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INFOS Association de branche nationale des institutions pour personnes avec handicap – Le magazine N o 40 | Décembre 2012 Services en plein boom Toujours plus d’ateliers proposent du travail en contact direct avec la clientèle, dans le cadre de prestations de services attrayantes. Pages 2-7 «Nous sommes beaux!» 40 personnes avec handicap ont bénéficié de conseils en mode et en style à la fondation Brändi. Le résultat: merveilleux! Page 10 Guichet CFF d’un autre genre La FTIA a repris le guichet CFF à Giubiasco. Un gain pour tous: les apprentis, la commune et la popula- tion. Page 6

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Magazine des membres d'INSOS Suisse, décembre 2012

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INFOSAssociation de branche nationale des institutions pour personnes avec handicap – Le magazine No 40 |Décembre 2012

Services en plein boom

Toujours plus d’ateliers proposent dutravail en contact direct avec laclientèle, dans le cadre de prestationsde services attrayantes. Pages 2-7

«Nous sommes beaux!»

40 personnes avec handicap ontbénéficié de conseils en mode et enstyle à la fondation Brändi. Lerésultat: merveilleux! Page 10

Guichet CFF d’un autre genre

La FTIA a repris le guichet CFF àGiubiasco. Un gain pour tous: lesapprentis, la commune et la popula-tion. Page 6

INFOS INSOS | Décembre 2012

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Editorial

Le courage de passer de l’idée à l’acteVous est-il arrivé de faire vos courses à la Migrosde Münchenstein (BL) ou d’acheter un billet detrain à la gare CFF de Giubiasco? Avez-vous déjàescaladé les nombreuses marches pour accéder ausommet de la tour de la cathédrale de Soleure ouencore expédié une lettre ou un colis depuis lequartier de la Maladière à Neuchâtel? Dans l’affir-mative, vous aurez rencontré des personnes avechandicap travaillant dans des ateliers INSOS… Pro-bablement sans vous en rendre compte. Cela n’arien d’étonnant, vu le grand professionnalisme dontfont preuve les collaboratrices et collaborateursdes ateliers, de plus en plus nombreux d’ailleurs à fournir des prestations pour lecompte de services publics ou de particuliers. Ce professionnalisme est un must, carsi une institution pour personnes avec handicap souhaite établir ses prestations surle marché, elle doit assurer la stabilité et une qualité irréprochables. Sinon, il n’y apas de demande et donc pas de travail.

Un nombre croissant d’ateliers misent aujourd’hui sur le secteur des presta-tions. Ils y mettent beaucoup de cœur et engrangent de très beaux succès. Ce déve-loppement est fort réjouissant et tout le monde en profite. Les personnes en situa-tion de handicap, d’abord, car elles ont de plus en plus de contact avec la clientèle,apprennent à entrer en relation avec d’autres personnes et à soigner ces relations;elles touchent au marché du travail primaire dans un contexte normal (comme lespersonnes sans handicap), mais dans un cadre tout de même protégé. Ensuite, lesparticuliers et les services publics, qui utilisent ces prestations, bénéficient d’unservice de qualité et particulièrement flexible. Un atelier peut ainsi mettre à dispo-sition toute une équipe au lieu d’une seule personne pour pourvoir un poste, degardien d’église par exemple; une telle solution permet de couvrir les 365 jours del’année en toute souplesse. Une plus-value évidente pour tout le monde.

Enfin, les ateliers profitent, eux aussi, des nouvelles possibilités dans le domainedes prestations de services. Surtout ceux qui travaillaient précédemment en étroitecollaboration avec l’industrie ressentent les effets de la crise économique et finan-cière mondiale, qui se traduit par une baisse du nombre de mandats. Qui plus est,la concurrence des pays à bas salaire est grande, sans parler de l’automatisationcroissante du travail. La création de nouveaux emplois protégés dans le secteur desprestations peut soulager les ateliers et les aider à s’affranchir du secteur industrielet des fluctuations inévitables dans l’économie. En outre, des prestations fourniesavec un grand professionnalisme sont une carte de visite pour une institution etpeuvent lui valoir de décrocher d’autres contrats dans ce domaine.

Pour mettre sur pied de nouvelles prestations de services, il faut être disposé àexplorer les niches de marché avec le soutien de son réseau. Et surtout, il faut avoirle courage de passer de la bonne idée de prestation à l’acte. Alors, osez! Tout lemonde en profitera.

Cordialement,

Pierre-Alain UbertiDirecteur a.i. INSOS Suisse

< Photo de couverture:Restaurant Brunegg,Zurich (Photo: RobertHansen/GastroGuide).| Voir page 12

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Offres de services variées: la gaw par exemple gèredeux filiales «Migros Partenaire» à Bâle et àMünchenstein (BL). Photo| m. à. d.

Point de mire | Les ateliers développent l’offre de services

Contacts plus fréquents avec la clientèle

Il n’y a pas si longtemps, les activitésdans les ateliers pour personnes avechandicap étaient la menuiserie, la van-nerie, le tissage, le tricot, le collage oula soudure. La palette de produits étaitlimitée en conséquence et se ressem-blait un peu partout en Suisse.Il en va tout autrement aujourd’hui: lesinstitutions ont constaté, il y a plusieursannées déjà, que les femmes et leshommes avec handicap pouvaient fabri-quer – à condition de bénéficier des ins-tructions et de l’encadrement néces-saires – des produits de grande qualité,exécuter des mandats complexes et offrirdes prestations recherchées. «Le secteurdes services s’est considérablement dé-veloppé ces six à sept dernières annéesdans les ateliers», confirme Denis Mosi-mann, responsable du domaine Travail àINSOS Suisse. «Un nombre croissantd’ateliers proposent des prestations deservices intéressantes pour le secteurpublic ou pour des particuliers.» Lesmotivations économiques en sont sou-vent le moteur: ces nouvelles offres per-mettent de compenser le recul des tra-vaux effectués sur mandat (cf. éditorial).

Nombreux exemples innovateursLes exemples d’offres de services inno-vatrices et recherchées sont aujourd’huimultiples en Suisse: ils vont des servicesd’encadrement des personnes du troi-sième âge au catering, en passant parles services de livraison à domicile, l’en-tretien de WC publics, le nettoyage degrandes surfaces ou de logements pri-vés, l’entretien de parcs publics ou lesservices de jardinage. Il faut encore yajouter des succursales de la Migros etde la Poste, des gares ferroviaires, des

Il y a 25 ans, les personnes avechandicap accomplissaient des tra-vaux manuels surtout dans lesateliers. Depuis quelques années, lesecteur des services fleurit dans cesmêmes ateliers. Grâce à des idéesinnovatrices, un nombre croissantd’hommes et de femmes avec han-dicap se chargent de travaux dansle secteur public ou privé.

restaurants et des hôtels, qui sont géréspar des institutions et où travaillent deshommes et des femmes avec handicap.«Cette vaste palette montre bien quel’inventivité des institutions ne connaît(presque) pas de limites», souligne De-nis Mosimann.

Recette du succès: réseau et qualitéIl convient toutefois de respecter un cer-tain nombre d’éléments pour que le lan-cement d’une nouvelle prestation réus-sisse, relève Denis Mosimann: «Il fautavant tout un vaste réseau qui fonc-tionne bien», souligne-t-il, en précisantque ce réseau ne permet pas seulementde décrocher des mandats, mais de trou-ver des idées pour de nouveaux domainesà explorer. Une affiliation à l’union desarts et métiers locale est par conséquentindispensable. En outre, il faut savoirdétecter les lacunes du marché et surtoutaussi avoir le goût du travail bien fait.«Seuls ceux qui fournissent un travailefficace et constant pourront garder leurplace sur le marché.» Or, la qualité desprestations dépend directement de laqualité de la formation et de l’encadre-ment, tout comme d’une sélection judi-cieuse des collaboratrices et collabora-teurs: «Les personnes avec handicapdoivent être choisies en fonction de leursressources individuelles, être dûmentinstruites et accompagnées.»Denis Mosimann, à l’instar de SusanneAeschbach, responsable du domaine In-

tégration professionnelle à INSOS Suisse,estiment que l’offre croissante de presta-tions extérieures est une chance: ellepermet aux personnes avec handicapd’avoir tout naturellement des contactsdirects avec la clientèle et de travaillerdans un contexte «normal». SusanneAeschbach est d’ailleurs convaincue quede tels emplois facilitent parfois consi-dérablement le passage dans le marchédu travail primaire.

