibre entre ses besoins et ceux des autres dans les activités de groupe.

Pour qu’il prenne un bon départ dans la vie, il faut qu’il ait reçu les marques d’affection appropriées.

Cet apprentissage émotionnel commence dès les premiers instants de la vie, et il se poursuit pendant toute l’enfance. Le moindre petit échange entre parents et enfant a un substrat émotionnel, et, en recevant les mêmes messages pendant des années, l’enfant forme le noyau de son attitude psychologique et de son intelligence émotionnelle.

… les premières années représentent un créneau unique pour l’apprentissage de l’intelligence émotionnelle.

L’empreinte laissée par l’horreur dans la mémoire, et l’état d’hypervigilance qui en résulte, peut persister durant toute la vie, comme l’a montré une étude sur les survivants des camps nazis. … environ 60% pensaient à l’Holocauste presque tous les jours, même après un demi-siècle. … Comme l’a dit l’un d’eux : « si vous avez connu Auschwitz et ne faites pas de cauchemars, c’est que vous n’êtes pas normal ».

Les psychologues nomment conditionnement à la peur, le processus par lequel la personne en vient à redouter ce qui n’a rien de menaçant en l’associant dans son esprit à quelque chose d’effrayant.

Le tempérament est l’ensemble des dispositions qui caractérisent notre vie affective. … le tempérament est donné à la naissance, il fait partie du patrimoine génétique que le hasard nous a imparti, et son influence se fait sentir au cours de toute notre vie. Tous les parents savent que, dès sa naissance, un enfant peut être calme et placide ou, au contraire, irritable et difficile. La question est de savoir si cet inné émotionnel peut être modifié par l’expérience.

La réponse la plus claire a été donné par Jerome Kagan, de Harvard, éminent spécialiste de psychologie de l’enfance. Il existe selon lui au moins quatre tempéraments de base, timide, hardi, optimiste et mélancolique, et chacun correspondrait à un certain schéma d’activité cérébrale. Cependant, il existe d’innombrables nuances de tempérament, chacune fondée sur des différences innées dans le circuit émotionnel; la facilité avec laquelle une émotion donnée est éveillée, sa durée et son intensité varient d’un individu à l’autre. Les travaux de Kagan portent sur un de ces aspects : celui dont les extrêmes sont la hardiesse et la timidité.

Les leçons de psychologie de l’enfance peuvent avoir une influence profonde sur le tempérament, en amplifiant ou en atténuant nos prédispositions innées.

Kagan … : « Il semble qu’en protégeant son petit enfant hypersensible contre tout ce qui pourrait le frustrer et le contrarier, la mère aggrave apparemment son manque d’assurance et aboutit à un résul-

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Daniel Golemantat opposé à celui recherché. »

De toutes les espèces, nous sommes celle dont le cerveau met le plus de temps à se développer. Chacune de ses parties se développe à un rythme différent pendant l’enfance, mais l’adolescence constitue une des périodes fondamentales d’élagage. Plusieurs aires essentielles à la vie émotionnelle sont parmi les plus longues à atteindre leur état définitif. Alors que les aires sensorielles parviennent à maturité durant la prime enfance, et le système limbique à la puberté, les lobes frontaux, siège de la maîtrise des émotions, de la compréhension et des réactions appropriées, continuent de se développer tard dans l’adolescence, parfois jusque vers seize ou dix-huit ans.

La maîtrise des émotions qui se développe grâce aux expériences répétées de l’enfance et de l’adolescence contribue elle-même à façonner ce circuit. L’enfance offre donc des possibilités uniques pour forger des tendances émotionnelles qui persisteront la vie durant; les habitudes acquises dans l’enfance s’ancrent dans l’architecture neuronale et sont plus difficiles à modifier par la suite. Etant donné l’importance des lobes préfrontaux pour la maîtrise des émotions, la longue durée du développement de cette région du cerveau pourrait bien signifier que l’expérience de l’enfant au fil des années établit des liaisons durables dans les circuits de commande des émotions.

En matière d’émotions, les leçons les plus efficaces sont données par les parents.

De toutes les maladies, les maladies mentales occupent le premier rang chez les adolescents. … Voici comment se manifeste cette dégradation :

- Repli sur soi et problèmes relationnels : tendance à la solitude, au secret, à la mauvaise humeur, manque d’énergie, sentiment d’être malheureux, trop grande dépendance.- Anxiété et dépression : isolement, peurs et soucis multiples, obsession de la perfection, sentiment de ne pas être aimé, nervosité, tristesse et dépression.- Manque de concentration et problèmes liés à l’utilisation de la pensée : incapacité de concentrer son attention ou de rester assis tranquillement, tendance à rêvasser, à agir sans réfléchir, nervosité nuisant à la concentration, mauvais résultats scolaires, incapacité de détacher son esprit de ses pensées.- Délinquance et agressivité : tendance à traîner en bande, à mentir et à tromper, à se disputer, à attirer l’attention sur soi, méchanceté, destruction de la propriété des autres, désobéissance à la maison et à l’école, entêtement et humeur changeante, propension à trop parler, à tourmenter les autres, irritabilité.

Si, isolément, aucun de ces problèmes n’est tragique, conjointement, ils témoignent d’un changement profond, d’un dérèglement de l’esprit des enfants, révélateur d’une ignorance profonde des bases de l’intelligence émotionnelle. … Les Américains se croient les plus touchés par les problèmes de ce genre.

Chez les jeunes, les problèmes relationnels sont souvent à l’origine de la dépression. Ils concernent aussi bien les relations avec les parents qu’avec les camarades. Les enfants et les adolescents déprimés sont souvent incapables ou peu désireux de parler de leur tristesse. Ils ne parviennent pas à identifier avec précision leurs sentiments et sont donc irritables, nerveux, grincheux, surtout avec leurs parents. Ceux-ci ont d’autant plus de mal à les aider. C’est le cercle vicieux des disputes et de la désaffection.

… les éléments fondamentaux de l’intelligence émotionnelle. …Parmi ces aptitudes, citons la conscience de soi, l’identification, l’expression et la maîtrise de ses sentiments, le contrôle de ses pulsions, la capacité de retarder la satisfaction de ses désirs, la capacité de supporter le stress et de calmer son anxiété. … l’enfant apprend à prendre des décisions appropriées en commençant par contrôler la pulsion qui le pousse à agir, puis en inventoriant les actions possibles et leurs conséquences avant de passer à l’acte. Ces aptitudes sont pour la plupart interpersonnelles : savoir déchiffrer les signaux non verbaux, savoir écouter, être capable de résister aux influences négatives, savoir adopter le point de vue des autres et comprendre quels comportements sont acceptables dans une situation donnée.

Groupe d’études W.T. Grant : les éléments essentiels des programmes de prévention. … citons :APTITUDES EMOTIONNELLES- Identifier et nommer les émotions.- Exprimer ses émotions.- Evaluer l’intensité des émotions.

