ii) les effets de la croissance sur l¶environnement...déplacent les problèmes plus qu'ils ne...

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II) Les effets de la croissance sur l’environnement A) La croissance dégrade le capital naturel mondial Doc. 1 : Une typologie des biens Doc. 2 : L’environnement, un bien public mondial ? Doc. 3, p. 147 manuel : l’environnement : un bien commun 1) Les limites écologiques de la croissance actuelle Doc. 3 : Un environnement dégradé Le constat de la contradiction entre croissance et maintien de l’environnement s’opère sur le fond d’un bilan écologique mauvais. L’environnement des pays de l’OCDE ne s’améliore que sur quelques points : les émissions atmosphériques de plomb, de CFC (substance détruisant l’ozone) et de polluants atmosphériques comme les oxydes d’azote et le monoxyde de carbone ont été fortement réduites. La consommation d’e au se stabilise. La superficie forestière augmente légèrement - encore que sa biodiversité diminue, notamment du fait de la fragmentation des massifs due aux routes. Voilà. Pour tout le reste, les experts de l’OCDE multiplient les alertes : surpêche, pollu tion des eaux souterraines, émission de gaz à effet de serre, production de déchets ménagers, diffusion des produits chimiques, pollution atmosphérique due aux particules fines, érosion des terres, production de déchets radioactifs, sont tous en augmentation constante depuis 1980. Quant à l’avenir, il se présente sur le même registre : dans le cadre économique actuel, l’environnement continuera à se dégrader. Hervé Kempf, Le Monde, 22 août 2001

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Page 1: II) Les effets de la croissance sur l¶environnement...déplacent les problèmes plus qu'ils ne les résolvent. Ainsi les agro-carburants ont contribué à la hausse des prix des céréales

II) Les effets de la croissance sur l’environnement

A) La croissance dégrade le capital naturel mondial Doc. 1 : Une typologie des biens

Doc. 2 : L’environnement, un bien public mondial ?

Doc. 3, p. 147 manuel : l’environnement : un bien commun

1) Les limites écologiques de la croissance actuelle

Doc. 3 : Un environnement dégradé

Le constat de la contradiction entre croissance et maintien de l’environnement s’opère sur le fond d’un bilan écologique

mauvais. L’environnement des pays de l’OCDE ne s’améliore que sur quelques points : les émissions atmosphériques de plomb, de CFC (substance détruisant l’ozone) et de polluants atmosphériques comme les oxydes d’azote et le monoxyde de carbone ont été fortement réduites. La consommation d’eau se stabilise. La superficie forestière

augmente légèrement - encore que sa biodiversité diminue, notamment du fait de la fragmentation des massifs due aux routes. Voilà. Pour tout le reste, les experts de l’OCDE multiplient les alertes : surpêche, pollu tion des eaux souterraines, émission de gaz à effet de serre, production de déchets ménagers, diffusion des produits chimiques,

pollution atmosphérique due aux particules fines, érosion des terres, production de déchets radioactifs, sont tous en augmentation constante depuis 1980. Quant à l’avenir, il se présente sur le même registre : dans le cadre économique actuel, l’environnement continuera à se dégrader.

Hervé Kempf, Le Monde, 22 août 2001

Page 2: II) Les effets de la croissance sur l¶environnement...déplacent les problèmes plus qu'ils ne les résolvent. Ainsi les agro-carburants ont contribué à la hausse des prix des céréales

Doc. 4 : Les principaux périls

Principale préoccupation, le réchauffement climatique : la température s’est élevée en moyenne d’un demi-degré depuis le début du XXe siècle. Cette augmentation pourrait avoir de lourdes conséquences : montée du niveau de la mer,

déstabilisation de la régularité climatique... En cause, même si ce n’est pas le seul facteur : notre façon de produire et de consommer qui accroît la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La concentration en dioxyde de carbone (CO2) (le principal de ces gaz) a ainsi augmenté de 30% depuis l ’ère préindustrielle. Accusés : l’augmentation

de la production d’énergie, l’activité industrielle, la déforestation, les transports...Pour stabiliser les perturbations que nous causons au climat, il faudrait diviser les émissions mondiales de ces gaz par deux ou par trois. Or, elles continuent

à augmenter. Autre gros sujet d’inquiétude : la préservation de la diversité biologique, c’est -à-dire de la dizaine de millions d’espèces vivantes et de leur milieu. Malgré l’augmentation de la superficie des zones protégées, plus de 11 000

espèces sont menacées d’extinction et 800 ont d’ores et déjà disparu. Dans les zones côtières, 27% des récifs de corail sont morts. Dans les pays en développement des régions tropicales, 15 millions d’hectares de forêts sont défrichés chaque année pour être exploités ou cultivés. Et ce défrichage s’est accompagné d’une intensification agricole, avec

son lot d’intrants chimiques. Intensification rime également avec irrigation : l’agriculture représente aujourd’hui 70% des volumes d’eau consommés. Et la consommation mondiale devrait encore bondir dans les vingt prochaines années, compte tenu de la

croissance démographique, de l’augmentation de la production agricole et de l’industrialisation des pays du Sud. Le problème, c’est que les ressources en eau douce ne sont pas infinies. D’autant que la moitié des grands fleuves du monde sont gravement pollués.

« Un Rio pour rien ? », Alternatives économiques n° 205 juillet-août 2002

1) Quels sont les principaux problèmes environnementaux provoqués par la croissance ?

Doc. 5 : La déforestation

En 1700, seuls 5% des terres de

la biosphère étaient accaparés

par des activités humaines

intensives (agriculture, villes),

45% étaient dans un état semi-

naturel et 50% totalement

sauvages. En 2000, 55% de la

biosphère étaient accaparés par

des activités humaines

intensives, 20% étaient dans un

état semi-naturel et 25%

sauvages (Ellis et al. 2010).

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Doc.6 : Superficies forestières dans le monde

Doc. 7 : La situation des forêts dans le monde

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Doc. 8 : Des sols de plus en plus dégradés

Doc. 9 : Les grandes catastrophes industrielles dans le monde depuis 1976

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Doc. 10 : La biodiversité : un capital naturel qui s’épuise

Doc. 11 : Le réchauffement climatique

Doc. 12 : L’effet de serre : comment ça marche ?

On le sait peu, mais l’effet de serre est un phénomène naturel indispensable : l’atmosphère, en retenant une partie du rayonnement solaire et de la chaleur terrestre,

permet en effet de conserver à la surface de la Terre une température propice à la vie. Trois gaz jouent un rôle majeur: la vapeur d’eau, l’ozone et le dioxyde de carbone (C02). Et c’est par leur action sur ces gaz que les activités humaines entraînent le changement

climatique. L’apparition de la vie avait entraîné la diminution progressive du CO2 dans l’atmosphère, alors qu’il en constituait à l’origine le composant majoritaire. Le carbone a été petit à petit stocké dans les sols, sous forme de sédiments, de charbon ou de pétrole.

Les océans et les forêts constituent eux aussi de véritables « puits de carbone ». Mais les activités humaines, et particulièrement l’industrialisation depuis deux siècles, ont inversé le processus. En l’espace de quelques décennies, la boulimie énergétique des sociétés

industrielles a entraîné le relâchement dans l’atmosphère du carbone que la Terre avait absorbé depuis plusieurs centaines de millions d’années. C’est la concentration accrue de ces gaz qui, en renforçant l’effet de serre, entraîne le

réchauffement climatique : + 0,6 degré depuis 1900. Un petit changement en apparence, mais il a des conséquences considérables sur la faune et la flore, le niveau des océans, etc. Au rythme où vont les choses, la température pourrait encore s’élever de 1,4 à 5,8

degrés, suivant les hypothèses, d’ici à 2100. Selon le Groupe international d’experts du climat (Giec), il faudrait diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre pour espérer stabiliser la température de la Terre.

