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INÉGALITÉS EN AFRIQUE LECTURE CRITIQUE DU CLASSEMENT ISSU DE L'INDICE IBRAHIM DE LA GOUVERNANCE AFRICAINE INTRODUCTION L'Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine (Ibrahim Index of African Governance - IIAG) est devenu en l'espace de quelques années, un indice reconnu sur la transparence et la bonne gouvernance en Afrique. La volonté initialement exprimée par son initiateur, qui nous semble pertinente, était de favoriser la transparence et la transition démocratique en Afrique. Cependant, l'étude des dix premiers pays du classement nous conduit à nous demander s'il s'agit véritablement de modèles à suivre pour les autres pays africains. A travers cet article, nous souhaitons proposer une lecture critique mais constructive du classement, en mettant en évidence un certain nombre de biais (comme le poids de l'Aide Publique au Développement (APD), qui favorise très largement certains pays, la sélection d'indicateurs discutables comme dans la santé) et des insuffisances notables en ne tenant pas suffisamment compte, de notre point de vue, de fortes inégalités générées par la majorité des pays les mieux classés. Nous considérons que la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance est indispensable en Afrique, les outils de benchmarking sont donc les bienvenus, mais ne constituent pas une finalité. Celle-ci doit plutôt consister en une amélioration continue et tangible des conditions de vie des populations, quels que soient leurs revenus, la transparence et la bonne gouvernance étant des moyens permettant d’accélérer ce processus progressiste. Si, en Afrique, de nombreuses voix s'élèvent aujourd'hui pour constater que le fruit de la croissance de ce continent n'est pas correctement partagé par ses populations, nous pensons que l'IIAG doit être enrichi pour mieux traduire cet impératif et se détacher davantage des critères internationaux qui ont été imposés à l'Afrique par ses bailleurs. Mieux incorporer les principes de solidarité africaine nous semble essentiel pour affronter avec succès et équilibre l'avenir avec, en corollaire, une moindre dépendance externe aux stratégies internationales et une plus forte souveraineté. Faute de considérer les inégalités comme un enjeu majeur, y compris sur le plan géopolitique, nous restons pessimistes sur la capacité des pays africains à dégager une croissance harmonieuse pour les décennies à venir. L'OBJECTIF DE LA FONDATION MO IBRAHIM Mo Ibrahim est un entrepreneur anglo-soudanais. Fondateur de l'entreprise de télécoms Celtel, il fait fortune lors la revente en 2005 de sa société à des fonds koweitiens. Il souhaite dès lors promouvoir la bonne gouvernance en Afrique et crée ainsi la fondation éponyme en 2006. Il souhaite en particulier mettre l'accent sur la lutte contre la corruption et prône l'alternance démocratique. En 2007, l'indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) a été mis en place pour mettre en valeur les bonnes pratiques des politiques publiques, et ainsi classer les pays africains selon leurs performances. LA MÉTHODOLOGIE L'indice composite comprend des indicateurs répartis selon q uatre thématiques : - Sécurité et État de Droit - Participation et Droits de L’homme - Développement Économique Durable - Développement Humain La méthodologie, parfaitement décrite sur le site de la fondation, indique par exemple que les données utilisées doivent être disponibles dans la plupart des pays ou encore être suffisamment récentes. Tous les indicateurs utilisés sont présentés en détail. D'une manière générale, on peut considérer que l'indice est parfaitement transparent dans sa construction. PAGE 1 / 12

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INÉGALITÉS EN AFRIQUE LECTURE CRITIQUE DU CLASSEMENT ISSU DE L'INDICE IBRAHIM DE LA GOUVERNANCE AFRICAINE

INTRODUCTION

L'Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine (Ibrahim Index of African Governance - IIAG) est devenu en l'espace de quelques années, un indice reconnu sur la transparence et la bonne gouvernance en Afrique.

La volonté initialement exprimée par son initiateur, qui nous semble pertinente, était de favoriser la transparence et la transition démocratique en Afrique. Cependant, l'étude des dix premiers pays du classement nous conduit à nous demander s'il s'agit véritablement de modèles à suivre pour les autres pays africains.

A travers cet article, nous souhaitons proposer une lecture critique mais constructive du classement, en mettant en évidence un certain nombre de biais (comme le poids de l'Aide Publique au Développement (APD), qui favorise très largement certains pays, la sélection d'indicateurs discutables comme dans la santé) et des insuffisances notables en ne tenant pas suffisamment compte, de notre point de vue, de fortes inégalités générées par la majorité des pays les mieux classés.