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Daniel Goleman- Maîtriser ses émotions.- Retarder la satisfaction de ses désirs.- Contrôler ses pulsions.- Réduire ses tensions.- Connaître la différence entre émotions et actions.APTITUDES COGNITIVES- Autodiscussion, tenir un « dialogue intérieur » en vue d’examiner une question, affronter une difficulté ou affermir son comportement.- Déchiffrer et interpréter les signes sociaux, par exemple, reconnaître les influences sociales sur le comportement et se considérer soi-même dans la perspective de la communauté.- Procéder pas à pas pour résoudre les problèmes et prendre des décisions, par exemple, maîtriser ses pulsions, définir des buts, imaginer différents modes d’action, prévoir leurs conséquences.- Comprendre le point de vue des autres.- Comprendre les normes comportementales, ce qui est ou n’est pas un comportement acceptable.- Adopter une attitude positive face à la vie.- Conscience de soi, par exemple, entretenir des attentes réalistes concernant soi-même.APTITUDES COMPORTEMENTALES- Non verbales, communication par contact visuel, expressivité faciale, ton de la voix, gestes, etc..- Verbales, exprimer des demandes claires, répondre positivement aux critiques, résister aux influences négatives, écouter les autres, les aider, participer à des groupes aux buts positifs.

Lorsqu’une discussion dégénère en conflit, … c’est que les participants « ne communiquent pas, tirent les mauvaises conclusions et lancent des affirmations péremptoires, ce qui les rend difficilement acceptables par l’autre ».

Il est difficile de maîtriser ses émotions parce que le savoir-faire requis doit être acquis dans des moments où l’individu est précisément le moins capable d’enregistrer des informations nouvelles et d’apprendre de nouvelles habitudes de réaction, c’est-à-dire quand il est contrarié.

Pour résumer, l’éducation de l’intelligence émotionnelle est efficace quand elle commence tôt, quand elle est adaptée à chaque âge et se poursuit pendant toute la scolarité, quand elle se traduit dans les actions combinées de l’école, des parents et de la communauté.

Programme d’étude de la connaissance de soi. Principaux éléments :- Conscience de soi : s’observer et identifier ses émotions; se doter d’un vocabulaire pour les exprimer; connaître les relations entre pensées, émotions et réactions.- Prise de décisions : examiner ses actions et prendre conscience de leurs conséquences; déterminer si une décision est gouvernée par la pensée ou le sentiment; appliquer cette démarche à des questions comme les rapports sexuels et la drogue.- Maîtriser ses émotions : surveiller son « discours intérieur » en vue d’y déceler des éléments négatifs comme de l’autodénigrement; prendre conscience de ce que cache une émotion, par exemple, la blessure affective à l’origine de la colère; trouver le moyen de surmonter ses peurs et son anxiété, sa colère et sa tristesse.- Apaiser ses tensions : comprendre l’intérêt de l’exercice physique, du travail d’imagination guidé, des méthodes de relaxation.- Empathie : comprendre les sentiments et les préoccupations des autres; se placer de leur point de vue; apprécier les différences dans la manière dont ils perçoivent les choses.- Communication : parler utilement des sentiments; savoir écouter et poser de bonnes questions; faire la distinction entre les paroles ou les actions de quelqu’un et nos réactions et jugements relatifs à celles-ci; émettre des appréciations personnelles au lieu de condamner.- Ouverture à autrui : valoriser l’ouverture et établir la confiance dans les relations avec les autres; savoir quand il est approprié de parler de ses sentiments personnels.- Pénétration : identifier chez soi-même et chez les autres les tendances de la vie et des réactions affectives.- Acceptation de soi : éprouver de la fierté et se voir sous un jour positif; reconnaître ses for-

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Daniel Golemances et ses faiblesses; être capable de rire de soi-même.- Responsabilité personnelle : assumer ses responsabilités; reconnaître les conséquences de ses décisions et de ses actions, accepter ses sentiments et ses humeurs, tenir ses engagements, par exemple, dans les études.- Assurance : exprimer ses préoccupations et ses sentiments sans colère ni passivité.- Dynamique de groupe : coopération; savoir comment et à quel moment commander, à quel autre se laisser guider.- Résolution des conflits : savoir se montrer loyal dans les conflits avec les autres enfants avec ses parents et ses maîtres; négocier des compromis où toutes les parties sont gagnantes.

####### L’INTELLIGENCE EMOTIONNELLE – 2 #######

Les règles du travail sont en train de changer. … La nouvelle évaluation fait abstraction de la plupart des aptitudes scolaires. … elle cible les qualités personnelles comme l’initiative et l’empathie, l’adaptabilité et la capacité à convaincre.

… j’ai discuté avec des milliers de gens, des présidents de société aussi bien que des secrétaires, de mes découvertes sur l’intelligence émotionnelle et de leur application à la vie professionnelle. … Des consultants de haut niveau m’ont expliqué que selon eux l’intelligence émotionnelle, et non l’expertise technique ou le savoir livresque, était l’ingrédient essentiel de l’excellence. … c’est ainsi qu’a commencé l’enquête de deux ans qui est à l’origine de ce livre.

D’abord, l’intelligence émotionnelle ne signifie pas seulement « être gentil », mais plutôt savoir « déballer » carrément une vérité inconfortable mais lourde de conséquences que les gens ont refusé de voir. Ensuite, l’intelligence émotionnelle ne consiste pas à donner libre cours à ses sentiments, à se « défouler ». Elle signifie plutôt qu’on gère ses sentiments de manière à les exprimer de façon appropriée et efficace afin de permettre aux autres de collaborer harmonieusement aux objectifs communs.

De plus en plus d’entreprises découvrent que la stimulation de l’intelligence émotionnelle de leurs employés est un facteur vital. « Ce ne sont plus seulement les produits mais aussi la façon dont vous utilisez les hommes qui vous positionnent dans la compétition ». … « L’intelligence émotionnelle est l’arrière-pensée constante de toute formation aux techniques du management ».

Mais alors pourquoi écrire ce livre ? … Les entreprises découvrent que la formation la plus coûteuse peut s’avérer contre-productive et que c’est souvent le cas.

Le sentiment rampant qu’aucun travail n’est sûr alors même que la société pour laquelle on travaille est prospère ne peut que propager peur, anxiété et confusion. … Des qualités comme la capacité de rebondir, l’initiative, l’optimisme et l’adaptabilité sont de plus en plus recherchées.

La mission que je me suis fixée en écrivant ce livre est de guider le lecteur dans l’examen scientifique de l’intelligence émotionnelle et de son impact sur sa vie professionnelle. … je développe l’argument selon lequel l’intelligence émotionnelle compte plus que le QI ou le savoir-faire « technique » pour déterminer qui va exceller dans un travail. … les entreprises qui exploitent cet avantage accroissent sensiblement leurs profits. … douze qualités professionnelles spécifiques toutes fondées sur la maîtrise de soi, parmi lesquelles l’initiative, la fiabilité, la confiance en soi et l’exigence de résultats. … treize aptitudes clés dans le domaine des relations humaines, comme l’empathie, le sens politique, l’exploitation de la diversité, l’aptitude à travailler en équipe et le savoir-diriger. Ce sont ces talents qui nous permettent de traverser les remous et les tourbillons que génère toute collectivité humaine, quand d’autres s’enfoncent et coulent.