Alternatives économiques, Hors série n° 63, 1er trimestre 2005.

1. Qu’est-ce que l’effet de serre?

2. En quoi l’industrialisation est-elle responsable du réchauffement planétaire? 3. Quelles pourraient être les conséquences de ce réchauffement planétaire? 4. Comment peut-on réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Quels problèmes cela pose-t-il ? ‘

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Doc. 13 : Les facteurs de la dégradation du capital naturel

Doc. 14 : Quels ‘’services’’ les écosystèmes rendent-ils à l’homme?

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2) Les conséquences de la dégradation du capital naturel Doc. 15 : La prise de conscience des limites écologiques de la croissance

Depuis 1972 et la publication, sous l’égide du Club de Rome, du rapport « Halte à la croissance », dit rapport « Meadows

», plusieurs événements ont favorisé la prise de conscience de l’existence de limites à la croissance économique. Les chocs pétroliers des années 1970 révèlent la fragilité de cette ressource naturelle. Il en va de même pour les craintes sur la diminution de la biodiversité, l’extinction de certaines espèces animales ou la déforestation. Des accidents industriels

majeurs comme celui de l’usine de Bhopal en Inde en 1984, de Tchernobyl en 1986, de Fukushima en 2011, les nombreuses marées noires, montrent les dégâts d’une production intensive sur l’environnement. Les conséquences induites par le réchauffement climatique (fonte des glaces, progression des zones arides, catastrophes climatiques

destructrices…) semblent aller dans le même sens. Doc. 16 : Énergies fossiles : la fin d’une ère.

Sols, sous-sols, eau, énergie… Rares sont les ressources qui ne subissent pas une intense exploitation humaine. Cette pression anthropique modifie les paysages et les usages et exacerbe les inégalités… Jusqu’au milieu du 18ème siècle, l’Homme exploitait exclusivement les énergies disponibles à la surface de la terre :

bois, vent, traction animale… L’activité d’extraction s’est développée au 19ème siècle, puis la consommation énergétique mondiale a explosé au 20ème siècle. Mais la consommation d’énergie n’est pas équitablement répartie : 20% de la population consomme 80% de l’énergie, et 2 à 3 milliards d’individus vivent sans électricité.

Aujourd’hui, les trois principales énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) couvrent 80% de la consommation énergétique mondiale. Les énergies renouvelables ne représentent que 13,5% des énergies comptabilisées dans le monde. De plus, près de la moitié vient de la combustion du bois et des déchets dont le caractère renouvelable est très discutable. La

pénurie des énergies fossiles est annoncée : on estime à moins de 100 ans l’autonomie mondiale, dont à peine 40 ans pour le pétrole. Le charbon a une autonomie de près de 200 ans, mais c’est l’énergie fossile la plus polluante actuellement.

Unanpourlaplanete.org

Doc. 2, p.146 manuel : L’épuisement des ressources naturelles : l’exemple du pétrole

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Doc. 17 : L’épuisement des réserves de pétrole

1 – Évolution du prix du baril de pétrole et prévision selon différents scénarios (en dollar par

baril1)

baril

1 = 159 litres

2 – Production et demande de pétrole (en millions

de barils par jour)

Alternatives économiques, hors série n°78, octobre 2008

Doc. 18 : La raréfaction des ressources

La planète comptera 2 milliards d'habitants de plus en 2050 et les tensions sur ces trois ressources essentielles que sont le pétrole, les terres arables et l'eau douce risquent de s'exacerber. Le pétrole, dont l'exploitation est condamnée par définition à l'épuisement, se rapproche de la fin : 46 ans consommation sur les statistiques de BP,

contre 63 et 120 respectivement pour le gaz et le charbon. Et ce alors que le pétrole représente encore 34 % de la consommation mondiale d'énergie (26 % pour le charbon et 21 % pour le gaz). La baisse des quantités exploitables se traduira par un niveau élevé des cours et de fortes tensions tant au niveau international que local,

particulièrement dans les pays à la fois pauvres et pétrodépendants. Certes, les pétroles non conventionnels, l'offshore très profond ou les autres types de carburant (agro-carburants, charbon liquéfié) retardent les échéances. Mais en raison de leurs capacités de substitution limitées et de leur impact écologique et social, ils

déplacent les problèmes plus qu'ils ne les résolvent. Ainsi les agro-carburants ont contribué à la hausse des prix des céréales en 2008 et aux émeutes de la faim qui ont suivi.

A. de Ravignan et Elliott Aurissergues, « Ressources sous tension », Alternatives économiques, octobre 2010

1) Selon le doc. 18, quelles sont les ressources naturelles autour desquelles risquent de se nouer les tensions les plus préoccupantes dans les années à venir ?

2) Quelles seront, dans les années à venir, les conséquences économiques de l'épuisement des ressources pétrolières ? 3) Cet épuisement peut-il être retardé ?

4) Expliquez et illustrez le sens de la phrase soulignée

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Doc. 19: L’exemple de la pêche

Production mondiale (millions de tonnes), pêche de capture et aquaculture (Source : FAO)

Doc. 20 : Évolution du prix des céréales et du sucre

1) Quels liens établissez-vous entre la dégradation du capital naturel et la hausse des prix des matières premières ?

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Doc. 21 : La montée des tensions alimentaires ? Les émeutes de la faim qui se sont répandues comme une traînée de poudre en 2008 dans les pays pauvres et importateurs nets de produits alimentaires sont la conséquence directe de l'évolution des prix agricoles mondiaux.

Leur hausse est liée à celle des prix de l'énergie, qui pèse sur les coûts de production et incite à l'extension des surfaces consacrées aux agro-carburants. Surtout, la croissance économique des pays du Sud entraîne une hausse continue de la demande. Elle est d'autant plus importante que l'alimentation y est de plus en plus riche en

produits carnés (un Chinois mange quatre fois plus de viande qu'en 1980), ce qui appelle une extension des surfaces cultivées. La baisse des stocks céréaliers, qui a joué dans la flambée des prix, traduit un risque annoncé de déséquilibre entre l'offre et la demande. Dans les pays du Sud, l'évolution de la production agricole avait jusqu'à

présent globalement suivi, sinon dépassé, le rythme de l'accroissement démographique, sauf en Afrique où la faim s'étend. Accroître la production à l'avenir sera d'autant plus difficile que les ressources naturelles et énergétiques sont de plus en plus comptées.

Alternatives économiques, Les chiffres de l'économie 2009, Hors -série n° 78,4e trimestre 2008.

Doc. 22 : Quelques effets de la dégradation du « capital naturel » sur la population

Une explosion des accidents climatiques

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L'Agence européenne de l'environnement publie un rapport qui quantifie en termes monétaires les coûts des dommages sanitaires et environnementaux induits par la pollution de l'air. Évaluée entre 102 et 169 milliards d'euros, la facture s'avère salée. Les émissions des sites industriels européens ont des effets négatifs connus sur

l'environnement et la santé. Mais, elles en auraient également sur le porte-monnaie des citoyens européens, la pollution de l'air coûtant environ 200 à 330 euros en moyenne pour chaque individu.

Clément Cygler, Actu-environnement, 25 novembre 2011

1) En quoi ces problèmes remettent-ils en cause la croissance et le développement humain ?

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B) Vers un développement durable ?

Doc. 1 : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs… »

Le réacteur nº4 après la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986)

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1) Qu’est-ce que le développement durable ?