Nous considérons que la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance est indispensable en Afrique, les outils de benchmarking sont donc les bienvenus, mais ne constituent pas une finalité. Celle-ci doit plutôt consister en une amélioration continue et tangible des conditions de vie des populations, quels que soient leurs revenus, la transparence et la bonne gouvernance étant des moyens permettant d’accélérer ce processus progressiste.

Si, en Afrique, de nombreuses voix s'élèvent aujourd'hui pour constater que le fruit de la croissance de ce continent n'est pas correctement partagé par ses populations, nous pensons que l'IIAG doit être enrichi pour mieux traduire cet impératif et se détacher davantage des critères internationaux qui ont été imposés à l'Afrique par ses bailleurs. Mieux incorporer les principes de solidarité africaine nous semble essentiel pour affronter avec succès et équilibre l'avenir avec, en corollaire, une moindre dépendance externe aux stratégies internationales et une plus forte souveraineté.

Faute de considérer les inégalités comme un enjeu majeur, y compris sur le plan géopolitique, nous restons pessimistes sur la capacité des pays africains à dégager une croissance harmonieuse pour les décennies à venir.

L'OBJECTIF DE LA FONDATION MO IBRAHIM

Mo Ibrahim est un entrepreneur anglo-soudanais. Fondateur de l'entreprise de télécoms Celtel, il fait fortune lors la revente en 2005 de sa société à des fonds koweitiens. Il souhaite dès lors promouvoir la bonne gouvernance en Afrique et crée ainsi la fondation éponyme en 2006.

Il souhaite en particulier mettre l'accent sur la lutte contre la corruption et prône l'alternance démocratique.

En 2007, l'indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) a été mis en place pour mettre en valeur les bonnes pratiques des politiques publiques, et ainsi classer les pays africains selon leurs performances.

LA MÉTHODOLOGIE

L'indice composite comprend des indicateurs répartis selon quatre thématiques :

− Sécurité et État de Droit− Participation et Droits de L’homme− Développement Économique Durable− Développement Humain

La méthodologie, parfaitement décrite sur le site de la fondation, indique par exemple que les données utilisées doivent être disponibles dans la plupart des pays ou encore être suffisamment récentes. Tous les indicateurs utilisés sont présentés en détail.

D'une manière générale, on peut considérer que l'indice est parfaitement transparent dans sa construction.

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LE CLASSEMENT IIAG

En 2013, les 10 premiers pays au palmarès sont les suivants, et par ordre décroissant :

− Île Maurice, Botswana, Cap Vert, Seychelles, Afrique du Sud, Namibie, Ghana, Tunisie, Lesotho, Sénégal.

La fondation remet régulièrement un prix aux dirigeants les plus méritants. A ce jour, seuls trois dirigeants africains ont été récompensés :

− Joaquim Chissano (Mozambique) en 2007 ;− Festus Mogae (Botswana) en 2008 ;− Pedro Pires (Cap Vert) en 2011.

LECTURE CRITIQUE DU « TOP 10 » DE L'IIAG

L'intérêt de l'IIAG est de pouvoir classer les pays africains suivant un certain nombre de critères de gouvernance.

Sur la base de la méthodologie employée et des critères retenus, le classement obtenu reflète a priori correctement la réalité. On peut par ailleurs faire également un lien avec le système de scoring de l'ONG Transparency International, organisation de référence internationale en matière d'évaluation de la perception de la corruption. Nous constatons que nous retrouvons les mêmes tendances en termes de classement des pays africains. Le graphique ci-dessous montre la forte corrélation entre les deux systèmes de scoring :

NB : l'IIAG n'intègre pas le Soudan ni le Soudan du Sud.

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Dans la lecture du palmarès IIAG, nous souhaiterions cependant attirer l'attention sur l’existence d'un certain nombre de biais et également d'insuffisances pouvant donner lieu à des interprétations trop étendues de la qualité de la gouvernance et conduisant probablement à considérer à tort que des pays très bien classés constituent des modèles absolus en Afrique et qu'il conviendrait pour les pays mal classés de suivre cette voie.

− Le poids de l'Aide Publique au Développement

L'un des points intéressants à observer en Afrique est le montant de l'Aide Publique au Développement (APD). Certains pays en bénéficient d'une manière forte, d'autres beaucoup moins. Le graphique ci-dessous présente les scores obtenus par l'IIAG et les montants APD/habitant en 2011 :

Le graphique ne montre pas de corrélation évidente entre niveau de pauvreté et niveau d'APD. On relève ainsi que des pays comme le Cap Vert, l'Île Maurice, les Seychelles et la Namibie sont très bien notés dans l'IIAG et bénéficient d'une forte APD. Or ce sont des pays qui sont déjà parmi les plus riches du continent africain.

