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#3 Ici et ailleurs Que sont-ils devenus ? Travaux d’enseignants

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#3 Ici et ailleurs Que sont-ils devenus ?Travaux d’enseignants

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Mobilité internationale

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ICI ET AILLEURS

Les mobilités sont un choix important dans le parcours d’un étudiant. Elles correspondent aux départs à l’inter-national d’étudiants de l’ENSACF et à des visites semestrielles ou annuelles d’étudiants étrangers au sein des murs de l’école. Ces regards extériorisés, extérieurs contribuent à l’enrichissement de la dynamique de l’école, aux échanges internationaux et à l’ouverture à d’autres horizons, qu’ils soient culturels, pédagogiques ou territoriaux. Au travers des témoi-gnages d’étudiants comme d’ensei-gnants, ce dossier réalisé avec l’aide de Denis Simacourbe, en charge des mobilités à l’ENSACF, propose d’aborder plusieurs destinations, parmi les plus populaires et les plus représentatives de la relation de l’école avec ces ailleurs.

L’idée d’un monde « globalisé » n’a visible-ment pas atteint tous les étudiants, puisque chaque année une trentaine d’entre eux à l’ENSACF dit son désir de mobilité vers un ailleurs présupposé différent. Un conti-nent, un pays, une ville, une école : cha-cun ordonne ses priorités quant au lieu de destination. Mais qu’y a-t-il ailleurs qu’il n’y aurait pas ici ? Cela n’est pas toujours clairement avoué, mais cette aspiration à une parenthèse - d’abord ressentie comme longue - dans le cursus des études d’archi-tecture, paraît plonger ses racines dans une démarche toute personnelle d’ouverture au monde, un temps de respiration. Pour autant, vouloir goûter à l’exotisme (au sens étymologique du terme) reste tout à fait compatible avec un souci de qualité de la formation.Alors qu’il n’est pas encore parti, l’étudiant en architecture cherche moins une rupture avec l’enseignement de son école d’origine qu’un élargissement de ses expériences, de ses références. Ses professeurs sont d’ailleurs parfois des interlocuteurs choisis pour le conseiller dans ses choix. L’étudiant de Licence 2 ou Licence 3 décrit souvent la dimension créatrice de l’architecte. Mais avant d’être créateur d’architectures, d’es-paces ou même d’objets, il a conscience qu’il est encore constructeur de lui-même. Pour cela il cherche - il part chercher - de

nouveaux contacts, sociaux ou sensibles : professeurs, professionnels, amis, incon-nus… ou encore espaces naturels ou ur-bains. Pour cela, il fait sienne la phrase de Lévi-Strauss qui « hait les voyages et les explorateurs » et aspire à se fondre autant qu’il le pourra dans la société qu’il a choisie.

> Le temps de vivre et d’étudier

Parti, l’étudiant va confronter à la réalité l’image qu’il s’était construite. Étrangement, ce n’est pas d’abord un choc visuel dont il est fait témoignage, mais souvent d’un temps différent. Bien sûr les usages d’un quotidien nouveau peuvent être déstabili-sants, mais ils s’avèrent formateurs dans la plupart des cas, et l’étudiant est généra-lement prompt à s’y adapter. En revanche, la question de la langue est des plus déter-minantes s’agissant des contacts recher-chés. Si le cap d’une autonomie suffisante est généralement atteint les tout premiers mois, il faut s’attendre à un effort de premier ordre et de tous les instants pour ne pas rester balbutiant « comme prisonnier dans le corps d’un enfant », selon les termes de François Petitgirard, parti étudier à l’Univer-sité de Caxias do Sul, au Brésil.

Le temps de la mobilité va s’avérer bien rapide. Plongé dans un univers nouveau, on cherche en l’« autre » nos repères. Mais comment se faire reconnaître (notre person-nalité, nos recherches, nos savoirs, notre travail, etc.) si les mots ne sont pas là ou ne sont pas justes et précis ? Ou si l’autre ne nous laisse pas le temps de chercher ces mots ou d’y substituer d’autres moyens d’expression ? Ainsi, et pour prendre un exemple, le temps de l’échange social ne sera pas le même là où un tissu associatif anime la vie étudiante et là où la place de l’université dans la société fait que les étu-diants vivent chez leurs parents, travaillent, ont des enfants… ou plus prosaïquement lorsque les temps de transport sont ceux d’une mégalopole. Une anecdote parmi tant d’autres : un étudiant mexicain ren-dant compte du reproche que lui faisait son professeur de projet (peu de temps après

son arrivée en France) de dessiner une « architecture des années 60 ». Sans doute eut-il été profitable à l’un comme à l’autre de comprendre que la relative mixité sociale française ou européenne n’a rien de com-parable avec les contrastes extrêmement forts de la société mexicaine. Il faut rappe-ler qu’à Mexico, tout projet architectural ou urbain est en tout premier lieu défini par la catégorie sociale à laquelle il est destiné. Mais dans l’exemple de cette confronta-tion, parole et langage ont, semble-t-il, fait défaut…Manifestement, cette plongée dans la vie quotidienne d’une ville, d’un pays, est le tra-vail de l’étudiant en mobilité. Beaucoup en témoignent : l’étudiant en échange, a fortiori architecte, qui perpétuellement quitterait sa salle de cours pour rejoindre l’écran de son ordinateur, passerait à côté de l’énorme tra-vail pour lequel il a choisi de partir. Le terme de travail englobe ici la compréhension réciproque, la traduction, la communication de ce que l’on est et de ce que l’on fait. Et « c’est ce travail qui est très fort, au-delà de l’architecture, mais qui justement influe sur la manière de concevoir ». À cette recherche de nouveauté s’est ajou-tée pour certains une forme de relation professeur-étudiant appréciée durant le

cycle de Master. Une relation basée sur une collaboration, une intelligence collective du projet, davantage que sur l’exacerbation un peu systématique des erreurs de celui qui, encore étudiant, se sent proche de l’exer-cice professionnel. Si la place de chacun, en toute université de par le monde, reste clairement définie, ce rapport particulier provoque néanmoins chez l’étudiant un sen-timent de confiance en ce qu’il fait ou peut faire, le sentiment d’une communication productive. Cela ressort particulièrement du témoignage de nombreux étudiants par-tis vers d’importants centres universitaires nord ou sud-américains. La mobilité inter-nationale est une occasion - parmi d’autres - de poursuivre sa formation en en modifiant le rythme, les points de vue, les références ; mais elle ne doit pas être idéalisée. S’il faut parfois s’égarer pour improviser, il ne faut pas se perdre.

La mobilité internationale est une occasion - parmi d’autres - de poursuivre sa formation en en modifiant le rythme, les points de vue, les références ; mais elle ne doit pas être idéalisée.

Dossier réalisé par Jérémie Serrurier et Guillaume Sicard

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> Revenir

Le retour de mobilité des étudiants français (tout comme l’arrivée des étudiants étran-gers) est-il suffisamment l’occasion d’une mise en commun de ces expériences étran-gères ? Bien entendu, les examens validés à l’étranger deviennent des unités d’ensei- gnement acquises, les ECTS en sont capi-talisés. Mais ne tirerait-on pas profit à pous-ser plus avant les bénéfices de la recon-naissance de la mobilité ? Revient souvent ce sentiment que les étudiants passés par cette forme d’apprentissage ont gagné, peu ou prou, sur leurs peurs, et se projettent plus aisément vers plus d’ambitions. La pré-paration du retour à l’ENSACF est marquée par le choix du ou des domaines d’études en Master. Certains étudiants envisagent ce choix comme le dernier temps d’expression libre avant l’activité professionnelle, parfois pressentie comme contraignante sur le plan de l’expression de « leur architecture ». Peut-être cela explique-t-il ce désir ressenti chez quelques-uns de prolonger leur diplôme d’État par un 3e cycle universitaire, une en-trée sur le marché du travail sous une forme originale (comme dans des collectifs par exemple) ou encore l’exercice de leur métier à l’étranger. Quoiqu’il en soit, la mobilité aura laissé son empreinte sur ceux-là.

Denis Simacourbe

Quelle est votre première impression de l’École nationale supérieure d’archi-tecture de Clermont-Ferrand après votre visite ?J’y ai discerné une « atmosphère créative » et c’est surement dû à l’état du bâtiment : toutes les surfaces ou presque sont utili-sées et optimisées. Il y a un vrai arrange-ment des espaces ici. Les couloirs et les salles de projets deviennent des espa- ces pour afficher les travaux d’étudiants

et faire les « critics » (corrections). Vous avez plusieurs espaces séparés pour affi-cher vos travaux et vous avez en plus un hall d’exposition tout à fait fonctionnel. Cela me rappelle des réaménagements réalisés à l’université de Washington ; on a disposé un espace d’exposition au centre, proche de la cafétéria, qui bénéficiait d’une belle trans-parence et d'une ouverture sur l’ensemble de l’école. Tout le monde passait à travers et pouvait prendre connaissance des travaux comme des événements qui s’y déroulaient. C’est très intéressant d’avoir cela.

Quelles différences faites-vous entre la structure spatiale de votre université à Norman, Oklahoma et l’ENSACF ? À Norman, il n’y a pas assez d’espaces pour les expositions de travaux : en réalité, il n’y en a qu’un seul, qui est très central, par-ticulièrement ouvert sur l’extérieur et le hall d’entrée. Malheureusement, il s’agit d’une salle dont l’acoustique est effroyable et qui reste très difficile à occuper tant pour des expositions que pour des présentations de projets dans le cadre de nos studios. Même si nous sommes en train de remédier à ce problème, il faudrait que nous disposions de plusieurs espaces, qui fonctionneraient séparément, qui seraient indépendants les uns des autres pour d’une part exposer les travaux, d’autre part mettre en place des jurys. Je pense que c’est très important pour les étudiants d’être dans de bonnes conditions pour leur correction, afin d’établir des échanges constructifs avec leurs ensei-gnants et les membres de jurys.

