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Module 005

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Impacts des politiques la pauvreté

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus par Lorenzo Giovanni Bellù, Service de soutien aux politiques agricoles, Division de l’assistance aux politiques, FAO, Italie Paolo Liberati, Université d’Urbino, «Carlo Bo», Institut d’économie, Urbino, Italie pour le compte de Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

À propos d’EASYPol EASYPol est un référentiel interactif multilingue en ligne qui propose des ressources téléchargeables visant à renforcer les capacités en matière d'élaboration de politiques alimentaire, agricole et développement rural. L'adresse de sa page d’accueil est: www.fao.org/tc/easypol. Les ressources d'EASYPol sont créées et mises à jour par le Service de soutien aux politiques agricoles de la FAO. Les termes employés et la présentation du contenu de ce document d’information ne représentent en aucune manière l’opinion de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture quant au statut juridique d'un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région quelconque ou de ses autorités ou quant à la délimitation de ses frontières ou limites. © FAO Janvier 2006: Tous droits réservés. La reproduction et la diffusion des documents accessibles sur le site Web de la FAO aux fins de formation ou autres fins non commerciales sont autorisées sans permission écrite préalable des détenteurs des droits d’auteur, à condition que la source en soit clairement mentionnée. La reproduction de leur contenu aux fins de revente ou autres fins commerciales est interdite sans l’autorisation écrite des détenteurs des droits d’auteur. Il convient d’adresser ces demandes d’autorisation à: [email protected].

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

Sommaire

1. Résumé ......................................................................................1

2. Introduction.................................................................................1

3. Contexte conceptuel .....................................................................2

3.1 Méthode du coût de la consommation de calories (FEI) ....................... 2

3.2 Méthode du coût des besoins essentiels (CBN)................................... 4

3.3 Méthode de l’insuffisance de consommation (CI) ................................ 7

3.4 Méthode du budget standard (BS).................................................... 7

4. Procédure détaillée d’identification de la pauvreté à l’aide .................. des concepts absolus ...................................................................8

4.1 Procédure détaillée de calcul du coût de la consommation de .............. calories (FEI)............................................................................... 8

4.2 Procédure détaillé de calcul du coût des besoins essentiels (CBN)...... 10

4.3 Procédure détaillée de calcul de la méthode de l’insuffisance ................ de consommation (CI) ................................................................ 12

4.4 Procédure détaillée de calcul de la méthode du budget standard (BS)13

5 Exemples de procédures de définition de la pauvreté à l’aide de concepts absolus ........................................................................14

5.1 Méthode FEI .............................................................................. 14

5.2 Méthode CBN............................................................................. 17

5.3 Méthodes CI et BS...................................................................... 20

6 Discussion: critique des seuils de pauvreté absolus ........................21

6.1 Critique de l’approche FEI............................................................ 21

6.2 Critique de l’approche CBN .......................................................... 22

6.3 Critique de l’approche CI ............................................................. 22

6.4 Critique de l’approche BS ............................................................ 22

7 Conclusions ...............................................................................22

8 Remarques à l’attention du lecteur................................................23

8.1 Durée....................................................................................... 23

8.2 Questions fréquemment posées.................................................... 23

8.3 Modules EASYPol complémentaires ............................................... 24

9 Ouvrages de références et autres ressources .................................24

Métadonnées du module ........................................................................................... 26

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1. RÉSUMÉ

Ce module explique le mode de définition des seuils de pauvreté «absolus», c’est-à-dire basés sur des approches prenant en compte la situation de bien-être de chaque individu ou ménage comme si elle était indépendante des conditions d’autres individus ou ménages appartenant à la même communauté. Il traite en particulier des méthodes suivantes:

consommation de calories (FEI, «food energy intake») coût des besoins essentiels (CBN, «cost of basic needs») insuffisance de consommation (CI, «consumption insufficiency») budget standard (BS)

Il met en lumière les similitudes et les différences qui les caractérisent et fait appel à des procédures détaillées et à des exemples pour expliciter leur mode d’utilisation et de fonctionnement.

2. INTRODUCTION

Ce module veut donner à l’analyste les moyens de calculer des seuils de pauvreté en s’appuyant sur les concepts absolus de pauvreté. Il s'agit d’un sujet particulièrement pertinent pour le travail de politiques dans les pays en développement parce que les concepts absolutistes de pauvreté recouvrent la quasi totalité des mesures alimentaires du niveau de vie. En outre, les effets des politiques de lutte contre la pauvreté sont souvent évalués en fonction de leur aptitude à combattre la pauvreté absolue.

Objectifs

Ce module va enseigner à ses utilisateurs les méthodes de détermination de seuils de pauvreté absolus, ainsi que leurs avantages et leurs limites respectives. Au terme de cette formation, ils disposeront des éléments conceptuels et auront effectué les exercices pratiques détaillés qui leur permettront de calculer les seuils de pauvreté absolus.

Public

Ce module s’adresse aux analystes appliqués désireux de travailler sur les problèmes de pauvreté, mais les universitaires, les cadres des ministères et d’autres professionnels pourront s’en servir dans leur travail. Les étudiants intéressés par les problèmes de pauvreté y trouveront également un contenu pertinent pour leurs études.

Connaissances préalables requises

Le public doit posséder des notions élémentaires de mathématiques et de statistiques et connaître le concept de distribution de revenus, ainsi que les définitions de la pauvreté. Ce module appartient également à un ensemble traitant de la définition de la pauvreté, de l’identification des pauvres et de la mesure de la pauvreté1. 1 Les liens hypertexte vers EASYPol apparaissent en bleu: a) chemins d’accès aux formations en gras souligné;

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Des liens vers des modules EASYPol consacrés à des sujets apparentés figurent à la fin du présent document et d’autres liens utiles sont proposés dans l’ensemble du texte.

3. CONTEXTE CONCEPTUEL

On peut conceptualiser la pauvreté en termes absolus ou relatifs2. Nous commencerons par les méthodes basées sur les concepts absolus, et plus précisément:

la consommation de calories (FEI); le coût des besoins essentiels (CBN); l’insuffisance de consommation (CI); le budget standard (BS).

Toutes ces méthodes définissent un ensemble de marchandises assurant un niveau de vie adéquat et le convertissent en valeurs monétaires dans le but ultime de définir un seuil de pauvreté, c’est-à-dire la limite en dessous de laquelle l’individu est considéré pauvre.

3.1 Méthode du coût de la consommation de calories (FEI)

La méthode FEI définit la consommation de calories minimum dont a besoin un individu donné pour mener une vie décente. De ce fait, les personnes qui ne peuvent pas payer le coût de la FEI sont pauvres3. Par définition, la FEI est un concept de pauvreté absolu entièrement alimentaire. Cette mesure constitue donc un bon indicateur de pauvreté dans les pays où une proportion importante de la population consacre une fraction significative de son budget à la nourriture. Cette situation est typique des économies en développement. En revanche, dans les économies développées, une large part de la population consacre une moindre fraction de son revenu total ou de ses dépenses totales à la nourriture. Autrement dit, dans ce cas, il convient de mesurer le niveau de vie en termes d'éléments alimentaires, mais aussi non alimentaires. À l’extrême, on peut mesurer le niveau de vie par rapport au total des revenus ou des dépenses (et couvrir ainsi tous les éléments consommés), ce qui constitue la mesure économique standard des économies avancées. Il est intéressant de noter que les vues économiques et alimentaires (nutritionnelles) du niveau de vie peuvent être conflictuelles4. Supposons que le lait soit subventionné par le gouvernement et que cet aliment constitue un apport nutritionnel important pour les pauvres. Supposons maintenant que le gouvernement souhaite réduire les subventions au lait et parte du principe qu’il existe de bons substituts à cet aliment (et donc, une élasticité des prix suffisamment élevée). La baisse des subventions entraîne une augmentation du prix et les individus pauvres commencent à consommer des aliments b) autres modules EASYPol ou documents EASYPol complémentaires en italique gras souligné; c) liens vers le glossaire en gras et d) liens vers des sites extérieurs en italique. 2 Voir le module EASYPol 004: Impacts des politiques sur la pauvreté: définition de la pauvreté. 3 Voir Ravallion et Bidani, 1994. 4 Deaton, 1997, p. 209, fournit un exemplaire clair de ce contraste.