La compétence, c’est donc pour une large part du bon sens et un savoir spécialisé auxquels viennent s’ajouter des talents spécifiques acquis au cours de notre carrière. La compétence s’acquiert sur le terrain. C’est la connaissance de toutes les ficelles d’un métier, le véritable savoir-faire que seule l’expérience peut apporter.

Notre intelligence émotionnelle, c’est notre capacité à apprendre les diverses aptitudes pratiques qui

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Daniel Golemansont fondées sur ces cinq composantes : la conscience de soi, la motivation, la maîtrise de soi, l’empathie et la maîtrise des relations humaines. Notre compétence émotionnelle révèle à quel point nous avons su traduire ce potentiel dans nos compétences sur le terrain.

Un haut degré d’intelligence émotionnelle ne garantit pas qu’une personne va acquérir les compétences émotionnelles nécessaires à son travail mais indique que cette personne a un excellent potentiel pour les apprendre.

Ainsi ceux qui ne sont pas très sociables auront du mal à persuader ou à inspirer les autres, à conduire des équipes ou à imposer des changements. S’ils manquent de conscience de soi, ils seront incapables de discerner leurs propres faiblesses et manqueront de la confiance en soi qu’inspire la certitude de ses propres forces.

Le tableau expose la relation entre les cinq facettes de l’intelligence émotionnelle et les vingt-cinq compétences émotionnelles. Bien entendu, aucun de nous ne possède toutes ces compétences. Nous avons tous inévitablement nos forces et nos limites. … pour réaliser d’excellentes performances professionnelles, nous n’avons besoin que d’un nombre limité de compétences émotionnelles, environ six, pourvu que ces compétences se répartissent entre les cinq zones de l’intelligence émotionnelle.

LA COMPETENCE PERSONNELLECes compétences déterminent la façon dont nous nous comportons.

La conscience de soi : Connaître ses propres états intérieurs, ses préférences, ses ressources et ses intuitions

La conscience de soi émotionnelle : savoir reconnaître ses émotions et leurs effets.Une autoévaluation précise : connaître ses forces et ses limites.La confiance en soi : être sûr de sa valeur et de ses capacités.

La maîtrise de soi : Savoir gérer ses états intérieurs, ses impulsions, ses ressources.Le contrôle de soi : gérer les émotions et les impulsions.La fiabilité : se montrer honnête et intègre en toute circonstance.La conscience professionnelle : s’acquitter de son travail de manière responsable.L’adaptabilité : faire preuve de souplesse devant les changements.L’innovation : être à l’aise avec les approches, les idées, et les informations nouvelles.

La motivation : Les tendances émotionnelles qui nous aident à atteindre nos buts.L’exigence de perfection : l’effort pour atteindre un niveau d’excellence, ou pour l’améliorer.L’engagement : savoir épouser les objectifs du groupe ou de l’entreprise.L’initiative : être prêt à saisir les opportunités.L’optimisme : poursuivre ses objectifs avec ténacité malgré obstacles et déconvenues.

LA COMPETENCE SOCIALELes compétences regroupées sous ce titre concernent notre façon de gérer nos relations aux autres.

L’empathie : La conscience des sentiments, des besoins et des soucis d’autrui.La compréhension des autres : capter les sentiments et les points de vue des autres et éprouver un intérêt réel pour leurs soucis.La passion du service : anticiper, reconnaître et satisfaire les besoins des clients.L’enrichissement des autres : sentir les besoins et les carences des autres et stimuler leurs capacités.L’exploitation de la diversité : savoir concilier des sensibilités différentes pour mieux saisir les opportunités.Le sens politique : savoir déchiffrer les flux émotionnels sous-jacents d’un groupe et ses relations de pouvoir.

Les aptitudes sociales : Induire des réponses favorables chez les autres.L’ascendant : savoir employer la tactique efficace pour persuader.La communication : envoyer des messages clairs et convaincants.La direction : inspirer et guider les groupes et les gens.Cristalliser les changements : savoir initier ou gérer les changements.Le sens de la médiation : savoir négocier et résoudre les conflits.

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Daniel GolemanNouer des liens : savoir cultiver des relations utiles.Le sens de la collaboration et de la coopération : travailler avec les autres à des objectifs communs.Mobiliser une équipe : créer un synergie de groupe au service d’objectifs communs.

… plus on grimpe dans la hiérarchie, plus l’importance de l’intelligence émotionnelle s’accroît.

L’essentiel est de savoir construire une relation, de détecter le défaut de la cuirasse du client, ses enthousiasmes aussi, et de savoir en jouer pour satisfaire ses besoins et ses désirs en vendant les « produits maison ».

… le principe de Peter : les gens sont promus à un niveau où ils cessent d’être compétents. Une personne qui est promue à cause de son expertise … se trouve propulsée à un niveau ou l’essentiel est de gérer des rapports avec des gens, et pas à manier des chiffres ou des idées. C’est ainsi que le monde du travail est truffé de mauvais patrons. Le principe de Peter explique largement pourquoi tant de gens qui manquent totalement de tact, d’égards et sont en général peu doués pour la vie sociale occupent si souvent des postes élevés dans les entreprises.

« Une décision intuitive se ramène à une analyse logique subconsciente … Le cerveau évalue la situation à sa manière et en tire une conclusion « mûrement réfléchie », comme l’on dit. Il lui semble plus juste de faire les choses comme ça qu’autrement ». C’est dans le rapport aux gens que l’intuition joue son plus grand rôle.

Une étude menée à Harvard a montré que l’impression de base qu’on a de son interlocuteur est acquise au bout de trente secondes et ne change plus dans les quinze minutes, ou les six mois, qui suivent. Un public de professionnels est capable d’évaluer en trente secondes la compétence d’un conférencier avec une précision de 80%.

… la conscience de la façon dont nos émotions affectent ce que nous sommes en train de faire est la compétence émotionnelle fondamentale.

La conscience émotionnelle commence par une attention plus étroite au flux émotionnel qui nous baigne et par la reconnaissance de l’emprise de ces émotions sur nos perceptions, nos pensées et nos actes. Cette conscience en conditionne une autre : nous apprenons à reconnaître l’influence de nos sentiments sur nos interlocuteurs.

RECONNAÎTRE SES EMOTIONS ET LEURS EFFETS

Ceux qui possèdent cette compétence- savent quelles émotions ils éprouvent et pourquoi;- comprennent les liens qui existent entre leurs sentiments et ce qu’ils pensent, font et disent;- comprennent la façon dont leurs sentiments affectent leurs pensées;- se laissent guider par une claire conscience de leurs valeurs et de leurs buts.

