hugier, mon village · le 5 septembre 1798 est votée la première loi imposant un service...

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la lettre bulletin communal indépendant d’information et d’échange Sommaire Jeu La vie au village Au Conseil municipal La Fontaine Carnet Offices religieux Dans l’air du temps Communauté de communes Environnement et cadre de vie Histoire d’Hugier (feuilleton) à la période révolutionnaire … et pendant la dernière guerre À la recherche du temps perdu promenade, racontotes, patrimoine Miscellanées Les chemins disparus Réponse au jeu Images d'automne n° 7 octobre 2014 Jeu …………….. Chacun reconnaîtra facilement sur cette photo de classe (1977-78) une personnalité de notre village. De qui s’agit-il ? Réponse en fin de journal.

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Page 1: Hugier, mon village · Le 5 septembre 1798 est votée la première loi imposant un service militaire obligatoire (conscription) pour tous les jeunes hommes de 20 à 25 ans. Le coup

la lettrebulletin communal indépendant d’information et d’échange

Sommaire Jeu

La vie au villageAu Conseil municipalLa FontaineCarnet Offices religieuxDans l’air du temps

Communauté de communes

Environnement et cadre de vie

Histoire d’Hugier (feuilleton)à la période révolutionnaire …et pendant la dernière guerre

À la recherche du temps perdu promenade, racontotes, patrimoine

Miscellanées Les chemins disparus Réponse au jeu Images d'automne

n° 7 octobre 2014

Jeu……………..

Chacun reconnaîtra facilement sur cette photo de classe (1977-78) une personnalité de notre village.

De qui s’agit-il ?

Réponse en fin de journal.

Page 2: Hugier, mon village · Le 5 septembre 1798 est votée la première loi imposant un service militaire obligatoire (conscription) pour tous les jeunes hommes de 20 à 25 ans. Le coup

La vie au villageAu Conseil municipal

Finances communales

Lors de sa dernière réunion, le Conseil a fait le point sur les finances communales. L'analyse présentée par Patrick Burdy montre une dégradation sensible de la situation, due essentiellement au chantier du bâtiment de la Mairie : l'endettement par habitant s'élève aujourd'hui à 2700 €, la capacité de désendettement est montée à 15 ans, la réserve de trésorerie est très faible, …Conséquences : une marge de manœuvre inexistante pour de futurs investissements et pour l'entretien du patrimoine, une réduction des dépenses de fonctionnement à prévoir(cantonnier) et une "étude des impôts locaux" (?) par la commission des finances de la commune.Pour ce dernier point, ça sent fortement l'augmentation, et comme on a déjà vu augmenter cette année de 50 % la part de l'intercommunalité, qui devait être compensée par une stabilité de la part communale (notons qu'on ne parle jamais de diminution), cherchez l'erreur ...

Bâtiment de la Mairie

Dans les numéros précédents de la lettre, nous avions fait part de nos doutes concernant la justification et la viabilité économique de l'aménagement du bâtiment de la Mairie, ainsi que sur sa gestion hasardeuse (dérapages du budget, travaux non prévus, coûts supplémentaires non répercutés sur l'architecte et le maître d’œuvre, loyer inférieur aux prévisions). Ces doutes sont aujourd'hui confirmés, et nous sommestoujours demandeur d'un bilan économique sérieux de cette réalisation.L'ancienne municipalité porte certes une large part de responsabilité dans la situation financière décrite ci-dessus, mais n'oublions pas que la nouvelle équipe municipale, c'est plus de la moitié de l'ancienne (6/11), et qu'aucun des élus actuels n'a jamais exprimé une quelconque interrogation sur ce projet.

Le premier logement rénové dans le bâtiment a été à loué à Yohann Gaberel.Le deuxième logement est en cours de finition.

Carnet

Naissance : Lily-Rose Cunin, le 25 mai 2014.

Nouveaux habitantsBienvenue à Yohann Gaberel et à son fils Léon.

Offices religieux

Pas de messe prévue à Hugier pour les 3 prochains mois.