Prix du marché contre jalousiesComment les autres acteurs de ce marchéréagissent-ils à la concurrence des insti-tutions? Denis Mosimann insiste sur lefait que «les ateliers sont bien acceptéset respectés par les autres prestataireslorsqu’ils offrent leurs prestations au prixhabituel du marché et en assurent lagrande qualité». Bien sûr que l’on entendrégulièrement dire que les ateliersvendent des prestations et des produitssubventionnés, «mais ces critiques sonttout simplement injustifiées», rectifieDenis Mosimann. «Le canton ne financeni les produits ni les prestations, il prenduniquement en charge les coûts addi-tionnels liés au handicap. C’est une véri-té qu’il faut toujours et encore souligner,surtout auprès de l’USAM.»| Barbara Lauber

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Que vous utilisiez les nouveaux WC pu-blics de la Ville de Soleure, achetiez unbillet au sommet de la tour de la cathé-drale ou une brochure à la cathédraleSt.Ursen, vous allez être en contact avecdes collaboratrices et des collaborateursde la fondation Solodaris de Soleure.Cette dernière œuvre pour l’intégrationsociale et professionnelle de personnesvivant avec un handicap psychique.Solodaris travaille en collaboration avecla municipalité et la paroisse depuis plu-sieurs années déjà. Avec succès. En mars2010, la Ville de Soleure a ouvert sa pre-mière installation de WC publics, dontl’entretien est assuré par six à huit col-laborateurs de Solodaris et de l’entre-prise sociale ProWork à Granges. Lescontacts avec la paroisse ont été nouésdans le sillage d’un incendie criminel àla cathédrale en janvier 2011. La pa-roisse a demandé à la fondation si ellepouvait mettre à disposition du person-nel pour surveiller la cathédrale et uneéquipe flexible pour la tour. Aujourd’hui,cinq personnes assurent la surveillancede l’église 365 jours par an et cinqautres le gardiennage de la tour.

Une situation «win-win»Cette coopération ne profite pas seule-ment aux communes, mais aussi et sur-tout aux collaborateurs. Christian Ur-ben, directeur suppléant de l’atelierSolodaris Wyssestei, en est convaincu.«C’est une situation où tout le mondeest gagnant.» Les emplois «sur le front»sont très appréciés: il y a toujours beau-coup d’intéressés. «Beaucoup de noscollaboratrices et collaborateurs pré-fèrent un emploi à l’extérieur au travailà l’atelier», souligne Christian Urben. Ilsaiment le contact avec la clientèle etracontent souvent l’une ou l’autre ren-contre passionnante qui a enrichi leurjournée de travail.| Barbara Lauberwww.solodaris.ch

Entretien de WC publics

Au service dupublic

Des collaborateurs de Solo-daris assurent l’entretien deWC publics et sont gardiensd’une tour et d’une église.

Service d’assistance | sintegrA Zurich

Aider, soutenir, assister

Ils font les courses pour des personnesâgées ou avec handicap, se chargent detâches ménagères, leur tiennent compa-gnie, les accompagnent en promenade,en excursion, à des spectacles ou chez lemédecin, ou vont de temps à autre dînerau restaurant avec eux. L’année dernière,les 120 collaborateurs du service d’assis-tance de sintegrA Zurich ont accompliplus de 25 000 heures d’intervention.Ce qui distingue ce service d’assistancedes autres, c’est que les collaborateurssavent d’expérience ce que signifie«avoir besoin d’aide». Ils sont eux-mêmes aux prises avec des troubles psy-chiques et touchent par conséquent unerente AI. «Chez nous, ils trouvent untravail flexible dans un cadre protégéainsi qu’un encadrement sérieux par desprofessionnels», explique Elisabeth Kro-nenberg, directrice de sintegrA. Huit

Ils ont eu eux-mêmes besoin desoutien à un moment de leur vie.Aujourd’hui, ces 120 hommes etfemmes avec un handicap psychiqueencadrent à leur tour des personnesâgées ou handicapées dans le cadredu service de sintegrA.

collaborateurs travaillent aujourd’huidans les soins à domicile psychiatriques.Mis en place récemment, ce service estspécialisé dans les soins et l’assistanceaux personnes avec un handicap psy-chique. «Nos collaborateurs bénéficientd’une formation interne de cinq mois,basée sur leur propre expérience de lamaladie et leur permet de fournir uneassistance professionnelle», expliqueElisabeth Kronenberg. Le service d’assis-tance de sintegrA propose égalementdes soins à domicile classiques, assuréspar du personnel au bénéficie d’une for-mation soignante.Pour travailler dans le service d’assis-tance, il faut commencer par suivre uncours spécialisé durant 13 semaines.«Les élèves y apprennent à fournir untravail relationnel professionnel, de ma-nière indépendante et efficace, toutcomme à être attentifs et respectueuxdans les rapports avec les personnesencadrées», précise E. Kronenberg. Lescollaborateurs profitent également de cetravail relationnel, «qui leur permetd’évoluer, de trouver une certaine stabi-lité et la confiance en eux-mêmes. Cesmétamorphoses sont toujours un bon-heur pour moi.» . | Barbara Lauberwww.betreuungsdienst-zh.ch

Service d’assistance de sintegrA Zurich: l’élémentfondamental est le travail relationnel professionnel.Photo | m. à d.

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La gaw propose plus de 30 emplois dans ses deuxfiliales «partenaire Migros». Photo | m. à d.

Partenaire Migros | gaw, Gesellschaft für Arbeit und Wohnen

Formation et emploi dans la vente

En 2000 et 2002 respectivement, la gaw(Gesellschaft für Arbeit und Wohnen) arepris entièrement, de la coopérativeMigros bâloise, la gestion de deux filiales,Zollweiden à Münchenstein (BL) et Zür-cherstrasse à Bâle. Plus de 30 personnesayant des difficultés d’apprentissage oudes capacités restreintes travaillent au-jourd’hui dans ces deux magasins. Ellesbénéficient d’un emploi protégé, d’unentraînement en vue du travail ou d’uneformation (spécialiste ou assistant-e ducommerce de détail). Des stages y sontégalement proposés, tout comme des for-mations élémentaires internes et des for-mations pratiques (FPra) selon INSOS.

Personnel spécialisé de la MigrosLa gaw a repris les responsables de filiale,leurs suppléants et les chefs de rayon dela Migros; ils travaillaient dans le com-

La gaw à Bâle gère deux filiales dela Migros depuis douze ans. Avecsuccès. Plus de 30 personnes avechandicap y trouvent des places deformation et des emplois intéres-sants.

merce de détail depuis plus de dix ans etont suivi des perfectionnements en inté-gration professionnelle afin de soutenirleurs collègues dans leur travail quoti-dien. En sa qualité de partenaire Migros,la gaw s’approvisionne à 75 pour centauprès de la Migros, assortiment qu’ellecomplète par des articles de marque, desboissons alcoolisées et des cigarettes.Le contact intensif avec la clientèle del’institution est synonyme de défis nou-veaux au quotidien, explique ThomasObert, responsable du domaine Produc-tion et commerce de détail à la gaw.Ainsi, tout doit fonctionner normalementmême si un collaborateur est en crise etne peut pas travailler. Mais il précise que«les expériences sont très positives dansl’ensemble». Il est appréciable surtoutqu’avec le temps les collaborateurs nesoient plus perçus comme des «clients».«Pour les clients du magasin, ils font peuà peu partie du personnel de la Migros ducoin, tout simplement.»

Vaste offre de prestationsLa gaw offre encore d’autres prestationsattrayantes: elle gère un service party etcatering, le restaurant Balade à Bâle, la

cantine de l’école professionnelle et lacuisine de la maison Dalbehof pour letroisième âge. Enfin, elle fabrique lesdélicieuses glaces de la marque tradition-nelle Gelati Gasparini dans sa manufac-ture de Müchenstein. | Barbara Lauberwww.gaw.ch

Un service apprécié: l’agence postale au FoyerHandicap. Photo | m. à d.