Le rythme frénétique de la vie moderne nous donne trop peu de temps pour assimiler, comprendre et réagir. Notre corps exige un rythme plus lent. Nous ne prenons pas le temps nécessaire pour scruter nos sentiments. Les émotions ont leur rythme propre, mais la pression qui s’exerce sur notre vie les inhibe et elles restent enfouies au fond de nous. Toute cette pression mentale refoule la voix intérieure dont les avis sont si précieux. Ceux qui sont incapables de déchiffrer leurs sentiments sont très désaventagés dans leur vie privée comme dans leur travail.

Moins nous sommes conscients de ce qui nous passionne, plus nous sommes perdus.

La conscience de soi fournit un gouvernail sûr pour mettre nos décisions professionnelles en harmonie avec nos valeurs les plus profondes.

Nous avons tous tendance à nier nos défauts. C’est une stratégie émotionnelle confortable qui nous protège contre la pénible reconnaissance de la vérité. Cette stratégie défensive peut prendre diverses

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Daniel Golemanformes : minimiser les faits, rejeter des informations cruciales, se trouver de « bonnes excuses ».

SAVOIR S’AUTO-EVALUER AVEC PRECISION

Connaître ses ressources, ses capacités et ses limites intérieures.Ceux qui possèdent cette compétence sont

- conscients de leurs forces et de leurs faiblesses;- réfléchis, capables de tirer les leçons de l’expérience;- ouverts aux avis sincères, aux nouvelles perspectives, capables d’apprendre et de s’enrichir sans cesse;- capables d’humour et de recul sur eux-mêmes.

Chaque fois que quelqu’un cafouille de manière évidente dans une situation donnée, c’est le signe infaillible d’un aveuglement. Aux niveaux inférieurs de l’entreprise, de tels problèmes passeront facilement pour des « accidents ». Mais, à des niveaux plus élevés, de tels problèmes deviennentévidemment plus lourds de conséquences. Leurs effets négatifs se font sentir sur l’ensemble de la collectivité. Voici quelques conduites d’aveuglement courantes et coûteuses :

Le chef d’entreprise nourrit une ambition aveugle.Il se fixe des buts irréalistes.Il travaille sans répit.Il fait pression sur les autres.Il est assoiffé de pouvoir.Il montre un insatiable besoin de reconnaissance.Il est obsédé par les apparences.Il veut paraître parfait.

Ce besoin de dénégation rend de tels êtres réfractaires à toute critique et travailler avec eux peut devenir un cauchemar pour les autres.

Les meilleurs professionnels demandent qu’on critique leur travail. Ils veulent savoir quelle perception les autres ont d’eux, car ils savent à quel point cette information est précieuse. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les gens qui sont conscients d’eux-mêmes sont aussi de meilleurs professionnels. La conscience de soi les aide à s’améliorer sans cesse. Presque tous les grands professionnels allient une connaissance exacte de leurs forces et de leurs faiblesses à une bonne perception de la qualité de leur travail. …. « Les stars se connaissent bien ».

C’est la confiance qui nous donne l’assurance nécessaire pour nous jeter à l’eau ou nous affirmer comme un chef. Ceux qui manquent de confiance vivent le moindre échec comme une confirmation de leur incompétence. L’absence de confiance en soi peut entraîner un sentiment d’impuissance, de découragement et de doute accablant.

La confiance en soi doit traduire fidèlement une certaine réalité : un manque de conscience de soi compromet la lucidité de la confiance en soi. … Les êtres qui possèdent un haut degré de confiance en eux dégagent un charisme particulier.

Les professionnels confiants se considèrent comme efficaces, capables de relever des défis et de maîtriser de nouveaux métiers. Ils se considèrent comme des catalyseurs, des initiateurs de changements et pensent que leurs capacités les classent au-dessus des autres. C’est la solidité de leur conviction intérieure qui leur permet de défendre leurs décisions ou leurs actes sans se laisser entamer par les oppositions.

LA CONFIANCE EN SOI

Un fort sentiment de sa dignité et de ses capacités personnelles.Les êtres qui possèdent cette compétence

- font preuve d’assurance dans les rapports humains, ont de la « présence »;- sont capables de défendre des point de vue impopulaires et de prendre des risques pour ce qu’ils estiment juste;- sont résolus, capables de prendre des décisions saines malgré les incertitudes et les pressions.

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Daniel GolemanLee Iacocca, qui a réussi à refaire de Chrysler un fabricant automobile de premier plan : « Si je devais résumer en un mot les qualités qui font un bon patron, je dirais que tout se ramène à la décision … . Au bout du compte vous devez rassembler toutes vos informations, définir un calendrier et agir ».

Ces deux aptitudes élémentaires, réfréner ses impulsions et composer avec ses angoisses, constituent la base de cinq compétences émotionnelles :

- la maîtrise de soi : savoir dominer les émotions et impulsions;- la fiabilité : se montrer honnête;- la conscience professionnelle : s’acquiter de ses obligations avec responsabilité et fiabilité;- l’adaptabilité : faire preuve de souplesse dans la gestion des changements et des défis nouveaux;-l’innovation : se montrer ouvert aux nouvelles informations, aux nouvelles approches.

LE SELF-CONTROL

Garder la maîtrise des émotions et impulsions perturbatrices.Les êtres possédant cette compétence

- dominent bien leurs impulsions et leurs angoisses;- restent calmes, positifs et imperturbables même dans les moments éprouvants;- pensent clairement et restent concentrés malgré le stress.

FIABILITE ET CONSCIENCE PROFESSIONNELLE

Faire preuve d’intégrité et se comporter de façon responsable.Fiabilité. Ceux qui possèdent cette compétence

- ont une conduite irréprochable d’un point de vue éthique;- construisent des relations de confiance par leur fiabilité et leur authenticité;- reconnaissent leurs propres erreurs et manifestent leur désaccord avec les comportements qu’ils jugent immoraux.

Conscience professionnelle. Ceux qui possèdent cette compétence- tiennent leurs engagements et leurs promesses;- endossent la responsabilité des objectifs qu’ils se sont assignés;- se montrent organisés et méticuleux dans leur travail.

INNOVATION ET ADAPTABILITE

Rester ouvert aux nouvelles idées et réagir avec souplesse aux changements.Ceux qui possèdent cette compétencepour l’innovation

- restent à l’affût des idées nouvelles d’où qu’elles viennent;- proposent des solutions originales aux problèmes;- adoptent des points de vue originaux et prennent des risques dans leur réflexion;

pour l’adaptabilité- savent concilier harmonieusement exigences multiples, priorités changeantes et mutations rapides;- adaptent leurs réactions et leur tactique à l’évolution des circonstances.

Le préalable à la « réinvention » d’une entreprise passe par la remise en question de sa philosophie et de sa stratégie fondamentale. Mais l’attachement émotionnel des employés aux habitudes et à la culture de leur entreprise rend le changement d’autant plus difficile.