Dans l’air du temps

Une année météo bien compliquée : 2 mois de sécheresse en mai/juin, puis juillet/août froid et pluvieux, avant un mois de septembre de nouveau chaud et sec.Les orages de juillet ont provoqué des dégâts électriques dans plusieurs foyers du village et la foudre est tombée sur un bâtiment rue de Pampouille.

Les vendanges se sont déroulées vers la mi-septembre dans de bonnes conditions, gâtée cependant à Fiole par l'épisode de grêle de juillet. L'été indien nous a ensuite régalé de belles journées pendant une bonne partie d'octobre : rosiers en fleurs, récoltes inespérées de fraises, magnifiques couleurs automnales ...

Environnement et cadre de vie

Le réseau d'eau potable du Syndicat du val de l'Ognon a été pollué pendant quelques jours du 25 au 28 septembre ; la municipalité d'Hugier a réagi rapidement et avec efficacité, ce qui n'a pas été le cas dans tous les villages concernés.On aurait cependant aimé connaître l'origine de cette pollution, origine sur laquelle personne n'a jugé utile d'informer le consommateur.

Un superbe mur en plots de béton brut est venu agrémenter la proximité immé-diate de l'ancien cimetière. Rappelons que l'ancien cimetière et les abords de l'église ont été rénovés en 2012 par un chantier de jeunes internationaux avec la participation des habitants du village.

Communauté de communes

Le Conseil communautaire a débattu lors de sa dernière réunion le 28 juillet du ramassage des ordures ménagères, d'où il ressort : - une certaine confusion dans les orientations politiques, - un retard dans la mise en place de la redevance incitative, - une augmentation des tarifs, d'abord de 10% au 2ème semestre 2014, puis probablement par la suite, accompagnée d'une baisse du service ; où va l'argent ?

Le 7 juillet et le 30 juin, c'est un projet de centre social qui retenait l'attention des élus communautaires. Là non plus, il ne semble pas qu'une grande clarté ait illuminé les débats : certains élus se demandent le pourquoi du comment, tandis que d'autres font rimer social et grands travaux ; on conviendra que la rime n'est pas très riche, bien que les dépenses prévues soient élevées (on parle d'un investissement de plus de 2 millions d'euros, sans parler des dépenses de fonctionnement). La réflexion continue ...

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La Fontaine

Dans le placard à archives de la Fontaine :

2001 promenade sur la Saône

En consultant le site hugierlafontaine.org vous saurez tout sur la vie de l’association.

Histoire d’Hugier Feuilleton

à la période révolutionnaire ...

Poursuivons l'histoire de notre village que nous avions quitté en l'an 2 de la République, dans les difficultés liées aux guerres révolutionnaires.

À partir de l'an 3 de la République (1794/1795), la fièvre révolutionnaire s'apaisant, la communauté villageoise va pouvoir s'occuper d'avantage de ses propres problèmes. Lesréunions du Conseil municipal prennent un rythme de 2 à 3 par an. Succédant à Antoine Gardot, Marc Charlet est élu maire en 1794, puis Antoine Groshenry en 1795. Les réquisitions se poursuivent cependant activement tout au long de années 1794 et 95, accentuant les pénuries ; quelques exemples de décisions du conseil pour répondre aux ordres du directoire du district de Gray (orthographe originale) :« Tu est requit toit Etienne Faivre d'Hugier et toit Jean-Claude Bouille le Jeune davoire à charger et conduire pour le quatre thermidor chacun 8 quintots et 5 livres demaitaille* à prendre chez les individus de la ditte commune et les conduire à Belfort sous ta responsabilité …

* méteil : mélange de blé et de seigle, base du pain de l'époque

Tu est requit toit Bastien Gardot d'avoire à livrer un chariot à quatre roues aveque les échelle au bon état qui est à ton pouvoir et reconnut par la municipalité ... »

