infection à mycobacterium fortuitum mimant une cytostéatonécrose à distance d’une...

1
JDP 2014 S449 n’était pas précisé. Vingt-quatre patients venaient de zones rurales. Chez 8 patients, le LT était apparu après vaccination par BCG. La durée moyenne d’évolution des lésions était de 25 ans (extrêmes de 3 mois et 64 ans). Chez 2 patientes les lésions évoluaient depuis la naissance. La localisation était unique dans 27 cas avec une prédo- minance au niveau du visage (13 cas) et du bras (11 cas). Chez 2 patients les lésions étaient multiples. L’association à une TB vis- cérale était retrouvée chez 6 patients (2 TB pulmonaires, 2 TB osseuse, 1 TB ganglionnaire, 1 TB laryngée). L’IDR à la tuberculine (pratiquée chez 24 patients) était positive dans 23 cas. Les biop- sies cutanées retrouvaient toujours des granulomes tuberculoïdes sans nécrose caséeuse. Vingt-trois patients avaient rec ¸u une qua- drithérapie ou une trithérapie antituberculeuse. Les lésions étaient nettement améliorées au bout de 2 mois de traitement chez 21 patients, deux étaient perdus de vue. Une patiente avait rec ¸u avec succès l‘isoniazide et la streptomycine pendant 12 mois. Une autre ayant un LT sur vaccination par BCG avait bien répondu à l’isoniazide seul pendant 6mois. Chez une patiente, le LT de la face dégénérait en carcinome spinocellulaire après une évolution de 20 ans. Discussion Malgré la vaccination systématique et toutes les mesures préventives, la maladie tuberculeuse sévit toujours à un état endémique. Le LT en représente la forme la plus fréquente de TBC, comme dans notre série. La prédominance féminine est clas- sique et validée dans cette étude. Les localisations des bras et du visage sont les plus fréquentes dans notre série comme dans la lit- térature. La chronicité de la lésion de LT est habituelle. Dans notre série, les lésions évoluent depuis plus que 10 ans dans 66 % des cas. Le LT est une complication rare de la vaccination par BCG, c’est le cas chez un de nos patients. L’association à une TB viscérale est pos- sible, et a été notée dans 6 cas. La quadrithérapie antituberculeuse reste le traitement de choix du LT. Conclusion Le LT est une étiologie à prendre en compte devant une lésion cutanée ancienne dans notre pays où la prévalence de la TB reste élevée. Mots clés Infection ; Lupus tuberculeux ; Tuberculose cutanée Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.493 P294 Infection à Mycobacterium fortuitum mimant une cytostéatonécrose à distance d’une abdominoplastie L. Ghoufi 1,, C. Cannistra 2 , V. Vuong 1 , B. Crickx 1 , V. Descamps 1 1 Dermatologie, hôpital Bichat, Paris, France 2 Chirurgie plastique, hôpital Bichat, Paris, France Auteur correspondant. Introduction Mycobacterium fortuitum est une mycobactérie atypique à croissance rapide retrouvée essentiellement dans l’eau, le sol et la poussière. Les portes d’entrées se font principalement par inhalation, par voie muqueuse ou par voie cutanée. Ce microor- ganisme peut donner des infections de la peau et des parties molles, des lymphadénites et des infections respiratoires chez des patients non immunodéprimés. Les contaminations se font lors de trauma- tismes ou d’interventions chirurgicales (liposuccion, injections...). Observations Une femme de 41 ans, sans antécédents voyait apparaître 5 mois après une abdominoplastie, des lésions à type de panniculite en regard de la cicatrice. Une reprise chirurgicale par lipectomie était effectuée permet- tant une réduction partielle des lésions. L’histologie montrait des lésions de stéatonécrose avec trajet fistuleux bordé par un tissu de granulation inflammatoire sans signe de malignité, en faveur d’une cytostéatonécrose, les prélèvements bactériologiques stan- dard étaient négatifs. Quatre mois plus tard de nouvelles lésions similaires réapparais- saient, en regard de la cicatrice, mais également à distance de celle-ci, à type de nodules sous-cutanés fistulisés. Une mise à plat de ces lésions était réalisée et les prélèvements mettaient en évidence la présence de M. fortuitum (souche résistante à la doxy- cycline et à la clarithromycine). Une bi-antibiothérapie adaptée par ciprofloxacine et sulfaméthoxazole/triméthoprime puis relais par ciprofloxacine seule et amikacine (toxidermie au sulfaméthoxa- zole/triméthoprime) permettait une amélioration des lésions à 3 mois de recul. Discussion Le recours à la chirurgie esthétique est en augmen- tation, des complications post opératoires comme la cytostéa- tonécrose connues surtout dans les plasties mammaires peuvent survenir. La contamination par M. fortuitum peut avoir lieu en peropératoire. Les lésions cutanées sont variables : folliculite, plaques, nodules, pouvant mimer dans certains cas une cytostéatonécrose. Dans le contexte post-opératoire une infection à M. fortuitum est donc très difficile à différencier d’une cytostéatonécrose. Devant une évolution défavorable en post-opératoire, des prélèvements pour recherche de mycobactéries doivent être réalisés. Conclusion Nous rapportons le cas d’une patiente ayant des lésions cutanées liées à M. fortuitum, mimant une cytostéatoné- crose cliniquement et histologiquement, survenant quelques mois après abdominoplastie. Devant de telles lésions après une chirur- gie plastique, l’hypothèse d’une infection cutanée à mycobactérie atypique et notamment à M. fortuitum doit être évoquée et recher- chée. Mots clés Chirurgie plastique ; Cytostéatonécrose ; Mycobacterium fortuitum Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.494 P295 Hypertrophie des plexus cervicaux prise à tort pour une thrombose jugulaire externe, au cours d’une maladie de Hansen C. Zumelzu 1,, B. Flageul 2 , U. Warzocha 3 , F. Caux 1 , L. Laroche 1 1 Dermatologie, hôpital Avicenne, Bobigny, France 2 Dermatologie, hôpital Saint-Louis, Paris, France 3 Médecine interne, hôpital Avicenne, Bobigny, France Auteur correspondant. Observations Un patient de 30 ans, Sri Lankais en France depuis 2006, était adressé en dermatologie pour une suspicion de maladie de Behc ¸et devant des lésions papuleuses des bourses associées à un « œdème » du visage évoluant depuis 2011 avec diagnostic de throm- bose jugulaire bilatérale traitée par anticoagulation pendant 2 ans, inefficace. L’examen clinique révélait une nappe discrètement hypochromique et érythémateuse médio-faciale où l’on notait une zone infiltrée, une lésion maculeuse érythémateuse de la face anté- rieure du poignet droit et trois lésions papulo-érythémateuses des bourses, toutes hypo-esthésiques. L’examen neurologique trouvait également une hypertrophie prédominant à gauche des branches du plexus cervical superficiel. Le diagnostic de maladie de Hansen dans une forme tuberculoïde, suspecté cliniquement, était confirmé par la présence à l’histologie d’un infiltrat granulomateux tubercu- loïde détruisant les filets nerveux, la négativité de la coloration de Zielh sur les biopsies et dans le suc dermique. La prescription de Lamprène ® et Rifadine ® durant 9 mois permettait une désinfiltra- tion des lésions du visage et une récupération de la sensibilité. Discussion La présence de cordons indurés bilatéraux dans la région cervicale associée à un « œdème » du visage avait fait poser chez notre patient un diagnostic clinique et échographique erroné de thrombose jugulaire bilatérale. Aucun scanner cervical n’avait été réalisé pour confirmer la thrombose. L’apparition de lésions des