Comment percevez-vous la mobilité étrangère à Norman, en particulier celle qui concerne les étudiants de Clermont-Ferrand ?J’ai souvent discuté avec Guillaume Sicard et avec Nina Russily, qui était ma propre étudiante pendant le semestre d’automne 2012 (j’en garde le souvenir d’une étudiante formidable !). Durant nos conversations, j’ai été frappée par l’intérêt qu’ils portaient aux cours et leur engagement dans les studios de projet - ce qui correspond visiblement à une culture propre à l’ENSACF. Même s’il y avait parfois des désaccords sur des sujets, composantes de projets ou pos-tures, chaque échange était constructif. Je me souviens une fois avoir pris la défense de Nina lors d’une correction de son pro-jet : Toni Cricchio, professeur de projet à Norman, avait été un peu injuste envers elle parce qu’il voulait qu’elle travaille sur informatique, alors qu’elle était plutôt douée en dessin à main levée et était capable de représenter son projet ainsi. Pour ma part,

Catherine BarrettProfesseur vacataire à l’université d’Oklahoma, Norman (USA)

j’avais jugé que ce n’était pas nécessaire et que son projet était aussi bien représenté ainsi. Compte tenu que je donnais la note finale, mon avis a permis cette ouverture, sous forme d’autorisation et donc de valida-tion.

Mettez-vous en place des dispositifs par-ticuliers pour les étudiants en échange, et quel est le mode de pratique du projet à Norman ?Pas particulièrement, mais je sais que le Col-lege of Architecture est en train d’établir un curriculum pour les étudiants arrivant. Cela permettra de guider les étudiants étrangers vers les cours qui leur conviennent le mieux avec les professeurs les plus adaptés : une manière de rendre encore plus lisibles les enseignements, d’être plus particulièrement à leur écoute puisqu’ils ne connaissent pas la géographie pédagogique de notre école. Je l’ai fait moi même avec Nina, en lui don-nant certains exercices spéciaux, qui satis-feraient à la fois mes attentes et celle de sa scolarité française.En réalité, je pense qu’il existe des carac-téristiques propres à chaque école. Des orientations pédagogiques liées à son corps d’enseignants et aux cours dispensés. C’est un peu ce qui fait sa « signature », son attractivité, et la raison pour laquelle les étudiants y postulent. À Norman, dans notre école, il y a une forme d’héritage de la théorie du projet « design theory ». Autre-ment, je crois que c’est très important pour les étudiants d’avoir des choix à faire… Il y a plusieurs moyens de pratiquer l’archi-tecture, et je n’aime pas du tout voir les étudiants découragés parce qu’ils pensent qu’il n’y a qu’un seul moyen, il faut ouvrir des opportunités. Il faut aussi ajouter que le College of Architecture est en train de revoir son panel de cours pour en proposer de nouveaux. Par exemple cette année est la première au cours de laquelle nous avons proposé des cours à Rome : c’est un atelier qui a permis à vingt élèves de partir là-bas, et d’y pratiquer le projet pendant un se-mestre. Plusieurs architectes italiens y ont d’ailleurs donné des conférences, comme Luca Peralta, qui a travaillé avec Zaha Hadid… Ces antennes de l’école dans des contextes européens sont importantes pour son rayonnement et mettent en place une structure hybride entre mobilité et école hors les murs.

« Il y a plusieurs moyens de pratiquer l’architecture (…) il faut ouvrir les opportunités. »

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© Guillaume Sicard

Guillaume Sicard22 ans, M1 EVANEn échange à Norman, Oklahoma, USA

Pourquoi avoir choisi Norman comme destination de mobilité ?En réalité c’était mon troisième choix, j’ai voulu partir au Québec mais ça n’a pas été possible. Finalement, je l’avais mis parce que ça me permettait d’apprendre l’anglais et de partir un peu vers l’inconnu. C’est une destination un peu isolée mais l’idée de partir dans le Grand Ouest américain m’a vraiment motivé.

Peux-tu nous expliquer les grandes dif-férences que tu as pu constater entre Clermont-Ferrand et Norman ?Il y a une vraie différence de moyens… Un bureau par étudiant dans chaque stu-dio, un parc informatique dernier cri, un bureau pour chaque enseignant… C’est assez impressionnant. Ce qui change énor-mément c’est le fait que l’école soit sur un grand campus, comme la plupart des uni-versités américaines. En comparaison avec

l’ENSACF, qui dispose de nettement moins d’espace extérieur, on a ce même rapport entre les universités, sauf qu’à Clermont-Ferrand l’ensemble est plus ancré dans la ville, à proximité du centre. À Norman, les étudiants de chaque « college » se croisent tous les jours et tout le temps, ce qui favo-rise des échanges plus riches.

Comment sont accueillis les étudiants étrangers ?À mon arrivée, je n’ai même pas eu le temps de m’inquiéter de mon sort. Dès l’arrivée sur le campus, une équipe est présente pour te guider vers tes logements, répondre à tes questions et t’aider si tu en as besoin.

À l’école, tous les professeurs sont dispo-nibles très souvent soit dans leur bureau, soit par mail, c’est vraiment très pratique et extrêmement rassurant.

Comment se passe l’enseignement de projet ?J’ai choisi mes cours dans une liste et le « Studio 6 » était un peu inédit dans son contenu : l’exercice consistait à choisir un concours d’idée sur Internet, de manière collégiale avec tout le groupe, et de ré-pondre aux attendus du concours avant la fin du semestre. C’est un exercice intéres-sant parce qu’il permet de mobiliser des moyens d’expressions que l’on n’a pas du tout l’habitude d’utiliser, comme la 3D ou l’animation vidéo. Le rendu final s’est fait

simplement avec l’envoi des éléments du concours et une présentation devant trois enseignants qui notent à la fin.

Comment s’est passé ton retour à Cler-mont-Ferrand ? Même si le retour est un vrai choc culturel, cette année à l’étranger m’a permis d’aigui-ser ma curiosité et mon sens critique. Elle offre l’opportunité de prendre un réel recul vis-à-vis de l’enseignement de l’ENSACF. J’ai aussi appris à prendre plus facilement des décisions, grâce à la liberté que mes professeurs là bas m’ont laissée. J’y ai ac-quis une forme d’autonomie.

« Cette année m’a permis d’aiguiser ma curiosité et mon sens critique. »

> Norman, Oklahoma

La ville compte environ 100 000 habi-tants. Elle est proche d’Oklahoma City, capitale de l’État.

L’University of Oklahoma fut la première université de l’État à avoir été fondée. Elle s’organise sur un vaste campus (12 km2), proche du centre de la ville, qui compte environ 30 000 étudiants.

Le College of architecture a récemment été rénové. Il se situe près du Gaylord Memorial Stadium, le grand stade de l’université.

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Nora Marfisi22 ans, M1 ETEHEn échange à Buenos Aires, Argentine

Pourquoi avoir choisi Buenos Aires com- me destination de mobilité ?J’ai beaucoup étudié les destinations qui m’intéressaient et si j’ai choisi Buenos Aires, c’est tout d’abord à cause de la langue : je voulais apprendre l’espagnol. Je m’étais dit que c’était une langue qui serait pratique pour mon avenir, car elle est très parlée dans le monde. Ensuite, je souhaitais partir dans une capitale, car quittant Cler-mont-Ferrand, je pense que c’est bien de se confronter à une grande ville, pour aborder d’autres échelles, d’autres rythmes. Et avec Buenos Aires, d’autres cultures. En plus, là-bas, l’école a bonne réputation : elle est assez bien reconnue au niveau du diplôme. Enfin, j’ai un ami qui est déjà parti là-bas qui pouvait donc me donner quelques pistes pour commencer, ce qui permet de défricher le terrain et de mieux préparer la mobilité.

> Buenos Aires, ArgentineIl s’agit de la capitale et de la plus grande ville d’Argentine avec ses 3 mil-lions d’habitants « intra muros » et son aire urbaine de 12 millions d’habitants. Elle s’étale sur les bords du Rio de la Plata et sur les côtes de l’Atlantique.L’Université de Buenos Aires (UBA) a été fondée en 1821, et la Faculté d’ar-chitecture, de design et d’urbanisme accueille environ 25 000 étudiants.

Peux-tu nous expliquer les principales différences que tu as pu constater entre Clermont-Ferrand et Buenos Aires ?La première différence, c’est le fait que l’école d’architecture se trouve dans un campus regroupé avec le design et la mode. La taille de l’école est vraiment importante. De fait, il y a énormément d’étudiants, par-fois il faut même faire la queue pour rentrer dans l’école. Au niveau du cursus, c’est aussi un système Licence + Master mais il y a une année de mise à niveau avant la licence pendant laquelle on a le choix entre trois planches horaires pour permettre de travailler en même temps, souvent pour payer ses études. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de vie associative. Il n’y a pas de coopérative pour avoir des réductions ; par contre, et c’est important, tout le rez-de-chaussée de l’école est composé de maga-sins, des lieux pour stocker des maquettes ou pour imprimer. L’ambiance de l’école est très « atelier » : tout le monde travaille partout et notamment dans le grand patio central ou les étudiants coupent leurs ma-quettes à même le sol naturel, par manque de place.

