22 Novembre 2010 • n° 348 • Liquides & Conditionnement

et tendancesMarchés

Histoires d’eaux (4)

C e n’est pas vraiment une sur-prise : la protection de l’envi-ronnement demeure la prio-

rité de l’industrie dans son ensemble. Durant les dix dernières années, beau-coup d’efforts ont été engagés pour li-miter l’empreinte écologique des acti-vités industrielles. Tout d’abord, pour garantir le cycle de renouvellement de l’eau et en conser-ver sa qualité, une gestion rationnelle des sols s’impose. En premier lieu, il s’agit de protéger les zones de capta-ges et de collaborer dans ce sens avec les communautés agricoles. Tout près de nous, l’initiative Agrivair du grou-pe Nestlé, ainsi que celle d’Evian et, datant du 19e siècle, celle des sources de Spa dans les Fagnes belges en sont de bons exemples.La gestion de la ressource eau en tant que telle s’avère aussi es-sentielle, il est toujours utile de rappeler que l’industrie de l’eau en bouteille n’utilise que 0,02 % de l’eau renouvelable chaque année. (1)Il faut aujourd’hui en moyenne moins de deux litres d’eau pour produire un litre d’eau en bouteille. Un rapport faible, en com-paraison avec les process des autres boissons. (Voir graphique 2 ci-après de waterfootprint.org)

Graphique utilisation d’eau

Certaines initiatives méritent d’être saluées : le minéralier Radenska en Slovénie qui a investi dans une nouvelle laveuse et réduisant de plus de 20 % sa consommation d’eau industrielle.

Dans le giron du groupe Coca-Cola, Chaudfontaine, utilise l’eau grise pour refroidir ses équipements d’embouteillage, et cette même eau sert de réserve pour les urgences des services pompiers.Cependant la diminution de l’empreinte carbone continue à être l’un des éléments clés de la performance environnemen-tale. Pourtant pour embouteiller, emballer, distribuer, recycler les eaux en bouteilles comme tous les produits de consomma-tion courante, l’énergie fossile est encore indispensable.Heureusement les efforts énergétiques et nouvelles technolo-gies aident à réaliser de substantielles économies. On trouve beaucoup d’améliorations continues chez les minéraliers mais également des exemples vraiment innovants. Dans l’usine de Randegger en Allemagne, toute l’énergie est hydroélectrique et locale, le chauffage des installations à base de pellets de bois ; chez Chaudfontaine, une station géothermale récupère la cha-leur naturelle (37°C) de l’eau à la source.

Dominique HURETCape DecisionBeverage and Packaging Expertsavenue de la Métairie 9B-1420 Braine l’Alleud – Belgiumdominique@capedecision.comwww.capedecision.com

Développement durableet industrie des eauxen bouteille : un premierrapport plein de bonnes notes…La fédération européenne des eaux embouteillées (EFBW) est le porte parole de l’industrie de l’eau en bouteille en Europe. Avec plus de 500 membres, à travers 26 pays, cette association sans but lucratif vient de sortir son premier rapport « développement durable ». L’occasion pour Dominique Huret, du cabinet d’expertise Cape Decision de faire le point sur les récentes réalisations des minéraliers.

D’après Waterfootprint Network, l’industrie de l’eau en bouteilles n’utilise que 0,02 % de l’eau renouvelable chaque année.

23Novembre 2010 • n° 348 • Liquides & Conditionnement

Marchés et tendances

Logistique et transports alourdissent la facture énergétique de l’industrie des eaux en bouteille. Ainsi Bezoya en Espagne a réduit ses transport de 10 % en maximisant le chargement des camions et en changeant les combustibles. L’approche intégrée de Danone pour sa distribution dans le sud du pays mérite éga-lement d’être mentionnée : combinaison train et barge le long du Rhône et de la Saône. Résultat : une économie de 5 000 ca-mions restés au garage. Option similaire retenue pour les eaux de Vittel et Contrex qui prennent le train pour rejoindre le port belge d’Anvers et les marchés limitrophes.Egalement pointé du doigt, l’emballage des eaux embouteillées s’est également mis au régime. Depuis 1996 soit en près de 15 ans, les emballages en PET pour les eaux en bouteilles ont perdu en moyenne 17 % de leur poids. Les gains se comptent tant en matière première qu’en frais de transport. Par ailleurs, les concepteurs de bouteilles ont retroussé leurs manches, en optimisant les formats et en calibrant au mieux les récipients.

Le r-PET de plus en plus utilisé

Il est toujours bon de rappeler que le recyclage des emballages de boissons est possible à 100 % quelles que soient leur com-position. Si le taux de collecte des bouteilles PET varie encore en Europe, il est en augmentation croissante passant de 35 % en 2005 à 48 % l’an dernier.En parallèle, l’industrie poursuit ses progrès dans l’usage de matériaux recyclés. Ainsi Valvert n’utilise plus que du pa-pier recyclé pour ses étiquettes et son carton d’emballage et Chaudfontaine a opté pour une étiquette transparente totale-ment recyclable pour sa bouteille verre. Le r-PET prend de nos jours une place croissante chez les mi-néraliers qui tentent d’en utiliser un maximum dans la pro-duction de leurs nouvelles bouteilles. Depuis plus de 12 ans déjà, les bouteilles PET de Spa contiennent 25 % de r-Pet. Font Vella est aujourd’hui le premier sur le marché espagnol à faire de même.

Enfin la responsabilité sociale figure à l’agenda des minéraliers : autant de projets très divers dont l’objectif demeure la préser-vation de la biodiversité avec notamment le Fond Danone Evian pour la protection des marécages, Coca-Cola Grèce et la préservation d’un site montagneux en Pologne, le projet de reforestation pour l’eau de Zywiec. Autre optique, le soutien aux plus démunis avec le projet de puits d’eau potable d’Acqua Panna ou le programme conjoint WaSH Spadel et Unicef (pour l’accès à l’eau propre de pays émergents). Cette belle panoplie d’initiatives et de projets témoigne d’une vraie volonté de l’in-dustrie de continuer à limiter son empreinte écologique et de préserver son capital pour l’avenir.Cependant de là à établir un véritable indicateur vert à tra-vers toute l’industrie des eaux minérales, c’est une autre paire de manche ! Les définitions et standards divergent ainsi que les méthodologies et les critères. Néanmoins, une approche cordonnée se met doucement en place. Elle permettra une meilleure communication des progrès et succès indéniables de cette industrie résolument dynamique.(1) Sustainability report EFBW 8 septembre 2010

Le développement durable reste une priorité pour les industriels de l’eau. L’énergie fossile et encore indispensable au conditionnement, à l’emballage et au transport des bouteilles.