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de substitution. Pour les nutritionnistes, cette situation diminue le bien-être des pauvres, puisqu’ils consomment moins de lait, et ils souhaiteront le maintien des subventions. Pour les économistes, l’élasticité élevée du prix du lait signifie que la baisse des subventions ne va pas avoir d’impact négatif fort sur les pauvres, car ils pourront orienter leur consommation sur des biens de substitution. Les économistes ne seront pas défavorables à une baisse des subventions. Les points de vue économiques et nutritionnels du niveau de vie n’entrent pas en conflit dans un seul cas de figure, à savoir quand toute la population dépense tous ses revenus en nourriture en suivant à la lettre les recommandations des nutritionnistes. Ce conflit pose un problème de base: est-on disposé à accepter que les personnes sont les mieux placées pour juger de leurs besoins ou faut-il introduire un point de vue paternaliste de ce qui est bon pour elles?5 Les calculs de la consommation de calories (nombre de calories requis pour vivre) s’appuient sur des informations nutritionnelles. D’autres critères peuvent compléter la consommation de calories, tels que la teneur en protéines et en micronutriments6. En général, ces informations proviennent d’études d’experts en nutrition. En ce sens, il n’existe pas de fondement économique précis à la définition du panier alimentaire associé à une consommation de calories donnée. Par conséquent, celle-ci comporte une composante inévitablement arbitraire. Le choix du panier alimentaire dépend avant tout des priorités fixées par les analystes. Si le but principal est d’en limiter le coût, ils retiendront un critère de coût minimal. S’ils accordent la priorité à la teneur protéique, il n’est pas nécessaire que le coût du panier soit minimal. Dans tous les cas, la pauvreté est vue comme une situation où la consommation de calories ou la teneur en certains nutriments est insuffisante. Dans tous les cas également, la définition du seuil de pauvreté passe par la conversion des informations nutritionnelles en valeurs monétaires. Deux méthodes principales permettent de déterminer le prix d’une consommation de calories donnée7:

méthode du moindre coût; méthode basée sur les dépenses.

La méthode du moindre coût se base sur les informations nutritionnelles et nécessite de commencer par spécifier un ou plusieurs paniers alimentaires assurant la même consommation de calories. Comme chaque panier peut combiner des aliments différents, la détermination de leur prix peut aboutir à un coût total différent pour une

5 Ceci rappelle le concept de «biens sous tutelle» (ou biens méritoires) c’est-à-dire des marchandises dont la consommation est inférieure ou supérieure au niveau de choix optimal d’un individu en raison d’une interférence paternaliste (par exemple, éducation obligatoire, restrictions sur la consommation d'alcool et de tabac, vaccins obligatoires, etc.). 6 En général, la teneur en protéines et en autres nutriments est susceptible d’induire des ajustements du panier si des normes nutritionnelles minimales ne sont pas respectées. L’importance fondamentale du problème de l'évaluation la plus précise possible des besoins en calories et en nutriments des êtres humains est reconnue par la FAO depuis 1950. Voir FAO, 1950, et FAO, 2003, ainsi que http://www.fao.org/es/ESN. 7 Ou bien nous pouvons nous contenter d’examiner le revenu moyen ou les dépenses moyennes des sous échantillons de ménages dont la consommation calorique est approximativement égale à la consommation calorique requise. Voir Ravallion et Bidani, 1994.

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consommation identique de calories. Le coût le plus bas est choisi comme seuil de pauvreté. La méthode basée sur les dépenses compare la consommation de calories minimale par groupes de ménages à leur consommation moyenne. Deux cas de figure peuvent se produire. Premièrement, si le nombre total de calories de la consommation moyenne est inférieur à la consommation de calories minimale, il faut réévaluer la consommation moyenne à l’aide du rapport consommation de calories minimale/consommation de calories réelle. Ensuite, il convient de calculer le prix de la consommation moyenne réévaluée. Le coût obtenu constitue le seuil de pauvreté. Deuxièmement, si le nombre total de calories de la consommation moyenne est supérieur à la consommation de calories minimales, le coût de celle-ci est retenu comme seuil de pauvreté. À noter que, dans ce cas, le coût de la consommation calorique minimale se calcule à l’aide de la méthode du moindre coût. Par conséquent, la méthode basée sur les dépenses ne s'applique en général qu’au cas où la consommation moyenne de calories est inférieure à la consommation de calories requise.

3.2 Méthode du coût des besoins essentiels (CBN)

La justification du coût des besoins essentiels (CBN) est similaire à celle de la FEI. En fait, cette méthode constitue une extension de la FEI, car elle définit, non seulement un niveau adéquat d’éléments alimentaires, mais aussi un niveau adéquat d’éléments non alimentaires8. Il s’agit donc d’un concept de pauvreté atténué par rapport à la FEI, proche des méthodes de budget standard (voir ci-dessous). Voici des exemples d’éléments non alimentaires utilisés par l'approche CBN: superficie du logement, quantité d’électricité et d’eau, nombre adéquat de vêtements. Mais il n’existe pas de définition satisfaisante des dépenses non alimentaires. Comme le rapporte le Poverty Manual de la Banque mondiale (2001), les chercheurs ont utilisé en 1993 pour le Vietnam le niveau de dépenses non alimentaires de ménages relevant du quintile de dépenses intermédiaire. Pour la Corée du Sud, les éléments non alimentaires choisis ont été le coût d’un logement d’une superficie correspondant à la taille officielle d’un appartement plus le coût des éléments non alimentaires mesurés par les dépenses moyennes des ménages des deux cinquièmes les plus pauvres de la distribution de revenus9. Les modes de calcul les plus souvent utilisés par l’approche CBN sont eux aussi au nombre de deux:

méthode du moindre coût; relèvement du seuil de pauvreté.

La méthode du moindre coût appliquée aux éléments alimentaires est identique à celle de la FEI. Concernant les éléments non alimentaires, il faut commencer par sélectionner ceux jugés essentiels (par exemple, un toit), puis en déterminer le prix, calculer les dépenses totales requises pour arriver à un panier convenable d’éléments non alimentaires et sélectionner celui dont le coût est le plus bas. Le coût minimal des éléments alimentaires et non alimentaires constitue le seuil de pauvreté de l'approche 8 Voir à nouveau Ravallion et Bidani, 1994. 9 Voir Banque mondiale, 2000, chapitre 3.