Comment sont accueillis les étudiants étrangers ?Au tout début, on a une réunion de ren-trée dans le grand amphithéâtre, ou tout le monde est informé du déroulement de l’an-née - exactement comme à l’ENSACF. On nous explique qu’il faut choisir nos matières. Par rapport aux étudiants argentins, un peu plus de temps est accordé aux étrangers pour vraiment étudier les différents ateliers

et permettre de faire les bons choix. Il y a énormément d’étudiants en mobilité, beau-coup de Français, notamment de Paris. C’est une destination très prisée.

Comment se passe l’enseignement de projet ?Au niveau du projet, c’est assez semblable à Clermont-Ferrand ou en France en géné-ral. Il est aisé de s’y retrouver dans les en-seignements et orientations d’ateliers. Tou-tefois, à Buenos Aires, il y a énormément de thèmes, des ateliers qui ne fonctionnent qu’en maquettes, ou d’autres qui ne font que des tours, etc. En outre, on choisit notre atelier et c’est presque comme un domaine d’étude. En début d’année, on a une se-maine pour expérimenter chacun de ces ateliers et ainsi pouvoir déterminer celui qui nous correspond et nous plaît le plus. Enfin, chaque semestre, les ateliers présentent les travaux des étudiants, en affichant les rendus dans l’école, ce qui donne une lec-ture générale de ce qui se déroule entre les murs.

« Chaque semestre, les ateliers présentent les travaux des étudiants, en affichant les rendus dans l’école, ce qui donne une lecture générale. »50 / Cf.

DR

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Gaëtan Amossé22 ans, M1 EVANEn Erasmus à Porto, Portugal

Pourquoi avoir choisi Porto comme des-tination de mobilité ?[...]

Peux-tu nous expliquer les principales différences que tu as pu constater tout au long de ton année là-bas ?Je trouve qu’à l’école de Clermont, c’est plus convivial, car nous sommes moins d’étudiants ; à Porto, on est quasiment deux mille étudiants. En fait, l’architecture est beaucoup plus présente à Porto, notam-ment parce que l’école est construite par Alvaro Siza, ce qui fait qu’on est déjà dans un cadre particulier. Après, la principale différence au niveau du cursus, c’est le fait que l’école de Porto ne semble pas avoir vraiment de spécialisations. C’est un peu comme à l’époque des Beaux-Arts, le cur-sus se déroule sur cinq années, comme en France mais c’est vraiment une formation continue. Il y a peut être moins de rupture entre la Licence et le Master.

> Porto, PortugalAvec 237 000 habitants (et 1,8 million pour le Grand Porto), Porto est la se-conde plus grande agglomération du Portugal après Lisbonne. Située sur la côte Atlantique du pays, la ville est le berceau d’Alvaro Siza.

Construite par Alvaro Siza à partir de 1985 et achevée en 1996, l’école accueille environ 500 étudiants.

Comment se passe l’enseignement de projet ?La grande différence entre Porto et Cler-mont-Ferrand se concentre dans le niveau des rendus. La promotion de Master 1 est composée de 200 élèves répartis en huit groupes de projet et la présentation ne se passe pas en jury. Dans un premier temps, on affiche nos panneaux que les huit ensei-gnants vont pouvoir regarder pendant une

semaine de manière à constituer un premier avis sur le projet. Puis, une semaine après, on a une soutenance orale uniquement de-vant notre professeur assigné. Sur ce point, je trouve que la différence se ressent vrai-ment dans le fait qu’il y a une semaine entre l’affichage des panneaux et la présentation orale. De fait, on a vraiment le temps de se reposer entre ce que tu présentes et ce que tu fais, ce qui laisse la possibilité de bien préparer son oral. Et aussi de voir ce qui se fait dans les autres ateliers et, j’imagine, aux enseignants d’homogénéiser leurs éva-luations.

L’autre différence marquante, c’est au ni-veau des associations. À Clermont, la vie associative n’est pas de l’ordre de l’évé-nementiel, tandis qu’à Porto, on a plus le sentiment qu’il y a des jours précis où telle ou telle association va organiser quelque chose. Par exemple, la coop Nous de Porto n’est pas une association, c’est une

antenne d’entreprise, installée dans les lo-caux de l’école d‘architecture. Les prix sont réduits mais ce sont des professionnels qui s’occupent de la gestion et non des étu-diants comme à Clermont.

Comment sont accueillis les étudiants en mobilité ?C’est une question délicate, beaucoup de gens se plaignent. Pour ma part, je suis un

mauvais exemple parce que ça se passe très bien pour moi. De nombreux étudiants en Erasmus n’ont pas de bons résultats en projet, ce qui ne relève pas d’un manque de travail, mais visiblement de difficultés d’adaptation.

« La différence se ressent vraiment dans le fait qu’il y a une semaine entre l’affichage des panneaux et la présentation orale. »

DR

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Razvan Poting24 ans, M2 ETEHÉtudiant roumain, arrivé à l’ENSACF en Erasmus en 2011-12

Pourquoi avoir choisi Clermont-Ferrand comme destination pour ta mobilité ?En réalité je n’ai pas trop eu le choix. En Roumanie, pour définir le pays et l’école dans lesquels tu vas partir à l’étranger, il y a un système qui se base sur les résul-tats que tu as eus pendant les années en école d’architecture. Du coup, en fonction de tes notes, tu as un choix de pays et d’écoles défini. Donc j’avais comme option, la France, l’Italie et la Turquie, et j’ai choi- si la France. Ensuite, pour la France je n’avais pas d’autre destination que l’école de Clermont-Ferrand.

Peux-tu nous expliquer les principales différences que tu as pu constater tout au long de ton expérience ici ?Ça fait maintenant deux ans que je suis à Clermont-Ferrand et la principale différence entre les deux écoles est que l’enseignement

> Cluj Napoca, RoumanieCluj Napoca est le chef lieu de la Tran-sylvanie. La ville compte un peu plus de 310 000 habitants et est traversée par la rivière Someşul Mic.

La faculté d’architecture et d’urbanisme fait partie de l’Université Technique de Cluj Napoca, qui accueille près de 12 000 étudiants sur les 80 000 de la ville. L’école d’architecture réunit près de 600 étudiants.

de Cluj-Napoca est plus particulièrement orienté vers la technique. Par exemple on étudie plus les systèmes de construction. Il y a plus de cours de structure. D’autre part en Roumanie, je pense que l’approche architecturale est plus fonctionnaliste.La qualité spatiale passe souvent après l’usage même de l’espace, après la relation des différentes fonctions entre elles.

Comment as-tu été accueilli lors de ton arrivée ?J’ai trouvé qu’il y avait un très bon accueil à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand. J’ai eu un peu de difficultés pour trouver un logement, mais l’école m’a donné des pistes, des contacts d’agences, des petites annonces. Tout ça une fois sur place.

Comment se passe l’enseignement de projet ?J’ai choisi de faire mon master dans le domaine d’études ETEH (éco-conception des territoires et des espaces habités) parce que je trouvais l’approche du déve-loppement durable très intéressante, et très adaptée à l’actualité. En Roumanie nous étudions aussi cette question mais peut-être de manière moins approfondie. C’était aussi une manière de continuer un ensei-gnement que j’avais déjà eu à Cluj-Napoca.

Je pense que ces deux années que j’ai pas-sées à Clermont m’auront permis de rentrer davantage dans le détail du projet. Désor-mais, je pense dessiner plus finement.

« L’enseignement à Cluj-Napoca est plus particulièrement orienté vers la technique, (…) l’approche architecturale est plus fonctionnaliste qu’à Clermont-Ferrand. »

DR

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Kévin Doiron22 ans, Licence 3Étudiant québécois en échange à Clermont-Ferrand

Pourquoi avoir choisi Clermont-Ferrand ?J’ai choisi Clermont-Ferrand parce que les autres destinations en France sont popu-laires auprès des étudiants québécois. Pour ma part, je voulais vivre l’expérience « française » seul. Étant donné que Cler-mont n’est pas très connu au Québec, c’était la destination la plus appropriée pour vivre à fond cette expérience.

Peux-tu nous expliquer les grandes dif-férences que tu as pu constater entre Clermont-Ferrand et Québec ?Il y a de nombreuses différences. La plus grande est d’ordre matériel : à Québec, on a un bureau et une table à dessin par étudiant, en moyenne deux à trois prises

> Québec, CanadaLa ville compte un peu plus de 520 000 habitants. Elle est la capitale de la Pro-vince.

L’Université Laval a été fondée en 1663, c’est l’établissement d’enseignement supérieur le plus ancien du Canada. L’université rassemble approximative-ment 44 000 étudiants.

Située dans le Petit Séminaire, un ancien bâtiment du XVIIIe siècle, l’école d’architecture compte environ 350 étu-diants.

Réhabilitée depuis 40 ans, elle est située dans le vieux Québec, décentrée du campus.

électriques par poste de travail, une décou-peuse numérique, un amphithéâtre où l’on peut connecter nos ordinateurs, etc. Il y a aussi une différence dans l’organisation des cours. Au Québec, le cours de projet est affirmé comme étant le plus important : si un rendu pour un cours annexe coïncide avec un rendu de projet, le professeur de ce cours annexe va déplacer son rendu pour permettre aux étudiants de se concentrer uniquement sur le projet.