Si une compétence est requise, aujourd’hui, c’est bien l’adaptabilité. Les professionnels les plus adaptables affectionnent le changement et l’innovation. Ils sont ouverts aux nouvelles informations et sont capables de renoncer à leurs vieilles convictions et de modifier leur façon de travailler. Ils tolèrent bien l’anxiété devant la nouveauté et l’inconnu et sont prêts à miser sur de nouvelles méthodes de travail. L’adaptabilité consiste à savoir intégrer les nouveaux paramètres d’une situation donnée.

L’ouverture au changement qui caractérise l’adaptabilité rapproche celle-ci d’une autre compétence ex-

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Daniel Golemantrêment prisée dans l’époque turbulente où nous vivons : l’innovation.

Toute la créativité de l’innovateur consiste à appliquer de nouvelles idées pour obtenir de meilleurs résultats. Ceux qui possèdent ce don parviennent à identifier rapidement les problèmes décisifs et à simplifier des questions qui semblent d’une complexité insoluble. Plus important, ils sont capables de découvrir des solutions et des schémas originaux qui échapperont aux autres.

Sans créativité collective à tous les niveaux de l’entreprise, on ne parvient pas à la nécessaire souplesse d’adaptation aux mutations du marché.

Le développement de l’innovation dans l’entreprise se décompose en deux étapes essentielles, les mêmes que la créativité chez les individus :

- l’initiative : être le premier à faire surgir l’idée brillante;- la réalisation : faire passer cette idée dans les faits.

L’enthousiasme pousse les êtres à donner le meilleur d’eux-mêmes, quel que soit leur travail. … Cet enthousiasme est le principe suprême de la motivation. …Quand nous travaillons en état d’enthousiasme, la motivation est inhérente à l’action, le travail devient un plaisir. … Mais les motivations les plus puissantes sont intérieures et non extérieures. … Les êtres enthousiastes ont souvent l’art de faire paraître aisé ce qui est difficile et cette apparence extérieure traduit fidèlement ce qui se passe dans leur cerveau.

Les êtres qui sont disponibles sont complètement attentifs et impliqués dans leur travail et la qualité de celui-ci est optimale. … Etre disponible suppose de « ne pas être prisonnier de son anxiété, ce qui permet d’être ouvert aux autres ». … en revanche, l’apathie et l’anxiété sont les ennemis de la disponibilité, et de l’enthousiasme. La disponibilité commence par la conscience de soi.

On apprend mieux quand on se donne à fond à ce qu’on fait. Plus les gens s’adonnent à une tâche, mieux ils se portent.

Le « bon » stress, c’est celui qui nous mobilise pour l’action.

La volonté de résultat est l’une des compétences que l’on retrouve le plus fréquemment chez les professionnels d’exception. … Trois compétences distinguent les motivations des professionnels d’exception :

- l’exigence de réussite : l’aspiration au progrès et à l’excellence;- l’engagement : la capacité d’épouser la vision et les objectifs de l’entreprise ou du groupe;- l’initiative et l’optimisme : deux compétences indispensables qui permettent de saisir les opportunités et de surmonter obstacles et revers.

L’EXIGENCE DE REUSITE

Atteindre ou améliorer un niveau d’excellence.Ceux qui possèdent cette compétence

- sont axés sur les résultats, et montrent une volonté tenace d’atteindre leurs objectifs;- se fixent des objectifs exigeants et prennent des risques calculés;- combattent leurs incertitudes par une recherche constante d’informations et de méthodes pour progresser;- apprennent pour améliorer leurs performances.

Le jeu de la quille et de l’anneau est une métaphore pour la prise de risques calculée. Les êtres trop ambitieux placent toujours la quille trop loin par rapport à leurs possibilités. Ceux qui sont trop prudents placent la quille trop près et remportent moins de points qu’ils ne le pourraient.

La logique de l’économie exige que ses acteurs s’habituent à prendre des risques mais en les estimant judicieusement. Cette aptitude à prendre des risques intelligents caractérise les entrepreneurs qui réussissent. … L’exigence de progrès constitue une préoccupation permanente des entrepreneurs.

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Daniel Goleman

Quand les dirigeants affichent un souci démesuré du détail et de l’ordre, c’est souvent le signe qu’ils ne savent pas prendre le recul qu’impose leur mission. C’est l’exemple du dirigeant vétilleux qui, passant son temps à surveiller ses subordonnés, perd de vue toute vision stratégique.

Les grands professionnels aiment mettre en place des systèmes qui permettent une meilleure qualité et une transmission plus rapide de l’information.

Les entreprises dont les collaborateurs s’engagent le plus dans leur travail sont sans doute celles qui font de leurs employés des actionnaires. Mais le fait d’adhérer aux objectifs de l’entreprise constitue un motif d’engagement plus grand que n’importe quelle incitation financière. … La conscience de soi est la clé de voûte de l’engagement.

L’ENGAGEMENT

Adhérer aux objectifs d’un groupe ou d’une entreprise.Ceux qui possèdent cette compétence

- sont prêts à s’imposer des sacrifices pour atteindre les objectifs de l’entreprise;- sont capables de s’identifier à une dynamique collective;- s’appuient sur les valeurs essentielles du groupe pour prendre des décisions en connaissance de cause.

INITIATIVE ET OPTIMISME

Faire preuve d’anticipation et de persévérance.Ceux qui possèdent cette compétencepour l’initiative

- sont prêts à saisir les opportunités;- s’assignent des objectifs qui dépassent ce qu’on attend d’eux;- contournent les procédures bureaucratiques et infléchissent les règles quand l’exécution d’un travail l’exige;

pour l’optimisme- persistent dans la poursuite de leurs objectifs malgré obstacles et revers;- travaillent avec l’espoir de réussir plutôt qu’avec la crainte d’échouer;- considèrent les déconvenues comme le résultat de circonstances modifiables plutôt que d’une déficience personnelle.

Les êtres doués d’esprit d’initiative savent prévenir les problèmes avant qu’ils surgissent et saisir les opportunités avant les autres. Et plus on occupe un poste élevé, plus il faut savoir anticiper. … L’anticipation est toujours très payante.

Les patrons qui se noient dans la gestion des détails qui devraient être du ressort de leurs subordonnés peuvent paraître pleins d’initiative mais il leur manque un tact essentiel dans les rapports professionnels. L’initiative dénuée d’empathie ou de vision stratégique peut être très nuisible et les dirigeants atteints de ce défaut obtiennent généralement de piètres résultats.

Pour un optimiste, l’échec n’est qu’une leçon à retenir en vue du prochain round. « Les erreurs sont des trésors …, une chance de progresser. …, beaucoup de dirigeants doivent comprendre qu’ils devraient être plus tolérants devant les erreurs des autres, et les aider à en tirer les conséquences au lieu de les sanctionner ».