Upload: v

Post on 03-Apr-2017

215 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: Infection à Mycobacterium fortuitum mimant une cytostéatonécrose à distance d’une abdominoplastie

JDP 2014 S449

n’était pas précisé. Vingt-quatre patients venaient de zones rurales.Chez 8 patients, le LT était apparu après vaccination par BCG. Ladurée moyenne d’évolution des lésions était de 25 ans (extrêmes de3 mois et 64 ans). Chez 2 patientes les lésions évoluaient depuis lanaissance. La localisation était unique dans 27 cas avec une prédo-minance au niveau du visage (13 cas) et du bras (11 cas). Chez 2patients les lésions étaient multiples. L’association à une TB vis-cérale était retrouvée chez 6 patients (2 TB pulmonaires, 2 TBosseuse, 1 TB ganglionnaire, 1 TB laryngée). L’IDR à la tuberculine(pratiquée chez 24 patients) était positive dans 23 cas. Les biop-sies cutanées retrouvaient toujours des granulomes tuberculoïdessans nécrose caséeuse. Vingt-trois patients avaient recu une qua-drithérapie ou une trithérapie antituberculeuse. Les lésions étaientnettement améliorées au bout de 2 mois de traitement chez 21patients, deux étaient perdus de vue. Une patiente avait recu avecsuccès l‘isoniazide et la streptomycine pendant 12 mois. Une autreayant un LT sur vaccination par BCG avait bien répondu à l’isoniazideseul pendant 6 mois. Chez une patiente, le LT de la face dégénéraiten carcinome spinocellulaire après une évolution de 20 ans.Discussion Malgré la vaccination systématique et toutes lesmesures préventives, la maladie tuberculeuse sévit toujours à unétat endémique. Le LT en représente la forme la plus fréquente deTBC, comme dans notre série. La prédominance féminine est clas-sique et validée dans cette étude. Les localisations des bras et duvisage sont les plus fréquentes dans notre série comme dans la lit-térature. La chronicité de la lésion de LT est habituelle. Dans notresérie, les lésions évoluent depuis plus que 10 ans dans 66 % des cas.Le LT est une complication rare de la vaccination par BCG, c’est lecas chez un de nos patients. L’association à une TB viscérale est pos-sible, et a été notée dans 6 cas. La quadrithérapie antituberculeusereste le traitement de choix du LT.Conclusion Le LT est une étiologie à prendre en compte devantune lésion cutanée ancienne dans notre pays où la prévalence de laTB reste élevée.Mots clés Infection ; Lupus tuberculeux ; Tuberculose cutanéeDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.493