Comment as tu trouvé l’accueil ici à Clermont-Ferrand ?Convivial. Même si l’école ne paye pas de mine et n’est pas très connue, les gens sont vraiment agréables et l’ambiance est vrai-ment bonne. Je ne me suis jamais senti mis à l’écart parce que je suis étranger. J’ai ren-contré des gens bien et au final, je l’aime, cette école.

Tu as soulevé des différences entre ici et Québec ? Comment se passe l’enseigne-ment de projet ? En fait, la manière de faire du projet ici est beaucoup basée sur l’analyse à grande

échelle. Chez moi, elle se base plus sur l’instinct ou le concept, l’idée brute. Par contre, j’aime bien cette façon un peu plus pragmatique d’aborder l’architecture. Et non, je n’ai pas eu de difficulté à m’adapter, sauf peut-être pour les normes de construc-tion qui diffèrent de celles de chez moi.

Tu vas devoir choisir un domaine d’études, as-tu une préférence ?Pour l’instant, je me dirige vers le Master EVAN. Ma décision se base surtout sur les sujets abordés dans ce master : croise-ment des échelles urbaines, paysagères et du détail. Aussi, j’ai toujours été attiré par l’architecture sensible, en rapport avec la phénoménologie. J’ai cru comprendre que certains professeurs du master EVAN étaient intéressés par cette facette de l’ar-chitecture.

« Je voulais vivre l’expérience “française” seul. »

DR

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Connaître, accompagner, valoriser…… dialogue d’(étudiants) architectesUne bonne connaissance des enseigne-ments et pratiques des partenaires étran-gers est un point clé de la réussite des relations internationales et des mobilités individuelles. Elle permet un conseil adapté tant en amont que durant l’échange, et une valorisation des acquis de l’étudiant étran-ger accueilli ou de celui français de retour à son cursus d’origine.Cette connaissance est affaire de spécia-listes : qui mieux qu’un architecte peut dis-cuter de la conception du projet avec son pair ? Qui mieux qu’un enseignant saura apprécier le positionnement d’un étudiant dans la progression d’un cursus ? Ou éva-luer les identités et spécificités de telle ou telle université ?Ces questions sont primordiales pour des coopérations vivantes, et certainement la mobilité des professeurs y aiderait-elle. On le voit, la mobilité est un point d’échange entre enseignants et étudiants, tous les étudiants (également, et peut-être surtout, ceux qui ne partent pas). Une association d’« anciens de la mobilité » - qui reste à inventer - pourrait être un levier pour pro-mouvoir une telle coopération internationale élargie.Inscrite dans le projet de l’établissement, celle-ci doit trouver sa place dans une péda-gogie ouverte et curieuse.

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QUE SONT-ILS DEVENUS ?

À Clermont-Ferrand, nous sommes près de 600 étudiants à vouloir décrocher notre diplôme d’État en architecture au bout des cinq années d’études. Après cela, de quoi sera fait notre avenir ? C’est la question que nous nous posons tous. Plus ou moins récemment sortis de l’ENSACF, Cécile, Julie, Florianne, Fabien, Adelino, Boris, Éric et Élodie apportent des éléments de réponse à cette question qui nous taraude. Quel a été leur parcours depuis l’obtention de leur diplôme ? Leur vision du métier a-t-elle changé depuis leur entrée dans le monde du travail ? Parmi eux, d’anciens étudiants devenus enseignants à l’ENSACF, preuve que les liens tissés avec l’école peuvent rester forts.

Cécile Ameil(diplômée en 2004)

Comment vous êtes-vous intéressée à l’ar-chitecture ?Mon père est architecte et ma sœur aînée faisait ses études à l’école d’architecture de Clermont lorsque je me suis inscrite. Je savais donc que ces études me plairaient aussi.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? Le Master IVAN, de Didier Rebois, afin de travailler sur de grandes échelles et le pay-sage.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiante à l’ENSACF ?Plein d’espoir en négligeant les contraintes du métier.

Depuis que vous êtes diplômée, quel est votre parcours ?J’ai commencé par travailler pour des par-ticuliers. Depuis un an, je travaille sur des écoles, des marchés publics et des loge-ments sociaux afin de diversifier mon travail.

En êtes-vous satisfaite ? Pourquoi ?Oui, en sortant de l’école je n’avais pas pu travailler directement sur des projets impor-tants car j’avais beaucoup de manques au niveau de la construction.

Un événement marquant ?La participation à Europan 11.

Un conseil pour les futurs diplômés ?Ne pas négliger le côté « administratif » du métier, qui prend beaucoup de temps. Pour autant, il faut toujours garder son œil critique et proposer des projets qui nous ressemblent sans tomber dans la facilité.

Extension Bavent en collaboration avec Enzyme Architecture

Alvaro Siza (1933 - )

Chantier de la Maison du CitoyenFranck Sabatier Architectures

Façade de la BAU Boutique d’initiative en Architecture et UrbanismeExtension d’une villa

Témoignages d’anciens étudiants de l’ENSACFDossier réalisé par Anna Brokane et Marie Fouriot

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Julie Jouvenel(diplômée en 2010)

Comment vous êtes-vous intéressée à l’ar-chitecture ?Rétrospectivement, il n’y a pas une raison ou une expérience particulière qui m’ait poussée à entreprendre ces études. Il serait naïf de faire entrer en jeu la notion d’ins-tinct. J’étais intéressée par les espaces, leur qualité et la manière dont on les habite au passé, au présent et au futur. C’est ainsi que je me suis tournée vers cette formation car elle semblait être celle qui m’apporterait des réponses. Je savais également que j’al-lais apprendre de manière cadrée, variée et riche, et cela m’enthousiasmait réellement.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? J’ai passé mon PFE dans le Master Recon-quête du patrimoine européen mais j’avais auparavant reçu et suivi un enseignement EVAN. À mon sens cela a enrichi mon PFE et plus largement l’architecte que j’essaie aujourd’hui d’être puisque, par le biais de ces deux apprentissages, je réalise avoir acquis des valeurs et des méthodes qui me permettent de penser l’architecture et l’ur-banisme comme un tout, un tout où toutes les échelles sont liées.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiante à l’ENSACF ?Un avenir plein de rêves et de plaisirs à faire les choses avec simplicité et humilité, j’avais beaucoup d’espoir !

Depuis que vous êtes diplômée, quel est votre parcours ?Deux expériences d’agence, IRArchi [Inté-rieur Rue Architecture, avec Jean-Dominique Prieur] et MTa [Marcillon-Thuilier Architectes]. Le premier poste était dans le cadre de la formation HMONP, que j’ai validée en jan-vier 2012. Ces deux belles missions m’ont permis de me former au travail d’agence, de faire face à des situations plus ou moins faciles et m’ont surtout inculqué l’optimisme.

Aujourd’hui, je me suis accordée une année différente sous le signe du voyage et je vous écris depuis l’Amérique du Sud. J’avais envie d’aller voir ailleurs comment les cultures vivent au passé, au présent et au futur (en-core une fois), et je pense que cela ne peut être que bénéfique dans la construction de l’architecte que je suis !

En êtes-vous satisfaite ? Pourquoi ?Oui ! À chaque expérience, on gagne en maturité, en assurance et en détermination.

Un évènement marquant ?Chaque responsabilité, même minime, au sein d’une agence est pour moi, architecte junior, un évènement marquant ! J’ai aimé contribuer à la transformation participative d’une ancienne boulangerie à Pérignat-ès-Allier. C’était un projet expérimental basé sur la notion de frugalité en architecture. Le lieu allait accueillir un atelier participatif d’archi-tecture, sorte de workshop d’un été, avec IRArchi et Marion, Grégoire et Loïc, alors étudiants en M1 à l’ENSACF. Nous étions au contact de la population et des élus locaux, ensemble, à la recherche de propositions ef-ficaces répondant aux enjeux de ce village.

Un conseil pour les futurs diplômés ?OPTIMISME !

Florianne Nigaize(diplômée en 2012)

Comment vous êtes-vous intéressée à l’ar-chitecture ?À la recherche d’une filière post-bac, je suis allée aux portes ouvertes de l’ENSACF et j’ai réalisé que l’architecture était ce que je cherchais pour mon futur : une réflexion et une création permanentes.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ?J’avais choisi le Master ETEH en M2 car les objectifs pédagogiques m’intéressaient, notamment l’urbanisme à l’échelle d’une petite ville que l’on peut retrouver partout en

France. J’ai aussi choisi ETEH en fonction de la liberté de choix du sujet de mémoire, et aussi pour les professeurs, qui étaient en phase avec mes idées. Ce master m’a laissé une grande liberté dans mes choix à la fois architecturaux et urbanistiques tout en ayant le soutien appuyé de l’équipe enseignante.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiante à l’ENSACF ?Bien que sortie des études, je l’imagine encore. On ne peut pas se fixer sur un seul point, c’est une réflexion continuelle. Mais il est vrai qu’en allant en école d’architecture, il faut savoir prendre ses responsabilités pour exercer plus tard, même si d’autres métiers sont prétendument possibles avec le di-plôme d’architecte, il me semble que le seul véritable est celui de construire. C’est pour cela que dès les premières années, il faut assumer ses choix et continuer d’avancer.

Depuis que vous êtes diplômée, quel est votre parcours ?Comme la majorité je pense, j’ai commencé à travailler dans la région et j’ai pris la déci-sion d’effectuer ma formation HMONP afin d’être architecte et d’exercer dans quelques années en mon nom propre.

