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220 I FRIMAS I CITIZEN K INTERNATIONAL Si le nom est mythique, peu en connaissent l’origine. Moncler est en fait l’abréviation de MONastier de CLERmont, un village proche de Grenoble où la marque est née en 1952, sous l’impulsion de René Ramillon et André Vincent. Quant à la doudoune, la pièce qui a fait la réputation de la marque, son origine est elle aussi enfouie dans la mémoire du Dauphiné. Mais les qualités isothermes du célèbre duvet n’ont pas toujours flirté avec la mode, tant s’en faut ! Les ouvriers de l’usine Moncler, qui, les jours les plus froids de l’année, le portaient par-dessus leur combinaison, disaient d’ailleurs qu’il ressemblait davantage à une boîte bleue qu’à un vêtement ! C’est de retour d’une expédition au Canada que l’alpiniste Lionel Terray imagine la doudoune moderne : évaluant au toucher la chaleur et la légèreté de ce vêtement de travail, il entrevoit ses potentialités en haute montagne. Dès 1950, Terray s’était mesuré aux conditions extrêmes, notamment dans son ascension de l’Annapurna aux côtés de Maurice Herzog. Un courage qu’il avait payé au prix fort : doigts des mains et des pieds gelés ! En 1954, Lionel Terray devient donc conseiller technique et coordinateur d’une ligne “sport” : Moncler pour Lionel Terray. Dans la foulée, Moncler est nommé fournisseur officiel de l’équipe française de ski alpin pour les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. C’est à cette occasion que le coq fait son apparition sur le logo de la griffe. En 1972, l’équipe nationale induit une modification déterminante en commandant, en place des anoraks doubles, une pièce unique. Ce nouveau vêtement, plus léger et plus maniable, sert alors à réchauffer les muscles avant les compétitions. C’est en fait l’actuelle doudoune Moncler, initialement appelée Huascarán et par la suite Népal, lorsque seront ajoutées les épaulettes en cuir destinées à protéger le vêtement lorsqu’on porte ses skis. Sous l’impulsion des consommateurs qui craquent pour les jeux de surpiqûres et, déjà, pour le nylon laqué aux couleurs flashy, les magazines de mode s’emparent du phénomène. Devenue vêtement de ville, la doudoune est, au même titre que le perfecto, un incontournable de la mode des années 1980, grâce, entre autres, à la styliste Chantal Thomass qui en modifie radicalement l’aspect : les boutons remplacent les zips, les bords se parent de fourrure, le satin et les tissus réversibles dominent. En 1998, Remo Ruffini prend en main les destinées créatives de Moncler, puis sa direction en 2003. C’est en 2002, pour fêter son demi-siècle, que la marque, redore son blason mode avec une collection “Couture” magnifiée par les broderies de Lessage. Après des collaborations exceptionnelles avec Balenciaga, Fendi et Junya Watanabe, deux lignes “créateurs” sont aujourd’hui le fer de lance de Moncler : la ligne Rouge, dessinée par le Romain Giambattista Valli, et la ligne Bleu, imaginée par le New-Yorkais Thom Browne. Savoir-faire et fantaisie sont au menu et emmènent désormais l’esprit Moncler bien au-delà des rêves des pionniers de la marque, ce que confirme Remo Ruffini : “Moncler est une marque globale qui se doit de refléter l’air du temps dans ses collections. Avant de travailler avec Giambattista Valli et Thom Browne, j’ai eu la chance de mettre au point d’autres collaborations fructueuses, notamment avec Junya Watanabe. Chaque expérience est unique. Chaque créateur a été capable d’insuffler à Moncler sa propre vision, tout en conservant les codes et les valeurs de la marque. Giambattista Valli et Thom Browne, dans deux directions très différentes, ont su décliner l’esprit Moncler de manière très contemporaine. Leur style ‘avant-garde classique’ est un véritable atout.” Une signature intemporelle qui pourrait bien permettre à la griffe de gravir de nouveaux sommets ! PHOTOS, D.R. Savoir-faire et fantaisie sont au menu Page de droite : la nouvelle ligne Bleu, dessinée par Thom Browne. Remo Ruffini, directeur de Moncler. Ci-contre : la ligne Rouge, dessinée par Giambattista Valli Moncler, des pistes aux podiums MON TRUC EN PLES Par Laurent Dombrowicz