Le 7 juillet 1794, le Conseil procède à l'inventaire des "linges et ornements" dans l'église :« L'an 1794 le 19 messidor, nous Maire et officiersmunicipaux ...nous nous sommes transportés ennotre église paroissiale pour reconnaître et fairel'état des linges et ornements servant au culte àcommencer d'un buffet à aubes* et avonsrassemblé et fermé tous ce qu'il renferme .. àcommencer six nappes garnies et dix autresnappes toutes ouvragées, quatorze surplis tantpetits pour les enfants que grands pour l'usage ducuré, ... (suit une liste de vêtements sacerdotauxdivers), un vase d'argent, un calice, un ciboire etun ostensoir, trois lampes en cuivre, un celot (?),deux petits chandeliers, un reliquaire, un robineten étain, un miroir cadré vert et doré … »La plupart des "ornements" inventoriés existentencore dans l'église, ainsi que le buffet à aubes ; quant aux "linges" (surplis, chasubles, ..), ceux qui subsistaient de cette époque ont été mis en sûreté dans un couvent à Gray. Un nouvel inventaire sera effectué en 1907 ; un dernier, normalement exhaustif, devrait commencer prochainement.

La constitution de l'an 3 supprime les municipalités communales ; la gestioncommunale est transférée au niveau cantonal, où chaque commune désigne deuxreprésentants élus.

Le 30 prairial de l'an 4 ( juin 1796), il est procédé au partage des biens communaux par tirage au sort. Les terres concernées sont réparties en 10 billets : « Premier billet emportera la première faulx** à la Chèvre*** ...la moitié du petit pré appelé le Champois*** …vignes : le tiers de la vigne de Fiole*** de quatre ouvrées**et quinze perches**...champs : deux journaux** sur le Mont ***…friches : un demi journal** sous Fiole** *... »qui sont ensuite tirés au sort entre les représentants des 306 habitants du village :« ... les citoyens de la commune d'Hugier assemblés sur la place publique pour le tirage … les billets ont été comptés en présence de l'assemblée, ceux des fonds dans un chapeau, ceux de population dans un autre et ont été tirés au sort par un enfant …

* vêtement ecclésiastique** anciennes unités de surface agricole*** lieux-dits

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Le premier billet de trente individus est arrivé aux citoyens Jean-Baptiste Gardot Pyot pour huit individus, Urbain Gardot pour deux, Jean-François Marret pour cinq, la veuve Marret pour trois, Antoine Joblot pour huit, Etienne Gardot pour deux et Jean-Baudouin pour deux... ». On ignore comment les propriétés de chaque billet ont été ensuite réparties entre les heureux bénéficiaires.Ce partage sera déclaré nul le 13 février 1801, car « non conforme à la loi ».

Le 5 septembre 1798 est votée la première loi imposant un service militaire obligatoire (conscription) pour tous les jeunes hommes de 20 à 25 ans.

Le coup d'état du 18 brumaire (10 novembre 1799) est accueilli favorablement : Bonaparte (qui n'est pas encore Napoléon) est populaire, on compte sur lui pour rétablir l'ordre et restaurer la paix (illusion bientôt déçue).

Le Conseil cantonal est dissout le 25 avril 1800, et on revient aux Conseils municipaux ; Pierre Charlet le jeune est nommé maire par le Préfet.

À suivre ■ ■ ■

et pendant la dernière guerre

Après nous être intéressés dans le précédent numéro à la vie quotidienne à Hugier sous l'occupation, nous allons aujourd'hui tout d'abord élargir la perspective avant de revenir à la Franche Comté et à notre village.