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CBN. À noter que l’application de cette méthode nécessite en général de déterminer séparément le coût des éléments non alimentaires pour chaque région d’un pays donné. En outre, les prix de ces éléments ne sont généralement pas suivis de manière fiable dans les pays moins développés. Enfin, contrairement aux éléments alimentaires, les éléments non alimentaires ne sont pas ancrés à une base claire comme la consommation de calories. La méthode du relèvement fournit le seuil de pauvreté total en multipliant le seuil de pauvreté alimentaire par un facteur donné tenant compte des éléments non alimentaires. Se pose alors une question évidente: comment calculer ce facteur? Empiriquement, nous observons deux approches très similaires. La première consiste à calculer la moyenne du total des dépenses des individus dont les dépenses alimentaires sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Le résultat est le seuil de pauvreté total correspondant à ce niveau de dépenses. Nous l’appellerons seuil de pauvreté total alimentaire (SPTA). La seconde consiste à calculer la moyenne des dépenses non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Le seuil de pauvreté total devient donc la somme du seuil de pauvreté alimentaire et des dépenses moyennes non alimentaires de ces individus. Nous appellerons cette méthode seuil de pauvreté total basé sur les dépenses totales (SPTT). Cette variante est particulièrement bien décrite dans Ravallion et Bidani, 1994, qui utilisent une technique de régression pour relever le seuil de pauvreté. Ils commencent en particulier par estimer la part alimentaire des dépenses totales s en tant que fonction linéaire du logarithme des dépenses totales y (c’est-à-dire alimentaires + non alimentaires) normalisée au coût du seuil de pauvreté alimentaire zFEI (calculé comme pour la FEI),

une constante α et un terme d’erreur u: uz

ysFEI

+⎟⎠⎞

⎜⎝⎛+= lnβα .10

Les individus dont les dépenses totales y sont égales au seuil de pauvreté alimentaire zFEI (i.e. y = zFEI) auront une part alimentaire moyenne égale à α<1.11 Par conséquent, leur part non alimentaire moyenne des dépenses sera égale à (1- α). En fait, nous nous intéressons au niveau moyen des dépenses non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Le coût des besoins essentiels sera donc le coût du seuil de pauvreté alimentaire relevé de (1- α), c’est-à-dire de la part non alimentaire moyenne des dépenses, autrement dit zCBN = zFEI (1+ (1- α)) = zFEI (2 – α).12 Il est utile d’insister à nouveau sur la différence entre ces variantes. Dans les deux cas, le seuil de pauvreté alimentaire est calculé comme pour l’approche FEI. Avec SPTA, nous nous intéressons aux dépenses totales des individus dont les dépenses alimentaires sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Avec SPTT, nous nous

10 À noter que l’hypothèse de linéarité fournit un facteur de relèvement simple. Mais on peut également avoir recours à la non linéarité. Voir l’annexe technique dans Ravallion et Bidani, 1994, où ils ont inclus un terme au carré de ln (y/zFEI). 11 Quand y = zFEI, ln (y/zFEI)=0. 12 Voir l’exemple ci-après.

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intéressons aux dépenses non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Le tableau suivant résume les variables de la méthode de relèvement du seuil de pauvreté.

Tableau 1 - Éléments à prendre en compte dans la méthode du relèvement du seuil de pauvreté

SPTA

SPTT

S’intéresser aux

dépenses totales

dépenses non alimentaires

des individus dont les .... sont égales au seuil de pauvreté alimentaire

dépenses alimentaires

dépenses totales

Le recours à deux variantes de la méthode du relèvement du seuil de pauvreté a des implications sur le seuil de pauvreté lui-même. La figure 1 ci-après compare les mécanismes de l’approche FEI, du SPTA et du SPTT. Dans la figure 1, les dépenses alimentaires forment la ligne bissectrice, tandis qu’à n’importe quel niveau de dépenses alimentaires correspond un niveau supérieur de dépenses totales. L’hypothèse est que les dépenses non alimentaires (distance verticale entre dépenses totales et alimentaires) augmentent les niveaux de dépenses alimentaires. OA sur l’axe des y est le seuil de pauvreté de la FEI et OB le point correspondant de l’axe des x. On obtient ainsi le niveau de dépenses alimentaires égal au seuil de pauvreté alimentaire. Pour obtenir le seuil de pauvreté de la variante SPTA de la méthode CBN, nous regardons le niveau de dépenses totales des individus dont les dépenses alimentaires sont égales au seuil de pauvreté de la FEI, c’est-à-dire BK. Par conséquent, le point OC de l’axe des y est le seuil de pauvreté SPTA. Pour obtenir le seuil de pauvreté de la variante SPTT de la méthode CBN, nous devons examiner le niveau de dépenses non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté de la FEI, c’est-à-dire HD. Les dépenses non alimentaires sont égales au segment HW. Si nous ajoutons HW au seuil de pauvreté de la FEI, soit HJ=HW, nous obtenons le SPTT. Par construction, comme les dépenses totales ne sont jamais inférieures aux dépenses alimentaires, SPTA est toujours supérieur à SPTT et tous deux sont supérieurs à la FEI. De ce fait, nous obtenons toujours FEI ? SPTT ? SPTA.

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Figure 1 - FEI, CBN-SPTA et CBN-SPTT

3.3 Méthode de l’insuffisance de consommation (CI)

Jusqu’ici, nous nous sommes intéressés aux éléments alimentaires (FEI) ou à un mélange d’éléments alimentaires et non alimentaires (CBN). Dans une certaine mesure, on peut considérer l’approche CBN comme une extension de l’approche FEI, puisqu’elle inclut les éléments non alimentaires essentiels dans le calcul du seuil de pauvreté absolu. La méthode CBN peut elle-même être étendue. La méthode de l’insuffisance de consommation (CI) en constitue en fait une extension puisqu’elle inclut également dans le calcul du seuil de pauvreté les éléments non alimentaires non essentiels, ce qui détend encore plus le concept de subsistance minimum. Il en résulte un seuil de pauvreté égal au coût de tous les éléments de la liste, alimentaires ou non (essentiels et non essentiels). Pour convertir ce nouveau panier en seuil de pauvreté, on adopte en général la méthode du moindre coût. Le désaccord sur la nature des éléments non alimentaires à inclure dans l’analyse exacerbe les problèmes déjà soulevés par la méthode du coût des besoins essentiels. La difficulté à choisir et tarifer convenablement les éléments non alimentaires non essentiels peut nécessiter d’étendre cette méthode à la prise en compte des dépenses totale, toutes marchandises confondues.

3.4 Méthode du budget standard (BS)

La méthode du budget standard est la plus large des approches basées sur les marchandises de base. Son panier comprend, outre les éléments alimentaires et non alimentaires, un montant minimum de marchandises nécessaires à la vie sociale (par exemple, les activités de loisirs). Le concept de subsistance minimum en sort encore plus affaibli. Cette méthode donne comme seuil de pauvreté le coût cumulé de toutes les quantités de biens et de services, y compris la valeur des marchandises nécessaires à la

Dépenses totales Dépenses alimentaires Dépenses totales

Dépenses alimentaires (droite à 45°

CBN - SPTA

K

H

W

J

YFEI

O

A

C BK = Dépenses totales des individus dont les dépenses alimentaires sont égales à BY=OA (FEI)

CBN - SPTT

B

HW=Dépense non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont À noter que HW= HJ

E

D Dépenses alimentaires

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vie sociale, en général en recourant à la méthode du moindre coût. La difficulté de sélection d’une quantité minimale et de tarifications fiables de ce type de marchandises peut inciter à étendre cette méthode à la prise en compte des dépenses totales, toutes marchandises confondues, comme dans le cas précédent13.