Agence postale | Fondation Foyer Handicap à Neuchâtel

Une agence postale pour le quartier

Lorsque la Poste du quartier de la Mala-dière à Neuchâtel a fermé ses portes, laFondation Foyer Handicap a eu l’idée gé-niale d’ouvrir une agence postale à sonsiège, en suivant l’exemple des épiceriesde village. Les habitants du quartierpeuvent y chercher des colis ou des lettresrecommandées, prélever de petitessommes d’argent, envoyer des lettres oudes paquets. Par contre, il n’est pas pos-sible d’y faire des paiements.

Deux pierres d’un coup grâce àl’agence postale au Foyer Handicapà Neuchâtel. Les habitants du quar-tier gardent leur poste et pour lefoyer, la clientèle est synonyme decontacts sociaux.

«Cette prestation en faveur du quartier faitses preuves depuis six ans. Elle est trèsappréciée», déclare Nicolas Jaccard, direc-teur de Foyer Handicap. Sans cette agence,les gens devraient aller jusqu’à la Posteprincipale. Nicolas Jaccard est très recon-naissant à la Poste pour sa largesse d’es-prit, qui a permis à ce projet de voir lejour. Parce que le Foyer Handicap et sonatelier en profitent aussi: la clientèleouvre une porte sur le monde extérieur.L’intégration sociale est plus tangible en-core pour les six personnes avec un handi-cap physique qui travaillent à tour de rôleau guichet, sous la supervision d’un maîtresocio-professionnel.Contrairement à ce qui avait été initiale-ment prévu, tous les collaborateurs et col-laboratrices de l’agence postale vivent à

l’extérieur. «Travailler à l’agence supposeune certaine mobilité physique, que lesrésidents du Foyer Handicap n’avaientpas», explique Nicolas Jaccard.| Barbara Spycherwww.foyerhandicap.ch

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alla stazione | La fédération tessinoise Intégration handicap gère la gare de Giubiasco

Agence CFF à Giubiasco: bien plus qu’une simple

De l’extérieur, on dirait une gare CFFcomme toutes les autres. Mais dès quel’on y entre, le regard tombe sur desmurs peints en jaune et en orange, degrandes photos vantant des destinationstessinoises, un coin jeux sympathiquepour les enfants et un panneau d’affi-chage de la commune. L’endroit est ac-cueillant et on y resterait bien un peuplus longtemps. Au guichet, on est servipar un jeune homme au sourire avenant:

Ivan Stallone, 20 ans, qui suit une for-mation d’employé de commerce CFC.Il est l’un des quatre apprentis en forma-tion à la gare de Giubiasco. Ils ont tousun handicap, physique, psychique oucognitif, raison pour laquelle ils bénéfi-cient de mesures professionnelles del’AI. La gare de Giubiasco est donc plusqu’un simple arrêt des Chemins de ferfédéraux. Elle est gérée par la Federa-zione ticinese integrazione andicap(FTIA, fédération tessinoise Intégrationhandicap), qui a passé un contrat devente avec les CFF. La FTIA a baptisé leprojet de formation «alla stazione».«Cette gare, c’est un peu la fin qui jus-tifie les moyens. Notre but premier estde permettre à des personnes ayant desbesoins particuliers de suivre une forma-tion individualisée», affirme Nicola Leo-ni, directeur de la gare FTIA.Même si la qualité des prestations, lacompétence et l’amabilité avec la clien-tèle revêtent également une très grandeimportance.

L’institution INSOS FTIA a repris leguichet CFF à Giubiasco. Un gainpour tous: la commune, la clientèleet bien sûr les apprentis ayant desbesoins particuliers, qui bénéficientd’un encadrement individualisé envue de leur examen de fin d’appren-tissage.

Il accomplit actuellement sa deuxièmeannée et il est toujours aussi motivéqu’au départ. «Il veut vraiment y arri-ver», affirme Nicola Leoni, «même si cen’est pas tous les jours facile». IvanStallone aime beaucoup le travail à l’or-dinateur et le contact avec les clients. Ilpeut répondre à presque toutes les ques-tions de la clientèle et les traiter toutseul, y compris les voyages internatio-naux. Il lui faut parfois un peu plus detemps pour comprendre une nouvellematière, cela dépend du sujet. Il a en-core de la peine à trouver la formulationjuste pour les lettres et les courriels, ilfaut qu’il continue à s’entraîner. Il a descours particuliers pour la correspon-dance et l’économie, de l’école profes-sionnelle dans un cas, de la FTIA dansl’autre. L’année dernière, il avait descours spéciaux pour l’allemand et lacomptabilité, mais ce n’est plus néces-saire désormais.

Difficile de trouver un emploiLe but de toute formation à la FTIA, ycompris «alla stazione», est toujours unemploi sur le marché du travail primaire,avec ou sans rente AI. Nicola Leoniignore combien parmi les 30 personnesformées jusqu’ici ont atteint ce but, caril n’existe aucune statistique. En outre,certains choisissent de suivre une for-mation complémentaire à l’issue de leurapprentissage. Mais une chose est sûre:ceux qui se sont présentés à l’examenont tous réussi, beaucoup avec de trèsbonnes notes. Mais une autre chose estsûre aussi: il est difficile de trouver unemploi au Tessin, même avec une bonneformation et sans handicap. Graziella deNando, responsable du secteur Forma-tion à la FTIA, connaît la situation: «Laplupart des entreprises préfèrent enga-ger quelqu’un de moins qualifié sanshandicap qu’une personne avec handi-cap bien formée». Même si le handicapest physique, la majorité des employeursont peur et ne veulent pas prendre derisque. Un domaine où la FTIA doit éga-lement accomplir un travail de sensibili-sation et de persuasion.

Guichet communal également«Alla stazione» est bien plus qu’une gare

Un projet de la FTIA

L’agence CFF à Giubiasco est gérée par laFederazione ticinese integrazione andi-cap (FTIA). Celle-ci fut créée en 1973 parun groupe de personnes atteintes dehandicaps physiques, dans le but decoordonner les activités sportives au Tes-sin. Aujourd’hui encore, la FTIA continueà défendre les intérêts des personnesavec handicap en sa qualité d’organisa-tion d’entraide. Parallèlement, elle pro-pose une quarantaine d’emplois et deplaces de formation pour des personnesen situation de handicap, notamment àl’agence CFF «alla stazione». Ce projetunique en son genre a été lancé en 2001,conjointement avec les CFF et la com-mune de Giubiasco. Les places d’appren-tissage de commerce «alla stazione» sontfinancées par le biais des mesures profes-sionnelles de l’AI. | spywww.ftia.ch

Ces objectifs sont bien sûr communiquésaussi aux apprenants. Outre le directeur,Nicola Leoni, deux autres employés decommerce travaillent à la gare de Giu-biasco à temps partiel afin d’assurerl’encadrement et la formation des ap-prentis. Ils suivent eux-mêmes des for-mations continues spéciales afin de ré-pondre aux besoins spécifiques desapprenants et prennent part à des super-visions. Contrairement à d’autres placesde formation, le projet «alla stazione»permet de répondre aux besoins indivi-duels des jeunes, qu’ils souffrent d’unhandicap visuel ou auditif, ou d’un ra-lentissement cognitif comme dans le casd’Ivan Stallone.

La deuxième formation déjàCe jeune homme de 20 ans en est déjà àson deuxième apprentissage. Il a terminéune formation initiale d’assistant de bu-reau. Mais comme il aimerait avoir demeilleures chances sur le marché du tra-vail (la situation au Tessin étant d’ores etdéjà plus difficile qu’ailleurs en Suisse), ila choisi de faire encore un apprentissagede trois ans pour obtenir un certificat fé-déral de capacité (CFC) d’employé de com-merce.