Le 8 novembre1942 , les Alliés (Américains et Britanniques) débarquent en Afrique du Nord ; c'est un tournant dans le déroulement de la guerre, marqué jusqu'alors par les succès nazis. L'instauration de la "relève" à partir de la mi-42 (3 ouvriers volontaires pour travailler en Allemagne contre 1 prisonnier libéré) puis du STO (Service du travail obligatoire) à partir de février 43 sont très impopulaires, et portent en germe l'extension des maquis par l'afflux des réfractaires. La Résistance se développe donc à partir de 1943 et ses forces se structurent grâce à Jean Moulin. Le 3 juin, est créé à Alger le Comité français de libération nationale (CFLN)coprésidé par de Gaulle et Giraud, qui devient le 3 juin 1944 le gouvernement provisoire de la République française présidé par le général de Gaulle seul.6 juin 1944 : les Alliés débarquent en Normandie, avec une participation symbolique des forces de la France libre. 15 août 1944: débarquement en Provence de la 1ère Armée du Général de Lattre de Tassigny qui remonte rapidement la vallée du Rhône ; les Allemands se replient vers le Nord Est.25 août 1944 : libération de Paris par la 2ème DB du général Leclerc avec une division américaine, soutenue par l'insurrection parisienne. Devant l'Hôtel de Ville, de Gaulle prononce son célèbre discours : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! Paris libéré par lui-même, libéré avec l'appui et le soutien de la France toute entière... »

Un maquis et un petit groupe de Résistance se créent en 1943 à Virey/Cugney et dansle bois de Meney, rassemblant les réfractaires au STO et des jeunes du secteur. Le chef en est le lieutenant Jarrot, instituteur, un bon chef, raisonnable et responsable ; c'est au maquis de Virey que s'engage Jean Faivre à 17 ans.

Des sabotages sont organisés, notamment sur la ligne téléphonique Gray/Besançon. Les Allemands la font garder la nuit par des équipes d'habitants ; pour Hugier, une équipe de deux surveille le secteur de Chancevigney. Une cabane avait été édifiée pour y dormir sur la paille, cette cabane est détruite au lendemain de la Libération dans un feu de joie.Pour appuyer leur progression, les Alliés bombardent les nœuds et les voies de communication (gares de Gray et Besançon, voie ferrée Gray-Vesoul, …), avec parfois des bavures : dans la nuit du 15 au 16 juillet 1943, le bombardement de la gare Viotte et des quartiers alentour fait 51 morts et 131 blessés.Après le débarquement en Provence, les Allemandsse replient vers les Vosges, traversant la Franche-Comté à partir du début septembre 1944. En seretirant, ils détruisent les ponts à Besançon que lestroupes américaines, soutenues par les FFI, libèrentle 8 septembre après de sévères combats, pendantque la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny sedirige vers l'Est de la province.

La libération de Besançon

Le 23 septembre, le général de Gaulle rend visite à Besançon libérée

L'offensive finale est conduite en novembre, le dernier village franc-comtois seralibéré le 28 novembre.

Harcelées par la Résistance, les troupesallemandes se sont livrées à des représailleset des massacres : le 26 septembre 1943, 16résistants sont fusillés à la Citadelle àBesançon ; le 27 septembre 1944, 40 hommessont fusillés à Etobon au Nord-Est de laHaute-Saône, puis en octobre une trentaineentre Montenois et Présentevillers au Nord duDoubs. Plus près de nous, ce sont le massacredu maquis de Saligney, le 27 juillet 1944 (22morts dont 2 jeunes de Marnay), et l'incendie Après l'incendie de Thervay

de Thervay le 8 septembre (1 mort, 21 maisons brûlées),.

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Marcel Patoux, FFI, mort pour la France

Originaire du Nord de la France, Marcelpatoux étaitvenu se réfugier à Hugier pour échapper au STO(service du travail obligatoire en Allemagne), et étaitemployé comme ouvrier agricole chez Joseph Ballot(grands-parents de Serge). Il s'est engagé ensuite dansle maquis de Virey.