Un pays comme le Niger (383 USD de Revenu National Brut par Habitant en 2011), l'un des plus pauvres du continent, reçoit douze fois moins d'APD/habitant que le Cap Vert, qui est déjà dix fois plus riche (3838 USD de RNB/Hab en 2011). Par ailleurs, la moitié des dix premiers pays classés dans l'IIAG sont ainsi parmi les plus riches d'Afrique avec un Revenu National Brut par habitant supérieur à 5,000 USD par an : les Seychelles (11,758 USD), l'île Maurice (8124 USD), l'Afrique du Sud (7,508 USD), le Botswana (7,191 USD). Seuls la Guinée Equatoriale (24,036 USD), la Libye (12,320 USD), le Gabon (11,430 USD) et l'Angola (5,485 USD) sont mal classés; comme le sont généralement les pays pétroliers dans tous les classements internationaux sur la transparence.

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Nous considérons ainsi que les pays africains ne luttent pas à armes égales pour pouvoir développer les outils de gouvernance et correctement développer leur croissance et des politiques publiques de qualité.

Nous pourrions ainsi penser que certains dirigeants politiques africains ont davantage de mérite à obtenir de bonnes performances malgré une APD limitée comparativement à d'autres dirigeants dont les pays sont très largement sponsorisés par l'aide extérieure. C'est d'ailleurs l'une des anomalies en Afrique de l'APD, où celle-ci n'est pas proportionnelle aux besoins réels des populations.

Les disparités de l'APD en Afrique sont un fait qui, d'une certaine manière, apparaissent dans l'IIAG (de même que pour le scoring de Transparency International).

− De profondes inégalités de revenus parmi les premiers du classement IIAG

On sait parfaitement que les inégalités sont aujourd'hui très fortes en Afrique. Mr Mo Ibrahim l'a d'ailleurs souligné dans plusieurs interviews. Si les inégalités sont globalement importantes, il existe une grande hétérogénéité des situations.

Nous avons comparé le scoring de l'IIAG avec le dernier coefficient de Gini proposé par la Banque Mondiale (BM) pour chaque pays.

Pour certains pays africains, nous ne disposons par du coefficient de Gini, pour les autres, en considérant que les méthodes de calcul peuvent varier d'un pays à l'autre, il permet néanmoins de dégager des tendances sur le niveau des inégalités. Sur la base des données disponibles (BM), nous obtenons ainsi ce graphique :

NB : la Banque Mondiale ne propose pas de coefficient de Gini pour la Libye, le Congo, la Guinée Equatoriale, l'Erythrée, la Somalie.

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Nous constatons que, parmi les pays les mieux classés de l'Indice, figure un grand nombre de pays très inégalitaires, ce qui pose la question de la répartition des richesses au sein même de ces pays. A titre indicatif, le coefficient de Gini pour la France est estimé à environ 0,32 par la Banque Mondiale (entre 0,25 et 0,27 pour les pays scandinaves, zone géographique la plus égalitaire au monde) ; tous les pays africains sauf l'Egypte seraient très largement au-dessus de cet indice.

Certains pays comme les Seychelles, l'Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, le Lesotho ou encore le Cap Vert ont des coefficients de Gini au-delà de 0,50 (certains au-dessus de 0,65), se situant dans les records mondiaux. Six des dix premiers de l'IIAG sont donc extrêmement inégalitaires.

Nous considérons qu'il est particulièrement dangereux de mettre en avant de tels pays comme ayant de bonnes pratiques : la répartition des richesses est en effet très inégale, ce qui implique notamment que leurs politiques fiscales sont déséquilibrées. A ce titre, un observatoire des inégalités en Afrique s'avère aujourd'hui indispensable devant l'opacité qui entoure les inégalités sur le continent.

On lira également avec grand intérêt le rapport Oxfam sur les politiques fiscales en Afrique, sujet malheureusement peu traité et pourtant fondamental si on souhaite parler de redistribution.

Pour de nombreux experts internationaux, le taux de 0,4 pour le coefficient de Gini constitue un seuil d'alerte considérant qu'au delà des troubles importants peuvent survenir en raison même des disparités de revenus et des tensions générées par ces inégalités.