«La gare est une fin qui justifie lesmoyens. Elle nous permet d’offrirune formation à des personnesayant des besoins particuliers.»Nicola Leoni, responsable «alla stazione»

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simple gare

CFF et un établissement de formation.C’est aussi un guichet de la commune deGiubiasco. Il y a le panneau d’affichageoù sont publiés des appels d’offres etd’autres informations communales, etles habitants y obtiennent différentsrenseignements et formulaires de lacommune, des cartes journalières, dessacs poubelle, des abonnements ozoneou U25 à prix réduit par la commune.Cette dernière indemnise «alla stazione»pour ces prestations. Il est d’ailleurs

dans son intérêt aussi que le guichet dela gare reste ouvert. Il devait être ferméen 2001, ce qui a pu être empêché grâceau projet de la FTIA et au soutien de lacommune.Depuis, les affaires CFF marchent à satis-faction à Giubiasco, déclare Nicola Leo-ni. La région desservie est vaste: ellecompte quelque 10 000 habitants. Etbien des clients viennent de plus loin,

Ivan Stallone fait son apprentissage d’employé decommerce CFC à l’agence CFF de Giubiasco.Photo | Barbara Spycher

car ils apprécient beaucoup le service etl’amabilité, et ne doivent pas faire laqueue. Le site présente un autre avan-tage: les voyageurs qui vont du sud aunord du Tessin doivent tous changer detrain à Giubiasco.De loin pas tous les clients ne saventque le guichet CFF à Giubiasco est unétablissement de formation pour desjeunes avec handicap. Pour ces derniers,c’est un «projet intégratif génial, parcequ’ils ont un contact quotidien avec laclientèle», relève Graziella de Nando. EtNicola Leoni d’ajouter que ce travailapporte une grande satisfaction parceque l’on voit des clients contents. Mêmesi l’un ou l’autre est parfois difficile àsatisfaire.

Un séjour linguistique après l’appren-tissageIvan Stallone a repris sa place au gui-chet et prolonge l’abonnement d’unecliente. Il est évident qu’il aime lecontact avec la clientèle. Il est poli, ser-viable et sympathique. Il ne sait pasencore s’il continuera à travailler au gui-chet des CFF après son apprentissage.Mais il y a une chose dont il est certain:quand il aura fini sa formation, il veutfaire un séjour linguistique pour amélio-rer ses connaissances en allemand et enanglais, toujours dans le même but, ce-lui d’améliorer ses chances sur le marchédu travail.| Barbara Spycher

«Bien des clients viennent de plusloin, car ils apprécient beaucoup leservice et l’amabilité.»Nicola Leoni, responsable «alla stazione»

Porter les nombreux sacs accumulés aufil d’une journée de shopping au centrecommercial Westside à Berne-Brünnenpeut devenir pénible. La Band-Genos-senschaft Bern, qui offre un travail àquelque 500 personnes souffrant d’unhandicap physique, psychique ou d’unproblème de santé, a reconnu cet incon-vénient et a mis sur pied, il y a trois ans,un service de livraison à domicile avecles exploitants du centre Westside.Les deux collaborateurs de la Band-Ge-nossenschaft réceptionnent les coursessur place, conviennent d’une heure delivraison avec les clients, organisent latournée et acheminent les sacs jusqu’àla porte d’entrée avec un véhicule élec-trique. La livraison de deux sacs au pluspar client dans l’une des communes voi-sines coûte 5 francs. Sur demande, lesproduits frais et surgelés sont placésdans des sacs thermiques.

Des emplois très appréciésBien que la plupart des clients se rendentau centre commercial en voiture, le ser-vice de livraison fonctionne bien. Telle-ment bien que le véhicule électriquedevra bientôt être remplacé par une voi-ture conventionnelle, les capacités dupremier étant dépassées. Martin Dien-ger, responsable des services à la Band-Genossenschaft, estime que les emploiscomme ceux au Westside représententclairement une plus-value: «Pour nosclientes et clients, ce genre de travailest spécial, c’est classe.» Les autres tra-vaux extérieurs sont aussi très appré-ciés, explique-t-il, par exemple dans uneentreprise spécialisée dans les vête-ments de travail, où nos clients aident àdécharger les cargaisons, ou aussi à laCoop, à la Migros ou au Stade de Suisse.Et Martin Dienger de conclure: «Quitterl’atelier, sortir dans le vrai monde, voilàquelque chose que beaucoup de nosclients adorent.»| Barbara Lauberwww.band.ch

Service de livraison à domicile

Les courses li-vrées à domicile

La coopérative Band proposeun service de livraison àdomicile aux clients ducentre commercial Westside.

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Sondage

«Pour nous et pournotre groupe cible– les hommessouffrant d’un lé-ger handicap men-tal – ce congrèsfut nettement lemeilleur! J’ai pu

retirer quelque chose de chaque exposé.L’idée d’intégrer des adolescents avechandicap dans des colocs d’étudiantsest tout simplement géniale, toutcomme les conseils en matière de modeet de style proposés par la fondationBrändi. Nous allons y travailler à notretour. Les perspectives d’avenir étaientfascinantes également.»Susanne NiederhauserDirectrice administrativeFondation Freier leben (BE)

«Je suis nouveaudans le domainedu travail social.Le congrès m’apermis de nouerde précieuxcontacts. J’ai déjàprévu des visites

dans d’autres institutions. Et le congrèsm’aura montré qu’il faut égalementchercher l’inspiration au-delà des fron-tières nationales. L’exposé du futuro-logue Georges T. Roos m’a interpellé: lamégatendance de l’accélération parexemple déclenche des réactions trèsdifférentes dans nos organisations.»Christof TrachselDirection SAZ (BE)

«Le congrès m’aamené à une ré-flexion sur lesfreins et les op-portunités quisont liésà notre façon d’ap-préhender l’avenir.

Des peurs peuvent nous empêcher denous engager ensemble autrement. Ce-pendant, malgré des résistances à l’évo-cation de certaines pistes, j’ai réaliséqu’il était indispensable de saisir denouvelles ouvertures au travers des ré-seaux sociaux ou l’établissement d’uneintelligence collective.»Patrick RossettiDirecteur adjoint du Centre-Espoir (GE)

Congrès INSOS 2012 | Un exposé passionnant de Franz Wolfmayr sur

Inclusion des personnes avec handicap:Participation et inclusion. Telsfurent les thèmes centraux duCongrès INSOS 2012 à Flims. Maisquelles en sont au juste les implica-tions? Comment des personnes avechandicap peuvent-elles être concrè-tement associées aux processus dedécision les concernant? FranzWolfmayr a fourni des éléments deréponse.

La Convention des Nations Unies relativeaux droits des personnes handicapéesrepose sur une acception du handicapqui part de l’idée que toutes les formesde handicap - physique, psychique, men-tal ou sensoriel - font partie intégrantede la vie et de la société humaines,qu’elles contribuent à la diversité etpeuvent dès lors être source d’un enri-chissement culturel.Les personnes en situation de handicapdoivent vivre tout naturellement avectoutes les autres. Elles ont le droit de sesentir incluses. Au nombre des principesgénéraux énoncés dans la Conventiondes Nations Unies (art. 3), on trouvenotamment «la participation et l’intégra-tion pleines et effectives à la société» ou«le respect de la différence et l’accepta-tion des personnes handicapées commefaisant partie de la diversité humaine etde l’humanité.»

Des offres pour vivre chez soiDans l’exposé qu’il a présenté à l’occa-sion du Congrès INSOS 2012, Franz Wolf-mayr a insisté en particulier sur la nou-velle revendication voulant que lespersonnes en situation de handicap par-ticipent à l’élaboration des textes légis-latifs. Et il sait de quoi il parle, étant leprésident de l’Association européennedes prestataires de services pour les per-sonnes handicapées (EASPD) et membrede la direction de l’association autri-cienne «Chance B». Il a précisé que lespersonnes en situation de handicap de-vaient être associées aux processus dedécision sur les questions qui lesconcernent. Il a expliqué qu’il faut pource faire une approche entièrement nou-velle, qu’il faut essayer de nouvelles for-

mules pour la prise de décision et accep-ter de travailler avec de nouvellesréalités.

Individualiser les prestationsPour Franz Wolfmayr, un élément primor-dial de la mise en œuvre de la Conven-tion de l’ONU réside dans l’élaboration deprestations qui permettent aux per-sonnes avec handicap de vivre dans leurpropre logement et de participer à la viequotidienne dans leur commune. L’asso-ciation «Chance B» a ainsi mis au pointun concept d’individualisation des pres-tations. Ce dernier repose sur une ap-proche systémique, c’est-à-dire que lesservices proposés sont axés sur les diffé-rents «systèmes de vie», par exemple lafamille, la commune ou l’entreprise, etpas seulement sur la personne. Les insti-

tutions deviennent alors des organisa-tions de prestation de services, autre-ment dit des entreprises. Et il va sansdire que les personnes en situation dehandicap participent à l’élaboration deces prestations.