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Page 1: I FRIMAS I MON TRUC EN PLUMESLeur style ‘avant-garde classique’ est un véritable atout.” Une signature intemporelle qui pourrait bien permettre à la griffe de gravir de nouveaux

220 I FRIMAS I CITIZEN K INTERNATIONAL

Si le nom est mythique, peu en connaissent l’origine. Moncler est en fait l’abréviation de MONastier de CLERmont, un village proche de Grenoble où la marque est née en 1952, sous l’impulsion de René Ramillon et André Vincent. Quant à la doudoune, la pièce qui a fait la réputation de la marque, son origine est elle aussi enfouie dans la mémoire du Dauphiné. Mais les qualités isothermes du célèbre duvet n’ont pas toujours flirté avec la mode, tant s’en faut ! Les ouvriers de l’usine Moncler, qui, les jours les plus froids de l’année, le portaient par-dessus leur combinaison, disaient d’ailleurs qu’il ressemblait davantage à une boîte bleue qu’à un vêtement ! C’est de retour d’une expédition au Canada que l’alpiniste Lionel Terray imagine la doudoune moderne : évaluant au toucher la chaleur et la légèreté de ce vêtement de travail, il entrevoit ses potentialités en haute montagne. Dès 1950, Terray s’était mesuré aux conditions extrêmes, notamment dans son ascension de l’Annapurna aux côtés de Maurice Herzog. Un courage qu’il avait payé au prix fort : doigts des mains et des pieds gelés ! En 1954, Lionel Terray devient donc conseiller technique et coordinateur d’une ligne “sport” : Moncler pour Lionel Terray. Dans la foulée, Moncler est nommé fournisseur officiel de l’équipe française de ski alpin pour les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. C’est à cette occasion que le coq fait son apparition sur le logo de la griffe. En 1972, l’équipe nationale induit une modification déterminante en commandant, en place des anoraks doubles, une pièce unique. Ce nouveau vêtement, plus léger et plus maniable, sert alors à réchauffer les muscles avant les compétitions. C’est en fait l’actuelle doudoune Moncler, initialement appelée Huascarán et par la suite Népal, lorsque seront ajoutées les épaulettes en cuir destinées à protéger le vêtement lorsqu’on porte

ses skis. Sous l’impulsion des consommateurs qui craquent pour les jeux de surpiqûres et, déjà, pour le nylon laqué aux couleurs flashy, les magazines de mode s’emparent du phénomène. Devenue vêtement de ville, la doudoune est, au même titre que le perfecto, un incontournable de la mode des années 1980, grâce, entre autres, à la styliste Chantal Thomass qui en modifie radicalement l’aspect : les boutons remplacent les zips, les bords se parent de fourrure, le satin et les tissus réversibles dominent. En 1998, Remo Ruffini prend en main les destinées créatives de Moncler, puis sa direction en 2003. C’est en 2002, pour fêter son demi-siècle, que la marque, redore son blason mode avec une collection “Couture” magnifiée par les broderies de Lessage. Après des collaborations exceptionnelles avec Balenciaga, Fendi et Junya Watanabe, deux lignes “créateurs” sont aujourd’hui le fer de lance de Moncler : la ligne Rouge, dessinée par le Romain Giambattista Valli, et la ligne Bleu, imaginée par le New-Yorkais Thom Browne. Savoir-faire et fantaisie sont au menu et emmènent désormais l’esprit Moncler bien au-delà des rêves des pionniers de la marque, ce que confirme Remo Ruffini : “Moncler est une marque globale qui se doit de refléter l’air du temps dans ses collections. Avant de travailler avec Giambattista Valli et Thom Browne, j’ai eu la chance de mettre au point d ’autres collaborations fructueuses, notamment avec Junya Watanabe. Chaque expérience est unique. Chaque créateur a été capable d ’insuffler à Moncler sa propre vision, tout en conservant les codes et les valeurs de la marque. Giambattista Valli et Thom Browne, dans deux directions très différentes, ont su décliner l’esprit Moncler de manière très contemporaine. Leur style ‘avant-garde classique’ est un véritable atout.” Une signature intemporelle qui pourrait bien permettre à la griffe de gravir de nouveaux sommets !

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Savoir-faire et fantaisie

sont au menu

Page de droite : la nouvelle ligne Bleu, dessinée par Thom Browne. Remo Ruffini, directeur de Moncler. Ci-contre : la ligne Rouge, dessinée par Giambattista Valli

Moncler, des pistes aux podiums

MON TRUC EN PLUMES

Par Laurent Dombrowicz