Force est de constater qu'en Afrique, le seuil de 0,4 a été dépassé sur une très large majorité de pays ce qui implique, au delà de l'injustice sociale, une beaucoup plus grande fragilité des états. Les inégalités sont d'autant plus sensibles dans une société que la mobilité sociale est faible ; les populations issues de milieux défavorisés et ayant peu de chances d'accéder à l'ascension sociale sont alors plus promptes à se révolter contre les pouvoirs en place.

Les conflits inter-ethniques, les putschs font-ils partie du passé ou bien ont-ils encore de l'avenir lorsqu'on analyse le terreau des inégalités sur lequel ils peuvent potentiellement prospérer ? Il conviendrait peut être de s'interroger sur le coût exorbitant des inégalités en Afrique sur le plan humain, social, économique, politique, sécuritaire et même militaire.

A ce titre, nous pourrions évoquer certaines réflexions du Pr Dominique Kerouedan en faisant un détour par la dimension géopolitique de la santé en Afrique (Article « Comment la santé est devenu un enjeu géopolitique », Le Monde Diplomatique, juillet 2013):

« Le Fonds mondial voit le jour grâce à la mobilisation des membres du G8 par M. Annan. Loin du « fonds santé et sida » recommandé, le mandat du partenariat public-privé (PPP) mondial porte seulement sur le sida, la tuberculose et le paludisme. La politique de sécurité nationale américaine se nourrit de peurs plus ou moins fondées contre lesquelles il faut lutter : le communisme, le terrorisme, les maladies… Tels sont les « traumatismes » inspirant les politiques de défense des Etats-Unis, qui n’hésitent pas, pour défendre leurs positions sur les enjeux de santé mondiale, à instrumentaliser le Conseil de sécurité des Nations unies. »

A l'instar de la préoccupation américaine sur le danger du VIH en Afrique pour sa propre sécurité nationale, faudrait-il agiter l'épouvantail des inégalités en Afrique auprès du conseil de sécurité des Nations Unies pour considérer qu'il s'agit là d'une menace particulièrement forte pour la sécurité et les intérêts des pays riches afin que les choses avancent enfin dans le bon sens pour les populations africaines ?

− Des indicateurs de santé retenus dans l'IIAG qui sont partiels

L'IIAG retient pour le Développement Humain 22 indicateurs, dont 6 pour la santé : mortalité maternelle, mortalité infanto-juvénile, vaccination, traitements antirétroviraux, lutte contre la tuberculose et le paludisme, sous-nutrition. Ce sont des indicateurs intéressants, que l'on retrouve systématiquement utilisés par les grands bailleurs ou agences de développement internationaux, mais qui ne couvrent pas nécessairement toutes les facettes des problématiques de santé.

De nombreuses maladies, qui pourtant figurent parmi les priorités de santé en Afrique, ne sont pas prises en compte

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dans l'IIAG, peut-être parce que largement ignorées par la communauté internationale qui préfère se focaliser sur quelques maladies - à travers notamment des approches verticales - sur lesquelles elle communique abondamment.

Les hépatites virales, par exemple, constituent un fardeau très important en Afrique (les taux de prévalence y sont parmi les plus élevées au monde, jusqu'à 20%) et particulièrement mal évalué du fait du désintérêt des organisations internationales. Dans de nombreux pays africains pourtant, les hépatites tuent beaucoup plus que le VIH/Sida. Le sous-investissement des bailleurs sur de nombreuses maladies non prioritaires explique leur mauvaise évaluation sur le plan épidémiologique et l’inexactitude des statistiques de mortalité, parfois déconnectées de la réalité.

L'IHME (Institute of Health Metrics and Evaluation, USA) évalue ainsi en Afrique des taux de mortalité liée aux hépatites très faibles du fait de méthodes de calcul biaisées, peu de données officielles étant disponibles. Ces évaluations sont ensuite reprises dans des documents à large diffusion internationale comme le Global Burden of Disease qui donnent à de nombreux décideurs une image faussée de la réalité de cette pandémie.

L'OMS, de son côté et bien que les hépatites soient considérées comme l'une des quatre priorités internationales de santé publique (avec le VIH, la tuberculose et le paludisme), n'est toujours pas en mesure de proposer une estimation des décès pour le continent africain, alors que dans le même temps, pour chaque pays africain, existent des batteries d'indicateurs de décès pour le VIH, la tuberculose, le paludisme, la mortalité maternelle, la mortalité infanto-juvénile, etc...

Avec près de 120 millions d'africains infectés par une hépatite B ou C, nous sommes face à « trou noir » statistique, et cela malgré les dégâts liés aux co-infections VIH-Hépatites. On rappellera par exemple qu'en France, les hépatites tuent plus de dix fois plus que le VIH/Sida. Une évaluation correcte des décès liés aux hépatites en Afrique ferait très probablement passer ces affections devant le VIH/Sida à l'échelle internationale comme serial killer, ce qui serait de nature à modifier la géopolitique de la santé à laquelle nous avons été conditionnés.