En êtes-vous satisfaite ? Pourquoi ?Je suis assez satisfaite de ce choix, car dès le premier jour, j’ai été confrontée aux vraies difficultés comme aux joies de l’exercice de ce métier. C’est un contraste foudroyant avec ce que l’on apprend à l’école. L’école permet de poser les bases d’une réflexion architec-turale et l’exercice de la profession de le pro-longer, tout en étant plongé dans la réalité.

Un évènement marquant ?J’ai contribué au projet du dernier semestre d’échange international à la FACU de Buenos Aires dans la Cátedra González-Pedemonte. Le semestre le plus difficile de ma vie étudiante, mais qui m’a énormément appris sur « mon architecture ». Je remercie la dureté et l’impartialité dont a fait preuve mon professeur, Tulio Gines.

Un conseil pour les futurs diplômés ?Etre rigoureux et déterminé, des qualités qui servent toujours. L’architecture est une passion avant d’être un métier, où il faut faire des sacrifices, et où les responsabilités sont nombreuses. Je leur souhaite beau-coup de courage.

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Fabien Leclercq(diplômé en 2012)

Comment vous êtes-vous intéressé à l’ar-chitecture ?Je me suis intéressé à l’architecture au contact des architectes lors de mes pre-mières expériences en maîtrise d’œuvre.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? J’ai choisi le Master Scénographie. La pre-mière raison était mon intérêt pour le para-doxe entre l’extrême technicité du « lieu » théâtre et le monde imaginaire de l’espace scénique. Deuxièmement, le fait de conce-voir des équipements publics de cette en-vergure était pour moi une façon de cultiver une réflexion urbaine dans leur processus de conception.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiant à l’ENSACF ?Je l’imaginais en tant que dirigeant ou asso-cié d’une agence d’architecture.

Depuis que vous êtes diplômé, quel est votre parcours ?Je suis inscris en HMONP et j’ai obtenu une dispense de mise en situation profession-nelle me permettant d’exercer seul en tant que maître d’œuvre.

En êtes-vous satisfait ? Pourquoi ?Oui, je suis satisfait. Ce choix d’entre-prendre est pour moi une vraie liberté, car le dialogue avec les agences pour lesquelles je travaille se fait sur un pied d’égalité ; de plus, cela me met en condition pour démar-rer au mieux mon activité d’architecte après mon habilitation en 2014.

Un évènement marquant ?Le diplôme est évidemment le moment le plus marquant, il couronne plusieurs années d’un travail passionné, de nuits blanches interminables et surtout la force d’avoir sou-tenu ses idées malgré plusieurs périodes de remise en question. Tous ces efforts s’éva-cuent après l’oral.

Un conseil pour les futurs diplômés ?Toujours travailler avec passion et cultiver cette passion. Elle est selon moi un gage d’authenticité et de qualité de notre travail.

Centre de gestion de la Fonction Publique Territoriale Concours lauréat avec Pierre Grosmond

Adelino Marques(diplômé en 1997)

Comment vous êtes-vous intéressé à l’ar-chitecture ?Par goût pour la construction de bâtiments et la passion des Beaux-arts.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ?J’ai choisi les travaux en centre ancien et rénovations de bâtiments.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiant à l’ENSACF ?Très sombre, mes candidatures auprès des architectes en activité ont rarement abouti. Je passais mes congés à travailler dans une société de travaux publics.

Depuis que vous êtes diplômé, quel est votre parcours ?3 ans dans des CAUE (Puy de Dôme et Haute-Loire). 2 ans dans des cabinets d’architecture en tant que salarié, puis em-bauché à l’OPAC (devenu Ophis).

En êtes vous satisfait ? Pourquoi ?Je reste dans l’architecture en travaillant dans une société au service Maîtrise d’ou-vrage ; de plus, c’est une société à carac-tère social. Je suis effectivement satisfait.

Un évènement marquant ?J’ai contribué, en tant que représentant du maître d’ouvrage Ophis, à la réalisation d’opérations importantes avec des archi-tectes de valeur.

Un conseil pour les futurs diplômés ?Persévérer dans l’architecture. Ne pas privi-légier le « geste » et rester soucieux de la faisabilité financière des projets.

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Boris Bouchet(diplômé en 2004)

Comment vous êtes-vous intéressé à l’ar-chitecture ?Je ne sais plus trop... c’est assez vieux ; au collège, je pense. Par contre, l’esprit qui m’anime aujourd’hui dans mon métier est très différent de celui qui m’a amené à l’école d’architecture. Je crois que je suis entré à l’école avec l’idée d’imaginer de petits pavillons comme je voyais dans les magasines de déco. C’est l’école qui m’a donné la passion et appris mon métier.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? J’avais choisi le master EVAN (qui s’appe-lait IVAN à ce moment-là) parce que c’était le seul qui parlait d’architecture, le seul qui parlait de grande échelle, le seul à présen-ter un niveau d’exigence compatible avec l’idée que je me faisais de ce métier, tout cela porté par des enseignants incroyables (Frédéric Bonnet, Didier Rebois, Chris You-nès, Christophe Boyadjian, etc.).

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiant à l’ENSACF ?Un peu comme ça.

Depuis que vous êtes diplômé, quel est votre parcours ?Après mon diplôme, j’ai travaillé 3 ans et demi dans l’agence Obras architectes à Paris, auprès de Frédéric Bonnet et Marc Bigarnet. En 2008, j’ai gagné Europan avec trois amis et anciens étudiants d’EVAN (Jérôme Lafond, Thomas Nouailler et Yvan Okotnikoff), puis un concours de maison de retraite avec Simon Teyssou, la même année. Ces projets m’ont permis d’installer ma propre agence. Je voulais construire une relation entre un territoire - l’Auvergne, car c’est celui que je connaissais le mieux - et une architecture. Aujourd’hui j’emploie trois anciens étudiants de l’ENSACF et quelques stagiaires de temps en temps. Par ailleurs,

j’ai commencé à enseigner à l’ENSACF un an après mon diplôme au sein de l’équipe du DE EVAN, afin de perpétuer les thèmes construits il y a plusieurs années par ceux qui nous ont précédés.

En êtes-vous satisfait ? Pourquoi ?Difficile de répondre à cette question à mon âge, mais je suis heureux de ce que je fais. À l’agence, nous travaillons sur des sujets très différents en termes d’échelles : une fontaine dans un village, 30 logements collectifs, un centre de loisirs, des bureaux, etc. sur différents territoires (Auvergne, Limousin, Bourgogne) croisant urbanisme, paysage et bâtiment. C’est une stratégie antiéconomique mais passionnante.Les premiers projets qui finissent de se construire en ce moment nous donnent beaucoup de joie et d’entrain pour la suite.

Un évènement marquant ?Dans l’agence Obras architectes, j’ai tra-vaillé pendant 2 ans sur le projet d’aména-gement des réservoirs Gobert à Versailles, anciens ouvrages hydrauliques alimentant les fontaines de Louis XIV. C’était un projet emblématique car il faisait le lien entre la ville historique et le nouveau quartier de la gare Versailles-Chantiers. C’était une aven-ture extraordinaire de défendre une archi-tecture contemporaine dans un contexte historique très fort, face aussi aux très gros

aménageurs privés du nouveau quartier. Nous avions dessiné un projet avec un niveau de détail incroyable, tout était sur mesure, depuis les mats d’éclairage en fonte jusqu’aux pierres des murs en Com-blanchien. Nous avons déposé les 120 planches A0 du dossier de consultation des entreprises la semaine avant le premier tour des élections municipales de 2008. Je me préparais impatiemment à suivre le chantier. Mais le maire a changé, décidé de jeter le dossier à la poubelle et de faire travailler une autre équipe. C’était une épreuve difficile mais cela a aussi contribué à me permettre de quitter l’agence pour m’installer seul...

Un conseil pour les futurs diplômés ?L’architecte est celui qui conçoit l’architec-ture (au sens des constructions du paysage : les murs, les jardins, les rues, les bâtiments, etc.) et non celui qui construit l’architecture. Nous sommes les seuls à faire cela. Il n’y a pas besoin d’architecte pour bien construire : un bon financier, un bon ingénieur, une bonne entreprise suffisent. Cette capacité à faire le lien entre culture et géométrie est notre compétence. C’est là notre métier, avant d’être un employeur, un gestionnaire, un technicien, un coordonnateur, etc. Ne l’oubliez pas.

Projet de 30 logements collectifs

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Élodie Agenis(diplômée en 2007)

Comment vous êtes-vous intéressée à l’ar-chitecture ?[...]

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? Je ne me souviens plus du nom exact de ce domaine d’études... C’était avec Gail-lard. Au départ j’avais choisi Speller, parce qu’il travaillait beaucoup dans la réhabilita-tion et il avait une architecture plus fine. Il n’y avait pas assez d’étudiants et, finale-ment, je me suis retrouvée avec Gaillard. Un peu déçue au départ, mais finalement, il m’a apporté les réponses techniques que j’attendais, et puis c’est lui qui m’a permis de partir à Saint-Jacques-de-Compostelle, ce qui a réellement renforcé mon goût pour le patrimoine. C’est là que j’ai commencé à vraiment apprendre les interventions sur le bois, les poutres, sur la pierre, tout ce que je n’avais jamais fait à l’école.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiante à l’ENSACF ?Moi, je n’imaginais pas du tout mon avenir. Je n’avais pas de temps pour ça. Je bossais. Je ne pensais qu’à travailler et je savais que, de toute façon, ça paierait. C’est très sincère. Je n’avais aucun plan de carrière. Je ne pensais pas me lancer toute seule, je ne pensais pas être salariée ou associée... Je ne me posais pas la question. Je travail-lais et c’était la seule chose que j’avais en tête.