Planification axée sur la personneUne autre formule qui s’annonce promet-teuse pour favoriser la participation despersonnes avec handicap est la planifica-tion axée sur la personne. Dans une telleapproche, les intéressés sont eux-mêmesles architectes de leur vie. En clair, ilsbénéficient du soutien nécessaire pourêtre capables de choisir la forme d’habi-tat qui leur convient, de dire quel typed’emploi leur fait envie, de solliciter lesprestations dont ils ont besoin oud’énoncer quelles prestations une entre-prise devrait proposer pour répondre àleurs besoins spécifiques. Les servicessont certes adaptés à la personne, maisl’entourage joue également un rôle cen-tral. En effet, les personnes prochesdoivent aussi apprendre à soutenir leur

Les personnes avec handicapdoivent vivre toutnaturellement avec toutesles autres. Elles ont le droitde se sentir incluses.

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Sondage

«Le congrès a étépour moi une oc-casion de réflé-chir, de rencontrerdes collègues alé-maniques et d’ap-précier les lieux etl’excellente orga-

nisation. C’est l’exposé sur le projetVaubanaise qui m’a particulièrementintéressé, étant moi-même penché surla réalisation d’un projet de mixitéd’habitation à Genève. Je me suis éga-lement questionné sur la possiblité dedonner un espace ou une participationdirecte aux personnes en situation dehandicap dans le congrès.»Daniel HinnenDirecteur de Claire-Fontaine (GE)

«L’exposé concer-nant les nouvellesformes d’intégra-tion dans le mar-ché du travail m’afait grande im-pression. Il m’afait prendre

conscience que nous devons créer desoffres nouvelles, qui s’inspirent desidées innovatrices de la Convention desNations Unies relative aux droits despersonnes handicapées. L’utilisationprovisoire pendant cinq ans des locauxde notre institution fournit une occa-sion unique de tester de telles offres.»Basil BrunnerResponsable Travail, Säntisblick (AR)

«Je suis respon-sable d’un homedepuis un an.C’était mon pre-mier congrès. Ilm’a permis de sor-tir de mon petitmonde et d’oser

un regard sur ce qui se fait ailleurs, au-delà des frontières également. J’ai eudes contacts très variés, aussi bien avecdes responsables politiques qu’avec desdirecteurs d’institutions. Nous avonsdiscuté des dernières connaissancesissues de la recherche, mais aussi desnouveaux projets des institutions»Manuela RastResponsable du home Sonnenburg (TG)

sur les «voies de l’inclusion»

handicap: approche innovatriceLa formation dans le sens de l’acquisitionde compétences constitue une conditionfondamentale de la participation des per-sonnes avec handicap. Celles-ci doiventapprendre à défendre leurs intérêts, àfaire part de leurs désirs et à poursuivreleurs propres objectifs. Franz Wolfmayr asouligné que, dans ce domaine, il y avaitpassablement de travail à rattraper sur leplan politique. Pour lui, la planificationlocale de la participation est un instru-ment efficace pour parvenir à une sociétéinclusive. Les communes, qui sont unespace de vie central pour les personnesavec handicap, doivent assumer leurs res-ponsabilités à cet égard et aménager leurespace social de manière que ces per-sonnes puissent vivre dans leur proprelogement et jouer un rôle actif dans laprise de décisions.L’exposé de Franz Wolfmayr a secoué lesparticipants du congrès et a suscité pas-sablement de discussions. Voyons-y unpas important vers une société plus in-clusive. Empruntons la voie qui a étéesquissée!| Susanne Aeschbach, responsable dudomaine Intégration professionnelle,INSOS Suisse

Résumé et présentation de l’exposé:www.insos.ch > Evénements > Documen-tation > 2012 > Congrèswww.chanceb.at

Lecture (en allemand): Lampke, D., Rohrmann, A.& Schädler, J. (Hrsg.) (2011): Örtliche Teilhabepla-nung mit und für Menschen mit Behinderung –Theorie und Praxis. Wiesbaden.

parent en situation handicap dans sonautodétermination. Franz Wolfmayr aformulé une question-clé à cet égard:«L’offre de l’organisation assure-t-elle lameilleure intégration sociale possible àla cliente ou au client?»

Participer à l’évaluation de la qualitéLorsque Franz Wolfmayr en est venu àparler de qualité, il a souligné qu’il yavait des aspects importants qui sont

liés au contexte, par exemple au cadresociopolitique ou au financement du-rable des prestations. Il a cependant pré-cisé qu’il y a également des critères qua-litatifs qui concernent l’organisation,notamment la direction, l’améliorationsystématique de la qualité ou encore letravail partenarial. Il a encore insisté surun autre aspect primordial: l’évaluationdes processus; celle-ci doit fournir desinformations sur la relation entre client,prestation et prestataire de services afind’apprécier la qualité des résultats pourles personnes en situation de handicap.Le but est de savoir dans quelle mesuretelle ou telle prestation améliore la vie,actuelle et future, des clientes et desclients.

Congrès INSOS 2012

Le congrès national d’INSOS Suisse, quis’est tenu à Flims (GR) du 4 au 6 sep-tembre 2012, avait pour titre évocateur«L’avenir, c’est maintenant! Tendances,scénarios et nouveaux développementsaux plans sociétal, politique et institu-tionnel». Plus de 220 directrices et di-recteurs d’institutions s’y sont informéssur les dernières tendances, les scéna-rios et les évolutions dans le domainedu handicap. La question centraleétait: comment aider les femmes et leshommes en situation de handicap à

participer réellement à la vie sociale.Une évaluation du congrès a révélé queles participantes et participants ontbeaucoup apprécié ce congrès, qu’ils’agisse du thème choisi, des interve-nants ou des contenus. INSOS Suisseles remercie pour ces réactions fortpositives. | blb

Résumés et présentations desexposés:www.insos.ch > Evénements > Docu-mentation > 2012 > Congrès

«Associer les personnes avechandicap aux processus dedécisions suppose une ap-proche radicalement diffé-rente.»

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Album photo «Ça me va bien» | Fondation Brändi à Lucerne

Nouvelle estime de soi grâce à la mode

Quels regards fiers! Quelles belles per-sonnes! Les photos que Philipp Koch afaites de 40 résidentes et résidents dela fondation Brändi à Lucerne sontbelles et elles sont émouvantes. On yvoit des femmes et des hommes quifont face à la caméra avec assurance.Ils portent des vêtements seyants, desbijoux, ils ont des coiffures flatteuseset les femmes sont légèrement maquil-lées.Ces photos extraordinaires sont le fruitdu projet «Das passt zu mir» (ça me vabien), dans le cadre duquel une modé-liste et un conseiller en mode et styleont accompagné et conseillé 40 per-sonnes avec handicap pendant un an.Ensemble, ils ont décortiqué les vœuxde ces hommes et de ces femmes, lamanière dont ils aimeraient se voir etse présenter. Le point culminant etachèvement du projet fut un albumphoto exceptionnel ainsi qu’un défiléde mode mis en scène par des profes-sionnels. Un défilé auquel ont assistéquelque 70 cadres de l’économie.

Souligner la personnalitéUrsula Limacher, responsable du projetet du secteur Habitat à la fondation,est emballée à chaque fois qu’elle re-voit les photos: «J’éprouve un grandbonheur quand je parcours l’album.Aucun des résidents n’a l’air déguisé ouartificiel, bien au contraire: nous avonsvraiment réussi à souligner la person-nalité de chacun de ces hommes et deces femmes.»Ce projet hors du commun est partid’une idée émise par la responsabled’une maison d’habitation, «faire unjour quelque chose en rapport avec lamode». Ursula Limacher et toute la di-

rection n’ont pas hésité longtemps,«nous étions tous d’accord que si nousvoulions assurer l’intégration des per-sonnes avec handicap dans un maxi-mum de domaines, il fallait aussi soi-gner leur look», précise-t-elle. «Carl’apparence et la prestance jouent unrôle central dans notre monde très for-tement axé sur le visuel.»