4. PROCÉDURE DÉTAILLÉE D’IDENTIFICATION DE LA PAUVRETÉ À L’AIDE DES CONCEPTS ABSOLUS

4.1 Procédure détaillée de calcul du coût de la consommation de calories (FEI)

La figure 2 ci-après reprend la procédure détaillée de calcul du coût de la FEI par la méthode du moindre coût. L’étape 1 requiert de calculer la FEI, ce qui nécessite, soit des sources/informations externes, soit des procédures ad hoc. Dandekar et Rath, 1971a; 1971b, en fournissent un exemple pour l’Inde. Ils partent d’une norme calorique explicite (2 250 calories par jour) dans les zones urbaines et rurales (informations externes). En 1971, la Commission de planification a passé cette norme calorique à 2 400 en zones rurales et 2 100 en zones urbaines du fait du taux inférieur d’activité physique dans ces dernières14. Subramanian et Deaton, 1996, donnent un exemple du second cas (procédures ad hoc) en utilisant les données de consommation pour estimer la disponibilité calorique des ménages (voir ci-dessous)15. Une fois la FEI calculée, il faut constituer un ou plusieurs paniers de marchandises apportant la même consommation de calories aux individus. D’autres caractéristiques nutritionnelles peuvent s’avérer utiles dans ce processus, telles que la teneur en protéines ou en micronutriments. Selon les paniers, il y aura davantage de riz et moins de céréales ou moins d’œufs et davantage de tomates ou davantage de pommes et moins de lait, etc. (étape 2). Cette procédure est relativement arbitraire. Les nutritionnistes seront peut-être mieux à même de décrire le contenu du panier. Ou bien, nous partirons de schémas de consommation avérés pour estimer, par exemple, le panier moyen (et donc la consommation de calories) consommé par tout ou partie de la population16. Ensuite, il faut tarifer tous les paniers en affectant un prix du marché à chaque marchandise qu’ils contiennent (étape 3). Pour calculer le total des dépenses de chaque panier il suffit alors de multiplier les prix par la quantité des composants correspondants (étape 4). S’il est possible d’atteindre la même FEI à moindre coût, on peut décider, par exemple, que le niveau minimum de coût est égal au seuil de pauvreté alimentaire (étape 5) et constitue donc «le» seuil de pauvreté. Par conséquent, le seuil de pauvreté

13 Perumal, 1992, fournit un exemple de méthode de budget standard de mesure de la pauvreté pour la Malaisie, où le seuil de pauvreté alimentaire est calculé d’abord, avec une prise en compte des éléments non alimentaires. 14 Pour une discussion, voir Deaton, 1997, pages 142-143. 15 Autres exemples de pays où l’on a utilisé la consommation de calories: Osmani, 1982; Greer et Thorbecke, 1986; Paul, 1989; Ahmed, 1991; Ercelawn, 1991. Les applications plus récentes comprennent l’évaluation de la pauvreté effectuée au Bangladesh en 1998 par la Banque mondiale, en particulier la section Food Energy Intake and Cost of Basic Needs: Measuring Poverty in Bangladesh. 16 Voir Subramanian et Deaton, 1996.

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correspondra au coût minimum d’achat de différents paniers dont la consommation de calories est identique. Figure 2 - Procédure détaillée de calcul de la FEI à l’aide de la méthode du moindre coût

ÉTAPE Contenu opérationnel

1

Calculer la consommation de calories (FEI) sur la base de

sources externes, d'études nutritionnelles, de l'avis

d'experts, etc.

2

Constituer un ou plusieurs paniers différents de

marchandises présentant la même FEI

3

Affecter un prix à chaque composant des paniers

4

Calculate, for each basket, the total cost of achieving FEI

5

Retenir le panier présentant le coût minimum. Il s'agit du seuil

de pauvreté La figure 3 ci-après reprend les étapes du calcul du coût de la FEI à l’aide de la méthode basée sur les dépenses. Cette procédure est légèrement plus complexe. Le point de départ (étape 1) est identique au cas précédent. L’étape 2 montre que, pour déterminer le coût de la FEI à l’aide de la méthode basée sur les dépenses, il faut posséder des informations sur la consommation moyenne. L’étape 3 requiert de calculer le total calorique à partir de cette consommation moyenne. À l’étape 4, il faut comparer le total calorique de la consommation moyenne à la consommation de calories requise. Deux cas de figure apparaissent : i) si la consommation de calories moyenne est inférieure à la consommation de calories requise par la FEI, il faut réévaluer la consommation moyenne de chaque aliment d’un facteur égal au rapport calories de la FEI/calories de la consommation réelle (supérieur à un) (étape 4a); ii) si la consommation calorique moyenne dépasse la consommation de calories requise, il faut sélectionner cette dernière (étape 4b). L’étape 5 consiste à affecter un prix à chaque aliment du panier (soit du panier de la consommation moyenne réévalué, soit du panier de la FEI). Le total des dépenses du panier sélectionné définit le seuil de pauvreté (étape 6).

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Figure 3 - Procédure détaillée de calcul de la FEI à l’aide de la méthode basée sur les dépenses

4.2 Procédure détaillé de calcul du coût des besoins essentiels

(CBN)

La figure 4 ci-dessous reprend la procédure détaillée de calcul du CBN à l’aide de la méthode du moindre coût. L’étape 1 nécessite de calculer le seuil de pauvreté alimentaire avec la méthode du moindre coût, comme pour la FEI. L’étape 2 requiert de sélectionner les éléments non alimentaires jugés essentiels (par exemple, vêtements,

ÉTAPE Contenu opérationnel

Calculer la consommation de calories (FEI) sur la base de sources externes, d'études nutritionnelles, de l'avis d'expert, etc.

1

Observer la consommation moyenne de toute la population

Calculer le nombre total de calories correspondant à la consommation moyenne

Comparer le nombre total de calories de la consommation moyenne à la FEI

2

3

Si le nombre de calories de la consommation moyenne est inférieur à celui de la FEI, réévaluer la consommation moyenne à l'aide du rapport entre nombre de calories de la FEI et nombre de calories de la consommation moyenne

Si le nombre de calories de la consommation moyenne dépasse celui de la FEI, sélectionner la FEI et appliquer la méthode du moindre coût

Affecter un prix à chaque aliment, soit du panier de consommation moyenne réévalué, soit du panier de la FEI

Calculer les dépenses totales correspondantes. Ce niveau de dépenses est le seuil de pauvreté

4

4a

4b

5

6

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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logement, etc.). Pour les composants non alimentaires, la procédure est équivalente à celle du seuil de pauvreté alimentaire. Il faut affecter un prix aux éléments non alimentaires et calculer le total des dépenses (étape 3). Les éléments non alimentaires seront, par exemple : une surface d’habitation donnée, une quantité donnée d’électricité et d’eau, etc. Cette approche a été adoptée par Rowntree (1901) dans son étude de la pauvreté à York. Orshansky (1965) a utilisé un raccourci pour les éléments non alimentaires. Elle a calculé la quantité adéquate de consommation de calories, c’est-à-dire le seuil de pauvreté, puis l’a multipliée par 3, parce que la part alimentaire moyenne de la consommation à l’époque était de 1/3. Le coût des éléments alimentaires et non alimentaires s’additionne pour donner le seuil de pauvreté (étape 4).