On voit bien, à travers cet exemple des hépatites, que l'IIAG ne peut pas tenir compte de la quatrième priorité de santé publique internationale, du fait de l'inexistence de statistiques d'organisations internationales comme l'OMS pour l'Afrique.

A vouloir focaliser la performance dans la santé sur quelques indicateurs partiels, on incite les pays qui souhaiteraient avoir de bons scores globaux à concentrer leurs politiques de santé sur des éléments spécifiques et non holistiques. Ceci n'incite pas à développer des politiques globales de santé publique qui permettraient d'appréhender les maladies, non pas selon l'agenda des bailleurs internationaux, mais sur la base des propres priorités de santé qui diffèrent très largement d'un pays africain à l'autre.

Par ailleurs, à vouloir se concentrer sur quelques maladies en Afrique, très largement pilotées par des organisations internationales, on accentue la dépendance des états africains vis-à-vis de l'extérieur. Doit-on considérer un pays performant dans la lutte contre le VIH en fonction du pourcentage de patients placés sous antirétroviraux ou bien du pourcentage de la population infectée ?

Il est à ce titre intéressant de relever les taux de prévalence du VIH en Afrique en fonction des coefficients de Gini estimés (voir graphique page suivante) :

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NB : ONUSIDA ne propose pas de taux de prévalence pour Syechelles sur son site.

En observant le graphique, on est frappé de constater que des pays très inégalitaires, et parmi les plus riches d'Afrique, sont autant impactés par le VIH. Ces mêmes pays (Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Lesotho) figurent dans le « top 10 » de l'IIAG. Ne faudrait-il pas plutôt considérer que la lutte contre le VIH/Sida a été un grand échec dans ces pays, du fait même des inégalités particulièrement élevées et d'un manque de solidarité évident entre classes sociales pour financer une prévention correcte, les nouvelles infections VIH/Sida restant, hélas, année après année, toujours très élevées sur le continent.

On pourra à ce titre se demander pourquoi le fonds mondial (VIH, Tuberculose, Paludisme) finance des programmes de lutte contre le Sida dans certains pays d'Afrique Australe, fortement touchés par ce fléau, alors que la plupart de ceux-ci ont des revenus par habitant élevés (Afrique du Sud, Namibie, Botswana) et pourraient eux mêmes les financer grâce à la compression des inégalités. Dans le même temps, des pays africains pauvres, dont les pays du Sahel très touchés par les hépatites, ne voient aucun financement pour cet autre fléau (ce n'est pas le seul). Cette situation ne dédouane-t-il pas d'une certaine manière les élites de pays africains riches de leur propre devoir de solidarité vis-à-vis de leurs compatriotes pauvres et ne concourt-il pas in fine au maintien de très fortes inégalités au sein de ces pays ?

Il convient enfin de rappeler que peu de pays africains atteindront en 2015 les OMD de Santé, et de très nombreuses maladies importantes en Afrique ont été laissées à l'abandon du fait des choix spécifiques des bailleurs internationaux, les données épidémiologiques pour ces maladies étant faibles et parfois peu fiables du fait du sous-investissement. Il y a là matière à réflexion, l'IIAG s'aligne d'une certaine manière sur la vision internationale du fait des indicateurs retenus. Il serait pourtant préférable d'évaluer la capacité des pays africains à appréhender leurs propres priorités et à développer des programmes spécifiques et intégrés dans leurs systèmes de santé.

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− Certaines performances au bénéfice des populations assez disparates, focus sur la mortalité infanto-juvénile

La MIJ est un excellent indicateur pour mesurer la performance d'un système de santé et l'un des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L'objectif de l'OMD n°4 est d'obtenir 66% de baisse de la MIJ entre 1990 et 2015, soit environ 4,2% en moyenne annualisée sur la période. En utilisant les données de mortalité infanto-juvénile (MIJ) de l'UNICEF pour 1990 et 2011, nous pouvons calculer un taux de baisse annuel pour chaque pays sur cette période.

Si nous regardons maintenant les performances de baisse annuelle de la MIJ de 1990 à 2011 pour les pays africains, on peut constater sur le graphique ci-dessous que les 10 premiers pays de l'IIAG ne sont pas tous très performants.