Le 7 septembre1944, cinq jeunes FFI dont MarcelPatoux, Raymond et Léon Martin, d'Hugier, reçoiventla mission de rejoindre le maquis de Broye-lesPesmes ; quelques-uns ont revêtu des uniformesallemands, ils ont un armement sommaire etdisparate. Ils s'arrêtent pour déjeuner à Hugier chezJoseph Ballot, puis montent dans leur voiture pourrejoindre Chancey. Les voyant partir dans cetéquipage, Ernest Faivre leur crie « N’y allez pas, c’estplein d’Allemands là-bas ». Le mémorial du bois de Virey

Rien n’y fait, ils répondent, bravaches : « Nous avons de quoi les recevoir! ». Arrivés à Chancey, ils se font canarder par les Allemands en repli vers les Vosges. Les membres du groupe qui connaissent le secteur réussissent à s'enfuir (Louis Viey, de Bonboillon se serait caché sous un lit dans une maison voisine), mais ce n'est pas le casde Marcel Patoux, dont on dit qu’il a essayé de franchir un mur où les Allemands l'ont attrapé ou abattu. Personne ne sait ce qu’il est devenu, on n’a jamais retrouvé son corps. Il est depuis honoré au monument aux morts d’Hugier ; un mémorial a également été élevé dans le bois de Virey/Cugney.

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Le lendemain, 8 septembre 1944, les derniers Allemands quittent Hugier ; les cloches sonnent toute la nuit, on fait le fête : soupe à l'oignon, vin blanc et goutte, au prix de réveils difficiles pour certains. L'armée américaine libère Pesmes et Marnay le 10 septembre.A partir de fin septembre, les FFI sont intégrés dans les troupes régulières de la 1ère Armée ; c'est ainsi que Jean Faivre s'engage dans un carrière militaire qui le conduira notamment en Indochine et en Algérie.Fin 1944, des régiments de de résistants alsaciens séjournent dans la région, il participent aux travaux des champs et des liens durables se nouent à cette occasion.

La vie normale reprend à Hugier ; le 26 décembre, le Conseil fixe « le taux journalier pour l'assistance aux femmes en couches » à 15 francs.

Les élections municipales ont lieu le 29 avril 1945 ; Paul Huot est réélu maire.

L'armistice est signé le 8 mai 1945, mettant fin officiellement aux hostilités avec l'Allemagne (la guerre se poursuivra dans le Pacifique jusqu'en septembre). Auparavant, en août/septembre 1944, Pétain et le gratin des collaborateurs avaient été exfiltrés à Sigmaringen. Pétain et Laval sont condamnés à mort le 15 août 1945, Laval est exécuté le 15 octobre, Pétain, gracié par de Gaulle, termine sa vie à l'île d'Yeu. En France, s'ouvre une période d'épurations, officielles et sauvages, celles-ci permettant parfois d'assouvir des rancœurs personnelles.

Le 12 Août 1945, le Maire d'Hugier expose au Préfet « la situation critique des eaux de la commune » : la fontaine, l'abreuvoir et le lavoir sont à sec ; il y a un problème en cas d'incendie. Le Maire demande l'intervention de Génie rural et le rattachement de la commune au syndicat des eaux de Tromarey/Chancey/ Bonboillon ; ceci sera effectif en 1949, et l'eau courante arrivera à Hugier en 1952, réjouissant chacun, à l'exception malheureusement de Léonie Ballot (la grand-mère d'Etiennette Lemaire) qui ne la verra pas couler du robinet installé depuis peu au-dessus de l'évier : elle décède quelque jours avant.

Le 23 décembre, le Maire écrit au Conseil général pour rappeler : « en 1939, la Préfecture a proposé de désenclaver le chemin vicinal d'Hugier à Cult et de l'aménager en route goudronnée (aucun des chemin d'accès à Hugier n'était alors goudronné) grâce à la main d'oeuvre fournie par les miliciens espagnols* ... » Ce projet, abandonné suite au déclenchement de la guerre, sera finalement approuvé en1948.

Le 27 octobre 1947, Paul Huot est réélu maire d' Hugier pour la 4ème fois consécutive, son mandat se terminera en 1953. Il connaîtra en 1954 une fin dramatique. Il est invité chez les Martin à Auxonne, à l’occasion de la foire, où il veut acheter des couteaux. En rentrant chez ses hôtes, il disparaît et il faut une semaine pour le retrouver malgré les recherches : debout dans un trou d’eau, il est mort d’un arrêt cardiaque. Il s'était trompé de chemin et, dans l'obscurité, était tombé dans ce trou. Pendant cette semaine d’"absence", sa sœur Marie continue d’acheter sa viande pour deux : « Je vais quand même acheter un beefsteak, si jamais il rentrait … ».