Depuis que vous êtes diplômée, quel est votre parcours ?Tout s’est fait de façon très aléatoire. Mon-sieur Gaillard m’a proposé de partir à Saint Jacques de Compostelle. Je suis donc partie en Espagne. Pendant que j’étais là-bas, on

m’a fait trois propositions de travail : CDI chez Yvon Cottier à Clermont ; chef de projet pour une intervention avec Jean Nouvel sur un gros projet à Saint-Jacques-de-Compostelle ; et un poste dans une agence dont je ne me souviens plus du nom. De ces trois proposi-tions, j’ai choisi Yvon Cottier car je savais que chez lui j’aurais la possibilité d’avoir une voix qui porte. Dès que je suis rentrée d’Espagne, Yvon m’a proposé de devenir associée. J’ai refusé sur le moment, parce que je me sen-tais beaucoup trop jeune. L’association s’est faite plus tard, après l’école de Chaillot où je suis entrée en 2007. J’ai passé le concours pour Chaillot trop tôt, avant même l’obtention de mon diplôme de DPLG. J’ai été prise la deuxième fois.

En êtes-vous satisfaite ? Pourquoi ?Oui, je suis satisfaite. Mais je ne suis pas étonnée, parce que le travail mène à tout. Le travail te donne les clés de tout ! Vu le contexte familial dans lequel j’étais, c’est le travail qui m’a amené à beaucoup de choses.

Un évènement marquant ?À ce jour, celui qui me reste le plus en tête, c’est lorsqu’Yvon m’a proposé de m’asso-cier avec lui. J’étais toute jeune, 24 ans. Je me souviendrai toute ma vie que j’avais l’impression qu’il me demandait en mariage. J’ai eu peur.Et puis, l’événement le plus soulageant, c’était l’obtention du diplôme de Chaillot, parce que c’était enfin fini !

Un conseil pour les futurs diplômés ?Bosser ! Bosser sans relâche et ne penser qu’à ca. C’est ce qui mène à tout.

Cathédrale de Saint Jacques de Compostelle

Éric Gendre(diplômé en 2000)

Comment vous êtes-vous intéressé à l’ar-chitecture ?Après un bac scientifique et une année en fac de sciences, je me suis orienté vers l’ar-chitecture. Je pense que le côté artistique me manquait. La diversité des cours et l’as-pect moins « conventionnel » de l’enseigne-ment semblaient mieux me correspondre. La géométrie m’a également toujours intéressé et prenait une dimension plus concrète à travers la structure, les formes et la construction.

Quel master ou enseignement de fin d’étude aviez-vous choisi et pourquoi ? J’ai suivi des UV de projets d’architecture, mais aussi de scénographie et de gra-phisme, ainsi que d’histoire de l’art, de la ville et de la philosophie. Je n’étais pas spécialement attiré par l’urbanisme, trop « normé » et « scolaire » à mon goût. Mais durant le deuxième cycle de mes études (cycle master aujourd’hui) j’ai suivi des cours qui mêlaient architecture, projets urbains et paysage. Ce fut une période de découvertes très motivante, faite de voyages à l’étranger, d’études sur de grandes villes européennes et de recherches intensives sur les différentes manières de faire la ville et de « nourrir » le projet architectural avec de nouvelles dynamiques. Ce cursus a orienté mon choix de sujet de mémoire pour le DPLG : les structures hybrides et la mobilité.

Comment imaginiez-vous votre avenir quand vous étiez étudiant à l’ENSACF ?Je pense que j’imaginais m’installer en libé-ral dès le diplôme en poche ...

Depuis que vous êtes diplômé, quel est votre parcours ?Juste avant mon diplôme, je suis parti en Suisse pour une année dans un bureau d’architecture et de planification urbaine

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qui touchait aux thèmes que j’avais choisis pour mon futur diplôme. J’ai travaillé sur des concours d’architecture, de conception de projets de bâtiments et d’aménagements, mais aussi sur l’étude de projets urbains ou de masterplan. L’approche du projet par l’abstraction, avec la création de maquettes à des échelles diverses, ainsi que le travail en équipe m’ont beaucoup apporté.

À la fin de cette année, je suis rentré en France pour passer mon diplôme. Après une brève tentative en freelance, je suis entré en tant qu’architecte salarié dans une petite structure (qui comptait un architecte et une secrétaire). Le travail du projet se faisait encore à « l’ancienne » sur une table à dessin. J’ai apporté mes compétences en CAO et, en échange, j’ai beaucoup appris sur la maîtrise d’œuvre et les différentes étapes du projet, jusqu’à la consultation des entreprises, le chantier et le travail avec les bureaux d’étude. L’avantage des toutes petites structures, c’est que l’on reste très polyvalent. La diversité des projets m’a éga-lement permis d’élargir mes connaissances sur les sujets suivants : réhabilitation, loge-ments neufs, privés et sociaux, équipements. Cependant, les marges de manœuvre sur la conception architecturale restaient trop limitées à mon goût. Parallèlement à mon tra-vail en agence, j’ai travaillé sur des concours d’idées type Europan ainsi que sur des petits projets pour des connaissances.

Plus tard, la ville de Clermont m’a contacté pour un poste de Chargé de mission au sein du service Étude et programmation urbaine (petite structure qui faisait partie de la Direc-tion de l’aménagement et des études ur-baines). J’ai accepté ce poste qui me donnait l’occasion de revenir sur les thèmes urbanis-tiques que j’avais choisis dans le cadre de mon DPLG. À la Direction de l’urbanisme, j’interviens sur la partie technique. Mes prin-cipales missions tournent autour du conseil, de l’assistance à maîtrise d’ouvrage et de l’expertise de projets urbains et architectu-raux. Je réalise aussi des études pré-opé-rationnelles, des études de faisabilité et de programmation urbaine plus ou moins pous-sées. Je suis également en charge du suivi du projet ANRU.

En êtes-vous satisfait ? Pourquoi ?En partie, car la maîtrise d’œuvre me manque. Je regrette que, souvent, les décisions prises sur les questions urbaines dépendent de critères et de logiques déci-sionnelles qui ne mettent pas forcement au premier plan la qualité architecturale et urbaine des projets.

Un évènement marquant ?Ma rencontre avec Rodolphe Luscher à Lau-sanne, le premier concours gagné avec son équipe.Les concours d’architecture que j’ai pu faire à titre personnel, notamment à l’étranger, en collaboration avec des amis : un prétexte pour découvrir de nouvelles villes et de nou-veaux paysages.

Un conseil pour les futurs diplômés ?Je pense que le métier d’architecte ne s’ar-rête pas uniquement à la maîtrise d’œuvre, même si cela reste quand même le cœur du métier. Notre formation peut nous ouvrir de nombreuses portes. Depuis que je travaille à la Direction de l’urbanisme, j’ai rencontré de nombreux architectes qui travaillent dans des domaines très variés. L’urbanisme et le développement durable ouvrent de nom-breuses perspectives : à nous de les explo-rer et de les exploiter avant que d’autres professions, moins sensibles que la nôtre à l’esthétique, à l’homme, à son habitat et à son cadre de vie, ne s’en emparent - ce qui est déjà le cas.

L’activité d’un architecte en libéral, surtout pour une jeune agence, est très fluctuante. Se diversifier et avoir une activité salariée en parallèle (et pas uniquement comme enseignant dans une école d’architecture) peut être un bon complément sur le plan financier, mais surtout d’un point de vue intellectuel, particulièrement si l’activité en question reste dans le champ du cadre bâti et de l’espace urbain. J’ai toujours pensé que la principale qualité pour un architecte est l’ouverture d’esprit, et la capacité à se remettre sans cesse en question, afin de ne pas céder aux effets de mode et aux solu-tions toutes faites. Malheureusement, ce n’est pas si simple.

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DÉMARCHES D’ENSEIGNANTS

Arts et Techniques de la ReprésentationOlivier Agid : Plasticien, Architecte / Manuel Alba : Artiste plasticien / Frédéric Baptiste : Artiste plasticien / Amaël Bougard : Infographiste multi-média / Rémi Bourdier : Scéno-graphe / Marc Brunier-Mestas : Artiste plasticien / Juliane Court : Architecte / Alexandre Cubizolles : Architecte scénographe / Jean-Pierre Douat : Sculpteur / Graziella Monteil : Architecte / Isabelle Morange : Artiste / Christian Morin : Infographe / Isabelle Pio-Lopez : Plasticienne / Frédérique Pressmann : Réalisatrice de documentaires / Dominique Troisville : Architecte scénographe /

Histoire et Cultures ArchitecturalesAlain Charre : Professeur d’histoire et de culture architecturale / Gwenn Gayet : Conser-vateur des antiquités et objets d’art / Laurent Marty : Historien / Géraldine Texier-Rideau : Historienne / Jean-Charles Vergne : Directeur du FRAC Auvergne /

Sciences de l’Homme et de la Société pour l’ArchitectureAmélie Flamand : Sociologue / Laurent Emmanuelle : Formatrice / Dominique Machabert : Journaliste, Ecrivain / Thierry Morel : Sociologue / Nadia Saint-Luc : Philosophe, Enseignante /

Sciences et techniques pour l’architectureDenis Baranowski : Ingénieur / Babou Bazié : Ingénieur / Jerôme Frimault : Ingénieur écono-miste bâtiment / Fabrice Jouin : Conseil et diagnostic sécurité incendie / Michel Limenitakis : Architecte / Christophe Moine : Architecte / Jean-Pierre Muzeau : Ingénieur / Jean-Claude Prézut : Agent de maîtrise territorial / Clément Rabourdin : Architecte-Ingénieur / Denis Rocher : Architecte-Ingénieur / Pascal Terracol : Architecte / Gérard Torrent : Ingénieur / Pierre Vallet : Ingénieur / Jean-Baptiste Viale : Architecte / Bruno Vuillemin : Ingénieur /