Doc. 2 :

Doc. 3 : Le développement « soutenable » selon le rapport Brundtland

Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Le développement implique une transformation progressive de l'économie et de la société. Même au sens le plus étroit du terme, le développement soutenable

présuppose un souci d'équité sociale entre les générations, souci qui doit s'étendre, en toute logique, à l'intérieur d'une même génération. Le développement soutenable nécessite de toute évidence la croissance économique là où les besoins ne sont

pas satisfaits. Ailleurs, développement et croissance économiques sont compatibles à condition que le contenu de celle-ci respecte les principes que sont la soutenabilité et la non-exploitation d'autrui. Pour atteindre tous ces objectifs, il va falloir réorienter nos techniques. Il faut d'abord renforcer la capacité

d'innovation technologique des pays en développement afin que ceux-ci soient mieux armés pour relever le défi du développement soutenable. Il faudrait, dans tous les pays, intégrer les facteurs écologiques dans la recherche de nouvelles techniques. Par des mesures incitatives ou restrictives, les pouvoirs publics devraient faire en sorte que

les entreprises trouvent un avantage à tenir compte des facteurs d'environnement lorsqu'elles mettent au point de nouvelles techniques.

Gro Harlem Brundtland, Notre avenir à tous, 1987

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1) Pourquoi le développement soutenable suppose-t-il " un souci d'équité sociale " ? 2) Quel peut être, selon l'auteur, le rôle de l'État dans la recherche du développement soutenable ?

Doc. 1, p.148 manuel : Du développement au développement soutenable Doc. 4 : Quel contenu pour la croissance?

Avec le Sommet de la Terre, tenu à Rio en 1992, la notion de développement durable a acquis une notoriété planétaire. Lancée dans le débat public cinq ans plus tôt par la publication du rapport Brundtland, elle désigne un

mode de développement qui permet de « répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capa cité pour les générations futures de satisfaire les leurs. » Loin d’une quelconque croissance zéro, le développement durable (ou soutenable) « n’est pas un état d’équilibre, mais plutôt un processus de changement dans lequel l’exploitation

des ressources, le choix des investissements, l’orientation du développement technique, ainsi que le changement institutionnel sont déterminés en fonction des besoins tant actuels qu’à venir ». Une telle notion, au contenu éthique et normatif évident, vise à créer les conditions d’une double solidarité :

horizontale, à l’égard des plus démunis du moment, et verticale, entre les générations. Le bien-être de la personne humaine — née ou à naître — constitue le but ultime de l’activité économique. Deux champs d’action se dessinent, l’un concernant les questions environnementales, l’autre portant sur les problèmes sociaux. Ces deux registres

d’intervention sont bien évidemment étroitement reliés par un ensemble de problèmes qui vont de la sécurité alimentaire à l’approvisionnement en eau potable de nombreux habitants des pays du Sud, en passant par un chaos urbain dont sont victimes en premier lieu les plus déshérités.

J-P. Maréchal, « La dimension sociale du développement durable », dans Alternatives économiques, n’ 191, avril 2001.

Il faut mettre en œuvre un processus de développement qui concilie l’environnement, l’économique et le social.

C’est la Conférence des Nations Unies sur l’environnement (à Stockholm en 1972) qui marque le point de départ de cette réflexion. Mais c’est le rapport Brundtland (1987) qui va contribuer à faire connaître la notion de développement durable. Il le définit comme un « développement qui répond aux besoins du présent sans

compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Ce développement repose sur plusieurs principes : - le principe de solidarité avec les générations futures et avec les populations de la planète ;

- le principe de précaution qui privilégie une approche préventive plutôt que réparatrice ; - le principe de participation de tous les acteurs de la société civile au processus de décision.

Environnement et développement, Alternatives économiques n° 205, juillet-août 2002

1. Qu’appelle-t-on développement durable?

2. Quelles sont les dimensions du développement durable présentées par les deux textes ? 3. La recherche de la croissance est-elle compatible avec un développement durable?

Doc. 5 : Un patrimoine naturel à préserver

Pour être durable, un programme de développement doit veiller à préserver les intérêts des générations futures. Autrement dit, il faut que celles-ci aient les mêmes possibilités de développement que la génération actuelle. Un

mode de développement n’est soutenable que s’il permet au patrimoine de la collectivité de demeurer constant ou d’augmenter dans le temps. Ce patrimoine comprend les biens d’équipement (les machines ou les routes), le capital humain (le savoir et les compétences), les ressources associatives (1) (les liens sociaux ou les ensembles

de règles et d’usages) et le capital environnemental (les forêts ou les récifs coralliens). Si l’environnement est important, ce n’est pas seulement pour ses effets sur le confort mental et le bien-être non économique, mais aussi pour l’impact qu’il exerce à long terme sur la production.

La viabilité écologique est en outre étroitement liée à l’équité. En effet, si les riches consomment globalement plus, les pauvres ont tendance à être plus tributaires de l’exploitation directe des ressources naturelles. S’ils ne peuvent se procurer des ressources autres qu’environnementales, et si leur capa cité d’adaptation est de ce fait limitée,

force leur est parfois de recourir à des modes d’utilisation peu respectueux de l’environnement.

Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde , Eska, 2000, p. 30.

1. Appelées « capital social » dans la tradition anglo-saxonne.

1) Les diverses sortes de patrimoine de la collectivité sont-elles également prises en compte dans les calculs économiques ? Pourquoi ?

2) Ces diverses sortes de patrimoine sont-elles interchangeables ? Par exemple, plus de savoir peut-il compenser la dégradation de l’environnement? 3) Donnez un exemple de domaine dans lequel les populations riches pèsent plus que les autres sur

l’environnement. Donnez un exemple de la situation inverse.

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Doc. 6 : Les objectifs du développement durable

Doc. 7 : Les trois piliers du développement durable

Doc. 8 : Repères chronologiques

1) Pourquoi la croissance de la production n’est-elle pas soutenable selon le rapport Meadows ? 2) Quelle solution le rapport préconise –t-il ?

3) En quoi le sommet de Rio élargit-il la notion de développement durable ? 4) Qu’en est-il du somment Rio n + 20 ?

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Doc. 9 : Du Club de Rome à Rio + 20 : les dates de la lutte pour l’environnement :

1972 : Rapport du Club de Rome "Limits to Growth", dit Rapport Meadows : un premier rapport qui tire la sonnette

d'alarme et marque les esprits. 1972 : Conférence des Nations unies sur l'environnement humain à Stockholm : une première pour la communauté internationale.

1987 : Rapport Brundtland : la Norvégienne Gro Harlem Brundtland publie le rapport des Nations unies " Notre avenir à tous ". Il définit en particulier le développement durable. 1990 : Premier rapport du Giec, le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat : des

centaines d'experts tirent la sonnette d'alarme à propos du changement climatique. 1992 : Sommet de la Terre à Rio : la communauté internationale commence à se mobiliser et adopte une convention sur la protection de la biodiversité et une autre contre le changement climatique.

1997 : Protocole de Kyoto : les pays développés s'engagent à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Les États-Unis ne ratifieront pas ce protocole qui n'entrera en vigueur qu'en 2005 avec un marché de droits à polluer entre pays.

2002 : Sommet mondial de Johannesburg : dix ans après Rio, la communauté internationale se retrouve autour du développement durable. Le bilan est maigre. 2003-2005 : Mise en place par l’UE d’un marché de droits à polluer entre entreprises, l’European Union emissions

trading scheme. 2009 : Sommet de Copenhague : échec du sommet international qui devait donner une suite au protocole de Kyoto, dont la première phase expire en 2012.