Figure 4 - Procédure détaillée de calcul du CBN à l’aide de la méthode du moindre coût

ÉTAPE Contenu opérationnel Calculer le seuil de pauvreté alimentaire

comme pour la FEI 1

Choisir les éléments non alimentaires jugés essentiels 2

Affecter un prix à chaque élément non

alimentaire et calculer les dépenses totales 3

Additionner le coût des elements

alimentaires et non alimentaires pour obtenir le seuil de pauvreté

4 La figure 5 ci-après résume la marche à suivre pour appliquer la méthode du relèvement du seuil de pauvreté. L’étape 1 est commune au cas précédent et indépendante du type de relèvement. Il faut avoir défini la FEI et calculé le seuil de pauvreté. Ensuite, deux cas de figure sont possibles. L’étape 2a nécessite d’identifier le niveau moyen de dépenses totales des individus dont les dépenses alimentaires sont égales au seuil de pauvreté. Cette moyenne est le seuil de pauvreté (SPTA) et la méthode s’arrête là. L’étape 2b, en revanche, requiert d’identifier le niveau moyen des dépenses non alimentaires des individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Dans ce cas, il y a une étape supplémentaire (étape 3) car il faut ajouter le niveau moyen des dépenses non alimentaires au seuil de pauvreté alimentaire pour obtenir le seuil de pauvreté total (SPTT).

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Figure 5 - Procédure détaillée de calcul du CBN à l’aide de la méthode du relèvement

ÉTAPE Contenu opérationnel

Calculer le seuil de pauvreté alimentaire comme pour la FEI 1

Calculer le niveau moyen de dépenses totales des individus dont les dépenses alimentaires sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Cette moyenne constitue le seuil de pauvreté SPTA

2a

Calculer le niveau

moyen de dépenses non alimentaires des individus dont le total des dépenses est égal au seuil de pauvreté alimentaire

2b

Ajouter le niveau moyen de l'étape 2b au seuil de pauvreté alimentaire pour obtenir le seuil de pauvreté SPTT

3

4.3 Procédure détaillée de calcul de la méthode de l’insuffisance de consommation (CI)

Dans leurs variantes les plus couramment utilisées, les méthodes CI suivent la même procédure que la méthode du moindre coût pour le CBN. La figure 6 n’apporte donc rien de nouveau par rapport à la figure 4, à l’exception de l’étape 2, où il faut également choisir des éléments non alimentaires non essentiels.

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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Figure 6 - Procédure détaillée de calcul de la CI à l’aide de la méthode du moindre coût

ÉTAPE Contenu opérationnel

1

Calculer le seuil de pauvreté

alimentaire comme pour la FEI

2

Choisir des éléments non alimentaires supposés

essentiels et des éléments non alimentaires non essentiels

3

Affecter un prix à chaque élément non alimentaire et calculer les dépenses non

alimentaires

4

Additionner le coût des éléments alimentaires et non alimentaires pour obtenir le

seuil de pauvreté

4.4 Procédure détaillée de calcul de la méthode du budget standard (BS)

La procédure de calcul de BS, reprise dans la figure 7 ci-après, ne présente aucune étape spécifique par rapport aux méthodes CI et CBN. Il suffit d’inclure dans l’étape 2 une décision sur les marchandises nécessaires à la vie sociale à prendre en compte dans le calcul du seuil de pauvreté.

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Figure 7 - Procédure détaillée de calcul de BS

ÉTAPE Contenu opérationnel

1

Calculer le seuil de pauvreté alimentaire comme pour la FEI

2

Choisir des éléments non alimentaires supposés

essentiels, des éléments non alimentaires non essentiels et des marchandises nécessaires

à la vie sociale

3

Affecter un prix à chaque élément non alimentaire et calculer les dépenses non

alimentaires

4

Additionner le coût des éléments alimentaires et non alimentaires pour obtenir le

seuil de pauvreté

5 EXEMPLES DE PROCÉDURES DE DÉFINITION DE LA PAUVRETÉ À L'AIDE DE CONCEPTS ABSOLUS

5.1 Méthode FEI

Commençons par un exemple d’utilisation de la procédure de calcul du coût de la FEI à l’aide de la méthode du moindre coût (tableau 2 ci-après). Les chiffres sont adaptés d’un cas réel pour l’Inde, décrit dans Subramanian et Deaton, 1996. Étape 1 – Pour calculer une consommation de calories adéquate, les auteurs partent de schémas de consommation observés dans une enquête auprès des ménages de l’état indien de Maharashtra, contenant des données sur les dépenses et les quantités relatives à 149 aliments. Ils ont converti les quantités en calories à l’aide de tables de valeur nutritive des aliments consommés en Inde. La consommation moyenne quotidienne de la population totale est de 2 120 calories (premier tableau 2, panier A). Comme on le voit, les céréales représentent l'essentiel de la consommation de calories (environ 75 pour-cent).

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Tableau 2 - Exemple de mode de calcul de la FEI

Aliments

Nbre de calories par jour obtenu

par la consommation

moyenne

Prix moyen par 1000 calories

(roupies)

Dépenses alimentaires

par jour (roupies)

A B C D=B*C

Céréales 1,501 0.64 0.96

Légumineuses 140 1.51 0.21

Produits laitiers 59 3.69 0.22

Huiles et graisses 125 1.74 0.22

Viande 15 11.70 0.17

Fruits et légumes 74 3.90 0.29

Sucre 153 1.01 0.15

Autres aliments 53 17.40 0.92

Céréales

Riz 322 0.95 0.31

Blé 180 0.79 0.14

Jowar 801 0.50 0.40

Bajra 140 0.48 0.07

Autres céréales secondaires 47 0.66 0.03

Substituts de céréales 13 2.23 0.03

PAN

IER A

Totaux 2,120 3.15

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Tableau 2 - suite

Aliments

Nbre de calories par jour obtenu

par la consommation

moyenne

Prix moyen par 1000 calories

(roupies)

Dépenses alimentaires

par jour (roupies)

A B C D=B*C

Céréales 1,323 0.64 0.85

Légumineuses 240 1.51 0.36

Produits laitiers 137 3.69 0.51

Huiles et graisses 125 1.74 0.22

Viande 15 11.70 0.17

Fruits et légumes 74 3.90 0.29

Sucre 153 1.01 0.15

Autres aliments 53 17.40 0.92

Céréales

Riz 222 0.95 0.21

Blé 100 0.79 0.08

Jowar 801 0.50 0.40

Bajra 140 0.48 0.07

Autres céréales secondaires 47 0.66 0.03

Substituts de céréales 13 2.23 0.03

PA

NIE

R B

Totaux 2,120 3.47 Source: extrapolation et adaptation par les auteurs de Subramanian et Deaton, 1996. Étape 2 – Supposons maintenant que nous constituons un autre panier alimentaire (panier B). Dans cette adaptation de l’exemple réel, une combinaison différente des mêmes aliments fournit une consommation de calories identique. Supposons que la quantité de céréales diminue et que celle des légumineuses et des produits laitiers augmente (deuxième tableau 2). Étape 3 - Les auteurs fournissent les prix moyens par 1 000 calories de chaque élément des paniers. Ces prix apparaissent dans la colonne C du tableau 2 et sont exprimés en roupies. Étape 4 – Le coût total de la FEI figure en colonne D et est la somme des produits des calories et des prix de chaque élément. Ainsi, le panier A coûterait 3,15 roupies par jour contre 3,47 pour le panier B. Aux fins de comparaison, les auteurs notent que le salaire moyen dans les régions rurales de Maharashtra est de 15 roupies par jour.