La 7 juin 1948, le Conseil municipal adresse une lettre à l'Inspecteur d'académie pour protester contre l'intention de fermer l'école d'Hugier (ce qui sera fait finalement, avant une réouverture et la fermeture définitive en 1978).

(D'après les souvenirs de Paul Gardot et Jean Faivre pour ce qui concerne Hugier)

* les réfugiés espagnols en France sont plus de 440 000 en 1939 après la guerre civile et la victoire de Franco ; ils sont plus ou moins bien accueillis.

À suivre ■ ■ ■

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À la recherche du temps perdu FeuilletonPromenade, racontotes et patrimoine

"…le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années." Marcel Proust.

Nous poursuivons notre promenade par la place du Monument aux morts et les maisons qui l'entourent.

En remontant vers le Monument aux morts, nouspassons devant la petite impasse à droite qui s'arrêtedevant le jardin de chez Rico. Dans cette impasse, étaitinstallé un jeu de quilles ; c'est là que venaients'affronter tous les dimanches après-midi les hommesdu village avant d'arroser la victoire au café. Avec saterrasse ombragée par trois tilleuls, celui-ci occupait lamaison habitée ensuite par Andrée et René Zuczek. Jeu de quilles (© INRA)

Il était tenu par Pierre Détot et sa femme Jeanne, née Levrey (Pierre était également maçon). Le café Détot était surtout le rendez-vous des hommes après la messe, et également après la partie de quilles. Auparavant, racontait Justin Gardot, le père de Paul, le jeu de quille se trouvait en bordure de la rue de Pampouille, en face de la maison d'Étiennette Lemaire.

Le café Détot

Le jeu de quilles

Jusque dans les années 60/70, la plupart des villages franc-comtois avaient leur jeu de quilles, le plus souvent à côté du café (à Bonboillon le café Viey, à Chenevrey le café/boulangerie Monnet, à Hugier le café Détot, à Marnay chez Toni ...). Le principe était le même que pour le bowling d'aujourd'hui : 9 quilles robustes disposées en triangle, une planche de 4 ou 5 mètres vers laquelle s'élançait le joueur. Il s'agissait d'un jeu d'adresse, mais aussi de force, pour lancer la lourde boule de buis droit sur la planche avec suffisamment d'énergie pour faire tomber le maximum de quilles." Comment se déroulait une partie ? Il fallait déjà former les équipes... chacun sortait de sa poche un objet personnel (peigne, briquet, couteau ...) et le remettait à l'un des joueurs. Celui-ci, d'un geste rapide, laissait tomber le tout sur une boule, les divers objets s'éparpillaient. On comptait les deux (trois ou quatre) les plus près de la boule, ce qui constituait la première équipe... On jouait généralement la tournée, l'équipe perdante devantbien entendu payer l'addition.L'adresse d'un joueur consistait à frapper la quille d'angle, le quart, mais avec finesse, pas en plein, de façon que la boule ricoche et abatte le plus de quilles possibles.Il fallait évidemment quelqu'un pour relever les quilles et renvoyer la boule. C'était le plus souvent un enfant, le requillou. rémunéré de quelques pièces, et protégé par deux rangs de fagots (dans certains villages, il disposait d'une petite cabane et renvoyait la boule dans une goulotte en planches). Certains joueurs étaient maniaques et les quilles jamais à leur idée ; c'étaient alors des ordres à n'en plus finir : sort le quart, rentre le quart ... On les entendait de loin, comme le bruit des quilles qui s'entrechoquaient, ou les rampeau ou répé (égalité enpatois) criés par les joueurs." Paul Gardot dans "Hugier d'une guerre à l'autre".