En 2011, peu de pays bien classés de l'IIAG sont sur la bonne trajectoire pour atteindre ou dépasser l'OMD n°4; quatre pays seulement ont de bonnes performances (Tunisie, Cap Vert, Sénégal, Botswana). Le graphique nous permet de constater que le deuxième groupe (pays classés de 11 à 20) obtient globalement de meilleures performances que le premier groupe (pays classés de 1 à 10) pour la baisse de la MIJ entre 1990 et 2011.

Il est fortement probable que le poids des inégalités joue très défavorablement pour certains pays. L'étude de la MIJ au sein des pays de l'OCDE montre que les pays à faibles inégalités (Suède, Finlande) présentent des taux de mortalité bien plus faibles (de l'ordre de 3 décès pour 1000 naissances, selon l'UNICEF en 2011) que des pays à fortes inégalités comme les USA (8 pour 1000), bien que les revenus par habitant y soient du même ordre de grandeur. De même, Cuba, avec un revenu national par habitant près de neuf fois inférieur à celui des USA, présente pourtant un meilleur profil de MIJ.

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On notera en revanche le tir groupé de très haut niveau des pays d'Afrique du Nord (Egypte, Tunisie, Libye, Maroc, Algérie) qui ont certainement eu, durant ces dernières décennies, des politiques de santé beaucoup plus autonomes et focalisées sur leurs propres priorités que de nombreux pays d'Afrique Sub-Saharienne qui suivent les directives et stratégies (souvent changeantes) des bailleurs internationaux qui les financent. Concomitamment à de puissants efforts d'alphabétisation, la baisse de la MIJ en Afrique du Nord depuis 1970 est absolument remarquable sur le plan international. La Tunisie en tête, puis l'Egypte, la Libye, l'Algérie ont très largement dépassé le taux de 4,2% de baisse annuelle de MIJ et enfin le Maroc, qui s'en approche de près, et cela sur une longue durée de 40 années avec différents cycles économiques. Peu de pays hors du continent africain ont été capables de dégager de telles performances sur la durée (on citera la Chine, l'Iran, le Brésil, le Chili ou encore la Malaisie qui ont été également très performants). En Afrique Sub-Saharienne, seul le Cap Vert a battu le taux de 4,2% sur 40 ans, l'île Maurice s'en approchant, puis les îles Seychelles, le Botswana et enfin le Sénégal avec une bonne performance de près de 3,6% de baisse de la MIJ par an. La performance du Sénégal est d'autant plus appréciable si l’on considère l'APD/hab moyenne perçue par ce pays comparativement à des aides très élevées du Cap Vert, des îles Seychelles ou encore du Botswana sur toute cette période.

Ainsi, la question que nous devons ainsi nous poser est la suivante : comment les pays les plus performants de l'IIAG ont-ils pu apporter des améliorations concrètes à leurs populations ? En prenant la MIJ comme indicateur, on ne voit pas de corrélation évidente entre meilleurs élèves et meilleures performances obtenues dans la santé au cours des vingt dernières années.

− L'impact négatif des inégalités sur d'autres indicateurs, comme la criminalité

Sans chercher à passer en revue tous les indicateurs sélectionnés par l'IIAG, on relèvera avec intérêt celui de la sécurité de la personne. Le niveau d'homicides est généralement un reflet assez sensible des inégalités existant dans un pays : criminalité basse dans les pays européens, en particulier scandinaves (autour de 1 homicide par an et pour 100 000 habitants, données Banque Mondiale de 2011), moyenne aux Etats-Unis (4,75), puis élevée au Brésil (21) et enfin très élevée dans certains pays d'Amérique Centrale ou aux Caraïbes (Colombie - 31, Honduras - 91, Jamaïque - 40), également marqués par la criminalité liée au trafic de stupéfiants.

Pour l'Afrique, on distingue très nettement une différence entre l'Afrique du Nord, où la criminalité est faible (Tunisie : 1,14 ; Maroc : 1,4 et Algérie : 1,5), et l'Afrique Sub-saharienne où le taux d'homicides est généralement élevé sur le plan international. Parmi les moins criminogènes, on relèvera des pays comme le Mali ou le Sénégal (autour de 8), jusqu'à des taux supérieures à 30 pour les pays les plus violents.

Par exemple, dans le « top 10 » du palmarès IIAG, on note ainsi des taux d'homicides particulièrement élevés : Lesotho (35,19), Afrique du Sud (31,8), Namibie (17,23), Botswana (14,48).