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Étape 5 – Puisque l’on peut obtenir la même consommation de calories avec deux paniers différents, le seuil de pauvreté est le coût minimum de cette consommation. Dans ce cas, il sera de 3,15 roupies par jour. On aurait cependant pu choisir le panier B si A n’avait pas permis d’atteindre les exigences nutritionnelles minimales. Le tableau 3 ci-dessous illustre comment déterminer le coût de la FEI à l’aide de la méthode basée sur les dépenses. Il suppose que la consommation calorique minimale est de 2 822 calories par jour et que la consommation calorique dérivée de la consommation moyenne observée est de 2 120 calories. Dans ce cas, la consommation quotidienne de chaque élément est réévaluée à l’aide du rapport (2 822/2 120) = 1,331. Cette correction réévalue proportionnellement la consommation moyenne pour donner la consommation de calories minimale. Les dépenses alimentaires par jour, compte tenu des mêmes prix qu’auparavant, sont donc recalculées dans la colonne F. On arrive à un montant de 4,19 roupies par jour, qui devient le seuil de pauvreté de la méthode FEI basée sur les dépenses.

Tableau 3 - Exemple de mode de calcul du coût de la FEI à l’aide de la méthode basée sur les dépenses

Source: extrapolation et adaptation par les auteurs de Subramanian et Deaton, 1996.

5.2 Méthode CBN

Le tableau 4 ci-après exploite toujours le même cas réel pour expliquer le mode de calcul du CBN à l’aide de la méthode du moindre coût. Le tableau du haut est identique à celui de la FEI et donne un seuil de pauvreté alimentaire de 3,15 roupies par jour. Il ne nécessite pas d’autre commentaire. En revanche, le tableau du bas comprend deux éléments non alimentaires essentiels, les vêtements et le logement. Les auteurs posent l’hypothèse que leur coût est de 0,05 et 0,10 roupie par jour respectivement. Les dépenses non alimentaires journalières seraient donc égales à 0,15 roupie. Le seuil de pauvreté CBN est calculé par addition de ces dépenses non alimentaires au seuil de pauvreté alimentaire. On obtient 3,30 roupies par jour, qui constituent le seuil de pauvreté.

Aliments Nombre de calories par jour fourni par la consommation

oyenne m

Dépenses

alimentaires par jour

(roupies)

A B C D=B*C E (§) F=E*CCéréales 1,501 0.64 0.96 1,998 1.28

Légumineuses 140 1.51 0.21 186 0.28 Produits laitiers 59 3.69 0.22 79 0.29 Huiles et graisses 125 1.74 0.22 166 0.29

Viande 15 11.70 0.17 20 0.23 Fruits et légumes 74 3.90 0.29 99 0.39

Sucre 153 1.01 0.15 203 0.21 Autres aliments 53 17.40 0.92 71 1.23

Totaux 2,120

Consommation de calories minimale 2,822

3.15 2,822 4.19

Pan

ier

A

Dépenses alimentaires

par jour (roupies)

(§) Obtenu par multiplication de chaque élément de la colonne B par le rapport entre la consommation de calories minimale (2 822) et la consommation de calories de la consommation moyenne (2 120).

Consom-mation

quotidienne réévaluée

Prix moyen de 1000 calories

(roupies)

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Tableau 4 - Exemple de calcul du CBN à l’aide de la méthode du moindre coût

Aliments

Nbre de calories par jour obtenu

par la consommation

moyenne

Prix moyen par 1000 calories

(roupies)

Dépenses alimentaires

par jour (roupies)

A B C D=B*C

Céréales 1,501 0.64 0.96

Légumineuses 140 1.51 0.21

Produits laitiers 59 3.69 0.22

Huiles et graisses 125 1.74 0.22

Viande 15 11.70 0.17

Fruits et légumes 74 3.90 0.29

Sucre 153 1.01 0.15

Autres aliments 53 17.40 0.92

Nbre total de calories 2,120

Seuil de pauvreté alimentaire (FEI) 3.15

Éléments non alimentaires

Dépenses non alimentaires

par jour (roupies)

Vêtements 0.05

Logement et services publics 0.10

PAN

IER A

Seuil de pauvreté CBN (moindre coût) 3.30

Source: extrapolation et adaptation des auteurs à partir de Subramanian et Deaton, 1996. Le tableau 5 ci-après correspond à l’autre méthode de calcul du CBN, à savoir celle du relèvement. Il rapporte la distribution hypothétique des dépenses alimentaires et non alimentaires de sept individus. Supposons un seuil de pauvreté alimentaire identique à celui du tableau 2, soit 3,15 roupies par jour. Commençons par calculer le SPTA. C’est très simple. Par exemple, dans le tableau, les dépenses alimentaires de Georges et de Marc sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. Nous devons calculer leurs dépenses moyennes totales. Nous obtenons le chiffre de 4,575, qui est également le seuil de pauvreté SPTA.

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

19

Pour le SPTT, nous devons commencer par identifier les individus dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire, ce qui est le cas de Jacques et de François dans le tableau. En suite, il faut calculer le niveau moyen de leurs dépenses non alimentaires, soit 0,67. Ce niveau moyen est le seuil de pauvreté non alimentaire. Après addition au seuil de pauvreté alimentaire, on obtient un SPTT de 3,82. Comme on le voit aisément, les deux méthodes débouchent sur des seuils de pauvreté différents et en particulier FEI < SPTT < SPTA, comme discuté dans la figure 1, soit 3,15 < 3,82 < 4,575.

Tableau 5 - Exemple de calcul du CBN à l’aide de la méthode du relèvement

Individus

Dépenses alimentaires

par jour (roupies)

Dépenses non alimentaires

par jour (roupies)

Dépenses totales par

jour (roupies)

Jacques 2.31 0.84 3.15

François 2.65 0.50 3.15

Georges 3.15 1.35 4.50

Marc 3.15 1.50 4.65

Paul 4.50 1.48 5.98

Charles 5.47 1.42 6.89

PAN

IER A

Edouard 6.22 1.93 8.15

Seuil de pauvreté alimentaire (voir tableau 2) 3.15

Calcul du SPTA

a) Identifier les individus dont les dépenses alimentaires = seuil de pauvreté FEI. Il s'agit de Georges et de Marc.

b) Prendre leurs dépenses totales moyennes : (4,50+4,65)/2 = 4,575. Il s'agit du seuil de pauvreté SPTA (regarder les dépenses totales de ceux dont le niveau de dépenses alimentaires est égal au seuil de pauvreté alimentaire).

Calcul du SPTT

a) Identifier les individus dont les dépenses totales = seuil de pauvreté FEI. Il s'agit de Jacques et de François.

b) Prendre leurs dépenses moyennes non alimentaires : (0,84+0,50)/2 = 0,67.

c) Additionner le seuil de pauvreté FEI (3,15) et les dépenses non alimentaires moyennes (0,67). On obtient 3,82, soit le seuil de pauvreté SPTT (regarder les dépenses non alimentaires de ceux dont les dépenses totales sont égales au seuil de pauvreté alimentaire).