2012 : Sommet de la Terre Rio + 20 : nouveau sommet à Rio, vingt ans après. Les attentes furent restreintes et le bilan mitigé.

2) Quels instruments de mesure pour le développement durable ? Doc. 10 : La croissance économique est limitée par la biocapacité de la planète

Doc. 11 : Qu’est-ce que l’empreinte écologique ?

L'empreinte écologique quantifie pour un individu ou une population la

surface bioproductive nécessaire pour produire les principales ressources consommées par cette population et pour absorber ses déchets. L'empreinte écologique peut aussi être utilisée pour donner une mesure des impacts

d'activités de production comme l'élevage ou l'extraction d'or ou d'objets tels qu'une voiture, un ordinateur ou un téléphone portable. En considérant la superficie totale de la terre quand elle accueillait 6

milliards de personnes, chacune disposait de 8,5 ha, à partager avec la faune et la flore qui ont également des besoins incompressibles, pour notamment produire l'oxygène qui nous est

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vital. De ceci, il faut extraire les terres improductives (glaciers, sommets, déserts..). Il ne reste alors que 2 ha utilisables par personne. Une estimation tenant compte des besoins minimaux des autres espèces en eau, air, habitats et nutriments attribue finalement, en moyenne et théoriquement, 1,5 ha à chaque personne (pour 6

milliards de personnes). Or, un terrien moyen a aujourd’hui besoin de 2,5 ha. L'empreinte écologique mondiale a donc dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années

1970, ce qui signifie que l'on surconsomme déjà les réserves, en réalité en surexploitant les milieux, notamment grâce aux ressources fossiles. Or ceci contribue au réchauffement climatique, et donc au risque d’une rapide montée des océans qui diminuera encore la surface de terre disponible. La tendance à l'augmentation n'a pas

encore pu être inversée, en raison de la difficulté de changer les modes de consommation et de production, en dépit des engagements et objectifs de développement durable établis aux sommets de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et de Johannesburg en 2002.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Empreinte_%C3%A9cologique, 2008

Empreinte écologique : elle mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d´eau nécessaires

pour produire les ressources qu´un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les

déchets générés, compte tenu des techniques et de la gestion des ressources en vigueur. Cette surface est exprimée en hectares globaux (hag), c´est-à-dire en hectares ayant une productivité égale à la productivité moyenne. L’empreinte écologique permet donc de chiffrer le nombre d’hectare de planète nécessaire à la vie d’un

individu, ou d’un pays compte tenu de son mode de vie. (W ikipedia)

Calculer votre empreinte écologique avec le site de WWF : http://calculators.ecolife.be/fr/calculator/calculez-votre-

empreinte-écologique

Empreinte écologique et biocapacité : définitions

L’empreinte écologique mesure la superficie biologiquement productive qui est nécessaire pour satisfaire à la consommation d’une population donnée. Cette superficie comprend les terres et les eaux qui produisent les ressources et absorbent les déchets qu’une population utilise et génère par sa consommation. La revue des

publications auxquelles le concept d’empreinte écologique a donné lieu permet d’apprécier sa pertinence comme indicateur de développement durable. La mesure de l’empreinte écologique est comparée à la capacité biologique, qui représente le potentiel de production et d’absorption du capital naturel.

La différence entre la capacité biologique (l’offre écologique) et l’empreinte écologique (la demande humaine) équivaut au solde écologique. Un déficit écologique à l’échelle de la planète signifie que l’humanité dépasse la capacité limite de la biosphère, ce qui n’est pas durable. Par contre, la population d’un territoire donné peut

maintenir un déficit écologique par l’importation de biens et services, par la détérioration de la biosphère ou par l’épuisement progressif de son propre stock de capital naturel. L’empreinte écologique peut aussi être comparée à la capacité biologique moyenne de la planète. Elle permet alors d’évaluer l’égalité d’utilisation des ressources et de

génération des déchets entre les habitants de la Terre.

Institut de la statistique du Québec, L’empreinte écologique : revue de littérature et analyse critique , 2009

1) Qu’est-ce que l’empreinte écologique ? 2) Recherchez (par exemple sur le site www.footprintnetwork.org/fr) les valeurs de l'empreinte écologique et de la biocapacité pour les pays suivants : Côte d'Ivoire, Koweït, Chine, Nouvelle Zélande, États-Unis, Canada.

3) Quels sont, parmi ces pays, ceux qui ont une " dette écologique " ? Ceux qui ont un "crédit écologique " ? Doc. 12 : Empreinte écologique globale et par régions

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Rappor t Planète Vivante 2012, WWF

Tu la vois mon empreinte écologique ? 10 cm² ! Ben, des comme moi on pourrait en mettre

8 000 mill iards sur la planète !

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Doc. 13 : L'empreinte écologique: le cas de la France

1) Dans quelle situation la France se trouve-t-elle du point de vue de son bilan écologique ?

2) Peut-on dire que le bilan

écologique de la France s'est amélioré au cours des 40 dernières années ?

Doc. 3 manuel p. 149 : Quels indicateurs statistiques de dévelopement durable ?

Doc. 14 : Empreinte écologique et IDH

1) Que montre le graphique ? Doc. 15 : Qu’est-ce que l’épargne nette ajustée ?

L’épargne nette ajustée est un indicateur de la Banque mondiale inspiré de cette tradition qui cherche à mettre en

évidence le surplus de ressources dont dispose l’économie à l’issu d’un cycle annuel de production et de consommation, une fois compensée la dépréciation du capital économique, humain et naturel. L’épargne nette ajustée est calculée comme l’épargne brute (production moins consommation), tirée de la comptabilité nationale,

moins la consommation de capital fixe (dépréciation du capital économique), plus les dépenses d’éducation (consommations requalifiées en investissement en capital humain), moins les dommages aux actifs naturels (dépréciation du capital naturel). Dans cette approche, le capital humain et le capital naturel sont considérés

comme des éléments patrimoniaux à part entière. Les dommages environnementaux sont évalués, comme la

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réduction des stocks d’énergie, de minerais et de forêt, auxquels sont ajoutés les dommages causés par les émissions de CO2. Ils sont calculés en référence à un modèle théorique fondé sur la tarification des ressources épuisables.

L’épargne nette ajustée est exprimée en pourcentage du revenu national brut. Plus l’indice est élevé, plus la capacité du pays à augmenter son patrimoine (entendu au sens large) est importante. Dans ce type d’approche, on considère que les ponctions opérées sur les ressources naturelles épuisables peuvent être compensées par un

surcroît d’investissement en capital économique ou humain (via notamment des efforts de formation). Cette hypothèse de parfaite substitution entre les différentes formes de capital, discutable, explique que les pays émergents d’Asie et en particulier la Chine, pourtant gourmands en ressources naturelles, dégagent actuellement

une épargne croissante, grâce à de bonnes performances économiques. A l’inverse, les pays du Moyen-Orient, fortement dépendants des ressources pétrolières, affichent généralement une épargne nette ajustée négative

Laurent Gasnier et Sylvie Le Laidier, Où en est la statistique publique en matière de développement durable ?, Insee 2008

1) A partir du texte, notez la définition de l’épargne nette ajustée :

Epargne nette ajustée = PIB +……………………………………- (Consommation de capital…………et de

capital……………….)

2) Quelles sont les deux hypothèses retenues pour que ce calcul soit possible ?