Le choix des indicateurs n'est jamais neutre, il traduit la manière dont on conçoit le modèle idéal. De notre point de vue, des sociétés fortement criminogènes ne relèvent pas de la bonne gouvernance, elles caractérisent bien souvent des sociétés très inégalitaires, parfois marquées par le crime organisé, dont l'impact sur le bien-être des citoyen est très défavorable.

D'une certaine manière, la composition de l'IIAG et ses résultats traduisent une vision assez libérale de la société sur un modèle plutôt anglo-saxon. Nul doute que les pays anglo-saxons sont dans leur ensemble plus transparents par exemple que les pays latins, et la culture des marchés financiers n'y est pas étrangère. Néanmoins, si le modèle libéral favorise les inégalités et présente des cycles économiques plus heurtés, il n'est pas nécessairement le mieux à même de diminuer sensiblement la grande pauvreté qui affecte singulièrement les populations africaines.

La vision scandinave, qui allie la transparence et des inégalités faibles, mais également de bonne performances économiques et un taux de chômage très inférieur à la moyenne européenne - c'est-à-dire présentant de nombreux points forts sur un nombre étendu de thématiques et donc plus équilibrée - nous semble bien plus pertinente à étudier pour les pays africains. Sur les quatre thématiques sélectionnées par l'IIAG (Sécurité et État de Droit, Participation et Droits de L’homme, Développement Économique Durable, Développement Humain), on sait par exemple que les pays scandinaves sont très performants dans chacune d'entre elles. Malheureusement les pays scandinaves ont un faible poids dans la géopolitique de l'Aide au Développement, bien que les plus généreux en pourcentage de leur PIB, ce qui ne concoure pas à favoriser ce type de modèle en Afrique où les Etats Unis restent l'acteur le plus puissant et le plus

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influent.

CONCLUSIONS :

Au fil des ans, l'IIAG est devenu un indice de référence en Afrique ; dont les scores sont proches en tendance de ceux de l'ONG Transparency International. La presse africaine communique abondamment sur les bons et mauvais élèves du continent sur la base du classement obtenu. Or, à travers les quelques éclairages que nous venons de donner (poids de l'APD, inégalités de revenus, choix des indicateurs de santé, focus sur la mortalité infanto-juvénile), nous souhaitons attirer l'attention sur la nécessité d’une lecture critique des meilleurs scores.

Nul doute que l'IIAG a le mérite d'exister, mais il conviendrait de ne pas extrapoler les résultats en considérant que les pays les mieux notés constituent l'excellence absolue de la gouvernance. Des biais importants comme l'APD génèrent des distorsions significatives entre pays africains, ce qui, in fine, aura un impact élevé sur le scoring IIAG.

Il est important de s’entendre sur la définition même de la gouvernance. S'il s'agit de mettre en avant la performance intrinsèque de dirigeants politiques dans leurs capacité à mettre en œuvre des politiques publiques transparentes, efficaces et qui bénéficient à toutes les populations; nous pensons alors que l'IIAG est insuffisant.

Dans les 10 premiers de l'IIAG, nous voyons sans conteste des pays avec un niveau de transparence élevée, mais nous ne pensons pas qu'ils constituent pour autant les modèles incontournables à suivre, soit parce que certains pays sont très inégalitaires et donc injustes sur le plan social, soit parce que certains sont bien davantage aidés que d’autres et donc non reproductibles à l'échelle continentale, soit enfin parce que certaines performances sont discutables, nous l'avons vu avec l'exemple de la baisse de la mortalité infanto-juvénile sur la période 1990-2011.

L'un des plus grands challenges actuels de l'Afrique se situe dans la capacité de ses dirigeants à agir pour que le fruit de la croissance soit partagé par les populations de manière inclusive. De nombreuses études ont démontré que l'abaissement du coefficient de Gini a un impact positif élevé pour réduire la pauvreté, la criminalité, les conflits sociaux, améliorer la santé, etc... et probablement, si l’on considère l'Afrique, pour diminuer les risques de conflits, toujours d'actualité. C'est d'ailleurs l'une des critiques majeures que l'on peut faire aux OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) : ne pas avoir mis l'accent sur la compression des inégalités pour atteindre les buts fixés. Malheureusement, les inégalités ne sont pas encore perçues comme un enjeu géopolitique.

On peut également constater que les pays scandinaves ont eu cette intelligence collective de partager leur croissance avec l'ensemble de leurs populations et d’en faire des pays particulièrement performants dans de nombreux domaines, y compris la transparence publique. Nous n'en prenons hélas pas le chemin en Afrique et l'IIAG, s'il est indiscutablement utile et louable dans son intention initiale, ne donne pas encore la clef pour refléter cette impérieuse nécessité de croissance durable, équilibrée et partagée pour tous les africains. Un changement des paradigmes est indispensable, que ce soit chez les bailleurs internationaux qui ne doivent plus imposer des modèles standardisés aux pays africains, ou chez les dirigeants africains qui doivent libérer leurs énergies internes et favoriser l'esprit critique en se concentrant sur leurs priorités de développement.