Théories et Pratiques de la Conception Architecturale et UrbaineMichel Astier : Architecte, Président du CAUE Puy de Dôme / Monique Barruel : Architecte / Lætitia Belala : Architecte / Stéphane Bonzani : Architecte / Erwan Bonduelle : Archi-tecte / Boris Bouchet : Architecte / Franck Bouilloc : Architecte / Arnaud Boyer : Architecte / Emmanuel Breton : Architecte / Luc Breuillé : Architecte / Vincent Brugerolles : Architecte / Audrey Carrara : Architecte / Yvon Cottier : Architecte / Cédric Dallière : Architecte / Bertille Dalmasso : Architecte / Loïs de Dinechin : Architecte, Artiste / Olivier Dollfus : Architecte / Marc-Antoine Durand : Architecte / Brigitte Floret : Architecte / Marie-Hélène Gay-Charpin : Architecte / Pierre Grosmond : Architecte / Valérie Helman : Architecte / Gérald Lafond : Architecte / Lætitia Lafont : Architecte / Rémi Laporte : Architecte / François Lareyre : Architecte / Mathilde Lavenu : Architecte, Architecte des Bâtiments de France / Patrick Léaud : Architecte / Magdeleine Lounis : Architecte / Rafaël Magrou : Architecte, Critique en architecture / Olivier Malclès : Architecte / François Marzelle : Architecte / Aude Mermier : Architecte / Philippe Moinard : Architecte / Christophe Moine : Architecte / Yvan Okotnikoff : Architecte / Fabien Palisse : Architecte du patrimoine / Loïc Parmentier : Archi-tecte / Jenny Reuillard : Dessinatrice projecteur / Franck Sabatier : Architecte / William San-chez : Architecte / SimonTeyssou : Architecte / Sabine Thuilier : Architecte /

Villes et TerritoiresBenoît Adeline : Architecte, Urbaniste / Alexandre Dubure : Architecte / Jean-Marie Freyde-font : Architecte, Urbaniste / Olivier Guyon : Architecte / Luc Leotoing : Paysagiste / Évelyne Marquette : Paysagiste / Felix Mulle : Architecte / Alexis Pernet : Paysagiste, Plasticien / Jean-Dominique Prieur : Architecte, Urbaniste / Hugo Receveur : Paysagiste, Artiste / Ber-trand Retif : Ingénieur en Bureau d’étude Infrastructure / David Robin : Architecte /

Corps pédagogique de l’ENSACF 2012-13Dossier réalisé par Anna Brokane et Marie Fouriot

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Très tôt, Nadia Saint-Luc arbore une double casquette philosophie-histoire. En 2001, après l’obtention de l’agrégation de philo-sophie, cette jeune diplômée commence à enseigner au lycée dans les filières princi-pales (S, ES, L) mais aussi dans certaines sections techniques (action commerciale, construction bois, génie électrotechnique, etc.), afin de mettre en pratique son ap-proche croisée et de collaborer à enrichir les dispositifs pédagogiques. « J’ai toujours eu la chance de travailler dans d’excellentes conditions. »

> L’enseignement : une transmission directe

Dès 2004, elle se voit proposer d’intervenir ponctuellement à l’ENSACF dans le cadre des exercices associés transversaux du second semestre en première année de licence. Ces exercices consistent à confron-ter - mieux, à associer - une discipline d’un champ connexe, telles que sciences

humaines, sciences techniques ou arts plastiques, avec l’architecture ; ceci afin de renforcer et d’affirmer des porosités néces-saires entre les matières enseignées à l’école. Ainsi, Nadia Saint-Luc intervient-elle tout naturellement dans l’atelier Archi/Philo, apportant une dimension supplémentaire au projet spatial étudié dans les murs. Confortant les orientations heureusement expérimentales de l’ENSACF, elle se voit confier des cours magistraux en L1 et en L3 afin de sensibiliser plus largement les promotions de jeunes apprentis en archi-tecture. Elle contribue à élargir leur regard, une ouverture qu’elle estime de nos jours nécessaire. Enfin, en 2007, elle s’engage dans la formation des classes prépara-toires HEC (Hautes études commerciales) et agronomique-vétérinaire à Saint-Étienne qui constituent la majorité de son enseigne-ment. Le plus intéressant à ses yeux reste de se confronter à des publics très diversi-fiés - et cependant orientés vers des spé-cialités. De fait, elle consolide ses heures de cours à l’ENSACF, temps d’encadre-ment avec les étudiants auquel elle tient tout particulièrement pour la richesse des échanges, la dynamique et la réactivité de ces derniers. Nadia Saint-Luc se dit très attachée à l’ins-tauration de dialogues avec ses étudiants: « C’est une invitation à l’échange avec des personnes aux compétences ou intérêts autres que les miens. » Ils lui permettent de s’interroger philosophiquement et péda-gogiquement. En qualité de philosophe, son travail avec les futurs architectes, mais aussi avec les étudiants en prépas HEC et agronomique-vétérinaire, l’oblige à tou-jours revenir à des fondamentaux, à les re-questionner, à ne pas se figer sur une posture. Cette ré-interrogation perpétuelle lui semble particulièrement adaptée à l’exercice du projet architectural : « Je n’ai pas peur du questionnement. Ce n’est pas une remise en cause de moi-même, c’est une réflexion commune. »

> L’archéologie comme violon d’Ingres

Après l’obtention de sa double licence Philosophie/Histoire, Nadia Saint-Luc com-mence à participer à un certain nombre

de chantiers archéologiques. Son « violon d’Ingres », comme elle se plaît à l’appeler, l’amène à voyager et à visiter divers pays, notamment en Europe de l’Est, pour réaliser des fouilles sur des sites essentiellement paléochrétiens ou médiévaux. En Albanie, dans la cité antique de Byllis, par exemple, elle travaille sur l’évolution du quartier épis-copal. « Cela m’a permis, dans ce contexte très précis, de m’interroger sur l’impact des pouvoirs religieux sur l’évolution de la ville. » Dernièrement, en mai 2013, elle s’est ren-due sur un nouveau chantier de fouilles, une église du VIe siècle en Croatie, en compagnie d’une équipe affiliée au CNRS. Ce type de problématique lui importe au point de vue tant archéologique que phi-losophique. Nadia Saint-Luc se dit désin-téressée d’une professionnalisation en archéologie. Elle envisage ces recherches et mises en place de dialogue dans la seule possibilité d’approfondir certaines ques-tions qui lui semblent fondamentales et qui nourrissent sa réflexion. « Ainsi sur le plan méthodologique, l’archéologie ouvre tout un champ d’interrogations passionnantes, une réflexion est requise en matière de techniques de documentation, d’interpréta-tion, de mise en valeur d’un site sur un plan tant épistémologique que pratique : quelle méthode employer de façon qu’une inter-prétation verrouille ou non une interprétation future ? Comment collecter les données ? Comment les préserver ? Comment les sélectionner ? Faut-il les sélectionner ? Comment les mettre en valeur ? Etc. » Dans ce sens, elle préfère travailler avec les mêmes équipes, avec qui une relation de confiance a été établie, d’autant que ces approches nécessitent une collaboration étroite avec des aménageurs ou des archi-tectes dont les langages diffèrent. Il faut évi-demment instaurer un dialogue, ce qu’elle s’efforce de faire. De la même manière, en qualité d’enseignante, activité qu’elle a tou-jours privilégiée : « Enseigner, c’est trans-mettre, c’est avoir des responsabilités et de l’exigence vis-à-vis des étudiants mais aussi vis-à-vis de soi-même. C’est dans cette rencontre et ce dialogue nourri que [les interlocuteurs] progressent. »

Nadia Saint-Luc enseigne la phi-losophie en années de Licence à l’ENSACF. Grâce à un cursus bi-dis-ciplinaire atypique, en philosophie et en histoire avec une spécialisation en archéologie, elle s’engage très tôt dans l’enseignement, dans diffé- rentes écoles et particulièrement à l’ENSACF, où elle convie à élargir l’horizon critique. Parallèlement, sa participation à des fouilles archéo-logiques lui permet de dialoguer de façon permanente avec apprentis et professionnels de l’architecture.

« Il est vite sclérosant de rester enfermé dans une seule discipline, et comme le dit Canguilhem, la philosophie se nourrit de ce qui n’est pas elle. »

Nadia Saint-LucPhilosophie _ Licence 1 S1 / S2

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Yvon Cottier grandit dans un univers de plans et de dessins. Dès l’âge de 9 ans, il a la conviction qu’il embrassera une carrière d’architecte. Son parcours singulier débute à l’issue du collège par une double forma-tion professionnelle dans la région cler-montoise, lui délivrant un brevet d’études professionnelles de dessinateur génie civil ainsi qu’un certificat d’aptitude profession-nelle de dessinateur en bâtiment. Le désir de continuer ses études l’oriente vers un baccalauréat professionnel « Études de prix, organisation et gestion de travaux », première promotion en France des tous nouveaux baccalauréats professionnali-sants. Dès lors, il côtoie des professionnels du bâtiment et des travaux publics au tra-vers de différents stages et emplois saison-niers. Après l’obtention de son baccalauréat en 1988, il entre à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand afin de poursuivre sa for-mation. Durant toutes ces années d’études à l’ENSACF, il conserve le contact avec la mise en œuvre et le monde des entreprises, grâce à un emploi à temps partiel, dès 1989, de collaborateur en études de prix et conduite de travaux au sein d’une entre-prise du bâtiment clermontoise spécialisée dans la réhabilitation et la restauration des monuments historiques.