3) Soutenabilité forte contre soutenabilité faible : les deux grandes approches du

développement durable

Doc. 16 : Développement durable et transmission des capitaux aux générations futures

La soutenabilité pose la question de savoir si l’on peut espérer que le niveau actuel du bien-être pourra être au moins maintenu pour des périodes ou des générations futures (…) L’idée est la suivante : le bien-être des générations futures, en comparaison avec le nôtre, dépendra des

ressources que nous leur transmettrons. De nombreuses formes différentes de ressources sont en jeu. Le bien-être à venir dépendra du volume des stocks de ressources épuisables que nous laisserons aux prochaines générations. Il dépendra également de la manière dont nous maintiendrons la quantité et la qualité de toutes les

autres ressources naturelles renouvelables nécessaires à la vie. D’un point de vue plus économique, il dépendra en outre de la quantité de capital physique (machines et immeubles) que nous transmettrons, et des investissements que nous consacrons à la constitution du « capital humain » de ces générations futures,

essentiellement par des dépenses dans l’éducation et la recherche. Et il dépendra enfin de la qualité des institutions que nous leur transmettrons, qui sont une autre forme de « capital » essentiel au maintien d’une société humaine fonctionnant correctement

Joseph Stiglitz, Rapport de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, 2009.

1) A quelle condition la croissance est-elle compatible avec le

développement durable selon l’auteur ? Doc. 17 : Quelle planète pour les générations futures ?

1. Présentez les protagonistes qui figurent sur le dessin.

2. Quel message le dessinateur veut-il faire passer?

Doc. 18 : A quelles conditions le développement est-il soutenable ? - Une version douce : l’ « éco-économie ». Cette dernière suggère une révolution mentale : loin de considérer l’environnement comme une donnée contraignante à intégrer dans le système économique, elle envisage l’économie comme un outil de

production d’un meilleur environnement. Cette économie fondée sur le recyclage des énergies propres et l’essor des services pourrait à la fois assurer le plein-emploi et le progrès du niveau de vie. Certes, elle implique une autre conception du niveau de vie, qui

renonce notamment à l’accumulation indéfinie de biens matériels. [...]

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- Une version radicale : le seul moyen de combattre cette funeste perspective [rendre la planète invivable] consiste à bouleverser nos modes de vie et notre système économique, afin de mettre un terme rapide à la destruction du patrimoine naturel. Nicholas Georgescu-Roegen montre qu’il ne suffit pas de renoncer à la croissance. Ainsi, la

croissance zéro ne ferait que retarder les catastrophes ; seule la « décroissance» permettrait de retrouver un mode de vie soutenable. [...] Le seul scénario autorisant l’égalité mondiale à un niveau soutenable impliquerait un doublement de la consommation dans les pays du tiers-monde et sa décroissance annuelle de 5 % dans les pays

industrialisés pendant quarante-huit ans! J. Généreux, « Le développement durable est-il soutenable ? »,

Alternatives économiques, n° 206, septembre 2002.

1) Quelles sont les deux stratégies pour garantir un développement soutenable ? Présentez-les.

Doc. 19 : Le degré de substitution des différents capitaux au cœur des débats sur l’avenir de la planète

Dans le débat théorique sur la soutenabilité du développement, les positions diffèrent selon le degré de substituabilité des capitaux :

- Selon certains, le capital naturel détruit par la croissance peut être compensé par une augmentation du capital physique source de croissance. Il y a donc substituabilité entre les capitaux (Hypothèse que le progrès technique permet de produire le capital physique remplaçant le capital naturel détruit ou endommagé).

- Selon d’autres, le capital naturel détruit par la croissance ne peut pas être compensé par une augmentation du capital physique source de croissance. Il n’y a pas de substituabilité entre les capitaux. Certains capitaux doivent donc être préservés coûte que coûte.

Dans la pratique, on constate qu’il est très difficile de trancher en raison de l’impossibilité de se mettre d’accord sur la valeur du capital naturel : quelle valeur accorder à la survie des castors ou des abeilles ou des forêts ? Comment savoir aujourd’hui, si une nouvelle énergie avec le même rendement, pourra remplacer le pétrole ?

Dans la pratique, on constate que des choix incohérents peuvent être faits : on accepte la substitution dans un premier temps mais on la refuse dans ses conséquences (dilemme exemplaire du nucléaire). Ceci pose un problème pour les choix politiques : les intérêts à long terme sont différents des intérêts à court terme et il serait

nécessaire de trouver une méthode pour que les individus et les gouvernants s’intéressent davantage aux intérêts à long terme.

Doc. 20 : Les deux grandes approches du développement durable

Doc. 21 : La thèse de la « soutenabilité faible » postulent que les capitaux sont substituables

La soutenabilité faible soutient toujours un certain degré de substituabilité entre les différentes formes de capital

(substitution du capital naturel par du capital d’origine humaine): Les partisans d’une durabilité faible considèrent que les possibilités de substitution entre les composantes du capital sont importantes et que la durabilité sur le long-terme requiert la non-décroissance du capital total

La soutenabilité forte refuse l’idée de la substituabilité entre formes différentes de capital et soutient la nécessité de maintenir constant les stocks de capital naturel ou seulement certains d’entre eux (le capital naturel « critique »). Les partisans de la durabilité forte considèrent que les possibilités de substitution entre les composantes du capital

sont limitées et que la durabilité sur le long terme requiert la non-décroissance du stock de capital nature.

Serge Michaïlof, A quoi sert d’aider le Sud ? , Economica, Octobre 2006

Doc. 2 manuel p. 150 : des capitaux parfaitement substituables ?

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Exercice : supposons qu’un pays décide de déforester une grande partie de sa forêt pour y cultiver de l’huile de palme.

Son capital naturel augmente-t-il ou baisse-t-il ? Pourquoi ? Que produit de plus le pays avec la déforestation ?

Que ne produit-il plus ? Quel peut-être le cercle vicieux d’une dégradation du capital naturel ? Que diront les partisans d’une soutenabilité faible ? Que diront les partisans d’une soutenabilité forte ?

Doc. 22 : L’optimisme néo-classique débouche sur une approche de la soutenabilité dite faible

Après avoir longuement nié ou minimisé les problèmes de soutenabilité (épuisement des ressources ou

dégradation générale des écosystèmes), un certain nombre d’économistes néoclassiques (dont le pionner Solow) ont finalement développé une approche de la soutenabilité que l’on qualifie généralement de « soutenabilité faible ». Cette dernière

s’appuie notamment sur la théorie selon laquelle le prix d’une ressource évolue en fonction de sa rareté, si bien qu’à épuisement la demande s’annule, remplacée par l’apparition d’un substitut

technologique. […] Cette hypothèse de substituabilité suggère à peu de choses près que l’épuisement des ressources ou la dégradation de l’environnement sont légitimes à partir du moment où ces ressources

(ou ces dégradations) permettent la création d’un capital artificiel (technologique ou financier) qui sera lui-même légué aux générations futures... en lieu et place du capital naturel dégradé ou épuisé.

L’hypothèse de substituabilité a de quoi surprendre. Mais [il] faut dire que cette hypothèse a de quoi séduire puisque, grâce à elle, la croissance économique apparaît alors non plus comme le problème,

mais au contraire comme la solution : c’est en effet elle qui est censée permettre à l’humanité de développer la recherche et le capital technologique qui permettront de faire face aux problèmes

écologiques… et ceci, bien entendu, sans avoir besoin de remettre profondément en cause nos habitudes de production et de consommation.

Aurélien Boutaud, « Croissance, décroissance et soutenabilité », Revue Critique d’Ecologie Politique, 2007

Doc. 3, manuel p. 145 : L’augmentation du prix comme signal Doc. 1 manuel p. 150 : La soutenabilité faible

Doc. 23 : L’impact de la croissance sur l’environnement : des effets de seuil ?