Nouvelle estime de soiLes conseils personnalisés en matièrede mode et de style, avec l’apogée dudéfilé de mode mis en scène par desprofessionnels, ont visiblement modifiéles femmes et les hommes, raconte Ur-

Qu’arrive-t-il quand 40 personnesen situation de handicap se fontconseiller en matière de mode etde style? La fondation Brändi àLucerne a voulu le savoir. Elle adocumenté le résultat dans unalbum photo qui sort de l’ordi-naire. Un projet que l’on a envied’imiter.

sula Limacher. «Ils ont de plus en pluspris conscience de leur propre valeur, cequi se traduisait notamment par unchangement très net dans leur main-tien. Tout d’un coup, ces femmes et ceshommes se tenaient droits et fiers.»Ursula Limacher sourit quand je de-mande ce qu’il en est de la durabilité duprojet pour les 40 participantes et par-ticipants. «La durabilité est sur toutesles lèvres, mais que signifie durable aujuste?», s’interroge-t-elle. Les change-ments que le projet a entraînés pour cesfemmes et ces hommes ne sont paschiffrables. «Certains d’entre eux fontcertainement plus attention à leur ap-parence, alors que pour d’autres, le pro-jet fut simplement une expérience mer-veilleuse et inoubliable. Ces deuxrésultats sont durables, car ils ont cha-cun leur valeur.» | Barbara Lauberwww.braendi.ch

Avec humour et beaucoup d’élégance: Hubert A. etCäcilia W. posent pour le photographe (plus dephotos tirées de l’album «Ça me va bien» à la p. 11).Photos | Philipp Koch

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Nouveau GastroGuide | Le restaurant Canvetto Luganese de la fondation tessinoise Diamante

Un restaurant où le coup de feu de midi représente

En passant devant le « pastificio », lamanufacture de pâtes où l’on est entrain de préparer des raviolis frais à lacourge, on accède à une paisible courintérieure. Le généreux soleil d’automnedu Tessin brille à travers le feuillage desplatanes et produit sur les pavés un jeud’ombre et de lumière fascinant. La plu-part des tables du restaurant sont encorevides, mais bientôt les 60 places dans lacour intérieure du Canvetto Luganeseaccueilleront les clients. Il faudra alorsque tout soit parfaitement coordonné,car les clients des bureaux alentoursn’ont pas plus d’une heure pour mangerà midi. Dans les restaurants, on en al’habitude. Mais dans le Canvetto, ce «coup de feu », comme on l’appelle, re-présente un double défi. Car la majorité

Le succès du Canvetto Luganese estdouble : d’une part, en tant querestaurant des plus réputés avec sacuisine de qualité et, d’autre part,en tant qu’entreprise d’intégrationpour collaborateurs avec handicappsychique. Avec 80 autres établisse-ments, le Canvetto figure dans lenouveau « GastroGuide » d’INSOS.

des collaborateurs en cuisine et au ser-vice sont des rentiers AI avec un handi-cap psychique. Autrement dit : ils sontmoins résistants au stress, supportentmoins bien les charges de travail impor-tantes et sont efficaces de façon trèsirrégulière ; les mauvais jours, il arrivemême que leur capacité de travail soitnulle.

Les clients attendent de la qualitéGiovanni Guidicelli, le sous-chef de cui-sine du Canvetto, le formule ainsi :« Même à mon meilleur cuisinier, il peutarriver de rater sa béchamel, même s’ill’a déjà préparée mille fois. » Mais lesclients ne doivent rien percevoir de cesaléas. « Les gens ne viennent pas cheznous parce qu’ils veulent soutenir unprojet d’intégration pour personnes avechandicap, mais parce qu’ils apprécient leservice et la cuisine », précise le respon-sable de l’établissement Paul Schneider.Vous ne pouvez pas dire aux clients : «Désolé, mais aujourd’hui, l’un de noscollaborateurs ne se sent pas bien etvous devrez attendre votre repas unedemi-heure. »

Un plan B en réserveGiovanni Guidicelli a donc fort à faire.Une bonne planification est primor-diale. Il a toujours un plan B, et celui-ci est très simple : « En cas de pro-blème, c’est au chef coq et à moi-mêmede faire la cuisine ». Il arrive régulière-ment que les autres collaborateurs/trices ne viennent pas travailler pourdes raisons de santé, qu’ils arrivent enretard ou qu’ils ne présentent pas lescapacités habituelles. Il est essentielde « sentir » l’état des collaborateurs/trices, de connaître leurs limites, desubdiviser les travaux en petites étapeset de contrôler leur réalisation. Lescompétences des collaborateurs/tricessont très différentes de l’un à l’autre.Certains effectuent des travaux simplescomme éplucher des pommes de terreou couper des légumes, d’autres sont detrès bons cuisiniers.Giovanni Guidicelli n’est pas un socio-pédagogue, mais un cuisinier qualifié. Etil se considère aussi comme tel. Il estvenu au Canvetto pour le chef, avec qui

il espère apprendre beaucoup. La colla-boration avec des personnes avec handi-cap représente, pour lui, un défi supplé-mentaire qu’il relève avec plaisir.Deux socio-pédagogues travaillent éga-lement au Canvetto. Leur tâche est dereconnaître assez tôt une éventuellepéjoration de l’état de santé des colla-borateurs, de les soutenir lors des criseset d’élaborer des plans de développe-ment individuels avec eux.

Toujours plus de responsabilitésLe serveur Giuseppe Bernasconi* aconnu une évolution remarquable dansson activité professionnelle. Ses débutsau Canvetto, il y a dix ans, étaient diffi-ciles. Avant cela, il n’a pas pu travaillerpendant cinq ans en raison de « pro-blèmes de santé », comme il dit. Il pré-fère ne pas en dire plus sur sa maladie.Il remarque seulement qu’« au début, cen’était pas facile de venir travailler auCanvetto ». Son activité se limitait à

mettre les tables ; il était impensable dele mettre en contact avec les clients,dans le cadre du service.Au fil des ans, et d’un commun accordavec le socio-pédagogue, il s’est réguliè-rement fixé de nouveaux objectifs et apris la responsabilité de nouveaux do-maines. Aujourd’hui, ce rentier AI effec-tue les mêmes tâches qu’un serveur sanshandicap : il sert les clients, est respon-sable de l’achat des fleurs fraîches, durenouvellement des stocks de boissonset de l’inscription des menus sur le grandtableau à l’entrée. « Quand Giuseppe*part en vacances, comme ce fut le casrécemment, son absence se fait rapide-ment remarquer », relève Paul Schneideren lui adressant des éloges appuyés.Aujourd’hui, Giuseppe Bernasconi*considère que sa maladie ne le handi-cape plus dans son travail. Il ne peuttoutefois pas assurer les heures de ser-vice usuelles, jusqu’à tard le soir. Ilprend des médicaments et, le soir, il doit

Le Canvetto Luganese

Le restaurant « Canvetto Luganese »fait partie de la fondation tessinoiseDiamante. Cette fondation offre deslogements et des places de travail àquelque 500 personnes avec handicap.Elle exploite, entre autres, trois restau-rants occupant des personnes avec han-dicap : le Bistro 57 dans le centre d’in-formation d’Alptransit à Polleggio,l’Osteria Uliatt à Chiasso et le CanvettoLuganese à Lugano. Ce dernier loueégalement des salles de conférences etse distingue par son cachet et sa cui-sine de qualité avec des pâtes fraîchesmaison. Après être resté fermé pendantplusieurs années, le restaurant a rou-vert ses portes en 2000 grâce à uneinitiative du quartier et avec l’aide dela fondation Diamante. spywww.f-diamante.ch

« Ce que j’apprécie le plusdans mon travail, c’est d’êtreau milieu des gens. »Giuseppe Bernasconi*, serveur

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ésente un double défi

se reposer. C’est pourquoi il ne travailleque durant la journée. Dans le CanvettoLuganese, cela est possible, contraire-ment à de nombreux autres établisse-ments de restauration. « Nous devonsorganiser le temps de travail et lesautres conditions cadre de manière à cequ’ils conviennent à chacun », précise leresponsable de l’établissement PaulSchneider. Aucun des collaborateursavec handicap ne travaille le soir – cesont les autres serveurs et cuisiniers quiinterviennent à ces heures là. LeCanvetto Luganese propose en effetchaque soir un service à la carte (voirencadré à gauche).