> Un vif intérêt pour le Patrimoine

Sorti diplômé de l’école de Clermont-Ferrand en 1995, le jeune architecte s’ins-talle à son compte quelques mois plus tard dans la capitale auvergnate. Très tôt inté-ressé par le patrimoine et la réhabilitation - spécialisation qu’il avait choisi de suivre en première année de master (à l’époque en seconde année du cycle DPLG) -, il oriente naturellement le travail de son agence vers ces domaines. Pour parfaire son approche, il décide de reprendre ses études en 1997 et passe le concours de l’École de Chaillot qui dispense un enseignement de spécia-lisation en patrimoine : « Ce qui est pas-sionnant dans cette école est de voir qu’au travers de la réalisation d’exercices et ate-liers communs particulièrement intenses, chacun avec son parcours, sa culture et son expérience apporte un regard et un savoir, une compétence. C’est grâce à l’investisse-ment de tous que l’on arrive à produire des projets pertinents et innovants. Cela m’a dé-montré que le travail d’équipe peut vraiment exister avec la synergie de compétences croisées » explique-t-il.De facto, les projets menés par l’agence ACA Architectes sont fortement axés sur la restauration et la réhabilitation. Après diffé-rentes restaurations et avoir livré en 2007 la maison des associations de la ville de Saint-Éloy-les-Mines (réhabilitation des anciens bureaux de la mine/ 2 M€), l’agence d’ar-chitecte est retenue la même année pour réaliser les nouveaux locaux du FRAC Au-vergne (Fonds régional d’art contemporain) occupant plus de 1 000 m² au cœur d’un im-meuble ancien : « un chantier très discret et très complexe que nous avons dû conduire en moins de 13 mois ». Les locaux exis-tants se situent en plein cœur historique de Clermont-Ferrand. En plus des accès délicats, de nombreuses contraintes tech-niques, comme celles des salles d’exposi-tions et des réserves, du mouvement des œuvres, sans compter la proximité immé-diate des tiers, le projet a confirmé les capa-cités de l’équipe d’Yvon Cottier à intervenir dans des sites sensibles tout en y posant une architecture contemporaine. Inauguré avec succès en janvier 2010, ce projet clef a per-mis à l’agence d’affirmer ses compétences et d’accroître sa notoriété hors région. « Le métier d’architecte nécessite une certaine ouverture d’esprit ; il faut être à l’écoute en

permanence. Nous faisons un métier où nous nous immisçons dans la vie des gens : il faut donc savoir déceler, comprendre un fonctionnement, un mode de vie pour y ap-porter une réponse architecturale au mieux adaptée et parfois surprenante. Dans ce sens, je considère que l’architecte n’est pas là pour imposer son projet. Il est là pour ré-pondre à un programme, à une demande, il a un ouvrage à réaliser, tout en y mettant sa “patte” certes ; mais à lui d’être innovant et créateur pour transcrire une réflexion archi-tecturale et ne pas imposer sa propre vision individuelle », témoigne l’architecte. Forte de ce projet, résultant d’une réelle ca-pacité à conjuguer les temporalités d’inter-vention et les stratifications remarquables du passé et du présent, l’agence passe un cap et assure par la suite des programmes importants actuellement en cours d’opéra-tion, comme celui de l’implantation de l’Ins-titut de Formation de Soins Infirmiers dans l’ancienne caserne militaire Pitié à Nevers, réhabilitation BBC avec mise en valeur pa-trimoniale (3 800 m²/ 5 M€), le projet des jardins du Bost à Bellerive-sur-Allier, valo-risation patrimoniale du château du Bost et de la ferme modèle, programme mixte croisant la réalisation d’un hôtel restaurant, des salles culturelles et un atelier de pro-duction et de vente pour maraîcher (4,7 M€) ou encore le projet de restructuration du château des Capponi (édifice MH/ ISMH) à Combronde en mairie et locaux pour la communauté de communes (2 M€). Ces quelques projets, entre autres, témoignent d’une attention permanente à l’existant, qu’il soit construit ou vivant. L’architecte avoue « aimer les projets discrets et sen-sibles, les interventions à la fois “gênantes” et respectueuses (…) le plaisir de découvrir la subtilité ».

> Une pratique professionnelle mise au service de l’enseignement

Yvon Cottier a toujours eu l’envie de trans-mettre. L’enseignement fait très tôt son apparition dans la vie professionnelle de l’architecte. Dès l’âge de 23 ans, il est amené à donner des cours de dessin et de technologie au lycée professionnel de Vol-vic à des classes technologiques : 4e et 3e et à une classe de CAP carreleurs. Quelques années plus tard, en 2000, Chris Younès,

Yvon Cottier, architecte du patrimoine, est fondateur et gérant de l’agence ACA Architectes & Associés à Clermont-Ferrand. Depuis plusieurs années, il enseigne à l’ENSACF, met-tant à profit sa pratique professionnelle au service des étudiants, notamment en master dans le domaine d’étude METAPHAUR - orienté vers des tra-vaux liés au patrimoine.

« J’aime les projets discrets, les interventions à la fois “gênantes” et respectueuses (…) le plaisir de découvrir la subtilité. » YC

Yvon CottierProjet d’architecture_Licence 3 S5 / Master 2 S10

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alors directrice adjointe de l’ENSACF, lui demande en tant que vacataire de créer avec J.Y. Masroubi une interface Architec-ture/Construction en Licence 2. Cet ensei-gnement de la pratique de la matière en atelier durera deux années. Après deux nouvelles années passées en Licence 2, Yvon Cottier rejoindra l’enseignement « Réhabilitation » dans le cadre du Master 2 dispensé par Claude Gaillard (son pro-fesseur en M1 pendant ses études). Il est aujourd’hui maitre-assistant associé au projet de Licence 3 (S5), coordonnateur du semestre 10 du Master METAPHAUR orienté « réhabilitation et patrimoine » et responsable du projet IACOBUS « enjeux et pratique du patrimoine européen », pro-jet associé chaque année depuis 18 ans à 2 autres écoles européennes, La Corogne en Espagne et Regensburg en Allemagne. Cohérente intra et extra muros de l’école, la pratique architecturale d’Yvon Cottier, son orientation et son expérience patrimoniale correspondent singulièrement au domaine d’étude dans lequel il enseigne. Confiant, généreux, cet architecte prodigue quelques

recommandations : « Il ne faut pas hésiter à croire en son projet, la confiance en soi est essentielle pour porter le projet. J’ai eu la chance de pouvoir travailler en parallèle à mes études tout en les menant sereinement et, de plus, de me former à un des autres métiers de la maîtrise d’œuvre. Cependant, à l’époque il commençait déjà à me man-quer du temps… et du temps pour voyager, ce que j’ai pu faire plus tard. Alors si j’ai au moins deux conseils à donner aux étudiants : n’hésitez pas à pratiquer dans différentes

agences, à vous confronter à différentes structures et à différents projets, sauf si vous trouvez votre perle rare... Et à 20 ans, surtout lorsqu’on est étudiant en architec-ture, il faut impérativement voyager ! Allez voir ce qui se fait ailleurs, allez parcourir, découvrir différentes cultures ; après, vous n’aurez plus le temps - c’est fondamental. »

Vues intérieures

Aménagement des locaux du FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand

Livraison : janvier 2010

En cours de chantier

Document planimétrique - Façade

Situé au cœur de la ville de Clermont dans un immeuble ancien, les nouveaux locaux du Fond Régional d’Art Contemporain s’étendent sur une surface de 1 000 m². Le projet est organisé sur 3 niveaux autour d’un patio intérieur et exploite au plus fort le potentiel du bâti jouant sur les contrastes de l’ancien et du contemporain.

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Dans la ferme, le projet accueille à la fois des activités liées au maraîchage (espace d’animation et de vente au rez-de-chaus-sée) et un musée rural à l’étage de l’an-cienne grange et de la longère. Après une restauration soignée, la remarquable char-pente traditionnelle que tout le monde vou-lait abattre du fait de sa très faible hauteur de combles, a été entièrement restaurée et légèrement rehaussée pour permettre

l’usage d’un volume mesuré sous entraits de ferme. Un logement est aménagé dans la tour. Une extension est créée pour le stoc-kage de la production et pour le matériel du maraîcher. Accolés à l’ancienne grange, elle-même transformée partiellement en atelier, les deux bâtiments se couvrent d’un bardage de lames de bois. Le bâtiment de la tour conserve les dis-positions originelles, l’ancienne habitation et la longère retrouvent leur éclat par la restitution d’un enduit finition feutrée de teinte ocre clair, l’ensemble couvert d’une belle couverture de tuiles plates. Le nouvel ensemble tend vers une performance éner-gétique basse consommation et intègre une production électrique par panneaux photo-voltaïques sur le pan sud de la toiture de l’extension.

Plus d’information sur www.aca-architectes.com

Réfection de la charpente de la longère

Valorisation patrimoniale de la Ferme « Modèle » et du château du Bost à Bellerive sur Allier

Livraison de la Ferme Modèle : février 2013Livraison du Château : décembre 2013

Façade arrière

Partie de l’ancienne grange

Charpente de la longère

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Croquis d’esquisse

Façade principale

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