La description de ce phénomène constaté dans les pays riches, voire certains pays en voie de développement comme la Chine récemment, est permise par une courbe en U inversé (pollution en ordonnée et revenu par habitant en

abscisse). Les détracteurs de la décroissance pensent que la croissance permet la diminution ou la disparition de certains types de productions. Ils pensent que le capitalisme permet

l'arbitrage vers des ressources plus abondantes ou vers d'autres biens, et qu'il apporte des signaux par les prix du marché quand une ressource devient moins accessible.

D'autres estiment que la croissance économique à deux effets contradictoires. L'augmentation de la production provoque une augmentation de la pollution, mais elle permet aussi d’enrichir les citoyens qui deviendraient alors

davantage soucieux de l’environnement qui est considéré comme un bien supérieur (de fait les réglementations environnementales sont bien plus contraignantes dans les pays riches démocratiques), de dégager des suppléments de revenus susceptibles d’être alloués à la protection de l’environnement, de diffuser de nouvelles

technologies permettant une meilleure utilisation des ressources économiques, enfin les entreprises finissent par réclamer sous la pression des citoyens-consommateurs des mesures visant à protéger un environnement nécessaire à la bonne marche de leurs activités.

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Sur la base de ces hypothèses, des économistes ont avancé que la croissance était nuisible à l’environnement jusqu’à ce que soit atteint un certain niveau de revenu par habitant au-delà duquel les effets favorables à l’environnement devenaient dominants. Par exemple, la prédiction apocalyptique d'une augmentation de la

consommation d'énergie égale à l'augmentation de la production ne se vérifie pas empiriquement : en effet, l'intensité énergétique de la production diminue chaque année pour les pays riches, suite aux chocs pétroliers puis à la dématérialisation croissante de l'économie. Ainsi, l'intensité énergétique des pays de l'OCDE a diminué de

40% depuis 1980, et le Département de l'énergie américain prévoit une diminution de l'intensité énergétique mondiale de 1,8% par an sur la période 2003-2030.

Fabrice Lenglart, Christophe Lesieur, Jean-Louis Pasquier, Les émissions de CO2 du circuit économique en France, Insee 2010

Doc. 24 : La "courbe environnementale de Kuznets" : la croissance n’est pas le problème, mais la solution

Bien qu'elle n'ait pas été découverte par

l'économiste américain S. Kuznets, cette courbe a été ainsi dénommée par référence aux travaux de ce Prix Nobel, dans les années 1950, mettant en

corrélation l'évolution du niveau de vie et les inégalités de répartition des richesses dans l'histoire d'un pays. La courbe environnementale, quant à

elle, décrit la relation (en U inversé) qui existerait entre le niveau de développement d'un pays et le degré de pollution engendré par les activités économiques. Si elle semble vérifiée pour certaines pollutions, le bilan semble moins évident pour d'autres.

Melchior

1) Formulez de manière simple la relation mise en lumière par Simon Kuznets au milieu du XXème

siècle entre niveau de vie et degré d'inégalités.

2) Quelles sont les explications qui peuvent rendre compte de la forme en U inversé de la courbe environnementale ?

Doc. 25 : Des sociétés « post-industrielles » moins énergivores ?

Les détracteurs de la décroissance affirment que le progrès technique permettra de résoudre les problèmes de

pollution, et que la matière première de l'économie moderne « post-industrielle » est davantage la connaissance que les ressources physiques. Ainsi la croissance du PIB est de plus en plus liée à celle des activités de services, non polluantes et ne consommant pas de matières premières.

Doc. 26 : Consommation de matières premières et rejet de l’économie française depuis 1990

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Doc. 27 : La transition énergétique

1) Quels sont les principaux arguments des partisans de la thèse de la soutenabilité faible ?

Doc. 1, manuel p. 144 : La courbe environnementale de Kuznets : entre théorie et observation Doc. 28 : Une courbe contestée

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1) La réduction de l’intensité carbone, grâce au progrès technique, signifie-t-elle un réduction des émissions mondiales de CO2 ?

Doc. 4 manuel p. 151 : Des capitaux imparfaitement substituables

Doc. 29 : L’approche de la soutenabilité dite forte

Certains auteurs hétérodoxes insistent sur la nécessité de différencier les différents types de capital. Cette distinction tonde le point de vue de la durabilité forte, pour lequel la nature et les ressources naturelles (mais

également le capital humain) existent indépendamment de leur utilité économique et, à ce titre, méritent d'avoir un statut à part dans l'analyse économique. Ils ont tenté d'appréhender la problématique du développement durable dans une perspective de préservation du stock de capital naturel. S'ils ne donnent aucune définition précise de

cette dernière notion, ils s'emploient néanmoins à s'éloigner d'une vision strictement libérale en indiquant les raisons qui les conduisent à différencier le capital physique du capital naturel. Pour commencer, ils reconnaissent que le premier n'est pas indépendant du second.

Ensuite, ils rappellent que le capital naturel représente principalement le cadre de vie des hommes et, à ce titre, assure des fonctions extra-économiques. Ces deux attributs conduisent les auteurs à indiquer que, en fin de compte, la substituabilité n'est pas possible entre les deux types de capitaux.

En ce qui concerne le progrès technique, ces auteurs soulignent qu'il n'est pas du tout acquis que les techniques nouvelles soient moins dommageables pour l'environnement que les techniques plus anciennes, ni qu'elles soient plus économes en matière d'usage des ressources naturelles. Finalement, ce qui caractérise ces économistes,

c'est la perception originale qu'ils ont de la croissance. Tout d'abord, l'efficacité économique n'est pas posée comme une fin en soi. Ce qui compte avant tout, c'est la pérennité du développement quelles que soient les générations, et ce, sans préjudices pour la durabilité du patrimoine naturel. La gestion des ressources naturelles

devient également une problématique à part entière non exclusivement reliée à une logique économique d'efficacité productive ou d'utilisation optimale des ressources. En durabilité forte, le stock de capital naturel ne doit pas baisser.

Lahsen Abdelmalki, Patrick Mundler, Économie de l'environnement et du développement durable, De Boeck Supérieur, Bruxelles, 2010.

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1) Qu’est-ce qu’un économiste hétérodoxe ? Doc. 3 manuel p. 151 : La soutenabilité forte Doc. 30 : Un bien commun de l’humanité à préserver

A l’autre opposé, les tenants de la « soutenabilité forte » adoptent une approche beaucoup plus prudente vis-à-vis de la technologie. Portée à l’origine par différents penseurs que l’on rattache parfois au mouvement de l’Ecological economics (René Passet en France, Nicholas Georgescu-Roegen aux États-Unis, par exemple) l’approche de la

soutenabilité forte considère que le capital environnemental est constitué d’éléments fondamentaux qui ne sauraient faire l’objet d’une substitution technologique satisfaisante. L’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les grands équilibres naturels, biogéochimiques et climatiques, tout cela relève à leurs yeux d’un bien

commun de l’humanité qui ne peut être remplacé ou dégradé car il conditionne la possibilité de survie des générations présentes et futures. Puisque l’environnement est fragile et que ses capacités sont limitées, et puisque le système économique est un sous-système qui tire ses ressources du système écologique englobant, les tenants

de la soutenabilité forte en déduisent que c’est au système économique de s’adapter et de contraindre ses exigences afin de respecter les limites de l’écosystème. […] Partant de ces principes, et dans la continuité du rapport du Club de Rome, certains tenants de la soutenabilité forte en arrivent logiquement à remettre en cause la

croissance économique – en particulier celle des pays les plus riches. Ils considèrent qu’il est urgent de réduire notre empreinte écologique, en comptant sur des changements radicaux de comportements individuels et collectifs davantage que sur l’émergence d’un très hypothétique miracle technologique censé résoudre à lui seul tous nos

problèmes : consommer moins (et mieux), éviter les gaspillages, refuser le superflu, recycler, échanger, réparer, favoriser les productions locales, se déplacer en vélo plutôt qu’en 4x4… bref, refuser l’injonction qui nous est continuellement faite de consommer et polluer toujours davantage.