Le terre-plein gazonné qui reçoit le Monument aux morts a remplacé l'ancienne mairie-école démolie en 1984. Avant la guerre et après le transfert de la Mairie et de l’école, le logement avait été loué au cantonnier du village, que l’on appelait « Vévé ». Un matin, lorsqu’il partait par les chemins, on a pu entendre le dialogue suivant, : « D’aivô cque t'vê ? (où vas-tu ?) » « I m’en vê crî dlê mousse (je vais chercher de la mousse) » « Pour quoê fâre ? (pour quoi faire ?) » « Çô bin doux » (il faisait le geste de se torcher) « Mais il y a des épines ! » « Çê n’fâ ran ! (ça ne fait rien !) ».

Le monument, qui était auparavant situé devant l'église, a été déplacé à la même époque vers son emplacement actuel ; il honore les habitants morts pour la France depuis la guerre de 1870. Une particularité d'Hugier, par rapport aux villages alentour, est le nombre important de tués pendant la guerre de 70 (8 morts, pour un conflit qui n'a duré que 6 mois ; nous y reviendrons dans la rubrique historique d'unprochain numéro) ; à titre de comparaison, la guerre de 14-18 a fait 6 victimes en 4 ans 1/2 -c'est déjà beaucoup- parmi les soldats de notre village (la lettre n° 5) et 2 pour la guerre de 39-45.

Sur la place, les deux petites maisons vigneronnes étaient occupées autrefois par deux épiceries qui se faisaient concurrence, chacune ayant sa clientèle, mais affichant cependant ses spécialités.

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A gauche (maison occupée aujourd’hui par Sylvie Artero), Emile et Rose Bel (la "belle Rose") tenaient le samedi matin devant leur boutique un petit marché aux fruits et légumes, victuailles qu’ils allaient chercher à Besançon le vendredi avec la voiture à cheval (le Bijou) : il fallait partir à l’aube, à la nuit en hiver, et rentrer tard le soir. La Rose est décédée en 1980.

Chez la Génie (Eugénie Mausservey), à côté (maison de Ian-Patrick), les spécialités del'épicerie étaient d'une part le "gruère", dont la Génie allait couper une tranche à la caveoù les meules étaient conservées, chaque fois qu’un client en demandait, et d'autre part le café, torréfié sur place. La Génie, décédée en 1955, tenait déjà la boutique en 1905 ; elle était la dernière représentante à Hugier d’une des plus vieilles familles du village, les Mausservey, dont le nom est attesté dès 1636.

À suivre ■ ■ ■

Les chemins disparus par Paul Gardot

Nos ancêtres n'avaient pour se déplacer que leurs jambes, ou le cheval pour ceux qui en avaient les moyens. Il était donc logique qu'ils cherchent le trajet le plus court, pour aller d'un point à un autre.Le chemin de MarnayDans mon enfance, j'ai entendu mes parents parler de ce chemin, utilisé encore par quelques anciens qui se rendaient au chef-lieu du canton, en particulier Marie Huot (sœur de Paul, maire d'Hugier de 1931 à 1953).Il fallait emprunter le chemin de Bay, puis obliquer à gauche pour s'engager sur un sentier entre deux haies, à la limite des propriétés Gauthier et Jacky Gardot*. On sedirigeait ensuite vers l'Est, à travers champs, en laissant à gauche le village de Cult,pour arriver au niveau de la départementale 67, un peu après le lieu-dit "la Tranchée".Le chemin de Corneux**On sait que la ferme de Magney était autrefois propriété de l'abbaye de Corneux. Ce chemin était donc essentiellement utilisé par les moines se rendant d'un point à un autre. Il fallait donc monter vers l'Ouest, longer la propriété du Treuil, puis, arrivé à l'angle du bois de Bège, obliquer vers le nord en direction de Bonboillon.Il semble qu'il existe encore des traces, sur des murgers, mais mes souvenirs sont bien lointains.J'ai souvent entendu le père Millot*** parler de ce chemin. Ce brave homme était un peu spécialiste des choses du passé.