Le cousin germain de l’optimisme est l’espoir : c’est lui qui permet de mobiliser l’énergie nécessaire pour atteindre un but. C’est une puissance de motivation fondamentale dont l’absence est paralysante.

La meilleure approche consiste à développer une compréhension profonde des besoins et des objectifs d’une entreprise. Pour cela, il faut sonder la situation et écouter ses interlocuteurs pour saisir ce qui est décisif pour leur réussite. C’est l’un des principes fondamentaux de la réussite commerciale depuis des décennies. … L’empathie peut prendre de nombreuses formes. L’une d’elles est la conscience aigüe

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Daniel Golemandes besoins de leurs clients. Mais l’empathie se manifeste aussi dans les sociétés qui ont une perception lucide et précise de leurs propres employés, de leurs concurrents, du marché, du poids des syndicats, des actionnaires, etc.. L’aptitude à épouser ces points de vue contrastés, à comprendre les positions de ces différents acteurs renforce beaucoup l’efficacité de la gestion d’une entreprise.

Comme Freud l’a observé : « Les mortels sont incapables de garder un secret. Quand leurs lèvres sont silencieuses, ils bavardent avec leurs doigts. La trahison se fraie un passage par tous les pores de leur être ».

Il est particulièrement important d’être capable de repérer de tels signaux dans des situations où les gens cachent leurs vrais sentiments, une constante dans les affaires. C’est l’aptitude à ressentir ce que pensent les autres sans qu’ils aient besoin de le dire qui définit l’essence de l’empathie.

L’aptitude à maîtriser ce type de communication subtile repose sur des compétences basiques, comme la conscience et la maîtrise de soi. Sans cette maîtrise lucide de nos propres sentiments, nous restons tout à fait incapables de saisir les humeurs des autres. L’empathie est notre radar social.

L’empathie suppose au minimum de savoir déchiffrer les sentiments de son interlocuteur. A un niveau plus profond, elle définit la capacité de deviner les problèmes et les soucis qui se cachent derrière ces sentiments. … Les êtres très empathiques font quelque chose d’extraordinaire du point de vue physiologique : lls reproduisent les mimiques de leur partenaire.

L’harmonie des rapports humains dépend en grande partie de la spontanéité de l’empathie. Quand deux personnes commencent à parler ensemble, elles entrent immédiatement dans une danse subtile et rythmée, elles synchronisent leurs mouvements et leurs postures, la hauteur de leur timbre, le débit de leurs paroles et même la longueur des pauses dans leurs interventions respectives. Ce mimétisme n’est pas conscient et semble contrôlé par les zones les plus primitives du cerveau.

Nos premières leçons d’empathie remontent à l’enfance, quand nos parents nous tiennent dans leurs bras. Ces liens émotionnels primitifs sont les premiers jalons de l’apprentissage de la coopération et de l’intégration dans un groupe. Notre niveau de compétence sociale est directement fonction de la qualité de cet apprentissage.

L’empathie est l’aptitude de base qui sous-tend toutes les compétences humaines importantes pour le travail. Ces compétences sont les suivantes :

- comprendre les autres : deviner ce qu’ils ressentent, épouser leurs points de vue, s’intéresser authentiquement à leurs préoccupations;- être axé sur le service : anticiper, reconnaître et satisfaire les besoins des clients;- enrichir les autres : sentir les lacunes éventuelles des autres et stimuler leurs aptitudes;- tirer profit de la diversité : cultiver les opportunités qu’apportent des êtres très divers;- posséder un sens politique : être capable de jauger les conflits politiques et humains qui traversent une entreprise.

COMPRENDRE LES AUTRES

Adopter les sentiments et les points de vue des autres et prendre un intérêt réel à leurs préoccupations.Ceux qui possèdent cette compétence

- sont attentifs aux signaux émotionnels et écoutent bien;- font preuve de sensibilité et comprennent les points de vue des autres;- savent deviner les besoins des autres et leur apporter une réponse adaptée.

Une écoute attentive, telle est la base de l’empathie. Savoir écouter est un ingrédient essentiel pour toute réussite professionnelle. … Bien écouter, écouter en profondeur, implique de dépasser ce qui est dit en posant des questions, en retraduisant dans vos propres mots ce que vous entendez pour vérifier que vous avez bien compris. Cela, c’est l’écoute « active ». C’est la pertinence de la réponse que vous faites à votre interlocuteur qui montre que vous l’avez vraiment entendu.

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Daniel GolemanL’entraînement est un art relationnel. Entraîner et former, cela signifie d’abord conseiller. … Une solide capacité d’entraîneur ou de formateur chez un patron améliore les performances de ses collaborateurs, accroît leur loyauté et leur satisfaction au travail, les aide à obtenir promotions et augmentations de salaire et limite la rotation du personnel. Une relation ouverte et confiante est la base du succès de l’entraîneur sur le terrain. … Les dirigeants qui sont respectueux, fiables et empathiques sont les meilleurs entraîneurs.

ENRICHIR LES AUTRES

Détecter les besoins de formation des autres et stimuler leurs capacités.Ceux qui possèdent cette compétence

- reconnaissent les atouts et récompensent les réalisations et la volonté de progrès de leurs collaborateurs;- leur dispensent des critiques utiles et savent discerner leurs insuffisances;- les guident, les conseillent opportunément et leur proposent des missions qui les incitent à se dépasser.

… « quand une entreprise prive des employés d’informations nécessaires sur leur travail, elle peut sans le savoir freiner leurs performances ».

PRIORITE AU SERVICE

Anticiper, reconnaître et satisfaire les besoins des clients.Ceux qui possèdent cette compétence

- comprennent les besoins de leurs clients et leur fournissent les services ou les produits adéquats;- cherchent des moyens d’accroître la satisfaction et la fidélité des clients;- offrent chaleureusement l’assistance nécessaire;- épousent le point de vue du client et se comportent en conseillers avisés.

EXPLOITER LA DIVERSITE

Entretenir des rapports fructueux avec des êtres très divers.Ceux qui possèdent cette compétence

- entretiennent des rapports cordiaux et respectueux avec des êtres de milieux variés;- acceptent des visions du monde très différentes et intègrent les différences culturelles;- rejettent les préjugés et l’intolérance.

Quand les chefs d’entreprise prennent au sérieux la variété de points de vue qu’apportent des personnalités d’origines diverses dans la vie professionnelle, ils saisissent l’occasion de faire progresser collectivement leurs équipes, et renforcent significativement la compétitivité de leur entreprise.

LE SENS POLITIQUE

Déchiffrer les rapports humains et politiques invisibles.Ceux qui possèdent cette compétence

- interprètent lucidement les relations de pouvoir essentielles;- détectent les réseaux d’influence qui comptent;- saisissent tenants et aboutissants des points de vue et des démarches de leurs clients, de leurs consommateurs et de leurs concurrents.

Les émotions sont contagieuses. … le sourire est le signal émotionnel le plus contagieux de tous, il possède le pouvoir presque irrésistible de faire sourire les autres en retour.