Aurélien Boutaud, « Croissance, décroissance et soutenabilité », Revue Critique d’Ecologie Politique, 2007

Doc. 31 : Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel

Dès les années 70, les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen et de René Passet, notamment, ont montré que la logique de croissance infinie propre au capitalisme était physiquement insoutenable. Tant que notre mode de vie

repose sur la consommation d'un capital non reproductible, il n'est, par définition, pas reproductible indéfiniment. (…) Pour l'écologie radicale, le seul moyen de combattre cette funeste perspective consiste à bouleverser nos modes de vie et notre système économique (…) seule la « décroissance » permettrait de retrouver un mode de vie

soutenable. (…) Le seul scénario autorisant l'égalité mondiale à un niveau soutenable impliquerait un doublement de la consommation dans les pays du tiers monde et sa décroissance annuelle de 5 % dans les pays industrialisés pendant quarante-huit ans ! (…)

Seules des dictatures effroyables pourraient l'imposer avant de s'orienter rapidement vers une autre solution : le génocide des pauvres. Après tout, s'il nous faut deux ou trois planètes pour rendre notre mode de vie soutenable, il « suffirait » de diviser la population mondiale dans les mêmes proportions! (…) La seule issue à cette impasse est

de rechercher non pas la décroissance, mais une autre croissance qui substitue progressivement la consommation de services immatériels et de matière recyclée aux biens dont la fabrication détruit le patrimoine naturel.

Jacques Généreux, « Le développement durable est-il soutenable ? », Alternatives économiques, septembre 2002

1) Pourquoi l’écologie radicale recommande-t-elle la décroissance ?

2) Selon l‘auteur, quelles seraient les conséquences économiques et sociales d’une décroissance ? 3) Que pensez-vous de la solution proposée dans le dernier paragraphe ? Vous paraît-elle réaliste ? 4) Quels sont les principaux arguments des tenants de la thèse de la soutenabilité forte ?

5) Complétez le tableau suivant :

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Durabilité (ou soutenabilité) dite

faible

Durabilité (ou soutenabilité) dite

forte

Positionnement par rapport au

paradigme dominant

Substituabilité des capitaux

Le développement est soutenable si …

Confiance dans le progrès

technique

Le capital naturel et humain

Le capital naturel

Position par rapport à la croissance

4) Une croissance et un développement pour tous sont-ils possibles ? Doc. 32 : Le développement pour tous est-il possible ?

Depuis deux siècles, l’ensemble des biens mis à la disposition des hommes a connu une croissance prodigieuse ; le progrès des sciences et des techniques a rendu plus facile l’existence de ceux qui en bénéficient; l’espérance de

vie s’est, globalement, accrue. Mais ce qui est au cœur du système du « développement », c’est que celui-ci prétend pouvoir se généraliser à l’ensemble de la planète. Or il s’agit là d’un objectif irréalisable. Puisque, aujourd’hui, 20 % des hommes consomment 80 % des ressources

de ici planète, il n’est pris possible de mobiliser au moins quatre fois plus de ressources supplémentaires : l’environnement ne le supporterait pas.

Gilbert Rist, Le développement, histoire d’une croyance occidentale, Presses de Sciences -Pc, 1996.

1. Expliquez La phrase en italique. 2. Pourquoi est-il nécessaire de repenser La notion de « développement »?

Doc. 33 : La croissance pour tous est-elle possible?

Au-delà de leur valeur symbolique et des dramatisations et simplifications qu’implique la médiatisation de

problèmes complexes et relativement mal connus, ils [les problèmes écologiques] mettent en lumière une donnée fondamentale du XXIe siècle : les sociétés dites développées devront évoluer en profondeur car la poursuite de leur modèle de développement et son extension aux autres sociétés de la planète aboutiraient à des catastrophes

écologiques peut-être irréparables. Alors de deux choses l’une : ou on crée une sorte d’apartheid mondial qui réserve aux populations riches des pays riches et à une petite couche riche des pays pauvres le droit de prélever sur le patrimoine commun de l’humanité, auquel cas on va vers la catastrophe politique ; ou bien notre mode de

développement s’étend à une population de plus en plus nombreuse, auquel cas on va vers la catastrophe écologique. Seule issue - et elle est possible - : que les pays développés engagent une mutation profonde de leurs modes de produire et de vivre.

Nous vivons sans doute les dernières décennies du modèle productiviste tel qu’il a été élaboré en deux ou trois siècles dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la « modernité occidentale ». Pendant un siècle et demi le débat politique s’est cristallisé sur l’opposition entre libéralisme et socialisme ce ne sont que deux variantes du

même modèle productiviste. C’est ce modèle lui-même qu’il faut maintenant dépasser.

P. Calame, Un territoire pour l’homme, La Tour d’Aigues, 1994.

1) Quelles sont les deux alternatives qu'envisage l'auteur concernant la poursuite de notre modèle de

développement ? 2) Pourquoi sont-elles également irrecevables ? 3) Quelle solution propose-t-il ?

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Doc. 34 : Qui pollue le plus ?

L’augmentation des rejets de gaz

carbonique notée ces dernières années est attribuable, notent les auteurs du GIEC* à « un changement de la source

principale d’émissions, qui n’est plus le pétrole, mais le charbon ». La prédominance du charbon, inédite

depuis 1968 précise les chercheurs, signe l’augmentation de l’activité économique de la Chine et de l’Inde.

Les pays en développement, non concernés par le protocole de Kyoto, voient depuis environ quatre ans leurs

rejets de CO2 excéder ceux des pays développés. Attention, toutefois, aux effets

d’optique. Les statistiques nationales épluchées par les chercheurs rappellent un fait connu de longue date : les émissions des pays développés se sont pour une large part délocalisées dans les pays émergents. « Au Royaume-Uni, par exemple, les émissions du pays

ont diminué de 5% entre 1992 et 2004, tandis que les émissions fondées sur les biens consommés [en partie produits par les pays du sud] ont augmenté de 12% », rappellent ainsi les chercheurs. *GIEC : Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat

Global carbon project

Alternatives Economiques, Hors-série n °94, 4ème

trimestre 2012

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Doc. 35 : Qui doit moins polluer ?

1) Identifiez les personnages qui figurent sur le

premier dessin. Que symbolisent les fumées d’usine ?

2) Quels problèmes la réduction de ces fumées pourrait-elle poser à l’économie chinoise ?

3) Commentez le titre du document.

Doc. 36 : Émissions de gaz à effet de serre et migrations humaines : de nouvelles inégalités

Doc. 37 : Le développement durable, un oxymore

Il y a de l'hypocrisie dans la notion de développement soutenable, voire durable. C'est bien pourquoi elle semble si

allègrement convenir aujourd'hui à tous les esprits, de droite comme de gauche, même à ceux qui s'en réclament comme d'un vœu pieux pour en faire leur commerce et leurs profits. Il suffit, en effet, de voir ce que la formu le dénonce - l'idée d'un développement non durable ou non soutenable - pour en percevoir toutes les contradictions.