P294Infection à Mycobacterium fortuitummimant une cytostéatonécrose àdistance d’une abdominoplastie�

L. Ghoufi 1,∗, C. Cannistra 2, V. Vuong 1, B. Crickx 1, V. Descamps 1

1 Dermatologie, hôpital Bichat, Paris, France2 Chirurgie plastique, hôpital Bichat, Paris, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Mycobacterium fortuitum est une mycobactérieatypique à croissance rapide retrouvée essentiellement dans l’eau,le sol et la poussière. Les portes d’entrées se font principalementpar inhalation, par voie muqueuse ou par voie cutanée. Ce microor-ganisme peut donner des infections de la peau et des parties molles,des lymphadénites et des infections respiratoires chez des patientsnon immunodéprimés. Les contaminations se font lors de trauma-tismes ou d’interventions chirurgicales (liposuccion, injections. . .).Observations Une femme de 41 ans, sans antécédents voyaitapparaître 5 mois après une abdominoplastie, des lésions à type depanniculite en regard de la cicatrice.Une reprise chirurgicale par lipectomie était effectuée permet-tant une réduction partielle des lésions. L’histologie montrait deslésions de stéatonécrose avec trajet fistuleux bordé par un tissude granulation inflammatoire sans signe de malignité, en faveurd’une cytostéatonécrose, les prélèvements bactériologiques stan-dard étaient négatifs.Quatre mois plus tard de nouvelles lésions similaires réapparais-saient, en regard de la cicatrice, mais également à distance de

celle-ci, à type de nodules sous-cutanés fistulisés. Une mise à platde ces lésions était réalisée et les prélèvements mettaient enévidence la présence de M. fortuitum (souche résistante à la doxy-cycline et à la clarithromycine). Une bi-antibiothérapie adaptéepar ciprofloxacine et sulfaméthoxazole/triméthoprime puis relaispar ciprofloxacine seule et amikacine (toxidermie au sulfaméthoxa-zole/triméthoprime) permettait une amélioration des lésions à 3mois de recul.Discussion Le recours à la chirurgie esthétique est en augmen-tation, des complications post opératoires comme la cytostéa-tonécrose connues surtout dans les plasties mammaires peuventsurvenir.La contamination par M. fortuitum peut avoir lieu en peropératoire.Les lésions cutanées sont variables : folliculite, plaques, nodules,pouvant mimer dans certains cas une cytostéatonécrose.Dans le contexte post-opératoire une infection à M. fortuitum estdonc très difficile à différencier d’une cytostéatonécrose. Devantune évolution défavorable en post-opératoire, des prélèvementspour recherche de mycobactéries doivent être réalisés.Conclusion Nous rapportons le cas d’une patiente ayant deslésions cutanées liées à M. fortuitum, mimant une cytostéatoné-crose cliniquement et histologiquement, survenant quelques moisaprès abdominoplastie. Devant de telles lésions après une chirur-gie plastique, l’hypothèse d’une infection cutanée à mycobactérieatypique et notamment à M. fortuitum doit être évoquée et recher-chée.Mots clés Chirurgie plastique ; Cytostéatonécrose ;Mycobacterium fortuitumDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.494

P295Hypertrophie des plexus cervicauxprise à tort pour une thrombosejugulaire externe, au cours d’unemaladie de Hansen�

C. Zumelzu 1,∗, B. Flageul 2, U. Warzocha 3, F. Caux 1, L. Laroche 1

1 Dermatologie, hôpital Avicenne, Bobigny, France2 Dermatologie, hôpital Saint-Louis, Paris, France3 Médecine interne, hôpital Avicenne, Bobigny, France∗ Auteur correspondant.

Observations Un patient de 30 ans, Sri Lankais en France depuis2006, était adressé en dermatologie pour une suspicion de maladiede Behcet devant des lésions papuleuses des bourses associées à un« œdème » du visage évoluant depuis 2011 avec diagnostic de throm-bose jugulaire bilatérale traitée par anticoagulation pendant 2 ans,inefficace. L’examen clinique révélait une nappe discrètementhypochromique et érythémateuse médio-faciale où l’on notait unezone infiltrée, une lésion maculeuse érythémateuse de la face anté-rieure du poignet droit et trois lésions papulo-érythémateuses desbourses, toutes hypo-esthésiques. L’examen neurologique trouvaitégalement une hypertrophie prédominant à gauche des branchesdu plexus cervical superficiel. Le diagnostic de maladie de Hansendans une forme tuberculoïde, suspecté cliniquement, était confirmépar la présence à l’histologie d’un infiltrat granulomateux tubercu-loïde détruisant les filets nerveux, la négativité de la coloration deZielh sur les biopsies et dans le suc dermique. La prescription deLamprène® et Rifadine® durant 9 mois permettait une désinfiltra-tion des lésions du visage et une récupération de la sensibilité.Discussion La présence de cordons indurés bilatéraux dans larégion cervicale associée à un « œdème » du visage avait fait poserchez notre patient un diagnostic clinique et échographique erronéde thrombose jugulaire bilatérale. Aucun scanner cervical n’avaitété réalisé pour confirmer la thrombose. L’apparition de lésions des