Ainsi donc, comme toutes choses ici-bas, des voies de communication naissent, d'autres disparaissent. On a vu, dans la deuxième moitié du 20ème siècle, le développement des autoroutes, adaptées aux véhicules modernes. Quelle différenceavec le chemin de Corneux et ses moines, qui marchaient sans doute en priant.La prochaine fois, si Dieu le veut, le vous parlerai des métiers disparus.Bonjour et amitiés à tous. Paul Gardot

* ce sentier et les haies qui le bordent existent encore derrière la stabulation de Jacky, comme les vestiges du chemin des Moines, depuis le Mont jusqu'au bois de Fiole.** ou chemin des Moines.*** Francis Millot (1875-1947), propriétaire du "château d'Hugier" avant la famille Martin.

Les moines Prémontrés à Magney

"Les moines du 12ème siècle établirent dans le rayon de leur monastère les colonies agricoles connuessous le nom de Granges. Les principales colonies furent Corneux, ... Magney, …Pierrejux, Saint-Maurice et Magney, pourvus de coteaux bien exposés, furent transformés envignobles et cultivés avec soin. Leurs vins jouirent d’une certaine réputation et procurèrent à l’abbayeses meilleurs revenus….En général, si le temps et l’état des chemins le permettaient, les religieux dispersés dans les grangesse réunissaient tous à l’abbaye pour y passer le dimanche. Ils arrivaient le samedi soir avec les voitureschargées de denrées que le cellérier devait recevoir pour les verser dans le magasin et veiller ensuite àce que chaque grange eût ses provisions…"

(Une colonie agricole au 12ème siècle - abbaye de Corneux - par l’abbé Morey, 1876).

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Miscellanées

Jeu, réponse à la question de la première page

Il s’agit bien évidemment de Serge Ballot (au deuxième rang à gauche). On recon-naîtra également se sœur Chantal (au deuxième rang, cinquième à partir de la gauche).

Vous retrouvez au fond d'une armoire une photo de classe, de communion, de mariage, une scène de vie, un document intéressant l'histoire du village? Signalez-le moi, je scanne (l’original vous est aussitôt rendu), l'image est stockée sur disque dur, ainsi elle est préservée, ainsi elle est préservée, classée, conservée et peut être mise à la disposition de chacun ou de notre communauté.

Quelques images d'automne, formes et couleurs

clerodendron trichotomum

cornus florida

tecta

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Hugier notre village la lettre est publiée 3 fois par an sous la responsabilité de : Jean-Yves Normand03 84 31 56 [email protected]

auprès de qui vous pouvez réagir librement.

Sont bienvenues également les suggestions et les contributions (textes, photos, dessins, …) sur tout sujet d’intérêt commun relatif au village ; celles-ci seront publiées dans la mesure du possible.

Textes : jyn et Paul Gardot. Illustrations : archives privées pour tout ce qui concerne Hugier, Internet pour le reste. Sauf mention contraire (©), l’utilisation des documents est libre, à condition de citer la source.

Si vous souhaitez disposer de photos de meilleure qualité que celle proposée ici pour des raisons techniques, dites-le moi.

Quelques sites à consulter pour qui est intéressé par la vie à Hugier et alentour :

alainmathiot.fr ianpatrickhugier.blogspot.fr petunias.fr lescoteauxdlhugier.com hugierlafontaine.org cult.village.free.fr valmarnaysien.com

Alain Mathiot Ian-Patrick Chambres d’hôtes Serge Ballot La Fontaine Cult Communauté de communes

Parlez de cette publication à vos parents et amis susceptibles d’être intéressés.Le présent numéro a été diffusé à 66 exemplaires (58 par courriel et 8 en version papier) chez 44 foyers d’Hugier et 22 sympathisants.

Tournoi de pétanque à Hugier ? Non, à Saint-Tropez, vu par Sempé (©1968)

Page 10: Hugier, mon village · Le 5 septembre 1798 est votée la première loi imposant un service militaire obligatoire (conscription) pour tous les jeunes hommes de 20 à 25 ans. Le coup