Au cœur de la sociétéEn tant que projet d’intégration pourpersonnes avec handicap, le CanvettoLuganese reçoit de la part du canton desindemnités pour les « frais supplémen-taires liés au handicap », dans le cadrede conventions de prestations. Actuelle-ment, le Canvetto emploie 28 personnes

avec une rente AI, pour certaines avecdes taux d’occupation modestes. En plusde leur rente AI, ces personnes reçoiventune rémunération en fonction de leursperformances. En outre, deux socio-pé-dagogues et six collaborateurs sans han-

dicap travaillent au Canvetto. LeCanvetto a plus de personnel que lesétablissements conventionnels, ce quipermet de compenser la productivitéréduite de certains collaborateurs.Les personnes avec handicap ne sont pastoutes suffisamment stables pour pou-voir travailler dans un projet d’intégra-tion comme celui du Canvetto, avec descontacts avec les clients et un stressimportant. Mais pour celles qui en ont lacapacité, un tel établissement d’intégra-tion est très intégrateur, relève Maria-Luisa Polli, directrice de la fondationtessinoise Diamante, dont fait partie leCanvetto Luganese. « La satisfaction desclients s’exprime directement sous formede félicitations. » De plus, travailler auCanvetto, c’est travailler au cœur de lasociété. « La plupart des clients nesavent pas qu’il y a des collaborateursavec handicap au service. Ne pas êtreperçus comme différents est très pré-cieux pour les collaborateurs. » Giu-seppe Bernasconi* le relève aussi: « Ceque j’apprécie le plus dans mon travail,c’est d’être au milieu des gens. C’est trèsimportant pour moi d’avoir une occupa-tion la journée. » | Barbara Spycher* Nom d’emprunt

Nouveau GastroGuide

Le nouveau « GastroGuide » d’INSOSSuisse n’est pas un guide gastrono-mique comme les autres : dans les res-taurants et hôtels présentés, des per-sonnes avec handicap peuvent montrerleurs capacités. Ces établissementsprofessionnels sont dirigés par des ins-titutions pour personnes avec handi-cap. Ils y offrent des places de travailet de formation protégées.La première édition du « GastroGuide »a été publiée en 2011. L’édition 2012dotée d’une nouvelle mise en page a étéconsidérablement étoffée et présenteaujourd’hui plus de 80 établissements.Elle peut être commandée dans le shopen ligne, sur www.insos.ch ou sur [email protected] et est également disponible enlibrairie (ISBN 978-3-906033-69-3) auprix de 19 francs. blb

Au cœur de la société : dans le Canvetto Luganese,le service est également assuré par des rentiers AI.Photo | Barbara Spycher

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Les brèves

Nouveau directeur d’INSOS: entrée enfonctions le 1er décembre 2012Peter Saxenhofer reprendra la directiond’INSOS Suisse le 1er décembre pro-chain. Cet économiste de 54 ans dirigel’Association Transports et Environne-ment (ATE) depuis 2002. «INSOS Suisseestime avoir beaucoup de chanced’avoir trouvé un nouveau directeur quidispose non seulement d’une expé-rience avisée dans la direction d’uneassociation, mais qui est en plus unepersonne sympatique et convaincante»,se réjouit Marianne Streiff, conseillèrenationale et présidente d’INSOS Suisse.

Feuille d’information d’INSOS Suissedestinées aux employeurs intéressésComment convaincre des employeurs decréer des places de stage et/ou de for-mation pour des personnes avec handi-cap? La commission spécialisée inté-gration professionnelle d’INSOS Suissea élaboré une feuille d’information queles institutions pourront remettre auxemployeurs. Pour attirer l’attention,elle l’a conçue sous la forme d’une offred’emploi qui dit: «Nous recherchons:employeurs avec responsabilité so-ciale». Les institutions INSOS sont invi-tées à adapter cette annonce à leursbesoins et à l’utiliser pour leurs contactspersonnels avec les employeurs.www.insos.ch > Domaines spécialisés> Intégration professionnelle >Downloads

Soumettez votre projet de promotionde la santé à «monéquilibre»Le programme de promotion de la santé«monéquilibre – les personnes handica-pées et un poids corporel sain» a étélancé en 2011 par le Pour-cent culturelMigros, en collaboration notammentavec INSOS Suisse. Si vous avez égale-ment élaboré un projet de promotion dela santé dans votre institution ou êtesen train de le faire, soumettez-le doncà «monéquilibre». Chaque année, lePour-cent culturel Migros met à dispo-sition une somme totale de 25 000francs pour des prix. Faites connaître«monéquilibre» dans les domaines lo-gement, ateliers ou structures de jour,et encouragez les personnes concernéesà y participer. Pour en savoir plus:www. monequilibre.ch

Fonds de formation professionnelle | Le feu vert est donné

Des avantages pour tousLe fonds en faveur de la formationprofessionnelle dans le domainesocial est en vigueur depuis le 1eroctobre 2012. Le Conseil fédéral l’adéclaré de force obligatoire au boutde plusieurs années de préparation.Financé par plus de 5000 entre-prises, ce fonds pourra donc enta-mer son activité, pour le bénéfice dela branche toute entière.

Les organismes responsables du fonds enfaveur de la formation professionnelledans le domaine social sont 16 organisa-tions cantonales du monde du travail,l’organisation faîtière suisse du mondedu travail du domaine social (SAVOIRSO-CIAL) ainsi que 16 associations natio-nales, dont INSOS. La réussite de ce pro-jet de fonds est le mérite du domainesocial et l’expression de la volonté d’en-courager solidairement la formation dansce secteur.

Promotion durableCe fonds vise la promotion durable de laformation de base et supérieure dans ledomaine social. Les moyens du fondsseront donc utilisés pour financer desanalyses, des projets (pilotes) ainsi quedes mesures d’introduction et de mise enœuvre en rapport avec des formationsprofessionnelles, existantes ou en plani-fication. En outre, il faut assurer l’entre-tien ou le renouvellement d’ordonnancessur la formation, de plans d’études cadre,de manuels et de matériels d’enseigne-ment et de documents pour les examens.Autre point central: la garantie de la qua-lité. Il faut ainsi adapter régulièrementles procédures d’évaluation et de qualifi-cation ou en créer de nouvelles. Enfin, ilfaut intégrer le troisième lieu d’appren-tissage (cours interentreprises) dans lesformations de base, en élaborant desprogrammes cadres, des dispositionsd’exécution et, au besoin, des supportsdidactiques spécifiques.

Mettre l’accent sur la relèveLes mesures visant à assurer la relèverevêtent une importance primordialeégalement. Une promotion des métiers

rondement menée doit assurer le recrute-ment et la formation d’un personnel suf-fisant pour couvrir les besoins du do-maine social. Le nouveau fonds varenforcer le travail des 17 organismesresponsables, en prenant en charge leursfrais administratifs.

5000 entreprises cotisentJusqu’ici, SAVOIRSOCIAL a été financée àtitre de projet par l’Office fédéral de laformation professionnelle et de la tech-nologie (OFFT) et par des cotisations desmembres. Les institutions de formationquant à elles devaient contribuer au fi-nancement des organisations cantonalesdu monde du travail (OrTra) du domainesocial.Maintenant que le Conseil fédéral a dé-claré la force obligatoire, au 1er octobre2012, de ce fonds, la formation profes-sionnelle sera cofinancée par tous lesétablissements s’occupant d’enfants, depersonnes avec handicap ou de per-sonnes âgées. Selon les estimations, cesont quelque 3,3 millions de francs quiseront réunis pour cette tâche. Les coti-sations au fonds seront prélevées sur labase d’une auto-déclaration des quelque5000 entreprises. Une commission, pré-sidée par le directeur ad intérim d’INSOSSuisse, Pierre-Alain Uberti, gère le fondset en assure la direction stratégique.

Tout le monde en profiteLe fonds en faveur de la formation pro-fessionnelle profite à tous les acteurs.Les apprenants peuvent suivre une for-mation de qualité, les entreprisestrouvent du personnel qualifié et les Or-Tra sont en mesure de déployer un travailprofessionnel pour la formation dans ledomaine social. | Brigitte Sattler, res-ponsable du domaine Formation, INSOSSuisse

Pour plus d’informations:www.fondssocial.chwww.bbt.admin.ch > Berufliche Grund-bildung > Berufsbildungsfonds

Contact:FONDSSOCIAL, Amthausquai 214600 Olten; tél. 062 212 50 85;[email protected]

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En direct du Palais fédéral | Révision 6b de l’AI

Débat décisifLa Commission de sécurité sociale etde la santé du Conseil national aterminé ses consultations sur larévision 6b de l’AI à la mi-octobre.Ses propositions, pour le moinsprovocatrices, à l’intention duConseil national ont suscité l’ire desorganisations du domaine du handi-cap. Reste à espérer que la grandeChambre sera plus raisonnable.