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Ravallion et Bidani, 1994, fournissent une autre méthode de calcul du seuil de pauvreté SPTT. Ils ont utilisé la méthode de régression décrite à la section 3.2 en se servant de données sur 45 000 ménages de l’échantillon SUSENAS pour l’Indonésie. Ils ont découvert que la part alimentaire moyenne de ceux dont les dépenses totales étaient égales au seuil de pauvreté alimentaire était de α =0,67, soit des dépenses moyennes non alimentaires de (1-α)=0,33. Ils ont donc appliqué le facteur (2-0,67)=1,33 à zFEI pour obtenir le coût des besoins essentiels SPTT. La méthode de Ravallion et Bidani est recommandée pour traiter des ensembles de données importants. En outre, la spécification économétrique permet à l’analyste de prendre en compte les non linéarités de la relation entre la part alimentaire et le revenu (c’est-à-dire une courbe d’Engel quadratique, comme dans Ravaillion et Bidani, 1994) et les caractéristiques socio-démographiques susceptibles d’influer sur la relation entre part alimentaire et revenu. Les choses ne sont pas toujours aussi simples que le tableau 5 pourrait le laisser entendre.

5.3 Méthodes CI et BS

La procédure technique d’application des méthodes de l’insuffisance de consommation et du budget standard est identique à celle présentée dans les sections antérieures. Lorsque l’on choisit ces méthodes, le problème n’est pas le mode de calcul du seuil de pauvreté, mais le mode de sélection des éléments non alimentaires et non essentiels et des marchandises nécessaires à la vie sociale qu’elles requièrent. La méthode CI, par exemple, pourrait facilement s’appliquer en suivant l’exemple du tableau 4 et en y ajoutant un élément non alimentaire non essentiel (un vélo, par exemple). Le coût journalier de cet élément serait alors ajouté au seuil de pauvreté CBN afin d’obtenir un seuil de pauvreté CI. De la même manière, les méthodes BS s’appliqueraient facilement au même exemple, en ajoutant une marchandise nécessaire à la vie sociale de l’individu, telle que, par exemple, des activités de loisirs. Le coût par jour de cette marchandise serait alors ajouté au seuil de pauvreté CI pour donner le seuil de pauvreté BS. Comme déjà noté dans la section conceptuelle, cette manière de procéder est polluée par la teneur de plus en plus arbitraire des biens sélectionnés pour définir le seuil de pauvreté. Ces deux méthodes finissent souvent par considérer les dépenses totales comme un indicateur de niveau de vie, surtout en raison de l’extrême difficulté à obtenir une série de prix fiables pour les biens non essentiels dans les pays en développement.

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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6 DISCUSSION: CRITIQUE DES SEUILS DE PAUVRETÉ ABSOLUS

6.1 Critique de l’approche FEI

Passons maintenant à la critique de ces méthodologies. Certes peu exigeante (déterminer la nature et la quantité d’aliment adéquates pour qu’un individu soit en bonne santé), la FEI n’en constitue pas moins une conception sévère de la subsistance minimum. Même les individus extrêmement pauvres consomment des vêtements et un logement, mais la FEI ne tient pas compte de leur valeur. Sans compter également que le bien-être économique et les normes nutritionnelles peuvent déboucher sur des prescriptions contradictoires (voir la section 3.1). Il sera peut-être difficile de parvenir à un consensus sur la nature des aliments la plus adéquate (panier A ou panier B dans le tableau 2). Par ailleurs, le type et la quantité de nourriture requis pour être en bonne santé varient selon les individus et les régions, avec des différences potentielles des seuils de pauvreté sous-jacents de sous-groupes de population. Par exemple, Tarp et al., 2002, pour le Mozambique, utilise trois variantes des seuils de pauvreté FEI et s’aperçoit que les comparaisons ne résistent pas au choix de l’approche. La FEI ignore la possibilité de substituer des marchandises pour arriver au même panier de consommation de calories (paniers A et B du tableau 1). La substitution peut être la conséquence de goûts différents et dépend à la base de l’élasticité des différents prix. La FEI implique une structure de préférence égale pour tous les individus et égale à cet ensemble par normes nutritionnelles. La substitution peut également être le résultat des prix relatifs. Le coût de l’achat d’une consommation de calories fixe peut changer si les prix des éléments alimentaires diffèrent dans le temps et l’espace. Les seuils de pauvreté tendent à augmenter quand le prix comparé de la nourriture augmente, même si les consommateurs bénéficient d’une compensation par le biais de la baisse des prix d’autres postes de leur budget17. De ce fait, les consommations de calories peuvent avoir différentes valeurs selon les régions en raison de différences de niveaux de prix. Ravallion et Bidani, 1994, en donnent un exemple pour l’Indonésie. Ils ont trouvé que dans les villes, des prix élevés et des exigences caloriques plus faibles prévalent. Les prix alimentaires urbains étaient, en moyenne, 12 pour cent plus élevés que dans les régions rurales. Au même niveau de dépenses par tête, par conséquent, les consommateurs urbains consomment moins de calories que les consommateurs ruraux. Il s’ensuit qu’une norme nutritionnelle commune nécessiterait des dépenses par tête plus élevées dans les villes. Cela entraînerait une élévation du seuil de pauvreté des villes par rapport aux campagnes. Le poids de la pauvreté semblerait donc peser plus lourdement sur les zones urbaines, bien que les revenus et les niveaux de consommation réels y soient beaucoup plus élevés. Cet

17 Voir Deaton, 1997.

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exemple suggère également que les politiques qui touchent les prix et les paniers alimentaires risquent d’en affecter la composition.

6.2 Critique de l’approche CBN

L’approche CBN présente les mêmes failles et suscite les mêmes critiques que la FEI en matière d’éléments alimentaires. En outre, elle possède ses propres défauts concernant son aspect non alimentaire. En particulier, parce qu’elle requiert la sélection d’un ensemble adéquat d’éléments non alimentaires (dont la norme est moins objective que les exigences nutritionnelles dans le cas de la nourriture), elle peut donner lieu à de forts désaccords sur la liste à utiliser et à des difficultés de tarification. La difficulté d’évaluation des éléments non alimentaires a conduit certains pays à utiliser des raccourcis pour les estimer. Comme dit plus haut, le Vietnam et la Corée du Sud se sont servis dans le passé de la moyenne du total des dépenses non alimentaires et de la dépense moyenne des deux cinquièmes les plus pauvres de la distribution de revenus, respectivement, sans faire de différence entre les éléments non alimentaires. Ces méthodes ont pour effet de changer la nature de la pauvreté d’absolue à mixte (absolue pour la partie alimentaire et relative pour la partie non alimentaire).

6.3 Critique de l’approche CI

D’un point de vue conceptuel, cette approche ne présente pas de différence avec la méthode CBN. Ses défauts et ses critiques sont quasiment identiques, avec peut-être une exacerbation du désaccord sur les éléments non alimentaires à inclure dans le panier, car il est extrêmement difficile de trouver une base objective d’inclusion des éléments non essentiels dans le calcul du seuil de pauvreté.

6.4 Critique de l’approche BS

L’approche BS requiert de définir les marchandises nécessaires à la vie sociale, ce qui peut accentuer davantage encore le désaccord sur le choix des marchandises par rapport aux autres méthodes. Plus important encore, la valeur des marchandises nécessaires à la vie sociale n’est pas facile à déterminer car il n’existe pas de prix du marché pour nombre d’entre elles. Cela rend leur évaluation plutôt arbitraire et aboutit à des seuils de pauvreté eux aussi arbitraires.