« Durable », traduction (ou interprétation) européenne de la notion première, anglo-saxonne, de « soutenable », comporte au moins deux sens : qui se maintient (ce qui dure ne change pas) et qui continue ou perdure (pas d'arrêt, c'est voué à se prolonger indéfiniment). Or qu'est-ce qui n'est pas durable (ou soutenable) ? C'est bien le

développement tel que nous l'avons pratiqué jusqu'à maintenant et continuons de le pratiquer en feignant de croire que les choses peuvent continuer en l'état malgré tous les signaux qui s'accumulent confirmant que, précisément, cela ne peut pas se maintenir et/ou que le processus peut s'interrompre et même s'achever.

J.-P. Deléage, Croissance, emploi et développement. Les grandes questions économiques et sociales. Repère la Découverte, 2007.

1) Quelle contradiction de l’expression « développement durable » pointe l’auteur ?

Doc. 38 : La décroissance est-elle … soutenable ?

Le concept de développement durable est fortement contesté par certains qui, à la suite de Nicholas Georgescu-Roegen (un économiste américain d’origine roumaine mort en 1994), mettent en avant plutôt la nécessité d’une « décroissance ». Georgescu-Roegen fonde cette conviction sur la notion d’entropie » : la transformation d’un produit

en un autre ne se fait jamais avec un rendement de 100 % et la production d’un objet, quel qu’il soit, se fait donc au prix d’une déperdition (de matière, d’énergie, de travail). Au bout du compte, nous utilisons forcément plus de ressources que nous n’en produisons. [...] Dans ces conditions, la croissance, bien que nécessitant un travail

croissant, est génératrice d’un désordre croissant. Elle détruit plus qu’elle ne produit. Il convient donc d’inverser les

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choses, donc de consacrer moins de travail à produire du désordre (décroissance) et plus de travail à réduire le désordre (recyclage et production moins utilisatrice de ressources non renouvelables). [...] Serge Latouche va plus loin. Même durable, le développement est« toxique », car c’est « une entreprise visant à

transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises ». En d’autres termes, quand bien même il pourrait être durable, ne puisant pas plus qu’il ne recycle, le développement serait condamnable, comme faux nez de la croissance.

Denis Clerc, Déchiffrer l’économie, La Découverte, 2004.

1. Quelles sont les critiques adressées au concept de développement durable? 2. Proposez une définition de la décroissance.

3. Quelles peuvent être Les conséquences économiques de la décroissance? 4) Quels sont les principaux arguments de ceux qui défendent la thèse de la soutenabilité forte ?

EXERCICE : A l’aide du vocabulaire suivant, complétez le schéma : naturelles (x2), faible, forte, physique (x2),

global, investissements, soutenable, naturel, remplacer (x2).

Exercice : Soutenabilité faible ou soutenabilité forte ?

Citation 1 : « Faire du déchet une ressource. La partie organique des flux de déchets industriels ou municipaux

peut faire l’objet d’une valorisation agronomique qui permet de restaurer la teneur en matière organique des sols et de limiter les apports d’engrais issus de fertilisants fossiles (azote, phosphore, potasse). La valorisation agronomique s’avère particulièrement adaptée dans les pays en voie de développement où les déchets

biodégradables constituent jusqu’à 75 % des déchets des ménages et pour les quels le compost est un apport essentiel à l’agriculture. Toutefois, la production de compost n’a de sens que dans la mesure où il existe un marché pour son utilisation ».

Groupe Veolia, « Propositions pour une gestion responsable des services à l’environnement », 2012

Citation 2 : « Reconnu comme une des principales menaces environnementales ayant jamais existé pour la

planète et les sociétés humaines, le dérèglement climatique doit être combattu proactivement par tous les acteurs publics et privés, y compris le Crédit Agricole. Les Amis de la Terre recommandent au Crédit Agricole une politique climat en sept points. Point 6 : Développer de nouveaux produits innovants pour encourager la lutte contre le

changement climatique ». Les Amis de la Terre, « 20 propositions pour l’environnement au Crédit Agricole », 2006.

Citation 3 : « Nos propositions pour l’environnement. Créer de nouveaux jardins à Rennes : cour du couvent des jacobins, parking des halles centrales, La Courrouze… Plan d’économie d’eau auprès des entreprises et des citoyens, en soutenant notamment les projets de substitution de l’eau potable par la récupération des eaux de pluie

(établissements scolaires) ». EELV (Rennes), « Nos propositions pour l’environnement et la santé », 2012.

Citation 4 : « Notre société est construite autour de la voiture et des transports routiers, elle repose donc sur une énergie non renouvelable, le pétrole et sur des moyens de transports individuels, voire individualistes. Sans respecter ni les temps ni les espaces, l’automobile a contribué à séparer les individus entre eux, à séparer

les lieux de production des lieux de consommation. La société de l’automobile n’est une société ni soutenable ni souhaitable, ni sereine ni conviviale. Il faut donc développer une politique de localisation de la vie créatrice de lien. Pour cela nous devons : Agir sur les infrastructures, les bassins d’emplois, les zones d’habitation, en rapprochant

les lieux de production, d’achat et d’usage, en développant des petits commerces de proximité au détriment des grandes surfaces ».

Europe-Décroissance, « Qu’est-ce que la décroissance ? », 2009 .

Citation 5 : « Total travaille à réduire en continu ses rejets gazeux. Les efforts se concentrent principalement sur les émissions de dioxyde de soufre, oxydes d'azote et composés organiques volatils. Notre pôle Chimie est parvenu à stabiliser les émissions de NOx de ses chaudières et de ses fours. Les efforts se poursuivent, ainsi que

Page 31: II) Les effets de la croissance sur l¶environnement...déplacent les problèmes plus qu'ils ne les résolvent. Ainsi les agro-carburants ont contribué à la hausse des prix des céréales

dans le reste du Groupe. Ils s’articulent autour de mesures : 1. préventives : par exemple, le déploiement progressif de brûleurs dits « bas-Nox » sur certains de nos sites, et notamment, depuis 2005, sur toutes les unités nouvelles ou modernisées des activités Amont ; 2. curatives : par exemple, la mise en place de dispositifs de

dénitrification (suppression des nitrates) des fumées et de production d’urée ». Groupe Total, « Nos enjeux. Respecter l’environnement », 2012 Citation 6 : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une ba isse du nombre de vies

à venir ». Georgescu-Roegen, ‘‘The Entropy Law and the Economic Problem’’, in Daly, Toward a Steady-State Economy, 1973.

Citation 7 : « Au Pakistan, à la suite d’un projet du PNUD conçu pour protéger et gérer durablement l’écosystème des forêts de genévriers dans le district de Ziarat, on a constaté une modification des politiques d’orientation dans le secteur forestier. Le projet a également forgé un partenariat avec le Conseil pakistanais des technologies pour

une énergie renouvelable afin de fournir gratuitement 12 systèmes solaires à 10 villages reculés dont les habitants utilisaient le bois de genévrier ou le kérosène comme combustibles ».

PNUD, Rapport annuel 2011/2012 : L’avenir durable que nous voulons, 2012.

Citation 8 : « Notre stratégie pour un environnement durable

Réduire les effets de la variabilité et du changement climatiques Développer le savoir technique nécessaire pour assurer un environnement durable »

Banque Mondiale, « Objectifs de développement pour le millénaire : Objectif n°7 », 2012

1) Pour chaque citation, remplissez le tableau suivant en vous demandant à quelle conception se rattache plutôt la

citation (parfois explicitement, parfois implicitement, il faut réfléchir).

Capitaux

substituables ? Oui/Non

Ressources naturelles

limitées ? Oui/Non

Forme de

soutenabilité ?

Faible/Forte

Citation 1

Etc.

2) Cherchez les points communs entre les différents partisans d’une conception plutôt faible de la s outenabilité et

faites de même pour les partisans d’une conception plutôt forte de la soutenabilité.