La Commission de sécurité sociale et dela santé du Conseil national (CSSS-CN) adurci considérablement le projet de révi-sion 6b de l’AI par rapport au message duConseil fédéral et aux décisions duConseil des Etats. Elle a ainsi augmentéde 110 millions de francs le volume deséconomies annuelles, les portant à 360millions et allant bien plus loin que lespropositions de l’administration. Quellessont donc les mesures de démantèlementsupplémentaires proposées?

Au centre: le système de rente linéaireLe Conseil fédéral est d’avis que l’actuelrégime des rentes (quarts de rente; renteentière à partir d’un degré d’invalidité de70%) ne motive guère les rentiers AI àaugmenter leur capacité de rendement.C’est pourquoi il a proposé un système oùle pourcentage de la rente correspond audegré d’invalidité.Si une telle formule peut avoir des effetsbénéfiques pour les personnes ayant unfaible degré d’invalidité, ce n’est pas lecas pour les personnes atteintes de han-dicaps graves et dont les rentes baisse-raient considérablement (p. ex. 62% derente pour un degré d’invalidité de 62%,contre 75% actuellement); une renteentière ne serait accordée qu’à partird’un degré d’invalidité de 80%.

Les anciennes rentes aussi!Le Conseil des Etats avait apporté unemodification substantielle au nouveaumodèle de rente linéaire: il veut que lesrentes actuelles ne soient transféréesdans le nouveau système que dans le casd’un changement du degré d’invaliditéd’au moins 5%; sinon, elles continue-raient à obéir au régime à quatre éche-

lons. En revanche, toutes les nouvellesrentes seraient allouées selon le modèlelinéaire. La CSSS-CN, elle, propose parcontre d’adapter toutes les rentes aunouveau modèle. Seuls les rentiers ayantatteint 55 ans au moment de l’entrée envigueur de la révision continueraient àtoucher une rente selon l’ancien sys-tème. Les organisations du domaine duhandicap estiment que cette propositionprovocatrice constitue un motif de réfé-rendum!

Encore plus de mesures d’économieLa CSSS-CN a en revanche pris une déci-sion raisonnable concernant l’accès à larente. Elle propose que des indemnitésjournalières soient versées déjà pendantun traitement médical visant à maintenirou à améliorer l’aptitude au travail.Elle a en outre suivi, sans grande discus-sion, la décision du Conseil des Etatsselon laquelle la rente pour enfant seraitréduite de 40% à 30% d’une rente simple.En outre, la rente pour enfant versée àl’étranger serait adaptée au pouvoird’achat dans le pays concerné. Reste àsavoir comment cette disposition seraitappliquée.D’autres propositions d’économie duConseil fédéral ont été reprises, voiredurcies, par exemple les coûts supplé-mentaires liés au handicap pour la for-mation professionnelle ou pour les fraisde déplacement. Globalement, cela re-vient à dire que les actuels bénéficiairesde prestations doivent financer eux-mêmes l’assainissement de l’AI.

Une lueur d’espoir?La CSSS-CN a rejeté de justesse (13 voixcontre 12) une proposition formulée parla conseillère nationale Maja Ingold(PEV) et qui voulait que le projet 6b soitsubdivisé. Les mesures d’économie per-manentes (rentes pour enfant, frais dedéplacement, etc.) devaient être disso-ciées du projet, en attendant les consé-quences financières des révisions 5 et 6ade l’AI. Maintenant que le Conseil fédéralsoutient lui aussi cette proposition, il ya un espoir que le projet finalementadopté soit socialement supportable. |Thomas Bickel, responsable du domaineDroit + politique, INSOS Suisse

Pro domo

Chers membres d’INSOS,Le premier mercredi de la session d’au-tomne, quatre apprentis de la fondationLa Capriola à Trin (GR), de futurs em-ployés en restauration, ont servi lesmembres du Conseil fédéral et du Parle-ment dans la «Galerie des Alpes» . Cetteinstitution affiliée à INSOS offre la pos-sibilité à des adolescents atteints delégers handicaps mentaux, physiques ousensoriels de suivre une formation pro-fessionnelle intégrative dans l’hôtelle-rie et la restauration, en collaborationavec des établissements de renom àDavos et à Lucerne. Mon entretien avecla directrice, Marlis Saladino, m’a permisde découvrir les atouts de cette initia-tive unique pour l’intégration de jeunesdans la société et dans le monde du tra-vail. A l’issue d’une formation de deuxans en cuisine, dans le service, les ser-vices ménagers ou la réception, cesjeunes obtiennent un titre profession-nel reconnu (attestation fédérale AFP,ou formation initiale AI). Ils sont ainsibien armés pour affronter le monde dutravail. Ils bénéficient d’un encadre-ment et d’un soutien individuels dansles domaines Formation et Habitat/loi-sirs, puis d’une assistance personnellejusqu’à ce que leur intégration ait réus-si. Cette intervention au Palais fédéral apermis de sensibiliser directement laclasse politique à l’intégration des per-sonnes avec handicap dans le marché dutravail primaire. Une action RP exem-plaire, qui prouve que les institutionsINSOS gagnent en crédibilité et en po-pularité lorsqu’elles agissent pour lepublic, mais surtout lorsqu’elles lui dé-montrent leurs objectifs, leurs conceptset leurs convictions d’une manière di-recte et agréable.

Cordialement,Marianne StreiffPrésidente d’INSOS SuisseConseillère nationale

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Hanne Müller,assistante sociale dipl.ESTS, indépendante,handicapée de naissance(os de verre).

P.P.3007

Bern

ImpressumEditeurINSOS Suisse3000 Berne 14Paraît 3x l’anRédactionBarbara Lauber;Barbara SpycherPrixAbonnement CHF 30.– (comprisdans la cotisation de membre)Au numéro CHF 15.–

AdressesINSOS SchweizZieglerstrasse 53Postfach 10103000 Bern 14

Tel 031 385 33 00Fax 031 385 33 [email protected]. 80-28082-2

INSOS SuisseAvenue de la Gare 171003 Lausanne

Tél 021 320 21 70Fax 021 320 21 [email protected]

Conceptionsatzart, Berne

Maquette et impressionUD Print AG, Lucerne

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La première élection de Miss Handicap en 2009 a commencé par susciter unecertaine méfiance dans les milieux du handicap. Que doit apporter une telle élec-tion? Faut-il vraiment mettre encore davantage en exergue les limitations et lesmalformations physiques? En plus de tout le reste, est-il judicieux de réduire lespersonnes avec handicap à un idéal de beauté, alors que l’on aimerait atteindre toutle contraire, à savoir prendre la personne comme un tout et ne pas s’arrêter auxapparences? Depuis, cet événement a connu quatre éditions. Cette année, un pre-mier Mister Handicap a été élu également. On a l’impression que le but poursuivi,celui de l’intégration sociale, est bel et bien véhiculé par cette élection et que lepublic la suit avec un enthousiasme et un intérêt plus ou moins grands… Commec’est le cas d’ailleurs pour les élections des Miss et Mister sans handicap, sur les-quelles les avis sont tout aussi partagés.

Dans ces élections de Miss et Mister Handicap, il y a un enjeu qui va plus loinque le simple fait de se présenter, d’être beau et d’avoir du succès en dépit duhandicap. Les candidates et les candidats montrent qu’ils ne se cachent pas à causede leur handicap, mais qu’ils acceptent les imperfections de leur corps. Ils montrentqu’ils intègrent leur handicap dans leur biographie et encouragent ainsi toutescelles et tous ceux qui partagent leur sort, de naissance ou par suite d’une maladieou d’un accident, à en faire autant.

On pourrait aussi établir un parallèle entre ces élections de Miss et Mister Han-dicap et le sport pour les personnes avec handicap. Les jeux paralympiques ontconnu cette année un succès inégalé, qu’il s’agisse de l’écho dans le public ou del’intérêt des médias. Ces deux événements sont porteurs d’un message important àl’adresse des personnes dites «saines», qui souffrent souvent d’imperfections sommetoute assez futiles. En effet, les participantes et les participants prouvent qu’ils nese laissent pas «in-valider» par leur handicap et que leurs points forts leur per-mettent d’accomplir des performances de pointe. Les prouesses sportives des per-sonnes avec handicap, tout comme les élections de Miss et Mister Handicap, sontdonc un facteur d’intégration important pour les personnes concernées et pour lasociété toute entière.

Chronique | Hanne Müller

Une Miss dont la beautén’est pas l’unique critère