L’INFLUENCE

Manier des outils de persuasion efficaces.Ceux qui possèdent cette compétence

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Daniel Goleman- savent persuader leurs interlocuteurs;- adaptent leur discours à la personnalité de ceux-ci;- mettent en œuvre des stratégies complexes et recourent à l’influence indirecte pour obtenir un consensus;- savent accomplir un geste spectaculaire pour emporter la décision.

L’empathie est cruciale dans le mécanisme de l’influence. … Les êtres qui éprouvent des difficultés à déchiffrer les signaux émotionnels et sont peu doués pour les rapports humains ne peuvent exercer d’influence spectaculaire sur autrui.

… un commercial dans une grande entreprise m’explique : « Quand vous entrez dans le bureau d’un client, la première chose à faire c’est de jauger l’endroit et de choisir quelque chose à faire qui passionne votre client, qui l’enthousiasme, c’est de là que doit démarrer la conversation ». … La persuasion est facilitée par la découverte d’un dénominateur commun. Il est essentiel de savoir prendre le temps de le découvrir ou de le forger.

COMMUNICATION

Ecouter avec bienveillance et envoyer des messages convaincants.Ceux qui possèdent cette compétence

- savent accepter les concessions mutuelles, capter les signaux émotionnels et adapter leur message à leur interlocuteur;- règlent les problèmes difficiles franchement et simplement;- savent écouter, recherchent la compréhension réciproque et sont ouverts à l’échange d’informations.

« C’est principalement une affaire de psychologie. Les contrats sont émotionnels. L’important, ce ne sont pas seulement les mots, mais ce que pensent et ressentent les interlocuteurs au sujet de ces mots ».

LA GESTION DES CONFLITS

Négocier et résoudre les différends.Ceux qui possèdent cette compétence

- manient les caractères difficiles et les situations tendues avec tact et diplomatie;- devinent les sources de conflit potentiel, clarifient les désaccords et s’efforcent de les désamorcer;- encouragent les débats et les discussions ouvertes;- travaillent à des solutions où chacune des parties est gagnante.

… quelques consignes classiques pour l’apaisement des conflits :- d’abord se calmer, se mettre à l’écoute de ses sentiments et les exprimer;- montrer sa volonté de résoudre les situations en parlant des problèmes plutôt qu’en se lançant dans une escalade agressive;- exposer son propre point de vue en termes neutres plutôt que sur le ton de la dispute;- essayer de trouver des manières équitables de résoudre la dispute, travailler ensemble à trouver une solution acceptable par tous.

DIRIGER

Inspirer et guider des individus ou des groupes.Ceux qui possèdent cette compétence

- savent susciter et canaliser l’enthousiasme, et faire partager leur vision;- adaptent leur style de direction aux circonstances;- guident le travail des autres tout en les responsabilisant;- donnent l’exemple.

Le patron adroit est capable de percevoir les ondes émotionnelles invisibles qui traversent une collecti-

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Daniel Golemanvité et peut déceler l’impact de ses actions sur ces flux émotionnels. Une des façons pour un dirigeant d’établir sa crédibilité consiste à canaliser ces flux inconscients et à les exprimer au nom du groupe ou à agir de façon à montrer tacitement que ces sentiments sont compris. … « Diriger, c’est distribuer de l’énergie ».

Le vrai chef croît vraiment à son message émotionnel, c’est ce qui le distingue du dirigeant manipulateur et intéressé.

« L’art de la direction réside essentiellement dans l’intelligence émotionnelle, et surtout dans la distinction entre ce qui est du ressort des cadres supérieurs et ce qui relève du chef lui-même, à savoir : prendre position, savoir ce qui est important pour lui, poursuivre ses objectifs en partenariat avec les autres … ».

Pour les PDG les plus efficaces, il existe trois catégories de compétences principales. … La première regroupe les compétences personnelles comme l’exigence de résultat, la confiance en soi et l’engagement, alors que la deuxième englobe des compétences sociales comme l’influence, le sens politique et l’empathie. … Le troisième groupe de compétences chez ces PDG est cognitif : ils développent une pensée stratégique, rassemblent et passent au crible une grande masse d’informations et s’appuient sur une forte pensée conceptuelle.

CATALYSER LES CHANGEMENTS

Initier ou gérer des changements.Ceux qui possèdent cette compétence

- reconnaissent la nécessité de changer et de renverser des barrières;- remettent en question le statu quo pour faire reconnaître le besoin de changement;- se font les hérauts du changement et incitent les autres à le mettre en œuvre;- donnent forme aux changements qu’attendent les autres.

… l’intelligence sociale a fait son apparition bien avant l’émergence de la pensée rationnelle. … « Les génies solitaires, cela n’existe plus. … Nous gérons d’abord du capital humain : les idées neuves ne sortent pas d’une tête mais résultent d’un échange, d’une collaboration au sens le plus profond. L’intelligence sociale est une des conditions clés du succès dans un monde où, surtout dans la recherche et le développement, le travail est avant tout un travail d’équipe ».

« La communication n’est pas un simple problème de transmission d’informations à une personne. Il faut pouvoir impulser une expérience, donner le meilleur de soi, et cela suppose une compétence émotionnelle ».

On a, paraît-il, produit plus de connaissances au XXème siècle que dans toute l’histoire et cette croissance s’accélère alors que nous entrons dans le XXIème siècle. Il devient donc de plus en plus vital de pouvoir s’appuyer sur un réseau ou une équipe pour obtenir les informations et les compétences dont nous avons besoin. Jamais nous n’avons autant dépendu des autres dans notre travail.

Mettre de l’huile dans les rouages d’un groupe afin d’optimiser ses performances exige de l’intelligence émotionnelle.

CONSTRUIRE DES LIENS

Entretenir des relations utiles.Les êtres qui possèdent cette compétence

- cultivent et entretiennent de larges réseaux informels;- recherchent des relations mutuellement bénéfiques;- construisent des rapports à long terme et cultivent leurs contacts.

Cette aptitude à tisser des réseaux est le secret de la réussite dans beaucoup d’industries, … elle va prendre de plus en plus d’importance dans la plupart des métiers dans les années à venir.… le travail en équipe est devenu la compétence la plus valorisée chez les cadres supérieurs.

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Daniel GolemanSAVOIR TRAVAILLER EN EQUIPE

Créer une synergie en travaillant à des buts communs.Les êtres qui possèdent cette compétence

- présentent des qualités d’équipiers comme le respect et la serviabilité;- communiquent leur enthousiasme et leur dynamisme à leurs coéquipiers;- développent une identité de groupe, un esprit de corps et un sens du dévouement;- protègent le groupe et sa réputation. Ne s’accaparent pas les mérites d’un travail collectif.

Bien sûr, l’intelligence cognitive et l’expertise comptent, mais les équipes d’exception se définissent largement par leur compétence émotionnelle.