Nous pourrions enfin évoquer Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, qui, dans son livre « Le prix de l'inégalité » publié en 2012, fustige la forte montée des inégalités dans le monde depuis 20 ans. De nombreuses remarques de Stiglitz sont pertinentes, nous en proposons une ci-dessous, dont la première partie nous semble bien prise en compte par l'IIAG, mais dont la deuxième nous paraît beaucoup moins évidente :

« Dans une économie moderne, l'État établit et fait respecter les règles du jeu. Il donne aussi les ressources. Et par le biais des impôts et des dépenses sociales, corrige la répartition du revenu qui émerge du marché. »

Depuis sa création, la fondation Mo Ibrahim n'a pas toujours décerné annuellement un prix d'excellence à un dirigeant africain, considérant que les candidats potentiels ne réunissaient pas obligatoirement tous les critères souhaités ; c'est tout à son honneur de ne pas être complaisant. Les inquiétudes de Mr Mo Ibrahim sur les inégalités en Afrique, que nous partageons, ne se traduisent pas encore dans le palmarès de l'IIAG qu'il a créé. Notre critique se veut avant tout constructive, et nous espérons que cet indice unique en Afrique pourra s'enrichir pour proposer, au-delà du respect strict de la transparence et de la bonne gouvernance, une prise en compte du besoin de forte solidarité que les peuples africains attendent au travers d'un New Deal et du leadership éthique de leurs dirigeants.

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INÉGALITÉS EN AFRIQUE LECTURE CRITIQUE DU CLASSEMENT ISSU DE L'INDICE IBRAHIM DE LA GOUVERNANCE AFRICAINE

Janvier 2014.

Bertrand LivinecInitiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites (IPLH)Email : [email protected]

LEXIQUE :

Aide Publique au Développement (APD) :− Par aide publique au développement (ou APD), on entend l'ensemble des aides financières, prévues au budget

de l'État, et transférées aux pays en voie de développement.

Coefficient de Gini :− Le coefficient de Gini est une mesure statistique de la dispersion d'une distribution dans une population

donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini. Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l'égalité parfaite et 1 signifie l'inégalité totale. Ce coefficient est très utilisé pour mesurer l'inégalité des revenus dans un pays.

Revenu National Brut (RNB) :− Il correspond à la somme des revenus (salaires et revenus financiers) perçus, pendant une période donnée, par

les agents économiques d'une même nationalité.

RÉFÉRENCES :

Classement de la fondation Mo Ibrahim :http://www.moibrahimfoundation.org/fr/interactives/

Indicateurs retenus dans l'IIAG :http://www.moibrahimfoundation.org/downloads/2013/2013-IIAG-structure.pdf

Données de la Banque Mondiale :

− Coefficient de Gini :http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI?display=default

− Aide Publique au Développement (APD) par habitant :http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/DT.ODA.ODAT.PC.ZS/countries?display=default

Données UNICEF :

− Revenu National Brut (RNB) par Habitant, Taux de mortalité infanto-juvénile en 1990 et 2011, exemple du Sénégal (fiche statistiques de l'UNICEF) :

http://www.unicef.org/french/infobycountry/senegal_statistics.html

Données ONUSIDA :− Taux de prévalence du VIH :

http://www.unaids.org/fr/

Rapport Oxfam :

− Politiques fiscales dans les pays en développement :http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/rr-owning-development-domestic-resources-tax-260911-summ-fr.pdf

Initiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites (IPLH) :http://hepatitesafrique.org/

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Enfin, quelques lectures que nous recommandons :

Sur les inégalités :

− Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous, de Richard Wilkinson et Kate Pickett (version française parue dans l'édition « Les petits matins » en 2013)

− Le Prix de l'Inégalité, par Joseph Stiglitz (version française parue dans l'édition « Liens qui liber » en 2012)− Inégalités de Santé en Afrique, par le Pr Dominique Kerouedan :

http://www.college-de-france.fr/site/dominique-kerouedan/course-2013-02-28-11h00.htm

Sur la géopolitique de la Santé :

− Géopolitique de la santé mondiale, leçon inaugurale au Collège de France, par le Pr Dominique Kerouedan :http://books.openedition.org/cdf/2291

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