7 CONCLUSIONS

Ce module montre qu’il est possible de définir les seuils de pauvreté à l’aide de concepts absolus. Quatre d’entre eux ont été étudiés : FEI, CBN, CI et BS. La méthode FEI est la plus restrictive, car elle ne comprend que les éléments alimentaires dans le calcul du seuil de pauvreté. Les autres méthodes ajoutent progressivement des éléments supplémentaires à la définition du seuil de pauvreté. Le tableau 6 ci-après résume ces aspects et fournit la définition de chaque méthode et le concept général de pauvreté qu’elle met en avant, ainsi que ses principales failles et critiques. La colonne placée à l’extrême droite indique le mode de calcul du seuil de pauvreté.

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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Tableau 6 - Seuils de pauvreté absolus

METHODES Définition Concept général

Principales exigences

Failles/Critiques Mesure du seuil de pauvreté

1 Consommation

de calories (FEI)

Suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins énergétiques

Conception sévère de la subsistance minimum. Ne tient pas compte des besoins de la vie sociale

Déterminer la quantité de nourriture (besoins nutritionnels) pour être en bonne santé

a) Difficile de parvenir à un consensus sur le type d'aliment le mieux adapté ; b) Ignore les possibilités de substitution ; c) Ignore les différences de goût

Coût d'achat des aliments de base

2

Coût des besoins

essentiels (CBN)

Regroupement des éléments alimentaires et non alimentaires jugés adéquats

Conception modérée de la subsistance minimum. Proche des méthodes de budget standard

Comme 1 + choix de la nature et du nombre des éléments non alimentaires

Comme 1 + a) désaccord sur la liste des éléments non alimentaires ; b) difficulté d'évaluation

Coût d'achat du panier d'éléments alimentaires et non alimentaires

3

Insuffisance de

consommation (CI)

Tous les biens et services jugés nécessaires à la satisfaction des besoins élémentaires de l'unité

Conception faible de la subsistance minimum. Très proche des méthodes de budget standard

Comme 2 Comme 2

Valeur cumulée des biens et des services

4 Méthodes de

budget standard (BS)

Tous les biens et services jugés nécessaires à la satisfaction des besoins de l'unité plus un minimum de base pour la vie sociale

Conception faible de la subsistance minimum.

Comme 3 + besoin de définir ce qui est nécessaire à la vie sociale

Comme 3 + désaccord sur ce qui constitue le nécessaire à la vie sociale

Valeur cumulée de tous les besoins

8 REMARQUES À L’ATTENTION DU LECTEUR

8.1 Durée

La présentation de ce module à un public déjà familiarisé avec la définition de la pauvreté18 peut prendre jusqu’à trois heures.

8.2 Questions fréquemment posées

18 Voir le module EASYPol 004: Impacts des politiques sur la pauvreté: définition de la pauvreté.

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Voici quelques questions fréquemment posées:

Comment définit-on la pauvreté? On peut définir la pauvreté sur une base absolue, mais les méthodes diffèrent selon la nature des marchandises incluses dans le calcul du coût d’un niveau de vie décent.

Comment calcule-t-on un seuil de pauvreté? Les principales méthodes sont la

consommation de calories (FEI) et le coût des besoins essentiels (CBN). Elles sont aussi les plus utilisées dans une perspective absolutiste. Les méthodes de l’insuffisance de consommation (CI) et du budget standard (BS) sont mal adaptées à cause du type de marchandises supposées définir le niveau de vie. Ces deux dernières méthodes sont également les plus polluées par les concepts relatifs.

Le seuil de pauvreté est-il un seuil trop rude pour définir qui est pauvre et qui ne l’est pas? Oui, effectivement. En général, la pauvreté n’est pas un phénomène suffisamment discontinu pour que l’on puisse dire qu’un individu situé juste au-dessus du seuil de pauvreté absolu n’est pas pauvre. Les différentes versions des seuils de pauvreté peuvent livrer des résultats contradictoires19 20.

8.3 Modules EASYPol complémentaires

Les modules EASYPol complémentaires sont les suivants:

module EASYPol 004, préalable à celui-ci, intitulé Impacts des politiques sur la pauvreté: définition de la pauvreté

module EASYPol 035: Impacts des politiques sur la pauvreté: dominance et

pauvreté [disponible en anglais], utile pour comprendre comment éviter les controverses soulevées par la définition d’un seuil de pauvreté. Mais avant de le lire, il est préférable de commencer par ceux consacrés à la mesure de la pauvreté.

9 OUVRAGES DE RÉFÉRENCES ET AUTRES RESSOURCES

Ahmed T. U., 1991. Poverty in Bangladesh, Proceedings of the Workshop of dissemination of Current Statistics, Bureau of Statistics, Dhaka, Bangladesh. Dandekar V. M., Rath N., 1971a. Poverty in India: Dimensions and Trends, Economic and Political Weekly, 6, pages 25-48, Mumbai, Inde. Dandekar V. M., Rath N., 1971b. Poverty in India, Indian School of Political Economy, Pune, Inde. Deaton A., 1997. The analysis of household surveys, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, États-Unis d’Amérique.

19 Voir, par exemple, Tarp et al., 2002, pour le Mozambique. 20 À ce sujet, voir le module EASYPol 035: Impact des politiques sur la pauvreté: dominance et pauvreté, [disponible en anglais].

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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Module EASYPol 005 Outils analytiques

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Métadonnées du module

1. Module EASYPol 005

2. Titre dans la langue d’origine

Anglais Impacts of Policies on Poverty

Français Impacts des politiques sur la pauvreté

Espagnol

Autre

3. Sous-titre dans la langue d’origine

Anglais Absolute Poverty Lines

Français Seuils de pauvreté absolus

Espagnol

Autre

4. Résumé

Ce module explique le mode de définition des seuils de pauvreté «absolus», c’est-à-dire basés sur des approches prenant en compte la situation de bien-être de chaque individu ou ménage comme si elle était indépendante des conditions d’autres individus ou ménages appartenant à la même communauté. Il traite en particulier des méthodes suivantes: consommation de calories (FEI, «food energy intake»), coût des besoins essentiels (CBN, «cost of basic needs»), insuffisance de consommation (CI, «consumption insufficiency»), budget standard (BS). Il met en lumière les similitudes et les différences qui les caractérisent et fait appel à des procédures détaillées et à des exemples pour expliciter leur mode d’utilisation et de fonctionnement.

5. Date

Janvier 2006

6. Auteur(s)

Lorenzo Giovanni Bellù, Service de soutien aux politiques agricoles, Division de l’assistance aux politiques, FAO, Rome, Italie Paolo Liberati, Université d’Urbino, «Carlo Bo», Institut d’économie, Urbino, Italie

7. Type de module

Présentation thématique générale Matériels conceptuels et techniques Outils analytiques Études de cas et rapports Ressources complémentaires

8. Sujets principaux traités dans ce module

L’agriculture dans le contexte macro-économique Politiques agricoles et sous-sectorielles Politiques agro-alimentaires et chaîne alimentaire Environnement et durabilité Développement institutionnel et organisationnel Planification des investissements et politiques apparentées Pauvreté et sécurité alimentaire Intégration régionale et commerce international Développement rural

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Impacts des politiques sur la pauvreté Seuils de pauvreté absolus

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9. Sujets secondaires traités dans ce module

10. Parcours de formation

Analyse et suivi des impacts socio-économiques des politiques

11. Mots clés