… quand une compétence comme la maîtrise de soi se renforce, les circuits correspondants dans le cerveau se renforcent aussi. … La bonne nouvelle à propos de l’intelligence émotionnelle est donc que, à la différence du QI, elle peut s’améliorer.

Pour cultiver l’intelligence émotionnelle, la maturité demeure un avantage : les travailleurs de plus de trente ans montrent de meilleures capacités à acquérir de nouvelles compétences émotionnelles que leurs collègues plus jeunes. Les hommes et les femmes semblent posséder une aptitude équivalente à développer leur intelligence émotionnelle. Les femmes sont généralement plus douées pour les compétences qui supposent de l’empathie et une bonne maîtrise des rapports humains, alors que les hommes obtiennent de meilleures résultats dans celles fondées sur la maîtrise de soi.

Ce perfectionnement possible oppose nettement l’intelligence émotionnelle et l’intelligence cognitive, qui reste pour l’essentiel inchangée tout au long de la vie.

Un changement profond requiert une modification des façons de penser, de sentir et d’agir très enracinées en nous.

On peut considérer les compétences comme un faisceau d’habitudes coordonnées qui rassemble ce que nous pensons, sentons et faisons pour qu’un travail soit fait. Quand une telle habitude est déficiente, la remplacer par une habitude plus efficace requiert une pratique intensive de la meilleure habitude, et une inhibition de l’ancienne, afin que le circuit neural de l’ancienne habitude finisse par s’atrophier et que celui de la bonne habitude se renforce. Finalement la meilleure habitude remplacera la vieille comme réponse automatique dans des situations clés.

Les entreprises commettent une erreur courante qui consiste à essayer d’enseigner des compétences émotionnelles comme des données techniques. Mais, de plus, changer une habitude fondée sur l’intelligence émotionnelle implique une stratégie d’apprentissage entièrement nouvelle.

EVALUER LE TRAVAILAvant d’entreprendre une formation, quelle qu’elle soit, il faut poser une question élémentaire et y répondre : quelles qualités sont requises pour accomplir ce travail avec brio ?

EVALUER L’INDIVIDU… dans de nombreuses circonstances on s’aperçoit que les autres nous connaissent mieux que nous-mêmes. L’évaluation idéale ne s’appuie en général pas sur une seule source mais sur de multiples points de vue, tous ceux de l’entourage professionnel de l’intéressé. La méthode de l’évaluation « tous azimuts » doit, comme son nom l’indique, synthétiser tous les points de vue et constitue une excellente source de données sur les compétences à améliorer. … Alors que toute méthode est individuellement faillible, une fois combinée à d’autres, elle contribue à établir un profil de compétences plus exact même s’il devient aussi plus complexe.

Quand on l’utilise à bon escient, l’avis des autres sur vos compétences peut se révéler un outil extrêmement précieux pour se jauger soi-même, pour se transformer et pour progresser. Mal utilisé, il risque par contre d’entraîner de véritables traumatismes émotionnels.

Si les gens ne sont pas vraiment prêts à changer, il faut d’abord réunir ces conditions.

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Daniel GolemanMOTIVER« Quand les employés comprennent que la formation peut augmenter leur compétitivité sur le marché du travail ou au sein de l’entreprise, leur motivation augmente. Et plus les gens sont motivés pour apprendre, plus la formation est efficace pour eux ».

GUIDER SOI-MEME SA TRANSFORMATIONLe sur-mesure optimise l’apprentissage, particulièrement dans le domaine émotionnel.

SE CONCENTRER SUR DES OBJECTIFS CLAIRS ET ACCESSIBLESSi un grand but est nécessaire comme horizon, il doit être décomposé en étapes pratiques immédiates, accessibles : réalisable est ici le mot à retenir. … Des petits succès entretiennent la motivation; on prend conscience de l’efficacité de ses efforts. Et plus le but est ambitieux, plus le changement qui en résulte sera spectaculaire. … Sans objectifs clairement définis, on a vite fait de s’égarer. … Se fixer des objectifs, cela signifie aussi échelonner les étapes nécessaires pour les atteindre. … En un sens, se fixer un objectif revient à définir un « soi virtuel » : une vision de ce à quoi nous ressemblerons après avoir changé. Le simple fait d’imaginer ce soi potentiel nous fait apparaître comme ayant maîtrisé le changement désiré et cette vision nous aide à franchir les étapes qui y mènent.

La critique est un outil essentiel du changement. Tout témoignage sur notre comportement nous permet de garder le cap.

La compétence émotionnelle ne peut être améliorée du jour au lendemain, parce que le cerveau émotionnel a besoin de semaines, voire de mois pour modifier ses habitudes.

Plus les gens consacrent de temps à se transformer, plus ce changement est durable.

Nous apprenons en regardant les autres. Si quelqu’un nous offre l’exemple d’une compétence il devient un enseignement vivant pour nous.

Une entreprise émotionnellement intelligente doit régler les éventuelles contradictions entre les valeurs dont elle se réclame et celles qu’elle applique. … L’entreprise doit posséder une conscience de soi émotionnelle pour connaître ces valeurs communes. Les entreprises, comme les individus, possèdent un profil de forces et de faiblesses dans leurs différents registres de compétences et un certain niveau de conscience de celles-ci.

La plupart du temps, les gens ignorent qu’on peut prendre le pouls d’une entreprise et mesurer ses chances de succès en sondant les états émotionnels de ceux qui y travaillent.

La théorie des systèmes nous enseigne que, dans un environnement marqué par des changements permanents et une compétition acharnée, c’est l’entité qui peut assimiler le plus gros volume d’informations, et répondre le plus rapidement, le plus créativement et le plus souplement, qui est la plus adaptée. … Il montre le rôle crucial de l’intégration des flux d’informations par une entreprise : ce sont eux qui décident de sa viabilité. C’est ce que certains appellent le « capital intellectuel » d’une entreprise : ses brevets, ses méthodes, les compétences de ses gestionnaires, sa maîtrise des technologies, l’expérience commerciale accumulée avec ses clients, ses fournisseurs, ses partenanires. … c’est le degré d’intelligence émotionnelle d’une entreprise qui détermine sa capacité à optimiser son capital intellectuel et sa productivité. Cette optimisation dépend de l’harmonie des rapports entre ceux qui détiennent les compétences.

Comment éduquer au mieux les jeunes pour le monde du travail de demain ? Il faut bien entendu repenser les bases de l’éducation : l’intelligence émotionnelle est désormais aussi cruciale pour le futur de nos enfants que le cursus académique traditionnel. … Des programmes de formation à l’intelligence émotionnelle voient le jour aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde. … La popularité croissantedu travail à distance renforce cette tendance. L’autonomie ne peut réussir que si elle s’accompagne de maîtrise de soi, de fiabilité et de conscience professionnelle.

Et comme les gens travaillent moins « pour l’entreprise » et plus pour eux, l’intelligence émotionnelle sera de plus en plus nécessaire à l’harmonie des relations professionnelles.